Kitabı oku: «Vitres Teintées», sayfa 3

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« Oui, moi, » dit Anderson. « Et c’était bizarre. Elle était triste, bien sûr, mais pas vraiment anéantie non plus. »

« Vous savez pourquoi ? » demanda Chloé.

« Elle ne m’en a rien dit. Mais vous pouvez allez lui parler, si vous voulez. Peut-être que vous parviendrez à obtenir plus d’informations que moi. »

Il n’y avait aucun sarcasme dans ce commentaire. Apparemment, Anderson et Benson étaient plutôt contents que le FBI prenne la relève et s’occupe de cette enquête. Ils restèrent immobiles pendant que Chloé et Rhodes prenaient quelques photos des lieux, comme s’ils attendaient impatiemment qu’elles fassent miraculeusement disparaître toute cette affaire.

CHAPITRE CINQ

Jenny Bjurman avait visiblement pleuré, mais ça n’avait en rien altéré sa beauté. Elle était petite et elle avait le genre de corps que la plupart des femmes rêveraient d’avoir. Sa silhouette était moulée dans un t-shirt et un pantalon de yoga, quand elle leur ouvrit la porte et les invita à entrer. Ça semblait une tenue un peu étrange vu les circonstances, mais c’était peut-être tout simplement le genre de vêtements que Jenny Bjurman portait quand elle était chez elle. En voyant combien elle était jolie, Chloé se demanda si son mari était tout aussi attirant.

« Nous apprécions vraiment le fait que vous preniez le temps de nous recevoir, » dit Chloé. « Nous savons que la police est déjà venue vous poser des questions. »

« Il n’y pas de soucis, » dit Jenny. Elle s’était assise à la table de la cuisine et buvait un thé. « Je serai heureuse de répondre à toutes les questions qui pourraient aider à trouver le responsable. Je suis complètement perdue… je suis à court de mots… à court de tout, pour dire vrai. »

« Veuillez nous excuser si on vous pose des questions que la police vous aurait déjà posées, » dit Rhodes. « Mais est-ce qu’il y a quelqu’un qui aurait pu avoir envie que votre mari meure ? »

« C’est ça, le truc, » dit Jenny. « Tout le monde l’aimait. Je sais que ça peut paraître banal, mais c’est vrai. Je ne vois personne qui aurait pu lui vouloir du mal. »

« Quelqu’un du travail ? » demanda Chloé. « Du fitness Fulbright, peut-être ? »

« J’en doute, » dit-elle. « Il avait pour habitude de me raconter qui se passait au boulot. De plus, tous les cours qu’il donnait au Fulbright étaient réservés à travers le fitness, pas auprès de Viktor directement. Toute plainte aurait été adressée à la direction du fitness. »

« Vous dites que tout le monde l’aimait. Est-ce que vous voulez dire par là qu’il était du genre sociable ? »

« Oui, il était très sociable. Il était présent à chaque nouvelle inauguration ou à tout événement un peu officiel. Il cherchait toujours à aider les autres. C’était le genre de personne à donner sa chemise, si c’était nécessaire. »

« Et que savez-vous des clients qu’il voyait à domicile ? » demanda Rhodes. « Est-ce que vous les connaissiez ? »

« Oui, je connais la plupart d’entre eux. Viktor me mettait toujours au courant quand il avait un nouveau client parce que c’étaient généralement des femmes. Il était très ouvert à ce sujet. Il voulait être sûr que je sache quand il allait chez l’une d’entre elles. Mais de toute façon, leurs maris étaient présents la plupart du temps. »

« Est-ce que vous avez une liste de ses clientes ? »

« Non, mais on a une liste partagée de contacts sur nos téléphones. Je pense que la police a contacté le fitness Fulbright pour avoir une liste des clientes qu’il voyait à domicile. »

« Si vous pouviez nous donner le nom et le numéro de téléphone de ces contacts que vous partagiez avec votre mari, ça pourrait quand même nous être utile, » dit Chloé.

« Oui, bien sûr, » dit Jenny. En prenant son téléphone, elle se mit silencieusement à pleurer. Elle regarda l’image qui se trouvait à l’écran et qui la montrait en compagnie d’un homme qui devait sûrement être son mari. Elle introduisit son code et commença à faire défiler ses contacts.

Elle leur donna l’un après l’autre le nom et le numéro de téléphone des clients de Viktor. Sa voix se brisait petit à petit, au fur et à mesure qu’elle parcourait ce qui restait de la vie de son mari. Chloé prit note des informations. Elle remarqua que presque tous les clients que Viktor Bjurman voyait à domicile étaient des femmes. Et si son physique était pareil à celui de son épouse, il devait sûrement faire beaucoup d’efforts pour résister aux propositions qu’il ne devait pas manquer de recevoir.

Elle garda cette idée dans un coin de sa tête, pendant que Jenny Bjurman continuait d’énumérer les clients. Après sept d’entre eux, Jenny dut s’arrêter. Elle jeta le téléphone à terre d’un geste brusque et s’effondra sur la table, en laissant échapper un gémissement de douleur.

Chloé ramassa lentement le téléphone et le reposa sur la table. Ce faisant, elle put voir la photo qui était affichée à l’écran et se rendre compte que Viktor Bjurman était en effet un très bel homme. Avec Jenny, ils formaient un couple magnifique. Et bien qu’elle ne veuille pas sauter trop vite aux conclusions, Chloé se demanda comment un homme aussi beau pouvait aller et venir chez des femmes sans que ça irrite certains de leurs maris.

***

Une fois que Jenny fut à nouveau capable de parler, elle consulta l’emploi du temps de Viktor et leur apprit que la dernière cliente qu’il avait vue avant de mourir, c’était une femme du nom de Theresa Diaz. Elle vivait dans la rue Primrose, à moins d’un kilomètre de la maison des Bjurman.

Il était midi quand Rhodes gara la voiture devant la maison des Diaz. C’était une jolie petite maison avec des parterres de fleurs tout autour. La porte du garage était ouverte et un SUV y était garé. Les agents sortirent de voiture et Rhodes sonna à la porte d’entrée. Elles durent attendre quelques minutes avant que la porte soit ouverte par une jolie femme blonde. Chloé eut une impression de déjà-vu. En dépit de quelques différences, elle ressemblait vraiment beaucoup à Jenny Bjurman. Et une chose que les deux femmes avaient en commun, c’était le fait d’avoir pleuré – mais Theresa Diaz faisait de son mieux pour le cacher.

« Oui ? » dit-elle, sur un ton interrogateur.

« Madame Diaz, nous sommes les agents Fine et Rhodes du FBI, » dit Chloé. « Nous aimerions vous poser quelques questions concernant Viktor Bjurman. J’imagine que vous avez appris ce qui lui était arrivé ? »

« Oui, j’ai appris la nouvelle. S’il vous plaît, entrez. »

Theresa les guida à l’intérieur. C’était une petite maison, mais elle était très joliment décorée. Chloé entendit de la musique douce venant d’une autre pièce, au fond de la maison. Theresa les mena jusqu’au salon. Chloé remarqua qu’il n’y avait pas de télé et que tous les fauteuils se faisaient face, semblant indiquer par là que la famille Diaz était bien plus intéressée par la conversation que par les séries télé.

« À quand remonte la dernière fois où vous avez vu monsieur Bjurman ? » demanda Rhodes.

« Hier soir. Il est venu ici pour une séance de Pilates. »

« À quelle heure est-il parti ? » demanda Chloé.

« Je ne me rappelle pas l’heure exacte, mais la séance s’est terminée à dix-neuf heures. En général, il part juste après. Alors, il ne devait pas être plus tard que dix-neuf heures cinq, par-là… »

« Excusez-moi de vous poser cette question, » dit Chloé, « mais est-ce que votre mari était présent ? »

« Non. » Elle s’interrompit un instant, comme si elle essayait de décider si elle devrait se sentir insultée par ce que Chloé avait l’air de suggérer. Finalement, elle balaya cette idée de sa tête et continua à parler. « Il est en voyage d’affaires pour l’instant. Il ne rentrera que dans trois jours. Mais mon mari connaît Viktor et il n’y a aucun problème à ce qu’il vienne quand il n’est pas là. »

Il n’y avait aucune arrogance, ni aucune méfiance dans sa voix. Elle parlait de manière plutôt polie, en fait. Mais il n’empêche qu’elle avait visiblement beaucoup pleuré au cours des dernières heures.

« Est-ce que vous connaissiez monsieur Bjurman en-dehors de vos relations professionnelles ? » demanda Rhodes. « Est-ce que vous le considériez comme un ami ? »

« Oui, bien sûr. On riait et on plaisantait beaucoup ensemble. De temps en temps, il restait prendre un verre de vin après les séances, mais uniquement quand Mike – mon mari – était à la maison. »

Chloé réfléchit soigneusement à la prochaine question qu’elle allait poser. Theresa Diaz avait bien veillé à mentionner son mari à plusieurs reprises au cours des vingt dernières secondes. Elle avait également fait de son mieux pour poliment fermer toute possibilité à l’idée d’une éventuelle liaison entre elle et Viktor. Chloé avait compris que c’était un sujet délicat et que si elle insistait, Theresa allait les envoyer paître.

« Ça fait combien de temps que vous êtes cliente de monsieur Bjurman ? » demanda Chloé.

« Ça fait environ un an. Il était très bon… »

Elle s’arrêta de parler et secoua la tête pour reprendre ses esprits. « Désolée. Tout ça, c’est vraiment soudain. Je veux dire… je l’ai vu hier soir. »

« Ne vous inquiétez pas, nous comprenons, » dit Rhodes. « Est-ce que vous avez une idée de qui pourrait lui vouloir du mal ? »

« C’est ça, le truc, » dit Theresa. « Je ne l’ai jamais vu se disputer avec qui que ce soit. Et je n’ai jamais entendu personne parler mal de lui. »

« Qu’est-ce que votre mari pense de lui ? » demanda Rhodes. Chloé eut un sourire crispé, en se demandant si ça allait être la question qui allait clore l’entretien. Mais non, Theresa le prit plutôt bien. Ou peut-être qu’elle n’avait tout simplement pas saisi la subtilité de la question de Rhodes.

« Mike s’entendait très bien avec lui. Maintenant, pour être tout à fait honnête, il n’aimait pas l’idée qu’un homme vienne me donner des cours de fitness à la maison quand il n’était pas là. Mais quand Mike l’a rencontré, il a changé d’avis. Viktor était un homme vraiment charmant. Tout le monde l’aimait. Je ne comprends pas comment quelqu’un pourrait vouloir le tuer. »

« Est-ce que vous savez si Viktor avait des clients dans la ville de Colin ? » demanda Chloé.

« Je ne sais pas. Mais peut-être que sa femme pourrait obtenir cette information. »

C’est courageux de sa part de mentionner la femme de Bjurman, pensa Chloé. Parce qu’elle est clairement attirée par lui et je ne serais pas étonnée qu’ils aient eu une liaison.

« Est-ce que monsieur Bjurman avait l’air particulièrement stressé ou mal à l’aise hier soir ? » demanda Chloé.

« Non. Et si c’était le cas, il l’a très bien caché. Je… je ne comprends pas… »

Apparemment, personne n’avait l’air de comprendre. Et il était clair qu’elles n’allaient rien apprendre de plus de Theresa Diaz. Chloé savait que l’étape suivante était logiquement de se rendre à Colin et voir ce qu’elles pouvaient découvrir concernant Steven Fielding. Mais en faisant ça, Chloé avait l’impression qu’elles allaient s’éloigner du meurtre de Bjurman parce qu’elle était de plus en plus certaine que les deux meurtres n’avaient aucun lien entre eux.

« Je ne comprends vraiment pas, » dit à nouveau Theresa, d’une voix tremblante.

Alors, on est deux, pensa Chloé.

CHAPITRE SIX

« Bon, on est d’accord, n’est-ce pas ? Ils couchaient ensemble. »

La question était directe, mais c’était le genre de question à laquelle Chloé s’attendait tout à fait de la part de Rhodes.

« C’est aussi ce que je pense, » dit Chloé. « Tu as remarqué qu’elle avait pleuré, n’est-ce pas ? »

« Oui, elle avait les yeux rougis et gonflés. Et elle parlait d’une voix tremblante. »

« On comprend pourquoi elle n’a pas eu envie d’avouer qu’elle avait une liaison avec lui, » dit Chloé. « Surtout si ce qu’elle a dit concernant la rencontre entre son mari et Bjurman est vrai. Il est logique qu’elle veuille éviter les problèmes. Si l’homme avec lequel elle couchait est soudain retrouvé mort, c’est tout de suite plus facile de garder la liaison secrète. »

« Je pense qu’il faut quand même vérifier que son mari était bien en voyage d’affaires, » dit Rhodes. « On pourrait probablement demander à Anderson et à Benson de confirmer cette information pour nous. »

« Tu penses que le mari pourrait être l’assassin ? » demanda Chloé.

« Probablement pas. Mais vu que les deux meurtres semblent n’avoir aucun lien entre eux, il vaut mieux envisager toutes les possibilités. »

Chloé hocha la tête. Elle aimait vraiment ces moments où elle se sentait en parfaite syntonie avec Rhodes. Leur collaboration n’avait pas débuté des meilleures façons, alors c’était agréable de se rendre compte qu’elles étaient parvenues à surmonter leurs différences et à vraiment travailler ensemble de manière harmonieuse.

« Dis, Fine ? »

« Oui ? »

« Qu’est-ce qui s’est vraiment passé au Texas ? »

Tout d’un coup, Chloé ne se sentit plus du tout en harmonie avec sa coéquipière. Elle en voulut à Rhodes de lui poser cette question – que ce soit ou pas sur les conseils de Johnson – mais elle ne voulait certainement pas qu’elle sache combien ça l’agaçait. Ce serait comme si elle avait quelque chose à cacher.

« Tu veux que j’y inclue tous les détails du drame familial qui va avec ? »

Rhodes fit la grimace. « Je préférerais sans. Je sais combien tu détestes parler de tout ça. »

Chloé hésita un instant. Elle n’était pas sûre de savoir comment continuer. Si Rhodes jouait la comédie, elle tenait plutôt bien son rôle.

« Mon père et Danielle se sont disputés chez lui, dans son appartement. Je ne sais même pas à quel sujet, parce que Danielle n’a pas voulu tout me raconter en détails. Mais finalement, je pense que mon père a tout simplement pété un câble et… »

« Et ? »

« Rhodes, ne le prends pas mal, mais je n’ai pas vraiment envie d’en parler. Pas maintenant. Ça va m’occuper l’esprit et me déconcentrer de l’enquête. Tu comprends, n’est-ce pas ? »

« Oui, bien sûr. »

Chloé eut l’impression qu’il y avait de la déception dans sa voix, mais elle n’en était pas tout à fait sûre. Elle détestait l’idée que Rhodes puisse l’espionner et qu’elle ait été chargée de répéter à Johnson et à ses supérieurs tout ce qu’elle pourrait apprendre. Alors pour l’instant, Chloé devait faire très attention à chaque mot qui sortait de sa bouche.

En tout cas, le silence qui s’installa entre elles indiquait clairement que Rhodes ne s’était pas attendue à ce que Chloé refuse d’en dire plus. Le silence se fit de plus en plus pesant, alors que Rhodes entrait dans la petite ville de Colin.

Il était tellement pesant que Chloé sursauta légèrement quand son téléphone se mit à sonner. Elle décrocha rapidement, en espérant que Rhodes n’avait pas remarqué sa réaction.

« Agent Fine. »

« Agent Fine, c’est Anderson, » dit la voix chantante d’Anderson. « Je voulais vous informer qu’un policier de Colin venait juste d’arrêter un homme. Ils pensent qu’il s’agit de l’assassin de Steven Fielding. »

« Est-ce qu’il y a un lien avec Bjurman ? » demanda Chloé.

« On ne sait pas encore. Ils viennent juste de l’arrêter. Il devrait être prêt à être interrogé dès que vous arriverez au commissariat. »

Chloé la remercia et raccrocha. « C’était Anderson. Apparemment, la police de Colin aurait arrêté l’assassin. »

« L’assassin des deux victimes ? »

« On ne sait pas encore. »

« Alors, allons le découvrir, » dit Rhodes, en appuyant plus fort sur la pédale d’accélérateur.

***

Le commissariat de Colin était le plus petit commissariat que Chloé avait jamais visité. Le hall d’entrée était un carré parfait, contenant une petite salle d’attente, un minuscule open space et un petit coin de pause. Une odeur d’aérosol et de café flottait dans l’air. Mais l’endroit paraissait être en parfait état de fonctionnement. Tout semblait à sa place et bien ordonné. Quelques secondes après que Chloé et Rhodes soient entrées dans le bâtiment, un homme musclé de petite taille vint à leur rencontre. Il avait l’air très pressé. Il portait un uniforme et sa chemise était trempée de sueur et lui collait à la peau. Le nom de Cooper était inscrit sur le badge qu’il portait à la poitrine.

« Vous êtes les agents ? » demanda-t-il.

« Oui, » dit Rhodes. « Agents Rhodes et Fine. »

« Super, » dit Cooper. « Venez, suivez-moi. »

Il les accompagna à travers l’open space, vers un couloir qui donnait sur l’arrière confiné du bâtiment. Il ne prit pas la peine de les amener dans un bureau, mais il les guida directement jusqu’au bout de l’édifice, où se trouvaient une cellule de détention et une salle d’interrogatoire. C’était certainement l’endroit où ils avaient enfermé le suspect.

« Voici ce qu’on sait, » dit Cooper. « Il y a une heure, on a reçu un appel du bar Rock & Sam. Le barman, Sam, est un bon ami à moi, alors je suis sûr qu’on peut se fier à sa version des faits. Il nous a raconté que ce type, Carol Hughes, un habitué, était entré dans le bar. Il y vient souvent pour déjeuner. Hughes a commandé ce qu’il prend d’habitude et quand il a tendu le bras pour prendre sa bière, Sam a remarqué la montre qu’il portait au poignet. C’était une montre de luxe, pas le genre de montre que porterait normalement ce type. Et Sam avait déjà vu exactement cette même montre auparavant – mais au poignet de Steven Fielding. »

« Vraiment ? » dit Rhodes. « Il pense avoir vu la même montre au poignet d’un autre type ? »

« Eh bien, c’est une montre assez unique. Elle est dorée – je ne sais pas si c’est de l’or – et elle est ornée du logo de l’équipe des Volunteers du Tennessee. Sam se rappelle clairement avoir vu ce logo sur la montre que Steven portait au bar il y a quelques semaines. Alors quand il a vu la montre au poignet de Hughes, il s’est rappelé que Steven avait été assassiné quelques jours plus tôt, lors d’une tentative de cambriolage. Il nous a discrètement appelés. C’est moi qui ai répondu à l’appel et je suis allé au bar pour arrêter le type. Il a presque pissé dans son froc quand il a vu arriver la police. Il a résisté mais il n’a rien avoué. »

« Ça paraît plutôt clair, tout ça, » dit Chloé.

« Si vous voulez voir la montre, elle fait maintenant partie des pièces à conviction. On a relevé les empreintes et on y a retrouvé celles de deux personnes. Je suis quasiment sûr qu’elles appartiennent à Fielding et à notre suspect. »

« Ça ne va pas être nécessaire, » dit Chloé. « Je pense que parler au suspect sera suffisant. »

« Il est tout à vous. Et n’hésitez pas à m’appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit. »

Sur ces mots, Cooper ouvrit la porte de la salle d’interrogatoire, qui se trouvait à côté de la cellule de détention. Il y avait une table au milieu de la pièce, à laquelle le poignet droit de Carol Hughes avait été menotté. Quand Chloé et Rhodes entrèrent dans la pièce, Hughes eut l’air sur le point de bondir de sa chaise.

C’était un homme à l’allure plutôt banale. Une visite chez le coiffeur ne lui aurait pas fait de mal, car ses favoris étaient broussailleux et de longues mèches de cheveux lui collaient au front. Il écarquilla les yeux en les voyant entrer et un air surpris envahit son visage. Chloé commençait à se demander si on ne l’avait pas mise en équipe avec Rhodes afin d’expérimenter une théorie selon laquelle les suspects seraient souvent pris au dépourvu en voyant que deux petits bouts de femmes comme elles avaient été envoyées pour enquêter. Et le fait d’être déconcerté pouvait faire perdre leurs moyens aux pires criminels. Si le FBI cherchait vraiment à prouver cette théorie, Hughes aurait été un bon sujet d’étude.

« Qui êtes-vous ? » demanda-t-il.

Chloé s’approcha de la table et lui montra son badge. Il n’y avait aucune chaise de leur côté, alors elles restèrent debout.

« Quel est votre lien avec Steven Fielding ? » demanda Chloé.

« Aucun. Je le voyais parfois au bar. Apparemment, il avait l’air d’avoir de l’argent. »

« C’est plutôt idiot de porter une montre que vous avez volée chez lui. Surtout après l’avoir tué. Vous ne trouvez pas ? »

La colère envahit le visage d’Hughes, mais ce ne fut que temporaire. Apparemment, il s’était rendu compte qu’il s’était attiré de sérieux problèmes et il se calma instantanément.

« Ce n’était pas intentionnel, » dit-il.

« Qu’est-ce qui n’était pas intentionnel ? » demanda Rhodes.

Hughes eut l’air de réfléchir pendant un instant. Chloé avait déjà vu ça. Même quand ils se retrouvaient confrontés à leurs crimes et qu’ils savaient parfaitement qu’ils s’étaient fait prendre, il était souvent très dur pour les humains d’admettre qu’ils avaient dépassé les limites.

« Écoutez, je sais que c’était mal, mais j’avais juste besoin d’un peu d’argent, vous voyez ? J’ai perdu mon boulot il y a trois mois et les factures… eh bien, elles n’arrêtent pas de s’accumuler. Et ma copine… elle ne veut pas se marier avec moi tant que je ne suis pas un peu plus stable… »

« Et c’est pour ça qu’un cambriolage vous a paru la meilleure chose à faire ? » dit Rhodes.

Chloé avait pensé exactement la même chose, mais elle ne voyait pas l’intérêt de contrarier un suspect. En général, tout ce que ça amenait, c’était que le suspect fasse traîner encore un peu plus les choses. Franchement, dans le cas d’Hughes, elle s’était également retenue de lui dire que s’il n’avait plus de travail depuis trois mois, traîner dans les bars n’était probablement pas la meilleure idée.

« Racontez-nous ce qui s’est passé, » dit Chloé.

« Je le suivais depuis quelques jours et je connaissais son emploi du temps. Je ne pensais pas qu’il serait chez lui. J’allais juste entrer et sortir, c’est tout. » Il s’interrompit un instant et au début, Chloé crut qu’il allait se mettre à pleurer. Mais l’expression de peur qui avait envahi son visage fit bientôt place à l’effroi. Hughes commençait à réaliser la gravité de ce qu’il avait fait.

« Mais quand je suis entré, il était là, sur le divan. J’avais un pied-de-biche en main parce que je m’attendais à devoir entrer par effraction. Quand il s’est jeté sur moi et qu’on s’est mis à se battre, j’ai… j’ai perdu le contrôle. J’étais surpris et effrayé, et j’ai juste… j’ai commencé à le frapper avec le pied-de-biche. Et je n’arrivais pas à m’arrêter… je n’y arrivais pas… »

« Qu’est-ce qui a fini par vous faire arrêter ? » demanda Rhodes.

« J’ai entendu la porte du garage s’ouvrir. C’était sa femme qui rentrait. Et il fallait que je sois parti avant qu’elle rentre à la maison. Je n’ai jamais voulu faire de mal à qui que ce soit, et encore moins commettre un crime… mais j’ai entendu la porte du garage et je me suis arrêté. J’ai vu ce que j’avais fait et… »

Il s’interrompit. Il ne parvenait toujours pas à le formuler avec des mots.

« Continuez, » l’encouragea Chloé.

« Je savais qu’il était mort et il fallait que je prenne quelque chose, n’importe quoi. J’ai pris sa montre et l’argent qu’il avait dans son portefeuille. Quatre-vingt-deux dollars. »

« Et vous êtes parti ? » demanda Chloé. « Par la porte d’entrée ? »

Hughes hocha la tête. « J’ai entendu la porte du garage se refermer. Sa femme a dû me rater de quelques secondes. »

« Vous pensiez qu’il était mort quand vous êtes parti de là ? » demanda Rhodes.

« Je n’en étais pas sûr à cent pourcents. » Il s’était mis à trembler et les menottes cliquetèrent contre la barre à laquelle elles étaient accrochées. « Mais son crâne… et tout ce sang, je me suis dit qu’il était impossible qu’il soit encore vivant. Et s’il n’était pas encore mort… il le serait bientôt… »

« Monsieur Hughes, est-ce que vous connaissez un homme du nom de Viktor Bjurman ? »

La question parut le surprendre, peut-être parce que ça n’avait aucun lien avec ce qu’il avait fait. Il réfléchit un instant, avant de secouer la tête. « Non. Non, je ne connais personne de ce nom. »

« Est-ce que vous vous êtes rendu à Pine Point au cours de la semaine qui vient de s’écouler ? » demanda Chloé.

« Oui. Il y a un petit magasin diététique à Pine Point. C’est là que j’achète mes vitamines. C’était… vendredi dernier, je pense. »

Chloé s’éloigna un peu de la table. Elle regarda Hughes et réfléchit aux réponses qu’il leur avait données. N’importe quel menteur pourrait concocter un récit comme celui-là. Mais il fallait être un vrai sociopathe pour pouvoir en arriver à certains détails, comme les tremblements de son corps ou l’expression de frayeur sincère qu’elle avait vue sur son visage. D’après son expérience et en se basant sur son instinct, elle pensait qu’il disait la vérité – et il était terrifié par les conséquences de ses actes. Le fait qu’il ajoute ce petit détail concernant l’endroit où il achetait ses vitamines avait fini par la convaincre totalement.

Et compte tenu de ça, elle était sûre que ce n’était pas l’homme qui avait tué Viktor Bjurman. Les deux meurtres n’avaient donc aucun lien entre eux. Bien sûr, c’était agréable de se rendre compte que son instinct ne l’avait pas trompée, mais c’était également frustrant parce qu’elles se retrouvaient de nouveau à la case départ en ce qui concernait le meurtre de Bjurman.

« Monsieur Hughes, nous allons laisser la police locale vous poser des questions concernant votre emploi du temps entre le moment où vous avez involontairement tué monsieur Fielding et le moment où vous avez été arrêté. Si tout se tient, le FBI n’aura pas besoin d’être impliqué. Vous avez compris ? »

Il hocha la tête. Il avait toujours l’air aussi surpris. « Je ne comprends pas comment tout ça a pu arriver. Je ne… »

« Vous avez d’autres questions, agent Rhodes ? » demanda Chloé.

« Non, aucune. »

Les agents laissèrent Hughes seul dans la pièce. Il avait maintenant un air effrayé et surpris sur le visage. Dès qu’elles furent sorties, Cooper apparut au bout du couloir. Il se rua vers elles. Il était accompagné d’un autre policier et ils avaient tous les deux l’air perplexe.

« Il y a quelque chose qui ne va pas ? » demanda-t-il.

« Non, » dit Chloé. « Vous avez fait du très bon boulot. C’est votre type, mais ce n’est pas celui qu’on cherchait. Si vous pouviez vérifier son emploi du temps au cours des derniers jours, on devrait pouvoir confirmer qu’il n’a rien à voir avec le meurtre de Viktor Bjurman. »

« OK… Je ne croyais pas non plus qu’il était responsable de ce meurtre, » dit Cooper. « J’ai déjà du mal à imaginer qu’il soit capable de faire ce qu’il a fait à Fielding. Je veux dire par là… est-ce que vous avez vu les photos ? »

Ne voulant en aucune manière influencer leur jugement, Chloé se contenta de hocher la tête. Elle tendit sa carte de visite à Cooper et dit, « Une fois que vous aurez obtenu son emploi du temps, est-ce que vous pourriez nous appeler ? »

« Bien sûr, » dit Cooper.

« Merci pour le temps que vous nous avez consacré, » dit Rhodes. Elles prirent congé et se dirigèrent vers l’avant du commissariat.

Chloé n’aimait pas partir aussi abruptement, mais il n’y avait vraiment rien d’autre qu’elles pouvaient faire. En retournant vers leur voiture, Chloé se creusa les méninges pour essayer de trouver la moindre chose qu’elles pourraient faire pour confirmer à cent pourcents que Carol Hughes n’avait pas tué Bjurman – même si n’importe quel policier un peu doué serait tout à fait capable d’arriver à cette conclusion, rien qu’en passant deux minutes en sa compagnie.

« C’est tant mieux pour la police de Colin, » dit Rhodes, en s’asseyant derrière le volant. « Je doute que ces types aient souvent ce genre de meurtres à élucider. »

« Oui, tant mieux pour eux, » dit Chloé. Puis elle ajouta : « Tu l’as également remarqué, n’est-ce pas ? Il était terrifié par ce qu’il a fait… on aurait presque dit qu’il n’arrivait toujours pas à y croire. »

« Oui, j’ai vu. Ce n’est pas vraiment comme ça que réagirait quelqu’un qui aurait brutalement assassiné deux hommes. »

« On peut toujours vérifier s’il n’aurait pas un alibi. Et on verra ce que Cooper et ses hommes découvrent de leur côté. »

« Je suis d’accord, » dit Rhodes. « Mais qu’est-ce qu’on fait en attendant ? »

Chloé réfléchit, avant de hausser les épaules. « On va déjeuner ? »

C’était s’avouer vaincu sans vraiment l’admettre. Bien que le fait de traduire un assassin en justice soit loin d’être une défaite, l’évidence de l’affaire Carol Hughes mettait un frein à l’enquête sur le meurtre de Bjurman. En l’absence d’un lien entre Fielding et Bjurman, Chloé savait qu’elles allaient être retirées de l’enquête. Et la mort de Bjurman deviendrait l’affaire de la police locale.

Et cette peur lui révélait également autre chose : elle tenait vraiment à garder cette enquête parce qu’elle n’était vraiment pas prête à retourner au drame de sa vie personnelle.

***

Leur déjeuner se composa de pizzas et de salades dans un restaurant du coin. Elles mangèrent en silence, certaines que Johnson ou l’un de ses sous-fifres allaient les appeler à tout moment pour leur dire de rentrer. Rhodes avait appelé le FBI en partant de Colin pour les mettre au courant des dernières avancées. Et Chloé n’avait aucun doute que leur visite à Pine Point était sur le point de se terminer.

« Il y a toujours quelque chose dans tout ça qui te chipote ? » demanda Rhodes.

« Pourquoi tu poses la question ? »

Rhodes haussa les épaules et s’essuya les doigts sur une serviette où était déjà accumulée de la graisse de leur pizza. « Tu as l’air contrariée… comme si tu avais perdu quelque chose. »

« Peut-être un peu, » admit Chloé. « Je suis sûre qu’Hughes n’a pas tué Bjurman. Mais toute cette histoire avec Bjurman… il y a quelque chose avec Theresa Diaz qui cloche. Même si elle avait avoué coucher avec Bjurman – ce dont je suis certaine, d’ailleurs – je pense qu’il y a encore autre chose… quelque chose qu’elle veut garder secret. »

« S’ils couchaient ensemble, peut-être que c’était plus qu’une simple relation extra conjugale, » suggéra Rhodes. « Peut-être qu’ils étaient amoureux l’un de l’autre ? »

« Peut-être. »

Le silence s’installa à nouveau entre elles. Il restait un quart de pizza mais elles avaient toutes les deux assez mangé.

Chloé sentit un léger changement en elle, en se rendant compte que rentrer devenait de plus en plus une possibilité. Bien qu’elle soit soulagée d’être loin de tout ce drame avec Danielle – même si elle n’était qu’à une heure et demie de là – elle était encore vraiment préoccupée par la manière dont sa sœur allait réagir quand le FBI allait la contacter. Elle avait l’estomac vraiment serré en y pensant.

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Yaş sınırı:
0+
Litres'teki yayın tarihi:
02 eylül 2020
Hacim:
242 s. 4 illüstrasyon
ISBN:
9781094304892
İndirme biçimi:
epub, fb2, fb3, ios.epub, mobi, pdf, txt, zip

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