Kitabı oku: «Deux et deux font cinq», sayfa 3

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DÉBUT DE M. FOC DANS LA PRESSE QUOTIDIENNE

Je reçois d'un jeune homme qui signe «Foc» et qui—si mes pronostics sont exacts—doit être l'un des patrons de la célèbre maison Lou, Foc et Cie, une sorte de petit conte fort instructif et pas plus bête que les histoires à dormir debout qui relèvent de ma coutumière industrie.

Alors, moi malin, que fais-je? Je publie le petit conte du jeune Foc et, pendant ce temps-là, je vais fumer une cigarette sur le balcon.

La parole est à vous, jeune homme:

UN REMÈDE ANODIN

I

Hercule Cassoulade, voyez-vous, c'était un mâle. Il avait deux mètres dix environ, du sommet du crâne à la plante des pieds, et ses tripes étaient les plus vastes du monde. Il disait en parlant du Pont-Neuf:

–Il est gentil, mais il a l'air bien délicat.

D'une gaieté charmante, avec cela, et si bon enfant que la vue seule d'un malade suffisait à le faire rire.

Or, un jour, chose incroyable, cet homme de bronze prit froid et se mit à tousser, cependant qu'on entendait doucement retentir dans ses larges narines poilues les motifs principaux des Murmures de la Forêt, de Wagner, arrangés pour coryza seul.

Comme une femme, comme un veau, comme un simple mortel, Cassoulade était enrhumé!

II

Il montra quelque impatience, cria:

–Ça commence à m'embêter; je suis bon type, mais je n'aime pas qu'on se foute de moi!

Même, ayant publié ce manifeste, il gifla sans exception tous ceux qui avaient l'air de rigoler, se prit aux cheveux avec son chapeau et, rapide, s'en alla par les grouillantes rues.

Examinant les portes, farouche, le géant marchait… Enfin, vers le soir, il put lire au-dessous d'une sonnette ces mots gravés dans le plus rare porphyre:

Docteur médecin
3 h. à 6 h

Après avoir lacéré des paillassons, enfoncé des portes, étranglé de vagues huissiers, il pénétra comme un obus dans le cabinet d'un prince de la science.

III

Le prince était un vieux petit monsieur pâle et grêle et de qui les traits arborèrent à l'entrée tumultueuse d'Hercule l'expression polie mais réservée de l'antilope des Cordillères quand les hasards de la promenade la mettent subitement en présence de la panthère noire du Bengale.

Il tenta même de s'enfuir; mais Cassoulade le rattrapa d'une main et, de l'autre, tint le crachoir, à peu près dans le sens que voici:

–Je suis un mâle; il me faut un remède sérieux, un remède comme pour cinq chevaux! D'ailleurs, c'est bien simple: si vos médicaments ne me font pas d'effet, je vous casse la gueule.

À cet ultimatum très net, Cassoulade crut devoir ajouter la suivante proclamation:

–Je suis bon type, mais je ne veux pas qu'on se foute de moi!

Le docteur, après avoir ausculté son terrible client, fit entendre ces humbles mots:

–Allez à Arcachon et baladez-vous sous les sapins. La senteur balsamique des sapins est tout ce qu'il y a de meilleur pour l'affection dont vous souffrez.

Il dit, et faisant un bond, se barricada dans sa chambre, sans réclamer ses honoraires.

IV

—Aller à Arcachon, réfléchit Hercule, quand il fut dehors, ça me coûtera très cher, et puis il me faudra changer de café, ce qui est toujours malsain… Mais, j'y pense, s'écria-t-il plaisamment en imitant le rire bête d'Archimède, il y a des sapins à Paris—pourquoi ne pas en profiter?

Et il s'en fut sur la place du Théâtre-Français, sapinière redoutable, bois sacré tout le jour retentissant de cris d'écrasés et d'un horrible mélange de songe d'Athalie et d'imprécations de Camille.

Tranquillement, loin de tout refuge, il se coucha sur la chaussée, et pendant une heure, d'innombrables fiacres se livrèrent sur son ventre au noble jeu des Montagnes russes.

–Mais je ne me sens pas mieux! cria bientôt Cassoulade, que la colère commençait à gagner; les sapins ne me font rien du tout, c'est un remède de fillette!

Prophète, il dit encore:

–Ça finira mal pour le docteur: je suis bon type, mais je n'aime pas qu'on se foute de moi!

Et il se retournait, afin de gifler, sans exception, toutes les personnes qui auraient pu avoir l'air de rigoler, quand l'omnibus des Batignolles survint et l'aplatit de telle sorte qu'il n'y eut plus qu'à réunir dans une bière les morceaux épars du colosse, et à mettre le tout dans la terre glaise, à Ménilmontant (bis).

V

… Hercule Cassoulade patienta quelques jours, mais quand il vit que, décidément, l'odeur résineuse du sapin ne guérissait pas son rhume, il se fâcha, assez sérieusement.

–Mais je ne me sens pas mieux, hurla-t-il, le sapin ne me fait rien du tout, c'est un remède de…

L'indignation l'étouffait. Il brisa le cercueil, brisa la pierre et se rendit chez son médecin.

Ce qui se passa dans cette interview, nul ne pourra jamais le dire.

Tout ce qu'il est permis d'affirmer, c'est qu'on ne trouva plus désormais aucunes traces de l'illustre savant, ni dans ses bottines, ni, chose plus extraordinaire encore, dans le Botin!

Hercule Cassoulade vécut jusqu'à l'âge de cent trente ans. Parfois, dans un cercle de voisins respectueux, il aimait à conter l'anecdote:

–Parfaitement… il m'avait ordonné un remède de fillette, à moi! un mâle! un homme de bronze!… C'était une cure de je ne sais plus quoi… de pin… de sapin… Enfin, un remède de gosse. Ça n'a rien fait.

Avec l'accent froid et terrible du Destin, il ajoutait:

–Le charlatan me l'a payé. Je suis bon type, mais je n'aime pas qu'on se foute de moi!

Et d'un regard sévère, il fixait tous ses auditeurs, y compris les femmes et les enfants, prêt à gifler, sans exception, tous ceux qui eussent pu, par hasard, avoir l'air de rigoler.

Foc.

Et voilà!

Merci, petit Foc, vous êtes bien gentil, et votre histoire est très drôle.

Je vous en laisse toute la gloire, mais vous me permettrez bien que j'en touche le montant, froidement.

Et puis, envoyez-moi votre nom et votre adresse. Vous me ferez plaisir (sans blague).

PHILOLOGIE

Mon jeune et intelligent directeur me remet, ou plutôt me fait remettre par un de ses grooms—car nous sommes en froid depuis quelque temps (histoire de femmes)—la lettre suivante que je publie presque intégralement, non pas tant pour l'intérêt qu'elle comporte que pour la petite peine qu'elle m'évite d'imaginer et d'écrire une vague futilité analogue ou autre.

Tout ce qui touche à la langue française, d'ailleurs, ne me saurait demeurer indifférent. Mes lecteurs, mes bons petits lecteurs chéris, le savent bien, car pas un jour ne se passe sans que je sois consulté sur quelque philologique embarras, ou invité à consacrer de ma haute sanction telle nouvelle formule.

D'autres se montreraient orgueilleux d'une semblable renommée; moi, je n'en suis pas plus fier!

Une lettre très gentille, entre autres, reçue dernièrement, me disait en substance:

«Un syndicat d'idolâtres de votre incomparable talent et de votre parfaite tenue dans la vie me charge de vous aviser qu'il a définitivement adopté, comme courtoise formule épistolaire, le inoxydablement que vous venez de lancer avec votre indiscutable autorité.

»Mais croyez-vous point, cher Monsieur, que l'orthographe en serait pas mieux ainsi: inoccidablement, témoignant que les sentiments qu'on nourrit pour son correspondant sont altérables par rien du tout, même le trépas?»

Nous sommes d'accord, Syndicat d'idolâtres, nous sommes d'accord.

Et puis, voici la lettre annoncée plus haut:

«À Monsieur Fernand Xau, Directeur du journal le Journal, 106, rue de Richelieu.

»Monsieur,

»Depuis plus de deux ans que, chaque matin, je lis le Journal, j'admire… etc., etc.

(Ici quelques mots aimables pour plusieurs collaborateurs non dénués, en effet, de talent.)

»… Mais ce que je prise par-dessus tout, ce sont les chroniques si fines, si ingénieuses, si larges, si substantielles de ce remarquable vieillard (sic) qui signe Alphonse Allais.

»Je n'ai pas l'honneur de le connaître, je n'ai même jamais vu sa photographie, mais le respect que j'éprouve pour son noble caractère et pour la façon si docte, si magistrale, si définitive avec laquelle il dénoue le nœud gordien des plus grosses difficultés de la langue française, m'ont amené à lui demander, par votre intermédiaire, son avis sur une question qui nous passionne, quelques amis et moi.

»M. Allais a su conquérir, dans les milieux universitaires, une vive autorité pour la lueur qu'il jeta jadis sur le genre du mot tac, masculin ou féminin selon le cas (l'attaque du moulin, le tic-tac du moulin, la tactique Dumoulin).

»Il s'agit aujourd'hui des différentes orthographes du mot sang, qui ondoient suivant la qualité, la couleur, la température, etc., etc.

»Quand, par exemple, vous parlez, dans le Journal, de ce jeune esthète que vous appelez, je crois, Sarcisque Francey ou Sancisque Frarcey (ou un nom dans ce genre-là), vous dites: «Ce petit jeune homme détient le record du bon sens

»Mais dès qu'il est question du chasseur Mirman, vous écrivez: «Le député de Reims se fait beaucoup de mauvais sang

»Donc, s, e, n, s, quand c'est bon; s, a, n, g, quand c'est mauvais.

»De même, l'orthographe de ce mot varie avec la couleur:

»Quoique le sang soit habituellement rouge, vous écrivez «faire semblant» s, e, m, et «sambleu!» s, a, m.

»Expliquez cela, s. v. p.!

»Ce n'est pas tout:

»Pourquoi écrivez-vous: «M. Barthou perdit son sang-froid» s, a, n, g, et «Don Quichotte perdit son Sancho» s, a, n?

»Je m'arrête, monsieur le directeur, car, à insister dans cette voie, on se ferait tourner les sangs.

»Peut-être M. Alphonse Allais trouvera-t-il que je n'ai pas le sens commun?

»Dans cette espérance, veuillez, monsieur le directeur, etc., etc.

»Votre bien dévoué,

»Jean Des Rognures.»

La question est, en effet, étrangement complexe; je la transmets à mon conseil d'études (section des lettres).

Et je me rappelle l'amusante boutade de mon pauvre vieil ami Hippolyte Briollet:

On dit «Francfort-sur-le-Mein» et «avoir le cœur sur la main». Comment voulez-vous que les étrangers s'y reconnaissent?

Moi aussi, je me demande comment les étrangers peuvent s'y reconnaître.

FRAGMENT DE LETTRE DE M. FRANC-NOHAIN

TENDANT À DÉMONTRER QU'ON NE S'EMBÊTE PAS PLUS EN PROVINCE QU'À PARIS

Beaucoup de Parisiens, et pas mal de Parisiennes, éprouvent une vive tendance à s'imaginer que le bout du monde consiste en Neuilly l'hiver et en Trouville l'été.

Il y a là un gros malentendu contre lequel tous les bons esprits devraient s'appliquer à réagir.

Les départements français, ô gens de Paris, existent ailleurs que dans les géographies. Ils sont peuplés d'habitants en tout semblables à vous, d'habitants qui participent à la vie de la France et qui contribuent, par leurs efforts, par leurs arts, par leur fortune, à la prospérité et à la grandeur de notre cher pays.

Mais je n'insiste pas. Ça me ficherait en colère, comme dit Sarcey, et, malade comme je suis, la moindre émotion peut me tuer.

Je préfère découper, dans une lettre que je viens de recevoir, le passage suivant. Lisez-le attentivement, Mesdames et Messieurs, et vous vous rendrez bien compte que Paris ne détient pas le record des suprêmes rigolades:

«Je parierais, mon cher Allais, que vous, si Parisien, vous ne connaissez pas un petit jeu ravissant qui passionne, depuis cet hiver, notre société élégante de Saint-Jean-d'Angély. C'est la jolie madame Marouillet qui nous l'a appris, cette madame Marouillet dont je vous parlai tant de fois, la femme du docteur Marouillet, le distingué président de l'Académie morale et technique d'Aunis et Saintonge.

»Vous savez qu'il y a thé chez les Marouillet tous les vendredis: une habitude de Paris qui s'est merveilleusement implantée dans notre province; nous sommes là un petit clan de fonctionnaires qui ne demandons qu'à nous amuser, et qui y réussissons parfaitement, je vous assure, depuis que les Marouillet ont donné l'élan; tout blasé que vous êtes, je doute fort que vous ne prissiez plaisir à une partie de bête hombrée avec mademoiselle Charras, que nous appelons, par analogie, la «Superbe», et avec madame Legrice-Morand; et si vous entendiez cette dernière chanter: «Salut! petite maison verte!» la nouvelle romance du commandant Thomeret, vous comprendriez vite le peu de regrets que nous éprouvons pour vos divettes.

»Mais ce qui vous ravirait plus encore, ou je vous connais mal, c'est le petit jeu de madame Marouillet.

»Tout le monde s'assied en cercle, coude à coude; chacun tient l'index droit levé; la main gauche est à demi-fermée, le bout du pouce effleurant l'extrémité du médium, de façon à former comme un petit puits, l'orifice en l'air. Celui qui dirige le jeu commande: Chacun son trou! ou Trou commun! ou Trou du voisin! et aussitôt chaque joueur abat l'index au milieu du cercle quand on a commandé trou commun, ou l'insinue dans le petit puits que le voisin forme de sa main gauche, ou dans son propre petit puits. Vous ne sauriez imaginer rien de plus distrayant, pour peu qu'on mette de l'entrain et de la vivacité dans les commandements; et je vous garantis que quand c'est madame Marouillet qui commande, ou encore le petit d'Angoulins, pour pouvoir les suivre, et, au milieu de l'entre-croisement des mains, ne pas s'embrouiller dans les différents trous, il faut une attention et une dextérité pas banales.

»D'ailleurs, quand on se trompe, c'est peut-être encore plus amusant, car alors ce sont des contestations sans fin et drôles au possible:

»—Trou commun, monsieur Burisson; vous faites trou du voisin, un gage!—Pas du tout, chacun son trou!—Non, trou commun!—Trou du voisin!—Troun de l'air! ajoute toujours M. Burisson, qui a le génie de l'à-propos et du calembour. Ce M. Burisson est impayable; entre nous, je le soupçonne souvent de se tromper exprès et d'être légèrement fumiste, comme vous dites sur le boulevard; ce qui est certain, c'est qu'il nous fera mourir.

»Trou commun, mon cher Allais, et mille choses autour.

»FRANC-NOHAIN.»

Franc-Nohain n'est pas le vrai nom du signataire de cette lettre.

Trésorier général dans un des plus fertiles départements de notre chère France sud-occidentale, ce sympathique fonctionnaire se double d'un poète amorphe d'une rare envergure.

Son petit volume, qui vient de paraître: Inattentions et sollicitudes, est dans toutes les mains.

UN EXCELLENT HOMME DISTRAIT

Dans l'hôtel, fort confortable d'ailleurs, où je vis depuis plus d'un mois, s'épanouit—si j'en excepte une rare pincée de braves gens très gentils—toute une potée de muffs ineffables et de bourgeois sans bornes.

Oh! ces têtes! Oh! ces conversations! Leur idéal d'art se satisfait aux tableaux du fécal Bonnat et de Bouguereau, spécialiste en baudruches rosâtres.

Leur soif de justice sociale s'étanche aux idées (!) de Deschanel ou de Leroy-Beaulieu, si tant est qu'ils connaissent seulement de nom ces veules sociologues comiques à force d'inconscience.

Et dévots, avec ça! Dévots d'un cagotisme à faire vomir Huysmans!

Ah! les salauds! Et la veine qu'ils ont qu'on ne soit pas méchant!

–Vous me croirez si vous voulez, disait ce matin une abominable vieille chipie à son voisin de table, mais à Paris, dans les quartiers ouvriers, il n'est pas rare de trouver des écailles d'huîtres dans les tas d'ordures (sic)!

Et le voisin de table, un hobereau fatigué par toutes sortes de débauches occultes, se refusait à accepter une telle monstruosité:

–Des huîtres! râlait-il. Des huîtres! Et ces gens-là se plaignent!

Pauvre petite douzaine de portugaises à douze sous, pensiez-vous jamais indigner tant le monde orléaniste, clérical et bien pensant de la côte d'azur!

Une rare pincée de braves gens très gentils, ai-je dit en commençant.

Heureusement!

Et, parmi eux, un ménage, un vieux ménage composé, comme cela arrive souvent, dans les vieux ménages, d'une vieille dame et d'un vieux monsieur.

La vieille dame, toute de bonne grâce et de malice spirituelle; le vieux monsieur, comme flottant sans trêve en quelque nuage de candeur effarée.

La dame ressemble à toutes les vieilles grand'mères.

Le monsieur rappelle le portrait de Darwin, de ce grand Darwin dont un curé de notre hôtel disait, l'autre jour:

–C'est encore comme cet ignoble Darvin, etc.

Et rien de touchant comme la continuelle attention dont lady Darwin (car c'est ainsi que nous la baptisâmes) entoure son vieux naturaliste.

Lui, le bonhomme, il est toujours sorti, et, quand on l'interpelle directement, il met un petit temps à descendre de sa chimère. Hein?… quoi?… qu'est-ce qu'il y a?…

Selon les circonstances, il s'effare des normes les plus admises, pour, la minute d'après, demeurer tout quiet devant le moins prévu des cataclysmes.

Dernièrement, sa femme, au moment du déjeuner, lui mit dans son verre un bouquet de violettes. Le bonhomme, sans se déconcerter pour si peu, jugea seulement que ça n'était pas bien commode pour boire.

Comme sa femme insistait sur le symbole:

–Tu ne me demandes pas à cause de quoi ces fleurs?

–À cause de quoi?

–Eh bien!… notre trentième anniversaire!

–Quel anniversaire?

–De notre mariage, parbleu!

–Ah! vraiment! Ah! vraiment! C'est très curieux.

Et, devant nos sourires sympathiques, la dame nous mit au courant de la nature de son mari.

Le meilleur homme de la création, mais aussi le plus distrait.

–Imaginez-vous, conta-t-elle en souriant, que le jour de notre mariage, il fit répéter six fois à M. le maire la question classique: Consentez-vous à prendre pour épouse, etc.? À la fin, il s'écria: «Oh! je vous demande pardon, monsieur le maire, je pensais à autre chose!»

Au cours de la nuit de noces, il pria sa femme d'allumer la bougie.

–Pourquoi? demandait la jeune femme.

–Je ne peux pas me souvenir de votre physionomie.

À part ça, d'une exquise bonté, d'une tendresse folle. Une âme pétrie de concorde et d'harmonie.

La vieille dame concluait en riant:

–C'est à ce point, que je n'ai jamais essayé de faire des œufs brouillés à la maison!

–?????

–D'un mot, il les aurait réconciliés.

CONTRÔLE DE L'ÉTAT

L'accueil que me réservait le Captain Cap fut totalement dénué, comment dirai-je? d'expansion. (Attribuez ce fait à un récent malentendu.)

Mais l'âme de Cap est une grande âme, et Cap, sur ma mine déconfite, sur mon visible chagrin, ne crut pas devoir maintenir la basse température de son accueil.

Au contraire même, et soudain, je le vis bondir sur la plate-forme de la cordialité.

–Qu'est-ce que vous prenez, Allais?

–Je me disposais à vous le demander, Captain.

–Moi, un verre d'eau rougie.

–Et moi, de l'eau sucrée avec de la fleur d'oranger.

–Ne prenez pas trop de fleur d'oranger; elle est très forte dans cette maison… Méfiez-vous!

Et Cap, au bout d'un court silence:

–Vous souvient-il, mon cher Alphonse, d'une conversation que nous eûmes naguère, relativement à des œufs?

–Parfaitement!… Des œufs de harengs saurs, n'est-ce pas, que Casimir Périer s'amusait à faire couver par des autruches empaillées?

–Non, pas ceux-là. Je veux parler des œufs de poules.

–Des œufs de poules?

–Oui, des œufs de poules. Vous ouvrez d'énormes prunelles… Ignorez-vous donc que la poule soit ovipare?

–Non, Cap. Tout jeune, je fus initié à ce détail.

–Vous souvenez-vous pas qu'un jour j'admirais devant vous… (admirer au sens latin du mot: mirari, s'étonner) j'admirais que les marchands d'œufs fussent assez idiots pour ne pas vendre très cher, et tout de suite, leurs œufs frais, au lieu d'attendre—ainsi qu'ils font—que ces mêmes œufs aient perdu de leur fraîcheur en même temps et de leur valeur?

–Je me souviens, Cap.

–C'est heureux… Savez-vous, avec ce système-là, ce qui est arrivé à un de mes amis?

–Je brûle de l'apprendre.

–Mon ami entre, hier soir, chez un fruitier. Il demande un œuf très frais, tout ce qu'il y a de plus frais, pour gober avant de se coucher.

–Excellente coutume.

–Mon ami rentre chez lui… D'un coup sec de son couteau, il brise la coquille de l'œuf, et de cette coquille surgit brusquement un petit poussin. Furieux d'être dérangé à pareille heure, le jeune gallinacé saute aux yeux de mon ami et les lui crève tous les deux.

–Voilà un événement bien particulier!

–Particulière ou pas, une telle aventure ne devrait jamais se produire dans un gouvernement issu du suffrage universel.

–Mais quel remède?…

–Il est trouvé! Un de mes amis…

–Celui qui a eu les yeux crevés?

–Non, un autre… un aviculteur turc des environs de Valence, dont voici la carte: Baldek-Hatzar, au Vélau (Drôme), a résolu la question. Oh! mon Dieu, c'est bien simple!

–Parlez sans crainte, Cap.

–Voici: le gouvernement s'arrogera le monopole des œufs comme il a déjà celui du tabac et des allumettes. Chaque poule exerçant son industrie sur le territoire de la République française sera munie, à son orifice postérieur, d'un appareil enregistreur, compteur et dateur. Cet appareil, très simple, en somme, se compose d'un mouvement d'horlogerie donnant les dates et les heures, d'un rouleau encreur et d'un timbre dateur. Le tout pèse 68 gr. et 99 centig.

–Merveilleux, Cap, merveilleux!

–Alors, plus de duperie, plus de fraude, plus de poussins inattendus!… Des expériences ont été faites qui réussirent à souhait. Mon ami, le Turc Baldek-Hatzar, a écrit au ministre de l'agriculture et au ministre des finances. Ces messieurs n'ont pas encore daigné répondre. Ah! elle est chouette, votre Europe!

–À qui le dites-vous?…

Et Cap commanda deux tasses de tilleul, que nous sablâmes gaiement avant de nous séparer.

Yaş sınırı:
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Litres'teki yayın tarihi:
07 mayıs 2019
Hacim:
221 s. 2 illüstrasyon
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