Kitabı oku: «La Première Guerre Mondiale», sayfa 8

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Prisonnier de guerre


C'était le matin du 17 août 1917. Notre escadron avait franchi la ligne lors d'une patrouille matinale. La première chose que j'ai vue, c'était deux ballons allemands. Je n'avais jamais vu un ballon de cette distance. Après ma patrouille, j'ai décidé de partir seul pour voir de près à quoi ressemblaient ces ballons allemands.

Ces ballons d'observation étaient utilisés des deux côtés. Les équipages étaient assis dans des ballons et dirigeaient les tirs d'artillerie depuis leur point d'observation. Ils suivaient les bombardements d'artillerie et rendaient compte des mouvements de l'ennemi. L’une de nos missions principales était d'abattre ces ballons.

Il y avait deux façons d'attaquer un ballon. L'une d'entre elles consistait à voler près du sol, afin que les canons anti-aériens ne puissent pas nous tirer dessus. On continuait à voler jusqu'à ce que l’on arrive au niveau du ballon. Si on n’avait pas encore descendu le ballon, on ouvrait le feu, et au fur et à mesure qu’on le touchait, les balles mettaient le feu au ballon. La deuxième façon était de s'approcher du ballon, puis de mettre son avion en vrille. Une fois au-dessus d'eux, on virait au-dessus du ballon et on ouvrait le feu. Ensuite, on repassait rapidement sur la ligne à 100 pieds. C'était l’une des tâches les plus difficiles que j'avais eu à effectuer pendant la guerre. C'était beaucoup plus dangereux que d'attaquer des avions ennemis.

Donc, je décidais d'attaquer ces ballons ou de les faire descendre. J'espérais qu'ils étaient toujours là à m'attendre pour que je puisse les canarder. Après mes deux heures de service, je quittais la formation et je fis demi-tour. J'étais à 15 000 pieds, bien plus haut que les ballons. Je coupais mon moteur et je me laissais tomber à travers les nuages, espérant trouver les dirigeables à environ huit ou neuf kilomètres derrière les lignes allemandes.

Je suis sorti du banc de nuages et j'ai vu un avion allemand biplace qui semblait faire de l'observation d'artillerie et diriger les canons allemands à mille pieds au-dessous de moi. J'étais à 6 km derrière les lignes allemandes. L'artillerie me repère. Ils émettent des signaux au sol pour attirer l'attention du pilote ennemi. Je vis l'observateur saisir sa mitrailleuse et le pilote enfoncer le nez de son avion. Ils n'étaient pas assez rapides pour m'échapper. Je plongeais vers eux à deux cents miles à l'heure, en leur tirant dessus à fond. Leur seule chance était que la vitesse de mon plongeon brise mes ailes. Je savais que c'était dangereux, et que dès que je sortirais de mon piqué, les Allemands auraient leur chance de m'avoir. Je devais les atteindre en premier et tenter ma chance. Heureusement, certaines de mes premières balles atteignirent leur cible. Je suis sorti de mon piqué à 4 000 pieds.

L'avion allemand n'est jamais sorti. Puis vint la situation la plus difficile que j'aie jamais vécue en vol. La profondeur de mon piqué m'avait mis à portée de leurs mitrailleuses au sol. Ils ont tiré un barrage de shrapnels sur moi avec leurs canons anti-aériens. J'ai pu surfer le barrage comme on dit dans le Royal Flying Corps. Ensuite, ils m’ont tiré dessus avec des « Flaming Onions ». Les « oignons de feu » ou boules de feu, étaient des obus tirés par un canon rotatif utilisés pour frapper les avions volant à basse altitude. Leur portée effective n'était que de 4 500 pieds.

La plupart du temps, ils les tiraient l'un après l'autre par séries de huit. S'ils touchaient l'avion, il prenait feu, et c’était fini. J'ai aussi été attaqué par des tirs anti-aériens « Archie ». J'avais échappé aux oignons de feu, mais Archie m'avait touché cinq fois. Chaque fois que j'étais touché par une balle, celle-ci explosait avec un bruit sourd à cause de la tension du tissu recouvrant les ailes. J’ai été sérieusement touché que lorsque j'étais à plus d'un kilomètre de nos lignes, et qu'ils ont touché mon moteur. J'avais encore assez d'altitude pour dériver de notre côté des lignes, mais mon moteur était complètement hors service.

Ils me tirèrent dessus pendant toute la durée de ma descente. Je pensais que j’allais m'écraser avant de franchir la ligne, mais un léger vent en ma faveur me porta à quelques kilomètres derrière nos lignes. Ces fichus ballons pour lesquels j'avais fait tout ce travail indiquaient maintenant ma position exacte à l'artillerie. Il y a deux hommes postés dans chaque ballon. Ils s'élevaient généralement à plusieurs milliers de pieds à environ 8 kilomètres derrière leurs propres lignes et étaient équipés d'un appareil de signalisation. Ils observaient leurs tirs d'artillerie, vérifiaient à nouveau leur position, déterminaient la portée, puis dirigeaient le tir suivant. Si les conditions étaient favorables, ils étaient capables de diriger des tirs d'artillerie et détruisaient presque toujours la cible visée. Ce type de ballon nota obtenu ma position, demanda un bombardement d'artillerie et bombarda mon avion. Si j'avais détruit les deux ballons au lieu de l'avion, je n'aurais probablement pas perdu mon avion et je serais rentré à la maison.

J'avais atterri sur un terrain couvert de trous d'obus larges et béants. Même si j'avais fait un atterrissage forcé, mon avion n'avait pas été gravement endommagé. Je sautais et fis le tour pour voir exactement où étaient les dégâts. Il pourrait facilement être réparé. Je pourrais décoller d'ici, si je pouvais trouver un espace suffisamment long entre les deux trous d'obus et prendre de l'avance avant de quitter le sol. J’examinais mon avion et réfléchissais à la manière de procéder aux quelques réparations. Je ne pensais pas à ma propre sécurité dans cet endroit non protégé. Un obus siffla dans l'air. Il me fit tomber à terre et atterrit quelques mètres plus loin. Je me relevais et couru pour me mettre à l'abri. Si je n'avais pas trébuché et n'étais pas tombé dans un trou d'obus, j'aurais pris le large. Je n'avais aucune idée de l'endroit où le prochain obus allait éclater. Je me suis accroupi, je me suis mis à couvert et je les ai laissés tirer.

Les seules choses m’ayant atteintes étaient les projections de boue m’éclaboussant le visage par-dessus mes vêtements. C'était ma première introduction aux d'obus. J'ai décidé à ce moment-là que l'infanterie pouvait avoir tous les combats de tranchées et de trous d'obus qu'elle voulait. Ce n'était pas pour moi. L'infanterie y vivait de longues nuits, et je ne m'y étais abrité que quelques minutes.

Les Allemands avaient complètement démoli mon avion et les tirs cessèrent. J'ai attendu un court moment. J'avais peur qu'ils tirent à nouveau et qu’ils m’aient par chance. Mais apparemment, ils décidèrent qu'ils avaient gaspillé assez d'obus sur un seul homme.

Je me suis prudemment glissé hors du trou et j'ai essuyé la boue. J'ai regardé l'endroit où se trouvait mon avion, il n’en restait même pas assez pour un souvenir. Je suis reparti en direction du quartier général de l'infanterie, où j'ai pu téléphoner pour faire mon rapport. Peu de temps après, une de nos automobiles est venue me chercher et m'a ramené à notre aérodrome. La plupart de mon escadron pensait que j'avais été tué ou capturé. Ils ne s'attendaient pas à me revoir, sauf mon seul ami, Owen Wrinn. Il n’avait pas cessé de croire que j'allais m'en sortir.

J'ai appris plus tard qu'il avait dit à l'officier commandant de ne pas envoyer un autre pilote. Il lui avait dit : « Cet Américain reviendra à pied s’il le faut. » Je n’étais pas rentré à pied grâce à notre propre voiture qui était là pour me ramener. J'ai appris beaucoup de choses et j'ai eu beaucoup à penser ce jour-là. Je n'aurais pas dû être si sûr de mes capacités. Un des pilotes de mon escadron m'a dit que je ne devais pas prendre ce genre de risques ; la guerre allait être longue. J'aurais beaucoup d'occasions de me faire tuer sans me forcer. Plus tard, j'apprendrai la vérité littérale de sa remarque.

Plus tard dans la nuit, mon escadron (chaque escadron est divisé en trois groupes de six hommes) a été chargé de sortir à nouveau. Je me suis habillé et j'ai remarqué que je n'étais pas marqué pour le service. J'ai trouvé le commandant, un major, et lui ai demandé pourquoi. Il me dit que j'en avais assez fait pour la journée. Mais je savais que si je n'y allais pas, quelqu'un d'une autre équipe prendrait ma place. J'insistais pour pouvoir y aller. Le major accepta à contrecœur. Si j'avais su ce qui m'attendait, je serais resté au chaud.

Nous avions juste passé la ligne. Et l’un de nos avions était déjà rentré à la base à cause d'un problème de moteur. Nous n'avions que cinq avions pour cette patrouille. À 19h50, nous volions à quinze mille pieds et trois autres avions britanniques, à mille pieds en dessous de nous, se battaient avec huit avions allemands. À ce moment précis, j'ai compris que nous étions dans le pétrin. Vers l'océan, il y avait toute une flopée d'avions allemands, que nos camarades en dessous de nous n'avaient pas vus. Nous plongeâmes sur ces Allemands.

Au début, le combat était équilibré. C'était du huit contre huit. Mais d’autres avions au loin qui nous survolaient à une altitude plus élevée sont arrivés sur les lieux. Ils ont piqué sur nous. Nous étions maintenant huit contre vingt. J'ai regardé par-dessus mon épaule et j'ai remarqué que quatre d'entre eux m'avaient pris pour cible. Je partis en piqué. Ils plongèrent juste derrière moi, en tirant en même temps. Les balles traçantes se rapprochaient de moi à chaque seconde. Mon estomac se serrait et mon front était couvert de sueur.

Ces balles traçantes étaient comme des boules de feu qui permettaient au tireur de suivre leurs parcours et de corriger la visée. Elles ne faisaient pas plus de mal à un pilote qu'une balle ordinaire, mais si elles touchaient le réservoir d'essence, c’en était fini. Lorsqu'un avion prenait feu en vol, il n'y avait aucun moyen de l'éteindre. Il fallait moins de trente secondes pour que le tissu brûle sur les ailes, puis que l'avion tombe comme une flèche laissant une traînée de fumée comme une comète.

Quelques jours avant de franchir la ligne, j'observais un combat au-dessus de moi. Un avion allemand avait pris feu et plongeait en flammes vers le sol à travers notre formation. L'Allemand piquait à un angle si aigu que ses deux ailes se s’arrachèrent. Il passa à quelques mètres de nous. Je n'oublierai jamais l'expression de pure terreur sur son visage. Chaque seconde, je m'attendais à subir un sort similaire. Les balles traçantes se rapprochaient. J'ai réalisé que mes chances de m'échapper étaient nulles. Je fus touché à l’attaque suivante. Le regard de terreur de l’Allemand me revint en mémoire. Je n'avais qu'une seule chance. J'avais besoin de faire une manœuvre d'Immelmann.

Cette manœuvre avait été inventée par l'un des plus grands pilotes allemands, qui a finalement été tué au combat. J'avais effectué ce virage magnifiquement et j'avais amené un de leurs avions juste devant moi. J'avais l'avantage sur lui. Quand je ferme les yeux, je vois encore ses yeux effarés et son visage blême. Il devait savoir que sa dernière heure était arrivée. Sa position l'empêchait de me viser alors que mes armes étaient pointées droit sur lui.

Ma première balle traçante passa à quelques centimètres de sa tête. La seconde semblait avoir touché son épaule. Le troisième le frappa au cou. Je lui ai laissais une ouverture, et il descendit en piqué. Pendant tout ce temps, trois autres avions allemands me tiraient dessus. J'avais entendu des balles frapper mon avion l'une après l'autre. Je savais que je ne pourrais pas vaincre les trois Allemands restants, mais je ne pouvais rien faire d'autre que me battre. J’étais débordé. Je jetais un coup d'œil à mes instruments et à mon altitude. J'étais à 8 500 pieds. Une rafale de balles pénétra le tableau de bord et le réduisit en miettes.

Une autre balle déchira ma lèvre supérieure. Elle traversa mon palais et se logea dans ma gorge. Je tombais en vrille. Je n’avais pas eu le temps de ressentir la douleur. Tout s’était passé si vite. Je tirais sur le manche aussi fort que je le pouvais. L’avion commença à se stabiliser. Il y avait des arbres partout. Je ne pouvais pas empêcher mon corps de se pencher en avant et mes yeux de se fermer, j'étais si fatigué. La chaleur du sang chaud dégoulinait sur mon menton. Le sol vint à ma rencontre si rapidement que je fermai les yeux et tirai sur le manche avec toute la force dont je pouvais faire preuve. Mes mains étaient gluantes et glissantes de sang.

Je me suis réveillé dans un hôpital allemand à cinq heures du matin le lendemain. J'étais un prisonnier de guerre.




Mon ami allemand


L'hôpital de fortune dans lequel je me suis retrouvé était sale. Il n'aurait pas dû être utilisé comme hôpital. On aurait dit qu'il n'avait été utilisé que depuis quelques jours en raison de la grande campagne qui avait lieu. Ils l'abandonneraient probablement dès que les Allemands auraient trouvé un meilleur emplacement. La demeure comptait cinq pièces et une écurie, le plus grand espace de la propriété. Je n'ai jamais exploré cette aile particulière de l'hôpital.

On m'avait dit qu'elle était déjà surchargée de patients couchés sur des ballots de paille à même le sol. Je ne savais pas s'ils étaient officiers ou simples soldats. Je me suis retrouvé dans une pièce qui comptait huit autres lits, dont quatre étaient occupés par des officiers allemands blessés. J'imaginais que dans les autres pièces, il y avait le même nombre de lits que dans la mienne.

Je n'avais pas repéré d'infirmières de la Croix-Rouge, seulement des aides-soignants. Probablement parce que c'était un hôpital d'urgence et qu'il était trop près du front pour les infirmières. Les aides-soignants n'étaient pas des vieillards ni des jeunes garçons. Il s'agissait de jeunes hommes forts, dans la force de l'âge, qui avaient probablement été étudiants en médecine. Il y avait même un couple qui pouvait parler anglais. Ils refusaient de me parler pour une raison quelconque, très probablement interdite par l'officier en charge.

La blessure par balle dans ma bouche me faisait mal. Mon front était enflé, et l'arrière de ma tête était aussi gros que ma chaussure. Le moindre de mes mouvements était accompagné d'un éclair de douleur intense. Le docteur m'avait dit que je n'avais pas d'os cassés. Je me suis demandé à quel point la douleur serait pire si c’était le cas. Deux officiers allemands me rendirent visite ce matin-là. Ils m'informèrent que mon avion s'était écrasé dans un piqué en vrille d'une hauteur de huit mille pieds. Ils avaient été choqués lorsqu’ils avaient découvert que je n'avais pas été mis en pièces. Ils m'avaient extrait de mon avion, qui était criblé de balles et brisé en morceaux. Le médecin allemand qui avait retiré la balle de ma gorge m'avait demandé à mon réveil si j'étais américain.

Je ne pouvais pas le nier car je portais au poignet le disque d'identification en métal portant l'inscription Lieutenant Ryan, USA, Royal Flying Corps. La douleur était intense. Le médecin parlait un anglais parfait et insistait pour discuter. « Tu ne vaux pas mieux qu'un meurtrier ordinaire », me dit-il. « Tous les Américains qui se sont engagés dans cette guerre alors que leur pays n’en fait pas partie sont des criminels et doivent être traités comme tels. »

Je ne pouvais pas lui répondre à cause de la blessure dans ma bouche. Je souffrais déjà d'une douleur trop intense, pour être blessé par ce qu'il pouvait dire. Il me demanda si je voulais une pomme. Je pensais que j’aurai pu tout aussi bien manger une brique.

« Tu n'auras plus à t'inquiéter », continua-t-il, « La guerre est terminée pour toi. » Il s’éloigna lorsqu’il vit qu’il n’aurait pas de réponse de ma part. Ils me donnèrent un petit bouillon plus tard dans l'après-midi. Je rassemblais mes pensées et je me demandais ce qui était arrivé à mes camarades dans la bataille, qui avait fort mal tourné pour moi. Je pris conscience de ma situation et je me préoccupais moins de ma condition physique. J’étais engagé depuis peu de temps. Et maintenant, j'allais être un prisonnier pour le restant de la guerre.

Le lendemain matin, d'autres officiers allemands vinrent me rendre visite. Ils me traitaient assez bien. Ils me parlèrent de l'homme que j'avais abattu, m’informant qu’il était un bon pilote et un Bavarois. Ils me donnèrent sa veste en souvenir et me complimentèrent sur mes talents de pilote. Mon casque en cuir souple a été fendu d'avant en arrière par une balle de mitrailleuse. Ils l’examinèrent avec curiosité et m'apportèrent mon uniforme. L'étoile de grade de lieutenant sur mon épaulette droite avait été proprement arrachée. Ils me demandèrent s'ils pouvaient la garder en souvenir. Je la leur donnai.

Ils me permirent de garder mes ailes. Même les Allemands étaient conscients que cet insigne était la possession la plus glorieuse d'un officier de l'air britannique. Je crois avoir raison quand je dis que la seule chevalerie de cette guerre, du côté allemand des tranchées, a été affichée par les officiers du German Flying Corps. Ils étaient l'élite de l'armée de leur pays. Ils m’ont fait remarquer que moi et mes camarades ne nous battions que pour l'amour de la bagarre, là où eux se battaient pour défendre leur pays. J'ai envisagé de leur demander si le fait de bombarder Londres et de tuer tous ces innocents était une façon de défendre leur pays. Mais je n'étais pas en état d’argumenter.

Un autre officier allemand avait été déposé à l'hôpital et placé dans le lit à côté du mien. J’avais vaguement jeté un coup d'œil, mais je ne lui avais pas accordé d'intérêt particulier à ce moment-là. Il était resté là, silencieux, pendant plus de quatre heures avant que je ne me retourne et que je le regarde vraiment bien. J'étais certain qu'il ne pouvait pas parler anglais, alors je ne lui parlais pas. Je tournais à nouveau la tête dans sa direction et ses yeux étaient sur moi.

« Qu'est-ce que tu regardes, bon sang ? » dit-il, puis il sourit et fit un clin d'œil.

J’essayais de balbutier quelques mots, mais ma blessure rendait la conversation difficile. Je lui racontai comment je me m’étais retrouvé là. Il avait déjà entendu mon histoire par d'autres officiers allemands. Il me dit que c'était dommage que je ne me sois pas cassé le cou. Apparemment, il n'avait pas beaucoup de sympathie pour le Royal Flying Corps.

Il me demanda d'où je venais en Amérique. Quand je lui dis, San Francisco, il demanda : « Ça te dirait de prendre le brunch du dimanche au Cliff House ? »

Je lui ai dit que ma bouche n'était pas en état de manger quoi que ce soit en ce moment. Puis je lui demandai comment il connaissait e la Cliff House, et il me répondit : « J'ai été lié à cet endroit pendant de nombreuses années, je devrais tout savoir sur l’endroit. » Après ça, nous sommes devenus de très bons amis. Nous avons passé des heures à parler des jours que nous avions passés à San Francisco. Parfois, nous discutions des incidents californiens ou autres dont nous avions connaissance. Il me dit qu'il était un vrai patriote. Quand la guerre avait commencé, il avait choisi de retourner dans son pays et de le défendre.

Il n’avait pu partir directement de San Francisco car la mer était trop bien gardée par les Anglais, il avait donc embarqué sur un bateau pour l'Amérique du Sud. Il avait trouvé un faux passeport au nom d'un Montevidéen et avait fait la route par New York. De là, il s'était envolé pour l'Angleterre. Il était arrivé facilement en Angleterre avec son faux passeport mais avait décidé de ne pas prendre le risque de passer par la Hollande. Il ne voulait pas éveiller la suspicion.

Il traversa ensuite le détroit de Gibraltar pour se rendre en Italie, pays neutre à l'époque, puis en Autriche et en Allemagne. Lorsque son navire arriva au port de Gibraltar après avoir quitté l'Angleterre, deux hommes furent sortis du navire, dont il était sûr qu'ils étaient neutres. Son passeport et ses accréditations avait été examinés et il était passé sans problème. Il parlait de son voyage d'Amérique en Angleterre comme d'un voyage agréable. Il s'était beaucoup amusé car il s'était lié avec les passagers anglais à bord. Son anglais courant l'avait entraîné dans plusieurs disputes sur le sujet de la guerre. Il avait fait un tabac un soir où les passagers s'était rassemblés pour un peu de musique. Il avait suggéré qu'ils chantent God Save the King. Après cela, sa popularité était montée en flèche. Un officier anglais s'était approché de lui pour lui dire : « C'est dommage que nous n'ayons pas d'hommes comme vous dans notre armée. »

Il a convenu que c'était dommage car il aurait pu faire plus pour l'Allemagne s'il avait été dans l'armée anglaise. En dépit de toute sa loyauté apparente. Mon ami allemand ne semblait pas très enthousiaste à propos de la guerre. Il avait admis que les batailles politiques menées en Californie étaient beaucoup plus à son goût que celles qu'il avait connues ici. Et puis à la réflexion, il était parti comme si c'était une bonne blague. Il voulait me faire comprendre qu'il s'intéressait de près à la politique de San Francisco. Lorsque mon ami allemand avait entamé cette conversation, le médecin allemand responsable l'avait réprimandé pour m'avoir parlé. Mais il n'avait pas prêté attention au docteur. Il avait montré qu'un véritable américanisme s'était imprégné dans son système depuis qu'il était aux États-Unis.

Un jour, ils me donnèrent une pomme. Je pense que c'était pour me tourmenter parce qu'ils savaient que je ne pourrais pas la manger, ou pour une autre raison que j’ignore. Quoi qu'il en soit, un aviateur allemand en avait plusieurs dans sa poche et m'en avait donné une belle. Alors qu'il n'y avait aucune chance que je puisse la manger. Je remarquai que mon ami allemand de San Francisco la regardait avec envie. Je la ramassais, et j'allais la lui lancer, mais il a secoué la tête en disant, « si nous étions à San Francisco, je pourrais la prendre, mais ici, je ne peux pas. » Je n'ai jamais pu comprendre pourquoi il avait refusé la pomme. D'habitude, il avait été un homme sociable et agréable, mais il ne pouvait pas oublier que j'étais son ennemi. Un jour, je lui ai demandé ce qu'il pensait que le peuple allemand ferait après la guerre ? L'Allemagne deviendrait-elle une république ? À ma grande surprise, il répondit : « Si ça ne tenait qu'à moi, je créerais une république aujourd'hui et je pendrais ce satané Kaiser. »

Je croyais qu'il était un socialiste allemand, mais il ne me l’avait jamais confirmé. Quand je lui ai demandé comment il s'appelait, il m'a répondu que je ne le reverrais probablement jamais et que son nom importait peu. Je ne savais pas s'il voulait dire que les Allemands allaient me faire mourir de faim, ou simplement ce qu'il avait en tête. À l'époque, je suis sûr qu'il ne pensait pas mourir. Les trois premiers jours à l'hôpital, je pensais qu'il serait sur pied et partirait bien avant moi. Mais il eut un empoisonnement du sang quelques heures avant mon départ. Il mourut pendant l’un de ces jours où ma blessure était encore gênante.

J'avais remarqué à l'hôpital que si un soldat allemand n'avait pas beaucoup de chances de se rétablir pour retourner à la guerre, les médecins ne faisaient pas beaucoup d'efforts pour le soigner. Si un homme pouvait se remettre de ses blessures et qu'ils pensaient qu'il pourrait encore être utile, ils utilisaient toutes leurs compétences médicales pour le soigner. Je ne sais pas si c'était l'ordre officiel ou si les médecins suivaient simplement leurs propres consignes.

Mes dents avaient été sévèrement ébranlées par la balle. J'espérais avoir une chance de les faire réparer quand j'arriverais à la prison de Courtrai. J'avais demandé au médecin s'il me serait possible d'y faire des travaux dentaires. Il m'avait dit qu'il y avait plusieurs dentistes à Courtrai, ils seraient occupés à réparer les dents de leurs propres hommes et ne s'inquiéteraient pas des miennes. Il m’avait dit que je n'aurais pas à m'inquiéter pour mes dents parce que je ne n’aurai pas tant de nourriture. J’aurai voulu lui faire sauter ses dents.

Mon état s'améliora au cours des jours suivants, et j'écrivis un message à mon escadron. Je rapportais que j'étais un prisonnier de guerre et que j'étais bien traité. Je leur avais écrit que j'étais déprimé parce que je ne participais plus aux combats. J'avais demandé s'ils pourraient transmettre ce message à ma mère dans l'Illinois. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète plus qu'elle ne l'était déjà. Il lui suffisait de savoir que j'étais prisonnier, elle n'avait pas besoin de savoir que j'étais aussi blessé. J'espérais que mon message serait acheminé au-delà des lignes et déposé par l'un des officiers allemands. C'était une courtoisie que nous pratiquions des deux côtés.

Je me souviens de la patience avec laquelle nous avions attendu dans notre aérodrome des nouvelles de nos hommes qui n'étaient pas revenus. Je pouvais imaginer comment mon escadron spéculerait sur mon sort. Dans le Royal Flying Corps, vous ne vous souciez pas tant de ce qui vous arrive que des pertes constantes parmi vos amis. Cela peut être déprimant. Lorsque vous sortez avec votre équipe et que vous vous battez, vous êtes dispersés et votre formation est brisée. Quand vous parvenez à rentrer chez vous, vous êtes seul. Parfois, vous êtes le premier à atterrir. Puis, autre avion apparaît dans le ciel, puis un autre. Vous attendez patiemment pendant l’heure qui suit, que le reste de l’équipe revienne. Tout votre escadron a maintenant atterri, sauf un, et vous spéculez sur ce qui lui est arrivé. Il s'est perdu ? A-t-il atterri ailleurs, sur un autre aérodrome ? Les Allemands l'ont descendu ? Capturé ? À la tombée de la nuit, vous réalisez qu'il ne reviendra pas ce soir-là. Vous espérez un appel téléphonique, ou un message sur ce qui lui est arrivé ou sur l'endroit où il se trouve. Si la nuit passe sans aucun signe ou mot de sa part, ou s'il est porté disparu, vous attendez que son nom apparaisse sur les listes du ministère de la Guerre. Peut-être un mois plus tard, des messages sont largués au-delà de la ligne par les Allemands. Ils comportent les noms des pilotes tués ou capturés. Maintenant vous savez pourquoi votre camarade n'est pas revenu le jour où il était sorti avec son escadron pour la dernière fois.

Un officier allemand m'avait parlé d'une bataille féroce qui se déroulait dans les airs à l'extérieur de l'hôpital. Il avait accepté de m'aider à me relever pour que je puisse la regarder. Je l'avais remercié et j'avais accepté son aide. J'ai assisté ce jour-là à l'une des meilleures batailles aériennes que je n’aie jamais vues. Il y avait seize avions allemands contre six de nos avions. Le type d'avion britannique les identifiait comme venant de mon aérodrome. Deux de nos avions combattaient six avions allemands. Le combat était si inégal que la victoire de nos pilotes semblait impossible. Pourtant, ils surpassaient visiblement les Allemands. Peut-être que grâce à une compétence supérieure, ils survivraient et gagneraient, même en étant en infériorité numérique. Une chose dont j'étais sûr : ils n'abandonneraient pas.

Cela aurait pu se finir simplement pour nos pilotes. Une fois qu'ils avaient vu comment les choses se passaient, ils auraient pu tourner le dos et atterrir derrière les lignes allemandes et se rendre. Mais ce n’était pas la façon d’agir du Royal Flying Corps.

Ces types d’affrontements duraient rarement longtemps, mais une seconde semblait durer une heure pour ceux qui se battaient. Même les spectateurs éprouvaient plus de sensations fortes au cours d'une bataille que ce qu'ils vivaient normalement dans une vie. Il devenait évident que le destin des perdants était la mort certaine. Les Allemands autour de l'hôpital regardaient et encourageaient leurs camarades. Les Anglais aussi avaient un sympathisant dans le groupe qui ne faisait aucun effort pour étouffer son admiration pour la bravoure de ses camarades dans le ciel.

La fin arriva rapidement. Quatre avions s’écrasèrent au sol simultanément. C'était maintenant un combat d’égal à égal. Deux des nôtres contre deux des leurs. Les autres s’étaient envolés vers leurs lignes respectives. La blessure dans ma bouche me brûlait et me gênait considérablement. Je demandais un crayon et du papier et remis une note à l'un des officiers allemands. Je lui demandais s'ils pouvaient trouver pour moi qui étaient les officiers anglais qui avaient été abattus. Il me tendit une photo du corps qui avait été trouvée sur l’une des victimes. C'était une photo d'Owen Wrinn et de moi-même. Owen était le meilleur ami que j'avais et l'un des meilleurs pilotes qui aient jamais volé en France.

J'ai appris plus tard que c'était Owen qui avait renvoyé mes affaires en Angleterre avec une lettre signée qui est maintenant en ma possession. Il ne savait pas qu’un jour ou deux plus tard il serait engagé dans son dernier combat héroïque avec moi comme spectateur impuissant. Le même officier allemand qui m'avait apporté la photo avait également dessiné une carte de l'endroit exact où Owen avait été enterré dans les Flandres. Je l'ai gardée précieusement tout au long de mes aventures. Je la remettrais plus tard à ses parents lors de ma visite à Toronto. C'était le devoir le plus triste et le plus tragique que j'aie jamais été appelé à exécuter.

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