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Kitabı oku: «Comment on construit une maison», sayfa 3

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CHAPITRE III
L’ARBRE DE LA SCIENCE

Sa mère le regardait d’un air étonné; quant au père, il devint sérieux et parla ainsi: «Paul, cette maison plaît à ta mère, telle qu’elle est; elle me plaît aussi à moi; vous y êtes nés tous trois, tes sœurs et toi; mon père me l’a laissée, et je n’y ai ajouté que ce qui nous était nécessaire. Il n’est pas un coin de cette habitation qui ne me rappelle un souvenir de bonheur ou de tristesse; elle est consacrée par le travail de trois générations d’honnêtes gens. Tous les habitants du pays, qui veulent bien l’appeler le Château, savent qu’ils y trouvent du pain quand ils en manquent, des vêtements pour leurs petits enfants, des conseils dans leurs différends, et des secours s’ils sont malades. Ils n’ont pas besoin qu’on leur indique l’escalier qui monte à l’appartement de ta mère ou à mon cabinet, car ils le connaissent comme nous; ils savent comme nous où se trouvent ces casse-cou que tu signales et ne se perdent pas dans les longs couloirs. Si la cuisine est un peu trop éloignée de la salle à manger, elle est assez vaste pour contenir les moissonneurs quand ils arrivent pour souper et les pasteurs quand ils viennent régler leurs comptes. Je ne me crois pas le droit de changer tout cela; car cette maison est la maison de tous ici, et tu ne dois pas oublier plus que moi qu’en 1793, mon grand-père y resta seul avec sa femme et mon père, sans être inquiétés, tandis que tous les châteaux voisins étaient abandonnés et pillés.

«Quand nous ne serons plus de ce monde, ta mère et moi, vous ferez de cette vieille maison ce que vous jugerez convenable; mais, si j’ai un conseil à vous donner, gardez-la telle qu’elle est, car elle peut rester debout plus longtemps que vous et que vos enfants. Gardez-la, car il faudrait que vous fissiez bien des fautes pour qu’elle ne fût plus une protection pour notre famille.

«Je sais, aussi bien et mieux que toi probablement, tout ce qui lui manque pour être une habitation dans le goût du jour, et, si je venais à la vendre à quelque riche propriétaire, il est probable que celui-ci s’empresserait de la démolir pour bâtir une maison ou un château plus confortable et mieux approprié aux habitudes de notre temps. Ce que cet acquéreur pourrait faire, moi je ne le puis, je ne le dois pas faire.

«Ces bonnes gens qui viennent ici me causer avec leurs sabots aux pieds, leur limousine sur le dos et qui protégeraient au besoin (ils me l’ont prouvé) ma vieille maison, ne viendraient plus dans une habitation neuve qu’ils ne connaîtraient pas et où tout serait fait pour leur causer de l’effarement, sinon de l’envie. Je me déshabituerais de les voir, et, s’il me semble tout naturel de recevoir à toute heure leur visite dans ce logis qui ne rappelle que le passé et où tout est simple et un peu gauche comme eux, il me paraîtrait probablement étrange de les introduire dans des appartements disposés et décorés suivant la mode du jour.

«L’habitude des yeux est quelque chose qu’il ne faut point heurter, les gens du pays réunissent dans leur pensée l’habitant et sa maison; changez celle-ci, ils ne reconnaîtront plus celui-là.

«Ton cousin sait encore mieux que toi et moi quels sont les défauts de notre vieux manoir, et comment on pourrait le rendre beaucoup plus attrayant, et cependant jamais il ne m’a fait songer qu’on y pût apporter des modifications, parce qu’il comprend comme moi qu’en changeant quelque chose à ces bâtisses, on causerait autour de nous un trouble dans des habitudes prises, qui ne pourrait qu’être fâcheux.

«Te voilà en deux ou trois heures devenu architecte, et avant de savoir si tu pourras faire mieux que ce qui existe, tu penses à démolir. Plus de modestie; quand tu auras longtemps étudié et beaucoup vu, tu sauras que l’habitation doit être, pour l’homme ou pour sa famille, un vêtement fait à sa mesure, et que, quand un logis est en parfaite concordance avec les mœurs et les habitudes de ceux qu’il abrite sous son toit, il est excellent. Combien ai-je vu de ces propriétaires qui, en détruisant la maison laissée par leurs pères, pour la remplacer par une habitation conforme, pensaient-ils, aux exigences du moment, brisaient du même coup le lien qui rattachait leur famille aux humbles habitants du voisinage!»

À ces arguments, M. Paul, pour toute réplique, alla embrasser son père et sa mère; et c’était ce qu’il avait de mieux à faire.

«Je ne comprends pas bien,» dit Paul à son cousin, lorsqu’ils furent tous deux dans le parc après déjeuner, «pourquoi mon père désire alors faire bâtir une maison pour ma sœur, puisqu’il trouve si nécessaire de conserver pour lui et pour nous le vieux manoir où nous sommes nés.

–Ceci est délicat; mais vous êtes, petit cousin, en âge de le comprendre. D’abord votre sœur Marie porte aujourd’hui un autre nom que le vôtre; or, un nom connu, respecté, est, pour le voisinage, comme la vieille maison à laquelle il se trouve pour ainsi dire attaché. Si vous n’existiez pas et que votre père et votre mère ne fussent plus de ce monde, Mme N., votre sœur, en venant habiter cette terre avec son mari, pourrait impunément démolir la vieille maison et en bâtir une neuve, car il ne lui serait pas plus difficile de faire accepter cette maison neuve que le nom du nouveau propriétaire. Elle devrait renouer de nouveaux liens avec tout ce petit monde qui vous entoure, et par conséquent établir entre ce monde et sa nouvelle famille des rapports autres probablement que ceux qui existent aujourd’hui entre votre père et les gens de votre voisinage. Les relations de votre père avec les paysans berrichons au milieu desquels il a toujours vécu, résultent de traditions transmises par plusieurs générations sans interruption. Il peut obtenir d’eux, par suite, des services, leur inspirer une confiance qui ne seraient point accordés à de nouveaux venus, à un autre nom que le sien; de même aussi ces campagnards acceptent sans défiance des bienfaits qu’ils savent, par une longue expérience, être désintéressés. Le vieux manoir occupé par une personne étrangère, par un nom nouveau, perdrait le prestige si justement apprécié par votre père; donc il n’y aurait nul avantage à conserver au vieux domaine sa physionomie. Aussi M. de Gandelau, qui ne fait rien légèrement, a-t-il bien compris qu’un jour ou l’autre, et par la force des choses, sa maison ne pourrait convenir à ses enfants, et, avant de la laisser disparaître, il en élève une nouvelle pour votre sœur; maison à laquelle on s’habituera peu à peu dans le pays, qui formera un nouveau noyau; car Mme Marie sait se faire aimer et est connue ici de tous par ses belles qualités. On se fera aux habitudes plus modernes des hôtes du manoir neuf, et personne ne trouvera étrange, alors, qu’on modifie ou qu’on démolisse le vieux. Votre père ménage une transition entre des mœurs qui s’affaiblissent même dans les campagnes, mœurs vivantes encore cependant, et celles qui les doivent remplacer. Vous voyez donc que, s’il tient au passé, s’il essaye d’en conserver les bons côtés, il ne croit pas à sa perpétuité et prévoit le moment ou il disparaîtra forcément, en présence des mœurs et des nécessités de l’époque. Autant paraissent naturelles les façons d’être de votre père parce qu’elles résultent d’habitudes non interrompues pendant plusieurs générations, autant il serait difficile à un nouveau venu de se conformer à ces habitudes. D’ailleurs ce domaine, que M. de Gandelau a si bien su faire fructifier, qu’il a augmenté, sera forcément divisé entre ses trois enfants lorsqu’il n’y sera plus. Déjà en a-t-il détaché une partie qui compose la dot de votre sœur. Eh bien, il entend que cette partie, dès à présent, soit mise en harmonie, par l’habitation que nous allons construire, avec les usages des nouveaux propriétaires qui sont jeunes et ont nécessairement des façons d’être différentes de celles qui conviennent encore à votre père. Plus tard, vous apprécierez toutes ces choses. Allons travailler.»

Paul cherchait à mettre en ordre, dans sa tête, les graves propos que tenait son cousin. Il se rappelait la conversation des jours précédents, entre M. de Gandelau et sa mère, et des idées, toutes nouvelles pour lui, le préoccupaient visiblement. Quoi qu’il en soit, la vieille maison prenait à ses yeux une apparence vénérable, et il songeait à bien autre chose qu’à lui reprocher ses mauvaises distributions et ses dehors assez maussades.

CHAPITRE IV
DES IDÉES DE M. PAUL EN MATIÈRE D’ART, ET COMMENT ELLES FURENTMODIFIÉES

«Avant de reprendre le crayon, dit le grand cousin, dès que l’on fut réinstallé dans le cabinet de travail, il faut savoir ce que vous voulez. Nous avons tracé l’esquisse des plans. Nous savons qu’ils peuvent s’élever, que la construction ne présentera pas de difficultés; que les murs séparatifs des étages sont d’aplomb les uns sur les autres; que les portées des planchers sont raisonnables, que les ouvertures sont aux places convenables. C’est très bien… Maintenant, voyez-vous ces plans en élévation? C’est-à-dire voyez-vous la maison debout, avec ses étages, ses combles, ses baies, etc.?

–Mais… non.

–Eh bien, il faudrait d’abord vous représenter cette bâtisse comme si elle existait réellement… Je sais que cela ne vous est guère possible, puisque beaucoup d’architectes ne sont pas plus avancés que vous lorsqu’ils ont tracé sur le papier les plans horizontaux, et qu’en traçant ces plans, ils ne voient pas leur bâtisse s’élever en idée. Réfléchissez un peu, examinez bien ces figures, et tâchez, par la pensée, de leur donner, en élévation, une apparence quelconque avant de vous servir du crayon… Prenez votre temps. J’ai une lettre à écrire, quelques comptes à mettre en ordre; pendant ce temps-là, tâchez de me donner l’élévation d’une des faces de la maison, de celle de l’entrée par exemple, côté nord, et nous raisonnerons sur ce projet. Je ne vous recommande qu’une chose, c’est de ne rien mettre sur le papier sans avoir réfléchi, au préalable, sur la convenance, l’utilité de ce que vous projetterez.

«Allons, courage; et n’oubliez pas l’échelle de proportion!»

M. Paul était fort embarrassé, et trouvait la besogne bien difficile. Les idées, qui lui étaient venues abondamment lors de son premier projet, lui refusaient leur service. Cependant, au bout d’une bonne heure et demie, il présentait à son cousin un croquis.

«Cela pourrait être plus mauvais, dit le grand cousin. Vous avez donné 4m,50 de hauteur au rez-de-chaussée entre planchers, c’est bien ce que nous avions dit; mais pourquoi la même hauteur au premier étage? Les pièces sont plus petites, on est mieux aéré; donc il n’est pas besoin de donner à cet étage une hauteur pareille, et 4 mètres suffiraient largement. Puis, pourquoi des fenêtres rondes à rez-de-chaussée? Les fenêtres rondes sont difficiles à garnir de châssis, et cela s’arrange mal avec les fermetures, volets, jalousies ou persiennes. Bon! vos fenêtres de l’escalier principal ne ressautent pas et seraient coupées au milieu par l’emmarchement, ce qui empêcherait de les ouvrir et ferait que, d’un coup de pied, on pourrait casser un carreau. Puis votre cage d’escalier10 ne s’élève pas au-dessus de la corniche et ne pourrait permettre d’entrer dans l’étage sous combles. Il en est de même pour l’escalier de service. Vos combles sont faits en bresis11, c’est-à-dire avec deux pentes. Cela ne vaut pas grand’chose dans des pays comme ceux-ci. Il faut des combles à pente simple et sans arêtiers12 qui exigent un entretien difficile. Mieux valent les pignons13. Vous avez marqué des chaînes de pierre aux angles. Je n’y vois pas de mal; mais comment construirez-vous vos tableaux14 de croisées encadrées par des sortes de pilastres? Aucune souche de cheminée15 ne dépasse votre comble; cependant vous sentez qu’il faudra bien qu’on les voie. Vos mansardes sont trop basses et on se cognerait la tête pour regarder dehors. Faut-il que les linteaux16 de ces lucarnes soient au moins à 2 mètres au-dessus du plancher? Et pourquoi des lucarnes ovales? Cela est fort incommode et difficile à fermer. Vous avez indiqué le perron en perspective, comme font les Chinois; mais c’est un détail. En quoi bâtirez-vous vos murs? Est-ce en pierre de taille, en moellons, en pierre et moellons ou en pierre et briques?

«Étudions cela ensemble. Lorsque l’on compose un plan par-terre ou horizontal, indépendamment des distributions, la chose dont il faut se préoccuper, c’est de savoir comment on couvrira les bâtiments. Car ce qui importe le plus dans une construction, c’est le moyen de la couvrir, puisque toute construction destinée à un usage intérieur est un abri. Cela est indiscutable, n’est-ce pas? Eh bien, dans votre bâtisse, dont les plans sont maintenant sous vos yeux, que voyez-vous dans la masse du corps principal? Deux parallélogrammes qui se coupent ainsi (fig. 3). Un premier parallélogramme a b c d, coupé par un second parallélogramme e f g h. Nous laissons de côté les bretêches et les escaliers. Donc si nous montons des pignons sur les murs a c, b d, dont les rampants seront égaux à la ligne a c, nous aurons deux triangles équilatéraux dont les bases seront a c et b d, et les pentes à 60°, ce qui est la pente la plus convenable pour de l’ardoise, en ce que la neige ne s’y arrête pas et que cette pente ne donne pas de prise au vent. Si, de même, sur les murs e f, g h, nous élevons deux pignons ayant une pente semblable, ces murs étant moins longs que ne sont ceux a c, b d, les triangles seront plus petits et leur sommet n’atteindra pas la hauteur des premiers. Alors le comble élevé sur le plus petit parallélogramme pénétrera celui élevé sur le grand et formera par ces pénétrations des angles rentrants que nous appelons noues; je trace ces noues en i k, k l, m n, m o. Car les pentes des deux combles étant égales, en projection horizontale, ces noues partageront l’angle droit en deux angles égaux; vous savez assez de géométrie pour comprendre cela.

Fig. 3.


«Voilà donc la manière la plus simple de couvrir notre bâtiment; or, en fait de couvertures, les plus simples sont les meilleures. Maintenant pour que nos deux escaliers permettent de pénétrer sous ces combles, il faut que leur cage, autrement dit leur enveloppe de maçonnerie, s’élève au-dessus de la corniche du bâtiment et fournisse un étage supplémentaire, pour eux seuls. Donc nous élèverons ces cages et nous établirons pour elles des combles spéciaux. L’un, celui du grand escalier, sera en pyramide à base quadrangulaire, et l’autre, celui du petit, sera conique.

«Rien ne nous empêche d’élever sur les deux murs q z, s t, des loges ou bretêches, de petits pignons, toujours avec une même pente de 60°, et de couvrir ces loges par deux petits combles qui s’appuieront sur les grands pignons a c, b d. Quant au bâtiment affecté à la cuisine au rez-de-chaussée et à la lingerie au premier étage, nous suivrons la même méthode, et, élevant un pignon sur le mur u v, nous aurons un comble sur ce logis, à deux pentes qui viendra de même s’appuyer sur le grand pignon b d. Nous aurons alors une rencontre à la base du comble sur la loge s t et de celui sur le bâtiment de la lingerie. Nous formerons un appentis, pour éviter les chéneaux intérieurs, lequel pénétrera ces deux combles et rejettera les eaux en t. Donc la projection horizontale de cet ensemble de combles sera le tracé que vous voyez sur notre figure 3. Les souches des cheminées traverseront ces combles, ainsi que je vous l’indique, et ces souches, pour que les cheminées ne fument pas, doivent s’élever au moins au niveau du faîtage17, c’est-à-dire au-dessus de l’arête supérieure du comble le plus élevé. Quant aux couvertures des dépendances, étant plus basses puisqu’elles n’ont qu’un rez-de-chaussée, nous n’avons pas à nous en préoccuper pour le moment.

«Remarquons que ces pignons, s’élevant verticalement, nous permettront de disposer sous les combles des chambres d’amis très convenables, indépendamment des chambres de domestiques qu’il faudra ménager, en les éclairant par des lucarnes; tandis que nous pourrons avoir pour les chambres donnant sur les pignons, de belles fenêtres avec balcons, si cela nous convient.

«Cela décidé en principe, il serait bon de distribuer cet étage sous combles. Mettez un morceau de papier à calquer sur le plan du premier étage. Bien; maintenant, tracez tous les gros murs qui, nécessairement, doivent s’élever jusqu’à la couverture, puisqu’ils portent des cheminées. Tracez, à un mètre en dedans des murs goutterots, c’est-à-dire qui ne portent pas pignons, une ligne, laquelle indique la place perdue par suite de l’inclinaison du comble; vous allez ainsi avoir l’espace dont vous pouvez disposer. Le grand escalier va monter à cet étage, ainsi que l’escalier de service. À partir du gros mur de refend qui, du grand escalier, va joindre l’angle du corps principal vers le sud-est, qui est la belle orientation, nous allons disposer les chambres d’amis, lesquelles formeront ainsi un quartier séparé mis en communication avec les appartements par le grand escalier. Nous pouvons, dans cette partie, obtenir deux belles chambres A et B, avec leurs cabinets de toilette a et b; puis deux plus petites chambres C et D, possédant toutes une cheminée. N’oublions pas le water-closet pour ces appartements, en W. De l’autre part, et en communication directe avec l’escalier de service, nous pourrons trouver facilement quatre chambres de domestiques E, F, G, H, des débarras I, et un water-closet L, pour les gens (fig. 4).

«Au-dessus du bâtiment des remises et écuries et de la buanderie, nous pourrons aussi, dans les combles, disposer de trois ou quatre chambres de domestiques, cocher, palefrenier, etc.


Fig. 4


Fig 5.

Fig. 4—Plan de l'étage sous combles.

Fig 5.—Façade, côté de l'arrivée.


«Maintenant, il convient d’esquisser les façades.

«Nous élèverons le sol du rez-de-chaussée d’un mètre cinquante centimètres au-dessus du sol extérieur, pour que nos caves soient convenablement aérées et pour soustraire ce rez-de-chaussée à l’humidité du terrain. Nous donnerons au rez-de-chaussée 4m,20c de hauteur sous plafond. Tracez à ce niveau un bandeau horizontal de 0m,30c de hauteur qui sera l’épaisseur du plancher. Aux pièces du premier étage, qui sont plus petites que celles du rez-de-chaussée, nous donnerons 3m,70c entre planchers. Puis tracez l’épaisseur de la corniche avec sa tablette, 0m,55c. Alors commenceront les combles, dont la hauteur sera fixée par celles des pignons. En prenant la face sur l’entrée, projetez verticalement les angles du bâtiment, les portes et fenêtres d’après le plan. Voilà l’ossature de cette façade disposée.»

Le grand cousin prend alors la planchette et esquisse la façade (fig. 5).

Tout cela fut bientôt mis au net à une petite échelle pour être envoyé à Mme Marie N…, afin d’avoir son avis, et de procéder à l’exécution dès qu’on aurait reçu la réponse.

M. Paul commençait à entrevoir quelques-unes des difficultés que fait naître le moindre projet de bâtisse et se demandait comment le père Branchu, qui savait tout juste écrire et compter, avait pu arriver à construire la maison de M. le Maire, laquelle, cependant, n’avait pas trop mauvaise apparence.

Le grand cousin, interrogé sur ce point, répondit ainsi à M. Paul: «Le père Branchu possède la pratique de son métier; c’est un bon maçon de campagne qui a commencé par porter l’oiseau sur ses épaules, qui est fils de maçon et fait ce qu’il a vu faire à son père. Il est d’ailleurs intelligent, laborieux et probe. Par la pratique seule, il est arrivé à bâtir comme on bâtit au pays, et peut-être un peu mieux, parce qu’il raisonne volontiers sur ce qu’il fait. Il observe; ce n’est ni un sot, ni un vaniteux; il évite les fautes des uns et imite les qualités des autres. Vous le verrez à l’œuvre, et vous serez parfois surpris de la justesse de ses observations, de l’insistance qu’il met à défendre son opinion et des moyens pratiques dont il sait faire usage. Si on lui donne des instructions et qu’il n’en comprenne pas parfaitement le sens, il ne dit mot, mais revient le lendemain vous expliquer ce qu’il a cru saisir, vous forçant ainsi à reprendre un à un tous les points douteux, à compléter tous les renseignements incomplets ou vagues. J’aime le père Branchu à cause de la ténacité qu’il met à vouloir comprendre ce qu’on lui ordonne, et ce qui le rend importun pour quelques-uns me semble une qualité précieuse, car, avec lui, il faut avoir tout prévu, avoir réponse à toute objection et savoir de tous points ce que l’on veut. Il a abandonné les travaux du châtelain de…, votre voisin, parce qu’on lui faisait défaire aujourd’hui ce qu’on avait ordonné hier. Interrogez-le à ce sujet: il est curieux à entendre; ce bonhomme qui n’a que la pratique la plus élémentaire de son métier, mais qui la possède à fond, qui connaît bien les matériaux du pays et la manière de les mettre en œuvre, vous dira que l’architecte de ce château interminable est un ignorant, et il vous le prouvera à sa manière. Et cependant il est clair que cet architecte en sait beaucoup plus long que le père Branchu.

«En règle générale, quand on donne un ordre, il faut avoir sept fois pensé aux objections dont il peut être l’objet; autrement, on trouve parfois un père Branchu qui, du premier mot, vous montre que vous n’avez été qu’un étourdi. Un architecte a bien la ressource de fermer la bouche aux faiseurs d’objections lorsqu’ils sont placés sous sa direction; mais imposer silence aux gens n’est pas leur démontrer qu’ils ont tort, surtout si, à quelques jours de distance, le directeur de l’œuvre donne des ordres contradictoires. Chacun possède sa dose d’amour-propre dont il faut tenir compte. Autant un inférieur est flatté et vous sait gré de l’attention que vous apportez à écouter ses observations lorsqu’elles sont fondées, autant il est disposé à vous croire incapable si vous les repoussez sans examen; surtout si, peu après, le fait démontre à cet inférieur qu’il pouvait avoir raison. Il n’est qu’un moyen d’établir la discipline dans un chantier: c’est de prouver à tous qu’on en sait plus qu’eux et qu’on tient compte des difficultés de l’exécution.»

10.Cage d’escalier. Est l’enveloppe en maçonnerie ou en charpente dans laquelle gironnent les marches d’un escalier.
11.Bresis. On dit un comble en bresis ou avec bresis, pour indiquer qu’il se compose de deux plans, dont l’un est peu incliné et l’autre forme un angle plus fermé. L’arête horizontale de jonction des deux plans est désignée par le mot membron. On ouvre habituellement les lucarnes ou mansardes dans la hauteur du bresis.
12.Arêtier. Angle saillant formé par la réunion de deux pans de comble.
13.Pignon. Partie terminale d’un mur qui masque la charpente du comble et en suit les pentes.
14.Tableau. Partie du jambage d’une porte ou d’une fenêtre qui reste en dehors de la fermeture.
15.Souche de cheminée. Est la partie du conduit de fumée en maçonnerie qui dépasse les combles et est terminée parfois par des tuyaux en poterie ou de tôle.
16.Linteau. Pièce de bois ou morceau de pierre qui, posée horizontalement sur les jambages d’une porte ou d’une fenêtre, complète la fermeture.
17.Faîtage. Pièce de bois horizontale qui, posée sur la tête des poinçons des fermes, forme l’arête supérieure du comble et reçoit les chevrons. Les faîtages sont soulagés dans leur portée, d’un poinçon à l’autre, par des liens.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
30 haziran 2018
Hacim:
298 s. 65 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain