Kitabı oku: «Озорные рассказы / Les contes drolatiques. Уровень 1», sayfa 2
III
Ce qui n’est que péché véniel
Le dimanche suivant l’arrivée de René, Blanche alla chasser. Dans les bois elle vit un moine qui serra une fille contre lui plus fort que n’avait besoin être.
– Ah! Empêchez qu’il ne la tue22! s’écria Blanche.
Mais quand elle s’approcha, elle fut choquée. Elle rentra pensive à la maison. Elle comprit tout.
Elle dit à son mari:
– Bruin, vous m’avez trompé. Vous devez me faire ce que le moine a fait à la fille dans les bois.
Le vieux Bruin se douta de l’aventure. Il répondit doucement:
– Hélas, ma mie! En vous prenant pour femme, j’ai plus eu d’amour que de force. Ce chagrin hâte ma mort. Bientôt vous serez libre!.. Mais attendez mon décès. Ne trahissez pas l’honneur de mes cheveux blancs!..
Puis le pauvre sénéchal prit le petit poignard qui était sur la table de lit, et dit avec rage23:
– Ma mie, tue-moi, ou laisse-moi espérer que tu m’aimes un peu!
– Oui! oui! fit-elle tout effrayée, je vous aimerai beaucoup24.
Voilà comment ce jeune pucelle s’empara de ce vieillard et l’asservit.
– Mon bon Bruin, je veux ceci! Bruin! je veux cela! Allons! Bruin! Bruin!
Un soir Blache dit à son mari:
– Mon bon Bruin, je suis prise par des fantaisies25. Je rêve du moine des Carneaux…
– Ma mie, répondit le sénéchal, allez à confesse au digne abbé de Marmoutier, notre voisin; il vous conseillera bien.
Le lendemain Blanche alla au monastère. Elle trouva l’abée dans un jardin secret. La femme de sénéchal ne savait pas qu’il était de mèche avec26 monsieur Bruin.
– Ah! mon père, fit-elle, je dois vous avouer que je meurs d’envie de faire un enfant. Est-ce mal?
– Non, dit l’abbé.
– Mais, reprit-elle, mon mari ne peut pas m’en donner.
– Alors, dit le prêtre, vous devez vivre sage et vous vous abstenir de toute pensée de ce genre.
– Et comment donc a fait la vierge Marie?…
– Oh! répondit l’abbé, ceci est un mystère.
– Et, fit-elle, ne pourrais-je faire un mystère27?
– Ça, dit l’abbé, n’est arrivé qu’une fois.
– Eh! mon père, quand je suis à l’église, je ne vois ni prêtre, ni autres. Je ne vois que l’enfant Jésus, et je sens mon désir. Oh, si je pèche…
Et l’abbé parla à Blanche de sainte Lidoire qui se fut endormi sur le soleil, et un jeune homme l’a fait enceinte. Elle ne réveilla pas et ne fit aucun mouvement.
– Oh! mon père, dit-elle, soyez sûr que je ne bougerais pas plus qu’elle28!
Quand elle revint, elle vit Renée.
– Ah! se dit Blanche, si ce page avait plus que quinze ans, je m’endormirais bien fort près de lui.
Le soir même, elle restait songeuse dans son fauteuil. Monsieur Bruin demanda ce qui fait sa femme se soucier.
– La pensée, fit-elle, que vous avez dû lancer dans les aventures quand vous étiez très jeune, si vous êtes ruiné maintenant…
– Oh! répondit-il en souriant, à l’âge de treize ans et demi, j’avais engrossé la servante de ma mère…
IV
Comment et par qui fut fait un enfant
D’habitude le Sénéchal dormait pendant l’après-midi. Blanche décida de profiter de ce temps libre pour parachever l’éducation de René.
D’abord elle demanda le garçon de lire les litanies de madame la Vierge. Puis elle fit semblant de dormir29. Elle attendait. Mais le jeune homme amoureux n’embrassa que le pied de Blanche et sortit de la salle.
Le lendemain le page fut appelé de nouveau, et Blanche s’endormit pour la deuxième fois. René passa la main sur la jambe de la femme. Mais il eut peur. Ne supportant plus, Blanche s’écria:
– Va donc, René! Je dors!
Effrayé, le garçon s’enfuit.
Pendant le dîner René reçut de Blanche un regard si éloquent qu’il transforma de l’enfant à l’homme immédiatement. Après le dîner il trouva la dame endormie et lui donna plus qu’elle ne pensait. À la fin Blanche s’écria:
– Oh! René, tu m’as éveillée!
Ils commencèrent à passer chaque après-midi comme ça. Blanche s’inquiéta enfin de l’avenir de son page bien-aimé.
– Tu sais, dit-elle, que j’ai un enfant, et qu’on ne pourra pas le cacher. Tu dois aller à l’abbé de Marmoutier pour lui confesser tes péchés.
– Le voulez-vous donc, ma mie?
– Oui, répondit-elle.
– Eh bien, j’irai30; mais dormez encore, que je vous dise adieu!
Le lendemain, plus pour sauver sa chère dame que pour soi, et aussi pour obéir à elle, René alla à l’abbé.
V
Comment dudit péché d’amour fut faite pénitence et mené grant deuil31
– Vrai Dieu! s’écria l’abbé, lorsqu’il attendit l’histoire de René. Sais-tu que tu perds le ciel pour toujours?!
– Hélas! mon père, fit un garçon tout épouvanté, quinze ans seraient-ils assez pour m’acquitter de tant de plaisirs?32
– Allez! reprit le vieil abbé; ne péchez plus.
René rentra et raconta tout au sénéchal.
Monsieur Bruin voulut tuer le pécheur. Mais la jeunesse de garçon toucha son cœur.
– Va-t’en au diable d’où tu viens! s’écria le sénéchal, et René s’enfuit.
Et monsieur Bruin trouva Blanche qui attendait son bien-aimé.
– Ha! madame, pensez-vous que suis-je un enfant, pour croire que ce page n’avait vous éveillé?
Blanche comprit tout. Elle commença à dire des mots doux pour calmer son époux. Quand le pauvre sénéchal s’apaisa, elle demanda:
– Et où est le page?
– Il est au diable!
– Quoi! l’avez-vous tué? dit-elle.
Elle passa les jours suivants frappée de mélancolie33.
– Où est-il, ce pauvre malheureux? – disait-elle parfois.
Cependant elle eut un jour l’enfant tant désiré! Blanche se consola. Comme personne ne savait rien de l’aventure de Blanche et de son page tout le monde pensait que c’était l’enfant de Bruin. Mais Blanche ne pouvait pas oublier son page, envoyé en Croisade.
Enfin le sénéchal mourut. Blanche ne voulait pas se remarier. Elle vécut ainsi quatorze années dans le souvenir d’un seul jour de bonheur.
Un jour son fils entra en courant dans la salle où Blanche était assise entourée de dames et s’écria:
– Ma mère, j’ai vu dans la cour un pèlerin qui m’a serré dans ses bras bien fort et pleuré.
– Il a pleuré? fit-elle. Ah! c’est le père!
Et elle mourut.
L’amie du Roi
Il y avait en ce temps un orfèvre logea aux forges du Pont-au-Change. Sa fille était très belle. Beaucoup d’hommes s’intéressaient à elle.
Un voisin de l’orfèvre, avocat au parlement, promit d’offrir un hôtel particulier34 au père de la belle. Et l’orfèvre décida lui faire son gendre.
Mais quand la belle fille vit ce voisin, elle dit:
– Merci Dieu! je n’en veux pas.
Son père ne l’écoutait pas. Alors la belle décida de tout raconter à son fiancé.
Et le soir même, après le dîner, elle dit:
– Mon père vous a vendu mon corps; mais j’aimerais mieux un passant que vous.
Le voisin n’en a pas tenu compte35.
– Et quand sera la noce? demanda-t-il.
– Demain, fit-elle, pour que je puisse avoir des amants bientôt36.
Ce jour-là le Roi retourna d’un voyage. Il entendit les gens parler d’une belle fille qui refusa à tous les hommes. Le Roi s’intéressa à elle. Il alla aux forges du pont. Et là il dit à la belle fille:
– Ma mie, vous n’êtes pas faite pour vendre des pierres, mais pour en recevoir.
– Ah! Sire, reprit la belle fille, je me marierai demain. Mais, si vous me baillez le poignard qui est à votre ceinture, je défendrai ma fleur et vous la réserverez.
Le Roi lui donna le petit poignard.
Le lendemain, l’avocat et la belle fille se marièrent. Le soir le mari vint dans la chambre pour coucher avec sa femme. Mais elle ne voulait pas. Elle se battait même, et il ne pouvait pas s’approcher d’elle.
– Que voulez-vous de moi? dit la belle fille.
– Je veux tout! fit-il.
– Voici le poignard du Roi. Je vous tuerai, si vous m’approche.
Elle prit un charbon et écrivit une raye sur le plancher, puis elle dit:
– Ici seront les confins du domaine du Roi.
Mais l’avocat cria:
– Je ne veux pas vivre sans avoir ce beau corps et ces merveilles d’amour! Donc, tuez-moi!
La belle fille répondit:
– Ce n’est pas vous, c’est moi, que je tuerai…
Son regard farouche effraya le pauvre avocat. Il ne toucha pas la fille.
Le lendemain, la belle alla voir le Roi.
Le servant du roi attendait devant la maison de l’avocat. Il raconta à la fille quel homme était le Roi et l’emmena au palais.
Le pauvre avocat laissa sa femme au Roi. Et ceci l’aimée soir et matin.
Un monsieur de Bridoré, qui voulait offrir à la belle fille sa terre en Touraine, se tua pour elle. Cette mort l’attrista. Et elle décida qu’à l’avenir elle accepterait secrètement tous les domaines pour sauver son âme.
Un jour l’amie du Roi alla se promener dans la ville. Là son mari la vit. Après cette rencontre il passa la nuit en disant: «Oh! oui! Ah! je l’aurai37! Je suis son mari!»
Le lendemain un client de l’avocat, un homme de grand nomme, vint pour dire qu’il avait besoin de douze mille écus.
– C’est à cause de l’amie du Roi! Сe soir, moyennant douze mille écus et ma terre de Brie, je m’occuperai d’elle38.
L’avocat pâlit.
– Mais, demanda-t-il, est-ce donc à elle que vous donnez de l’argent?
– Non, dit ce monsieur, à sa servante.
L’avocat accepta d’aider son client dans cette affaire. Le soir, il invita la servante et lui montra douze mille écus.
– C’est à vous! dit-il, voici douze mille écus. Je veux que vous alliez chez le monsieur qui croit être aimé cette nuit par la belle, et que vous lui mentiez. Vous devez dire que le Roi vient souper chez elle ce soir. Mais c’est moi, son mari, qui serai au lieu du monsieur et du Roi. Prenez les douze mille écus, et je vous en promets deux fois autant, si en fraudant j’ai ce qui m’appartient39.
– Venez après souper, répondit la servante.
Ils convinrent de l’heure, de la porte, du signal, de tout. Quand la nuit vint, l’avocat se dirigea vers l’hôtel particulier du Roi. La servante lui ouvrit la porte.
L’avocat se cacha près du lit de sa femme et la regarda se déshabiller.
Soudain la servante dit:
– Taisez-vous40, mademoiselle. Il est là.
– Qui?
– Votre mari.
– Lequel?
– Le vrai.
Et la servante tout raconta.
– Oh bien! il en aura pour son argent, dit la belle fille. Tu me remplaceras. Couche toi dans mon lit. Et je retournerai le matin.
Cette nuit-là la servante en donna à l’avocat pour plus de cent mille écus41. Vers le matin la femme de l’avocat la remplaça.
Cette histoire fit connue42. Le pauvre avocat mourut de dépit.
Ceci nous apprend à ne pas nous attacher aux femmes qui refusent de nous obéir.
L’héritier du Diable
Il y avait un bon vieux chanoine de Notre-Dame de Paris. Ce chanoine était venu comme simple prêtre à Paris43. Mais, étant un homme très beau, il s’adonna à la confession des dames.
La femme de maréchal Dequerdes lui bailla un os de saint Victor. Cet os faisait des miracles. Aussi44 vécut il comme un roi; battant monnaye avec son goupillon, et transmuant l’eau bénite en bon vin45.
Mais un jour le courageux chanoine se sentit faible parce qu’il avait bien soixante-huit ans. Alors, il crut pouvoir cesser ses travaux apostoliques, d’autant qu’il possédât environ cent mille écus. Dès ce jour il ne confessa plus que les femmes de haute naissance46, et très bien.
Puis, enfin, le chanoine devint, par force de nature, un beau nonagénaire.
A cause de l’immobilité du chanoine; à cause de sa réclusion muette, sa florissante santé et autres choses longues à dire, il y avait des gens qui disait que le vrai chanoine est mort il y a longtemps, et que depuis plus de cinquante ans le diable logeât à son corps.
De toutes les rumeurs suivit que le vieux chanoine, diable ou non, demeurât en son logis, ne voulut point trépasser, et avait trois héritiers qui attendaient sa mort.
Un de ces héritiers était un très mauvais soldat. Il tenait de son oncle47 la force et la fidélité au service. Ce neveu du diable avait un nom le capitaine Cochegrue, mais ses créanciers l’appelaient le Singe, parce qu’il était malicieux autant que fort; en plus il avait une bosse.
Le second avait étudié le Droit. Il était devenu un bon procureur et menait les affaires des dames que jadis le chanoine avait le mieux confessées. Il se nommât Pille-grue. Son corps était faible et son visage était pâle.
Les deux frères trouvaient leur part de l’héritage insuffisant. La troisième partie destinait à un pauvre cousin qui était berger.
Les frères lui conseillèrent de venir à Paris. Et le berger s’installa chez son oncle. Cochegrue et Pille-grue espéraient que la grossièreté de leur cousin déplairait au chanoine. Le berger s’appelait Chiquon. Et il s’efforçait d’aider son oncle.
Un soir, monsieur le chanoine parlait du diable.
– Le diable n’est pas utile… dit Chiquon.
– Tu n’as pas peur, Chiquon, de nier le diable?… demanda son oncle.
– Nullement! Dieu me défendra bien du diable.
Là-dessus, les deux autres neveux entrèrent et reconnurent à la voix du chanoine qu’il ne haïssait pas Chiquon.
– Alors, fit Cochegrue, tout sera à Chiquon?
– Non, répondit le chanoine en souriant, héritage sera au plus fin de vous trois.
Après cela les deux frères décidèrent de tuer le berger. Mais ce dernier tout entendit. Il se souvint qu’un soir son frère Pille-grue avait raconté d’une femme d’orfèvre avec laquelle il passait les nuits:
– Il y a, dans une pièce voisine, un grand coffre où je me cache. Quand son bon mari rentre, ma maitresse lui dit qu’elle se sent un peu malade. Elle le laisse coucher seul. Puis elle va dans une pièce voisine où je l’attends.
Chiquon courut chez l’orfèvre. Il l’a tout raconta.
– Faites semblant48 que j’achète ce coffre, et que je serai sur le pont avec un charretin.
L’orfèvre rentra chez lui avec Chiquon. Il ordonna de sortir le coffre. Puis le berger, accompagné du bon orfèvre, emmena ce bagage au bord de l’eau. Ils le jetèrent dans la Seine.
Puis Chiquon visita la rue du port Saint-Landri, près de Notre-Dame. Là, il trouva une maison et cria: «Ouvrez! Ouvrez! Au nom du Roi!».
Un vieil homme, le fameux lombard Versoris, arriva à la porte.
– Je suis envoyé pour vous prévenir, dit Chiquon, que le bossu qui vous a dévalisé est de retour.
Après avoir dit49 tout cela, le berger courut chez Cochegrue, qui dinait avec Pâquerette.
De la maison de Cochegrue il y eut des cris: «Au secours!», puis la lourde chute du léger corps de la jolie fille. Chiquon entra. Il vit que Pâquerette était morte. Le Singe resta à côté d’elle.
– Allons! ma petite Pâquerette, ne prétend pas être morte! répéta-t-il.
La Pâquerette ouvrit l’œil.
– Et pourquoi donc il vous a tué? demanda le berger.
– Pourquoi? Je n’ai plus de monnaye, et il me reproche de vouloir faire plaisir à un joli seigneur, qui m’a promis de me sauver.
– Mon bon ami! dit Chiquon, je vous apporte de notables sommes!
– Et d’où? demanda Cochegrue.
– J’ai pour amie une servante du lombard. Et elle m’a dit que ce bonhomme est parti à la campagne, après avoir enfoui sous un poirier de son jardin une somme impressionnante d’or.
Cochegrue s’égaya et fit bien boire son bon cousin. Chiquon fit semblant d’être ivre. Puis ils allèrent chez le lombard. Là, Cochegrue sauta sur le poirier. Versoris l’attendit. Il frappa le voleur trois fois. Le corps de Cochegrue tomba à terre.
Le lendemain Chiquon se leva avec le soleil, et vint à la chambre de son oncle pour demander s’il avait eu bon sommeil50. Mais la servante dit que le chanoine était parti à la cathédrale pour déjeuner avec l’archevêque de Paris.
– Oh! Il peut gagner un rhume51… dit le berger.
Il descendit dans la salle où le chanoine aimais passer son temps. Là il vit son oncle assis sur une chaise.
Il ne bougea pas. Il ne dit pas un mot. Ses jambes était rouge.
– Il est mort! pensait Chiquon.
En ce moment, la porte de la salle s’ouvrit, et il vit encore le chanoine.
– Oh! Oh! fit Chiquon, mon oncle! Il ne peut pas y avoir deux chanoines comme vous au monde!
– As-tu la berlue? je suis seul ici.
– Ah! fit le berger, c’était le diable!