Cilt 340 sayfalar
Histoire de Sibylle
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Octave Feuillet Histoire de Sibylle PREMIERE PARTIE I LES FERIAS Une belle journée du mois daoût était près de finir. La petite et massive église de Férias, qui couronne le sommet arrondi dune falaise, sur la côte orientale de la presquîle normande, agitait ses deux cloches au timbre grêle sur un rythme dallégresse. Une multitude endimanchée venait de se répandre hors de léglise, et bourdonnait dans le cimetière: elle accueillit dun murmure satisfait lapparition dune nourrice normande en grand appareil qui se présenta presque aussitôt sur le seuil du porche, berçant à lombre des grandes ailes de sa coiffe un enfant richement enveloppé dans ses langes de baptême. La foule souvrit devant cette importante personne, qui daignait toutefois suspendre de temps à autre sa marche triomphale pour soulever, au bénéfice des commères attendries, les voiles de lenfant. La nourrice était suivie par deux domestiques en livrée noire, chargés de lourdes sacoches, qui attiraient exclusivement lattention de la partie la moins sentimentale du public. Tout à coup le curé, encore revêtu de létole, sortit de léglise avec une mine affairée, et adressa quelques mots aux domestiques, qui séloignèrent à la hâte, entraînant la foule sur leurs pas. Peu dinstants après, le curé, homme robuste, déjà mûr et dont le visage respirait une honnête bonhomie, se trouvait seul dans lenceinte du petit cimetière, et on entendait au loin, se mêlant à la confuse rumeur des flots sur la grève, les cris des enfants qui se disputaient, sur le revers de la lande, les largesses accoutumées. En même temps léglise cessa de faire résonner son carillon de fête, et sa simple architecture reprit dans la solitude ce caractère de rigidité et de mélancolie que lOcéan semble refléter sur tout ce qui lapproche. Derrière les grands bois qui voilent lhorizon du côté de la terre, et qui suivent à perte de vue, parallèlement au rivage, les ondulations des collines, le soleil descendait dans sa gloire, perçant de mille flèches dor les masses épaisses du feuillage: ses obliques rayons glissaient encore sur le sommet de la falaise et faisaient miroiter les vitraux de léglise; mais ils narrivaient déjà plus jusquà la mer, dont lazur sassombrissait brusquement. En cet instant, la porte de léglise souvrit: un vieux monsieur et une vieille dame, tous deux dune taille élevée et un peu frêle, avec un grand air de distinction et de douce dignité, descendirent lentement les degrés du porche: ils savancèrent vers deux plaques de marbre blanc accouplées sur deux tombes voisines, et sagenouillèrent côte à côte. Le curé sagenouilla à quelques pas derrière eux. Après quelques minutes, le vieux monsieur se