Kitabı oku: «Les rues de Paris, Tome Premier», sayfa 24
J'estime que, bien loin d'accuser l'orateur d'imprudence, on ne pouvait que le louer de la franchise et de la netteté de son langage. On a d'autant plus lieu de croire qu'il était sincère et que la passion des auditeurs, seule, interprétait son langage en sens contraire, que la conduite de Des Genettes ne le démentit point à l'instant solennel, M. Is. Bourdon lui-même le proclame loyalement: «Quelle qu'eût été son opinion, quinze ans plutôt, sur la foi docile de Hallé, son collègue de chaire, sa fin ne fut ni moins résignée, ni moins exemplaire et chrétienne, tant l'espérance en Dieu, tant la foi sont un rapprochement digne des grands esprits.»
En dépit de sa vie agitée et occupée, l'illustre docteur a laissé de nombreux écrits relatifs à la science médicale et aussi des Mémoires dont deux volumes seulement ont été publiés et que sa mort, arrivée en 1837 (2 février), ne lui permit pas de terminer. Il était alors, et depuis 1832, médecin en chef des Invalides. L'empereur l'avait créé baron en 1809 et, «il n'avait garde de l'oublier, lui qui eût renoncé à toute son hygiène plutôt qu'à sa noblesse, il est vrai, fort méritée» dit toujours avec le même accent le rédacteur presque narquois de la Biographie universelle qui ne paraît point du tout désireux d'apporter sa pierre au piédestal de notre héros.
Parlant de lui comme professeur, il écrit:
«Des Genettes était moins écouté qu'applaudi, car sa mimique était mieux comprise que sa parole. Aux examens il était fier de son latin en effet élégant et facile; et il posait ses questions avec autant d'esprit que d'autorité, toujours plus occupé de l'auditoire que des candidats, et dispensant ceux-ci de toute réponse par de longs et brillants monologues où il excellait.
«Laissez-moi parler, leur disait-il, vous gagnerez à vous taire. En parlant, je vous instruis, et préserve votre vanité du remords d'une mauvaise réponse.»
«Il était le même à l'Académie toujours personnel et blessant… Trop conteur pour administrer sagement et pour bien conclure, sa vie entière ne fut pour ainsi dire qu'une longue narration, y compris le temps où il fut maire du 10e arrondissement de Paris.»
À ces affirmations ayant un peu l'air d'accusations sous la forme d'épigrammes, mais dont l'exagération même atténue beaucoup la portée, nous opposerons le jugement formulé antérieurement par Rabbe et Boisjolin dont la Biographie Nouvelle, l'Encyclopédie des Gens du monde, etc, se font les échos:
«Nous n'aurions fait connaître que très imparfaitement M. Des Genettes, si nous ne parlions pas de ses talents comme professeur. Ses cours à la Faculté étaient des modèles de clarté et de méthode, pleins d'idées neuves et saillantes. Comme orateur, il se distingue par une familiarité originale et piquante. Dans ses divers discours à la Faculté, dans les discussions journalières de l'Académie de Médecine, il a constamment fait preuve d'une grande sagacité de raisonnement jointe au charme d'une élocution facile et animée. Son langage est remarquable surtout par cette observation de toutes les convenances, ce tact que donnent seules, même à un homme d'esprit, la variété des connaissances et des relations sociales distinguées.»
Il y a là, ce semble, l'accent de la vérité, et volontiers on applaudit aux biographes quand ils disent: «Des Genettes a rendu son nom célèbre en France et en Europe par de belles actions, de savants ouvrages, de glorieux services rendus à l'humanité, et par son habileté supérieure dans l'administration hygiénique et médicale des armées.»
GEOFFROY-MARIE
Cette rue fut ouverte en 1842 seulement, sur les terrains dits de la Boule-Rouge, appartenant à l'Hôtel-Dieu de Paris, en vertu d'une donation fort ancienne faite par Geoffroy cordonnier à Paris, et Marie, son épouse, lesquels, d'après le contrat, à la date du mois d'avril 1261104, ont cédé aux pauvres de l'Hôtel-Dieu une pièce de terre de huit arpents située vis-à-vis la grange qui est appelée la Grange-Bataillière; plus un arpent et demi de vignes, sis en trois pièces dans la censive de Saint Germain-des-Prés (avec réserve de l'usufruit); plus quarante sols parisis de rente annuelle et perpétuelle à prendre sur une maison appartenant auxdits sieur et dame.
«En récompense de quoi, dit le contrat, les Frères dudit Hôtel-Dieu ont concédé à toujours auxdits Geoffroy et Marie la participation, comme ils l'ont eux-mêmes, aux prières et aux bienfaits qui ont été faits et se feront à l'avenir au susdit Hôtel-Dieu. Et aussi ont promis lesdits Frères de donner et fournir, en récompense de ce qui précède, auxdits Geoffroy et Marie, pendant leur vie et au survivant d'eux, tout ce qui sera nécessaire pour la nourriture et l'habillement à la manière des Frères et des Sœurs dudit Hôtel-Dieu, quelle que soit leur manière d'être et dans quelque état qu'ils deviennent et se trouvent.»
Cet acte est intéressant à rappeler sous plus d'un rapport: il fut passé en plein moyen-âge, dans ces temps si fort décriés et souvent calomniés par certains écrivains de peu de science ou de peu de bonne foi. Il montre la sollicitude dont les pauvres, ces membres souffrants de Jésus-Christ, étaient l'objet alors; car ce n'est pas à l'établissement, c'est aux pauvres mêmes, qu'on y soignait et entretenait en grand nombre, qu'est faite la donation; les bons Frères ne sont là que leurs représentants; c'est en leur nom qu'ils acceptent et aux conditions si touchantes qu'on a vues. Cet acte prouve encore que l'aisance, la richesse même, n'étaient point en ce temps, comme on est porté à le croire, le partage uniquement des classes supérieures, de la noblesse en particulier, puisque de petits bourgeois de Paris, en exerçant une industrie assurément des plus modestes, avaient pu acquérir une fortune si considérable même pour l'époque.
Une partie de ces terrains, restés la propriété de l'hospice, fut vendue, au mois de novembre 1840, pour la somme énorme de 3,075,800 fr., à MM. Maufra et Pène; ce dernier fut autorisé, par ordonnance royale du 10 janvier 1842, à ouvrir sur cet emplacement une rue nouvelle, dite rue Geoffroy-Marie, en souvenir du cordonnier et de sa femme, les anciens et généreux donataires. On ne saurait trop applaudir à cet acte de gratitude pour les deux pauvres bourgeois du treizième siècle, dont le bienfait si considérable, qui n'avait eu d'autre mobile que la charité, remis en lumière et comme rajeuni par la publicité, obtient ainsi après tant d'années sa récompense temporelle, sans préjudice de l'autre bien autrement précieuse et qu'ont reçue dès longtemps sans doute Geoffroy et Marie.