Kitabı oku: «Contes et légendes. 1re Partie», sayfa 3
La jolie princesse raconta toutes ses aventures au prince, et il dit que la négresse serait punie. Mais le prince était si heureux de revoir sa chère princesse qu'il dansa de joie. Le roi, entendant le bruit dans la chambre du prince, arriva en colère, ouvrit la porte, et dit: "Mon fils, vous êtes décidément fou! Pourquoi dansez-vous maintenant?"
"Oh mon père," répondit le prince, "je danse de joie, parce que j'ai retrouvé la chère princesse, la plus jolie femme du monde!" et le prince présenta la princesse à son père, qui la regarda avec admiration, et dit: "Mon fils, vous avez raison, cette princesse est belle comme le jour, blanche comme la neige, et je suis sûr qu'elle est aussi bonne et intelligente qu'un ange!"
Alors le roi demanda au prince comment il avait retrouvé la princesse, où elle avait disparu, et quand il eut entendu toute l'histoire, il dit: "La négresse est une très méchante femme. Elle mérite une punition très sévère."
Alors le roi prit un grand voile, le jeta sur la tête de la princesse, et la mena dans la grande salle, où tous les courtisans étaient assemblés autour de la négresse, qui portait une robe de satin rose toute couverte de perles et de diamants.
Le roi s'avança vers la négresse et dit: "Madame, demain vous pensez être la reine de ce royaume. Donnez-moi votre opinion, et dites-moi quelle punition mérite la personne qui attaquerait la future femme du prince, mon fils?"
"Une personne qui attaquerait la femme de votre fils mériterait une mort terrible. Elle mériterait d'être jetée dans un grand four, rôtie toute vive, et je commanderais que ses cendres fussent jetées au vent."
Le roi répondit: "Madame, vous avez prononcé votre propre punition. Vous êtes une femme cruelle! Vous avez voulu tuer cette jolie princesse, la future femme de mon fils, et vous serez jetée dans un four, rôtie toute vive, et je commanderai que vos cendres soient jetées au vent!"
Alors le roi leva le voile de la princesse, et tous les courtisans et toutes les dames d'honneur s'écrièrent: "Oh, quelle jolie princesse!"
La pauvre négresse se jeta à genoux devant le roi, et dit: "Mon roi, mon roi, ayez compassion de moi, ayez compassion de moi, ne me faites pas rôtir toute vive dans un four. Pardon, mon roi, pardon!"
Mais le roi refusa de pardonner à la négresse; alors la belle princesse s'avança, et dit: "Votre majesté a promis de me donner un beau cadeau de noces. Donnez-moi la vie de cette pauvre créature si ignorante!"
Le roi consentit à la demande de la princesse, qui trouva une bonne place pour la négresse, et tout le monde déclara que la nouvelle reine était aussi bonne que belle.
Le mariage du prince et de la princesse fut célébré le lendemain avec beaucoup de pompe et de cérémonie, et le prince et la princesse furent heureux tout le reste de leur vie, et regrettés après leur mort de tous leurs sujets.
LA VILLE SUBMERGÉE. 9
Il y avait une fois, en Hollande, une grande et belle ville appelée Stavoren. Cette ville était située près de la mer, et les habitants étaient très riches, parce que leurs vaisseaux allaient dans toutes les différentes parties du monde chercher les trésors de toutes les différentes contrées.
Les habitants de Stavoren étaient très riches, et ils étaient fiers de leur or, fiers de leur argent, fiers de leurs vaisseaux, et fiers de leurs grands palais. Ils étaient fiers et égoïstes aussi, parce qu'ils ne pensaient jamais aux pauvres, qui n'avaient ni or, ni argent, ni vaisseaux, ni palais.
Il y avait une dame à Stavoren qui était plus riche et plus fière que tous les autres habitants; elle était aussi plus égoïste et plus cruelle envers les pauvres. Un jour, cette dame si riche appela le capitaine de son plus grand vaisseau, et dit:
"Capitaine, préparez votre vaisseau, et quittez le port. Allez me chercher une grande cargaison de la chose la plus précieuse du monde."
"Certainement, madame," dit le capitaine, "commandez, et j'obéirai. Mais que voulez-vous, madame? Voulez-vous une grande cargaison d'or, d'argent, de pierres précieuses, ou d'étoffes? Que voulez-vous?"
"Capitaine," répondit la dame, "j'ai donné mes ordres. Je demande une cargaison de la chose la plus précieuse du monde. Il y a seulement une chose qui est plus précieuse que toutes les autres. Allez chercher cette chose-là et partez immédiatement."
Le pauvre capitaine, qui avait peur de la dame, obéit. Il alla au port, il prépara son vaisseau, et partit. Alors il appela ses officiers et ses matelots, et dit:
"Camarades, notre maîtresse a commandé une grande cargaison de la chose la plus précieuse du monde. Elle a refusé de dire quelle est la chose la plus précieuse du monde. Je ne sais pas quelle est la chose la plus précieuse du monde. Savez-vous quelle est la chose la plus précieuse du monde?"
"Oui, mon capitaine," répondit un officier, "la chose la plus précieuse du monde, c'est l'or."
"Oh, non, mon capitaine," répondit un autre officier, "la chose la plus précieuse du monde, c'est l'argent."
"Non," dit un autre. "Mes camarades, la chose la plus précieuse du monde ce sont les pierres précieuses, les perles, les diamants, et les rubis."
Un autre matelot dit: "Mon capitaine, la chose la plus précieuse du monde ce sont les étoffes." Tous les hommes et tous les officiers avaient une opinion différente, et le pauvre capitaine était très embarrassé. Enfin le capitaine dit: "Je sais quelle est la chose la plus précieuse du monde, c'est le blé. Avec le blé on fait le pain, la chose la plus précieuse du monde, parce que le pain est indispensable." Le capitaine était content, et tous les hommes étaient contents aussi.
Le capitaine dirigea son vaisseau dans la mer Baltique.10 Il alla à la ville de Dantzic.11 Là il acheta une grande cargaison de blé magnifique. Il chargea la cargaison de blé sur son vaisseau, et il repartit pour Stavoren. Pendant son absence, la dame avait fait visite à toutes les personnes riches de Stavoren, et avait dit: "J'ai envoyé mon capitaine chercher une cargaison de la chose la plus précieuse du monde."
"Ah," répondaient les personnes riches, "quelle est cette chose?" Mais la dame refusait de répondre et disait seulement: "Devinez, mes amis, devinez."
Naturellement la curiosité de toutes les personnes de Stavoren était grande, et elles attendaient le retour du capitaine avec impatience. Un jour le grand vaisseau arriva dans le port, le capitaine se présenta devant la dame qui le regarda avec surprise, et dit:
"Comment, capitaine, déjà de retour! Vous avez été rapide comme un pigeon. Avez-vous la cargaison que j'ai demandée?"
"Oui, madame," répondit le capitaine, "j'ai une cargaison du plus magnifique blé!"
"Comment!" dit la dame. "Une cargaison de blé! Misérable! j'ai demandé une cargaison de la chose la plus précieuse du monde, et vous apportez une chose aussi vulgaire, aussi ordinaire, aussi commune que du blé!"
"Pardon, madame," dit le capitaine. "Le blé n'est pas vulgaire, ordinaire, et commun. Le blé est très précieux. C'est la chose la plus précieuse du monde. Avec le blé on fait le pain. Et le pain, madame, est indispensable."
"Misérable!" dit la dame. "Allez au port, immédiatement, et jetez toute la cargaison de blé à la mer."
"Oh, madame, quel dommage!" dit le capitaine. "Le blé est si bon! Si vous ne voulez pas ce bon blé, donnez-le aux pauvres, ils ont faim, ils seront contents."
Mais la dame refusa, et dit encore une fois: "Capitaine, allez au port, immédiatement, et jetez toute la cargaison de blé à la mer! J'arriverai au port dans quelques minutes pour voir exécuter mes ordres."
Le pauvre capitaine partit. En route il rencontra beaucoup de pauvres, et dit: "Ma maîtresse, la dame la plus riche de Stavoren, a une grande cargaison de blé. Elle ne veut pas ce blé. Elle a commandé de jeter toute la cargaison à la mer. Si vous voulez le blé, venez au port, peut-être que ma maîtresse aura compassion de vous, et vous donnera toute la cargaison."
Quelques minutes plus tard tous les pauvres de Stavoren étaient assemblés sur le quai; la dame arriva, et dit:
"Capitaine, avez-vous exécuté mes ordres?"
"Non, madame, pas encore!"
"Alors, capitaine, obéissez, jetez toute la cargaison de blé à la mer."
"Madame," dit le capitaine, "regardez tous ces pauvres, ils ont faim! Donnez le blé que vous ne voulez pas aux pauvres!"
"Oh, oui, madame! Nous avons faim, nous avons faim," crièrent les pauvres. "Donnez-nous le blé! Donnez-nous le blé!"
Mais la dame était très cruelle, et dit:
"Non, non! Capitaine, j'ai commandé. Jetez tout le blé à la mer, immédiatement."
"Jamais, madame!" répondit le capitaine. Alors la dame fit un signe aux officiers et aux matelots, et répéta son ordre. Les hommes obéirent, et malgré les cris des pauvres, et malgré leurs pleurs, tout le blé fut jeté à la mer.
La dame regarda en silence, et quand la procession de sacs eut cessé, elle demanda aux officiers et aux matelots:
"Avez-vous jeté tout le blé à la mer?"
"Oui, madame," répondirent les hommes.
"Oui, madame," dit le capitaine d'une voix indignée, "mais un jour arrivera où vous regretterez ce que vous avez fait! Un jour arrivera où vous aurez faim! Un jour arrivera où personne n'aura compassion de vous!"
La dame regarda le capitaine avec surprise, et dit:
"Capitaine, c'est impossible. Je suis la personne la plus riche de Stavoren. Moi, avoir faim, c'est absurde!"
Alors la dame prit une bague de diamants, la jeta à la mer, et dit: "Capitaine, quand cette bague de diamants sera placée dans ma main, je croirai ce que vous avez dit!" et la dame quitta le port.
Quelques jours après, un domestique trouva la bague de diamants dans l'estomac d'un poisson qu'il préparait pour le dîner de la dame. Il porta la bague à sa maîtresse. Elle regarda la bague avec surprise, et demanda: "Où avez-vous trouvé cette bague?" Le domestique répondit: "Madame, j'ai trouvé la bague dans l'estomac d'un poisson!"
Alors la dame pensa aux paroles du capitaine. Le même jour la dame reçut la nouvelle de la destruction de tous ses vaisseaux, et elle perdit aussi tout son or, tout son argent, toutes ses pierres précieuses, et tous ses palais.
La dame n'était plus riche, mais elle était pauvre, très pauvre. Elle alla de porte en porte, demander quelque chose à manger, mais tous les riches et tous les pauvres de Stavoren refusèrent de lui donner du pain. La pauvre dame périt enfin de froid et de faim.
Les autres personnes riches de Stavoren ne changèrent pas leurs habitudes. Alors le bon Dieu, qui n'aime pas les personnes égoïstes, envoya un second avertissement.
Un jour, le port de Stavoren se trouva bloqué par un grand banc de sable. Ce banc empêcha le commerce, et dans quelques jours le blé que la dame avait jeté à la mer, commença à pousser, et le banc de sable était tout couvert d'herbe verte.
Toutes les personnes de Stavoren regardèrent le blé et dirent: "C'est un miracle, c'est un miracle!" Mais, le blé ne produisit pas de fruit! Le commerce avait cessé; les riches avaient assez à manger, mais les pauvres étaient plus pauvres qu'avant.
Alors Dieu envoya un troisième avertissement. Un jour, un homme arriva dans la maison où tous les riches étaient assemblés, et dit; "J'ai trouvé deux poissons dans le puits! La digue est rompue. La digue est rompue. Protégez la ville, protégez les maisons des pauvres près de la digue!"
Mais les riches continuèrent à danser. La mer entra dans la ville pendant la nuit, et tout à coup toutes les maisons et tous les palais de Stavoren furent submergés.12 Les pauvres périrent, les riches périrent aussi, et le Zuidersée occupe maintenant la place de la belle ville de Stavoren, détruite à cause de l'égoïsme de ses habitants riches qui refusaient de donner à manger aux pauvres.
LE POISSON D'OR. 13
Il y avait une île au milieu de l'océan où il y avait une petite cabane. Dans cette cabane vivaient un vieillard et sa femme. Ils étaient pauvres, très pauvres, et le mari avait seulement un filet. Tous les jours il allait pêcher, et lui et sa femme mangeaient les poissons qu'il prenait dans son filet.
Un jour après avoir pêché longtemps, il prit un petit poisson d'or qui avait une voix humaine, et qui dit: "Brave homme, rejette-moi dans la mer bleue. Je suis si petit, donne-moi la vie, et je ferai tout ce que tu me demanderas."
Le pêcheur eut compassion du petit poisson, et retourna à la cabane sans rien.
Sa femme demanda, "Eh bien, mon mari, as-tu pris beaucoup de poissons?"
"Non," dit-il, "j'ai pêché toute la journée, et j'ai seulement pris un petit poisson d'or."
"Où est-il?" dit la femme.
"Dans la mer," répondit le pêcheur, "il m'a tant prié d'avoir compassion de lui que je l'ai remis dans l'eau."
La femme était très indignée.
"Imbécile!" dit-elle, "tu avais la fortune dans la main et tu as été trop stupide pour en profiter."
Elle parla tant que le vieillard, fatigué de ses reproches, courut au bord de la mer, et cria:
"Poisson d'or, poisson d'or! viens à moi, la queue dans la mer, la tête tournée vers moi!"
Le poisson d'or arriva aussitôt, et dit: "Vieillard, que veux-tu?"
"Je veux du pain pour ma femme qui est en colère."
"Va à la maison, vieillard, et tu trouveras du pain en abondance," dit le poisson.
Le vieillard arriva à la cabane, "Eh bien, ma femme, as-tu du pain en abondance?"
"Oui," dit la femme, "mais je suis bien malheureuse. J'ai cassé mon baquet, je ne sais où laver mon linge. Va trouver le poisson d'or, et dis-lui que je veux un baquet neuf."
Le vieillard alla au bord de la mer, et cria:
"Poisson d'or, poisson d'or! viens à moi, la queue dans la mer, la tête tournée vers moi!"
Le poisson d'or arriva en disant, "Vieillard, que veux-tu?"
"Un baquet neuf pour ma femme, qui n'est pas contente parce qu'elle ne peut pas laver son linge."
"Va à la maison," dit le poisson d'or, "et tu y trouveras un baquet neuf."
Le vieillard retourna chez lui, et dit: "Eh bien, ma femme, as-tu un baquet neuf?"
"Oui," dit la femme, "mais va dire au poisson d'or que notre cabane tombe en ruine, et qu'il m'en faut une autre."
Le vieillard retourna au bord de la mer et cria:
"Poisson d'or, poisson d'or, viens à moi!"
"Que veux-tu?" demanda le poisson.
"Une cabane neuve pour ma femme, qui est de bien mauvaise humeur."
"Très-bien, va à la maison, et tu trouveras une cabane neuve!"
Le vieillard arriva chez lui et vit une belle cabane neuve. Sa femme ouvrit la porte, et dit:
"Imbécile, va dire au poisson d'or que je veux être archiduchesse, et demeurer dans un beau château, où j'aurai beaucoup de domestiques qui me feront de grandes révérences."
Le vieillard retourna au bord de la mer et fit la commission.
"C'est bien," lui dit le poisson d'or, "retourne à la maison; tu trouveras tout fait."
Arrivé à la maison, le vieillard vit un château magnifique. Sa femme, vêtue d'or et d'argent, était assise sur un trône et donnait ses ordres à une foule de domestiques. Quand elle aperçut le vieillard elle dit:
"Qui est ce vieillard-là, ce mendiant?" et elle commanda qu'on le mît à la porte. Mais bientôt elle voulut être impératrice. Elle fit donc venir le vieillard et lui dit d'aller trouver le poisson d'or et de lui dire: "Ma femme ne veut plus être archiduchesse; elle veut être impératrice."
Le vieillard obéit, et le poisson d'or accorda aussi ce souhait. Enfin la méchante femme voulut être reine des eaux et commander à tous les poissons.
Le vieillard alla donc au bord de la mer, appela le petit poisson d'or et dit:
"Poisson d'or, ma femme n'est toujours pas contente. Elle dit qu'elle aimerait être reine des eaux et commander à tous les poissons."
"Oh, c'est trop," dit le petit poisson d'or, "elle ne sera jamais reine des eaux, elle est bien trop méchante, et je suis sûr que tous les poissons seraient bien malheureux sous ses ordres."
Le poisson disparut, en disant ces mots, et quand le vieillard arriva chez lui, il retrouva la pauvre cabane, le baquet cassé, la vieille femme mal vêtue, et il fut obligé de reprendre son filet et de pêcher. Mais il eut beau jeter son filet à la mer, il ne retrouva plus le poisson d'or.
LA CABANE AU TOIT DE FROMAGE. 14
Une vieille sorcière demeurait dans une cabane au milieu d'une forêt sur une haute montagne. Cette femme était très cruelle, et elle aimait manger les petits enfants. Elle avait l'habitude de placer tous ses fromages sur le toit de sa cabane, afin d'attirer tous les enfants du voisinage. A une certaine distance de cette cabane, demeurait un pauvre paysan qui avait deux enfants, une petite fille très stupide et un garçon qui était bien intelligent.
Un jour le paysan envoya les enfants dans la forêt pour cueillir des fraises. Ils arrivèrent bientôt à la maison de la sorcière, et comme ils avaient bien faim, le garçon grimpa sur le toit. Il prit un fromage. La vieille sorcière entendit un petit bruit, et cria: "Qui est là, sur mon toit?"
"Ce sont de petits anges," répondit le petit garçon d'une voix bien douce.
La sorcière dit: "Chers petits anges, mangez autant de fromage que vous voulez," et elle resta assise auprès du feu. Le petit garçon prit des fromages et partit avec sa sœur.
Quelques jours après, les enfants revinrent. Le garçon grimpa sur le toit, et la sorcière cria: "Qui est là, sur mon toit?"
Le garçon répondit comme la première fois: "Ce sont de petits anges!" et la petite fille, qui aimait beaucoup causer, cria: "Je suis là aussi!"
Alors la sorcière sortit de la maison, et saisit les deux enfants en disant: "Oh, oui, vous êtes deux jolis petits anges et vous ferez un bon rôti. Comment est-ce que votre mère tue ses porcs?" demanda-t-elle.
La petite fille dit: "Elle leur coupe la tête avec son grand couteau."
"Non, non," dit le garçon, "elle leur met une corde autour du cou."
La sorcière alla chercher une corde, la mit autour du cou du garçon, qui tomba par terre comme s'il était mort.
"Es-tu mort, maintenant?" demanda la sorcière.
"Oui," répondit le garçon.
"Oh, non," dit la sorcière; "tu n'es pas mort pour de bon, car tu parles encore."
Le garçon répliqua: "Je parle encore parce que ma mère engraisse toujours ses porcs avant de les rôtir. Elle dit qu'ils sont bien meilleurs."
"Une bonne idée!" dit la sorcière.
Elle prit les deux enfants, les mit dans une cage, et dit: "Comment votre mère engraisse-t-elle ses porcs?"
"Oh, elle leur donne du grain," dit la petite fille.
"Non, non," dit le garçon, "ma sœur se trompe, elle est si petite! Ma mère engraisse ses porcs avec des gâteaux et du lait doux."
"Bon," dit la sorcière, "c'est ce que je ferai."
La sorcière leur donna donc beaucoup de gâteaux et de lait doux. Un jour elle arriva à la cage, et dit: "J'ai mal aux yeux et je ne puis pas voir si vous êtes assez gras. Levez le doigt que je le tâte."
La petite fille allait faire juste comme la vieille avait dit; mais le petit garçon prit sa place et présenta un petit bâton.
La sorcière le tâta, et dit:
"Vous êtes bien maigres." Et elle leur donna deux fois plus de gâteaux et de lait doux.
Quelques jours après, elle dit de nouveau:
"Levez le doigt, je veux voir si vous êtes assez; gras."
Le garçon tendit une queue de chou, et la vieille femme dit:
"Oui, vous êtes assez gras." Elle porta les enfants dans sa cabane, et dit à la fille de faire un grand feu dans le four. Quand il fut bien chaud, elle dit aux enfants: "Maintenant, mettez-vous sur la pelle, l'un après l'autre, et je vous mettrai au four."
La petite fille, toute tremblante, allait obéir, quand son frère prit sa place. Mais quand la vieille prit la pelle, il roula à terre. La sorcière se mit en colère, mais le garçon s'excusa poliment, et dit:
"Madame, nous sommes bien stupides, et bien gauches, je le sais; montrez-nous comment nous placer sur la pelle!" La sorcière se plaça sur la pelle, le garçon la poussa vite dans le four et ferma la porte.
Alors il prit tous les fromages de la sorcière, et accompagné de sa petite sœur, il rentra tout joyeux chez son père. Quant à la sorcière, elle fut bien rôtie, et personne ne pleura sa mort.
LE VRAI HÉRITIER. 15
Julien était le fils d'un homme très pauvre. Son père tomba malade et mourut, et le pauvre Julien était seul, tout seul. Julien était jeune, et un homme riche dit: "Pauvre enfant, vous avez perdu votre père et votre mère, vous êtes orphelin, vous êtes seul au monde. J'ai pitié de vous!" Et l'homme riche plaça Julien dans une bonne famille, se chargea de son éducation, et quand il fut assez grand il le plaça en apprentissage.
Son apprentissage fini, Julien dit adieu à son bienfaiteur, et partit pour son tour de France. Cinq ans après, il arriva à la maison. Il avait beaucoup voyagé, il avait beaucoup travaillé, mais il n'avait pas gagné beaucoup d'argent.
Sa première pensée en arrivant dans sa ville natale fut d'aller faire visite à son bienfaiteur. Hélas, le pauvre homme était mort. Julien trouva tous les héritiers dans la maison. Ils étaient tous furieux parce que leur oncle n'avait pas laissé une aussi grande fortune qu'ils avaient espéré.
Les héritiers désappointés firent une vente de tous les objets qui étaient dans la maison de leur oncle. Julien alla à la vente, et il vit avec surprise que les héritiers n'avaient aucun respect pour la mémoire de leur oncle. Ils vendaient tout. Enfin Julien vit avec indignation qu'ils vendaient même le portrait du pauvre mort.
Naturellement Julien acheta les objets que son bienfaiteur avait le plus aimés, et naturellement il acheta aussi le portrait, et il donna tout l'argent qu'il avait au monde pour l'obtenir. Il porta ce portrait dans sa chambre, sa misérable petite chambre, et le suspendit contre le mur par une petite ficelle (corde). Mais la ficelle était vieille, le portrait était lourd, et bientôt la ficelle cassa, et le portrait tomba.
Julien examina le portrait avec soin, et trouva le cadre cassé. Il voulut réparer le cadre, et il vit quelque chose de curieux. Il examina le cadre de plus près et découvrit bientôt des diamants, et un papier sur lequel son bienfaiteur avait écrit:
"Je suis sûr que mes héritiers sont des ingrats. Je suis sûr qu'ils vendront même mon portrait. Ce portrait sera peut-être acheté par une personne à qui j'ai fait du bien. Ces diamants sont pour cette personne; je les lui donne."
Le papier était signé, et personne ne put disputer la possession des diamants à Julien, qui se trouva ainsi le vrai héritier de la fortune de son bienfaiteur.
Il était si riche, qu'il pensa aux pauvres enfants de la ville, orphelins comme lui. Il construisit une grande maison pour eux, et il leur raconta souvent l'histoire du portrait de son cher bienfaiteur.