Kitabı oku: «Voie sans issue»

Yazı tipi:

voie sans issue

(un suspense psychologique Chloé Fine – volume 3)

b l a k e p i e r c e

Blake Pierce

Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAIGE, qui comprend quatorze volumes (pour l’instant). Black Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, comprenant onze volumes (pour l’instant) ; de la série mystère AVERY BLACK, comprenant six volumes ; de la série mystère KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la série mystère MAKING OF RILEY PAIGE, comprenant quatre volumes (pour l’instant) ; de la série mystère KATE WISE, comprenant cinq volumes (pour l’instant) ; de la série mystère suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant quatre volumes (pour l’instant) ; et de la série thriller suspense psychologique JESSE HUNT, comprenant quatre volumes (pour l’instant).

Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et rester en contact.

Copyright © 2018 par Blake Pierce. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l'accord préalable de l'auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d'autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas acheté, ou qu'il n'a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright robsonphoto, utilisé sous licence de Shutterstock.com.

LIVRES PAR BLAKE PIERCE

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER PARFAIT (Volume 2)

LA MAISON PARFAITE (Volume 3)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

TABLE DES MATIÈRES

PROLOGUE

CHAPITRE UN

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

CHAPITRE TREIZE

CHAPITRE QUATORZE

CHAPITRE QUINZE

CHAPITRE SEIZE

CHAPITRE DIX-SEPT

CHAPITRE DIX-HUIT

CHAPITRE DIX-NEUF

CHAPITRE VINGT

CHAPITRE VINGT ET UN

CHAPITRE VINGT-DEUX

CHAPITRE VINGT-TROIS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

CHAPITRE VINGT-CINQ

CHAPITRE VINGT-SIX

CHAPITRE VINGT-SEPT

CHAPITRE VINGT-HUIT

PROLOGUE

Jerry Hilyard gara sa Mercedes dans l’allée devant chez lui un peu après treize heures un lundi après-midi et un large sourire se dessina sur ses lèvres. Il n’y avait rien de tel que d’être son propre patron et d’être assez riche pour finir sa journée quand il le souhaitait.

Jerry était impatient de voir l’air surpris de sa femme quand il lui ferait la surprise de l’inviter à déjeuner. Il aurait préféré un brunch, mais il savait que Lauren devait probablement avoir encore la gueule de bois après la soirée d’hier. Elle était rentrée très tard d’une réunion d’anciens élèves organisée pour célébrer les vingt ans de leur remise de diplôme. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle y était allée mais il se disait qu’à cette heure-ci, elle devait probablement être un peu plus en forme – et peut-être même qu’elle l’accompagnerait pour un Bloody Mary ou deux.

Il sourit en pensant à la bonne nouvelle qu’il allait lui annoncer : il projetait de l’emmener deux semaines en Grèce le mois prochain. Juste eux deux, sans les enfants.

Jerry s’approcha de la porte d’entrée, attaché-case en main, excité à l’idée de cet après-midi qui s’annonçait plutôt bien. La porte était fermée à clé, ce qui était assez habituel. Elle n’était pas du genre à se fier au voisinage, même dans un quartier aussi nanti que le leur.

Quand il ouvrit la porte d’entrée et se dirigea vers la cuisine pour se servir un verre de vin, il remarqua que la télé de la chambre à coucher ne semblait pas être allumée. La maison était aussi silencieuse que lorsqu’il l’avait quittée. Peut-être que la gueule de bois n’était pas tout à fait passée, finalement.

Il se demanda comment s’était passé la réunion d’anciens élèves. Elle ne lui en avait pas vraiment parlé ce matin. Il avait eu son diplôme la même année qu’elle mais il détestait ce genre de réunions sentimentales. Ce genre d’événements n’était qu’une excuse pour des anciens camarades de classe de se retrouver dix ou vingt ans plus tard, pour savoir qui avait le mieux réussi. Mais une fois que les amies de Lauren avaient fini par la convaincre d’y aller, elle avait été presque excitée à l’idée de revoir certains de ses anciens camarades. En tout cas, ça avait été l’impression qu’elle avait donnée. La quantité d’alcool qu’elle avait ingurgité hier soir semblait indiquer que ça avait été une nuit plutôt agitée.

Ces pensées défilaient dans l’esprit de Jerry, pendant qu’il montait à l’étage et traversait le couloir en direction de leur chambre à coucher. Mais quand il arriva près de la porte, il s’arrêta.

Le silence était vraiment pesant.

Bien sûr, c’était normal si Lauren s’était rendormie et n’avait pas allumé Netflix pour regarder des épisodes à la suite l’un de l’autre de la série télé du moment. Mais c’était une autre sorte de silence… une absence totale de geste ou de mouvement qui semblait vraiment bizarre. C’était comme un silence qu’il pouvait entendre – un silence qu’il pouvait littéralement ressentir.

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, pensa-t-il.

C’était une pensée effrayante et il se précipita vers la porte de la chambre. Il fallait qu’il sache, il fallait qu’il vérifie…

Qu’il vérifie quoi ?

La première chose qu’il vit, ce fut le rouge. Sur les draps, sur les murs, un rouge foncé si épais qu’il était presque noir à certains endroits.

Un cri d’horreur lui monta dans la gorge et sortit de sa bouche. Il ne savait pas si se précipiter auprès d’elle ou redescendre pour appeler les secours.

Pour finir, il ne fit rien de tout ça. Ses jambes l’abandonnèrent et le poids de ses hurlements le fit tomber au sol, où il se mit à frapper des poings, en essayant de comprendre l’horrible scène qu’il avait devant les yeux.

CHAPITRE UN

Chloé se concentra, cibla et appuya sur la détente.

La balle partit, le coup de feu était léger et presque apaisant à ses oreilles. Elle prit une profonde inspiration et appuya de nouveau sur la détente. C’était facile, c’était quelque chose qui lui venait naturellement.

Elle ne pouvait pas voir la cible à l’autre bout de la salle mais elle savait qu’elle avait fait deux beaux tirs. Dernièrement, elle parvenait à ressentir ce genre de choses. C’était d’ailleurs comme ça qu’elle avait commencé à se rendre compte qu’elle évoluait en tant qu’agent. Elle était plus à l’aise dans le maniement des armes et la détente lui était devenue aussi familière que ses propres mains. Avant, elle ne venait en salle de tir que dans le cadre de sa formation, pour s’améliorer. Mais maintenant, elle aimait vraiment ça. Elle y ressentait une forme de liberté, une sorte de libération de tirer, même si ce n’était que sur une cible en papier.

Et dieu sait combien elle avait besoin de ressentir ça ces derniers temps.

Les deux dernières semaines avaient été plutôt ennuyeuses point de vue travail et Chloé s’était contentée de participer à du boulot de recherches de données. Elle avait failli rejoindre une équipe pour travailler sur une petite affaire de piratage informatique et elle s’en était presque réjouie. Ce qui lui permit de se rendre compte combien elle avait manqué d’action ces derniers temps.

C’est comme ça qu’elle avait fini au stand de tir. Ce n’était pas forcément la manière de passer le temps qu’elle préférait mais elle savait qu’elle avait besoin de s’entraîner. Bien qu’elle ait toujours été dans les meilleurs de sa classe au cours de sa formation à l’académie, en passant de l’Équipe scientifique au Programme de crimes avec violence, elle savait qu’elle devait continuer à se perfectionner et à rester à la hauteur.

En tirant à plusieurs reprises sur la cible qui se trouvait à cinquante mètres, elle comprit comment les gens pouvaient être attirés par ce sport. Tu étais complètement seul avec ton arme et une cible en ligne de mire. Il y avait quelque chose de très zen dans tout ça, dans cette concentration et cette préméditation qui l’accompagnait. Puis, il y avait le bruit du coup de feu dans l’espace ouvert. Ce dont Chloé s’était rendu compte en passant du temps au stand de tir, c’était combien la relation entre le corps humain et l’arme pouvait être fluide. Quand elle se concentrait, son Glock semblait être une simple prolongation de son bras, quelque chose qu’elle pouvait également contrôler par la pensée, comme elle contrôlait le mouvement de ses doigts ou de ses bras. C’était également une mise en garde : elle comprenait combien il était important d’utiliser uniquement son arme quand c’était absolument nécessaire. Parce qu’à force de s’entraîner, ça pouvait devenir presque trop naturel d’appuyer sur la détente.

Quand elle eut terminé sa session, elle récupéra ses cibles et fit le bilan. Elle avait un nombre impressionnant d’impacts en plein cœur de la cible mais quelques balles avaient également fini à l’extérieur, sur les côtés.

Elle prit quelques photos avec son téléphone en y ajoutant quelques notes, afin de pouvoir améliorer ses résultats la prochaine fois. Elle jeta ensuite les cibles et sortit du stand de tir. Ce faisant, elle ressentit autre chose qui devait probablement être une autre raison pour laquelle certains passaient autant de temps dans ce genre d’endroit. Les coups qu’elle avait tirés continuaient à vibrer dans ses mains et ses poignets. C’était une sensation étrange mais en même temps agréable, d’une certaine façon.

Au moment où elle traversa l’entrée, elle vit un visage familier passer la porte. C’était Kyle Moulton, l’homme qu’on lui avait assigné comme co-équipier mais aussi un homme qu’elle n’avait pas beaucoup vu ces dernières semaines, vu le nombre peu important d’affaires en cours. Pendant un bref instant, elle ressentit une certaine appréhension de lycéenne, au moment où Moulton lui décocha un large sourire.

« Agent Fine, » dit-il, sur un ton presque sarcastique. Ils se connaissaient assez bien pour laisser tomber les formules de politesse et s’appeler par leurs prénoms. En fait, Chloé était certaine qu’il y avait une certaine attirance entre eux. Elle l’avait ressentie presque tout de suite, dès le moment où elle l’avait vu pour la première fois jusqu’au moment où ils avaient élucidé leur première affaire ensemble, il y a trois mois.

« Agent Moulton, » répondit-elle, sur le même ton.

« Tu es ici pour relâcher la pression ou simplement pour passer le temps ? » demanda-t-il.

« Un peu des deux, » dit-elle. « Je me sens un peu inutile ces derniers temps. »

« Oui, je vois. Le travail de bureau, ce n’est pas non plus ma tasse de thé. Mais… je ne savais pas que tu venais souvent au stand de tir. »

« J’essaye juste de ne pas perdre la main. »

« Je vois, » dit-il, en souriant.

Le silence qui s’installa entre eux était le silence typique auquel Chloé commençait à être habituée. Sans vouloir paraître prétentieuse, elle était certaine qu’il ressentait la même chose qu’elle. C’était évident dans la manière dont ils avaient de se regarder et le fait que Moulton ne parvenait pas à la regarder dans les yeux pendant plus de trois secondes – comme à ce moment précis, où ils se tenaient à l’entrée du stand de tir.

« Écoute, » dit Moulton. « Ça va peut-être te paraître un peu stupide et même téméraire, mais je me demandais si tu accepterais de dîner avec moi ce soir. Mais pas en tant que co-équipiers. »

Chloé ne put s’empêcher de sourire. Elle eut envie de répondre d’une manière un peu sarcastique, du style « Et bien, il était temps, » ou quelque chose dans le genre.

Mais au lieu de ça, elle opta pour une réponse beaucoup plus sincère : « Oui, je pense que ça me ferait plaisir. »

« Pour être tout à fait franc, ça fait un petit temps que j’avais envie de te le demander mais… on était tout le temps très occupé. Et ces dernières semaines, ça a plutôt été l’inverse. »

« Je suis contente que tu aies fini par me le demander. »

Le silence s’installa à nouveau entre eux et cette fois-ci, il parvint à la regarder dans les yeux sans détourner le regard. Pendant un instant, elle crut qu’il allait l’embrasser. Mais il se contenta de faire un signe de la tête en direction du stand de tir.

« Il vaudrait mieux que j’y aille, » dit-il. « Appelle-moi plus tard pour me dire où tu as envie d’aller manger. »

« OK. »

Elle resta un moment immobile et le regarda entrer dans le stand de tir. En tant que début d’une possible relation, ça avait plutôt été bizarre. Elle avait l’impression d’être une adolescente nerveuse à une soirée dansante, qui venait d’apprendre qu’un garçon mignon avait des vues sur elle. Elle se sentit incroyablement naïve et juvénile, alors elle décida de s’en aller le plus vite possible.

Il était presque dix-sept heures et vu qu’elle n’avait rien de prévu, elle décida de rentrer chez elle. Ça ne valait pas la peine de retourner à son petit box à attendre que les quinze dernières minutes de la journée se terminent. En pensant à l’heure, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas beaucoup de temps devant elle pour se préparer au dîner avec Moulton. Elle ne savait pas à quelle heure il préférait dîner mais elle se dit que ce serait sûrement aux alentours de dix-neuf heures – ce qui lui laissait un peu plus de deux heures pour savoir où aller manger et quoi mettre.

Elle se dépêcha d’aller au parking et entra dans sa voiture. Là, elle se sentit à nouveau comme une écolière. Et s’ils finissaient dans sa voiture à un moment ou un autre ? Elle était plutôt sale, vu qu’elle n’avait pas pris la peine de la nettoyer depuis qu’elle s’était séparée de Steven. En pensant à Steven, elle réalisa que c’était pour ça qu’elle se sentait aussi stressée à l’idée d’avoir un rencard. Elle n’avait eu qu’une relation sérieuse avant Steven. Et elle était sortie quatre ans avec Steven avant qu’ils ne se fiancent. Elle n’était pas du tout habituée aux rencards et l’idée même lui semblait vieillotte et même un peu effrayante, pour être tout à fait honnête.

Elle fit de son mieux pour se calmer pendant les quinze minutes de trajet vers son appartement. Elle n’avait aucune idée du passé sentimental de Kyle Moulton. Il se pouvait qu’il soit tout aussi hors du coup et rouillé qu’elle. Mais vu son physique, elle doutait que ce soit le cas. Et pour être franche, en se basant uniquement sur son aspect, elle se demandait vraiment pourquoi il pouvait s’intéresser à elle.

Peut-être qu’il aime les filles avec un passé un peu difficile et une tendance à se jeter à fond dans le boulot, pensa-t-elle. Les garçons trouvent ça sexy de nos jours, non ?

Au moment où elle arriva dans sa rue, elle s’était un peu calmée. L’anxiété s’était lentement transformée en une sorte d’impatience. Ça faisait sept mois qu’elle était séparée de Steven. Ça faisait sept mois qu’elle n’avait plus embrassé un homme, qu’elle n’avait plus fait l’amour, qu’elle…

Ne va pas trop vite, se dit-elle, en se garant dans une place de parking au bout de sa rue.

Elle sortit de voiture, en réfléchissant aux vêtements qu’elle avait dans son armoire et qui étaient assez jolis mais pas trop non plus. Elle avait déjà une idée de ce qu’elle allait mettre, ainsi que quelques idées d’endroits où aller dîner, vu qu’elle avait dernièrement très envie de manger japonais. Des sushis, ce serait vraiment parfait, et…

En se dirigeant vers l’entrée de son immeuble, elle vit un homme assis sur les marches. Il avait l’air de s’ennuyer. Il avait la tête appuyée sur l’une de ses mains, et il consultait son téléphone de l’autre.

Chloé ralentit un peu, avant de s’immobiliser complètement. Elle connaissait cet homme. Mais il était impossible qu’il soit là, assis sur les marches menant à son immeuble.

C’était impossible…

Elle fit lentement un pas en avant. L’homme finit par remarquer sa présence et leva les yeux vers elle. Leurs regards se croisèrent et Chloé frissonna.

L’homme qui se trouvait sur les marches était Aiden Fine – son père.

CHAPITRE DEUX

« Salut, Chloé. »

Il essayait d’avoir l’air naturel. Il essayait de faire comme si c’était tout à fait normal qu’elle le retrouve devant sa porte d’entrée. Peu importe qu’il ait passé les vingt-trois dernières années en prison pour avoir joué un rôle dans le meurtre de sa mère. Bien qu’elle ait elle-même récemment découvert qu’il était plus que probable qu’il soit innocent de ces accusations, à ses yeux, il serait toujours coupable.

Mais en même temps, elle avait également envie d’aller vers lui. Peut-être même de l’embrasser. Il était indéniable que le fait de le voir là, dehors et libre, faisait remonter toute une série d’émotions en elle.

Mais elle n’osa pas s’approcher d’un pas. Elle ne se fiait pas à lui et, pire encore, elle ne se faisait pas totalement confiance à elle-même.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda-t-elle.

« Je voulais juste te rendre visite, » dit-il, en se levant.

Une centaine de questions lui vinrent en tête, mais la principale était de savoir comment il avait découvert où elle vivait. Mais elle savait qu’avec une connexion internet et un peu de détermination, n’importe qui pourrait trouver ce genre d’informations. Elle essaya de rester polie tout en gardant ses distances.

« Ça fait combien de temps que tu es sorti ? » demanda-t-elle.

« Une semaine et demie. Il m’a fallu beaucoup de courage pour venir te voir. »

Elle se rappela l’appel téléphonique qu’elle avait passé au directeur Johnson quand elle avait découvert une dernière preuve deux mois plus tôt – une preuve qui avait apparemment été plus que suffisante pour libérer son père. Et maintenant, il était là. Grâce à elle. Elle se demanda s’il savait ce qu’elle avait fait pour lui.

« Et c’est exactement la raison pour laquelle j’ai attendu avant de venir te voir, » dit-il. « Ce… ce silence entre nous. C’est gênant et injuste et… »

« Injuste ? Papa, tu étais en prison pendant presque toute ma vie… pour un crime dont je sais maintenant que tu n’étais pas coupable, mais pour lequel tu n’as eu aucun problème à endosser la responsabilité. Bien sûr, que ça va être gênant. Et vu la raison de ton incarcération et les dernières conversations qu’on a eues, j’espère que tu comprendras que je ne me jette pas dans tes bras. »

« Je comprends tout à fait. Mais… on a gâché tellement de temps. Peut-être que tu ne le comprends pas encore, vu que tu es si jeune. Mais ces années passées en prison, en sachant ce que j’avais perdu… du temps avec toi et Danielle… ma propre vie… »

« Tu as sacrifié tout ça pour Ruthanne Carwile, » lui cracha Chloé. « C’était ton choix. »

« C’est vrai. Et je l’ai regretté pendant près de vingt-cinq ans. »

« Qu’est-ce que tu veux ? » demanda-t-elle.

Elle s’avança dans sa direction, passa à côté de lui et se dirigea vers sa porte. Il lui fallut plus de courage qu’elle n’aurait pensé pour passer à côté de lui et se retrouver aussi près.

« J’espérais qu’on pourrait dîner ensemble. »

« Juste comme ça ? »

« Il faut bien commencer quelque part, Chloé. »

« Non, en fait, ce n’est pas du tout nécessaire. » Elle ouvrit la porte et se retourna vers lui. Elle le regarda dans les yeux pour la première fois. Elle avait l’estomac noué et elle faisait tout son possible pour ne pas pleurer devant lui. « Je veux que tu partes. Et s’il te plaît, ne reviens jamais. »

Il eut l’air sincèrement blessé par ses mots mais il ne la quitta pas des yeux. « Tu penses vraiment ce que tu dis ? »

Elle eut envie de lui dire oui, mais ce fut toute autre chose qui sortit de sa bouche : « Je ne sais pas. »

« N’hésite pas à me contacter si tu changes d’avis. J’ai une place dans… »

« Je ne veux pas le savoir, » l’interrompit-elle. « Si j’ai envie de te parler, je saurai comment te retrouver. »

Il lui adressa un léger sourire, mais il y avait toujours de la tristesse dans son regard. « Ah oui, c’est vrai. Tu travailles au FBI maintenant. »

Et c’est ce qui est arrivé entre toi et maman qui m’a poussé sur ce chemin, pensa-t-elle.

« Au revoir, papa, » dit-elle, et elle entra dans l’immeuble.

Quand la porte se referma derrière elle, elle évita de jeter un regard en arrière. Elle se dirigea vers l’ascenseur aussi vite que possible, en essayant de ne pas avoir l’air pressé. Quand les portes de l’ascenseur se refermèrent, Chloé porta ses mains à son visage et se mit à pleurer.

***

Elle regardait ce qu’elle avait dans son armoire, tout en envisageant d’appeler Moulton et de lui dire qu’elle ne pourrait finalement pas aller dîner. Elle ne lui en donnerait pas la véritable raison – que son père était sorti de prison après y avoir passé vingt-quatre ans et qu’elle l’avait retrouvé devant sa porte. Il comprendrait sûrement le choc que ça avait dû lui faire.

Mais elle décida qu’elle n’allait pas laisser son père lui gâcher sa vie. Son ombre avait plané depuis déjà bien trop longtemps sur son existence. Et même quelque chose d’aussi anodin que d’annuler un rencard serait lui donner trop de pouvoir sur elle.

Elle appela Moulton mais elle tomba sur sa messagerie vocale. Elle lui laissa un message pour lui proposer un endroit pour aller dîner. Après ça, elle prit une douche rapide et commença à s’habiller. Au moment où elle enfilait son pantalon, son téléphone se mit à sonner. Elle vit le nom de Moulton s’afficher à l’écran et elle pensa tout de suite au pire.

Il a changé d’avis. Il appelle pour annuler.

Elle en fut persuadée jusqu’au moment où elle décrocha. « Allô ? »

« Alors oui, un japonais, ça me paraît très bien, » dit Moulton. « Maintenant, tu t’en es déjà peut-être rendu compte vu le peu de suivi et le manque de détails, mais je ne fais pas ça très souvent. Alors je ne sais pas si je viens te chercher ou si on se retrouve là-bas… ? »

« Viens me chercher, si ça ne te dérange pas, » dit-elle, en repensant à l’état déplorable de sa voiture. « Il y a un endroit pas trop mal tout près d’ici. »

« OK, » dit-il. « On se voit tout à l’heure. »

…je ne fais pas ça très souvent. Bien que ce soit ses propres mots, Chloé avait tout de même du mal à le croire.

Elle termina de s’habiller, se coiffa et attendit qu’on vienne sonner à sa porte.

Ce sera peut-être encore ton père, se dit-elle. Mais pour dire vrai, ce n’était pas sa propre voix qu’elle entendait mais celle de Danielle, condescendante et sûre d’elle.

Je me demande si elle sait qu’il est sorti de prison, pensa Chloé. Mon dieu, elle va être furieuse de l’apprendre.

Mais elle n’eut pas le temps d’y réfléchir davantage. Elle entendit frapper à sa porte. Durant un instant, elle eut la certitude qu’il s’agissait de son père. Elle resta immobile un moment, sans aucune envie d’aller ouvrir. Puis elle se rappela combien Moulton avait eu l’air aussi mal à l’aise qu’elle quand ils s’étaient vus au champ de tir et elle réalisa combien elle avait envie de le voir – surtout après la manière dont ces dernières heures s’étaient déroulées.

Elle ouvrit la porte avec un grand sourire. Moulton lui sourit en retour. C’était peut-être parce qu’ils se voyaient rarement en-dehors du boulot, mais Chloé trouva son sourire sexy à mort. Il s’était habillé de manière assez sobre – une chemise à boutons et un jean – mais il était incroyablement bel homme.

« Prête ? » dit-il.

« Absolument, » dit-elle.

Elle referma la porte derrière elle et ils s’avancèrent dans le couloir. Le silence s’installa à nouveau entre eux. Elle aurait aimé qu’ils en soient un peu plus loin dans leur relation. Elle ressentait le besoin de quelque chose d’aussi simple et innocent que lui prendre la main, par exemple…

Et ce simple besoin de contact humain lui montrait combien la venue de son père l’avait perturbée.

Et ça ne va que s’empirer, maintenant qu’il est sorti de prison, pensa-t-elle, au moment où elle entrait dans l’ascenseur avec Moulton.

Mais elle n’allait pas lui permettre de gâcher ce rencard.

Au moment où ils sortirent dans la chaleur du soir, elle décida de balayer l’image de son père de son esprit. Et bizarrement, ça fonctionna.

Pendant un temps.

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