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Kitabı oku: «Histoire amoureuse des Gaules; suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle, Tome I», sayfa 9

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Portrait de M. de Bussy Rabutin

Roger de Rabutin, comte de Bussy, mestre de camp de la cavalerie légère, avoit les yeux grands et doux, la bouche bien faite, le nez grand, tirant sur l'aquilin, le front avancé, le visage ouvert et la physionomie heureuse, les cheveux blonds déliés et clairs. Il avoit dans l'esprit de la délicatesse et de la force, de la gaîté et de l'enjoûment; il parloit bien, il écrivoit juste et agréablement. Il étoit né doux; mais les envieux que lui avoit faits son mérite l'avoient aigri, en sorte qu'il se réjouissoit volontiers avec des gens qu'il n'aimoit pas. Il étoit bon ami et régulier; il étoit brave sans ostentation; il aimoit les plaisirs plus que la fortune, mais il aimoit la gloire plus que les plaisirs; il étoit galant avec toutes les dames et fort civil, et la familiarité qu'il avoit avec ses meilleurs amis ne lui faisoit jamais manquer au respect qu'il leur devoit. Cette manière d'agir faisoit juger qu'il avoit de l'amour pour elles, et il est certain qu'il en entroit toujours un peu dans toutes les grandes amitiés qu'il avoit. Il avoit bien servi à la guerre, et fort long-temps; mais comme, de son siècle, ce n'étoit pas assez pour parvenir à de grands honneurs que d'avoir de la naissance, de l'esprit, des services et du courage, avec toutes ces qualités il étoit demeuré à moitié chemin de sa fortune. Il n'avoit pas eu la bassesse de flatter les gens en qui le Mazarin, souverain dispensateur des grâces, avoit créance, ou il n'avoit pas été en état de les lui arracher en lui faisant peur, comme avoient fait la plupart des maréchaux de son temps.

Bussy donc, ayant reçu ce billet de Vivonne, monta à cheval aussitôt et l'alla trouver. Il rencontra ses amis fort disposés à se réjouir, et lui, qui d'ordinaire ne troubloit point les fêtes, fit que la joie fut tout à fait complète; et, les abordant: «Je suis bien aise, mes amis, dit-il, de vous trouver détachés du monde comme vous êtes. Il faut des grâces particulières de Dieu pour faire son salut. Dans les embarras des cours, l'ambition, l'envie, la médisance, l'amour et mille autres passions y portent ordinairement les gens les mieux nés à des crimes dont ils sont incapables dans des retraites comme celle-ci. Sauvons-nous donc ensemble, mes amis; et, comme pour être agréables à Dieu il n'est pas nécessaire de pleurer ni de mourir de faim, rions, mes chers, et faisons bonne chère.» Ce sentiment-là étant généralement approuvé, on se prépara pour la chasse l'après-dînée, et l'on mit ordre d'avoir des concerts d'instrumens pour le lendemain. Après avoir couru quatre ou cinq heures, le lendemain, ces messieurs vinrent affamés faire le plus grand repas du monde. Le souper étant fini, qui avoit duré trois heures, pendant lesquelles la compagnie avoit été dans cette gaîté qui accompagne toujours la bonne conscience, on fit amener des chevaux pour se promener dans le parc. Ce fut là que ces quatre amis, se trouvant en liberté, pour s'encourager à mépriser davantage le monde, proposèrent de médire de tout le genre humain; mais, un moment après, la réflexion fit dire à Bussy qu'il falloit excepter leurs bons amis de cette proposition générale. Cet avis ayant été approuvé, chacun demanda au reste de l'assemblée quartier pour ce qu'il aimoit. Cela étant fait et le signal donné pour le mépris des choses d'ici-bas, ces bonnes âmes commencèrent le cantique qui ensuit:

CANTIQUE135
 
Que Déodatus 136 est heureux
De baiser ce bec amoureux
Qui d'une oreille à l'autre va!
Alleluia!
 
 
Si le roi venoit à mourir,
Monsieur ne se pourroit tenir
De dire, en chantant Libera:
Alleluia!
 
 
La reine veut un autre v…
Mais on n'en a pas à crédit,
Et la pauvrette maille n'a.
Alleluia!
 
 
Le Mazarin est bien lassé
De f… un c.. si bas percé,
Qui sent si fort le faguena 137.
Alleluia!
 
 
La d'Orléans 138 et la Vandis 139
Se servent de godemichis;
De v.. pour elles il n'y a.
Alleluia!
 
 
La Mothe 140 disoit l'autre jour
À Richelieu: Faisons l'amour,
Embrassons-nous, et cetera.
Alleluia!
 
 
Chimerault 141 lui disoit: Fripon,
Prenez-moi la m… du c…
Et laissez l'autre Motte là.
Alleluia!
 
 
Si vous voulez savoir pourquoi
On f… la Bonneuil 142 malgré soi,
De c.. de son calibre il n'y a.
Alleluia!
 
 
À Clérambault 143 , disoit Gourdon 144 ;
Mettez-moi le v.. dans le c..
Pour voir comme cela fera.
Alleluia!
 
 
Je ne sais comme quoi Fouilloux 145
Peut avoir f… tant de coups
Sans avoir une fois mis bas.
Alleluia!
 
 
Quand d'Alluy 146 ne la f… pas bien,
Elle lui dit: F… vilain,
La v… a passé par là.
Alleluia!
 
 
De Méneville 147 et de Brion 148,
S'il sort jamais un embryon,
Fils de son père il ne sera.
Alleluia!
 
 
Quand Marsillac au monde vint,
Pour défaire les Philistins
Mâchoire d'âne il apporta.
Alleluia!
 

On peut juger qu'ayant débuté par là, tout fut compris dans le cantique, à la réserve des amis de ces quatre messieurs; mais, comme le nombre en étoit petit, le cantique fut grand, et tel que, pour ne rien oublier, il faudroit pour lui seul faire un volume. Une partie de la nuit s'étant passée en ces plaisirs champêtres, on résolut de s'aller reposer. Chacun donc se quitta fort satisfait de voir le progrès que l'on commençoit de faire dans la dévotion. Le lendemain, Vivonne et Bussy, s'étant levés plus matin que les autres, allèrent dans la chambre de Manicamp; mais, ne l'ayant pas trouvé et le croyant dans le parc à la promenade ils allèrent dans la chambre du comte de Guiche, avec lequel ils le trouvèrent couché. «Vous voyez, mes amis, leur dit Manicamp, que je tâche de profiter des choses que vous dites hier touchant le mépris du monde. J'ai déjà gagné sur moi d'en mépriser la moitié, et j'espère que dans peu de temps, hors mes amis particuliers, que je ne ferai pas grand cas de l'autre. – Souvent on arrive à même fin par différentes voies, lui répondit Bussy. Pour moi je ne condamne point vos manières: chacun se sauve à sa guise; mais je n'irai point à la béatitude par le chemin que vous tenez. – Je m'étonne, dit Manicamp, que vous parliez comme vous faites, et que madame de Sévigny ne vous ait pas rebuté d'aimer les femmes. – Mais, à propos de madame de Sévigny, dit Vivonne, je vous prie de nous dire pourquoi vous rompîtes avec elle, car on en parle différemment. Les uns disent que vous étiez jaloux du comte du Lude, et les autres que vous la sacrifiâtes à madame de Monglas, et personne n'a cru, comme vous l'avez dit tous deux, que ce fût une raison d'intérêt149. – Quand je vous aurai fait voir, répliqua Bussy, qu'il y a six ans que j'aime madame de Monglas, vous croirez bien qu'il n'entroit point d'amour dans la rupture qui se fit l'année passée entre madame de Sévigny et moi. – Ah! mon cher, interrompit Vivonne, que nous vous serions obligés si vous vouliez prendre la peine de nous conter une histoire amoureuse! Mais auparavant, dites-nous, s'il vous plaît, ce que c'est que madame de Sévigny, car je n'ai jamais vu deux personnes s'accorder sur son sujet. – C'est la définir en peu de mots que ce que vous dites là, répondit Bussy: on ne s'accorde point sur son sujet parcequ'elle est inégale, et qu'une seule personne n'est pas assez long-temps bien avec elle pour remarquer le changement de son humeur; mais moi, qui l'ai toujours vue dès son enfance, je vous en veux faire un fidèle rapport.»

LIVRE QUATRIÈME
HISTOIRE DE MADAME DE SÉVIGNY

Portrait de madame de Sévigny 150

Madame de Sévigny, continua-t-il, a d'ordinaire le plus beau teint du monde, les yeux petits et brillants, la bouche plate, mais de belle couleur; le front avancé, le nez semblable à soi, ni long ni petit, carré par le bout; la mâchoire comme le bout du nez; et tout cela, qui en détail n'est pas beau, est à tout prendre assez agréable. Elle a la taille belle, sans avoir bon air; elle a la jambe bien faite, la gorge, les bras et les mains mal taillés; elle a les cheveux blonds, déliés et épais. Elle a bien dansé et a l'oreille encore juste; elle a la voix agréable, elle sçait un peu chanter. Voilà, pour le dehors, à peu près comme elle est faite. Il n'y a point de femme qui ait plus d'esprit qu'elle, et fort peu qui en aient autant; sa manière est divertissante. Il y en a qui disent que pour une femme de qualité, son caractère est un peu trop badin. Du temps que je la voyois, je trouvois ce jugement-là ridicule, et je sauvois son burlesque sous le nom de gaîté; aujourd'hui qu'en ne la voyant plus son grand feu ne m'éblouit pas, je demeure d'accord qu'elle veut être trop plaisante. Si on a de l'esprit, et particulièrement de cette sorte d'esprit qui est enjoué, on n'a qu'à la voir: on ne perd rien avec elle; elle vous entend, elle entre juste en tout ce que vous dites, elle vous devine, et vous mène d'ordinaire bien plus loin que vous ne pensez aller. Quelquefois aussi on lui fait bien voir du pays; la chaleur de la plaisanterie l'emporte. En cet état, elle reçoit avec joie tout ce qu'on lui veut dire de libre, pourvu qu'il soit enveloppé; elle y répond même avec mesure, et croit qu'il iroit du sien si elle n'alloit pas au delà de ce qu'on lui a dit. Avec tant de feu, il n'est pas étrange que le discernement soit médiocre: ces deux choses étant d'ordinaire incompatibles, la nature ne peut faire de miracle en sa faveur; un sot éveillé l'emportera toujours auprès d'elle sur un honnête homme sérieux. La gaîté des gens la préoccupe. Elle ne jugera pas si on entend ce qu'elle dit. La plus grande marque d'esprit qu'on lui peut donner, c'est d'avoir de l'admiration pour elle; elle aime l'encens, elle aime d'être aimée, et pour cela elle sème afin de recueillir, elle donne de la louange pour en recevoir. Elle aime généralement tous les hommes, quelque âge, quelque naissance et quelque mérite qu'ils aient, et de quelque profession qu'ils soient; tout lui est bon, depuis le manteau royal jusqu'à la soutane, depuis le sceptre jusqu'à l'écritoire. Entre les hommes, elle aime mieux un amant qu'un ami, et, parmi les amans, les gais que les tristes. Les mélancoliques flattent sa vanité, les éveillés son inclination; elle se divertit avec ceux-ci, et se flatte de l'opinion qu'elle a bien du mérite d'avoir pu causer de la langueur à ceux-là.

Elle est d'un tempérament froid, au moins si on en croit feu son mari: aussi lui avoit-il l'obligation de sa vertu. Comme il disoit, toute sa chaleur est à l'esprit. À la vérité, elle récompense bien la froideur de son tempérament, si l'on s'en rapporte à ses actions; je crois que la foi conjugale n'a point cette violence si l'on regarde l'intention. C'est une autre chose, pour en parler franchement. Je crois que son mari s'est tiré d'affaire devant les hommes, mais je le tiens cocu devant Dieu. Cette belle, qui veut être à tous les plaisirs, a trouvé un moyen sûr, à ce qu'il lui semble, pour se réjouir sans qu'il en coûte rien à sa réputation. Elle s'est faite amie à quatre ou cinq prudes, avec lesquelles elle va en tous les lieux du monde; elle ne regarde pas tant ce qu'elle fait qu'avec qui elle est. En ce faisant, elle se persuade que la compagnie honnête rectifie toutes ses actions; et, pour moi, je pense que l'heure du berger, qui ne se rencontre d'ordinaire que tête à tête avec toutes les femmes, se trouveroit plutôt avec celle-ci au milieu de sa famille. Quelquefois elle refuse hautement une partie de promenade publique pour s'établir à l'égard du monde dans une opinion de grande régularité, et quelque temps après, croyant marcher à couvert sur les refus qu'elle aura fait éclater, elle fera quatre ou cinq parties de promenades particulières. Elle aime naturellement les plaisirs; deux choses l'obligèrent quelquefois de s'en priver: la politique et l'inégalité; et c'est par l'une ou par l'autre de ces raisons-là que bien souvent elle va au sermon le lendemain d'une assemblée. Avec quelques façons qu'elle donne de temps en temps au public, elle croit préoccuper tout le monde, et s'imagine qu'en faisant un peu de bien et un peu de mal, tout ce que l'on pourroit dire, c'est que, l'un portant l'autre, elle est honnête femme. Les flatteurs dont sa petite cour est pleine lui en parlent bien d'autre manière; ils ne manquent jamais de lui dire qu'on ne sçauroit mieux accorder qu'elle fait la sagesse avec le monde et le plaisir avec la vertu. Pour avoir de l'esprit et de la qualité, elle se laisse un peu trop éblouir aux grandeurs de la cour. Le jour que la reine lui aura parlé, et peut-être demandé seulement avec qui elle sera venue, elle sera transportée de joie, et long-temps après elle trouvera moyen d'apprendre à tous ceux desquels elle se voudra attirer le respect la manière obligeante avec laquelle la reine lui aura parlé. Un soir que le roi venoit de la faire danser, et s'étant remise à sa place, qui étoit auprès de moi: «Il faut avouer, me dit-elle, que le roi a de grandes qualités; je crois qu'il obscurcira la gloire de tous ses prédécesseurs.» Je ne pus m'empêcher de lui rire au nez, voyant à quel propos elle lui donnoit ces louanges, et de lui répondre: «On n'en peut douter, Madame, après ce qu'il vient de faire pour vous.» Elle étoit alors si satisfaite de Sa Majesté que je la vis sur le point, pour lui témoigner sa reconnoissance, de crier: Vive le roi!

Il y a des gens qui ne mettent que les choses saintes pour bornes à leur amitié, et qui feroient tout pour leurs amis, à la réserve d'offenser Dieu. Ces gens-là s'appellent amis jusqu'aux autels. L'amitié de madame de Sévigny a d'autres limites: cette belle n'est amie que jusqu'à la bourse; il n'y a qu'elle de jolie femme au monde qui se soit deshonorée par l'ingratitude. Il faut que la nécessité lui fasse grand'peur, puisque, pour en éviter l'ombre, elle n'appréhende pas la honte. Ceux qui la veulent excuser disent qu'elle défère en cela au conseil des gens qui sçavent que c'est que la faim et qui se souviennent encore de leur pauvreté. Qu'elle tienne cela d'autrui ou qu'elle ne le doive qu'à elle-même, il n'y a rien de si naturel que ce qui paroît dans son économie.

La plus grande application qu'ait madame de Sévigny est à paroître tout ce qu'elle n'est pas. Depuis le temps qu'elle s'y étudie, elle a déjà appris à tromper ceux qui ne l'avoient guère connue ou qui ne s'appliquent pas à la connoître; mais, comme il y a des gens qui ont pris en elle plus d'intérêt que d'autres, ils l'ont découverte et se sont aperçus, malheureusement pour elle, que tout ce qui reluit n'est pas or.

Madame de Sévigny est inégale jusqu'aux prunelles des yeux et jusqu'aux paupières; elle a les yeux de différentes couleurs, et, les yeux étant les miroirs de l'âme, ces égaremens sont comme un avis que donne la nature à ceux qui l'approchent de ne pas faire un grand fondement sur son amitié.

Je ne sçais si c'est parceque ses bras ne sont pas beaux qu'elle ne les tient pas trop chers, ou qu'elle ne s'imagine pas faire une faveur, la chose étant si générale; mais enfin les prend et les baise qui veut. Je pense que c'est assez pour lui persuader qu'il n'y a point de mal qu'elle croie qu'on n'y a point de plaisir. Il n'y a plus que l'usage qui la pourroit contraindre, mais elle ne balance pas à le choquer plutôt que les hommes, sçachant bien qu'ayant fait les modes, quand il leur plaira la bienséance ne sera plus renfermée dans des bornes si étroites.

Voilà, mes chers, le portrait de madame de Sévigny. Son bien, qui accommodoit fort le mien parceque c'étoit un parti de ma maison, obligea mon père à souhaiter que je l'épousasse; mais, quoique je ne la connusse pas alors si bien qu'aujourd'hui, je ne répondois point au dessein de mon père: certaine manière étourdie dont je la voyais agir me la faisoit appréhender, et je la trouvois la plus jolie fille du monde pour être femme d'un autre. Ce sentiment-là m'aida fort à ne la point épouser; mais, comme elle fut mariée un peu de temps après moi, j'en devins amoureux, et la plus forte raison qui m'obligea d'en faire ma maîtresse fut celle qui m'avoit empêché de souhaiter d'être son mari.

Comme j'étois son proche parent, j'avois un fort grand accès chez elle, et je voyois les chagrins que son mari lui donnoit tous les jours. Elle s'en plaignoit à moi bien souvent et me prioit de lui faire honte de mille attachemens ridicules qu'il avoit. Je la servis en cela quelque temps fort heureusement; mais enfin le naturel de son mari l'emporta sur mes conseils. De propos délibéré je me mis dans la tête d'être amoureux d'elle, plus par la commodité de la conjoncture que par la force de mon inclination. Un jour donc que Sévigny m'avoit dit qu'il avoit passé la veille la plus agréable nuit du monde, non seulement pour lui, mais pour la dame avec qui il l'avoit passée: «Vous pouvez croire, ajouta-t-il, que ce n'est pas avec votre cousine: c'est avec Ninon151. – Tant pis pour vous, lui dis-je; ma cousine vaut mille fois mieux, et je suis assuré que si elle n'étoit votre femme elle seroit votre maîtresse. – Cela pourroit bien être», me répondit-il. Je ne l'eus pas quitté que j'allai tout conter à madame de Sévigny. «Il y a bien de quoi se vanter à lui! me dit-elle en rougissant de dépit. – Ne faites pas semblant de sçavoir cela, lui répondis-je, car vous en voyez la conséquence. – Je crois que vous êtes fou, reprit-elle, de me donner cet avis, ou que vous croyez que je sois folle. – Vous le seriez bien plus, Madame, lui répliquai-je, si vous ne lui rendiez pas la pareille que si vous lui redisiez ce que je vous ai dit. Vengez-vous, ma belle cousine; je serai de moitié de la vengeance, car enfin vos intérêts me sont aussi chers que les miens propres. – Tout beau, Monsieur le comte! me dit-elle; je ne suis pas si fâchée que vous le pensez.» Le lendemain, ayant trouvé Sévigny au Cours, il se mit avec moi dans mon carrosse. Aussitôt qu'il y fut: «Je pense, dit-il, que vous avez dit à votre cousine ce que je vous contai hier de Ninon, parcequ'elle m'en a touché quelque chose. – Moi! lui répliquai-je, je ne lui en ai point parlé, Monsieur; mais, comme elle a de l'esprit, elle m'a dit tant de choses sur ce chapitre de la jalousie qu'elle rencontre quelquefois la vérité.» Sévigny, s'étant rendu à une si bonne raison, me remit sur le chapitre de la bonne fortune, et, après m'avoir dit mille avantages qu'il y avoit d'être amoureux, il conclut par me dire qu'il le vouloit être toute sa vie, et même qu'il l'étoit alors de Ninon autant qu'on le pouvoit être; qu'il s'en alloit passer la nuit à Saint-Cloud avec elle et avec Vassé152, qui leur donnoit une fête, et duquel ils se moquoient ensemble. Je lui redis ce que je lui avois dit mille fois, que, quoique sa femme fût sage, il en pourroit faire tant qu'enfin il la désespéreroit, et que, quelque honnête homme venant amoureux d'elle dans le temps qu'il lui feroit de méchans tours, elle pourroit peut-être chercher des douceurs dans l'amour et dans la vengeance qu'elle n'auroit pas envisagées dans l'amour seulement. Et là-dessus, nous étant séparés, je me retirai chez moi et j'écrivis cette lettre à sa femme:

LETTRE

Je n'avois pas tort hier, Madame, de me défier de votre imprudence; vous avez dit à votre mari ce que je vous dis. Vous voyez bien que ce n'est pas pour mes intérêts que je vous fais ce reproche, car tout ce qui m'en peut arriver est de perdre son amitié; et pour vous, Madame, il y a bien plus à craindre. J'ai pourtant été assez heureux pour le désabuser. Au reste, Madame, il est tellement persuadé qu'on ne peut être honnête homme sans être toujours amoureux, que je désespère de vous voir jamais contente si vous n'apprenez qu'à être aimée de lui. Mais que cela ne vous alarme pas, Madame; comme j'ai commencé de vous servir, je ne vous abandonnerai pas en l'état où vous êtes. Vous sçavez que la jalousie a quelquefois plus de vertu pour retenir un cœur que les charmes et que le mérite. Je vous conseille d'en donner à votre mari, ma belle cousine, et pour cela je m'offre à vous. Si vous le faites revenir par là, je vous aime assez pour recommencer mon premier personnage de votre agent auprès de lui, et me faire sacrifier encore pour vous rendre heureuse; et, s'il faut qu'il vous échappe, aimez-moi, ma cousine, et je vous aiderai à vous venger de lui en vous aimant toute ma vie.

Le page à qui je donnai cette lettre, l'étant allé porter à madame de Sévigny, la trouva endormie; et, comme il attendoit qu'on l'éveillât, Sévigny153 arriva de la campagne. Celui-ci ayant sçu de mon page, que je n'avois point instruit là-dessus, ne prévoyant pas que le mari dût arriver sitôt, ayant sçu, dis-je, qu'il avoit une lettre à rendre de ma part à sa femme, la lui demanda sans rien soupçonner, et, l'ayant lue à l'heure même, lui dit de s'en retourner, et qu'il n'y avoit nulle réponse à faire. Vous pouvez juger comme je le reçus, et je fus sur le point de le tuer, voyant le danger où il avoit exposé ma cousine, et je ne dormis pas une heure cette nuit-là. Sévigny, de son côté, ne la passa pas meilleure que moi; et le lendemain, après de grands reproches qu'il fit à sa femme, il lui défendit de me voir. Elle me le manda, et qu'avec un peu de patience tout cela s'accommoderoit un jour.

Six mois après, Sévigny fut tué en duel par le chevalier d'Albret154. Sa femme parut inconsolable de sa mort. Les sujets de le haïr étant connus de tout le monde, on crut que sa douleur n'étoit que grimace. Pour moi, qui avois plus de familiarité avec elle que les autres, je n'attendis pas si long-temps qu'eux à lui parler de choses agréables, et bientôt après je lui parlai d'amour, mais sans façon et comme si je n'eusse jamais fait autre chose. Elle me fit une de ces gracieuses réponses d'oracle que les femmes font d'ordinaire dans les commencemens, que ma passion, qui étoit assez tranquille, me fit paroître peu favorable; peut-être aussi l'étoit-elle, je n'en sçais rien. Que si madame de Sévigny n'avoit pas intention de m'aimer, on ne peut pas avoir plus de complaisance pour elle que j'en eus en ce rencontre. Cependant, comme j'étois son plus proche parent du côté le plus honorable, elle me fit mille avances pour être son mari; et moi, qui lui trouvois une manière d'esprit qui me réjouissoit, je ne fus pas fâché de demeurer sur ce pied-là auprès d'elle. Je la voyois presque tous les jours, je lui écrivois, je lui parlois d'amour en riant, je me brouillois avec mes plus proches pour servir de mon crédit et de mon bien ceux qu'elle me recommandoit; enfin, si elle eût eu besoin de tout ce que j'ai au monde, je lui aurois eu grande obligation de me donner lieu de l'en assister. Comme mon amitié ressembloit assez à l'amour, madame de Sévigny en fut assez satisfaite tant que je n'aimai point ailleurs; mais le hasard, comme je vous dirai ensuite, m'ayant fait aimer madame de Précy155, ma cousine ne me témoigna plus tant de tendresse qu'elle faisoit lorsqu'elle croyoit que je n'aimois rien qu'elle. De temps en temps nous avions de petites brouilleries, qui véritablement s'accommodoient, mais qui laissoient dans mon cœur, et je crois dans le sien, des semences de division au premier sujet que nous en aurions l'un ou l'autre, et qui même étoient capables d'aigrir des choses indifférentes. Enfin, s'étant présenté une occasion où j'avois besoin de madame de Sévigny, et où sans son assistance j'étois en danger de perdre ma fortune, cette ingrate m'abandonna et me fit en amitié la plus grande infidélité du monde. Voilà, mes chers, ce qui me fit rompre avec elle; et, bien loin de la sacrifier à madame de Monglas, comme on a dit, celle-ci, que j'aimois il y avoit déjà long-temps, m'empêcha de faire tout l'éclat que méritoit une telle ingratitude. Bussy ayant cessé de parler: «Qu'est-ce que c'est donc, lui dit Vivonne, que tout ce que l'on dit du comte du Lude et de madame de Sévigny? A-t-il été bien avec elle? – Avant que vous répondre à ceci, reprit Bussy, il faut que vous sçachiez ce que c'est que le comte du Lude.

Portrait de monsieur le comte du Lude 156

Il a le visage petit et laid, beaucoup de cheveux, la taille belle, et il étoit né pour être fort gras; mais la crainte d'être incommodé et désagréable lui a fait prendre des soins si extraordinaires pour s'amaigrir qu'enfin il en est venu à bout. Véritablement sa belle taille lui a coûté quelque chose de sa santé; il s'est gâté l'estomac par les diètes qu'il a faites et le vinaigre dont il a usé. Il est adroit à cheval, il danse bien, il fait bien des armes, il est brave, il s'est fort bien battu contre Vardes, et on lui a fait injustice quand on a douté de sa valeur. Le fondement de cette médisance est que, toute la jeunesse de sa volée ayant pris parti dans la guerre, il s'est contenté de faire une campagne en volontaire; mais cela vient de ce qu'il est paresseux et aime ses plaisirs. En un mot, il a du courage et n'a point d'ambition; il a l'esprit doux, il est agréable avec les femmes, il en a toujours bien été traité et il ne les aime pas long-temps. Les raisons que l'on voit de ses bonnes fortunes, outre la réputation d'être discret, sont la bonne mine, et d'avoir de grandes parties pour l'amour; mais ce qui le fait réussir partout sûrement, c'est qu'il pleure quand il veut, et que rien ne persuade tant les femmes qu'on aime que les larmes. Cependant, soit qu'il lui soit arrivé des malheurs tête à tête, soit que ses envieux veulent que ce soit sa faute de n'avoir point d'enfans, il ne déshonore pas trop les gens qu'il aime. Madame de Sévigny est une de celles pour qui il a eu de l'amour; mais, sa passion finissant lorsque cette belle commençoit d'y répondre, ces contre-temps l'ont sauvée: ils ne se sont pu rencontrer, et comme il l'a toujours vue du depuis, quoique sans attachement, on n'a pas laissé de dire qu'elle l'avoit aimé; et bien que cela ne soit pas vrai, c'étoit toujours le plus vraisemblable à dire. Il a été pourtant le foible de madame de Sévigny, et celui pour qui elle a eu plus d'inclination, quelque plaisanterie qu'elle en ait voulu faire. Cela me fait ressouvenir d'un couplet de chanson qu'elle fit, où elle faisoit parler ainsi madame de Sourdy157, qui étoit grosse:

 
On dit que vous avez tous deux
Ce qui rend un homme amoureux,
J'entends un honnête homme,
Et non pas celui que je sçai,
Qui ne sçait point le mal que j'ai.
 

Personne au monde n'a plus de gaîté, plus de feu, ni l'esprit plus agréable qu'elle. Ménage158, en étant devenu amoureux, et sa naissance, son âge et sa figure l'obligeant de cacher son amour autant qu'il pouvoit, se trouva un jour chez elle dans le temps qu'elle vouloit sortir pour aller faire quelque emplette. Sa demoiselle n'étant pas en état de la suivre, elle dit à Ménage de monter dans son carrosse avec elle, et qu'elle ne craignoit point que personne en parlât. Celui-ci badinoit en apparence, mais en effet étant fâché, lui répondit qu'il lui étoit bien rude de voir qu'elle n'étoit pas contente des rigueurs qu'elle avoit depuis si long-temps pour lui, mais qu'elle le méprisât encore au point de croire qu'on ne pouvoit dire rien de lui et d'elle. «Mettez-vous, lui dit-elle, mettez-vous dans mon carosse. Si vous me fâchez, je vous irai voir chez vous.» Comme Bussy achevoit ces dernières paroles, on vint dire à ces messieurs que l'on avoit servi sur table. Ils allèrent dîner, et, le repas s'étant passé avec la gaîté ordinaire, ils s'en allèrent dans le parc, où ils ne furent pas plutôt qu'ils prièrent Bussy de leur raconter l'histoire de madame de Monglas et de lui; ce que leur ayant accordé, il commença de cette manière:

135.Ce cantique n'est pas de Bussy; c'est une intercalation. Voir ce qui en est dit dans la Préface.
136.En 1659 ce n'étoit pas La Vallière que le roi aimoit. La Vallière, née le 6 août 1644, n'avoit encore que quinze ans. C'est en juin et en juillet 1661, trois ans après, que commencèrent à se former (ancien style) les nœuds de leur amour (Mottev., t. 5, p. 134). Roquelaure, le bouffon, le sceptique Roquelaure, y fut bien pour quelque chose.
  Dans ce premier couplet il s'agit de Marie Mancini et de sa grande bouche à dents blanches (Mottev., t. 4, p. 395).
137.Faguenas. S. M. Odeur fade et mauvaise sortant d'un corps malpropre ou malsain. Cela sent le faguenas. Il est familier et il vieillit. (Dictionnaire de l'Académie françoise, dernière édition.)
138.C'est Mademoiselle, et non la seconde femme de Gaston, Marguerite de Lorraine (fille de François II), née en 1613, mariée à Nancy le 31 janvier 1632, morte le 3 avril 1672; «dévote, négligente, froide», qui, à en croire madame de Motteville (t. 2, p. 231), «avoit de l'esprit et raisonnoit fortement sur toutes les matières dont il lui plaisoit de parler. Elle paroissoit, par ses discours, avoir du cœur et de l'ambition. Elle aimoit Monsieur ardemment, et haïssoit de même tout ce qui pouvoit lui nuire auprès de lui. Elle étoit belle par les traits de son visage, mais elle n'étoit point agréable.» Mademoiselle (t. 2, p. 297) cite d'elle un mot désagréable. Elle venoit de perdre un fils, le petit Valois (en 1652). Mademoiselle la trouve mangeant un potage, qui lui dit: «Je suis obligée de me conserver, je suis grosse!»
139.Mademoiselle de Vandy. «Elle a de l'esprit» (Montp., t. 4, p. 79, 1664). La Mesnardière (p. 49) l'appelle «gente Vandy» et «beauté cruelle». C'étoit l'amie intime de Mademoiselle (t. 3, p. 39), qui parle de sa «mine prude» (t. 3, p. 106), qui dit qu'elle «est bonne et prudente». C'est la princesse de Paphlagonie de mademoiselle de Scudéry (Montp., t. 3, p. 429). Bussy l'a toujours eue pour amie. De même il paroît avoir aimé Mademoiselle toute sa vie. Ces couplets ne peuvent lui appartenir.
140.On a confondu presque partout mademoiselle de La Mothe-Argencourt et mademoiselle de La Mothe-Houdancourt. L'une et l'autre furent aimées du roi, mademoiselle de La Mothe-Argencourt la première.
  Les Mémoires de Mademoiselle (t. 3, p. 272) font commencer les choses en 1658. Peut-être faut-il remonter jusqu'en 1657. Madame de La Mothe-Argencourt, la mère, habitoit Montpellier, elle y reçut toute la cour en 1660 (Montp., t. 3, p. 441).
  La fille «n'avoit ni une éclatante beauté, ni un esprit fort extraordinaire; mais toute sa personne étoit fort aimable. Sa peau n'étoit ni fort délicate, ni fort blanche; mais ses yeux bleus et ses cheveux blonds, avec la noirceur de ses sourcils et le brun de son teint, faisoient un mélange de douceur et de vivacité si agréable qu'il étoit difficile de se défendre de ses charmes. Comme, à considérer les traits de son visage, on pouvoit dire qu'ils étoient parfaits, qu'elle avoit un très bon air et une fort belle taille; qu'elle avoit une manière de parler qui plaisoit et qu'elle dansoit admirablement bien, sitôt qu'elle fut admise à un petit jeu où le roi se divertissoit quelquefois les soirs, il sentit une si violente passion pour elle que le ministre en fut inquiet.» (Motteville, t. 4, p. 401.) Elle étoit aimée alors de Chamarante et du marquis de Richelieu. Mazarin et Anne d'Autriche, effrayés de cette subite passion, et poussés vivement par la marquise de Richelieu, qui étoit jalouse, s'arrangent pour écarter la favorite. Mais la mère de la belle la veut jeter au cou du roi, même comme simple maîtresse, et cherche à négocier cela comme une affaire avec le ministre, qui apprend d'elle l'amour de Chamarante et celui du marquis de Richelieu, part de là, découvre au roi ses rivaux, et le retire, par ces artifices, d'une passion où il s'engageoit avec ardeur. Louis XIV trompé se montra dédaigneux. Peu après quelqu'un trouve un billet perdu: «Fouilloux dit que c'étoit de La Motte au marquis de Richelieu, qui en faisoit le galant depuis que le roi ne l'étoit plus. Cette pauvre fille pleura et cria les hauts cris, et désavoua le billet.» (1658, Montp., t. 3, p. 337.)
  La pauvre fille, qui n'avoit point failli, et qui avoit résisté même au roi, sentit sa vie troublée; elle prit goût à la vie religieuse dans la maison des Filles-Sainte-Marie de Chaillot, et s'y consacra. (Voyez, entre autres écrivains de ce genre, Dreux du Radier, 1782, t. 6, p. 363.) Mademoiselle de La Vallière devoit un jour la retrouver dans ces retraites.
  L'Alleluia en veut à mademoiselle de La Mothe-Argencourt, et non à la maréchale de La Motte-Houdancourt. Celle-ci (Louise de Prie, demoiselle de Toussy), née en 1624, aimée en 1646 de Condé (Voy. Lenet et un couplet méchant de Blot), étoit très belle, mais d'une beauté sévère, et elle étoit grande. Elle avoit épousé, le 21 novembre 1650, La Mothe-Houdancourt, né en 1605, mort en 1657; elle mourut le 6 janvier 1709, à quatre-vingt-cinq ans.
  «La maréchale de La Motte, honnête femme et de bonne maison, fut mise gouvernante de monseigneur le Dauphin. Ce ne fut nullement pour ses éminentes qualités: car, à dire le vrai, elles étoient médiocres en toutes choses. Elle étoit petite-fille de madame de Lansac, qui l'avoit été du roi. C'étoit un grand titre; mais il n'auroit pas été suffisant pour l'appeler à cette dignité si elle n'avoit été dans l'alliance de M. Le Tellier, comme proche parente de l'héritière de Souvré, qu'il avoit, depuis peu, fait épouser à son fils, le marquis de Louvois.» (Mottev., t. 5, p. 201.)
  C'est la nièce du maréchal, mademoiselle Anne-Lucie de La Mothe, ou de La Motte-Houdancourt, qui, en 1662, faillit, soutenue par la cabale de la comtesse de Soissons, l'emporter sur La Vallière, encore hésitante (Montp., t. 4 p. 33).
  «Dans ce même temps (commencement de 1662) le roi parut s'attacher d'inclination à mademoiselle de La Motte-Houdancourt, fille de la reine. Je ne sais si elle étoit dans son cœur subalterne à mademoiselle de La Vallière, mais je sais qu'elle causa beaucoup de changement dans la cour, plutôt par la force de l'intrigue que par la grandeur de sa beauté, quoiqu'en effet elle en eût assez pour pouvoir faire naître de grandes passions.» (Mott., t. 5, p. 168.)
  Le roi, à Saint-Germain, ne pouvoit entrer chez les filles d'honneur: il alloit causer avec mademoiselle de La Motte en passant par les cheminées; madame de Navailles, leur gouvernante, fit griller ces singuliers passages, et encourut pour toujours l'inimitié violente ou muette de Louis XIV.
  «On a dit que ce qui contribua beaucoup à fixer la destinée de mademoiselle de La Vallière fut que mademoiselle de La Motte balança quelque temps en faveur de la vertu, et qu'elle, au contraire, ayant alors cessé de se défendre, ce fut par sa foiblesse qu'elle vainquit.» (Mottev., t. 5, p. 174.)
  Le comte de Grammont aima La Motte quand il la vit si distinguée.
  «Il ne se rebuta point pour ses mauvais traitemens ni pour ses menaces; mais, s'étant témérairement obstiné dans ses manières, elle s'en plaignit. Il fut banni de la cour.» (Mém. de Grammont, ch. 5.)
  Plus tard, par l'entremise de La Feuillade, mademoiselle de La Motte épousa le marquis de la Vieuville, chevalier d'honneur de la reine. (Voy. le Journal du marquis de Sourches, t. 1, p. 233.)
  Mademoiselle de La Motte-Houdancourt, fille du maréchal, devint en février ou en mars 1671 (Voy. Sévigné) la femme du vilain duc de Ventadour. Elle étoit extrêmement belle (voilà bien des La Motte favorisées!), et ne fit pas un heureux ménage.
  Madame en parle dans ses lettres: «Madame de Ventadour (Charlotte-Eléonore-Madeleine de La M. H.) est devenue ma dame d'honneur il y a au moins seize ans, et elle m'a quittée deux ans après la mort de Monsieur. C'étoit un tour que me jouoit la vieille guenipe pour me faire enrager, parce qu'elle savoit que j'aimois cette dame; elle est bonne et agréable, mais ce n'est pas la femme la plus adroite du monde.»
  Madame de Ventadour fut la gouvernante de Louis XV, héréditairement.
141.Cette demoiselle Chemeraut, Chemerault ou Chimeraut, étoit la nièce de madame de la Bazinière, qui avoit porté le même nom et avoit été aussi fille d'honneur. On confond presque partout la nièce et la tante.
  La tante, Françoise de Barbezière, «la belle gueuse», fut espionne de Richelieu, puis maîtresse de Cinq-Mars. Benserade ménagea son mariage avec Macé Bertrand, sieur de la Bazinière, financier de basse naissance (Voy. les Variétés hist., t. 5, p. 90), qui lui permit de faire ce qu'elle voudroit. Elle voulut vendre quelque chose au surintendant d'Esmery. En 1651, je crois, une de ses demoiselles lui vole ses lettres: il y en avoit de d'Esmery, de Beaufort, de l'évêque de Metz (Henri, légitimé de France, fils de Gabrielle d'Estrées), de tout le monde enfin.
  Quand Cinq-Mars l'eut à sa discrétion, elle étoit au couvent (Tallem. des R., t. 2, p. 253). C'est le 23 novembre 1659 qu'elle dut se retirer, par ordre, au couvent du Chasse-Midy (Cherche-Midi). Une lettre de Henri Arnauld, écrite au président Barillon, fixe cette date, qui n'a rien d'intéressant, mais qui n'est pas celle que donne Tallemant (t. 2, p. 201).
  J'écris ces notes sur l'emplacement même de ce couvent du Chasse-Midy; il me semble voir ces ombres disparues, et malgré moi, malgré leurs erreurs, je me prends à demander pardon pour mademoiselle de Chemerault et ses émules. Somaize (t. 1, p. 43) a du courage: «illustre en beauté, dit-il de Basinaris, elle a beaucoup de vertu!» De vertu! Elle étoit riche et maigre. Le 27 février 1658 elle eut l'honneur de recevoir chez elle la reine de Suède.
  Elle avoit un frère, Geoffroy de Barbezière, sieur de la Roche-Chemerault (en Poitou). C'est le père de la seconde Chemerault, que Mademoiselle cite dès 1657 (t. 3, p. 200) parmi les filles de la reine-mère, et qui est la nôtre.
  Gourville (p. 521) dit qu'en 1656 le comte de Chemerault est mis à la Bastille. Il y a là de l'obscurité.
  N'importe, mademoiselle de Chemerault fut belle et courtisée. En 1661 elle danse les ballets connus de l'Impatience et des Saisons (Voy. Walck. t. 2, p. 490, et la Lettre de Mathieu Montreuil [t. 8 des Archives curieuses, 2e série, p. 314]). Quincy (t. 1, p., 385) met un comte de Chemerault parmi les morts de Sénef.
142.Les Bonnœil (Bonœil, Bonneuil) ont été de père en fils introducteurs des ambassadeurs (Tall., t. 3, p. 414; Gazette de France, à la date du mariage de Louis XIV; Sévigné, 26 avril 1680; Saint-Simon, t. 1, p. 410). Mademoiselle de Montpensier (t. 3, p. 264) parle de mademoiselle de Bonneuil comme fille d'honneur en 1658; ailleurs (t. 3, p. 200, 1657) elle cite Gourdon, Fouilloux, «Boismenil», Chemeraut et Meneville. Il y a probablement une erreur ici: Boismenil a été mal lu il faut restituer Bonneuil.
  Aux ballets de l'Impatience et des Saisons voici les noms des danseuses principales; mademoiselle de Bonneuil y figure: mademoiselle de Pons, mademoiselle de La Mothe, mademoiselle de Villeroi, mademoiselle de Montbazon, mesdames et mesdemoiselles Châtillon, Noailles, Brancas, Arpajon, de La Fayette, de Guiche, Fouilloux, Meneville, Chemerault, Bonneuil, et, «petite violette cachée sous l'herbe», La Vallière.
143.Est-ce du maréchal Clérambault qu'il s'agit? Bussy en a longuement parlé dans ses mémoires lorsqu'il s'appeloit Palluau.
  C'étoit un cavalier pourvu de toutes les qualités nécessaires au courtisan et à l'homme à la mode. Il étoit joueur (Gourville, p. 529); il avoit eu Ninon; il avoit aimé ardemment la comtesse de Chalais (Lenet, p. 238); il avoit de l'esprit salé. Mademoiselle l'aimoit. (Montp., t. 2, p. 111).
  Il resta fidèle au cardinal Mazarin et le servit heureusement, quoiqu'en dise ce couplet de Blot sous forme de santé:
  À ce grand mareschal de France,
  Favory de Son Eminence,
  Qui a si bien battu Persan,
  Palluau, ce grand capitaine,
  Qui prend un chasteau dans un an
  Et perd trois places par semaine.
  Le cardinal n'oublia pas ses services, et le voulut compter parmi ses conseillers intimes (La Fare).
  Il épousa Louise Françoise Bouthilier de Chavigny, qui, en 1669, «fut mise auprès de Mademoiselle (nièce de Louis XIV) pour être sa gouvernante, à la place de madame de Saint-Chaumont; elle étoit fille et femme de deux hommes qui avoient bien de l'esprit et savoient bien la cour. Pour elle, on disoit qu'elle étoit savante comme M. de Chavigny, son père.» (Montp., t. 4, p. 134)
  Elle étoit peut-être galante.
  Maréchale de Clérambault,
  Vous tranchez bien de la divine…
  Vous coquettez à tous venants,
  Malgré la laideur et les ans.
  Saint-Simon (dans ses Notes à Dangeau et dans ses Mémoires) revient plusieurs fois sur le portrait de la maréchale. Rien de plus singulier que cette femme. Les Lettres de Madame, qui l'aimoit, s'en occupent aussi. Elle ne mourut qu'à la fin de 1722.
  Saint-Simon, nomme un autre Clérambault (et c'est peut-être ici le vrai), René Gillier de Puygarrou, marquis de Clérambault (t. 1, p. 302), premier écuyer de madame la duchesse d'Orléans, qui avoit été épousé par amour de Marie-Louise de Bellenave, comtesse du Plessis.
  Catinat vit un Clérambault servir long-temps sous ses ordres (Mémoires de Catinat. t. 1, p. 68; t. 2, p. 25; t. 3, p. 146), et le poussa en avant.
  Dangeau (t. 5, p. 366) parle d'une demoiselle de Clérambault, fille du Clérambault «dont la naissance étoit légère» et que la comtesse du Plessis avoit épousé par amour. Elle se maria, en février 1696, avec le duc de Luxembourg, fils du maréchal. Les Palluau étoient d'une famille de robe.
144.Voiture, le 4 décembre 1633, écrit à M. de Gourdon, en Angleterre. C'est sans doute Georges Gourdon, marquis de Huntley, qui, en 1625 étoit commandant de la compagnie des Ecossois (Daniel, t. 2, p. 256). Depuis long-temps les Gordon jouoient un grand rôle en Ecosse; ce que prouve ce passage de la Marie Stuart de M. Mignet (édit. in-18, t. 1, p. 120): «Les Gordon exerçoient dans les districts du nord autant d'autorité que les Hamilton dans ceux de l'ouest. Huntly avoit comploté la mort du comte de Mar et du secrétaire Lethington, et il avoit songé à marier son deuxième fils, John Gordon, avec la reine.»
  Forbin, en 1675, cite un chevalier de Gourdon, son camarade, joueur et pauvre. Les Gourdon partagèrent la fortune des Stuarts. En 1685, un Gourdon est à la poursuite d'Argyle. Le 5 mai 1689, Dangeau met dans son journal: «Le duc de Gourdon continue à se défendre dans le château d'Edimbourg, où il est assiégé.»
  Mademoiselle de Gourdon (Guordon, Gordon) fut d'abord fille d'honneur de la reine-mère, puis dame d'atours de Henriette d'Angleterre, de la seconde Madame (Sourches, t. 1, p. 206).
  Elle est fille d'honneur dès la Fronde. En 1652, le peuple pille ses bagages (Loret, mois de mai). En 1658, Mademoiselle, qui dit (t. 3, p. 285) qu'elle est assez considérée, en parle de cette manière: «Je l'avois vue auprès de madame la princesse, où la reine l'avoit mise parcequ'elle ne vouloit pas être religieuse. C'est une fille d'une maison de qualité d'Ecosse, et, lorsque M. le Prince fut arrêté, elle ne voulut pas suivre madame la princesse; la reine la prit.»
  Peu après elle ajoute (t. 3, p. 300) que Monsieur «ne s'amuse qu'à faire des habits à mademoiselle de Gourdon».
  Ce que confirment les Portraits de la Cour (V. la Collection Cimber et Danjou): «Il a eu avant son mariage beaucoup d'amitié pour madame de Gourdon, et la reine, pour découvrir ses sentimens, luy dit un jour qu'il sembloit qu'il fust amoureux de cette dame, à cause qu'il luy avoit envoyé des pendans d'oreilles de quatre mille écus en estreine au premier jour de l'an. Il respondit que, pour beaucoup d'amitié et de compassion, il en avoit véritablement pour une pauvre estrangère hors de son pays et sans biens.»
  Mademoiselle de Gourdon ne plaisoit pas à tout le monde:
  Je me connois en ange:
  Gourdon ne l'est pas,
  dit un refrain (Nouveau Siècle de Louis XIV, p. 80) de 1662.
  Madame de Lafayette, introduisant dans une lettre (décembre 1672) la seconde Madame: «Elle se mit, dit-elle, sur le ridicule de M. de Meckelbourg d'être à Paris présentement, et je vous assure que l'on ne peut mieux dire. C'est une personne très opiniâtre et très résolue, et assurément de bon goût, car elle hait madame de Gourdon à ne la pouvoir souffrir.»
  Madame, en effet, l'accuse dans ses lettres d'être rêveuse, bizarre (18 février 1716), l'appelle méchante et dit qu'elle calomnia la première Madame auprès de Monsieur (13 juillet 1716).
  Beuvron passe pour avoir joui de cette belle anglaise.
145.D'abord on chante (Rec. de Maurepas, t. 4, p. 271):
  Fouilloux, sans songer à plaire,
  Plaît pourtant infiniment
  Par un air libre et charmant.
  En 1692 on parle, toujours dans les chansons, de «sa rouge trogne»; on dit:
  Aussi rouge qu'une écrevisse,
  ou bien: «C'est Baron qui l'enivre». «Elle étoit grande et fort éclatante (Sourches, t. 1; p. 39) mais plus belle de loin que de près. Elle eut ensuite la petite vérole, qui la rendit extrêmement laide, et elle n'eut pas d'enfants.» Ainsi passe la beauté des dames.
  Bénigne de Meaux du Fouilloux (V. la notice de M. de la Morinerie) avoit un frère que les Mémoires de M. de *** (p. 531) nomment «le Fouilloux», que la table du premier volume de Quincy nomme «Fouilleuse», que le texte (t. 1, p. 158) nomme «M. de Fouilleux», qui étoit enseigne des gardes de la reine, rustique, mais spirituel et gaillard (Tallem., t. 1, p. 355). Après avoir fait rougir les filles de la reine par ses mots vigoureux, il fut tué de la propre main de Condé, paroît-il, au combat du faubourg Saint-Antoine (V. Mottev., t. 4, p. 338). «C'estoit une espèce de favori que le cardinal poussoit auprès du roi» (Montp., t. 2, p. 274).
  Le roi eut toujours de l'amitié pour mademoiselle du Fouilloux. Son nom étoit fameux en province. En 1662, à Uzès, Racine le vante (Lettre à La Fontaine). Louis XIV l'accabla de prévenances (V. Lettre à Talbot en mai 1664, t. 5 des Œuvres, p. 184); le 16 mars 1661, il lui donne 50,000 écus sur un pot de vin des gabelles (V. le Journal des bienfaits du Roi, et Choisy, p. 592). Devenue marquise d'Alluye (1697), elle fut l'intime amie de la comtesse de Soissons (Choisy, p. 610), avec qui elle fut compromise un moment et s'exila lors de l'affaire des poisons (Sévigné, lettre du 26 janvier 1680).
146.D'Alluye (Somaize, t. 1, p. 94) a inventé l'expression: «Je suis pénétré de vos sentiments; je suis pénétré de votre douleur». il étoit de la Société de l'hôtel de Rambouillet.
  Estre d'une grande naissance,
  lui écrivoit Beauchâteau en 1657,
  Avoir du bel esprit le pur raffinement,
  Faire dans les combats esclater sa vaillance,
  Vivre à la cour et sans empressement,
  Marquis, croyez asseurement
  Que c'est de vous ce que l'on pense.
  La maison d'Escoubleau (ce nom vient d'un château de Châtillon-sur-Sèvre) s'étoit divisée en deux branches: celle de Sourdis, et, au XVe siècle, celle d'Alluye, qui se réunirent.
  Paul d'Escoubleau, marquis d'Alluye, étoit le deuxième fils de Charles d'Escoubleau de Sourdis, marquis d'Alluye, gouverneur d'Orléans, dont nous avons parlé. Son frère aîné, le marquis d'Alluye, étoit mort en campagne au mois d'août 1638 (Montglat, p. 68). Il devint, par cette mort, marquis d'Alluye. «Ne pouvant avoir la survivance du gouvernement d'Orléans», il se fait frondeur en 1649 (Montglat, p. 206). C'est chez lui que se rassemblent les nobles qui protestent alors contre les tabourets de certaines personnes titrées. «Mardi matin, 5 octobre, encore assemblée de la noblesse opposante, que l'on appelle anti-tabouretiers, chez le marquis de Sourdis, lui absent, et son fils, le marquis d'Alluye, présent.
  «Jeudi 7, la noblesse opposante aux tabourets s'assemble encore chez le marquis d'Alluye, en l'hôtel de Sourdis.» (Mém. manusc. de Daubuisson-Aubenay, ms. Bibl. Maz. H. 1719, in-fol.)
  Il avoit lui-même, avant d'entrer dans la Fronde, nettement indiqué ses prétentions (Mottev., t. 3, p. 259). «M. le marquis d'Alluye demande qu'on retire, par récompense, de M. de Tréville, le gouvernement du comté de Foix, qu'il a perdu par la mort du comte de Cramail, son grand-père, qui l'avoit acheté, et qu'on lui donne la survivance de celui du marquis de Sourdis, son père.»
  Le refus de la cour le fait entrer dans la cabale du duc d'Orléans (Aubery, liv. 5, p. 423).
  Quand les troubles s'apaisent, d'Alluye est de toutes les fêtes (V. Loret et les Ballets de Benserade). Il se jeta très courageusement dans la galanterie. Il n'aimoit pas la guerre, quoi qu'en dise Beauchâteau, et ne l'avoit apprise qu'à contre-cœur en 1644. Il aima d'abord madame de Boussu, que Guise épousa et délaissa. «Ce M. le marquis, dit Tallemant, se vante de sçavoir un secret pour entrer partout.» Il s'en servit pour entrer le premier chez madame de Saint-Germain Beaupré. (Agnès de Bailleul), belle-sœur du maréchal Foucault. Les logements de la cour (1659) placent M. de Saint-Germain Beaupré et M. d'Alluye au château de Saint-Germain, «l'un sur le devant, l'autre sur le derrière.»
  D'Alluye étoit lié avec madame Cornuel (Tallem. t. 9, p. 51); c'est bien le moins, puisqu'elle étoit si liée avec son bon homme de père. On est autorisé à le croire un peu philosophe lorsqu'on lit dans Tallemant (t. 8, p. 89): «La veille de Pâques fleurie, madame de Saint-Loup, M. de Candale, la comtesse de Fiesque, le marquis de la Vieuville, mademoiselle d'Outrelaise, parente de Fiesque, et le marquis d'Alluye, furent manger du jambon, un matin, aux Tuileries.»
  On est autorisé à ne pas le croire très belliqueux (et nous ne l'en blâmerons pas), lorsqu'on rencontre ce couplet:
  D'Alluy s'en va dans Orléans
  Au moindre petit bruit de guerre:
  C'est un fort bon gouvernement,
  Qui n'est point dessus la frontière;
  Si par hasard il y étoit,
  Au diable si l'on l'y voyoit!
  Il est fâcheux que viennent après cela ces trois vers:
  Gloire au brave marquis d'Alluy
  Et au triste Montluc, son frère:
  Ce sont deux grands donneurs d'ennui.
  L'amitié que d'Alluye avoit pour mademoiselle de Fouilloux étoit comme le secret de Polichinelle; tout le monde en connoissoit les détails. Le marquis de Sourdis n'approuva pas leur mariage.
  Après la mort de son père, d'Alluye garda son nom, sous lequel il étoit depuis si long-temps connu. Il fut, comme sa femme, l'ami de la comtesse de Soissons et l'ennemi de La Vallière (Mottev., t. 5, p. 174).
  En 1680, il est exilé à Amboise, dit madame de Sévigné (16 février 1680). Elle se rétracte (le 21 février) et dit qu'il est à Hambourg. «Il parloit trop.»
147.Un Méneville, lieutenant de la mestre de camp (aux gardes) est tué à Castelnaudary en 1632 (Daniel, t. 2, p. 282); mademoiselle de Meneville est peut-être sa fille.
  En 1654 commence l'amour de Brion.
  En 1656 mademoiselle de Meneville a la rougeole. Loret dit:
  Agréable sujet d'amour,
  Des plus beaux qui soient à la cour.
  Et un vaudeville ajoute:
  Cachez-vous, filles de la Reine,
  Petites,
  Car Méneville est de retour,
  M'amour,
  vaudeville que commente, en 1657, mademoiselle de Montpensier (t. 3, p. 200).
  «Les filles de la Reine sont toutes bien faites et assez jolies. Méneville est fort belle. La reine me fit l'honneur de me parler de ses amours avec le duc de Damville, dont j'avois entendu parler (il y avoit déjà trois ou quatre ans que cela duroit), et que de trois en trois mois Damville disoit qu'il la vouloit épouser. Madame la duchesse de Ventadour, sa mère, ne le vouloit pas. Jamais homme ne s'est trouvé à cinquante ans n'être pas maître de ses volontés et ne se pouvoir marier à sa fantaisie. La reine me conta que Meneville n'osoit sortir la plupart du temps; que, quand il alloit à quelque voyage, il lui laissoit son aumônier pour lui dire la messe et pour la garder. Jamais galanterie n'a été menée comme celle-là.»
  Madame de Motteville (t. 5, p. 76), à la date de 1661, entre dans des détails qui suffisent:
  «Le duc de Damville, le Brion de jadis, mourut aussi dans ce même temps. Par sa mort il échappa des chaînes qu'il s'étoit imposées lui-même, en s'attachant d'une liaison trop grande à mademoiselle de Méneville, fort belle personne, fille d'honneur de la reine-mère. Il lui avoit fait une promesse de mariage, et ne la vouloit point épouser. Le roi et la reine-mère le pressant de le faire, il reculoit toujours, et, quand il mourut, sa passion étoit tellement amortie qu'il avoit fait supplier la reine-mère de leur défendre à tous deux de se voir. Il offroit de satisfaire à ses obligations par de l'argent; mais elle, qui espéroit d'en avoir par une autre voie, vouloit qu'il l'épousât pour devenir duchesse. La fortune et la mort s'opposèrent à ses désirs, et la détrompèrent de ses chimères. Son prétendu mari s'étoit aperçu qu'elle avoit eu quelque commerce avec le surintendant Fouquet, et qu'elle avoit cinquante mille écus de lui en promesses. Elle ne les reçut pas, et perdit honteusement en huit jours tous ses biens, tant ceux qu'elle estimoit solides que ceux où elle aspiroit par sa beauté, par ses soins et par ses engagemens. Ils paroissoient honnêtes à l'égard du duc de Damville, et n'étoient pas non plus tout à fait criminels à l'égard du surintendant. On le connut clairement, car il arriva pour son bonheur que l'on trouva de ses lettres dans les cassettes du prisonnier qui justifièrent sa vertu. Pour l'ordinaire, les dames trompent les hommes par de beaux semblants, et, ne les considérant point en effet, leur font le moins de libéralités qu'elles peuvent; mais toutes ces choses sont toujours mauvaises devant Dieu et honteuses devant les hommes.»
148.Seigneur franc et bien sincère,
  dit Loret; «fort bon garçon», dit Mademoiselle (t. 2, p. 432). De son nom François-Christophe de Lévis, comte de Brion, parent de la Vierge comme tous les Lévis, ce que tous les Lévis affirment et ce que Scarron garantit.
  Il fut créé duc de Damville (Dampville, écrivoit Gaston) après la mort de son oncle maternel, Henri II de Montmorency. La duché-pairie de Damville fut achetée le 27 novembre 1694, et réérigée pour le comte de Toulouse (Saint-Simon, t 1, p. 142).
  Brion avoit été toute sa vie à Monsieur, dont il étoit premier écuyer (Montp., t. 3, p. 457). Il joua un certain rôle dans la Fronde (Retz, p. 331), «avec fort peu d'esprit (Retz, p. 32) et beaucoup de routine». Il a voulu «de jour en jour» (il faisoit tout de jour en jour) épouser madame de Chalais, sœur de Jeannin. Il avoit été capucin. Il voulut aussi épouser mademoiselle d'Elbeuf, et ne put se résoudre ni à la quitter ni à l'épouser. Quand on le pressoit, il se déclaroit malade. Lorsqu'il aima Meneville, ce furent les mêmes pratiques. Tout cela n'indique pas un héros. Il dansoit agréablement et se déguisoit au besoin (Mottev., t. 2, p. 327; Loret, février 1657).
  Il avoit fait bâtir dans l'enclos du Palais-Royal un petit palais fort commode, dont Louis XIV se servit quelquefois pour ses aventures particulières.
149.Voir les lettres de madame de Sévigné et de Bussy.
150.Née à Paris, place Royale, le 5 février 1626. Par exemple, nous ne parlerons pas long-temps de celle-là. Quel écrivain! quel esprit! et pour nous quelle source abondante! Napoléon, qu'on a voulu faire et qui n'est pas un oracle en littérature, lui préfère madame de Maintenon. C'est loin d'être la même chose, cela soit dit sauf le respect que nous devons à un aussi solide écrivain que madame de Maintenon.
  Bussy s'est repenti d'avoir fait la guerre à sa cousine. Il n'étoit pas seul à croire que le comte de Lude l'aimoit avec profit. Voici un couplet qui est de la même opinion. Il faut avouer que le couplet peut n'être qu'un écho de l'Histoire amoureuse:
  Froulay, Brégis, l'Archevesque et Bonnelle,
  Montmorillon, Thoré,
  Chastillon et Condé,
  Pommereuil et Gondy,
  De Lude et Sevigny,
  Saint-Faron et Montglas,
  Font l'amour sans soupirs, sans larmes, sans hélas!
  Madame de Sévigné est la Sophronie de Somaize (t. 1, p. 221):
  «Sophronie est une jeune veuve de qualité. Le mérite de cette précieuse est égal à sa grande naissance. Son esprit est vif et enjoué, et elle est plus propre à la joye qu'au chagrin; cependant il est aisé de juger par sa conduite que la joye, chez elle, ne produit pas l'amour: car elle n'en a que pour celles de son sexe, et se contente de donner son estime aux hommes; encore ne la donne-t-elle pas aisément. Elle a une promptitude d'esprit la plus grande du monde à connoistre les choses et à en juger. Elle est blonde, et a une blancheur qui répond admirablement à la beauté de ses cheveux. Les traits de son visage sont déliez, son teint est uny, et tout cela ensemble compose une des plus agreables femmes d'Athènes (Paris). Mais, si son visage attire les regards, son esprit charme les oreilles, et engage tous ceux qui l'entendent ou qui lisent ce qu'elle écrit. Les plus habiles font vanité d'avoir son approbation. Ménandre (Ménage) a chanté dans ses vers les louanges de cette illustre personne; Crisante (Chapelain) est aussi un de ceux qui la visitent souvent. Elle aime la musique et hait mortellement la satyre. Elle loge au quartier de Léolie» (au Marais, rue Saint-Anastase, d'abord).
151.Tout encore a été dit sur cette femme. Amie de Molière, elle devina Voltaire; elle eut de l'esprit autant que Madame Cornuel; elle étoit réellement l'institutrice de tous les jeunes seigneurs de la cour. La Fare, juge d'un goût délicat, a dit: «Je n'ai point vu cette Ninon dans sa beauté; mais à l'âge de cinquante ans, et même jusques audelà de soixante-dix, elle a eu des amans qui l'ont fort aimée, et les plus honnêtes gens pour amis. Jusqu'à quatre-vingt-sept elle fut recherchée encore par la meilleure compagnie de son temps. Elle est morte avec l'agrément de son esprit, qui étoit le meilleur et le plus aimable que j'aye connu en aucune femme.»
  Et les chansons, si souvent méchantes:
  On ne verra de cent lustres
  Ce que de notre temps nous a fait voir Ninon,
  Qui s'est mise, en dépit du …
  Au nombre des hommes illustres.
  Mettons deux portraits à côté l'un de l'autre: le premier de Somaize (t. 1, p. 176): «Pour de la beauté, quoy que l'on soit assez instruit qu'elle en a ce qu'il en faut pour donner de l'amour, il faut pourtant avouer que son esprit est plus charmant que son visage, et que beaucoup échapperoient de ses mains s'ils ne faisoient que la voir; et c'est cette aimable qualité qui a si long-temps attaché Gabinius (Guiche) auprès d'elle. Cette illustre personne est connue pour un des plus accomplis courtisans, et il est vray qu'il ne la cherchoit que pour son esprit, non pas dans la pensée, que beaucoup ont eue, qu'il y avoit quelque intrigue entre eux, ce que l'on n'a jamais que soupçonné sur les conjectures de ses visites.»
  Le second, de Saint-Simon (t. 5, p. 63), à la date de 1705, année où mourut Ninon: «Ninon eut des amis illustres de toutes les sortes, et eut tant d'esprit qu'elle se les conserva tous, et qu'elle les tint unis entre eux, ou pour le moins sans le moindre bruit. Tout se passoit chez elle avec un respect et une décence extérieures que les plus hautes princesses soutiennent rarement avec des faiblesses. Elle eut de la sorte pour amis tout ce qu'il y avoit de plus frayé et de plus élevé à la cour, tellement qu'il devint à la mode d'être reçu chez elle, et qu'on avoit raison de le désirer par les liaisons qui s'y formoient. Jamais ni jeu, ni ris élevés, ni disputes, ni propos de religion ou de gouvernement, beaucoup d'esprit et fort orné, des nouvelles anciennes et modernes, des nouvelles de galanteries, et, toutefois, sans ouvrir la porte à la médisance; tout y étoit délicat, léger, mesuré, et formoit les conversations qu'elle sut soutenir par son esprit et par tout ce qu'elle sçavoit de faits de tout âge. La considération, chose étrange! qu'elle s'étoit acquise, le nombre et la distinction de ses amis et de ses connoissances, continuèrent quand les charmes cessèrent de lui offrir du monde, quand la bienséance et la mode lui défendirent de plus mêler le corps avec l'esprit. Elle sçavoit toutes les intrigues de l'ancienne et de la nouvelle cour, sérieuses et autres; sa conversation étoit charmante; désintéressée, fidèle, secrète, sûre au dernier point, et, à la foiblesse près, on pouvoit dire qu'elle étoit vertueuse et pleine de probité. Elle a souvent secouru ses amis d'argent et de crédit, est entrée pour eux dans des choses importantes, a gardé très fidèlement des dépôts d'argent et des secrets considérables qui lui étoient confiés. Tout cela lui acquit de la réputation et une considération tout à fait singulières.
  Elle avoit été amie intime de madame de Maintenon tout le temps que celle-ci demeura à Paris. Madame de Maintenon n'aimoit pas qu'on lui parlât d'elle, mais elle n'osoit la désavouer. Elle lui a écrit de temps en temps jusqu'à sa mort avec amitié.»
152.Devant Gênes (en 1638) tombe un «Esquilli, cadet de Vassé» (Montglat, p. 72). Lisez Ecqvilly (Retz), et surtout Esquevilly.
  Les Vassé, très ancienne maison du Maine, nommoient leur aîné Vidame du Mans, et leur cadet d'Ecquevilly. Le d'Ecquevilly mort à Gênes est un cadet du père de Vassé. Retz parle des Vassé comme de ses parents, et madame de Sévigné s'honore de leur alliance (Lettres de 1688).
  Vassé (Henri-François, mort en 1684) eut d'abord la présidente l'Escalopier, dont il faut lire l'historiette (Tallem. des Réaux, deuxième édit., t. 6, p. 175). Cela fit un bruit terrible. Vassé étoit étourdi. Il fit l'amoureux de madame de Sévigné (t. 7, p. 217).
  Rouville l'appeloit «Son Impertinence».
  Ninon, lui trouvant l'haleine forte, le blâmoit d'en être si libéral. Vassé étoit d'une belle humeur; il enleva un jour, pour rire, une jeune mariée.
  On ne peut les punir assez,
  Ces godelureaux, ces Vassez.
  Mais à tout péché miséricorde! Le 20 janvier 1651, Loret prend la parole pour annoncer que
  L'on dit encor que Vassé mesmes
  N'a plus de dessein pour la Tresmes,
  Mais pour la jeune de Lansac.
  Il épousa en effet Marie-Magdeleine de Saint-Gelais, fille du marquis de Lansac.
  Le temps des guerres civiles étoit venu. En 1649, Vassé commanda un régiment de cavalerie (Retz, p. 134). Cette même année il fait partie des nobles assemblés pour l'affaire des tabourets, et dont voici la liste. Il y a là bien des noms de connoissance:
  Orval, Saint-Simon, La Vieuville, Vassé, Vardes, Leuville, Montrésor, Orval, Cœuvres, Brancas, Fontenay, Clermont-Tonnerre, Argenteuil, Louis de Mornay, Villarseaux, La Vieuville, Montmorency, Roussillon, Savignac, de Béthune, Humières, le chevalier de Caderoux, Ligny, Termes, Spinchal, Hautefort, Châteauvieux, de Vienne, La Vieuville, Saint-Simon, commandeur de Canion, de Rouxel, de Medavy, de l'Hôpital, de Crevant, Seguier, le chevalier de La Vieuville, d'Alluye, Marginor, Froulay, Monteval, d'Hautefort, d'Aspremont, Vandy, de La Chapelle, Argenteuil, Thiboust, de Boissy, Congis-Moret, Sévigné, Rouville, Saint-Simon, Mallet, Moreil, Caumesnil, Sévigné, Somon, Congis, de Clermont, Monglat, Canaple, Largille, Maulevrier, d'Albret (Omer Talon, p. 367).
  En 1652 (Montp., t. 2, p. 232) le marquis de Vassé est mestre de camp du régiment de Bourgogne.
  On auroit de la peine à écrire les annales de sa vie.
  En 1680 (2 février) madame de Sévigné écrit: «J'avois préparé un petit discours raisonné et je l'avois divisé en dix-sept points comme la harangue de Vassé.» L'allusion n'est pas pour nous. Le fils de Vassé (vidame du Mans) épousa la deuxième fille du maréchal d'Humières, qui se remaria à Surville, cadet d'Hautefort (Saint-Simon, t. 3, p. 188). Vassé survécut à son fils, dont la veuve prit le nom lorsque le père fut mort à son tour. Elle avoit un fils (Sourches, t. 2, p. 71).
  Les bibliophiles connoissent le Catalogue de la Bibliothèque de la marquise de Vassé en 1750.
153.Voyez Walckenaer (t. 1, p. 21, 186, 269, 275, 276, 278, 285, 286, etc.): «Ce Sevigny n'étoit point un honnête homme.» (Tallem. des Réaux, chap. 244.)
154.François Amanieu, seigneur d'Ambleville, tué lui-même en duel en 1672, cadet de Miossens, qui fut maréchal d'Albret.
  Il courtisoit madame de Gondran, maîtresse de Sévigné, et ne pouvoit souffrir de ne réussir pas. Un jour il apprend que Sévigné a dit à madame de Gondran que c'étoit un amoureux sans vigueur, un Candale, un Guiche; il envoie Saucourt, un bon patron, demander des excuses. Sévigné nie avoir dit le mal, mais refuse de s'excuser. Le duel fut arrêté ainsi et eut lieu derrière le couvent de Picpus (Voy. Conrart, p. 86), le vendredi 3 février 1651 à midi; Sévigné y trouva la mort, à vingt-sept ans.
  Si madame de Gondran ne prit pas des voiles de veuve, M. de Gondran, ami de Sévigné, le regretta innocemment.
155.Je ne sais rien de particulier sur cette dame.
156.Madame de Sévigné badine à plusieurs reprises (par exemple, le 1er mars 1680) sur la liaison qu'on supposoit avoir existé entre elle et M. du Lude. Il resta son ami.
  Du Lude a mérité les éloges que Bussy lui donne. Il étoit galant et honnête; la marquise de Gouville (1655) et madame de La Suze (Somaize, t. 1, p. 67) ont accepté ses hommages. Favori du roi de bonne heure, et long-temps, du Lude, à l'Arsenal, où il logea en qualité de grand-maître de l'artillerie, réunissoit une société qui gardoit le culte des divinités adorées à l'hôtel de Rambouillet (Walck., t. 4, p. 131).
  On voit sous Louis XI un Jean de Daillon, «maître Jean des Habiletez», disoit le roi, qui faisoit argent de tout. C'est un aïeul. Le père de du Lude, gouverneur de Gaston, épousa une Feydeau, qui lui donna cent mille pistoles (trois millions). (V. Amelot de la Houssaye, t. 2, p. 170.) Il étoit camarade de Théophile et de Desbarreaux (Tallem., t. 4, p. 46).
  En 1648 et 1649 Retz et Mazarin se servent du canal de madame du Lude la mère pour leurs conférences: «À l'égard de ces fréquentes et réglées visites chez la comtesse du Lude, elles ne passoient que pour des rendez-vous de galanterie: On les attribuoit aisément au mérite de mademoiselle du Lude, sa fille, qui étoit une très belle personne. (Aubery, liv. 5.)
  Du Lude le fils, Henri de Daillon, grand diseur de mots fins (Menagiana), beau danseur, un Achille au jeu de la bague, épousa d'abord Éléonore de Bouillé.
  «Toujours dans ses terres, elle ne se plaisoit qu'aux chevaux, qu'elle piquoit mieux qu'un homme, et chasseuse à outrance. Elle faisoit sa toilette dans son écurie et faisoit trembler le pays. Vertueuse pour elle, et trop pour les autres, elle fit châtrer un clerc en sa présence, pour avoir abusé, dans son château, d'une de ses demoiselles, le fit guérir, lui donna dans une boîte ce qu'on lui avoit ôté et le renvoya.» (Saint-Simon, Notes à Dangeau.)
  En secondes noces (1681) il épousa la veuve du comte de Guiche, qui avoit alors trente-huit ans, et qui mourut le 25 janvier 1726. On la fit dame d'honneur de la Dauphine. Le roi l'avoit aimée (Saint-Simon, t. 1, p. 217, et La Fare), et il ne cessa de la considérer, de bien traiter son mari.
  Le comte du Lude, sans exploits militaires, avoit conquis des grades. Pour le dédommager de ce qu'il n'avoit pas été compris dans la promotion des maréchaux nommés le 30 juillet 1675, il avoit été déclaré duc le lendemain. Il étoit chevalier des ordres du roi et premier gentilhomme de la chambre. De 1669 à 1685 (Daniel, t. 2, p. 553) il occupa le poste de grand-maître de l'artillerie.
  En 1685 il dut se faire traiter pour la fistule hémorrhoïdale (Sourches, t. 1, p. 82), non sans soupçon de quelque vieux vice italien. Sa femme, à ce moment, le flattoit d'une grossesse qui se trouva fausse. Il mourut en août 1685 et laissa «une grosse dépouille».
  Abraham du Pradel nomme madame du Lude parmi les grandes dames qui aimoient et recherchoient les curiosités.
157.Jeanne de Montluc, comtesse de Carmain (Cramail ou Cramailles), mariée à Charles d'Escoubleau-Sourdis, marquis d'Alluye, morte le 2 mai 1657.
158.Je ne peux pas donner ici une large place à un pédant, quelque amoureux qu'il ait été. On lit dans le Menagiana inédit (de La Monnoye) ce passage qui nous concerne:
  «C'est un bel esprit que M. de Bussy-Rabutin, mais il ne sçavoit rien. Son histoire des Amours des Gaules est toute remplie de fables et de mensonges.»
  Etc., etc.
  «Comme les poètes sont susceptibles de colère, j'ai fait cette épigramme contre M. de Bussy:
  Francorum proceres media, quis credet! in aula,
  Bussiades scripto læserat horribili;
  Pœna levis! Lodoix, nebulonem carcere claudens,
  Retrahit indigno munus equestre duci.
  Sic nebulo gladiis quos formidaret iberis
  Quos meruit francis fustibus eripitur.»
  Oui, Vadius, vous écrasâtes votre ennemi sous des vers d'un tel poids.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
30 haziran 2017
Hacim:
471 s. 2 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain