Kitabı oku: «La Traque»
LA TRAQUE
(LES ORIGINES DE RILEY PAIGE — TOME 5)
BLAKE PIERCE
Blake Pierce
Blake Pierce a été couronné meilleur auteur et bestseller d'après USA Today pour Les Enquêtes de RILEY PAIGE - seize tomes (à suivre), la Série Mystère MACKENZIE WHITE - treize tomes (à suivre) ; Les Enquêtes d'AVERY BLACK - six tomes ; Les Enquêtes de KERI LOCKE - cinq tomes ; LES ORIGINES DE RILEY PAIGE - cinq tomes (à suivre) ; la Série Mystère KATE WISE - six tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique CHLOE FINE - cinq tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique JESSIE HUNT - cinq tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique FILLE AU PAIR - deux tomes (à suivre) et Les Enquêtes de ZOE PRIME - deux tomes (à suivre).
Lecteur passionné, fan de thriller et romans à suspense depuis son plus jeune âge, Blake adore vous lire, rendez-vous sur www.blakepierceauthor.com – Restons en contact !
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LIVRES PAR BLAKE PIERCE
LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME
LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)
LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)
LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)
LA FILLE AU PAIR
PRESQUE DISPARUE (Livre 1)
PRESQUE PERDUE (Livre 2)
PRESQUE MORTE (Livre 3)
LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME
LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)
LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)
LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)
SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT
LA FEMME PARFAITE (Volume 1)
LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)
LA MAISON IDÉALE (Volume 3)
LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)
LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)
SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE
LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)
LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)
VOIE SANS ISSUE (Volume 3)
LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)
DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)
SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE
SI ELLE SAVAIT (Volume 1)
SI ELLE VOYAIT (Volume 2)
SI ELLE COURAIT (Volume 3)
SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)
SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)
SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)
LES ORIGINES DE RILEY PAIGE
SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)
ATTENDRE (Tome 2)
PIEGE MORTEL (Tome 3)
ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)
LA TRAQUE (Tome 5)
LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE
SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)
RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)
LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)
LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)
QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)
À VOTRE SANTÉ (Tome 6)
DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)
UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)
SANS COUP FÉRIR (Tome 9)
À TOUT JAMAIS (Tome 10)
LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)
LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)
PIÉGÉE (Tome 13)
LE RÉVEIL (Tome 14)
BANNI (Tome 15)
MANQUE (Tome 16)
UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE
RÉSOLU
SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE
AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)
AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)
AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)
AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)
AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)
AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)
AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)
AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)
AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)
AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)
AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)
LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK
RAISON DE TUER (Tome 1)
RAISON DE COURIR (Tome2)
RAISON DE SE CACHER (Tome 3)
RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)
RAISON DE SAUVER (Tome 5)
RAISON DE REDOUTER (Tome 6)
LES ENQUETES DE KERI LOCKE
UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)
DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)
L’OMBRE DU MAL (Tome 3)
JEUX MACABRES (Tome 4)
LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)
SOMMAIRE
PROLOGUE
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30
CHAPITRE 31
PROLOGUE
Kimberly Dent remonta son col pour se protéger du froid. Elle ne sortait pas si tard d’habitude, mais c’était simplement pour le court trajet de retour depuis la maison de son amie Goldie Dowling. La nuit n’était pas excessivement froide, et Kimberly aimait la façon dont l’air lui piquait les joues et voir son haleine glacée. C’était un spectacle ravissant, avec les lampadaires qui brillaient sur ce qui restait de la neige tombée la semaine passée.
Kimberly était sûre que ses parents ne s’offusqueraient pas de la savoir dehors si tard. Ses notes au secondaire étaient bonnes, son père et sa mère lui faisaient confiance pour éviter les ennuis ; non pas qu’il y ait beaucoup d’ennuis possibles dans une petite ville ennuyeuse comme Dalhart. En plus de cela, ses parents seraient sûrement tous les deux endormis à cette heure-ci. Comme la plupart des gens du quartier, ils se couchaient toujours tôt.
Elle fredonnait un air pop, réalisant très vite qu’elle ne savait pas d’où cela lui venait.
Quelque chose de nouveau que j’ai entendu à la radio, je suppose.
C’était bizarre qu’une chanson qu’elle ne connaissait même pas vraiment puisse s’installer ainsi dans sa tête, mais cela semblait arriver souvent ces derniers temps. C’est certain, un jour, cette chanson sera aussi familière qu’une de ses anciennes paires de chaussures. Et pourtant, elle ne pourrait jamais se souvenir exactement où et quand elle l’avait entendue pour la première fois.
D’une certaine manière, cette pensée la rendit triste.
En y repensant, toute la soirée lui avait semblé un peu triste.
Goldie et elle avaient fait toutes les choses habituelles qu’elles avaient partagées au cours des années ; se vernir les ongles, se coiffer, danser sur leurs chansons préférées, jouer aux cartes, regarder la télévision.
Mais elles s’étaient fâchées, ou du moins Goldie s’était énervée contre Kimberly.
Tout ça pour des broutilles, pensa Kimberly.
Tout ce que Kimberly avait fait, c’était demander à Goldie si elle était sûre de vouloir rester ici à Dalhart après qu’elles aient toutes les deux obtenu leurs diplômes ce printemps. Goldie l’avait vraiment mal pris.
« Tu veux dire que je ne devrais pas me marier avec Clint ? » s’était offusquée Goldie.
Kimberly avait été prise de court. Elle savait que Goldie et Clint étaient plus ou moins destiné l’un à l’autre. Ils étaient ensemble depuis le collège. Mais Goldie n’avait jamais parlé de mariage auparavant. Et si Clint avait fait sa demande à Goldie, elle n’en avait pas parlé à Kimberly.
De plus, Kimberly savait que les parents de Goldie seraient heureux qu’elle épouse Clint et s’installe ici, à Dalhart, et commençait tout de suite à fonder une famille. Mais cela n’avait jamais semblé être le style de Goldie.
Du moins, pas avant ce soir.
Puis Kimberly avait fait l’erreur de rappeler à Goldie son rêve de longue date de partir à New York ou à Los Angeles et de devenir actrice.
« Oh, grandis », avait dit Goldie. « On est trop vieilles pour ces rêves d’enfant. »
Ces mots avaient frappé Kimberly durement ; mais pas aussi durement que ce que Goldie avait dit ensuite.
« Ou tu penses toujours que tu vas devenir une gymnaste olympique ? »
Kimberly avait été choquée. Non, elle n’avait plus rêvé de cela depuis ses douze ou treize ans. Il avait semblé cruel de la part de Goldie de l’évoquer aussi légèrement.
Mais Kimberly espérait bien plus que ce que Dalhart avait à offrir. Elle avait hâte de fuir cet endroit. Elle pensait qu’elle déménagerait à Memphis juste après avoir obtenu son diplôme et qu’elle prendrait le premier emploi qui se présenterait pour se laisser profiter de la vie en ville.
Elle n’en avait encore parlé à personne ; pas même à Goldie, et ce soir n’avait certainement pas semblé être le bon moment pour le lui dire. Kimberly était certaine que ses parents allaient s’opposer à une telle idée. Elle espérait seulement qu’elle serait assez forte pour défendre ce qu’elle voulait quand le moment viendrait pour elle de partir.
Elle était à mi-chemin de la maison à présent, et elle fredonnait toujours le même air en se demandait ce que c’était. Puis elle entendit un son étrange et aigu. Au début, elle crut qu’il s’agissait du vent. Mais il y avait à peine une brise dans l’air.
Elle s’immobilisa et écouta.
Quelqu’un siffle ! réalisa-t-elle.
Non seulement quelqu’un sifflait, mais ce quelqu’un reprenait le même air qu’elle avait fredonné.
Soudain, le sifflement s’arrêta.
— C’est toi, Jay ? appela-t-elle doucement mais fermement. Si c’est toi, je ne trouve pas ça très drôle.
Son petit ami Jay avait rompu avec elle une semaine environ auparavant, et il se comportait en parfait crétin depuis. On lui avait dit qu’il l’avait même dénigrée auprès de ses amis masculins, se plaignant qu’elle ne voulait pas « aller plus loin » avec lui. C’était la raison pour laquelle Jay avait mis fin à leur relation, mais Kimberly ne pensait pas que cela puisse regarder qui que ce soit d’autre à part eux.
Et maintenant, elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander si Jay la harcelait.
Je ne l’en empêcherai pas, se dit-elle en soupirant.
Elle secoua la tête et continua sa route.
Puis le sifflement reprit.
En continuant à marcher, elle regardait toutes les maisons où vivaient des gens qu’elle avait connus toute sa vie. Devrait-elle frapper à une de ces portes pour qu’on la laisse entrer ?
Non, il est tard, se dit-elle.
Elle ne voyait aucune lumière allumée dans les maisons. Ces gens étaient probablement tous endormis maintenant. Même s’ils ne l’étaient pas, ils ne seraient pas ravis d’être dérangés si tard. Et ses parents feraient une crise s’ils apprenaient qu’elle dérangeait les gens au beau milieu de la nuit.
Le sifflement s’arrêta à nouveau, mais Kimberly ne se sentit pas rassurée pour autant. La nuit semblait maintenant plus froide, plus sombre et plus effrayante qu’elle ne l’avait été quelques minutes auparavant.
En tournant le coin, elle vit une camionnette garée un peu plus loin. Ses phares étaient allumés et son moteur tournait.
Elle poussa un soupir de soulagement. Elle ne reconnaissait pas le véhicule, mais au moins c’était quelqu’un. Le conducteur de la fourgonnette accepterait sûrement de la conduire pour le peu qu’il lui restait jusqu’à chez elle.
Elle s’approcha du véhicule et remarqua que sa porte latérale était ouverte. Elle regarda à l’intérieur et remarqua que l’intérieur nu et ouvert était séparé des sièges avant par une sorte de grille métallique. Elle ne vit personne à l’intérieur.
Kimberly se demanda si le conducteur avait eu des problèmes de moteur et s’il était allé chercher de l’aide. Si cette personne n’était pas du coin, elle n’aurait aucune idée vers qui se tourner.
Peut-être que je pourrais lui apporter mon aide, pensa-t-elle.
Elle prit son téléphone portable dans son sac à main, pensant qu’elle devrait appeler son père. Mais elle hésita un moment, incertaine de vouloir vraiment le réveiller, même pour aider quelqu’un.
Elle entendit des pas s’approcher et se retourna pour voir un visage qu’elle reconnut.
— Oh, c’est vous… dit-elle, ressentant un moment de soulagement.
Mais l’expression de son visage figea les mots qui auraient pu suivre. Elle n’avait jamais vu un regard aussi dur et froid qu’à cet instant.
Sans un mot, il tendit la main et lui arracha son sac à main et son téléphone.
Maintenant, la peur s’éleva dans la gorge de Kimberly. Toutes les choses qu’elle pensait faire lui passaient par la tête.
Crier à l’aide, se dit-elle. Réveiller quelqu’un.
Mais soudain, elle fut soulevée et jetée violemment à l’arrière de la camionnette.
La porte claqua et les lumières intérieures s’éteignirent.
Elle tâtonna pour trouver la poignée de la porte, mais elle s’aperçut qu’elle était verrouillée.
Finalement, Kimberly retrouva sa voix.
— Laissez-moi sortir ! cria-t-elle en frappant à la porte.
Puis la porte du conducteur s’ouvrit, et l’homme monta à l’intérieur.
Le van commença à avancer.
Kimberly s’agrippa au grillage qui la séparait du conducteur.
— Qu’est-ce que vous faites ? supplia-t-elle ensuite. Laissez-moi sortir d’ici !
Mais le véhicule était maintenant en route et Kimberly savait que personne dans le quartier endormi ne pouvait l’entendre.
CHAPITRE UN
Quand le premier coup de feu retentit, Riley Sweeney réagit rapidement. Comme elle avait été formée à le faire à l’Académie, elle se laissa tomber derrière la protection la plus proche ; une Honda garée devant le motel où se trouvaient les deux meurtriers. Mais elle ne sentait pas que cette ridicule petite voiture puisse lui offrir une couverture suffisante.
Il faisait froid à cette époque de l’année dans le nord de l’état de New York, et la neige tombait. La visibilité n’était pas bonne du tout. C’était la première fois que Riley était armée et elle n’était pas sûre d’y survivre.
En regardant à travers les flocons tourbillonnants, Riley vit que l’agent spécial Jake Crivaro était plus en sécurité à l’abris d’un gros SUV. Crivaro, son partenaire et mentor, avait l’air inquiet quand leurs regards se croisèrent. Riley aurait voulu lui faire savoir qu’elle allait bien. Comme les six policiers locaux qui venaient d’arriver avec eux, Riley et Crivaro portaient leurs gilets en Kevlar. Mais Riley savait qu’il ne devait pas trop s’y fier. Un tir bien placé, en pleine tête ; ou même un tir chanceux ; pouvait lui être fatal.
Crivaro leva un porte-voix à ses lèvres.
— Ici l’agent spécial Jake Crivaro du FBI, cria-t-il. Nous vous avons encerclés. Vous n’avez aucune issue. Sortez de là les mains en l’air.
Aucune réponse ne vint de la chambre de motel où les deux suspects étaient terrés. Tout ce qu’ils purent entendre était un étrange sifflement provenant du vent.
Riley sortit prudemment sa tête de derrière la petite voiture, essayant d’apercevoir la chambre de motel. C’est alors que survint un claquement aiguë accompagné d’un son perçant et strident, quelque chose entre un sifflement et un bourdonnement.
Une balle l’avait frôlée. Riley rentra sa tête à l’abris. Elle haleta en réalisant…
C’est la première fois qu’on me tire dessus.
Elle avait eu beaucoup d’entraînement à balles réelles, mais aucune d’entre elles ne l’avait visée personnellement.
Comme Crivaro et les autres policiers l’avaient fait, elle avait déjà dégainé son arme, un Glock semi-automatique de calibre 40.
L’arme semblait maladroite dans ses mains.
Elle se rappela qu’elle devait être heureuse d’avoir récemment obtenu une autorisation pour quelque chose de plus puissant que le pistolet de calibre 22 qu’on lui avait donné en même temps que son badge du FBI. Mais celui-ci lui était moins familier, et elle ne savait pas encore ce qu’elle allait devoir faire avec.
Elle savait qu’il ne fallait pas encore riposter, et apparemment, tous les autres membres de l’équipe aussi. Ils feraient tout ce qu’ils pourraient pour mettre fin à cette situation sans coups de feu inutiles.
Elle devinait que certains des policiers qui étaient rassemblés à proximité pensaient la même chose. Peut-être que certains d’entre eux étaient aussi novices qu’elle. Depuis qu’elle avait terminé sa formation au FBI l’année dernière, Riley s’était demandé comment elle se comporterait en se retrouvant dans ce genre de situation pour la première fois.
Et maintenant qu’elle était au milieu de tout cela, elle n’en avait toujours aucune idée.
Une chose était sûre, elle n’était pas prise de panique. En fait, elle n’avait pas du tout peur. Elle avait plutôt l’impression d’être en dehors de son corps à observer la scène, comme une sorte témoin impartial. La situation semblait complètement irréelle, presque onirique. Mais elle savait que tout son corps était inondé d’adrénaline et qu’elle devait garder la tête froide.
Elle se sentait un peu rassurée par le fait qu’au moins une personne de son équipe savait exactement ce qu’elle faisait. C’était loin d’être la première expérience de ce genre pour l’agent Crivaro. L’homme trapu était une légende au bureau pour son palmarès impressionnant de résolution d’affaires difficiles.
Riley s’appuya contre la voiture, attendant un signe ou des instructions de son mentor. Dans ce moment de calme avant la tempête, elle repensa au briefing au poste de police avec le reste de l’équipe. Cela ne s’était passé que peu de temps auparavant, mais il semblait que des jours ou même des semaines s’étaient écoulés depuis. Ils avaient tous été pleinement informés au sujet des meurtriers qu’ils allaient essayer d’appréhender.
« Des gosses. Juste deux gamins », s’était-elle dit en voyant la photo des deux suspects.
Orin Rhodes, 17 ans, et sa petite amie de 15 ans, Heidi Wright, avaient commencé leur série de meurtres quelques jours plus tôt dans la ville voisine de Hinton. Tout avait commencé par un acte tragique de pur désespoir.
Heidi avait appelé Orin au téléphone pour lui dire qu’elle était en danger chez elle. Orin avait pris l’arme de son père et s’était rendu chez Heidi, où il l’avait trouvée en train d’être agressée sexuellement par son père et son frère. Orin avait tué les deux agresseurs de la fille.
Puis Heidi avait pris l’arme de son propre père, et Orin et elle s’étaient enfuis. À court d’argent, ils avaient essayé de voler un magasin d’alcool. Mais le vol avait mal tourné, et ils avaient fini par tuer le gérant et un employé du magasin.
La police n’était pas sûre de ce qui s’était passé ensuite. Ils savaient que les enfants étaient arrivés dans la ville de Jennings, où ils avaient tourmenté et tué deux personnes parfaitement innocentes ; un homme d’âge moyen et une jeune fille de dix-sept ans. Puis, le couple de tueurs avait encore disparu.
C’est alors que les autorités locales avaient demandé l’aide du FBI. Ils avaient trouvé le comportement des adolescents si déroutant qu’ils avaient spécifiquement demandé l’aide de l’Unité d’Analyse Comportementale.
Riley et l’agent Crivaro étaient venus de Quantico pour leur apporter toute l’aide possible. Il était clair pour eux qu’Orin et Heidi avaient ressenti une sorte de satisfaction à se livrer à ces meurtres improvisés. Ils avaient probablement ressenti l’envie de recommencer. Ils n’avaient plus besoin de raison pour tuer, et leur folie n’allait pas s’arrêter de sitôt.
Au moment où Riley et Crivaro avaient analysé la situation, les policiers locaux avaient déterminé qu’Heidi et Orin se cachaient dans ce motel. Les deux agents s’étaient joints à l’équipe de force de l’ordre qui partait les capturer… ou les tuer si nécessaire.
À présent, ils étaient tous sur ce parking, la neige tombant autour d’eux. Un des adolescents avait salué leur arrivée par un coup de feu de la fenêtre de la chambre du motel, et un deuxième coup de feu avait été tiré à l’instant, manquant de peu Riley elle-même.
Et maintenant ? se demanda Riley.
L’agent Crivaro parla à nouveau dans son porte-voix sur un ton presque sympathique et aimable.
— Orin, Heidi, ne rendez pas les choses pires qu’elles ne le sont déjà. Nous ne voulons pas d’ennuis. Tout ce que nous voulons, c’est parler. Tout peut s’arranger. Sortez avec vos mains bien en évidence, tous les deux.
Un autre silence s’installa avant que la voix d’un jeune homme ne se fasse entendre par la fenêtre.
— Nous avons un otage.
Riley ressentit un frisson d’inquiétude. L’expression de l’agent Crivaro montra qu’il éprouvait la même chose.
— C’est une femme de chambre, continua Orin. Elle dit qu’elle s’appelle Anita. Ne tentez rien ou nous la tuerons.
L’agent Crivaro regarda prudemment à l’abri derrière le SUV.
— Laissez-nous la voir, lança-t-il.
Aucune réponse ne vint. Riley pouvait deviner ce que Crivaro pensait.
Est-ce qu’Orin bluffe ?
Peut-être qu’ils n’avaient pas d’otage du tout. Ils essayaient peut-être de retarder leur inévitable capture. Rien dans leur comportement ne montrait qu’il était en possession d’un otage. Riley avait étudié et s’était entraînée aux situations de prise d’otage à l’académie, elle avait donc une assez bonne idée de ce à quoi s’attendre.
Les adolescents devraient être en train de négocier à l’heure qu’il est, en insistant sur une sorte de passage sûr loin de cet endroit. Mais ce n’était pas ce qui se passait. Toute la situation semblait s’être figée.
Alors Riley put entendre des voix dans la chambre d’hôtel. Il était impossible de comprendre ce qui était dit, mais on aurait dit que le garçon et la fille se disputaient. Puis la voix d’Heidi se fit entendre à travers la fenêtre.
— Ok, on va vous laisser la voir. Mais ne tentez rien.
Riley observait la scène depuis son abri. Elle pouvait voir la porte de la chambre de motel ouverte. Puis une silhouette apparut dans l’embrasure de la porte. Une silhouette semblant être une femme portant une veste d’hiver à capuche. Son visage était impossible à voir dans la neige tourbillonnante. Elle se tenait immobile dans l’embrasure de la porte, les mains tremblantes au-dessus de la tête.
— Voilà, vous l’avez vue ! cria Orin de l’intérieur de la pièce.
Crivaro releva son porte-voix pour répondre.
— Ok, mais réfléchissez bien à ce que vous êtes en train de faire. Croyez-moi, je sais de quoi je parle. J’ai vu ça se produire de nombreuses fois. Garder un otage ne fera qu’empirer les choses pour vous. Laissez-la partir. Laissez-la venir ici avec nous. Ensuite, nous pourrons négocier une solution raisonnable.
Riley doutait que la stratégie de Crivaro fonctionne, et elle pensait qu’il était arrivé aux mêmes conclusions. Pourquoi le couple abandonnerait-il le seul moyen de pression qu’il avait à un moment pareil ?
Alors, à la surprise de Riley, la femme commença à faire quelques pas vers eux. Sa gorge se serra quand elle entendit Orin grogner une sorte de protestation inaudible. Riley ne pouvait pas le voir, mais il était clair qu’il n’aimait pas ce qui se passait.
Est-ce qu’il va lui tirer dessus ? se demanda-t-elle.
Mais la femme s’éloigna encore de quelques pas hésitants du motel. Peut-être, pensa Riley, qu’Orin et Heidi avaient finalement perdu l’envie de tuer à nouveau. Mais Riley se sentait encore plus incertaine que jamais sur ce qui se passait. Si le couple avait vraiment laissé partir l’otage, qu’allaient-ils faire ensuite ? Que pourraient-ils faire ?
Ils pourraient se rendre, pensa Riley.
Ou ils pourraient se battre.
C’était certain, résister serait du suicide. Riley avait une idée de ce à quoi il fallait s’attendre si les coups de feu commençaient. Le couple n’avait aucune chance dans une vraie fusillade, pas contre une équipe comme celle-ci. Ils n’étaient pas susceptibles de résister à une telle puissance de feu, et ils seraient sûrement à court de munitions bien avant que l’équipe ne le soit. Leur seul dilemme était de se rendre ou de mourir.
La femme remonta en silence la petite allée devant la chambre, puis descendit un trottoir pour rejoindre le parking. Riley regarda Crivaro, se demandant ce que son mentor pensait faire ensuite. Serait-il prêt à se mettre à découvert pour intercepter la femme, puis s’assurerait-il qu’elle soit conduite en lieux sûr ? Pour le moment, il ne montrait aucun signe de changement de sa position accroupie derrière le SUV.
Puis les pas de la femme s’accélérèrent de façon inquiétante. Elle s’approcha de Riley, apparemment sans l’avoir vue.
Enfin, Riley put voir le visage de la femme. Ce n’était pas un otage. C’était Heidi Wright elle-même et elle sortait quelque chose de sa veste.
Elle a une arme, réalisa Riley.
Riley savait ce qu’elle devait faire, et pourtant, elle hésita.
L’arme de la fille fit feu, dispersant des tirs mal cadrés à travers les barrières qui protégeaient les policiers et les agents. Puis elle repéra Riley. Elle fit un sourire étrangement innocent en tournant son arme vers la jeune agent.
Pendant ce qui semblait être une fraction de seconde interminable, Riley fixa le canon du pistolet. Puis elle réalisa qu’elle avait déjà levé sa propre arme et la pointait droit vers le centre de la poitrine d’Heidi.
Riley ne tira qu’un seul coup.
Heidi tituba en arrière, et son pistolet lui tomba des mains. Son sourire disparut, remplacé par ce qui semblait être une expression de choc et de consternation. Puis elle s’écroula sur le sol.
Riley put entendre la voix d’Orin.
— Heidi ! cria le jeune homme.
Elle se retourna et vit plusieurs policiers se précipiter vers la porte du motel. Avec un regard d’horreur stupéfait, Orin sortit de la chambre. Il levait les mains en l’air en regardant sa petite amie en détresse de l’autre côté du parking. Il resta complètement docile alors qu’un des policiers lui mit les menottes et lui lut ses droits.
Saisi d’une profonde horreur, Riley se dirigea vers le corps de la fille. Du sang jaillissait de sa poitrine blessée, colorant la couche de neige sur le trottoir. Les yeux d’Heidi étaient grands ouverts, et sa bouche remuait en silence alors qu’elle prenait ses dernières inspirations. Puis elle s’immobilisa complètement. L’expression de son visage mort semblait d’une tristesse indicible.
Riley fut parcourue de tremblements, et son pistolet faillit tomber de sa main. Soudain, l’agent Crivaro était à ses côtés et lui prit doucement l’arme.
Riley se sentit complètement engourdie.
— Qu’est-ce que j’ai fait ? s’entendit-elle dire.
Crivaro mit ses bras autour de ses épaules.
— Tu as bien fait, Riley, la rassura-t-il. Tu as fait ce que tu avais à faire.
Mais Riley ne pouvait que répéter…
— Qu’est-ce que j’ai fait ?
— Viens, on va te trouver un endroit où tu pourras t’asseoir, dit Crivaro.
Riley ne pouvait à peine tenir sur ses pieds alors que Crivaro l’emmenait doucement vers un fourgon de police. Elle pouvait encore sentir les yeux de la fille morte qui la fixait.
J’ai tué quelqu’un, pensa-t-elle.
Elle n’avait encore jamais tué qui que ce soit.
Et maintenant elle n’avait aucune idée de comment elle allait gérer cela.