Kitabı oku: «Réaction en Chaîne»

Yazı tipi:
Blake Pierce

Blake Pierce est l’auteur de la populaire série de thrillers RILEY PAIGE, qui comprend les romans suivants : SANS LAISSER DE TRACES (tome 1), REACTION EN CHAINE (tome 2) et LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (tome 3).

Fan depuis toujours de polars et de thrillers, Blake adore recevoir de vos nouvelles. N'hésitez pas à visiter son site web www.blakepierceauthor.com pour en savoir plus et rester en contact !

Copyright © 2013 par Blake Pierce. Tous droits réservés. Sauf dérogations autorisées par la Loi des États-Unis sur le droit d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stockée dans une base de données ou système de récupération, sans l'autorisation préalable de l'auteur. Ce livre électronique est réservé sous licence à votre seule jouissance personnelle. Ce livre électronique ne saurait être revendu ou offert à d'autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec une tierce personne, veuillez en acheter un exemplaire supplémentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l'avoir acheté ou s'il n'a pas été acheté pour votre seule utilisation personnelle, vous êtes prié de le renvoyer et d’acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le difficile travail de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence. Image de couverture : Copyright GoingTo, utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.

DU MÊME AUTEUR
LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE
SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)
REACTION EN CHAINE (Tome 2)
LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)
TABLE DES MATIÈRES

Prologue

Cap’taine Jimmy Cole terminait de raconter à ses passagers une vieille histoire de fantômes du fleuve Hudson. Une des meilleures, avec un assassin armé d’une hache et enveloppé dans un manteau sombre. L’histoire parfaite pour les nuits brumeuses comme celle-ci. Il se renversa dans son siège pour reposer ses genoux, qui couinaient après les opérations chirurgicales diverses et trop nombreuses. Pour la millième fois, il songea à sa retraite. Il avait visité tous les replis du fleuve. Un de ces quatre, même ce petit bateau de pêche, le Suzy, finirait par avoir sa peau.

Sa tournée terminée, il fit virer le bateau en direction du rivage. Alors que l’embarcation se rapprochait tranquillement du ponton de Reedsport, l’un des passagers poussa un cri, tirant le capitaine de sa rêverie.

– Eh, Cap’taine, c’est pas votre fantôme, là-bas ?

Jimmy ne prit pas la peine de jeter un coup d’œil. Ces quatre passagers – deux jeunes couples de vacanciers – étaient tous ronds comme des billes. Un des deux gars essayait sans doute d’effrayer les filles.

Ce fut alors qu’une de leurs compagnes renchérit :

– Ah oui, je le vois aussi. C’est bizarre, non ?

Jimmy se tourna à demi vers ses passagers. Putain de fêtards. C’était la dernière fois qu’il acceptait de naviguer la nuit.

Le deuxième homme pointa à son tour son doigt vers le rivage.

– Par là-bas, dit-il.

Sa femme couvrit ses yeux.

– Oh, je ne peux pas regarder ! s’exclama-t-elle en éclatant d’un rire nerveux et embarrassé.

Exaspéré, Jimmy comprit qu’ils ne le laisseraient pas tranquille et se tourna vers la direction indiquée.

Entre les arbres, quelque chose accrocha son regard. Une silhouette vaguement humaine reluisait. Quoi que ce fût, cela flottait au-dessus du sol, mais c’était trop loin pour y voir clair.

Avant que Jimmy n’ait eu le temps de saisir ses jumelles, la silhouette disparut derrière les arbres.

La vérité, c’était que Jimmy, lui aussi, avait lampé quelques bières. Ce n’était pas un problème – du moins, pas pour lui. Il connaissait bien le fleuve. Et il aimait son travail. Il appréciait particulièrement le fleuve la nuit, quand les eaux coulaient d’un air si paisible qu’elles paraissaient presque immobiles. Peu de choses auraient pu briser le calme qu’il ressentait.

Il ralentit et les défenses du Suzy heurtèrent le ponton. Fier de son amarrage en douceur, il coupa le moteur.

Les passagers titubèrent hors du bateau en gloussant, avant de remonter le ponton en direction du B&B qu’ils avaient réservé. Heureusement, ils avaient déjà payé la traversée.

Cependant, Jimmy ne put s’empêcher de repenser à l’étrange silhouette. C’était assez loin d’ici et il était impossible d’apercevoir quoi que ce fût du ponton. Qu’est-ce qu’il avait bien pu voir ? Quoi ou qui ?

Agacé, il comprit qu’il ne fermerait pas l’œil avant d’en avoir eu le cœur net. Il était comme ça.

Jimmy poussa un soupir sonore et partit à pied, en suivant la voie de chemin de fer qui longeait le rivage. Cette ligne avait été utilisée une centaine d’années plus tôt, à l’époque où Reedsport était envahie par les bordels et les maisons de jeu. A présent, cette voie de chemin de fer n’était plus que la relique d’un passé révolu.

Au détour d’un virage, Jimmy aperçut un vieil entrepôt construit près de la ligne. Quelques lampes de sécurité jetaient une faible lumière. Ce fut alors qu’il la vit : une forme humaine luisante semblait flotter dans les airs. Elle était suspendue à un poteau électrique.

En s’approchant pour l’examiner de plus près, Jimmy fut parcouru d’un frisson. C’était bien un corps humain, mais toute trace de vie l’avait déserté. Le corps lui faisait face, emmailloté dans une sorte de tissu, enveloppé de chaînes qui se croisaient et s’entrecroisaient – bien plus que nécessaire pour retenir un prisonnier. Les chaînes brillaient sous la lumière des spots

Oh merde, pas ça, pas encore…

Jimmy ne put s’empêcher de penser au meurtre sordide qui avait secoué la région, quelques années auparavant.

Ses genoux flageolants, il contourna le corps et s’approcha pour examiner son visage. Il faillit tomber à la renverse. Il la connaissait. C’était une femme du coin, une infirmière, une amie de Jimmy depuis des années. Sa gorge avait été tranchée. Sa bouche morte était maintenue ouverte, bâillonnée par une grosse chaîne qui faisait le tour de sa tête.

Jimmy s’étrangla d’horreur et de chagrin.

L’assassin était de retour.

Chapitre 1

L’agent spécial Riley Paige restait pétrifiée, les yeux écarquillés. La poignée de gravier sur son lit n’avait rien à faire là. Quelqu’un s’était introduit chez elle et les avait déposés là – quelqu’un qui lui voulait du mal.

Elle sut immédiatement que les gravillons étaient un message et que le message venait d’un vieil ennemi. Elle ne l’avait pas tué et c’était ce que signifiait ce message.

Peterson est vivant.

Tout le corps de Riley trembla en y pensant.

Elle s’en doutait depuis longtemps et, à présent, elle en était certaine. Pire encore : il s’était introduit chez elle. Cette pensée lui donnait envie de vomir. Et s’il était encore dans la maison ?

Le souffle coupé par la peur, Riley comprit que ses ressources physiques seraient limitées en cas d’attaque. Elle venait de survivre à une rencontre mortelle avec un tueur sadique. Des bandages couvraient sa tête et des bleus son corps. Pourrait-elle l’affronter s’il se trouvait encore dans la maison ?

Riley tira immédiatement son arme. Les mains tremblantes, elle se dirigea vers son placard et l’ouvrit à la volée. Personne ne s’y cachait. Elle jeta un coup d’œil sous le lit. Personne, là non plus.

Riley se força à éclaircir ses idées. Etait-elle entrée dans la chambre depuis qu’elle était revenue à la maison ? Oui, bien sûr, puisqu’elle avait posé l’étui de son arme sur la commode, près de la porte. Mais elle n’avait pas allumé la lumière, elle n’avait pas jeté le moindre regard dans sa chambre. Elle s’était contentée de faire un pas dans l’entrebâillement de la porte et de déposer l’étui sur la commode, avant de repartir dans le couloir. Elle avait enfilé une robe de nuit dans la salle de bain.

Pendant tout ce temps, son ennemi était-il resté tapi dans la maison ? Après leur retour, Riley et April avait discuté en regardant la télévision jusqu’à tard dans la nuit. Ensuite, April était partie se coucher. Dans une petite maison comme la leur, il fallait une grande discrétion et beaucoup de patience pour rester caché. Mais Riley était obligée d’envisager la possibilité.

Elle fut soudain prise d’un doute terrible.

April !

Riley s’empara d’une lampe torche posée sur la table de nuit. Son arme dans l’autre main, elle quitta la chambre et alluma le couloir. Comme rien ne bougeait, elle se précipita vers la chambre de April et ouvrit la porte à la volée. La pièce était plongée dans l’obscurité. Riley alluma la lumière.

Sa fille était déjà couchée.

– Qu’est-ce qu’il y a, Maman ? demanda April en plissant les yeux.

Riley fit quelques pas dans la pièce.

– Reste au lit, dit-elle. Reste où tu es.

– Maman, tu me fais peur, dit April d’une voix tremblante.

Tant mieux : Riley avait peur, elle aussi, et April avait toutes les raisons de s’inquiéter. Elle se dirigea vers le placard de April qu’elle éclaira avec sa lampe torche. Entre les lames, elle vit que personne ne s’y cachait. Personne non plus sous le lit de April.

Que faire, à présent ? Il fallait qu’elle fouille tous les recoins de sa maison.

Riley savait très bien ce que son ancien partenaire Bill Jeffreys lui aurait dit :

Putain, Riley, appelle ! Demande de l’aide !

Sa fâcheuse tendance à tout régler seule l’avait toujours rendu furieux. Mais, cette fois, elle allait suivre son conseil. April était avec elle et Riley ne voulait prendre aucun risque.

– Enfile une robe de chambre et des chaussures, dit-elle à sa fille, mais ne quitte pas ta chambre – pas encore.

Riley retourna dans sa chambre et décrocha le téléphone sur sa table de nuit. Elle composa le numéro de l’Unité d’Analyse Comportementale. Dès qu’une voix lui répondit, elle siffla :

– Ici l’agent spécial Riley Paige. Un intrus s’est introduit chez moi. Il est peut-être encore ici. J’ai besoin d’aide. Vite !

Elle réfléchit une seconde, avant d’ajouter :

– Envoyez une équipe de la police scientifique.

– Tout de suite, répondit la voix.

Riley mit fin à l’appel. A l’exception de deux chambres et du couloir, la maison était encore plongée dans l’obscurité. Il pouvait être n’importe où, tapi dans l’ombre, à attendre le meilleur moment pour attaquer. Cet homme l’avait prise par surprise une fois, déjà, et elle avait failli en mourir.

Riley alluma toutes les lumières sur son passage, le poing toujours refermé sur son arme. Elle couvrit toute la maison, éclairant les placards et les recoins sombres.

Enfin, elle leva les yeux vers la trappe qui menait au grenier au moyen d’une petite échelle rétractable. Allait-elle oser monter pour jeter un coup d’œil ?

Ce fut alors que les sirènes de police retentirent. Riley poussa un énorme soupir de soulagement. Le Bureau avait dû contacter la police locale, car l’UAC se trouvait à plus d’une demi-heure de route.

Elle retourna dans sa chambre pour enfiler des chaussures et une robe de chambre, avant de passer voir April.

– Viens avec moi, dit-elle. Ne t’éloigne pas.

L’arme toujours dans la main droite, Riley referma son bras gauche sur les épaules de sa fille. La pauvre gamine tremblait d’effroi. Riley la conduisit jusqu’à la porte d’entrée et l’ouvrit, au moment même où des policiers en uniformes envahissaient le trottoir.

Le chef d’équipe s’élança vers elle, arme au poing.

– Quel est le problème ? demanda-t-il.

– Quelqu’un est venu chez moi, dit Riley. Il est peut-être encore ici.

L’homme jeta un coup d’œil incertain vers son arme.

– Je suis du FBI, dit Riley. Des agents seront bientôt là. J’ai déjà fouillé la maison, sauf le grenier. Il y a une porte dans le hall.

Le policier se retourna :

– Bowers, Wright, rentrez et fouillez le grenier. Les autres, passez le jardin au peigne fin.

Bowers et Wright s’engouffrèrent dans le vestibule et firent descendre l’échelle. Tous deux tirèrent leurs armes. L’un attendit en bas, pendant que l’autre escaladait les échelons. Il promena le faisceau de sa lampe torche dans le grenier, avant de disparaître tout à fait.

Bientôt, il s’écria :

– Il n’y a personne !

Riley aurait voulu en être soulagée. La vérité, c’était qu’elle avait espéré que les policiers le trouveraient là-haut et l’arrêteraient ou, mieux encore, le tueraient. Elle était certaine, en revanche, qu’ils ne le trouveraient pas dans son jardin.

– Vous avez une cave ? demanda le chef d’équipe.

– Non, juste un vide sanitaire, dit Riley.

Le policier se tourna vers ses hommes :

– Brenson, Pratt, allez vérifier sous la maison.

April s’accrochait à sa mère comme à une bouée de sauvetage.

– Qu’est-ce qui se passe, Maman ? demanda-t-elle.

Riley hésita. Pendant des années, elle avait évité de raconter à April les histoires sordides de son travail. Elle avait récemment compris qu’elle s’était montrée trop protectrice. Elle avait raconté à April l’expérience traumatisante qu’elle avait vécue aux mains de Peterson – du moins, elle lui en avait dit suffisamment. Elle avait également avoué à sa fille qu’elle n’était pas certaine que l’homme fût vraiment mort.

Mais que pouvait-elle dire à April, à présent ? Elle n’en était pas sûre.

Avant qu’elle n’ait eu le temps de se décider, April reprit la parole :

– C’est Peterson, n’est-ce pas ?

Riley la serra contre elle. Elle hocha la tête, en tâchant de réprimer les tremblements de son corps.

– Il est encore en vie.

Chapitre 2

Une heure plus tard, la maison de Riley grouillait d’hommes et de femmes dont les uniformes portaient l’insigne du FBI. Des agents fédéraux lourdement armés et une équipe scientifique collaboraient avec la police locale.

– Ramassez ces gravillons, dit Craig Huang. Nous en aurons besoin pour repérer les traces d’ADN ou les empreintes.

Riley n’avait pas été ravie d’apprendre que Huang était en charge de l’équipe. Il était encore très jeune et leur précédente collaboration ne s’était pas bien passée. Cependant, elle était obligée de constater qu’il donnait des ordres clairs et organisait la situation de façon efficace.

L’équipe de la police scientifique passait la maison au peigne fin, à la recherche d’empreintes étrangères. D’autres agents avaient disparu derrière la demeure dans l’espoir de retrouver des traces de pneus ou celles d’une piste forestière qu’aurait pu emprunter l’intrus. Comme tout se déroulait dans le calme, Huang conduisit Riley dans la cuisine pour lui parler seul à seul. Ils s’assirent à table. April les rejoignit, encore très secouée.

– Alors, qu’en pensez-vous ? demanda Huang. Croyez-vous que nous allons le retrouver ?

Riley poussa un soupir de découragement.

– Non, je crois qu’il est parti depuis longtemps. Il a dû venir plus tôt dans la soirée, avant que ma fille et moi ne rentrions.

Une agente sanglée dans un gilet pare-balles fit irruption par la porte de derrière. Elle avait les cheveux sombres, les yeux sombres et la peau sombre. Elle semblait, en outre, encore plus jeune que Huang.

– Agent Huang, j’ai trouvé quelque chose, dit la femme. Des égratignures sur la serrure de la porte de derrière. On dirait qu’elle a été forcée.

– Bien joué, Vargas, dit Huang. Maintenant, nous savons comment il est entré. Pouvez-vous rester avec Riley et sa fille quelques instants ?

Le visage de la jeune femme s’éclaira.

– Avec plaisir, dit-elle.

Elle s’assit à son tour, alors que Huang rejoignait ses agents dans le jardin.

– Agent Paige, je suis l’agent Maria de la Luz Vargas Ramirez, dit-elle en esquissant un sourire denté. Je sais, c’est long. Un nom à la mexicaine. On m’appelle Lucy Vargas, pour simplifier.

– Je suis contente de vous savoir ici, Agent Vargas, dit Riley.

– Appelez-moi Lucy, je vous en prie.

La jeune femme se tut un instant, sans quitter Riley des yeux. Enfin, elle reprit la parole :

– Agent Paige, j’espère que je ne dépasse pas les bornes, mais… C’est vraiment un honneur de vous rencontrer. Je suis votre travail depuis que j’ai commencé ma formation. Votre carrière est impressionnante.

– Merci, répondit Riley.

Lucy sourit avec admiration.

– Je veux dire, la façon dont vous avez bouclé le dossier Peterson… C’est une histoire fascinante.

Riley secoua la tête.

– Si seulement c’était aussi simple, dit-elle. Il n’est pas mort. C’est lui qui s’est introduit chez moi, aujourd’hui.

Lucy lui renvoya un regard stupéfait.

– Mais tout le monde dit que…, commença-t-elle.

Riley l’interrompit.

– Quelqu’un d’autre pensait qu’il était en vie. Marie, la femme que j’ai secourue. Elle était certaine qu’il traînait dans le coin et la harcelait. Elle…

Riley se tut, envahie soudain par le souvenir douloureux du corps de Marie pendu au plafonnier.

– Elle s’est suicidée, dit Riley.

Lucy écarquilla les yeux, d’un air à la fois surpris et horrifié.

– Je suis désolée, dit-elle.

Une voix familière retentit alors.

– Riley ? Tu vas bien ?

Elle se retourna vers Bill Jeffreys, qui se tenait dans l’encadrement de la porte, visiblement anxieux. Le FBI avait dû le prévenir et il avait fait le trajet en voiture.

– Je vais bien, Bill, dit-elle. April va bien aussi. Assied-toi.

Bill prit place à côté de Riley, de April et de Lucy qui le regardait avec sidération, étonnée de rencontrer une deuxième légende du FBI – ancien partenaire de Riley – dans la même journée.

Huang surgit à nouveau.

– Personne dans la maison ou dehors, dit-il à Riley. Mes hommes ont rassemblé tout ce qu’ils ont pu trouver, mais ce n’est pas grand-chose. Nous verrons ce que les techniciens du labo seront capables d’en faire…

– C’est ce que je craignais, dit Riley.

– On dirait qu’il est temps pour nous de repartir, dit Huang.

Il quitta la cuisine pour donner l’ordre à ses agents.

Riley se tourna vers sa fille.

– April, tu vas rester chez ton père, ce soir.

April écarquilla les yeux.

– Je te laisse pas ici toute seule, dit-elle. Et j’ai pas envie de rester chez Papa.

– Mais tu dois y aller, dit Riley. Tu n’es pas en sécurité ici.

– Mais Maman…

Riley l’interrompit :

– April, je ne t’ai pas tout dit sur cet homme. Il y a des détails sordides que tu ne connais pas. Tu seras plus en sécurité chez ton père. Je passerai te prendre demain, après les cours.

Avant que April n’ait eu le temps de protester, Lucy prit la parole :

– Ta mère a raison, April. Crois-moi. En fait, c’est un ordre. Je vais demander à un ou deux agents de te conduire là-bas. Agent Paige, avec votre permission, je vais appeler votre ex-mari pour lui expliquer la situation.

La proposition de Lucy prenait Riley par surprise, mais c’était une agréable surprise. Lucy avait compris d’une façon instinctive et presque mystérieuse que Riley n’avait pas envie de passer ce coup de fil. Ryan prendrait la nouvelle plus au sérieux si elle venait d’un autre agent – n’importe qui sauf Riley. En outre, Lucy avait convaincu April.

L’agente avait non seulement repéré les égratignures sur la serrure, elle avait également fait preuve d’empathie. Or, l’empathie était une grande qualité chez un agent de l’UAC – une qualité malheureusement trop souvent usée par le stress du métier.

Cette femme est douée, pensa Riley.

– Allez, dit Lucy à April. On va appeler ton père.

April foudroya Riley du regard, mais se leva de table et suivit Lucy dans le salon. Riley les entendit passer l’appel.

Elle demeura seule avec Bill. Même s’il ne restait plus rien à faire, il était agréable d’avoir Bill à ses côtés. Ils avaient travaillé ensemble pendant des années. Elle avait toujours pensé qu’ils se complétaient – tous deux avaient la quarantaine et quelques cheveux blancs. Ils étaient tous deux dévoués à leur travail et cela avait affecté leurs deux mariages. En outre, Bill était solide par la stature et le tempérament.

– C’était Peterson, dit Riley. Il est venu.

Bill ne répondit pas, visiblement peu convaincu.

– Tu ne me crois pas ? dit Riley. Il y avait des gravillons sur mon lit. Il est venu les poser là. Il n’y a pas d’autre explication.

Bille secoua la tête.

– Riley, je suis sûr que quelqu’un s’est introduit chez toi, dit-il. Tu n’as pas rêvé. Mais Peterson ? J’en doute fortement.

Une bouffée de colère submergea Riley.

– Bill, écoute-moi. J’ai entendu quelque chose frapper ma porte d’entrée une nuit et, quand j’ai ouvert, il y avait du gravier sur mon perron. Marie a aussi entendu quelqu’un jeter du gravier sur la fenêtre de sa chambre. Qui d’autre ça pourrait être ?

Bill soupira et secoua la tête.

– Riley, tu es fatiguée, dit-il. Et quand on est fatigué, on croit à n’importe quoi. Cela arrive à tout le monde.

Riley ravala des sanglots amers. Auparavant, Bill aurait fait confiance à l’instinct de Riley sans aucune arrière-pensée, mais ces jours étaient révolus. Elle savait pourquoi. Quelques nuits plus tôt, elle lui avait téléphoné complètement soûle pour lui proposer une relation plus intime. Un terrible souvenir. Elle n’avait pas bu une seule goutte depuis, mais rien n’était plus comme avant entre elle et Bill.

– Je sais ce qui se passe, Bill, dit-elle. C’est à cause de ce coup de fil stupide. Tu ne me fais plus confiance.

La voix de Bill trahit sa colère :

– Putain Riley, j’essaye juste d’être réaliste !

– Va-t-en, Bill, siffla Riley.

– Mais…

– Tu me crois ou tu ne me crois pas. A toi de voir. Mais je veux que tu partes.

Avec un air résigné, Bill se leva et s’en alla.

A travers l’embrasure de la porte, Riley vit que tous les autres avaient également quitté la maison, y compris April. Seule Lucy demeurait. Elle rejoignit Riley dans la cuisine.

– l’agent Huang laisse quelques agents ici, dit-elle. Ils vont surveiller la maison toute la nuit, depuis une voiture garée dans la rue. Je ne sais pas si c’est une bonne idée de vous laisser toute seule à l’intérieur. Je serais ravie de rester.

Riley y réfléchit. Ce qu’elle voulait – ce dont elle avait besoin –, c’était surtout d’être crue. Peterson n’était pas mort. Parviendrait-elle à convaincre Lucy ? Riley en doutait. Ç’aurait été un effort désespéré et vain.

– Ça ira, Lucy, dit Riley.

Lucy hocha la tête et quitta la cuisine. Riley entendit les derniers agents partir en refermant la porte derrière eux. Riley se leva et fit le tour des portes donnant vers l’extérieur, pour s’assurer qu’elles étaient toutes fermées. Elle plaça deux chaises devant la porte de derrière. Si quelqu’un tentait de forcer la serrure, les chaises feraient du bruit.

Elle balaya alors le salon du regard. La maison était étrangement lumineuse, car toutes les lumières étaient allumées.

Il faut que j’éteigne tout, pensa-t-elle.

Alors qu’elle tendait le doigt vers l’interrupteur du salon, son bras s’arrêta. Elle ne pouvait pas éteindre. Elle était pétrifiée par la terreur.

Peterson, elle le savait, reviendrait.

₺101,40