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Kitabı oku: «Aristophane; Traduction nouvelle, tome second», sayfa 6

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LE CHOEUR DES VIEILLARDS

Voici les députés de Spartè: ils viennent avec leurs barbes traînantes: on dirait qu'ils ont une cage à porcs entre les cuisses. Hommes Lakoniens, tout d'abord, salut; puis, dites-nous comment vous allez.

UN LAKONIEN

Il n'est pas besoin de vous dire beaucoup de paroles: vous pouvez voir dans quel état nous sommes.

LE CHOEUR DES VIEILLARDS

Oh! oh! le mal acquiert une intensité effrayante; on dirait une inflammation de la pire espèce.

LE LAKONIEN

C'est à n'y pas croire. Mais que dire? Envoyez-nous quelqu'un qui, à n'importe quelle condition, traite avec nous de la paix.

LE CHOEUR DES VIEILLARDS

Mais je vois aussi de nos compatriotes qui, en vrais lutteurs, écartent les vêtements de leurs ventres, si bien qu'on dirait une maladie d'athlètes.

UN ATHÉNIEN

Qui me dira où est Lysistrata? voilà où nous en sommes, nous autres hommes.

LE CHOEUR DES VIEILLARDS

Autre chanson sur la même maladie. Êtes-vous pris de tensions de nerfs le matin?

L'ATHÉNIEN

Oui, de par Zeus! et cet état-là nous tue. Si on ne conclut pas la paix au plus vite, il nous faudra nous rabattre sur Klisthénès.

LE CHOEUR DES VIEILLARDS

Si vous êtes sages, remettez vos vêtements, afin de n'être pas vus par quelque mutilateur de Hermès.

L'ATHÉNIEN

De par Zeus! tu parles d'or.

LE LAKONIEN

Au nom des Gémeaux, c'est tout à fait cela. Voyons, remettons nos vêtements.

L'ATHÉNIEN

Salut, Lakoniens; nous sommes dans un piteux état.

LE LAKONIEN

Oui, mon très cher, c'eût été une triste chose, si des hommes m'avaient vu ainsi la lance en arrêt.

L'ATHÉNIEN

Voyons, Lakonien, il faut dire carrément ce qui est. Pourquoi êtes-vous ici?

LE LAKONIEN

On nous envoie traiter de la paix.

L'ATHÉNIEN

Bien dit, et nous aussi. Que n'appelons-nous donc Lysistrata, qui seule peut nous mettre d'accord?

LE LAKONIEN

Oui, au nom des Gémeaux, appelez même Lysistratos.

L'ATHÉNIEN

Nous n'avons pas besoin, ce me semble, de l'appeler: elle nous a entendus, elle vient d'elle-même.

LE CHOEUR DES VIEILLARDS

Salut à la plus courageuse de toutes. Voici l'instant de te montrer redoutable et bonne, humble et vénérable, sévère et indulgente, afin que les chefs des Hellènes, séduits par tes charmes, s'abandonnent à toi et te remettent, d'un commun accord, le jugement de leurs griefs.

LYSISTRATA

La besogne n'est pas difficile, si on les prend au milieu de leurs désirs et n'essayant pas de se consoler les uns les autres. Je le saurai bientôt. Où est la Paix?–Va prendre et amène-moi d'abord les Lakoniens, mais pas d'une main rude et arrogante: ne fais pas comme nos hommes les malappris, mais comme il convient aux femmes, en toute douceur. S'ils ne t'offrent pas la main, amène-les par où tu sais. Amène-moi aussi les Athéniens, et prends-les par où ils se donneront.–Lakoniens, tenez-vous près de moi.–Vous, de ce côté.–Écoutez ce que j'ai à dire. Je ne suis qu'une femme, mais j'ai du bon sens. De moi-même, je ne suis pas mal partagée en fait de raison; et de la bouche de mon père et des vieillards j'ai recueilli beaucoup de discours, qui ne m'ont pas mal instruite. Je veux vous adresser à tous en commun des railleries que vous méritez, vous qui, arrosant les autels de la même eau lustrale, en vrais parents, à Olympia, aux Thermopyles, à Pytho (et combien d'autres localités je pourrais citer, si je voulais m'étendre!), perdez, sous les yeux de l'armée des Barbares, vos ennemis, et les Hellènes et leurs villes! Voilà déjà une partie de ce que j'ai à vous dire.

UN ATHÉNIEN

Moi, je meurs de désirs.

LYSISTRATA

Pour vous, Lakoniens, car je m'adresse à vous, ne vous souvient-il plus comment le Lakonien Périklidas vint un jour à Athènes, en suppliant, et s'assit auprès des autels, pâle, vêtu de pourpre, demandant des secours? Car alors Messènè vous inquiétait, et un dieu ébranlait votre terre. Parti avec mille hoplites, Kimôn sauva Lakédæmôn entière. Traités ainsi par les Athéniens, vous ravagez le pays qui vous a rendu ce bon service.

L'ATHÉNIEN

Oui, de par Zeus! ils ont tort, Lysistrata.

UN LAKONIEN

Nous avons tort; mais impossible de dire combien son derrière est beau.

LYSISTRATA

Et vous, Athéniens, pensez-vous que je vais vous passer sous silence? Ne vous souvenez-vous plus que les Lakoniens, au temps où vous portiez la peau de mouton, venant, à leur tour, la lance en main, mirent à mort un grand nombre de Thessaliens, un grand nombre d'amis ou d'alliés de Hippias? Se faisant seuls vos champions dans cette journée, ils vous rendirent la liberté, qui permit au peuple de quitter la peau de mouton, pour revêtir la læna retrouvée.

LE LAKONIEN

Je n'ai jamais vu plus digne femme.

L'ATHÉNIEN

Ni jamais de plus beaux appas.

LYSISTRATA

Pourquoi donc, après vous être rendu de si nombreux services, vous faites-vous la guerre et ne mettez-vous pas fin à votre méchanceté? Pourquoi ne pas conclure la paix? Qui vous empêche?

LE LAKONIEN

Nous le voulons bien, si l'on veut nous rendre l'enkyklos.

LYSISTRATA

Lequel, mon cher?

LE LAKONIEN

Pylos, que, depuis longtemps, nous demandons et convoitons.

L'ATHÉNIEN

Par Poséidôn! nous ne ferons jamais cela.

LYSISTRATA

Laissez-la-leur, mes amis.

L'ATHÉNIEN

Alors où mettrons-nous le désordre?

LYSISTRATA

Demandez une autre place en échange.

L'ATHÉNIEN

Eh bien! donnez-nous donc Ékhinousa, et le golfe Maliaque, qui est derrière, et les Jambes de Mégara.

LE LAKONIEN

Par les Gémeaux! pas tout cela, espèce de fou!

LYSISTRATA

Laissez donc cela: ne disputez pas à propos de jambes.

L'ATHÉNIEN

Je voudrais déjà mettre habit bas et labourer la terre.

LE LAKONIEN

Et moi tout d'abord la fumer, j'en prends les Gémeaux à témoin.

LYSISTRATA

Commencez par faire la paix, et puis vous agirez. Si donc vous désirez la conclure, mettez l'affaire en délibération et communiquez-la à nos alliés.

L'ATHÉNIEN

A quels alliés, ma chère? Nous n'en pouvons plus. Crois-tu que tous nos alliés ne soient d'avis de coucher avec leurs femmes?

LE LAKONIEN

Et les nôtres aussi, j'en atteste les Gémeaux.

L'ATHÉNIEN

Et les Karystiens également, de par Zeus!

LYSISTRATA

Bien dit. Maintenant purifiez-vous, et nous, femmes, nous vous recevrons dans l'Akropolis, avec les paniers que nous avons. Là, engagez les uns aux autres vos serments et votre foi; puis chacun prendra sa femme et s'en ira avec elle.

L'ATHÉNIEN

Allons-y au plus vite.

LE LAKONIEN

J'irai où tu voudras.

L'ATHÉNIEN

De par Zeus! au plus tôt, dépêchons.

LE CHOEUR DES FEMMES

Stromates bigarrés, lænas, xystis, bijoux d'or à moi, je n'ai nul regret à les offrir à tous vos enfants, pour qu'ils les portent, si l'une de vos filles est kanéphore. Oui, je vous permets à tous de prendre chez moi ce qui s'y trouve: il n'y a rien de si bien scellé, dont on ne puisse rompre les cachets, et emporter ce qu'il y a dedans. Personne, en cherchant, n'y verra rien, quelqu'un de vous fût-il plus clairvoyant que moi. Si quelqu'un de vous n'a pas de provisions pour nourrir ses serviteurs et ses nombreux petits-enfants, il peut prendre chez moi du grain tout broyé, et y voir un pain d'un boisseau, d'une belle venue. Ainsi, que ceux des pauvres qui le veulent viennent chez moi avec des sacs et des besaces, ils recevront du blé. Manès, un esclave à moi, leur en fournira. Toutefois, je vous préviens de ne pas approcher de ma porte: autrement, gare au chien!

UN FLANEUR

Ouvre la porte, toi.

UN SERVITEUR

Veux-tu bien t'en aller? Pourquoi restez-vous là? Moi, je vais prendre une torche et vous brûler. Le poste est désagréable.

LE FLANEUR

Je n'en ferai rien.

LE SERVITEUR

S'il faut absolument le faire pour vous plaire, cela nous portera malheur.

LE FLANEUR

Et nous serons malheureux avec toi.

LE SERVITEUR

Vous ne partez pas? Vos cheveux en pâtiront. Partez donc pour que les Lakoniens s'en aillent tranquillement d'ici, après avoir fait bonne chère.

UN ATHÉNIEN

Je ne vis jamais pareil festin. Les Lakoniens mêmes y étaient charmants. Nous étions, dans le vin, des convives très sages.

DEUXIÈME ATHÉNIEN

C'est justice; à jeun nous n'avons pas le sens commun. Si les Athéniens veulent croire à mes paroles, nous nous enivrerons dans toutes nos députations. Maintenant, quand nous entrons à jeun à Lakédæmôn, nous regardons aussitôt par où jeter le désordre; si bien que ce qu'ils disent nous ne l'entendons pas, et ce qu'ils ne disent pas, nous l'interprétons mal. Aussi nos rapports sur ce qui est ne sont pas conformes à ce qui est. Mais aujourd'hui tout nous plaît. Qu'on chante la chanson de Télamôn, au lieu de chanter celle de Klitagoras, nous applaudirons tout de même, et nous n'hésiterons pas à nous parjurer.

PREMIER ATHÉNIEN

Mais voilà ces gens qui pour la seconde fois reviennent ici. Ne décampez-vous pas, gibier d'étrivières?

DEUXIÈME ATHÉNIEN

De par Zeus! les voilà qui sortent déjà.

UN LAKONIEN

Mon tendre ami, prends tes flûtes, afin que je danse et que je chante quelque chose de beau en l'honneur des Athéniens et de nous-mêmes.

DEUXIÈME ATHÉNIEN

Oui, prends tes flûtes, au nom des dieux. Rien ne me réjouit plus que de vous voir danser.

LE CHOEUR DES LAKONIENS

Inspire ces jeunes gens, Mnémosynè, ainsi que la Muse, qui me connaît et qui connaît les Athéniens. Ceux-ci, près d'Artémision, s'élancèrent, semblables à des dieux, sur les vaisseaux des Mèdes et les vainquirent. Pour nous, Léonidas nous conduisit, pareils, ce semble, à des sangliers aiguisant leurs défenses: une sueur abondante florissait le long de nos joues et coulait abondamment de nos jambes. C'est que les Perses étaient aussi nombreux que les sables du rivage. Souveraine des bois, Artémis chasseresse, viens ici, vierge divine, présider à notre alliance, pour qu'elle dure longtemps. Qu'aujourd'hui une amitié éternelle résulte de nos traités; et mettons fin à nos ruses de renard. Viens ici, vierge chasseresse.

LYSISTRATA

Voyons maintenant, puisque tout est pour le mieux, Lakoniens, emmenez vos femmes; que le mari se tienne près de sa femme et la femme près de son mari; ensuite, pour cet heureux événement, formons des danses en l'honneur des dieux, et gardons-nous à l'avenir de retomber dans les mêmes fautes.

LE CHOEUR DES ATHÉNIENS

Introduis le choeur, fais appel aux Kharites, invoque Artémis et son jumeau, l'aimable dieu des choeurs qu'on appelle à grands cris, puis le dieu de Nysa, suivi des Mænades, Bakkhos au regard étincelant, et Zeus qui fait briller la flamme, et son épouse auguste et bienheureuse, et les dæmones, que nous prenons pour témoins, toujours présents, de la noble paix conclue sous les auspices de la divine Kypris. Alala! Io! Pæan! Sautez! Iè! comme pour une victoire, Iè! Evoé! Evoé! Evoé! Evoé!

LYSISTRATA

Lakonien, après ta nouvelle chanson, fais entendre une chanson nouvelle.

CHOEUR DES LAKONIENS

Le Taygéton à l'aimable sommet, quitte-le, Muse lakonienne, et viens célébrer avec nous Apollôn, dieu souverain d'Amyklæ, Athèna Khalkioeque, et les vaillants Tyndarides, qui s'exercent sur les bords de l'Eurotas. Voyons, élance-toi, bondis d'un vol léger: chantons Spartè, qui aime les choeurs des dieux et le bruit des pas. Comme des coursiers, les jeunes filles, sur les bords de l'Eurotas, bondissent et frappent la terre d'un pied rapide, laissant aller leurs chevelures, ainsi que des bakkhantes qui agitent leurs thyrses, en se jouant. A la tête du choeur est la fille de Lèda, chaste et belle. Allons, rattache ta chevelure avec une bandelette, et bondis comme une biche. Que tes applaudissements animent la danse, et chante la plus puissante des divinités, Khalkioeque, déesse des combats.

FIN DE LYSISTRATA

LES FEMMES AUX FÊTES DE DÈMÈTÈR

(L'AN 412 AVANT J.-C.)

S'emparant du bruit qui faisait d'Euripide un misogyne, Aristophane, dans les Thesmophoriazouses, s'amuse à le tourner en ridicule. Euripide, averti que les femmes méditent un complot contre lui et que, enfermées dans le temple des Thesmophores, elles délibèrent sur sa perte, envoie pour prendre sa défense son beau-père Mnèsilokhos, déguisé en femme. Celui-ci est vite reconnu et maltraité. Euripide, déguisé successivement en Ménélas, en Persée, en nymphe Écho et en vieille femme, finit par se dérober aux coups qui le menacent et aux étreintes d'un archer scythe, dont le bredouillement et la grossièreté, violemment épicées, provoquent des accès de grosse gaieté, comme les facéties drolatiques des deux Suisses dans Monsieur de Pourceaugnac.

PERSONNAGES DU DRAME

MNÈSILOKHOS, beau-père d'Euripidès.

EURIPIDÈS.

UN SERVITEUR D'AGATHÔN.

AGATHÔN.

CHOEUR D'AGATHÔN.

UN HÉRAUT.

CHOEUR DES THESMOPHORIAZOUSES.

SEPT FEMMES.

KLISTHÉNÈS.

UN PRYTANE.

UN ARCHER SKYTHE.

THRATTA.

ÉLAPHIÔN, courtisane et danseuse. Personnage muet.

TÉRÈDÔN, joueuse de flûte. Personnage muet.

La scène se passe devant la maison d'Agathôn, et ensuite dans le Thesmophorion ou Temple de Dèmètèr.

LES FEMMES AUX FÊTES DE DÈMÈTÈR

MNÈSILOKHOS

O Zeus! l'hirondelle, quand paraîtra-t-elle? Cet homme me tuera en me mettant en mouvement dès le matin. Puis-je, avant que la rate me crève, savoir de toi où tu me conduis, Euripidès?

EURIPIDÈS

Il est inutile que tu entendes tout ce que tu vas bientôt voir de tes yeux devant toi.

MNÈSILOKHOS

Comment dis-tu? Répète? Il est inutile que j'entende?…

EURIPIDÈS

Ce que tu dois voir.

MNÈSILOKHOS

Et inutile que je voie?…

EURIPIDÈS

Ce que tu dois entendre.

MNÈSILOKHOS

Que me contes-tu là? Cependant tu parles à merveille. Tu prétends que je ne dois ni entendre, ni voir.

EURIPIDÈS

Ce sont, en effet, deux fonctions naturelles distinctes.

MNÈSILOKHOS

Ne pas entendre et ne pas voir?

EURIPIDÈS

C'est bien cela.

MNÈSILOKHOS

Comment distinctes?

EURIPIDÈS

Voici comment cette distinction s'est faite. Lorsque l'æther se mit à fonctionner à part et à engendrer des animaux doués du mouvement, afin de leur donner la vue, il imagina d'abord de faire l'oeil rond comme le disque du soleil, et puis il creusa les oreilles en guise d'entonnoir.

MNÈSILOKHOS

Et c'est grâce à cet entonnoir que je n'entends ni ne vois. De par Zeus! je suis bien aise de savoir cela. La belle chose que les entretiens avec les sages!

EURIPIDÈS

Tu pourrais en apprendre bien d'autres de ma bouche.

MNÈSILOKHOS

Que ne peux-tu, outre ces bienfaits, trouver à m'enseigner le moyen de ne plus clocher de la jambe!

EURIPIDÈS

Viens ici, et prête attention.

MNÈSILOKHOS

Voici.

EURIPIDÈS

Vois-tu cette petite porte?

MNÈSILOKHOS

Oui, par Hèraklès! Je le crois du moins.

EURIPIDÈS

Fais silence maintenant.

MNÈSILOKHOS

Que je fasse silence sur la porte?

EURIPIDÈS

Écoute.

MNÈSILOKHOS

J'écoute et fais silence sur la porte.

EURIPIDÈS

C'est là que se trouve habiter l'illustre Agathôn, le poète tragique.

MNÈSILOKHOS

Qu'est-ce que cet Agathôn?

EURIPIDÈS

C'est un certain Agathôn.

MNÈSILOKHOS

Le basané, le vigoureux?

EURIPIDÈS

Non pas, mais un autre. Ne l'as-tu jamais vu?

MNÈSILOKHOS

Il a une barbe épaisse.

EURIPIDÈS

Ne l'as-tu jamais vu?

MNÈSILOKHOS

Non, de par Zeus! que je sache.

EURIPIDÈS

Tu t'es pourtant rencontré de près avec lui; mais peut-être sans le connaître.... Retirons-nous à l'écart. Voici un de ses serviteurs qui sort, portant du feu et des branches de myrte: c'est sans doute un sacrifice pour sa poésie.

LE SERVITEUR D'AGATHÔN

Silence dans tout le peuple: bouche close. Car le thiase des Muses a élu domicile dans la demeure de mon maître et y module ses chants. Que le paisible æther retienne l'haleine des vents, et que le calme règne sur l'azur des flots.

MNÈSILOKHOS

Bombax!

EURIPIDÈS

Tais-toi. Que dis-tu?

LE SERVITEUR

Que la gent ailée s'endorme: que les pieds des bêtes sauvages errant dans les bois perdent leur agilité.

MNÈSILOKHOS

Bombalobombax!

LE SERVITEUR

Le poète harmonieux Agathôn, notre maître, se dispose....

MNÈSILOKHOS

A se prostituer?

LE SERVITEUR

Qui donc a parlé?

MNÈSILOKHOS

Le paisible æther.

LE SERVITEUR

A charpenter les assises d'un drame. Il équarrit de nouvelles tirades poétiques: il tourne tels vers et coud ensemble tels autres; il forge des pensées, invente des antonomases, les coule en cire, les arrondit, les met au creuset.

MNÈSILOKHOS

Et joue de l'arrière-train.

LE SERVITEUR

Quel rustre approche de cette enceinte?

MNÈSILOKHOS

Un homme, tout prêt, avec toi et avec ton poète harmonieux, sous votre enceinte, d'arrondir, de tourner cet engin et de le mettre au creuset.

LE SERVITEUR

Quand tu étais jeune, tu devais être un joli drôle, vieillard!

EURIPIDÈS

Mon brave, laisse cet homme tranquille; et toi, fais-moi venir ici Agathôn par tous les moyens.

LE SERVITEUR

Inutile de m'en prier: il va lui-même sortir bientôt, car il s'est mis à versifier et, en hiver, il n'est pas facile d'arrondir des strophes sans venir devant la porte, au soleil.

EURIPIDÈS

Alors, que dois-je faire?

LE SERVITEUR

Attends qu'il sorte.

EURIPIDÈS

O Zeus! que songes-tu que j'aie à faire aujourd'hui?

MNÈSILOKHOS

Par les dieux! je veux savoir ce que cela signifie. Pourquoi tes gémissements, tes lamentations? Tu ne dois me cacher rien, à moi ton beau-père.

EURIPIDÈS

Un grand malheur se manigance contre moi.

MNÈSILOKHOS

Lequel?

EURIPIDÈS

Ce jour va décider si Euripidès doit vivre ou mourir.

MNÈSILOKHOS

Et comment? Aujourd'hui les tribunaux ne doivent pas juger; le Conseil n'a pas de séance parce que c'est le troisième jour, le jour du milieu des Thesmophoria.

EURIPIDÈS

C'est précisément là ce qui présage ma perte. Les femmes ont tramé un complot contre moi, et elles vont, aujourd'hui même, se réunir dans le Thesmophorion, pour délibérer sur ma ruine.

MNÈSILOKHOS

Et pour quel motif?

EURIPIDÈS

Parce que dans mes tragédies je dis du mal d'elles.

MNÈSILOKHOS

Par Poséidôn! tu n'as que ce que tu mérites! Mais quel expédient as-tu pour te tirer de là?

EURIPIDÈS

Engager le poète tragique Agathôn à se rendre aux Thesmophoria.

MNÈSILOKHOS

Pourquoi faire? dis-moi.

EURIPIDÈS

Il se mêlerait à l'assemblée des femmes et, s'il le fallait, il parlerait.

MNÈSILOKHOS

Ouvertement ou par ruse?

EURIPIDÈS

Par ruse, revêtu d'une robe de femme.

MNÈSILOKHOS

Le procédé est joli, et tout à fait dans ta manière. En fait d'astuce, à nous le gâteau!

EURIPIDÈS

Silence!

MNÈSILOKHOS

Qu'y a-t-il?

EURIPIDÈS

Agathôn sort.

MNÈSILOKHOS

Où est-il?

EURIPIDÈS

L'homme roulé dans la machine.

MNÈSILOKHOS

Je suis donc aveugle. Je ne vois pas un homme ici, je vois Kyrènè.

EURIPIDÈS

Silence! Il se prépare à mélodier.

MNÈSILOKHOS

Des sentiers de fourmis ou des gazouillements plaintifs?

AGATHÔN

Prenez la torche consacrée aux Déesses souterraines, jeunes filles, et, au sein de votre patrie et de la liberté, mêlez les danses aux cris.

LE CHOEUR D'AGATHÔN

De quelle divinité est-ce la fête? Dis-le-moi. La foi me rend prêt à honorer les dieux.

AGATHÔN

Voyons, Muse, célèbre maintenant le lanceur de flèches d'or, Phoebos, qui a fondé les remparts d'une cité sur la terre du Simoïs.

LE CHOEUR D'AGATHÔN

Salut à Phoebos dans mes chants les plus beaux, à Phoebos vainqueur dans les combats poétiques.

AGATHÔN

Chantez aussi celle qui se plaît aux chênaies montagneuses, Artémis la vierge chasseresse.

LE CHOEUR D'AGATHÔN

A mon tour, je chante et je glorifie l'auguste fille de Lèto, Artémis, qui ne connaît point la couche nuptiale.

AGATHÔN

Et Lèto, et les sons de la lyre asiatique imitant par le rhythme les mouvements rhythmés des Kharites Phrygiennes.

LE CHOEUR D'AGATHÔN

J'honore la puissante Lèto, et la kithare, mère des hymnes, aux mâles et nobles accents, dont l'éclat fait étinceler les yeux de la Déesse, émue par la soudaineté de notre voix. En retour, chante le souverain Phoebos. Salut, heureux fils de Lèto.

MNÈSILOKHOS

Combien est douce cette mélodie, ô vénérable Génétyllidès! Elle est féminine, voluptueuse comme un baiser à bouche demi-close, si bien qu'en l'écoutant, un chatouillement m'a saisi par-dessous mon siège. Et toi, jeune homme, qui que tu sois, je veux t'interroger à la manière d'Æskhylos, dans sa Lykourgia… D'où vient cet efféminé? Quelle est sa patrie? Son vêtement? Pourquoi cette vie désordonnée? Un luth et une robe couleur de safran? Une lyre et une résille? Une lékythe et une ceinture? N'est-ce pas un contraste? Qu'y a-t-il de commun entre un miroir et une épée? Toi-même, enfant, qui es-tu? Prétends-tu être un homme? Où est ce qui fait l'être viril? Où est ta læna? ta chaussure lakonienne? Serais-tu une femme? Alors où est ta gorge? Que réponds-tu? Pourquoi garder le silence? D'ailleurs, je te devine à ton chant, puisque toi-même tu ne veux rien dire.

AGATHÔN

O vieillard, vieillard, c'est de la jalousie que provient le blâme que je viens d'entendre; mais je n'en éprouve aucune douleur. Je porte un costume en rapport avec ma pensée. Il faut qu'un poète s'ajustant aux drames qu'il doit composer, y adapte son caractère. Si on compose des drames à femmes, il faut que le corps prenne des manières féminines.

MNÈSILOKHOS

Ainsi tu chevauches, quand tu composes Phædra?

AGATHÔN

Si on fait des drames à hommes, il faut que le corps soit viril. Ce que nous n'avons pas, l'imitation doit en suivre la piste.

MNÈSILOKHOS

Si tu mets en scène des satyres, appelle-moi, je collaborerai derrière toi dans la posture requise.

AGATHÔN

D'ailleurs, il est de mauvais goût qu'un poète se montre grossier et velu. Vois Ibykos, Anakréôn de Téos, Alkæos, qui ont donné de la saveur à l'harmonie, ils portaient des mitres et dansaient l'Ionienne. Et Phrynikhos, que tu as entendu, il était beau et couvert de beaux vêtements; et voilà pourquoi beaux également étaient ses drames. La nécessité veut que les oeuvres reproduisent la nature de l'ouvrier.

MNÈSILOKHOS

Philoklès était laid: il a fait des pièces laides; Xénoklès était méchant: il a fait des pièces méchantes; Théognis était froid: froids ses vers.

AGATHÔN

Absolue nécessité: et c'est parce que je le savais que j'ai soigné ma personne.

MNÈSILOKHOS

Comment cela, au nom des dieux?

EURIPIDÈS

Cesse d'aboyer: j'étais comme lui à son âge, quand je commençais à écrire.

MNÈSILOKHOS

De par Zeus! je ne suis pas jaloux de ton éducation.

EURIPIDÈS

Mais le motif pour lequel je suis venu, laisse-le-moi dire.

AGATHÔN

Parle.

EURIPIDÈS

Agathôn, sage est l'homme, qui a le talent de bien resserrer beaucoup de pensées en peu de mots. Or, frappé d'un étrange malheur, je suis venu en suppliant vers toi.

AGATHÔN

De quoi as-tu besoin?

EURIPIDÈS

Les femmes doivent me tuer aujourd'hui pendant les Thesmophoria, parce que je dis du mal d'elles.

AGATHÔN

En quoi pouvons-nous t'être utiles?

EURIPIDÈS

En tout. Si, t'asseyant en secret au milieu des femmes et ayant l'air d'en être une, tu prends ma défense, il est clair que tu me sauves. Seul tu es en état de parler convenablement en ma faveur.

AGATHÔN

Mais pourquoi ne vas-tu pas toi-même te défendre en personne?

EURIPIDÈS

Je vais te le dire. D'abord je suis connu, ensuite je grisonne et j'ai de la barbe; toi tu es joli garçon, le teint blanc, rasé de près, voix de femme, délicat, charmant à voir.

AGATHÔN

Euripidès.

EURIPIDÈS

Qu'est-ce à dire?

AGATHÔN

N'as-tu pas écrit quelque part: «Tu aimes à voir la lumière, crois-tu que ton père ne l'aime pas aussi?»

EURIPIDÈS

Oui.

AGATHÔN

N'espère donc pas qu'aujourd'hui nous nous exposions à ton mal: nous serions fous. Mais ce qui t'est personnel, supporte-le toi-même. C'est justice de supporter les malheurs, non par la ruse, mais par la patience.

MNÈSILOKHOS

En effet, toi, débauché, tu t'es élargi le derrière, non par des paroles, mais par la patience.

EURIPIDÈS

Qu'est-ce qui te fait craindre de te rendre là-bas?

AGATHÔN

Il m'arriverait encore pire qu'à toi.

EURIPIDÈS

Comment?

AGATHÔN

Comment? J'aurais l'air de dérober les mystères nocturnes des femmes, et de leur ravir la Kypris féminine.

MNÈSILOKHOS

Allons donc! Dérober! De par Zeus! tu veux dire être cajolé. Mais, de par Zeus! le prétexte est spécieux.

EURIPIDÈS

Eh bien! Le feras-tu?

AGATHÔN

Ne t'en flatte pas.

EURIPIDÈS

O trois fois malheureux! C'est fait de moi.

MNÈSILOKHOS

Euripidès, mon bon ami, mon gendre, ne t'abandonne pas toi-même.

EURIPIDÈS

Comment donc vais-je faire?

MNÈSILOKHOS

Envoie cet homme où l'on gémit longuement, et fais de moi ce que tu veux, je suis à toi.

EURIPIDÈS

Voyons alors, puisque tu te livres à moi. Quitte ce vêtement.

MNÈSILOKHOS

Il est par terre. Et que veux-tu faire de moi?

EURIPIDÈS

Raser ce poil et brûler celui d'en bas.

MNÈSILOKHOS

Fais-le, si bon te semble, puisque j'ai tant fait que de me dévouer.

EURIPIDÈS

Agathôn, tu portes toujours sur toi quelque rasoir, prête-nous-en un maintenant.

AGATHÔN

Prends-en un toi-même dans l'étui.

EURIPIDÈS

Tu es un brave homme. (A Mnèsilokhos.) Assieds-toi: enfle la joue droite.

MNÈSILOKHOS

Holà là!

EURIPIDÈS

Pourquoi cries-tu? Je t'enfonce une broche dans le gosier, si tu ne te tais pas.

MNÈSILOKHOS

Attatata, iattatata!

EURIPIDÈS

Où cours-tu?

MNÈSILOKHOS

Au temple des Déesses Vénérables. Par Dèmètèr! je ne reste pas ici pour être mutilé.

EURIPIDÈS

Mais tu vas être un comble de ridicule, avec la moitié de ta figure rasée!

MNÈSILOKHOS

Je n'en ai cure.

EURIPIDÈS

Au nom des dieux, ne m'abandonne pas. Viens ici.

MNÈSILOKHOS

Suis-je assez malheureux!

EURIPIDÈS

Ne bouge pas: lève la tête. Par où te tournes-tu?

MNÈSILOKHOS

Mu, mu!

EURIPIDÈS

Pourquoi ces mu, mu? Tout va pour le mieux.

MNÈSILOKHOS

Hélas! Quel malheur! Je suis engagé dans les troupes légères.

EURIPIDÈS

Ne t'inquiète pas: tu es charmant tout à fait. Veux-tu te regarder?

MNÈSILOKHOS

Oui, apporte un miroir.

EURIPIDÈS

Te vois-tu?

MNÈSILOKHOS

De par Zeus! ce n'est pas moi; c'est Klisthénès.

EURIPIDÈS

Lève-toi, que je te brûle les poils: penche-toi.

MNÈSILOKHOS

Malheur des malheurs! je vais être pourceau.

EURIPIDÈS

Qu'on m'apporte de l'intérieur une torche ou une lampe! Penche-toi. Prends garde à l'extrémité de la queue.

MNÈSILOKHOS

Oui, de par Zeus! Mais tu me brûles. Malheur à moi! De l'eau! de l'eau! voisins, ou mon derrière va prendre feu.

EURIPIDÈS

Courage!

MNÈSILOKHOS

Courage, quand on m'incendie?

EURIPIDÈS

Allons donc! ce n'est pas une affaire pour toi: le plus pénible est fait.

MNÈSILOKHOS

Hélas! Quelle suie! Je suis tout noir dans la région des fesses.

EURIPIDÈS

Sois sans crainte: on va te laver cela à l'éponge.

MNÈSILOKHOS

Il gémira, celui qui me lavera le derrière!

EURIPIDÈS

Agathôn, puisque tu refuses de te dévouer toi-même, prête-nous du moins cette robe et cette ceinture: car tu ne peux pas dire que tu n'en as pas.

AGATHÔN

Prenez et usez-en; je ne refuse pas.

MNÈSILOKHOS

Que dois-je prendre?

EURIPIDÈS

Que prendre? Prends d'abord et mets cette robe jaune. Par Aphroditè! elle a une bonne odeur de mâle.

MNÈSILOKHOS

Passe-la-moi vite. Donne maintenant la ceinture.

EURIPIDÈS

Voici.

MNÈSILOKHOS

Allons, maintenant, mets-moi des anneaux aux jambes.

EURIPIDÈS

Il te faut encore une résille et une mitre.

AGATHÔN

Voici le couvre-tête que je porte la nuit.

EURIPIDÈS

De par Zeus! c'est tout à fait ce qu'il faut.

MNÈSILOKHOS

M'ira-t-il bien?

EURIPIDÈS

Oui, de par Zeus! c'est à merveille. Voyons, où y a-t-il un mantelet?

AGATHÔN

Prends celui qui est sur le lit.

EURIPIDÈS

Il faut des chaussures.

AGATHÔN

Prends les miennes.

MNÈSILOKHOS

M'iront-elles?

EURIPIDÈS

Tu aimes, il est vrai, à te chausser large.

AGATHÔN

Essaie-les. Et maintenant que tu as tout ce qu'il te faut, qu'on me roule au plus vite à l'intérieur.

EURIPIDÈS

Cet homme nous a vraiment l'air d'une femme. Si tu parles, prends bel et bien le son de voix féminin.

MNÈSILOKHOS

J'essaierai.

EURIPIDÈS

Va donc.

MNÈSILOKHOS

Non, par Apollôn! à moins que tu ne me jures…

EURIPIDÈS

Quoi?

MNÈSILOKHOS

De me sauver par tous les moyens, s'il fond sur moi quelque chose de fâcheux.

EURIPIDÈS

Je le jure par l'Æther, séjour de Zeus.

MNÈSILOKHOS

Pourquoi pas plutôt par la famille de Hippokratès?

EURIPIDÈS

Eh bien! je jure par tous les dieux sans exception.

MNÈSILOKHOS

Souviens-toi donc que «c'est le coeur qui a juré et que la langue n'a point juré». Moi, je ne me suis pas lié par un serment.

EURIPIDÈS

Hâte-toi: pars vite. Le signal de l'assemblée paraît sur le Thesmophorion. Moi, je m'en vais.

MNÈSILOKHOS

Viens donc, Thratta, suis-moi. Thratta, regarde ces torches embrasées: quelle épaisse fumée elles répandent! Ah! belles Thesmophores, accordez-moi une heureuse fortune ici et puis dans ma maison. Thratta, dépose la corbeille, tires-en le gâteau, afin que je le prenne pour sacrifier aux deux Déesses. Souveraine vénérée, Dèmètèr chérie, et toi, Perséphonè, fais que, maintes fois, je t'offre maints sacrifices, et surtout qu'aujourd'hui je me dérobe aux regards. Puisse ma fille nubile épouser un homme riche, d'ailleurs sot et niais, et qu'elle tourne son esprit et son coeur du côté de la gaudriole. Mais où donc, où m'assoirai-je en bonne place, afin d'entendre les oratrices? Toi, va-t'en, Thratta; détale. Il n'est pas permis aux esclaves d'écouter les discours.

UNE FEMME HÉRAUT

Observez, observez un religieux silence. Implorez les deux Thesmophores Dèmètèr et Kora, Ploutos, Kalligénéia, Kourotrophos, Hermès, les Kharites, pour que l'assemblée et la réunion actuelle produisent les plus beaux et les meilleurs effets, très utiles à la cité des Athéniens et heureuses pour nous! Que celle qui fera ou qui dira le mieux en faveur du peuple des Athéniens et des femmes remporte la victoire! Faites ces souhaits pour votre propre bonheur. Iè Pæan! Ie Pæan! Réjouissons-nous!

LE CHOEUR

Nous approuvons ces voeux, et nous prions la race divine de se montrer favorable à ces prières. Zeus au grand nom, et toi, Dieu à la lyre d'or, qui possèdes la sainte Dèlos, et toi, vierge puissante, à l'oeil gris et à la lance d'or, qui habites la cité invincible, viens ici; et toi aussi, qui portes divers noms, vierge chasseresse, rejeton de Lèto au visage d'or. Et toi, vénérable Poséidôn, souverain des mers, roi des ondes salées, quitte le gouffre poissonneux, qu'agitent les tempêtes; et vous, filles marines de Nèreus, et vous, Nymphes errantes des montagnes. Que la lyre d'or se mêle à nos prières. Nobles Athéniennes, qu'un ordre parfait règne dans notre assemblée!

LA FEMME HÉRAUT

Invoquez les dieux Olympiens et les déesses Olympiennes, les dieux Pythiens et les déesses Pythiennes, les dieux Dèliens et les déesses Dèliennes, et les autres dieux. Si quelqu'un conspire une perfidie contre le peuple femme, ou offre la paix à Euripidès et aux Mèdes, afin de causer quelque dommage aux femmes, si on aspire à la tyrannie ou au rappel du tyran; si on dénonce une femme qui a supposé un enfant; si une servante, confidente des galanteries de sa maîtresse, les dit à l'oreille du mari; ou si une autre, chargée d'un message, fait un rapport mensonger; si un séducteur trompe à l'aide de mensonges, et ne donne pas ce qu'il a promis; si une vieille femme fait des présents à son amant; si une hétaïre, trahissant celui qui l'aime, reçoit de la main d'un autre; si un cabaretier ou une cabaretière fraude sur la mesure du kongion ou des kotyles, demandez aux dieux leur perte et celle de leur famille, et, pour vous, suppliez-les de vous accorder à tous de nombreux biens.