Kitabı oku: «La Dernière Mission Du 7ème De Cavalerie», sayfa 6
Chapitre dix
Il faisait presque nuit lorsqu’ils pénétrèrent dans la petite clairière, à trois kilomètres et quelque de leur camp au bord de la rivière.
“Mon Dieu,” dit Sharakova, “qu’est-ce qui lui est arrivé?”
“Il a été torturé,” dit Alexander. “Une mort lente et douloureuse.”
Six membres de la section, plus Tin Tin Ban Sunia et Liada, se tenaient près du corps et le regardaient. Le reste de la section était resté au camp avec Kawalski.
Une dizaine de fantassins attendaient à proximité, surveillant les bois environnants.
Autumn prit un foulard jaune et bleu pour couvrir les parties du capitaine, du moins ce qui en restait.
“Des bêtes enragées,” murmura-t-elle en le recouvrant du foulard.
“Est-ce qu’ils ont fait ça parce qu’on en a tué un paquet d’entre eux sur la piste? Demanda Sharakova.
“Non,” dit Alexander. “Il est mort depuis plusieurs jours. Je pense qu’ils l’ont tué dès qu’il a atterri.”
“Ils ont dû le voir descendre et l’ont capturé quand il a touché le sol,” dit Autumn. “Mais est-ce qu’ils avaient besoin de le torturer comme ça?” Son corps était couvert de blessures et contusions.
“Je ne sais pas,” dit Alexander, “mais il faut qu’on le fasse enterrer. On n’est pas assez nombreux pour repousser une attaque d’envergure.” Il jeta un coup d’oeil aux bois environnants qui disparaissaient dans l’obscurité. “Pas ici.”
“On ne peut pas l’enterrer tout nu.” dit Sharakova.
“Pourquoi pas?” suggéra Lojab. “C’est comme ça qu’il est venu au monde.”
“J’ai une couverture Mylar dans mon sac à dos,” dit Joaquin en tournant le dos à Sharakova. “Elle est dans ma poche de côté.”
Lorsqu’elle retira la couverture pliée très serrée, un long objet tomba de son sac. “Oh, désolé, Joaquin.” dit-elle en s’agenouillant pour le ramasser.
Tin Tin Ban Sunia remarqua l’instrument brillant, et ses yeux s’agrandirent. Elle donna un petit coup de coude à Liada. Liada le vit aussi, et de toute évidence elles voulaient toutes les deux demander ce que c’était, mais elles décidèrent que le moment était mal choisi.
Sharakova tendit l’instrument à Joaquin, et il dépoussiéra le métal poli, puis lui sourit. “Pas de souci.”
Elle étendit la couverture argentée au sol, tandis que les autres commençaient à rendre la terre plus malléable avec leurs couteaux pointus. Ils commencèrent à creuser la tombe à la main. Tin Tin and Liada prêtèrent main forte, et bientôt le trou atteignit un mètre de profondeur par deux mètres de longueur.
“Ca suffira.” dit Alexander.
Ils placèrent le corps du capitaine sur la couverture et la replièrent sur lui. Après l’avoir délicatement déposé dans la tombe, Autumn se mit au pied de la tombe et ôta son casque.
“Notre Père, qui êtes au cieux…”
Les autres ôtèrent leurs casques et inclinèrent la tête. Liada et Tin Tin se tenaient près d’eux, les yeux baissés vers le corps.
Autumn termina le Notre Père, puis elle dit, “Nous remettons notre ami et commandant entre Tes mains, Seigneur. Amen.”
“Amen,” dirent les autres.
“Mon adj’,” murmura Joaquin en levant la flûte brillante qui s’était échappée de son sac à dos.
Alexander fit oui de la tête, puis Joaquin porta la flute à ses lèvres et commença à jouer le Bolero de Ravel. Tandis que les notes sombres de la musique s’élevaient dans la clairière au crépuscule, les autres soldats s’agenouillèrent pour commencer à combler la tombe avec des poignées de terre.
Liada aussi s’agenouilla pour aider à ensevelir le capitaine mort.
Seuls Tin Tin Ban Sunia et Joaquin restèrent debout. Tandis que Tin Tin regardait Joaquin jouer la musique bouche-bée d’émerveillement, sa main droite bougeait comme si elle était mue par sa propre volonté, comme une créature qui s’enroulait et cherchait quelque chose à l’aveuglette dans la bourse de cuir qu’il portait à la hanche. Elle leva la vieille flûte en bois qu’elle avait fabriquée à Carthage, onze ans plus tôt.
Joaquin remarqua le mouvement et la regarda prendre la flûte du bout des doigts. Ses doigts à lui, bien que massifs et couverts de cicatrices, exécutaient un ballet délicat sur les touches argentées. Tin Tin attendit qu’il eût terminé, puis elle porta sa flûte à la bouche et commença à jouer.
Les autres ne semblèrent pas prêter attention aux notes de musique tandis qu’ils s’affairaient à combler la tombe, mais Joaquin lui s’en aperçut forcément – elle jouait le Boléro, note à note, exactement comme il l’avait joué quelques instants plus tôt. Il reprit la musique qu’elle était en train de jouer, en la rejoignant au passage où elle était arrivée, mais en jouant une octave plus bas qu’elle.
Autumn regarda Tin Tin, puis Joaquin. Elle sourit tandis que des larmes coulaient le long de ses joues, puis elle lissa la terre sur la tombe du capitaine Sanders.
Il était plus de neuf heures du soir lorsqu’ils s’en retournèrent au campement.
“Nous aller chercher Cateri,” dit Liada en se détournant avec Tin Tin pour prendre congé des soldats du 7ième.
“OK,” dit Karina. “A plus tard.”
* * * * *
Ce soir-là la veillée fut lugubre près du feu de camp. Kawalski s’était réveillé pendant que les autres s’occupaient du capitaine Sanders. Il souffrait beaucoup mais il secoua la tête lorsqu’Autumn lui demanda s’il souhaitait une autre injection de morphine.
“Ce truc me met dans les vappes. Je peux m’en passer.”
Karina raconta à Kawalski comment le capitaine avait été torturé à mort.
“Nom de Dieu,” dit Kawalski. “Du coup, je suis bien content qu’on ait tué vingt de ces maudits fils de pute.”
“Plutôt deux cents, tu veux dire.” dit Karina.
“Je parle de Liada et moi. Faut voir comment elle assure avec son arc. Et quand elle s’est retrouvée à court de flèches, elle a attrapé mon fusil par terre et s’en est servi comme d’une crosse.”
“Oui,” dit Karina, “après la bataille, je l’ai aidée à récupérer ses flèches. Elle a été mortelle.”
Fusilier prit des rations toutes prêtes dans le conteneur d’armement. “Qui est-ce qui veut le menu 7?”
Lojab leva la main, et elle le lui jeta.
Ils étaient tous assis sur des troncs autour du feu.
“Le menu 12?”
“Je prends,” dit Sharakova.
“Le menu 20?”
Personne n’était très chaud pour un repas froid, mais quelques-uns essayèrent de manger.
“Hé, Mon adj’.”
“Ouais, Sparks.”
“Regardez qui s’amène.”
Alexander vit un chariot s’approcher d’eux. “On dirait Cateri.” Il se mit debout en dépoussiérant son pantalon.
“Et y a quelqu’un avec elle,” dit Fusilier.
“C’est Tin Tin et Liada.”
Autumn les salua tandis que leur chariot poursuivait sa course jusqu’à l’arrêt. “Bonjour.”
“Bonjour,” dit Tin Tin.
Liada sauta à terre et se dirigea vers Kawalski, qui avait du mal à se lever.
“Donne ton bras.” Liada prit son bras et le mit autour de ses épaules.
“Oui, j’ai vraiment besoin d’aide.” Il la tenait serrée tout en faisant quelques pas mal assurés.
“Viens voir.” Elle le conduisit à l’arrière du chariot.
“Waouh,” fit Kawalski. “Hé, les mecs, venez donc mater un peu ça.”
Sur le plancher du chariot se trouvait une grande marmite de fonte remplie de céréales fumantes et de morceaux de viande. A côté de celle-ci se trouvaient une dizaine de pains ronds ainsi que plusieurs écuelles en bois.
Cateri tendit la main pour tirer la marmite jusqu’au bord du plancher du chariot, puis glissa deux longs manches en bois dans les anneaux métalliques des deux côtés de la marmite.
“Attendez,” dit Alexander, “laissez-moi vous aider.”
Elle dit quelque chose qui ressemblait davantage à “si vous voulez” qu’à “merci” tandis qu’ils la soulevaient ensemble pour l’apporter jusqu’au feu.
“Ca sent vraiment bon, Cateri,” dit Alexander tandis qu’ils déposaient la marmite au sol près du feu.
Cateri haussa les épaules et écarta une mèche de cheveux auburn qui lui tombait sur le visage, en enlevant les manches en bois de la marmite pour les amener au chariot.
Alexander la regarda retourner au feu de camp, où elle détacha la lanière en cuir qu’elle avait sur la nuque pour laisser retomber ses cheveux dans son dos. Longs, épais et brillants, ils lui tombaient plus bas que les épaules. Elle garda la lanière entre les dents le temps de rassembler les mèches libres, puis attacha ses cheveux en arrière. Elle passa près d’Alexander en le frôlant pour aller aider Liada et Tin Tin qui découpaient des morceaux de pain et les faisaient passer avec les bols qu’elles avaient remplis à la marmite.
“Nous sommes désolées,” dit Tin Tin avec les mains, “pour perte de votre Sanders.”
“Merci à vous,” dit Autumn en faisant le signe de la main. “Nous vous sommes tous reconn.” aissants, à vous et votre peuple, de nous avoir aidés. Comment avez-vous su que c’était notre homme?”
“Hum, lui pas avoir de…” Elle se frotta la joue, puis se toucha les cheveux.
“Ah, oui. Il n’avait pas de barbe. La plupart de vos hommes en ont une.”
Tin Tin remplit son propre bol et prit place sur une bûche aux côtés de Sharakova. Tin Tin regarda Joaquin, attira son regard et sourit. Il fit un grand sourire et prit une bouchée.
“Qu’est-ce que c’est comme viande?” demanda Autumn à Liada.
Liada dit quelque chose et fit un signe de la main.
Autumn secoua la tête. “Je ne comprends pas.”
“Tin Tin,” dit Liada et lui posa une question.
Tin Tin réfléchit un instant, puis fit meuh comme une vache. Tout le monde se mit à rire.
“Ah, on mange de la viande de meuh,” dit Autumn. “Ca doit être du boeuf, ou peut-être du taureau. C’est très bon.”
“Dommage,” dit Kawalski. “Je croyais que c’était peut-être du…” et il fit le son d’un hennissement, puis le geste de piaffer.
Tin Tin and Liada rirent avec les autres.
“Moi je pensais au ‘ouaf ouaf’” dit Zorba Spiros.
“Ou alors ‘miaaaaaou,’” dit Kady .
Kawalski faillit s’étouffer avec une bouchée, ce qui fit redoubler les rires. Cateri, qui souriait pourtant rarement, rit de Kawalski.
Karina toucha la joue de Liada. “Pourquoi est-ce qu’on t’a marquée au fer rouge?”
Liada secoua la tête. “Pas savoir ce que tu dis.”
“Marquage, pourquoi?” Karina se toucha la joue et leva les épaules.
Tin Tin, assise non loin d’eux, entendit la conversation. Elle s’adressa à Liada, qui demanda en grec quelle était la question. Il expliqua que Karina voulait savoir comment elle avait eu ce marquage au visage.
“J’ai fait marquage,” dit Liada, en touchant la cicatrice.
“Toi?” dit Karina en montrant Liada. “Tu t’es fait ça toi-même?”
Liada fit signe que oui de la tête.
Tin Tin vint s’asseoir près de Liada. “C’est…hum…” Elle se toucha la joue où elle avait un marquage identique à celui de Liada, mais de l’autre côté du visage. “Pas pouvoir dire ce mot.” Elle fit le geste de travailler à l’aide d’une houe, puis se leva et fit le geste de frapper quelqu’un avec un fouet.
“Esclave?” demanda Kawalski. “Est-ce qu’elle essaie de dire ‘esclave’?”
“Impossible qu’elles soient esclaves,” dit Karina. “Elles ont la gestion du camp et sont pratiquement libres d’aller et venir.”
Cateri, assise par terre au bout d’une des bûches, s’adressa à Tin Tin, qui leva les épaules.
“Elles essaient de trouver comment nous dire quelque chose,” dit Karina.
Joaquin se leva et fit le geste de biner la terre, puis de porter un lourd fardeau. Il s’arrêta pour s’essuyer le front puis fit mine d’avoir peur de quelqu’un à proximité. Il s’empara de sa houe imaginaire et se remit au travail.
“Esclave,” dit Karina en montrant Joaquin.
“Oui, esclave,” dit Tin Tin.
“Toi et Liada vous êtes des esclaves?” demanda Karina.
Tin Tin secoua la tête. “J’ai été l’esclave de Sulobo…”
“Kusbeyaw,” dit Liada. “Sulobo, kusbeyaw.”
“Tin Tin a été esclave, et son maître c’était Sulobo?” demanda Joaquin.
Tin Tin et Liada paraissaient être d’accord.
“Oui,” dit Karina. “Et on sait tous ce qu’est un kusbeyaw.”
“Yzebel,” Liada fit le geste de prendre des pièces dans sa bourse et de les donner à quelqu’un.
“Yzebel a acheté Tin Tin.” dit Karina. “Continue.”
“Sulobo.”
“Ah, Yzebel a acheté Tin Tin à Sulobo.”
“Oui,” dit Liada.
“Quel âge avait Tin Tin?” demanda Karina. “Est-ce qu’elle était bébé?” Elle fit semblant de bercer un bébé dans ses bras, puis montra Tin Tin du doigt.
“Non,” dit Liada en tendant la main à hauteur de poitrine.
“Tin Tin était une fillette, et qui est Yzebel?”
Liada berça un bébé dans ses bras.
“Yzebel est un bébé?”
“Non. Liada est…hum…”
“Liada était un bébé?”
Liada secoua la tête.
“Je crois qu’Yzebel est la mère de Liada,” dit Joaquin.
“Oh, je vois,” dit Karina. “Yzebel berçait Liada qand elle était bébé. Yzebel est ta mère.”
Liada leva deux doigts.
“Tu as deux mères?”
Liada leva un doigt, puis deux. En montrant le second doigt, elle dit, “Yzebel.”
“Yzebel est ta seconde mère. Et est-ce que tu étais bébé quand Yzebel a acheté Tin Tin à Sulobo?”
“Non.” Liada leva la main à hauteur de poitrine.
“Tu étais une fillette quand Yzebel a acheté Tin Tin?”
“Oui. Et nous…” Liada serra Tin Tin contre elle, en tournant sa tête vers elle.
“Vous étiez comme des soeurs?”
Karina leva deux doigts, enroulant l’un des deux autour de l’autre. Elles firent oui de la tête toutes les deux.
“Sulobo a marqué Tin Tin quand il en est devenu propriétaire?” demanda Karina.
“Oui,” dit Liada. “Et je crois que pour moi, c’est d’être comme ma soeur, Tin Tin Ban Sunia, alors je fais ça.” Ses mains racontaient l’histoire de façon tout à fait claire.
Karina renifla et s’essuya la joue. “Je-je n’peux pas…”
“Imaginer?” dit Joaquin.
“Je n’peux pas imaginer…”
“Un lien si fort que l’on se fasse marquer au fer rouge comme une esclave parce qu’on a une soeur qui l’a été?” dit Joaquin.
Karina acquiésca.
Le silence régna pendant quelques minutes.
“C’est quelque chose de tellement fort,” dit Kawalski, “que nos vies quotidiennes paraissent banales en comparaison.”
“Cateri,” dit Liada, “est l’esclave de Sulobo.”
“Quoi?” demanda Alexander.
“Oui,” dit Tin Tin.
“Cateri,” dit Alexander, “tu es l’esclave de Sulobo?”
Cateri dit quelque chose à Liada, qui s’adressait à elle dans leur langue. Cateri désserra le cordon du col de sa tunique, et Liada descendit le dos de sa tunique suffisamment bas pour qu’ils puissent voir la marque des esclaves sur son omoplate droite.
“Bon sang,” dit Kawalski, “comment peut-on faire une chose pareille?”
Karina toucha la cicatrice. “C’est si cruel, mais sa marque à elle est différente.”
“Oui,” dit Joaquin said. “Liada et Tin Tin ont une flèche en travers du manche de la fourche. La marque de Cateri a la fourche avec le serpent qui s’enroule autour du manche, mais pas la flèche.
“Comment ça se fait?” demanda Karina.
“C’est une marque rajoutée,” dit Kawalski. “Dans l’ancien ouest américain, quand on vendait une vache, ou qu’elle était volée, il fallait remplacer la marque d’origine par autre chose. On utilisait une marque rajoutée pour modifier l’ancienne marque. Cette flèche sur la marque de Tin Tin et Liada est une marque rajoutée pour montrer qu’elles n’appartenaient pas à l’origine au même propriétaire.”
“Ces femmes sont traitées comme du bétail,” dit Karina, “On les achète et on les vend comme si c’étaient des bêtes.”
“Sulobo,” dit Alexander, “ce fils de pute.”
Cateri rajusta son col et serra le cordon. Ensuite elle se détourna pour prendre congé.
“Attends.” dit Alexander en lui prenant le bras pour l’arrêter. “Ne pars pas.”
Elle lui faisait face.
“Tu n’es pas obligée d’être esclave. L’esclavage a été aboli il y a deux cents ans.”
Cateri jeta un coup d’oeil à Liada, puis Liada demanda à Autumn de lui venir en aide en expliquant ce qu’Alexander avait dit.
“Hum,” dit Autumn, “comment dire ‘liberté’ en langue des signes – ”
Lojab l’interrompit. “Je vais l’acheter à Sulobo.”
“Ouais, Low Job,” dit Kady, “t’aimerais ça, hein, de posséder une femme. Espèce de tête de noeud.”
“Je ne crois pas que le 7ième de Cavalerie va devenir propriétaire d’aucune esclave,” dit Karina.
“Bandes d’idiotes,” dit Lojab, “vous êtes toutes vénères parce que personne ne voudrait débourser d’argent pour vous.”
“Bouffe ta merde et va mourir, Low Job,” dit Kady.
“Arrête ça, Lojab,” dit Alexander. “C’est déplacé,” dit-il en regardant Cateri s’éloigner.
Chapitre onze
Tandis que le soleil du matin se levait par-dessus les cimes des arbres, Sparks tira du conteneur d’armement une grande valise camouflée et en fit sauter les verrous. A l’intérieur, calée dans de la mousse, se trouvait le Drone de Surveillance Libellule.
Les autres soldats s’approchèrent pour regarder tandis qu’il soulevait délicatement l’avion léger de son logement pour le déposer dans l’herbe. Il disposa également une manette de contrôle, un iPad et plusieurs piles au lithium de la taille d’une pièce de monnaie.
“Ca ressemble vraiment à une libellule,” dit Kady.
“Ouais,” dit Kawalski, une libellule de la taille d’une main.”
Sparks inséra une pile dans une fente dans le ventre de la Libellule et vérifia les ailes pour s’assurer que celles-ci pouvaient librement se mouvoir. Ensuite, il inséra une seconde pile à l’intérieur du petit compartiment de la télécommande. Il alluma les boutons sur la télécommande et sur l’iPad, puis fit décoller l’aéronef afin d’inspecter la minuscule caméra montée sous son ventre. Tandis qu’il réglait la caméra, une image apparut sur l’écran de l’iPad.
Kady fit un signe, et son image sur l’iPad fit également un signe. “Ouaip, c’est nous.”
“On a vraiment l’air mauvais,” dit Kawalski.
“Ouais,” dit Autumn, “et y en a aussi qui sentent mauvais.”
“Si tu veux bien te déplacer pour te mettre devant Paxton,” dit Lojab “tu pourrais avoir de l’air frais.”
“Bon, écoutez tous” dit Sparks. “Et maintenant place à la science de l’étrange.” Il se leva et se recula. “Laissez-lui de la place. On est prêt pour le décollage.”
Un doux vrombissement se dégagea des ailes tandis que Sparks actionnait la manette de contrôle. Le bruit s’amplifia lorsque la Libellule s’éléva de l’herbe.
“Karina,” dit Sparks, “Ramasse l’iPad et tiens le par ici pour que je le voie.”
L’avion s’éléva au-dessus de leurs têtes. “On a une bonne image, Sparks,” dit Karina. “Est-ce que tu la vois?”
Sparks regarda l’iPad, puis à nouveau l’avion qui montait toujours plus haut. “Ouais, c’est bon.”
Bientôt, la Libellule fut au niveau de la cime des arbres, et Karina vit toute la section qui regardait en l’air, sauf elle, comme elle regardait l’écran.
“Maintenant, on va voir où on est,” dit l’adjudant Alexander.
“On va peut-être voir le Magicien derrière son rideau vert,” dit Kawalski.
“Ou un plateau de tournage géant,” dit Kady.
La Libellule s’éleva de plus en plus haut, montrant toujours plus de forêt dans toutes les directions.
Tout le monde regardait l’affichage vidéo sur l’iPad.
“Waouh,” dit Lorelei, “visez-moi ça.” dit-elle en montrant la longue piste derrière l’armée. Elle s’étirait sur des kilomètres et des kilomètres vers le sud-est.
“Et ils continuent à rentrer dans le camp,” dit Kady.
“Où est la rivière?” demanda Lorelei.
Sparks actionna les manettes et la Libellule fit une rotation vers le nord.
“Là-bas,” dit Kawalski.
“Est-ce que tu peux monter plus haut, Sparks,” demanda Mon adj’.
“Vérifie l’altitude, Karina,” dit Sparks.
“Comment?”
“Touche le bas de l’écran,” dit Sparks.
“Ah, oui voilà,” dit Karina. “Tu es à cinq cents mètres.”
“OK, on monte.”
“Six cents mètres,” dit Karina.
“Mets-toi en panoramique,” dit Mon adj’.
L’image vidéo sur l’iPad fit une rotation.
“Waouh,” dit Karina, “Je n’ai jamais vu l’air si pur et clair.”
“Pas d’autoroutes, pas de villes, pas de relais de téléphonie,” dit Kawalski, “aucune construction humaine nulle part.”
“Attends,” dit Mon adj’. “Recule. Là, à seize kilomètres au nord. Qu’est-ce que c’est?”
Sparks zooma.
“Ca doit être une ville,” dit Paxton.
“Un village,” dit Kady.
“Ouais,” dit Karina, “et un grand.”
“Monte encore et zoome encore plus.”
“Neuf cents mètres,” dit Karina.
“On peut monter à combien?” demanda Kawalski.
“Dans les mille cinq cents,” dit Sparks.
“Je vois des gens,” dit Paxton.
Sparks zooma encore plus près.
“Hé, ce sont des chiens de bisons.”
“Des Vocontii,” dit Autumn.
“Oui, c’en est,” dit Mon adj’. “et y en a des centaines.” Il leva les yeux vers la Libellule mais ne put la voir.
“Fais-la monter jusqu’à neuf cents.”
Tout le monde regardait l’iPad tandis que Sparks dézoomait pour revenir à sa position initiale et que l’avion s’élevait de plus en plus haut.
“Voilà la rivière,” dit Autumn.
“Elle est immense” dit Kady.
“Fais un tour d’horizon, Sparks,” dit Mon adj’.
“Regardez, un océan,” dit Kawalski.
“A quelle distance?” demanda Autumn.
“Probalement à environ trente kilomètres,” dit Sparks.
“Des montagnes.”
“Des montagnes enneigées,” dit Kady.
“Waouh!” dit Autumn “Recule.”
Sparks arrêta le mode panoramique et fit un retour en arrière.
“Zoome dessus,” dit Autumn, “là, sur cette montagne.”
“J’ai l’impression de la reconnaître,” dit Kawalski.
“Pas étonnant,” dit Autumn. “C’est le Matterhorn.”
“Nom de Dieu!” dit Kawalski en se penchant vers l’écran. “C’est vraiment le Matterhorn!”
“A quelle distance, Sparks?” demanda Mon adj’.
“Hum…peut-être bien dans les deux cent quarante kilomètres.”
“Dans quelle direction?”
“Nord est.”
Mon adj’ déroula sa carte dans l’herbe. “Karina, montre-moi le Matterhorn sur cette carte.”
Elle s’agenouilla près de lui, en étudiant la carte. “C’est là.” dit-elle en désignant un sommet dans la chaîne de montagnes.
Mon adj’ mit son doigt sur le Matterhorn et mesura cent cinquante kilomètres vers le sud est. “Cette rivière, c’est le Rhône, et l’océan, c’est la mer Méditerranée.”
“Viens ici,” dit Karina à Kady en lui tendant l’iPad de la Libellule, “tiens-moi ça.” Karina courut jusqu’à son sac à dos pour chercher son iPad, puis l’alluma et commença à faire défiler des pages.
“Sparks avait raison,” dit Autumn. “On est sur la Côte d’Azur”
“Merci,” dit Sparks.
“Mais où sont passés les autoroutes et les villes?” demanda Kawalski.
Mon adj’ secouait la tête en étudiant la carte.
“Hé!” dit Karina en revenant vers le groupe en courant. “Regardez les éléphants.”
“Quoi?” demanda Mon adj’.
“Fais voir les éléphants sur la vidéo,” dit Karina.
Sparks fit faire un demi-tour à la Libellule pour regarder tout droit en dessous.
“Zoome un peu,” fit Karina.
Sparks actionna les manettes.
“Là! Stop!” dit Karina. “Quelqu’un peut compter les éléphants?”
“Pourquoi?” demanda Kawalski.
“Contente-toi de faire ce que je dis!”
Tout le monde se mit à compter les éléphants.
“Trente-huit.”
“Quarante.”
“Trente-huit,” dit Kady.
“Cinquante-et-un,” dit Paxton.
“Paxton,” dit Lorelei, “tu serais incapable de compter jusqu’à vingt si t’enlevais tes bottes.”
“Trente-neuf,” dit Mon adj’.
“Bon,” dit Karina en lisant quelque chose à l’écran. “Est-ce qu’on dit environ vingt-six mille soldats?”
“J’en ai aucune idée.”
“Des milliers, en tous cas.”
“Je crois qu’y en a plus de vingt-six mille,” dit Lorelei.
“Ecoutez donc ça, vous autres,” dit Karina. “En 218 avant JC—”
Lojab rigola. “Deux cent dix-huit avant JC! Espèce de bimbo écervelée, Ballentine. “T’es complètement cinglée.”
Karina regarda un instant Lojab d’un air furieux. “En deux cent dix-huit avant JC,” reprit-elle, “Hannibal fit traverser les Alpes à trente-huit éléphants et vingt-six mille cavaliers et fantassins pour attaquer les Romains.”
Plusieurs des autres rigolèrent.
“Chtupide,” marmonna Lojab.
“Donc, Ballentine,” dit Mon adj’, “tu es en train de me dire qu’on a été transportés en deux cent dix-huit avant JC et largués au beau milieu de l’armée d’Hannibal? C’est bien ce que t’es en train de me raconter?”
“Je ne fais que vous rapporter ce que je vois : le Rhône, la Méditerranée, les Alpes, quelqu’un qui dit que cet endroit s’appelle la Gaule, l’ancien nom de la France, aucune autoroute, aucune ville, aucun relais de téléphonie, et toutes nos montres qui se trompent de cinq heures.” Elle regarda à nouveau sa montre. “Et je vous lis les faits historiques. A vous d’en tirer vos propres conclusions.”
Tout le monde se taisait en regardant l’écran de l’iPad de Sparks. Il dézooma et fit un tour d’horizon à la recherche de traces de la civilisation.
“Les Vocontii étaient les anciens habitants du sud de la France,” dit Karina en lisant sur son iPad. “Ils ne s’occupaient guère de commerce ou d’agriculture mais préféraient à la place s’attaquer aux tribus voisines pour piller leurs céréales, leur viande, et leurs esclaves.” Elle ferma son iPad et le rangea.
Sparks fit descendre et atterrir en douceur la Libellule sur l’herbe. “On est en deux cent dix-huit avant JC,” murmura-t-il, “et c’est l’armée d’Hannibal.”
Un bref silence se fit, et se prolongea, tandis que les soldats songeaient aux paroles de Karina.
“Sparks,” dit Lojab, “tu serais prêt à croire Ballentine si elle disait que la lune était faite en bleu d’Auvergne.”
“Plutôt en roquefort,” dit Sparks. “Et elle a raison là-dessus aussi.”
Kawalski regarda Mon adj’. “On est plus en Afghanistan, ou quoi, Toto?”
“Est-ce que la Libellule peut voler la nuit?” demanda Mon Adj’.
“Ouais, mais on risque de la perdre dans l’obscurité.”
“Mais avec la vidéo en marche?”
“Si on fait un grand feu et que l’on garde la caméra pointée sur le feu, je pense pouvoir la faire redescendre là où on est.” Sparks éteignit le bouton de la Libellule et la rangea. “Pourquoi est-ce que vous voulez qu’elle vole la nuit, Mon adj’?”
“Je crois qu’on est tombés dans une faille du passé et qu’elle s’étend seulement à la zone autour de nous. Soit environ seize kilomètres carrés.”
“Un peu comme un trou de ver?” demanda Sparks.
“Quelque chose dans le genre.”
“Qu’est-ce que c’est un trou de ver?” demanda Kawalski.
“C’est une hypothèse du continuum espace-temps,” dit Sparks. “A la base, c’est un raccourci à travers le temps et l’espace.”
“Oh.”
“Mais Mon adj’,” dit Sparks, “on a vu les Alpes et le Matterhorn à deux cent quarante kilomètres d’ici.”
“Oui, mais on n’a pas pu voir de villes éloignées. La nuit, d’une altitude de neuf cents mètres, on pourrait voir la lueur des lumières des villes. Peut-être Marseille ou Cannes.”
“Ca serait possible, je pense.”
“Si on peut repérer une grande ville, on se dirigera vers elle jusqu’à ce qu’on sorte de ce monde de fous.”
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