Kitabı oku: «Les Rues de Paris, tome troisième», sayfa 16
N
Napoléon: Quai de ce nom, impasse à Montrouge, square à Belleville. (Voir la France héroïque).
Necker (rue): Jacques Necker, ministre de Louis XVI, esprit plus spéculatif que pratique. Né à Genève en 1732, il mourut dans cette ville en 1804. «Les Necker et leur école. Jusqu'à eux on avait dit quelquefois la vérité en riant; ils la disent, toujours en pleurant, ou du moins avec des soupirs et des gémissements. À les entendre, toutes les vérités sont mélancoliques. Aussi M. de Pange m'écrivait-il: «Triste comme la vérité.» Aucune lumière ne les réjouit; aucune beauté ne les épanouit; tout les concentre. Leur poétique est héraclitienne.» (Joubert).
Necker (hôpital): S'appelle ainsi en souvenir de Madame Necker qui fonda l'établissement à l'aide d'une somme annuelle de 42,000 livres accordée par le roi Louis XVI, en 1779, pour la création de 120 lits. Madame Necker, frappée autant qu'attristée des abus qui s'étaient introduits ailleurs, voulut inaugurer un nouveau système et décida que chaque malade aurait un lit à lui seul.
Sous la Révolution, l'hôpital s'appela: Hospice de l'Ouest; mais plus tard il reprit le nom de la charitable fondatrice, ce qui n'était que justice.
Neuve-du-Luxembourg (rue): Elle doit son nom à un hôtel que le maréchal de Luxembourg avait fait construire sur une partie de l'ancien emplacement des Capucines.
Nicolet (rue): Nicolet fut un joueur de marionnettes célèbre dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Entre les amateurs empressés à ses représentations se trouvait souvent Joseph Vernet, avec son fils Carle ou Charlot encore enfant. «Joseph Vernet, dit Léon Lagrange, ne prenait pas moins de plaisir que le graveur Ville à voir les huit sauteurs catalans dont un fait le paillasse et est supérieur aux autres, quoique tous fassent des prodiges en divers jeux et des sauts étonnants et neufs58.»
Nicole (rue): Pierre Nicole, né en 1625, est mort en 1695; moraliste et théologien dont on a dit qu'il était, après Pascal, l'écrivain le plus distingué de Port-Royal. On ne peut que regretter davantage qu'un homme de ce mérite n'ait pas su s'affranchir des entêtements de parti et des préjugés de secte. On lit encore ses Pensées et son traité de l'Unité de l'Église.
Notre-Dame-de-Lorette (église): «Un de ces édifices religieux qui rappellent les églises d'Italie. C'est en quelque sorte, dit M. L. Lazare, un spécimen curieux, ayant sa raison d'être dans une ville comme Paris, dont le magnifique panorama plaît surtout par la diversité, les contrastes que présentent les œuvres des artistes.»
Parmi les nombreuses peintures qui décorent ce monument de construction récente, il faut citer tout d'abord celles de la Chapelle du Mariage par Orsel, et de la Chapelle de la Communion, par M. Perrin, deux artistes vraiment et profondément chrétiens comme leur œuvre l'atteste.
Nonnains d'Hyères, (rue des): En 1182, Ève, abbesse d'Hyères, acheta en cet endroit une maison, dite de la Pie, à Richard Villain, moyennant 25 livres de cens annuel. Cette rue prit alors le nom des religieuses.
Et parmi la rue aux Nonnains
D'Ière, vis chevaucher deux nains
Qui moult estoient esjoï (réjouis).
(Le Dit des Rues).
O
Observatoire (l'): Construit par l'ordre de Louis XIV, de 1667 à 1672. Perrault, dont Colbert avait fait choix comme architecte, dessina les plans et dirigea les travaux. Mais les développements que prit plus tard l'établissement, rendirent nécessaires de nouvelles constructions, faites à différentes époques. En 1834 notamment quatre ailes furent ajoutées.
Cet établissement, que domine une tour élevée par les conseils de Cassini, est destiné, on le sait, aux observations astronomiques. Il compte un assez nombreux personnel, composé du directeur, des astronomes-adjoints et d'autres employés.
Odéon (Théâtre de l'): Ce monument qui a donné son nom à la place et à la rue voisine, fut terminé en 1782, et s'appela Théâtre-Français, conformément à sa destination. En 1790, on le nomma Théâtre de la Nation, puis, (1798) Odéon, (odeion); les Grecs appelaient ainsi le lieu où les poètes et les musiciens se faisaient entendre. En 1799, l'Odéon ayant brûlé, les Comédiens Français s'installèrent au Palais-Royal dans la salle, où ils sont encore et qu'on avait appropriée et restaurée à leur intention. L'Odéon fut reconstruit en 1807 seulement et prit le nom de: Théâtre de l'Impératrice qui fut changé, lors de la Restauration, en celui de Second Théâtre-Français. Quoique longtemps seul sur la rive gauche, ce théâtre, par un singulier phénomène, rarement attira la foule même avec de bonnes pièces, aussi bonnes du moins qu'ailleurs où chaque soir la salle était comble. Plus d'une fois, en entrant à l'orchestre ou au parterre, le spectateur dut se rappeler ces vers de la Némésis écrits en 1831:
La tombe où gît Bossange59 et le triste Odéon
Qui, ravivant sans fruit la tragi-comédie,
Ne peut se réchauffer que par un incendie.
Il est vrai que le Satirique ne traitait guère mieux le premier Théâtre Français:
Tantôt, sacrifiant une heure solitaire,
J'entrerai dans le vide habité par Voltaire.
Oiseaux (rue des): Ce nom lui fut donné à cause d'un marché aux oiseaux qui s'y tenait.
Olier (rue): L'abbé Olier, né à Paris le 20 septembre 1608, et mort le lundi de Pâques, de l'année 1657 entre les bras de saint Vincent de Paul, était curé de Saint-Sulpice. À peine ordonné prêtre (21 mars 1633), il se montra préoccupé de l'œuvre importante à laquelle il se sentait appelé, l'établissement en France des grands séminaires. Mais avec la prudence du zèle éclairé, il sut ne rien précipiter et ce ne fut qu'en 1642, que la première de ces saintes maisons fut fondée à Vaugirard; trois ans après, s'ouvrit celle de Saint-Sulpice, puis successivement furent établis les séminaires de Nantes, de Viviers, du Puy, de Clermont, de Québec, au Canada, etc.
Le curé de Saint-Sulpice ne s'occupait pas avec moins de sollicitude de sa paroisse où sa charité, dans les temps les plus calamiteux (l'année 1649 par exemple), trouvait moyen de venir au secours de toutes les misères. «Frère Jean m'a assuré, écrit à ce sujet un contemporain, que si, dans les autres temps, M. Olier était libéral, pendant cet hiver, qui fut très-rigoureux, on pouvait en quelque sorte lui reprocher d'être prodigue.» Une personne, chargée de la distribution de ses aumônes, étant venue le prévenir d'un air d'inquiétude qu'elle n'avait plus d'argent: «Vous n'avez point de foi, répondit M. Olier; Dieu peut-il nous manquer?»
Orfèvres (quai des): Ce nom lui vient du grand nombre d'orfèvres qui jadis y avaient leurs boutiques. Dans la rue conduisant au quai, s'élevait naguère une maison appelée l'Hôtel des Trois Degrés. Cette maison fut achetée par la corporation des Orfèvres qui successivement acquit huit autres maisons voisines; et ces divers bâtiments, réparés ou reconstruits, devinrent un vaste hôpital ou hospice destiné à recevoir les confrères malheureux aussi bien que leurs veuves laissées sans ressources. «Les orfèvres pauvres et infirmes, dit Jaillot, ont retrouvé dans la générosité de leurs confrères les secours dont ils avaient besoin (pour le corps et pour l'âme)… Il y en a parmi eux qui ont employé une partie considérable de leur fortune pour procurer, dans l'hôpital des Incurables, tous les secours nécessaires à leurs confrères assez malheureux pour n'avoir pas même la seule consolation que laisse l'espérance.»
Cette dernière phrase, j'en demande pardon à l'honnête Jaillot, ressemble fort à un galimatias, mais le reste est assez clair et met en relief un exemple bon à imiter et qui prouve en faveur des corporations, supprimées brutalement quand il n'eût fallu que modifier les statuts.
Ormes (quai des): Ce nom lui vient d'une allée d'arbres qu'avait fait planter Charles V et qui conduisait à l'hôtel St-Paul. Ce chemin s'appela d'abord des Ormetaux, puis des ormes quand les jeunes plants furent devenus de grands arbres.
Orsay (quai d'): La première pierre de ce quai fut posée le 6 juin 1705. Ce nom lui fut donné en l'honneur de Charles Boucher, seigneur d'Orsay, alors prévôt des marchands et qui remplit ces fonctions de 1700 à 1708.
Orties (rue des): Ce nom lui vient très-anciennement des orchidées qui foisonnaient en cet endroit avant que la rue fût bâtie, et quand elle n'était qu'un sentier ou chemin.
Oudinot (rue): Oudinot, duc de Reggio et maréchal de France, né en 1767, mort en 1847, gouverneur des Invalides. Ce volontaire de la République, qui avait gagné tous ses grades à la pointe de l'épée, joignait, à de grands talents militaires, à une bravoure héroïque, la probité, le désintéressement et le sentiment de l'honneur au plus haut degré. Aussi les contemporains ont-ils applaudi à ces beaux vers du Chant du Sacre qui résument admirablement cette vie glorieuse:
… Reggio! Ce nom, à son aurore,
Du saint vernis du temps n'est pas couvert encore;
Mais ses titres d'honneur sont partout déroulés:
Regarde avec respect ses membres mutilés!
Ce nom, comme les noms des Dunois, des Xaintrailles,
A germé tout à coup sur vingt champs de batailles:
J'aime mieux, pour orner le bandeau qui me ceint,
Un grand nom qui surgit qu'un vieux nom qui s'éteint.
La postérité, en ce qui concerne Oudinot, a déjà confirmé le jugement de Lamartine.
Ours (rue aux): Elle s'appelait, au XIIe siècle, rue aux Oies, rue où l'on cuit les oies; mais, vers 1552, le peuple, on ne sait comment, ni pourquoi, lui donna le nom de rue aux Ours «qui est bien un autre oiseau», dit plaisamment Sauval. Il ajoute: «Le peuple, qui veut à toute force que ce soit son véritable nom, et qu'elle n'en doit point avoir d'autre, allègue qu'anciennement on y gardait et vendait des ours et pour preuve montre là un logis à porte cochère où, au-dessus de la porte, à la clé de l'arcade, on voit un ours sculpté.»…Mais en cela il se trompe et cette preuve manque de solidité. Le vrai nom de la rue «est celui de rue aux Oues (oies) parce que de tout temps c'était une rôtisserie publique: et comme alors on n'était pas si friand qu'aujourd'hui les oisons du voisinage chargeaient plus de broches que les chapons du Mans ni les autres viandes délicates qu'on apporte de loin. Et de fait, dans toutes les anciennes chartes, elle est appelée: la rue où l'on cuit les oies. Ce changement de nom vient de ce que nos anciens prononçaient la lettre O comme nous prononçons Ou, et ainsi appelaient oue ce que nous appelons oie si bien qu'il faudrait dire la rue aux Oies et non pas la rue aux Ours.»
À l'appui de cette opinion de Sauval on peut citer ces deux vers du Dit des Rues de Paris:
Et si fus en la rue aux Oues
Où l'on me fit force moues.
P
Pagevin (rue): Ce nom lui vient de Jean Pagevin, huissier au parlement, qui y demeurait.
Paix (rue de la): Ouverte en 1806 sur l'emplacement de l'ancien couvent des Capucines, elle s'appela rue Napoléon, nom qui fut changé en 1814. La rue prit alors celui qu'elle porte aujourd'hui.
Paon-Blanc (rue du): Ce nom vient d'une enseigne.
Palais-Royal: Ce monument, bâti par le cardinal de Richelieu, n'était d'abord qu'une modeste habitation connue sous le nom d'hôtel Richelieu. Mais, par suite d'agrandissements nombreux, il devint un vaste et magnifique palais, tel même que le cardinal jugea qu'il ne pouvait plus être habité que par des Majestés ou des Altesses. Dans l'année 1639, il en fit donation entre vifs au roi Louis XIII, donation confirmée par son testament (1642). Cette même année, la reine régente, Anne d'Autriche, étant venue habiter le palais avec la famille royale, l'inscription de: Palais-Cardinal fut remplacée par celle de Palais-Royal. Des constructions et des modifications successives donnèrent une meilleure apparence à l'édifice de forme assez irrégulière d'abord. Le jardin fut dessiné et planté par l'ordre du duc d'Orléans, régent. Auparavant ce n'était qu'un terrain à moitié inculte, renfermant un mail, un manége et deux bassins, le tout disposé sans ordre et sans symétrie. Les Galeries furent construites, les trois premières par Philippe Égalité, et la quatrième, dite d'Orléans, par le roi Louis-Philippe. Elle remplaça cette double rangée de baraques en bois, qu'on y voyait il n'y a pas bien des années encore, et qui, par la foule des promeneurs et des curieux, faisait que l'endroit ressemblait à une grande foire de village.
Panoramas (passage des): Construit en 1800, il dut son nom aux panoramas qui y furent établis et disparurent vers 1831.
Papillon (rue): Ouverte en 1781, elle dut son nom à M. Papillon de la Ferté, contrôleur général de l'argenterie, menus plaisirs et affaires de la chambre du roi, qui périt sur l'échafaud en 1794 (7 juillet).
Papin (rue): Denis Papin, célèbre physicien français, naquit à Blois, le 22 août 1647, et mourut à Marbourg, vers 1714. «Papin, dit F. Arago, a imaginé la première machine à vapeur à piston; il a vu le premier que la vapeur aqueuse fournit un moyen simple de faire rapidement le vide dans la capacité du corps de pompe; il est le premier qui ait songé à combiner dans une même machine à feu l'action de la force élastique de la vapeur avec la propriété dont cette vapeur jouit, et qu'il a signalée, de se condenser par ce refroidissement.»
Nous ajouterons que Papin a inventé aussi la soupape de sûreté; car elle forme la partie essentielle de son digesteur, ou marmite de Papin, employée à extraire, par la vapeur à haute pression, la partie gélatineuse des os. Papin, le premier encore, démontra, en 1678, que les liquides, par exemple l'eau et l'alcool, entrent en ébullition à une très faible chaleur dans le vide.
Paradis (rue): Ce nom vient d'une enseigne.
Parcheminerie (rue de la): Ainsi nommée en 1287. C'était auparavant la rue des Écrivains.
Paul (rue Saint): Dans cette rue se trouvait l'hôtel St-Paul, résidence de plusieurs de nos rois, Charles V et Charles VI, entre autres. L'hôtel St-Paul était magnifiquement décoré comme l'affirment plusieurs auteurs anciens. D'après Germain Brice, un historien du temps dit «que l'appartement du roi consistait en une grande antichambre, une chambre de parade appelée la chambre à parer, la chambre au gîte du Roi, deux cabinets, une garde robe, la chambre des napes (lingerie), celle de l'étude, celle des bains et des Tourterelles; la chambre du conseil; avec cela deux chapelles, des étuves que l'on nommait chauffe-doux; une volière, un jeu de paume, une ménagerie pour les grands lions, une autre pour les petits; la chambre de Charlemagne qui avait quinze toises de long sur six de large. Les mêmes Mémoires ajoutent que les poutres des chambres les mieux ornées étaient enrichies de fleurs de lis d'étain doré; que les lits étaient de drap d'or et que les chenets de fer pesaient cent quatre-vingts livres.»
Pas de la Mule (rue du): Aucune dénomination, dit M. Lazare, n'ayant été affectée à ce prolongement d'une autre rue, le peuple voulut y suppléer en baptisant la rue à sa manière. Son nom à lui c'était un conseil; son nom semblait dire aux pauvres piétons: «Si vous tenez à ne pas vous casser le cou, imitez la patience et le pas de la mule en gravissant cette pente escarpée et glissante.»
(Pastourelle): Ce nom vient de Roger Pastourelle qui habitait la rue en 1331.
Pavée (rue):
En la rue Pavée alé (allai)
Où a maint visage hâlé,
dit Guillot. Dans cette rue Pavée alors que beaucoup d'autres étaient privées de cet avantage, logeaient sans doute des vignerons et des voituriers au teint hâlé. On disait aussi, suivant Lebœuf, la rue Pavée d'Andouilles. Était-ce parce qu'il s'y trouvait force charcutiers?
Trois Pavillons (rue des): Elle fut ainsi nommée d'une maison située à l'angle de cette rue et de celle des Francs-Bourgeois et qui se faisait remarquer par ses Trois Pavillons. Le peuple, de sa propre autorité, remplaça par ce nom celui de Diane qui venait de la duchesse de Valentinois, trop célèbre sous le règne de Henri II.
Payenne (rue): S'appelait anciennement Payelle, nom d'un propriétaire riverain.
Pépinière (rue de la): Tracée vers 1782, sur les terrains faisant partie de la pépinière dite du roi. Quel besoin de changer ce nom en celui de Abattucci?
Perle (rue de la): Ce nom lui vient «d'un tripot carré qui a passé longtemps pour le mieux entendu de Paris», dit Sauval.
Pélagie (Sainte): Cette prison était, avant la Révolution, une communauté de femmes fondée en 1665, par madame Beauharnais de Miramion. Dans cette maison on recevait ou renfermait les filles ou femmes tombées dans le désordre et qu'on espérait ramener à une vie meilleure. Une partie de l'établissement s'appelait: Le Refuge; l'autre, Sainte-Pélagie. Cette sainte, comédienne célèbre d'Antioche au Ve siècle, s'étant convertie, fit oublier par une héroïque pénitence les scandales de sa vie antérieure.
Lors de la Révolution, le couvent fut supprimé, les religieuses se virent dépossédées et de leur paisible demeure on fit une prison.
On sait que, dans un corps de bâtiment séparé, sont renfermés, depuis 1828, les détenus politiques et en particulier les condamnés pour délits de presse.
Pélican (rue du): Ce nom vient d'une enseigne. Je lis dans Bernardin de St-Pierre, (Études de la Nature) un curieux passage sur le pélican: «Le pélican ou grand-gosier est un oiseau blanc et brun, qui a un large sac au-dessus de son bec qui est très-long. Il va tous les matins remplir son sac de poisson; et quand sa pêche est faite, il se perche sur quelque pointe de rocher à fleur d'eau, «où il se tient immobile jusqu'au soir, dit le père Dutertre, comme tout triste, la tête penchée par le poids de son long bec, et les yeux fixés sur la mer agitée, sans bouger non plus que s'il était de marbre.»
Perrée (rue): C'est le nom d'un intrépide marin qui, en 1800, soutint avec un seul vaisseau, le Généreux, un combat acharné contre quatre vaisseaux anglais, l'un d'eux, le Foudroyant, commandé par Nelson. Le Généreux n'abaissa point son pavillon et si l'ennemi put s'en emparer, c'est qu'il ne restait personne pour le défendre. Quand les Anglais arrivèrent sur le pont, ils n'y trouvèrent plus que des mourants et des morts et, entre ceux-ci, le capitaine Perrée, tombé sur son banc de quart qu'il n'avait pas voulu quitter quoique blessé grièvement.
Penthièvre (rue de): Doit son nom au vertueux duc de Penthièvre si célèbre dans le siècle dernier par sa bienfaisance. «La physionomie de M. le duc de Penthièvre annonce de l'esprit, de la douceur et même un peu de coquetterie; on dirait qu'il vous oblige en vous regardant et, lorsqu'il vous a parlé, vous vous sentez attiré à l'aimer autant qu'à le respecter.
«Voilà ce que j'ai éprouvé au premier aspect, mais lorsque ses bontés m'ont donné des rapports plus particuliers avec lui, j'ai trouvé que son âme était au-dessus de tout le reste, qu'il était mille fois supérieur à tout ce que sa figure annonçait, à tout ce que ses manières laissaient entrevoir. Cette âme est d'une trempe si peu commune que je ne trouverai point l'expression qu'il faudrait pour ce que je vois et encore plus pour ce que je sens; toutes les vertus y sont dans un équilibre parfait parce que la sagesse les conduit toutes dans les bornes qu'elles ne peuvent franchir sans devenir vice ou défaut. Généreux sans prodigalité, pieux sans minutie, tendre sans faiblesse, modeste avec dignité, chez lui actions, paroles, maintien, regards, tout est à sa place; il semble que rien ne pourrait être autrement.
«Ce prince m'a paru un être si différent des autres hommes que, pendant deux années, j'ai plus d'une fois, je l'avoue, épié ses défauts pour essayer de consoler mon amour-propre: recherche vaine; mes observations n'ont servi qu'à me faire mieux sentir sa supériorité, et je me suis dit que je ne devais point aspirer à une perfection fondée par la nature dans un de ses plus heureux moments.»
Ce portrait, si remarquable par la finesse de la touche et qu'on sait d'une parfaite ressemblance, emprunte un intérêt particulier au nom de celui qui l'a tracé. Il a pour auteur cet autre homme de bien, M. de Montyon.
Pères (rue des Saints): Son vrai nom est Saint-Pierre, provenant de la chapelle Saint-Pierre qui s'y trouvait. Ce nom fut changé d'abord en celui de Saint-Père, puis Saints-Pères.
Pétrelle (rue): C'était le nom d'un propriétaire riverain.
Pigalle (rue): Le sculpteur Pigalle, né à Paris en 1714, y mourut en 1785. «Pigalle avait reçu de la nature un œil savant qui, dans chaque trait, découvrait mille traits, et dans chaque partie, une infinité de parties. Il aimait à peindre ce qu'il savait voir. Aucun artiste n'avait représenté avant lui cette multitude de détails que l'art aime à considérer nus, parce qu'il peut avoir besoin de les reproduire, mais que le bon goût se plaît à couvrir de voiles. Jamais il ne pouvait exprimer assez à son gré tous les reliefs du corps humain, comme les anciens ne pouvaient jamais assez les ramener au contour. Il semblait s'être fait une loi rigoureuse de n'imiter que la vérité, telle non seulement que les yeux peuvent la voir, mais telle que les mains pourraient la toucher… On voit presque toujours, dans ses ouvrages, les deux extrêmes de la vie humaine, celui où la nature, animant le corps avec vigueur, en fait saillir toutes les parties, et celui où, l'abandonnant, elle les découvre et les désunit. Sans doute il a peint quelquefois la beauté, mais non cette ravissante beauté d'un corps «hôte d'une belle âme», pour employer avec le poète une expression qui semble née au pied de quelque statue antique.» (Joubert.)
Picpus (rue): Vers 1775, c'était un chemin qui traversait le territoire, dit de Pique-puce dont on a fait par corruption picpus. L'origine de cette dénomination est assez singulière, si l'on en croit M. L. Lazare, qui ne la donne, d'après d'anciens auteurs, que sous réserves. Un mal épidémique se manifesta dans les environs de Paris vers le milieu du XVIe siècle. On voyait sur les bras des femmes et des enfants de petites tumeurs rouges qui ressemblaient à plusieurs piqûres faites par un insecte qui s'attachait de préférence aux mains blanches et délicates des personnes jeunes.
Un religieux du couvent de Franconville près Beaumont, diocèse de Beauvais, venu pour fonder une maison dans les environs de Paris, à l'aide d'une certaine liqueur, guérit nombre de malades. On le retint par reconnaissance dans le village et le couvent qu'il y fonda s'appela Picpus.
Dans cette même rue, se trouve le cimetière où furent enterrées les victimes de la Révolution qui périrent sur l'échafaud dressé près la porte Saint-Antoine. On en compta 1350, dans l'espace de quarante jours seulement.
Poissonnière (rue et faubourg): Elle s'appelle ainsi à cause que c'était par cette voie qu'arrivaient les marchands de marée.
Pierre Sarrazin (rue): A pris son nom d'un bourgeois nommé Pierre Sarrazin qui demeurait en cet endroit et y mourut vers 1255.
La rue Pierre Sarrazin
Où l'on essaie maint roncin (cheval)
Chacun an, comment on le happe.
Pinel (rue): Pinel, médecin aliéniste célèbre, né à Saint-Paul, près Castres, en 1745, mourut à Paris, le 25 octobre 1826. L'humanité doit une éternelle reconnaissance au docteur Pinel par le changement radical qu'il apporta, en dépit des oppositions venant de la routine, dans le traitement des infortunés privés de la raison par une cause ou par une autre. Sa conviction, que par ses écrits et son langage, il sut faire partager à beaucoup de ses confrères comme aux chefs de l'administration, c'était que les fous sont des malades qu'il faut traiter avec ménagement, justice et douceur, mais, une douceur où l'on sent au besoin la fermeté. Nommé en 1793, médecin en chef de l'hospice de Bicêtre, il y introduisit peu à peu, d'après ces principes, d'utiles et humaines réformes qui s'étendirent par la suite à toutes les maisons d'aliénés. Honneur à Pinel!
Planche (rue de la): Ce nom lui vient du sieur Raphaël de la Planche, trésorier général des bâtiments de Henri IV, lequel avait donné au dit seigneur des lettres de privilége pour l'établissement d'une manufacture de tapisseries de haute-lice.
Pont-au-Change: Ce pont, qui aboutit d'un côté au quai de l'Horloge, de l'autre au quai de la Mégisserie et qui fut pendant longtemps le seul moyen de communication de la cité avec la rive septentrionale, s'appela d'abord le Grand-Pont. Construit en bois, il fut à diverses reprises soit emporté par les inondations soit détruit par l'incendie comme en 1621, et rebâti mais non pas toujours exactement au même endroit. D'après un usage qui a persisté presque jusqu'à la moitié du siècle actuel, des maisons avec boutiques s'élevaient de chaque côté du pont dans toute sa longueur. En 1141, Louis VII, dit le Jeune, ordonna que le Change se ferait sur ce pont à l'exclusion de tous autres endroits, d'où il prit son nom de Pont-au-Change.
Pont-Neuf. La construction de ce pont fut commencée sous le règne de Henri III qui, accompagné de sa mère, Catherine de Médicis, de Louise de Lorraine, son épouse, et entouré des plus illustres personnages de la cour, en posa la première pierre avec grand appareil le 30 mai 1578. Les travaux furent poursuivis d'abord avec une grande activité, et les quatre piles, du côté de la rue Dauphine, s'élevèrent à fleur d'eau dès la première année; mais l'ouvrage ensuite demeura suspendu sans doute par le manque d'argent. Pourtant, afin de fournir aux dépenses considérables de l'entreprise, on avait établi un impôt spécial ou dîme sur le peuple et «le produit, dit Germain Brice, aurait fourni quatre fois plus qu'il n'était nécessaire, si cet argent, selon le terme des auteurs, n'avait pas été englouti par les favoris qui ne se mettent guère en peine du bien de la patrie, parce qu'ils ne songent qu'à leur fortune et à leur agrandissement.»
La paix rétablie partout après les guerres de la Ligue, «Henri IV, qui aimait la ville de Paris parce que le peuple l'aimait infiniment» fit reprendre les travaux et, dès l'année 1604, le pont était complètement achevé. «Personne ne peut disconvenir que ce pont ne soit un des plus beaux et des mieux ordonnés de toute l'Europe.» Guillaume Marchand, dans cette seconde période, dirigeait, comme architecte, les travaux. Le pont avait été commencé d'après les dessins et sous la direction du célèbre Du Cerceau à qui l'on doit le dessin de la galerie du Louvre.
La statue de Henri IV,
Le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire,
qui s'élève sur le terre-plein du Pont-Neuf, due au sculpteur Lemot, fut érigée dans les premières années de la Restauration en remplacement de celle que la Révolution avait eu le tort de renverser.
«Ce monument, dit le judicieux Saint-Victor, est une preuve des plus frappantes de l'inconstance de la multitude et du mépris que méritent également sa haine et son amour. Pendant près de deux siècles, le souvenir de Henri IV fut cher au peuple de Paris et sa statue était pour ce peuple l'objet d'une sorte de culte. Dans les premiers jours de la Révolution, on l'avait vu forcer les passants à s'agenouiller devant l'image de ce bon roi: environ deux ans après, il l'abattit avec des cris de rage comme celle du plus affreux tyran.»
Ce n'était pas le vrai peuple qui agissait ainsi, mais cette triste plèbe, sédiment impur de toute société que les Révolutions font remonter à la surface, et dont les passions aveugles, fruit de l'ignorance, s'exaltent encore par les prédications des meneurs et les diatribes et calomnies de bas folliculaires.
De la statue nouvelle, celle de Lemot, Saint-Victor nous dit: «C'est un monument d'un grand style, d'un dessin correct et savant: l'artiste a su allier la beauté des formes à la vérité de l'attitude; la noblesse et la ressemblance parfaite des traits avec la franchise et la naïveté de l'expression. Il s'est montré d'une exactitude scrupuleuse dans les détails de costume et jusque dans les moindres accessoires, sans jamais descendre à l'imitation servile d'un copiste; le mouvement du cheval est neuf et vraiment admirable; toutes les parties en sont étudiées avec le plus grand soin et traitées dans la plus grande manière; enfin, à la place d'une statue médiocre60, s'est élevée une statue digne d'un de nos plus grands rois.»
Poissonnerie (rue de la): Jadis le chemin dit de la Vallée aux voleurs, puis des Poissonniers, parce que les marchands de marée suivaient cette voie pour se rendre aux halles.
Popincourt (rue de): Elle doit son nom à Jean de Popincourt, premier président du parlement de Paris sous Charles VI, qui possédait en cet endroit une maison de campagne.
Postes (Hôtel des): Appartenait au comte de Morville, ministre et secrétaire d'état des affaires étrangères, lorsque le roi en ordonna l'acquisition en 1757, pour l'affecter au service des Postes.
Poulies (rue des): D'après Sauval, ce nom lui vient des Poulies de l'hôtel d'Alençon et ces Poulies étaient un jeu ou exercice encore en usage en 1543. Jaillot croit que cette dénomination provient d'Edmond de Poulie qui possédait dans cette rue une grande maison et un jardin qu'il vendit à Alphonse, comte de Poitiers, frère de saint Louis.
Prouvaires, (rue des):
M'en ving en la rue à Prouvaires,
Où il a maintes pennes vaires (étoffes de couleurs variées).
Dans cette rue s'élevait l'hôtel de maître Jacques Duchié, dont Guillebert de Metz, dans son livre original (1435), nous a laissé cette très-curieuse description:
«La porte duquel est entaillée de art merveilleux; en la court estoient paons et divers oiseaux à plaisance. La première salle est embellie de divers tableaux et écritures d'enseignements attachés et pendus aux parois. Une autre salle remplie de toutes manières d'instruments, harpes, orgues, vielles, guiternes (guitares), psaltérions et autres desquels le dit maître Jacques savait jouer de tous. Une autre salle était garnie de jeux d'échecs, de tables et d'autres diverses manières de jeux, à grand nombre. Item, une belle chapelle où il y avait des pupitres à mettre livres dessus, de merveilleux art, lesquels on faisait venir à divers siéges loin et près, à dextre et à senestre. Item une étude où les parois étaient couvertes de pierres précieuses et d'épices de souefve (suave) odeur. Item, une chambre où étaient fourrures de plusieurs manières. Item, plusieurs autres chambres richement adoubées (ornées) de lits, de tables engigneusement (ingénieusement) entaillées et parées de riches draps et tapis à or frais. Item, en une autre chambre haute, étaient grand nombre d'arbalètes dont les aucunes étaient peintes à belles figures. Là étaient étendarts, bannières, pennons, arcs à main, piques, faussarts, planchons, haches, guisarmes, mailles de fer et plomb, pavois, targes, écus, canons et autres engins, avec planté (quantité) d'armures; et brièvement il y avait aussi comme toutes manières d'appareils de guerre. Item, là était une fenêtre faite de merveillable artifice par laquelle on mettait hors une tête de plaques de fer creuse, parmi laquelle on regardait et parlait à ceux du dehors, si besoin était, sans douter (craindre) le trait. Item, par dessus tout l'hôtel, était une chambre carrée, où étaient fenêtres de tous côtés pour regarder par dessus la ville. Et quand on y mangeait, on montait et avalait (descendait) vins et viandes à une poulie, pour ce que trop haut eût été à porter. Et par dessus le pinacle de l'hôtel étaient belles images dorées. Cestui maître Jacques Duchié était bel homme, de honnête babil (langage) et moult notable; si tenait serviteurs bien morigénés et instruits, d'avenante contenance, entre lesquels était un maître charpentier qui continuellement ouvrait (travaillait) à l'hôtel. Grand foison de riches bourgeois avait et d'officiers qu'on appelait petits royeteaux de grandeur61.»