Sadece LitRes`te okuyun

Kitap dosya olarak indirilemez ancak uygulamamız üzerinden veya online olarak web sitemizden okunabilir.

Kitabı oku: «Eureka», sayfa 8

Yazı tipi:

Ici, toutefois, il me paraît bon de faire observer qu'en réalité nous n'avons encore parlé que d'objets comparativement insignifiants. Notre Soleil, l'astre central et dirigeant du système auquel appartient Jupiter, est non-seulement plus gros que Jupiter, mais aussi beaucoup plus gros que toutes les planètes du système prises ensemble. Ce fait est vraiment une condition essentielle de la stabilité du système lui-même. Le diamètre de Jupiter est, avons-nous dit, de 86,000 milles! Celui du Soleil est de 882,000 milles. Un habitant de ce dernier, parcourant 90 milles par jour, mettrait plus de 80 ans à faire le tour de sa plus grande circonférence. Il occupe un espace cubique de 681 septillions et 472 quintillions de milles. La Lune, ainsi qu'il a été établi, tourne autour de la Terre, à une distance de 237,000 milles, sur une orbite qui est conséquemment de près d'un million et demi de milles. Or, si le Soleil était placé sur la Terre, les deux centres coïncidant, le volume du Soleil s'étendrait, en tout sens, non-seulement jusqu'à l'orbite de la Lune, mais encore à une distance de 200,000 milles au delà.

Et ici, une fois encore, observons que nous n'avons, jusqu'à présent, parlé que de bagatelles. On a évalué la distance qui sépare Neptune du Soleil; elle est de 2,800 millions de milles; la circonférence de son orbite est donc de 17 trillions environ. Gardons d'oublier cela quand nous portons nos regards sur quelqu'une des étoiles les plus brillantes. Entre cette étoile et l'astre central de notre système, le Soleil, il y a un gouffre d'espace tel que, pour en donner l'idée, il faudrait la langue d'un archange. Donc, l'étoile que nous regardons est un être aussi séparé que possible de notre système, de notre Soleil, ou, si l'on veut, de notre étoile; cependant, supposons-la un moment placée sur notre Soleil, le centre de l'une coïncidant avec celui de l'autre, de même que nous avons supposé le Soleil lui-même placé sur la Terre. Figurons-nous maintenant l'étoile particulière que nous avons choisie s'étendant, dans tous les sens, au delà de l'orbite de Mercure, – de Vénus, – de la Terre, – et puis au delà de l'orbite de Mars, – de Jupiter, – d'Uranus, jusqu'à ce que, finalement, notre imagination ait rempli le cercle de 17 trillions de milles de circonférence, que décrit dans sa révolution la planète de Leverrier. En admettant que nous soyons parvenus à concevoir tant d'énormité, nous n'aurions pas créé une idée extravagante. Nous avons les meilleures raisons pour croire qu'il y a bien des étoiles beaucoup plus grosses que celle que nous avons supposée. Je veux dire que pour une telle croyance nous possédons la meilleure base expérimentale; et qu'en reportant notre regard vers la disposition atomique originelle, ayant pour but la diversité, que nous avons considérée comme étant une partie du plan divin dans la constitution de l'Univers, il nous deviendra facile de comprendre et d'admettre des disproportions, dans la grosseur des corps célestes, infiniment plus vastes qu'aucune de celles dont j'ai parlé jusqu'à présent. Naturellement nous devons nous attendre à trouver les corps les plus gros roulant à travers les vides les plus grands de l'Espace.

Je disais tout à l'heure que, pour nous donner une idée juste de l'intervalle qui sépare notre Soleil d'une quelconque des autres étoiles, il faudrait l'éloquence d'un archange. En parlant ainsi, je ne puis pas être accusé d'exagération; car c'est la vérité pure qu'en de certains sujets il n'est pas possible d'exagérer. Mais tâchons de poser la matière plus distinctement sous les yeux de l'esprit.

D'abord nous pouvons atteindre une conception générale, relative, de l'intervalle en question, en le comparant avec les espaces interplanétaires connus. Supposons, par exemple, que la Terre qui est, en réalité, à 95 millions de milles du Soleil, ne soit distante de ce flambeau que d'un pied seulement; Neptune se trouverait alors à une distance de quarante pieds; et l'étoile Alpha Lyrse à une distance de cent cinquante-neuf au moins.

Or, je présume que peu de mes lecteurs ont remarqué, dans la conclusion de ma dernière phrase, quelque chose de spécialement inadmissible, de particulièrement faux. J'ai dit que la distance de la Terre au Soleil étant supposée d'un pied, la distance de Neptune serait de quarante pieds, et celle d'Alpha Lyrse de cent cinquante-neuf. La proportion entre un pied et cent cinquante-neuf a peut-être semblé suffisante pour donner une impression distincte de la proportion entre les deux distances, celle de la Terre au Soleil et celle d'Alpha Lyrse au même astre. Mais mon calcul, en réalité, aurait dû se formuler ainsi: En supposant que la distance de la Terre au Soleil soit d'un pied, la distance de Neptune serait de quarante pieds, et celle d'Alpha Lyrse de cent cinquante-neuf… milles; c'est-à-dire que, dans mon premier calcul, je n'ai assigné à Alpha Lyrse que la cinq mille deux cent quatre-vingtième partie de la distance qui est la plus petite possible où cette étoile puisse être réellement située.

Poursuivons. – A quelque distance que soit une simple planète, cependant, quand nous l'examinons à travers un télescope, nous la voyons sous une certaine forme, nous la trouvons d'une certaine grosseur appréciable. Or, j'ai déjà dit quelques mots de la grosseur probable de plusieurs étoiles; néanmoins, quand nous en examinons une quelconque, même à travers le télescope le plus puissant, elle se présente à nous sans aucune forme, et, conséquemment, sans aucune dimension. Nous la voyons comme un point, et rien de plus.

Maintenant, supposons que nous voyagions la nuit, sur une grande route. Dans un champ, d'un des côtés de la route, se trouve une file de vastes objets de toute dimension, d'arbres, par exemple, dont la figure se détache distinctement sur le fond du ciel. Cette ligne s'étend à angle droit de la route jusqu'à l'horizon. Or, à mesure que nous avançons le long de la route, nous voyons ces arbres changer leurs positions respectives relativement à un certain point fixe dans cette partie du firmament qui forme le fond du tableau. Supposons que ce point fixe, – suffisamment fixe pour notre démonstration, – soit la lune qui se lève. Nous voyons tout d'abord que, pendant que l'arbre le plus proche de nous change de position relativement à la lune, et si fortement qu'il a l'air de fuir derrière nous, l'arbre qui est à la distance extrême n'a pour ainsi dire pas bougé de la place qu'il occupe relativement au satellite. Nous continuons à observer que plus les objets sont éloignés de nous, moins ils s'éloignent de leur position, et réciproquement. Nous commençons alors, à notre insu, à apprécier la distance de chaque arbre par la plus ou moins grande altération de sa position relative. Finalement nous arrivons à comprendre comment on pourrait vérifier la distance positive d'un arbre quelconque de cette rangée en se servant de la quantité d'altération relative comme d'une base dans un simple problème géométrique. Or, cette altération relative est ce que nous appelons parallaxe; et c'est par la parallaxe que nous calculons les distances des corps célestes. Appliquant le principe aux arbres en question, nous serions naturellement fort embarrassés pour calculer la distance d'un arbre, qui, si loin que nous nous avancions sur la route ne nous donnerait aucune parallaxe. Ceci, dans l'exemple que nous avons supposé, est une chose impossible; impossible simplement parce que toutes les distances sur notre Terre sont véritablement insignifiantes; si nous les comparons avec les vastes quantités cosmiques, nous pouvons dire qu'elles se réduisent absolument à néant.

Or, supposons que l'étoile Alpha Lyræ soit juste au-dessus de nos têtes et imaginons qu'au lieu d'être sur la Terre, nous soyons placés à l'un des bouts d'une ligne droite s'étendant à travers l'espace jusqu'à une distance égale au diamètre de l'orbite de la Terre, c'est-à-dire une distance de cent quatre-vingt-dix millions de milles. Ayant observé, au moyen des instruments micrométriques les plus délicats, la position exacte de l'étoile, marchons le long de cette inconcevable route, jusqu'à ce que nous ayons atteint l'autre extrémité. Ici, examinons une seconde fois l'étoile. Elle est précisément où nous l'avons laissée. Nos instruments, si délicats qu'ils soient, nous affirment que sa position relative est absolument, identiquement la même qu'au commencement de notre incommensurable voyage. Nous n'avons trouvé aucune parallaxe, absolument aucune.

Le fait est que, relativement à la distance des étoiles fixes, d'un quelconque de ces innombrables soleils qui scintillent de l'autre côté de ce terrible abîme par lequel notre système est séparé des systèmes ses frères, dans le groupe auquel il appartient, la science astronomique jusqu'à ces derniers temps n'a pu parler qu'avec une certitude négative. Considérant les plus brillantes comme les plus rapprochées, nous pouvions seulement dire, même de celles-là, que la limite en dedans de laquelle elles ne peuvent pas être situées, est à une certaine distance incommensurable; – à quelle distance au delà de cette limite sont-elles situées, nous n'avions jamais pu le calculer. Nous comprenions, par exemple, qu'Alpha Lyræ ne peut pas être à une distance moindre de dix-neuf quintillions et deux cents trillions de milles; mais, de tout ce que nous savions et de tout ce que nous savons maintenant, nous pouvons induire qu'il est peut-être à la distance représentée par le carré, le cube, ou toute autre puissance du nombre précité. Cependant, au moyen d'observations singulièrement sagaces et minutieuses, continuées avec des instruments nouveaux pendant plusieurs laborieuses années, Bessel, qui est mort récemment, avait dans les derniers temps réussi à déterminer la distance de six ou sept étoiles; entre autres celle qui est désignée par le chiffre 61 dans la constellation du Cygne. La distance calculée dans ce dernier cas est six cent soixante-dix mille fois plus grande que celle du Soleil; laquelle, il est bon de le rappeler, est de quatre-vingt-quinze millions de milles. L'étoile 61 du Cygne est donc éloignée de nous de presque soixante-quatre quintillions de milles, ou de plus de trois fois la distance la plus petite possible attribuée à Alpha Lyræ.

Si nous essayons d'apprécier cette distance à l'aide de considérations tirées de la vitesse, comme nous avons fait pour apprécier la distance de la Lune, il nous faut perdre absolument de vue des vitesses aussi insignifiantes que celles du boulet de canon ou du son. La lumière, toutefois, suivant les derniers calculs de Struve, marche avec une vitesse de cent soixante-sept mille milles par seconde. La pensée elle-même ne pourrait pas franchir cet intervalle plus rapidement, en supposant que la pensée puisse même le parcourir. Or, malgré cette inconcevable vélocité, la lumière, pour venir de l'étoile 61 du Cygne jusqu'à nous, a besoin de plus de dix ans; et conséquemment, si cette étoile était en ce moment effacée de l'Univers, elle continuerait encore pendant dix ans à briller pour nous et à verser à nos yeux sa gloire paradoxale.

Tout en gardant présente à l'esprit la conception, si faible qu'elle soit, que nous avons pu nous faire de l'intervalle qui sépare notre Soleil de l'étoile 61 du Cygne, souvenons-nous aussi que cet intervalle, quoique inexprimablement vaste, peut être considéré comme la simple distance moyenne entre les innombrables multitudes d'étoiles composant le groupe, ou nébuleuse, auquel appartient notre système, ainsi que l'étoile 61 du Cygne. En vérité, j'établis le calcul avec une grande modération; nous avons d'excellentes raisons pour croire que l'étoile 61 du Cygne est l'une des étoiles les plus rapprochées, et pour en conclure que sa distance, relativement à nous, est moindre que la distance moyenne d'étoile à étoile dans le magnifique groupe de la Voie Lactée.

Et ici, une fois encore et définitivement, il me semble bon d'observer que jusqu'à présent nous n'avons parlé que de quantités insignifiantes. Cessons de nous émerveiller de l'espace qui sépare les étoiles dans notre propre groupe ou dans tout autre groupe particulier; tournons plutôt nos pensées vers les espaces qui séparent les groupes eux-mêmes dans le groupe omnicompréhensif de l'Univers.

J'ai déjà dit que la lumière marche avec une vitesse de cent soixante-sept mille milles par seconde, c'est-à-dire de dix millions de milles par minute, ou d'environ six cent millions de milles par heure; – et cependant il est des nébuleuses qui sont tellement éloignées de nous que la lumière de ces mystérieuses régions, quoique marchant avec une telle vélocité, ne peut pas arriver jusqu'ici en moins de trois millions d'années. Ce calcul, d'ailleurs, a été fait par Herschell l'aîné, et n'a trait qu'à ces groupes comparativement rapprochés qui se trouvaient à la portée de son propre télescope. Mais il y a des nébuleuses, qui, par le tube magique de lord Rosse, nous communiquent en cet instant même l'écho des secrets qui datent d'un million de siècles. En un mot les phénomènes que nous contemplons en ce moment, dans ces mondes lointains, sont les mêmes phénomènes qui intéressaient leurs habitants il y a dix fois cent mille siècles. Dans des intervalles, dans des distances, tels que cette suggestion en impose à notre âme, —plutôt qu'à notre esprit, – nous trouvons enfin une échelle convenable où toutes nos mesquines considérations antérieures de quantité peuvent figurer comme de simples degrés.

XIII

L'imagination ainsi pleine de distances cosmiques, profitons de l'occasion pour parler de la difficulté que nous avons si souvent éprouvée, quand nous poursuivions le chemin battu de la pensée astronomique, à rendre compte de ces vides incommensurables, – à expliquer pourquoi des gouffres, si totalement inoccupés et si inutiles en apparence, se sont produits entre les étoiles, – entre les groupes, – bref, à trouver une raison suffisante de l'échelle titanique, sur laquelle, quant à l'espace seulement, l'Univers paraît avoir été construit. J'affirme que l'Astronomie a fait visiblement défaut dans cette question et n'a pas su attribuer à ce phénomène une cause rationnelle; – mais les considérations qui, dans cet Essai, nous ont conduit pas à pas, nous permettent de comprendre clairement et immédiatement que l'Espace et la Durée ne sont qu'un. Pour que l'Univers pût durer pendant une ère proportionnée à la grandeur de ses parties matérielles constitutives et à la haute majesté de ses destinées spirituelles, il était nécessaire que la diffusion atomique originelle se fît dans une étendue aussi prodigieusement vaste qu'elle pouvait l'être sans être infinie. Il fallait, en un mot, que les étoiles passassent de l'état de nébulosité invisible à l'état de solidité visible, et vieillissent en donnant successivement la naissance et la mort à des variétés inexprimablement nombreuses et complexes du développement de la vitalité; – il fallait que les étoiles accomplissent tout cela, trouvassent le temps suffisant pour accomplir toutes ces intentions divines, durant la période dans laquelle toutes choses vont effectuant leur retour vers l'Unité avec une vélocité qui progresse en raison inverse des carrés des distances, au bout desquelles est placé l'inévitable But.

Grâce à toutes ces considérations, nous n'avons aucune peine à comprendre l'absolue exactitude de l'appropriation divine. La densité respective des étoiles augmente, naturellement, à mesure que leur condensation diminue: la condensation et l'hétérogénéité marchent de pair; et par cette dernière, qui est l'indice de la première, nous pouvons estimer le développement vital et spirituel. Ainsi, par la densité des globes, nous obtenons la mesure dans laquelle leurs destinées sont remplies. A mesure qu'augmente la densité et que s'accomplissent les intentions divines, à mesure que diminue ce qui reste à accomplir, nous voyons augmenter, dans la même proportion, la vitesse qui précipite les choses vers la Fin. Et ainsi l'esprit philosophique comprendra sans peine que les intentions divines, dans la constitution des étoiles, avancent mathématiquement vers leur accomplissement; – il comprendra plus encore; il donnera à ce progrès une expression mathématique; il affirmera que ce progrès est en proportion inverse des carrés des distances où toutes les choses créées se trouvent relativement à ce qui est à la fois le point de départ et le but de leur création.

Non-seulement cette appropriation de Dieu est mathématiquement exacte, mais il y a en elle une estampille divine, qui la distingue de tous les ouvrages de construction purement humaine. Je veux parler de la complète réciprocité d'appropriation. Ainsi dans les constructions humaines une cause particulière engendre un effet particulier; une intention particulière amène un résultat particulier; mais c'est tout; nous ne voyons pas de réciprocité. L'effet ne réagit pas sur la cause; l'intention ne change pas son rapport avec l'objet. Dans les combinaisons de Dieu, l'objet est tour à tour dessein ou objet, selon la façon dont il nous plaît de le regarder, et nous pouvons prendre en tout temps une cause pour un effet, et réciproquement, de sorte que nous ne pouvons jamais, d'une manière absolue, distinguer l'un de l'autre.

Prenons un exemple. Dans les climats polaires, la machine humaine, pour maintenir sa chaleur animale, et pour la combustion dans le système capillaire, réclame une abondante provision de nourriture fortement azotée, telle que l'huile de poisson. D'autre part, nous voyons que dans les climats polaires l'huile des nombreux phoques et baleines est presque la seule nourriture que la nature fournisse à l'homme. Et maintenant dirons-nous que l'huile est mise à la portée de l'homme parce qu'elle est impérieusement réclamée, ou dirons-nous qu'elle est la seule chose réclamée parce qu'elle est la seule qu'il puisse obtenir? Il est impossible de décider la question. Il y a là une absolue réciprocité d'appropriation.

Le plaisir que nous tirons de toute manifestation du génie humain est en raison du plus ou moins de ressemblance avec cette espèce de réciprocité. Ainsi, dans la construction du plan d'une fiction littéraire, nous devrions nous efforcer d'arranger les incidents de telle façon qu'il fût impossible de déterminer si un quelconque d'entre eux dépend d'un autre quelconque ou lui sert d'appui. Prise dans ce sens, la perfection du plan est, dans la réalité, dans la pratique, impossible à atteindre, simplement parce que la construction dont il s'agit est l'œuvre d'une intelligence finie. Les plans de Dieu sont parfaits. L'Univers est un plan de Dieu.

Nous sommes maintenant arrivés à un point où l'intelligence est forcée de lutter contre sa propension à la déduction analogique, contre cette monomanie qui la pousse à vouloir saisir l'infini. Nous avons vu les lunes tourner autour des planètes; les planètes autour des étoiles; et l'instinct poétique de l'humanité, – son instinct de la symétrie, en tant que la symétrie ne soit qu'une symétrie de surface, – cet instinct, que l'Ame non-seulement de l'Homme mais de tous les êtres créés, a tiré au commencement de la base géométrique de l'irradiation universelle, – nous pousse à imaginer une extension sans fin de ce système de cycles. Fermant également nos yeux à la déduction et à l'induction, nous nous obstinons à concevoir une révolution de tous les corps qui composent lu Galaxie autour de quelque globe gigantesque que nous intitulons pivot central du tout. On se figure chaque groupe, dans le grand groupe de groupes, pourvu et construit d'une manière similaire; et en même temps, pour que l'analogie soit complète et ne fasse défaut en aucun point, on va jusqu'à concevoir tous ces groupes eux-mêmes comme tournant autour de quelque sphère encore plus auguste; – cette dernière à son tour, avec tous les groupes qui lui forment une ceinture, on croit qu'elle n'est qu'un des membres d'une série encore plus magnifique d'agglomérations, évoluant autour d'un autre globe qui lui sert de centre, – quelque globe encore plus ineffablement sublime, quelque globe, disons mieux, d'une infinie sublimité, incessamment multipliée par l'infiniment sublime. Telles sont les conditions, continuées à perpétuité, que la tyrannie d'une fausse analogie impose à l'Imagination et que la Raison est invitée à contempler, sans se montrer, s'il est possible, trop mécontente du tableau. Tel est, en général, le système d'interminables révolutions s'engendrant les unes les autres, que la Philosophie nous a habitués à comprendre et à expliquer, en s'y prenant du moins aussi adroitement qu'elle a pu. De temps à autre cependant, un véritable philosophe, dont la frénésie prend un tour très-déterminé, dont le génie, pour parler plus honnêtement, a, comme les blanchisseuses, l'habitude fortement prononcée de ne couler les choses qu'à la douzaine, nous fait voir le point précis, qui avait été perdu de vue, où s'arrête et où doit nécessairement s'arrêter cette série de révolutions.

Les rêveries de Fourier ne valent peut-être pas la peine que nous nous en moquions; – mais on a beaucoup parlé, dans ces derniers temps, de l'hypothèse de Madler, – à savoir qu'il existe, au centre de la Galaxie, un globe prodigieux, autour duquel tournent tous les systèmes du groupe. La période de révolution pour notre propre système a même été évaluée à 117 millions d'années.

On a longtemps soupçonné que notre Soleil opérait un mouvement dans l'espace, indépendamment de sa rotation, et une révolution autour du centre de gravité du système. Ce mouvement, en admettant qu'il existe, devrait se manifester par la perspective. Les étoiles, dans cette partie du firmament que nous sommes censés avoir laissée derrière nous, devraient, pendant une longue série d'années, s'accumuler en foule; celles comprises dans le côté opposé devraient avoir l'air de s'éparpiller. Or, par l'histoire de l'Astronomie, nous apprenons d'une manière vague que quelques-uns de ces phénomènes se sont manifestés. A ce sujet on a déclaré que notre système se mouvait vers un point du ciel diamétralement opposé à l'étoile Zêta Herculis; – mais c'est là peut-être le maximum de ce que nous avons logiquement le droit de conclure en cette matière. Madler, néanmoins, est allé jusqu'à désigner une étoile particulière, – Alcyone, l'une des Pléiades, – comme marquant juste, ou à peu de chose près, le point autour duquel s'accomplirait une révolution générale.

Or, puisque c'est l'analogie qui nous a tout d'abord entraînés vers ces rêves, il est naturel et convenable de nous servir de la même analogie pour en poursuivre le développement; et cette analogie qui nous a suggéré l'idée de révolution nous suggère en même temps l'idée d'un vaste globe central autour duquel elle devrait s'accomplir; – jusque-là le raisonnement de l'astronome est logique. Dynamiquement, il faudrait toutefois que cet astre central fût plus gros que tous les astres réunis qui l'entourent. Or, ils sont au nombre de 100 millions environ. «Pourquoi donc», a-t-on demandé très-naturellement, «ne voyons-nous pas ce vaste soleil central, au moins égal par sa masse à 100 millions de soleils semblables au notre? Pourquoi ne le voyons-nous pas, nous particulièrement, qui occupons la région moyenne du groupe, – le lieu même près duquel, en tout cas, doit être situé cet astre incomparable?» On répondit prestement: «Il faut qu'il soit non lumineux comme sont nos planètes.» Ici, pour s'accommoder au but, l'analogie se laissait torturer. On pouvait dire: «Nous savons qu'il existe positivement des soleils non lumineux, mais non pas dans de telles conditions.» Il est vrai que nous avons quelque raison d'en supposer de tels, mais nous n'avons certainement aucune raison pour supposer qu'il y a des soleils non lumineux entourés de soleils lumineux, ces derniers étant à leur tour environnés de planètes non lumineuses; tout cela est précisément ce dont Madler est sommé de trouver l'analogue dans les cieux; car il imagine tout cela justement à propos de la Galaxie. En admettant que la chose soit telle qu'il le dit, nous ne pouvons nous empêcher de penser combien cette question: «Pourquoi les choses sont-elles ainsi?» serait cruellement embarrassante pour les philosophes à priori.

Mais si, en dépit de l'analogie et de toute autre raison, nous reconnaissons la non-luminosité de ce grand astre central, nous pouvons toujours demander comment ce globe si énorme n'est pas rendu visible, grâce à cette effusion de lumière versée sur lui par les 100 millions de splendides soleils qui brillent dans tous les sens autour de lui. Devant cette embarrassante question, l'idée d'un soleil central positivement solide semble avoir été jusqu'à un certain point abandonnée; et l'esprit spéculatif s'est contenté d'affirmer que les systèmes du groupe accomplissaient leurs révolutions autour d'un centre immatériel de gravité qui leur était commun à tous. Ici encore, l'analogie a fait fausse route, pour se prêter à une théorie. Les planètes de notre système tournent, il est vrai, autour d'un centre commun de gravité; mais elles agissent ainsi conjointement avec un soleil matériel qui les entraîne, et dont la masse fait plus que contre-balancer le reste du système.

La circonférence mathématique est une courbe composée d'une infinité de lignes droites. Mais cette idée de la circonférence, idée qui, au point de vue de toute la géométrie ordinaire, n'en est que l'idée purement mathématique, mise en opposition de l'idée pratique, est aussi, en stricte réalité, la seule conception pratique que nous puissions façonner à notre usage pour l'intelligence de cette circonférence majestueuse à laquelle nous avons affaire, au moins en imagination, quand nous supposons notre système tournant autour d'un point situé au centre de la Galaxie. Que l'imagination la plus vigoureuse essaye seulement de faire un pas, un seul, vers la compréhension d'une courbe aussi inexprimable! Sans commettre un paradoxe, on pourrait dire qu'un éclair même, qui suivrait éternellement la circonférence de cet inexprimable cercle, ne ferait que parcourir éternellement une ligne droite. Qu'en décrivant une telle orbite, notre Soleil pût selon une appréciation humaine, dévier de la ligne droite à un degré quelconque, si petit qu'on le suppose, c'est là une idée inadmissible; cependant nous sommes priés de croire qu'une courbure est devenue apparente pendant la très-courte période de notre histoire astronomique, durant ce simple point, durant ce parfait néant de deux ou trois mille ans.

On pourrait dire que Madler a réellement vérifié une courbure dans le sens de la marche, maintenant bien tracée, de notre système à travers l'Espace. Admettant, s'il le faut, que ce fait soit réel, je maintiens qu'il n'y a dans ce cas, qu'un seul fait démontré, c'est la réalité d'une courbure. Pour l'entière vérification du fait, il faudrait des siècles, et quand même elle serait faite, elle ne servirait qu'à indiquer un rapport binaire ou tout autre rapport multiple quelconque entre notre Soleil et une ou plusieurs des étoiles les plus rapprochées. Quoi qu'il en soit, je ne hasarde rien en prédisant qu'après une période de plusieurs siècles, tous les efforts pour déterminer la marche de notre Soleil à travers l'Espace seront abandonnés comme vains et inutiles. Cela est facile à concevoir quand nous considérons l'infinité de perturbations que cette marche doit subir, par suite du changement perpétuel des rapports du Soleil avec les autres astres, pendant ce rapprochement simultané de tous vers le noyau de la Galaxie.

Mais, en examinant d'autres nébuleuses que la Voie Lactée, en considérant dans leur généralité les groupes dont est parsemé le firmament, trouvons-nous, oui ou non, une confirmation de l'hypothèse de Madler? Nous ne la trouvons pas. Les formes des groupes sont excessivement variées quand on les regarde accidentellement; mais par un examen plus minutieux, à travers de puissants télescopes, nous reconnaissons très-distinctement que la sphère est la forme dont ils se rapprochent le plus, – leur constitution étant en général en désaccord avec l'idée d'une révolution autour d'un centre commun.

«Il est difficile, dit sir John Herschell, – de former une conception quelconque de l'état dynamique de tels systèmes. D'un côté, sans un mouvement rotatoire et une force centrifuge, il est presque impossible de ne pas les considérer comme soumis à une condition de rapprochement progressif; d'un autre côté, en admettant un tel mouvement et une telle force, nous ne trouvons pas moins difficile de concilier leurs formes avec la rotation de tout le système (il veut dire groupe) autour d'un seul axe, sans lequel une collision intérieure nous apparaît comme chose inévitable.»

Quelques observations sur les nébuleuses, récemment faites par le Docteur Nichol, quoique faites à un point de vue cosmique absolument différent de tous ceux adoptés dans le présent Discours, s'appliquent d'une manière très-particulière au point qui est actuellement en question. Il dit:

«Quand nous dirigeons sur les nébuleuses nos plus grands télescopes, nous voyons que celles que nous avions d'abord considérées comme irrégulières ne le sont réellement pas; elles se rapprochent plutôt de la forme d'un globe. Il y en a une qui semblait ovale; mais le télescope de lord Rosse l'a transformée pour nous en un cercle… Or, il se présente une très-remarquable circonstance relativement à ces masses circulaires de nébuleuses qui semblent, par comparaison, douées de mouvement. Nous découvrons qu'elles ne sont pas absolument circulaires, mais que, bien au contraire, tout autour d'elles et de tous côtés, il y a des colonnes d'étoiles, qui semblent s'étendre au loin comme si elles se précipitaient vers une grande masse centrale en vertu de quelque énorme puissance1

Si j'avais à décrire, à ma guise, la condition actuelle nécessaire des nébuleuses, dans l'hypothèse, suggérée par moi, que toute matière s'achemine vers l'Unité originelle, je copierais simplement, et presque mot à mot, le langage qu'a employé le Docteur Nichol sans soupçonner le moins du monde cette prodigieuse vérité, qui est la clef de tous les phénomènes relatifs aux nébuleuses.

1.On doit comprendre que ce que je nie spécialement dans l'Hypothèse de Madler, c'est la partie qui concerne le mouvement circulaire. S'il n'existe pas maintenant dans notre groupe un grand globe central, naturellement il en existera un plus tard. Dans quelque temps qu'il existe, il sera simplement le noyau de la consolidation.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
30 eylül 2017
Hacim:
171 s. 2 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain
Ses
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Ses
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin PDF
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 5, 1 oylamaya göre
Ses
Ortalama puan 5, 1 oylamaya göre
Ses
Ortalama puan 5, 1 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 5, 1 oylamaya göre