Kitabı oku: «Le Visage de la Peur», sayfa 2

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CHAPITRE TROIS

Zoe ajusta sa position sur le siège, se mettant un peu plus à l’aise dans le vieux et confortable fauteuil. Elle commençait à s’habituer à s’asseoir ici, aussi étrange que cela puisse sonner à ses propres oreilles qu’elle s’accoutumait à la thérapie.

Parler à quelqu’un de ses problèmes personnels semaine après semaine avait auparavant semblé infernal à Zoe, mais avoir le soutien de la Dr. Lauren Monk n’avait pas donné de si mauvais résultats jusqu’à présent. Après tout, c’était la Dr. Monk qui l’avait encouragée à sortir de nouveau avec John, et cela avait été une bonne décision, du moins jusqu’à maintenant.

En tout cas, la concernant. Elle commençait à se demander si John pouvait en dire autant.

« Alors, raconte-moi ce rendez-vous. Que s’est-il passé ? » s’enquit la Dr. Monk, en ajustant son carnet sur son genou.

Zoe soupira. « Je n’arrivais pas à me concentrer, dit-elle. Les chiffres prenaient le dessus. Je ne pensais qu’à ça. Je suis passé à côté de phrases entières de sa conversation. Je voulais lui donner toute mon attention, mais je ne pouvais pas les mettre en sourdine. »

La Dr. Monk acquiesça, concentrée, posant sa main sur son menton. Depuis la séance durant laquelle Zoe avait révélé sa synesthésie – sa capacité de voir les chiffres partout et en tout, comme le fait que le stylo de la Dr. Monk était plus lourd que la moyenne en raison du léger angle de chute de quinze degrés lorsqu’il reposait sur le bord de ses doigts, en comparaison avec celui d’un BIC – elle trouvait la thérapie encore plus utile. C’était libérateur à bien des égards, de pouvoir vraiment admettre ce qui se passait et la façon dont elle luttait.

Il y avait peu de gens dans le monde qui connaissaient la synesthésie de Zoe. Il y avait la Dr. Monk et la Dr. Francesca Applewhite, qui avait été la mentor de Zoe depuis ses années universitaires. Il y avait ensuite sa partenaire au F.B.I., l’Agent Spécial Shelley Rose.

Et c’était tout. Elle n’avait même pas besoin de tous les doigts de sa main pour les compter. C’étaient les seules personnes en qui elle avait eu assez confiance pour en parler depuis son premier diagnostic – celui d’un médecin qu’elle n’avait pas revu depuis. Délibérément. Pendant longtemps, elle avait pensé qu’il y avait peut-être un moyen d’échapper ou d’occulter cette capacité que sa mère qualifiait de sorcellerie diabolique.

Mais tant que cela l’aidait à résoudre des crimes, Zoe ne pouvait pas dire qu’elle souhaitait que cela disparaisse. Plus maintenant. Il serait juste utile que son aptitude s’atténue lorsqu’elle essayait d’établir une relation amoureuse, ce qui ne nécessitait pas d’estimer les mesures spécifiques de liquide dans chaque verre ou la distance entre les yeux de John.

« Ce qui pourrait être bénéfique, c’est que nous trouvions ensemble des moyens qui pourraient t’aider à baisser le volume sonore de ton cerveau, pour ainsi dire, dit la Dr. Monk. « Est-ce une chose que tu aimerais explorer ? »

Zoe hocha la tête, prise de court par la boule qui lui avait envahi la gorge à l’idée de pouvoir faire cela. « Oui, » réussit-elle à dire. « Ce serait génial.

– Très bien. » La Dr. Monk réfléchit un instant, en tapotant distraitement le stylo contre sa clavicule. Zoe avait remarqué cette habitude, toujours un nombre pair de tapotements.

« Pourquoi faites-vous cela ? » lâcha-t-elle, embarrassée l’instant d’après par la question qu’elle avait posée.

La Dr. Monk la regardait surprise. « Tu veux dire, taper ma clavicule ?

– Désolée. Cela ne me regarde pas. Vous n’avez pas à me le dire. »

La Dr. Monk sourit. « Cela ne me dérange pas. En fait, c’est quelque chose que j’ai pris quand j’étais étudiante. C’est un exercice de relaxation. »

Zoe fronça les sourcils. « Vous n’êtes pas calme ?

– Si. C’est devenu une habitude maintenant, même quand je réfléchis. Cela me permet de me plonger dans un état plus zen. J’avais des crises de panique quand j’étais plus jeune. As-tu déjà été prise d’une crise de panique, Zoe ? »

Zoe y réfléchit, essayant de déterminer en quoi cela consistait. « Je ne pense pas.

– Que ce soit une crise de panique totale ou quelque chose de moins grave, ce dont nous avons besoin, c’est que tu aies recours à quelque chose qui puisse te calmer, diminuer les chiffres. Nous voulons que ton esprit cesse de s’emballer, ce qui te permettra de te concentrer sur une seule chose à la fois. »

Zoe acquiesça, suivant avec ses doigts les fissures du bras de son fauteuil en cuir. « Ce serait bien.

– Commençons par un exercice de méditation. Ce que tu devrais commencer à faire, selon moi, c’est d’entreprendre une pratique de méditation tous les soirs, peut-être juste avant d’aller au lit. Cela t’aidera à améliorer ta capacité à contrôler ton esprit au fil du temps. Ce n’est pas une solution immédiate, mais si tu t’y tiens, tu verras des résultats. Jusque-là, tu me suis ? »

Zoe hocha la tête silencieusement.

« Bien. Maintenant, écoute mes instructions. Je veux que tu fasses un essai maintenant, et tu pourras ensuite t’exercer par toi-même ce soir. Commence par fermer les yeux et compte tes respirations. Essaie d’oublier tout le reste. »

Zoe ferma les yeux avec obéissance et entreprit de respirer profondément. Un, se dit-elle. Deux.

« Bien. Lorsque tu arrives à dix, recommence à partir de « un ». Ne te laisse pas compter au-delà. Tu souhaites seulement continuer à compter ces respirations, jusqu’à ce que tu commences à te détendre. »

Zoe essaya, en tentant de chasser d’autres pensées de son esprit. C’était difficile. Son cerveau voulait lui dire que sa jambe droite la démangeait, qu’elle pouvait percevoir l’odeur du café de la Dr. Monk, ou lui rappeler combien il était étrange d’être assise les yeux fermés dans le bureau de quelqu’un. Il voulait ensuite lui dire qu’elle pratiquait mal l’exercice et qu’elle se laissait distraire.

De toute façon, respirait-elle au bon rythme ? À quelle vitesse était-on censé respirer ? Le faisait-elle correctement ? Et si elle avait mal respiré pendant tout ce temps ? Pendant toute sa vie ? Comment aurait-elle pu le savoir ?

Malgré ses doutes, elle continua en silence, et commença finalement à sentir détendue.

« Très bien, » dit la Dr. Monk, sa voix étant désormais plus calme et plus grave. « Maintenant, je veux que tu imagines un ciel. Tu es assise et tu regardes ce ciel. D’un bleu magnifique, juste un petit nuage flottant au-dessus, rien d’autre à l’horizon. Il s’étend par-dessus une mer bleue, calme. Le vois-tu ? »

Zoe n’était pas douée pour imaginer des choses, mais elle se souvint d’une photo qu’elle avait récemment vue dans une publicité pour une agence de voyages. Une famille qui jouait joyeusement dans le sable, un paradis d’un bleu impossible derrière eux. Elle se posa là, en se concentrant sur cela. Elle fit un petit signe de tête pour annoncer à la Dr. Monk qu’elle était prête à continuer.

« Bien. Sens la chaleur du soleil sur ton visage et tes épaules. C’est une belle journée. Juste une légère brise, exactement le genre de temps que tu souhaiterais. Tu es assise dans un petit bateau gonflable, juste au large de la côte. Sens-le se balancer doucement dans le mouvement de la mer. C’est tellement paisible et calme. Le soleil n’est-il pas merveilleux ? »

En temps normal, Zoe se serait moquée d’une telle chose, mais elle fit ce qu’on lui disait, et elle put presque jurer qu’elle le ressentait. Un vrai soleil, qui tapait sur son front. Pas trop oppressant : le genre de soleil qui laisse à penser que l’on bronze, pas que l’on attrape un cancer de la peau.

Cancer de la peau. N’aurait pas dû penser au cancer de la peau. Concentre-toi, Zoe. Se balancer dans le courant.

« Regarde sur le côté. Tu verras une île derrière toi. La plage d’où tu viens, et derrière elle, le reste de ce paradis. Que vois-tu ? »

Zoe savait exactement ce qu’elle voyait quand elle y regarda : une autre image d’une publicité de voyage. Un endroit où elle aurait voulu aller. Sauf qu’il avait été présenté comme étant une destination de lune de miel, et elle était célibataire à l’époque, et que cela n’avait eu comme effet que de la faire se sentir encore plus seule.

« Du sable doré, » dit-elle, le son de sa propre voix étrangement détaché et inconnu. « Puis des sous-bois luxuriants. Derrière, des arbres tropicaux s’élèvent vers le ciel, de trois mètres et plus. Le soleil se couche selon un angle aigu, les ombres ne font que quinze centimètres de long. Je ne peux pas voir au-delà. Il y a un arbre penché à un angle de quarante-cinq degrés au-dessus de l’eau, avec un hamac de deux mètres attaché en dessous. Il est vide.

– Essaie de te concentrer davantage sur le paysage plutôt que les chiffres. Maintenant, écoute. Peux-tu entendre les vagues qui déferlent doucement sur le sable ? Entends-tu les cris des oiseaux ? »

Zoe inspira profondément, laissant cette nouvelle strate de sensations la submerger. « Oui, dit-elle. Des perroquets. Je pense. Les vagues s’enchaînent à intervalles de trois secondes. Le chant des oiseaux, toutes les cinq secondes.

– Ressens le soleil chaud sur ton visage. Tu peux fermer les yeux, arrêter de compter. Tu es en sécurité ici. »

Zoe respirait, contemplant toujours l’île dans son esprit. Ses yeux s’égaraient encore vers le hamac. Pour qui était-ce ? Pour elle-même, ou quelqu’un la rejoindrait-il un jour ? John ? Voulait-elle qu’il soit là, sur son île personnelle ? Il était taillé pour un homme. Elle ne mesurait elle-même qu’un mètre soixante-sept. Le hamac était suspendu à soixante centimètres au-dessus de l’eau.

« C’est très bien, Zoe. Maintenant, je veux que tu te concentres à nouveau sur ta respiration. Compte à rebours à partir de dix, comme avant, mais à l’envers. Pendant ce temps, je veux que tu reviennes lentement de ton île. Laisse-la s’évanouir, et laisse-toi te réveiller, petit à petit. Doucement, maintenant. C’est ça. »

Zoe ouvrit les yeux, un peu gênée de constater à quel point elle se sentait plus sereine – et désormais consciente de l’étrange sensation d’être partie sur une petite île dans sa tête pendant que sa thérapeute la regardait assise, le dos droit, dans un fauteuil.

« Tu t’es bien débrouillée. La Dr. Monk sourit. Comment te sens-tu maintenant ? »

Zoe hocha la tête. « Plus calme. » Mais elle avait des doutes. Les chiffres avaient été présents. Ils l’avaient suivie, même dans cet espace. Et si elle ne pouvait jamais s’en débarrasser ?

« C’est un excellent début. Plus tu feras l’exercice, plus tu trouveras cela paisible. Et c’est une bonne chose, parce que cela peut être un endroit calme où tu peux retourner quand tu te sens stressée ou débordée. » La Dr. Monk prit quelques notes dans son carnet, son stylo faisant des traits rapides et des lignes d’araignée que Zoe ne put décoder.

« Et si j’ai besoin de bloquer rapidement les chiffres ? Par exemple, dans une situation d’urgence ? demanda Zoe. Ou si je ne peux pas confier à l’autre personne pourquoi j’ai besoin de me calmer ? »

La Dr. Monk acquiesça. « Essaie tout simplement de compter les respirations, comme tu as fait pour entrer en méditation. Nous devrons tester cela dans un contexte réel, mais je crois que compter une chose – ta respiration – peut te permettre d’arrêter de voir les chiffres par ailleurs. C’est une tactique de distraction qui consiste à distraire le côté chiffres de ton cerveau pendant que tu te concentres sur autre chose. »

Zoe hocha la tête, essayant de graver cela dans son esprit. « D’accord. »

« Maintenant, Zoe, sur le fait de ne pas vouloir expliquer aux gens pourquoi tu as besoin de supprimer les numéros – ou le fait que tu peux les voir. Pourquoi es-tu toujours déterminée à cacher ce don ? » demanda la Dr. Monk, en penchant la tête d’une manière que Zoe avait fini par définir comme annonçant un changement de stratégie.

Elle eut du mal à répondre à cette question. Eh bien, non : elle en connaissait la raison. Une peur qui l’avait saisie depuis qu’elle était jeune fille, renforcée par des cris d’enfant du diable et des séances de prières forcées qui la maintenaient à genoux toute la nuit, en souhaitant que les nombres s’en aillent. Il était difficile de le confier à voix haute.

« Je ne veux pas que les gens le sachent, » dit-elle, en saisissant un morceau de peluche imaginaire sur son pantalon, au niveau du genou.

« Mais pourquoi, Zoe ? insista la Dr. Monk. « Tu as une capacité merveilleuse. Pourquoi ne veux-tu pas la partager avec les autres ? »

Zoe s’expliqua péniblement. « Je… ne souhaite pas qu’ils changent leur avis sur ma personne.

– Tu as peur que tes collègues te perçoivent différemment de ce qu’ils font maintenant ?

– Oui. Peut-être… » Zoe hésita, en haussant les épaules. « Peut-être qu’ils pourraient essayer de… de faire quelque chose avec ça. De l’exploiter d’une manière ou d’une autre. Je ne veux pas être la marionnette de quelqu’un d’autre. Ou la victime de pièges et de farces. Ou d’une pièce de théâtre que les gens pourraient expérimenter. »

La Dr. Monk acquiesça. « C’est compréhensible. Es-tu certaine que ce soit tout ce dont tu as peur ? »

Zoe connaissait la réponse. Elle la murmura même dans sa tête. J’ai peur qu’ils sachent tous – qu’ils voient que je ne suis pas normale. Je ne suis pas des leurs. Je suis un monstre de la nature. J’ai peur qu’ils me détestent pour cela. Mais, « Oui, j’en suis sûre, » dit-elle à voix haute.

La Dr. Monk l’observa un instant, et Zoe fut persuadée qu’elle était découverte. La Dr. Monk était une thérapeute, elle pouvait évidemment reconnaître quand quelqu’un lui mentait. Elle allait insister, ferait admettre à Zoe la peur secrète qu’elle avait enfouie au plus profond d’elle-même pendant si longtemps.

Mais elle ne fit que fermer son carnet et le posa soigneusement sur son bureau, en arborant un sourire éclatant. « Nous avons fait des progrès fantastiques aujourd’hui, Zoe. Nous sommes à la fin de notre séance, alors je te prie d’inclure cette méditation dans tes habitudes nocturnes et d’essayer de la conserver. Lors de notre prochaine entrevue, j’aimerais savoir si tu as fait des progrès. »

Zoe se leva et la remercia, puis elle repartit, avec l’impression d’avoir été sauvée par le gong.

Et puis il y eut un gong plus littéral, une sonnerie provenant de sa poche. Elle sortit son portable en traversant la salle d’attente, découvrant le nom de Shelley sur l’écran.

« Agent Spécial Zoe Prime, » dit-elle. Cela lui faisait du bien d’utiliser l’appellation officielle appropriée, même quand elle savait qui l’appelait.

« Z, c’est moi. Le chef a besoin que tu viennes tout de suite à l’aéroport. On a une affaire à Los Angeles. Prends un sac pour la nuit, et je te rejoindrai là-bas.

– Combien de temps me reste-t-il ? demanda Zoe.

– Quarante-cinq minutes, puis nous prenons l’avion.

– On se retrouve là-bas, » dit Zoe. Elle raccrocha et traversa le couloir avec une détermination renforcée, estimant le temps dont elle disposerait pour faire ses bagages après avoir tenu compte du trajet jusqu’à l’aéroport.

Au fond, elle était ravie, juste un peu. Il s’était écoulé un certain temps depuis leur dernière affaire, toute la paperasserie, les dates d’audience et la bureaucratie. Même si elle ne pouvait pas vraiment se réjouir de la mort de quelqu’un, cela serait une bonne occasion de se retrouver dans une affaire de meurtre facile et tranquille – et elle croisait mentalement les doigts pour que ce soit ce à quoi elles allaient être confrontées.

CHAPITRE QUATRE

Zoe regarda par le hublot les nuages passer sous l’aile de l’avion. Peut-être aurait-elle dû en ressentir une sorte de paix intérieure. Il n’y avait rien à compter, après tout. Mais elle n’aimait pas la sensation d’être si loin du sol, et elle ne l’apprécierait jamais. Elle détestait l’idée que quelqu’un d’autre puisse tout contrôler et être responsable de sa vie.

« L’Agent Spécial Superviseur Maitland nous a laissé ces documents, » dit Shelley, en présentant quelques dossiers pour capter l’attention de Zoe.

Zoe se détourna du hublot, en clignant des yeux pour se concentrer. « D’accord. À quoi avons-nous affaire de si urgent qu’on ne puisse pas attendre un briefing en personne ? » Les cheveux blonds de Shelley étaient soigneusement rangés en chignon derrière sa tête, son maquillage toujours aussi délicat et minutieux. Zoe se demanda un instant comment elle arrivait toujours à avoir l’air si soignée, même avec un jeune enfant à la maison – et même en prenant l’avion au pied levé.

« Deux victimes, » dit Shelley. Elle sépara les documents. « De toute évidence, l’équipe sur le terrain a considéré qu’elle n’arriverait à rien sans l’aide du Bureau. Ils nous l’ont remise volontairement.

– Volontairement ? Zoe haussa les sourcils. Pas étonnant que Maitland nous veuille sur place au plus vite. Il a probablement pensé qu’ils pourraient changer d’avis. »

Il était rare qu’elles obtiennent une affaire qui leur était remise volontairement. Les forces de l’ordre avaient tendance à être territorialistes, à vouloir mener une affaire à terme du début à la fin. Zoe le comprenait. Pourtant, cela contribuait généralement à des ambiances tendues et à une assistance des plus réticentes. Les agents avaient tendance à soupçonner le FBI d’être là pour les dessaisir de leur travail et à les déclarer inaptes au service, même si cela n’avait généralement aucun fondement dans les faits. Il serait rafraîchissant d’être véritablement accueilli quelque part.

Shelley ouvrit le premier dossier et commença à le parcourir. « La première victime retrouvée était un homme, caucasien, la trentaine environ. Il s’appelait John Dowling, bien que les gens du coin aient mis un certain temps à l’identifier. »

Zoe essaya d’occulter le nom et la façon dont celui-ci lui avait transpercé le cœur. Après tout, John était un prénom assez courant. Elle ne devrait pas avoir besoin d’imaginer John saignant, abattu ou étranglé pour passer à autre chose. « Pourquoi donc ?

– Le corps a été gravement brûlé. L’autopsie indique que sa gorge a d’abord été tranchée, puis qu’il a été emmené ailleurs et brûlé, avant d’être découvert.

– Savons-nous où le crime a été commis ? »

Shelley examina les notes. « Pas encore de localisation sur le meurtre à proprement parler. On pense qu’il a pu se produire dans une maison privative, car il a dû y avoir beaucoup de sang, et que rien n’a été signalé. Le corps a été transporté dans une rue isolée et brûlé au beau milieu de la nuit. Le temps qu’un résident du quartier le remarque et ait le courage d’aller faire les constatations, beaucoup de dégâts avaient été causés.

Sans dire un mot, Shelley lui remit une photographie. Elle montrait un corps noirci et tordu, au point de ne presque plus distinguer un corps humain. Cela ressemblait à un accessoire de cinéma, pas à une personne réelle. Zoe dut reconnaître les mérites de ceux qui avaient réussi à déterminer la cause du décès. Ils avaient dû avoir un sacré travail sur les bras.

Il y avait une autre photo dans le dossier, l’image d’un jeune homme souriant. John Dowling dans la vie de tous les jours, probablement issue d’un de ses profiles sur les réseaux sociaux. Il était dans une pièce sombre, avec des gens visibles en arrière-plan – vraisemblablement à l’occasion d’une fête. Il avait l’air heureux.

« Des pistes à ce jour le concernant ? Ennemis, rancunes ?

– Rien pour l’instant. L’enquête est en cours.

– D’accord. Et la seconde ? »

Shelley ferma le premier dossier et prit l’autre, en aspirant une bouffée d’air entre ses dents. « Histoire similaire. La gorge tranchée, puis brûlée. Une jeune femme, Callie Everard. La vingtaine. Elle était jolie aussi. »

Zoe se retient tout juste de ne pas lever les yeux au ciel. Elle ne manquait jamais de s’étonner que les gens, même son estimée partenaire, puissent mettre l’accent sur ce genre de choses. Jeune, vieux, joli, moche, mince, gros – un mort était un mort. Toute vie prise devait faire l’objet d’une enquête, chaque tueur devait être puni. Les détails ne faisaient que peu de différence.

« Le lieu ?

– Cette fois-ci, tout s’est passé dans la même ruelle. Il semble que le tueur s’est approché d’elle, lui a tranché la gorge, l’a laissée tomber raide morte, puis lui a mis le feu. C’est une clémence relative. Elle n’aura pas été consciente au moment de se consumer. »

C’était un sentiment auquel Zoe pouvait au moins se rallier. Il y avait très peu de façons agréables de partir, et être brûlé vif n’en faisait pas partie. « Et elle ? Aurait-elle pu avoir une cible sur elle ?

– Les flics locaux n’ont pas fini d’enquêter. Elle a été retrouvée hier, mais n’a pu être identifiée que ce matin. Ils ont réussi à informer le plus proche parent, et c’est tout. »

Zoe prit les photos. Ce corps était moins brûlé, même si ce n’était que de quelques degrés. Il était encore possible de distinguer qu’il s’agissait d’une femme, et il y avait des lambeaux de chair sur le corps qui scintillaient, rouges et crus, à travers le chaos noirci.

« Les images te révèlent-elles quelque chose ? » demanda Shelley.

Zoe leva les yeux et se rendit compte qu’on l’observait attentivement. « Pas encore. Je ne vois rien qui puisse me servir. Le feu corrompt les choses et les déforme. Je ne pourrais même pas estimer de façon fiable leur taille et leur poids, sans leur dossier médical.

– Les deux individus étaient des jeunes en bonne santé. Ce serait peut-être un simple crime passionnel. Ils ont eu un ami commun, ou un ex-ami, qui aurait perdu la tête et aurait décidé de mettre le feu aux poudres.

– Nous pouvons l’espérer. » Zoe soupira et reposa sa tête contre le fauteuil. Pourquoi les avions devaient-ils être toujours aussi inconfortables ? Elle avait lu que les passagers de première classe avaient des lits. Mais ce n’était pas comme si le Bureau allait prendre en compte cette option.

« Au fait, comment ça va ? » demanda Shelley. Elle rangea les dossiers dans son bagage à main et s’installa dans son siège avec un air entendu. « As-tu revu John hier ? »

C’était vendredi soir, et John avait semblé heureux de la façon dont Zoe menait sa vie. Une petite routine. La seule différence était le lieu. « Oui, je l’ai revu.

– Et alors ? » demanda impatiemment Shelley. « Des détails, Z. Cela se passe bien entre vous deux, n’est-ce pas ? »

Zoe haussa les épaules, et tourna à nouveau la tête vers le hublot. « Assez bien, je suppose. »

Shelley soupira d’un air irrité. « Assez bien ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Il te plait ou non ?

– Bien sûr qu’il me plait. Zoe fronça les sourcils. Sinon, pourquoi me rendrais-je à autant de rendez-vous avec lui ? »

Shelley hésita, son reflet basculant sur le côté derrière elle. « Je suppose que tu as raison. Bien que certaines personnes s’investissent, même si quelque chose ne les attire pas vraiment. Mais tu saisis ce que je veux dire. Les rendez-vous deviennent-ils sérieux ? »

Zoe laissa ses yeux se refermer. Peut-être que Shelley comprendrait le message et penserait qu’elle essayait de se reposer. « Je ne sais pas ce que cela signifie, et je ne pense pas vouloir y répondre de toute façon. »

Shelley s’arrêta, restant silencieuse pendant un long moment. Puis, d’un ton tranquille : « Tu sais, tu n’as pas besoin de me repousser sans cesse. Tu sais que tu peux me faire confiance. Je ne dirai rien à personne. Je n’ai pas révélé ton secret, n’est-ce pas ? »

Il y eut le petit incident durant lequel Shelley avait mentionné à leur supérieur, Maitland, que Zoe était « douée en maths » ; cependant, Zoe ne vit pas l’utilité d’aborder le sujet.

Elle ne répondit pas, du moins pas tout de suite. Que pouvait-elle dire ? Il était vrai qu’elle gardait ses distances, et qu’elle avait toujours été ainsi. Avait-elle même besoin de se justifier ? D’abord la Dr. Monk, et maintenant Shelley, parlaient comme si elle avait un problème. Comme s’il était déraisonnable de vouloir préserver sa vie intime.

« Je ne sais même pas pourquoi tu gardes encore ce secret, poursuit Shelley. Tu pourrais faire le bien.

– Comment ?

– En mettant tes compétences à profit.  Pour attraper des tueurs.

– Je le fais déjà. »

Shelley soupira. « Tu sais ce que je veux dire.

– Non, je ne sais vraiment pas, » répondit Zoe, plus prête que jamais à changer de conversation. « Combien de temps de vol reste-t-il ? » Elle commença à tapoter sur l’écran devant elle, le changeant pour montrer leur trajectoire de vol et leur progression, même si elle savait très bien où elles seraient et combien de temps elles allaient encore voler.

« C’est une chose à laquelle il faut penser, de toute façon, dit Shelley. On a l’impression que tu es plus heureuse quand tu es entourée de gens qui sont au courant. Tu deviens tendue, tu refoules quand tu ne te sens pas à l’aise. Peut-être que tu aurais une vie plus confortable en général si tout le monde savait.

– Cinquante-six minutes, » dit Zoe, comme si elle ne l’avait pas entendue. « Nous devons nous préparer. Nous devrions aller directement sur la dernière scène de crime depuis l’aéroport. As-tu l’adresse ? »

Shelley ne dit rien, se contentant de la regarder longuement avant de revenir aux dossiers et de chercher les éléments dont elles avaient besoin.

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Litres'teki yayın tarihi:
02 eylül 2020
Hacim:
272 s. 5 illüstrasyon
ISBN:
9781094306483
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