Kitabı oku: «La Sacrifiée Indécise», sayfa 3
CHAPITRE 5
Béryl se baissa pour éviter le premier coup de poing d’Ilia. C’était facile, parce que son frère était aussi prévisible qu’un robot. Aussi lent qu’un robot, également. C’était la raison pour laquelle Terminator perdait contre deux humains chétifs. Quand Béryl se baissa pour éviter le poing de son frère, il la vit brièvement ; sa compagne.
Poppy.
Elle était tout ce qu’il avait toujours voulu chez une compagne. Elle parlait d’une voix douce, ce qui plaisait à sa bête. Il y avait tant de hurlements et de fanfaronnades dans ce château. Même Cardi et Chryssie élevaient la voix et, même si sa bête les aimait toutes les deux, il se recroquevillait chaque fois qu’elles poussaient des cris.
Mais pas sa compagne. Poppy ne s’était débattue que parce qu’elle avait froid. Une inattention de sa part à lui. Déesse merci, il l’avait couverte avant qu’Ilia puisse voir son corps et les belles écailles qui lui recouvraient la peau. Les canines de Béryl avaient salivé à cette vue, avides de la goûter.
Le petit coup qu’Ilia lui porta à la tête causa à Béryl de se mordre la lèvre. Il eut un goût de sang dans la bouche. Ce n’était pas ce qu’il avait prévu d’avoir sur les lèvres. Mais ça lui éclaircit les idées.
— Je te défie pour elle, cria Ilia.
L’avorton de la portée était toujours en train de défier l’un d’entre eux. Il avait arrêté de défier Kimber et Corin, à présent qu’ils étaient tous les deux en couple et assagis. Rhyol ne se battrait que sous forme de dragon. Et cela n’avait pas assez d’importance pour Elek d’affirmer une quelconque dominance. Il ne restait donc que Béryl pour encaisser le plus gros des caprices virils d’Ilia, comme Cardi les appelait.
— Elle m’a déjà choisi, dit Béryl.
— Tu ne l’as pas marquée, dit Ilia.
— Parce que tu as débarqué à une fête où tu n’étais pas le bienvenu.
L’air renfrogné d’Ilia s’estompa et de l’angoisse apparut sur son visage. Il n’avait pas été le bienvenu quand il était né. Leur père avait laissé Ilia dehors pour y mourir, croyant qu’il n’était pas assez fort pour survivre. Par moment, Béryl pensait que la seule raison pour laquelle Ilia avait survécu, c’était pour prouver que cet homme monstrueux avait eu tort.
Béryl n’avait pas eu l’intention d’évoquer ce problème douloureux, mais il ne pouvait pas laisser Ilia débarquer lors de son accouplement. Il plaça un autre petit coup et un crochet. Ilia trébucha en arrière. Ses yeux furent traversés d’un éclair de jade sombre de minuit. Des écailles poussèrent sur sa peau, des griffes s’étendirent au bout de ses doigts. Il bondit sur ses pieds et atterrit sur de grosses pattes arrière de dragon. Des flammes jaillirent de sa bouche.
En tant qu’homme, Ilia était menu. Mais son dragon était un mastodonte. Presque deux fois la taille de celui de Béryl. Le dragon avait protégé le petit garçon qui avait été abandonné pour mourir, et il avait grandi pour devenir un protecteur féroce. Mais ce prix-ci n’était pas un prix que Béryl était prêt à concéder. Le dragon d’Ilia était aussi téméraire, plus téméraire que celui de Béryl. Il n’aimait pas perdre et en viendrait à des mesures extrêmes pour gagner.
Béryl se précipita devant Poppy et étendit ses ailes juste à temps. Une fournaise s’étendit depuis le sommet des murs de la caverne jusqu’aux orteils de Béryl. Il lui fallut tout donner pour encaisser le plus gros du dangereux brasier de son frère.
— Arrête, rugit Béryl. Ou tu vas la blesser.
C’était la seule chose qui pouvait calmer un dragon hors de lui. La réalité de mettre une femme en danger. Les flammes s’éteignirent immédiatement.
Le dragon d’Ilia inspira par la bouche, ravalant les flammes à l’intérieur de lui-même. Il reprit à nouveau forme humaine et se rua vers l’avant.
— Je suis désolé. Je suis désolé.
Béryl poussa le torse de son frère, le faisant tomber par terre. Ilia atterrit sur ses fesses nues. Il n’étendit pas les mains pour se rattraper. Il ne les leva pas non plus pour se défendre contre le rude coup de pied dans le ventre que Béryl lui asséna.
— Tu ne la mérites pas, cracha Béryl. Tu ne peux même pas contrôler ta bête.
Il était mal placé pour parler. Il avait failli tuer un homme, hier soir, parce que sa bête était hors de contrôle. Mais ici, il avait raison.
Il avait aussi le contrôle complet de lui-même et de sa bête. Pas Ilia. Il ne pourrait pas l’avoir. Il avait failli la carboniser.
— Tu es bien trop imprudent pour avoir une compagne.
Ilia baissa la tête, un peu comme Béryl l’avait fait après son combat, quand il avait presque tué Léander. Les épaules d’Ilia se voûtèrent. Même s’il n’arborait plus de longue queue de dragon, à présent, son derrière sembla s’affaisser entre ses jambes lorsqu’il se dirigea d’un pas lourd en dehors de la pièce.
Béryl se tourna vers sa compagne. Ses yeux étaient écarquillés de surprise. Il lui prit le menton dans la main. Il la tourna pour lui faire face. À l’instant où ses yeux rencontrèrent les siens, elle hurla.
Elle n’avait pas fait un bruit durant tout le combat. Le choc devait passer. Béryl grimaça en entendant le cri perçant, mais il attendit jusqu’à ce qu’elle ait tout évacué.
— Je vous en prie, ne me faites pas de mal, supplia-t-elle. Je vous en prie, je serai sage.
— Je ne laisserai jamais faire le moindre mal à un seul cheveu de ta tête.
Elle avait les yeux toujours remplis de peur. Le dragon de Béryl faisait les cent pas à l’intérieur de lui. Il n’aimait pas l’odeur de sa peur. Il incita Béryl à enfouir son visage entre les cuisses de sa compagne. Le plaisir balayerait la peur. Mais Béryl n’était pas l’idiot pour lequel les autres le prenaient. Il était plus malin que ça. Il savait que cela ne ferait que l’effrayer encore davantage.
Il essuya ses larmes. Elle grimaça à la piqûre de ses griffes. Un petit filet de sang rouge s’accumula sur le bout de sa griffe. Il jura entre ses dents. Il venait juste de rompre sa promesse de ne pas lui faire de mal, mais c’était un accident.
Il dut se rappeler d’être doux. Elle était humaine. Elle était fragile. Elle était précieuse.
Il rétracta ses griffes. La pièce passa de vert vif à une couleur normale lorsque son dragon s’assit sur ses pattes arrière et laissa l’homme avoir le contrôle total.
Béryl commença à travailler pour relâcher les cordes autour d’elle. Quand il eut terminé, il l’attira dans ses bras. Elle ne le combattit pas. Cela aida à apaiser la bête en lui. Elle était recouverte de son odeur. Elle accepterait sa marque ; elle accepterait sa revendication.
Dans ses bras, elle se tenait immobile. De la tension s’échappait de son corps délicat par vagues.
— Je ne veux plus être morte, gémit-elle en gardant les yeux fermement clos.
— Tu es tout à fait vivante, petite.
— Je veux me réveiller.
Elle balançait son petit corps entre les bras de Béryl comme si elle essayait de s’apaiser elle-même.
Béryl l’attira plus près de lui, la berçant avec douceur.
— Tu es réveillée, ma pierre précieuse.
— Qu’est-ce qui se passe ?
Ses mains, qu’elle serrait en forme de poings, reposaient contre son torse. Il pouvait sentir qu’elle remuait la gorge, déglutissant encore et encore comme si elle essayait d’avaler quelque chose de gros et d’amer.
— Est-ce que je deviens folle, ou est-ce que cet homme s’est juste transformé en dragon ? demanda-t-elle.
Béryl hocha la tête. Puis il réalisa qu’elle ne pouvait pas le voir.
— Oui.
— Et vous êtes un dragon aussi ?
— J’en suis un.
La déglutition s’arrêta. Elle pencha la tête en arrière et le regarda en face. Elle était encore plus belle qu’elle ne l’avait été un instant plus tôt. Petite et chaude et délicate.
À lui de la protéger.
— Vous avez dit que j’étais votre sacrifice, dit-elle.
— Tu l’es, confirma Béryl.
— Vous allez me manger ?
Un sourire malicieux s’étira sur le visage de Béryl.
Le visage de Poppy se tordit de détresse.
— S’il vous plaît, s’il vous plaît, ne le faites pas. Je suis une bonne travailleuse. Je ferai le ménage pour vous. Je peux faire la cuisine, pas très bien, mais j’essaierai. Je peux faire votre lessive, et je vous promets de ne rien brûler.
— Ma belle petite. Tu n’auras pas besoin de lever le petit doigt pour le restant de ta vie. Je m’occuperai de tout.
Il effleura ses lèvres avec les siennes. Pas en un vrai baiser. À peine un avant-goût. Il avait juste besoin de savoir comment elle était.
Elle était aussi douce qu’il l’avait imaginée. Le petit hoquet de surprise qui s’échappa de sa bouche était si doux. Il pourrait vivre du goût de sa peau pour le restant de ses jours et n’avoir jamais faim.
Sa bête se redressa. Le dragon avait été calme pendant un moment. Mais maintenant qu’il avait goûté pour la première fois à sa compagne, il se déchaînait pour sortir à nouveau.
Béryl avait eu envie de prendre son temps avec elle. De chasser le reste de la peur dans ses yeux. Mais ni l’homme ni la bête ne pouvaient attendre plus longtemps pour prendre ce qui était à eux.
— Je vais te marquer maintenant, comme ça aucun de mes autres frères n’essaiera de te revendiquer.
Il ouvrit la bouche. Le dragon rugit tandis que ses canines s’allongeaient. Avant de goûter sa chair, il goûta sa peur. Ses gémissements affolés emplirent ses oreilles. Le pli entre ses sourcils s’étirait de terreur. Mais il ne put pas s’arrêter.
Il frappa son épaule avec les dents. Mordant assez fort pour aller jusqu’à l’os, enfonçant son odeur loin en elle jusqu’à ce que son essence circule dans ses veines. La marque était un échange. Tandis qu’il déversait son âme en elle, son propre rythme cardiaque se synchronisa avec celui de Poppy. Il l’avait peut-être prise pour compagne, mais elle l’avait pris pour compagnon également. En une morsure, Poppy devint son univers.
CHAPITRE 6
Elle se faisait mordre. Un homme avec des ailes et des yeux verts la mordait. Ce n’était pas un vampire ; c’était un dragon. Mais c’était peut-être toujours le diable.
C’était la seule explication à ce qu’elle venait de voir. Deux démons combattant pour savoir qui allait la manger. Elle aurait presque préféré que l’autre démon ait gagné. Elle n’avait pas envie que Béryl, qui lui avait montré un peu de gentillesse, vienne ensuite tout détruire à coups de dents.
Poppy ouvrit la bouche pour hurler quand les dents de Béryl s’enfoncèrent en elle. Le cri mourut sur ses lèvres. Il fut remplacé par un long gémissement de plaisir. Sa morsure n’était pas douloureuse. Elle était… presque orgasmique.
Pas qu’elle sache comment c’était. Elle n’en avait jamais vraiment eu. Elle en avait juste vu sur des sites pornos quand Bruce restait debout tard le soir, avec le volume tellement fort qu’elle ne pouvait pas dormir. Mais ceci ressemblait à ce qu’elle avait vu en glorieux Technicolor sur son ordinateur portable.
Le corps de Poppy grelottait, tremblait. Elle sentait sa température monter en temps réel. Comme si elle avait de la fièvre. Mais elle ne se sentait pas faible ou épuisée comme quand elle avait un rhume ou la grippe.
Elle avait l’impression que Béryl insufflait de la force en elle. Elle flottait dans les airs. Mais ensuite, elle se rendit compte que c’était parce qu’il l’avait soulevée.
Elle était assise sur ses genoux dans un doux cocon de chaleur. Il était tout en force et en muscles. Mais il la traitait comme si elle était une pièce de lingerie délicate qui n’était pas destinée au programme de lavage ordinaire.
Il y avait toujours des écailles sur la peau de Béryl, par endroits. Des écailles vert foncé, comme les émeraudes tout autour d’elle. Est-ce qu’elle devenait folle ou est-ce que les taches de Béryl ressemblaient aux siennes ?
Elle les effleura du bout des doigts. Mais quand elle regarda à nouveau, elles étaient parties. Tout ce qui restait, c’était les muscles de Béryl, et il y en avait beaucoup. Elle s’attendait à ce qu’ils soient durs, mais il était doux au toucher.
Et il avait arrêté de la mordre. Il lécha le sang sur ses dents, puis suça ses propres lèvres. Il plissa le coin des yeux, comme elle quand elle mordait les bords d’un cookie au chocolat tout droit sorti du four.
Elle n’avait jamais donné de plaisir à un homme. Elle n’avait jamais su comment. N’en avait jamais vraiment eu envie.
Quand Bruce venait dans son lit en empestant les rues et la bière bon marché, il lui écartait simplement les cuisses, pompait deux ou trois fois, et roulait sur le côté. Elle n’était qu’un moyen d’arriver à ses fins, et elle n’avait pas de problème avec ça. Le sexe était une monnaie d’échange dans le monde d’où elle venait.
Le grondement sourd qui émanait de la gorge de Béryl éveilla quelque chose en elle. Elle eut envie d’avoir un goût délicieux pour lui. Elle voulait être un mets délicat sur sa langue. Elle avait envie d’être appréciée par quelqu’un au moins une fois dans sa vie, même si c’était dans la mort. Parce qu’elle avait apprécié sa morsure.
Même maintenant, ses cuisses étaient pressées l’un contre l’autre, cherchant la friction. Ses tétons étaient raffermis en petites pointes. Ils n’avaient jamais fait ça à moins qu’elle n’ait froid. Assurément, aucun homme n’avait réussi à susciter de réaction sexuelle de sa part.
Avec sa morsure, Béryl avait allumé un interrupteur en elle. Elle souhaitait qu’il lui écarte les cuisses et pompe pendant un moment. Elle souhaitait qu’il saisisse ses seins à pleines mains et qu’il les presse pour soulager la tension dans ses tétons.
Mais il ne le fit pas. À la place, son regard vert se pencha avec intensité vers elle. Il scrutait son visage à la recherche de quelque chose.
— Je suis désolé de t’avoir blessée. Je jure que ça n’arrivera plus jamais.
— Je ne suis pas blessée, dit-elle. Enfin, ça a fait mal, au début. Mais après, ça s’est arrêté.
Sa gorge remua, comme s’il essayait d’avaler un très gros morceau.
— Je suis grand, et tu es petite.
Ça, c’était clair.
— Mais je le jure, je ne te ferai pas de mal, continua-t-il.
Elle le croyait. Mais elle avait tout de même une question.
— Je vais me transformer en dragon ?
Elle ne parvenait pas à croire en l’espoir qui naissait dans sa poitrine à cette idée. Si elle se transformait en dragon au lieu de se transformer en son prochain repas, il la mordrait peut-être encore. Il aurait peut-être envie de faire autre chose avec elle que de plonger ses dents en elle. Ou peut-être qu’il les plongerait ailleurs sur son corps.
Béryl lui sourit. Poppy eut le souffle coupé quand il exhiba deux fossettes jumelles. Il avait les yeux bruns à présent, mais il y avait des étincelles de vert dans ses pupilles.
— Bien sûr que non, dit-il. Tu resteras une femme.
La déception se disputait avec le soulagement. Elle ne deviendrait pas un dragon, ce qui était très dommage. Mais il avait aussi dit qu’elle resterait une femme. Eh bien, c’était très bien. Il la mordrait peut-être encore, dans ce cas.
Il parcourut du regard toute la longueur de son corps avec appétit.
— Tu resteras voluptueuse et parfaite.
Poppy secoua la tête, comme si cela pouvait déloger ce compliment mal placé.
— Je ne suis pas parfaite.
Le sourire de Béryl se dissipa. Son regard se braqua sur elle avec mécontentement.
— Si tu parles encore de toi-même de cette façon, je serai obligé de te punir.
Et voilà. Poppy ne cilla même pas à ces mots. Elle s’y attendait. La violence qui l’avait suivie toute sa vie avait fini par apparaître dans cet endroit.
Qu’est-ce que ce serait ? Une gifle en travers de la joue ? Une main autour de sa gorge ? Ou une nouvelle série d’insultes de la part de ce dragon beau-parleur ?
Elle avait envie de partir se cacher, mais elle n’avait aucun endroit où aller. Il la maintenait toujours. Il la maintenait gentiment, mais elle ne pourrait pas s’échapper de cette cage de muscles.
— Tu m’appartiens, maintenant. Ne parle pas de mon trésor comme si c’était un déchet. Je ne le tolérerai pas.
Poppy déglutit à la véhémence dans sa voix. Son cerveau ne parvenait pas à comprendre ses paroles. Il était mécontent parce qu’elle avait parlé d’elle-même en mal ?
Qu’est-ce qu’elle était censée faire ? Prétendre qu’elle valait quelque chose ? La meilleure chose à faire serait de rester silencieuse.
Lorsqu’il retira les dernières cordes de son corps, le t-shirt glissa des épaules de Poppy, dévoilant ses taches. Elle tendit la main pour se couvrir.
— Je t’ai fait mal ? dit Béryl en retirant sa main. Es-tu blessée ?
— Je…
— J’ai été très prudent avec toi.
Il lui prit la tête entre ses mains. Il scruta son visage du regard, s’attardant sur ses lèvres, puis sur ses joues. Ses yeux, qui étaient maintenant bruns, eurent un éclair vert quand ils croisèrent les siens.
— Déesse, pardonnez-moi, murmura-t-il d’une voix grave mêlée de honte.
Béryl passa doucement le pouce sous son œil. Poppy grimaça sous sa douce caresse. Son esprit se remémora la source de cette douleur.
— Non, ce n’était pas vous, dit-elle en entourant son pouce de la main, et ce seul doigt était si grand que sa main se refermait à peine autour. C’était de… du dernier homme à qui j’appartenais.
Béryl serra les dents, mais ses mains restèrent douces.
— Je le tuerai.
Pour quelqu’un qui haïssait la violence, ces mots durs, dits d’une voix si gentille, enflammèrent quelque chose en elle.
— Il est déjà mort.
Béryl prit une grande inspiration et la laissa sortir lentement. Il était visiblement en train de se calmer. Durant le moment de tranquillité qu’il prit pour se remettre de ses émotions, Poppy ressentit un grand calme l’envahir. C’était une toute nouvelle sensation. Elle n’avait jamais connu de moment sans peur, sans stress, sans angoisse, de toute sa vie.
Béryl lui retira son t-shirt et l’enfila par-dessus sa propre tête. Poppy ne cacha pas sa déception que ses muscles aient maintenant une seconde peau.
— Est-ce qu’il t’a fait du mal ailleurs ? dit Béryl.
— Non.
Elle savait que son mensonge était facile à entendre dans cette seule syllabe. Mais elle n’avait pas envie de parcourir la longue liste des gifles et des coups de poing et des coups de pied. Ou des violences verbales quotidiennes. Ou des intermèdes sexuels non désirés pour lesquels elle avait dû s’allonger et subir pour pouvoir assurer sa survie. Un homme fort comme Béryl ne comprendrait jamais ce qu’elle avait dû endurer, simplement pour manger tous les jours.
Le regard de Béryl continuait à examiner son corps, ne faisant clairement pas confiance à sa parole. Ses yeux plongèrent encore une fois vers ses taches, examinant sa peau à cet endroit. La peau qui était extrêmement décolorée par la maladie.
— Ce ne sont pas des bleus, dit-elle. C’est une maladie. Ce n’est pas contagieux, ou quoi que ce soit.
Béryl passa les doigts sur la plus large tache sur le haut de son bras.
— Ce n’est pas une maladie. Ce sont des écailles. Tu as du feu dans les veines.
— Des écailles ? Du feu ?
Il hocha la tête, les effleurant du bout des doigts avec quelque chose qui ressemblait à de la vénération.
— Tu as du sang de dragon dans les veines. C’est pour ça que tu es parfaite pour moi. Ma compagne parfaite. Mon trésor.
CHAPITRE 7
Bercer Poppy dans ses bras serait le temps fort de chacune de ses journées. Il était entouré de joyaux toute la journée. Il savait comment les extraire de leur gangue de roche sans endommager leur éclat. Poppy était pleine d’éclat.
Des cheveux comme des flammes qui retombaient en vagues sur son dos. Il voyait sa marque sur son épaule, rouge contre sa peau pâle. Bien trop pâle à son goût. Est-ce qu’elle ne recevait pas assez de soleil, là d’où elle venait ?
Peu importe. Elle ne retournerait jamais là-bas. Elle resterait dans ses bras pour le restant de ses jours.
Un petit cri s’échappa des lèvres de Poppy.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Béryl en la serrant contre lui et en cherchant la source du danger.
— Rien.
Percevant le mensonge, il étudia son visage. Il sentit la colère tourbillonner en lui, brûler en lui comme si son sang était chargé de rayons gamma toxiques. Il allait se changer en Hulk et perdre le contrôle. Mais au lieu de cela, son dragon se mit à geindre devant ce qu’il voyait.
Le beau visage de Poppy était déformé par une grimace de douleur. Elle semblait lutter pour respirer. Elle se tortillait dans ses bras comme si elle était prise au piège.
C’était lui. Il la serrait trop étroitement dans ses bras.
Béryl desserra immédiatement son étreinte. Rattrapant Poppy à la dernière seconde avant qu’elle ne s’écrase au sol. Elle avait les yeux agrandis d’inquiétude. Elle dégageait une odeur de peur.
Béryl se laissa tomber à genoux.
— Pardonne-moi, mon trésor. Parfois je ne connais pas ma propre force.
— Ce n’est pas grave. Ça va.
Encore des mensonges. Dans ses entrailles, son dragon se déchaînait à nouveau. Pourquoi est-ce que leur femelle ne leur faisait pas confiance ? Probablement parce qu’il continuait à lui faire mal sans arrêt. Pourquoi ne pouvait-il pas se transformer en Banner pour elle ; un homme doux et de taille normale, qui était intelligent ? Mais alors, qui la protégerait s’il se changeait en un faible scientifique au lieu de l’immense Hulk ?
Béryl se releva, avec l’intention de lui laisser de l’espace. Son dragon refusa. Il voulait garder les mains sur elle.
— Puis-je te tenir la main ? demanda-t-il. Je te promets de faire attention.
Il serra les dents lorsqu’elle hésita. Poppy le regardait comme si elle ne croyait pas ce qu’il disait. Enfin, elle poussa un soupir. Merveille des merveilles, un petit sourire fit remonter un coin de sa bouche.
Béryl tendit la main. Poppy y plaça sa petite main. Elle avait le bout des doigts rêches, la peau abimée.
Est-ce que son précieux joyau avait été mis au travail dans le monde des humains ? Plus maintenant. Avec lui, elle n’aurait pas à lever le petit doigt.
Il referma la main sur la sienne et la guida hors des cavernes. Elle trébucha en bas des marches, alors il la souleva dans ses bras. Il était tard dans la nuit. La lune était un cercle plein au-dessus d’eux. Béryl laissa ses ailes se déployer. Poppy eut un hoquet de surprise, ses mains allant immédiatement entourer le cou de Béryl. Ce geste plut à l’homme et à la bête, parce que leur femelle se tournait vers lui pour la protéger.
Il avait envie de faire le tour du domaine en volant avec elle. Mais ce ne serait pas sûr. Pas durant une pleine lune avec une humaine non revendiquée. Il devrait se battre contre toutes les sortes de métamorphes du royaume ; lions, ours, loups.
Il atterrit devant la porte arrière du château. Ils se glissèrent silencieusement à l’intérieur. Les dragons étaient nocturnes, mais les trois humaines à l’intérieur seraient endormies.
Béryl était impatient de présenter sa compagne à Cardi, Chryssie, et Miya. Même si Miya ne répondrait pas, elle était toujours la seule figure maternelle parmi eux, et Béryl avait envie qu’elle voie le nouveau trésor qu’il avait découvert. Mais pour l’instant, il allait garder Poppy pour lui seul, en commençant par l’endroit du château qu’il préférait. Sa salle de musculation.
À part les mines, c’était l’endroit où Béryl passait le plus clair de son temps. Soulever des haltères était davantage qu’une passion, pour lui, c’était un art de vivre. Cette pièce était l’endroit où il sculptait son corps en une machine bien huilée.
Il attendit la réaction de Poppy, essayant de ne pas sautiller sur place d’impatience. Son regard fit le tour de la pièce, assimilant ce qu’elle voyait. Les poids avaient été laissés par terre et n’étaient pas sur leur support. Une affiche se détachait du mur. Il remarquait l’odeur de transpiration, à présent. Et dans le coin, il repéra le maillot d’Ilia.
Pourquoi n’avait-il pas fait le ménage avant de l’amener ici ? Elle pensait sûrement qu’il était bordélique.
— C’est beaucoup plus rangé, d’habitude, dit-il.
— Non, ça va.
Voilà encore cette phrase. Ça va. Il commençait à comprendre que quand elle prononçait ces deux mots, elle voulait dire le contraire.
— J’aime bien Terminator aussi, dit Poppy en indiquant l’affiche qui se détachait du mur.
Béryl serra fortement les mâchoires. Son ventre bouillonna en entendant cette affirmation. Il attendit, espérant qu’elle ajoute les mots ça va à cette affirmation. Elle ne le fit pas. Sa compagne était une fan de Schwarzenegger. Quel genre de plaisanterie cruelle était-ce ?
Poppy se glissa hors de son étreinte et s’avança vers les poids.
— Je peux commencer à travailler tout de suite.
— Commencer à travailler ?
Béryl resta derrière elle quand elle se baissa vers les poids. Elle mit les mains autour d’un des petits poids de dix kilos. Il fut si distrait par les courbes de ses fesses qu’il ne prit conscience de ses intentions que trop tard. Puis il fut distrait par les petits grognements qu’elle poussa en tirant sur les poids.
Béryl tendit la main vers le bas et ramassa le poids à une main.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— C’est pour ça que vous m’avez amenée ici, non ? Pour nettoyer chez vous ?
Elle se pencha pour ramasser le slip de bain.
— Tu ne feras rien de tout ça.
Il la prit par les épaules, la tirant jusqu’à ce qu’elle soit debout et loin du sous-vêtement d’Ilia.
Le visage de Poppy se tordit de douleur et d’une pointe de peur. Ses yeux étaient écarquillés lorsqu’elle regarda Béryl droit dans les yeux.
Droit dans les yeux ?
Béryl jura. Il la soulevait en l’air. Ses pieds pendaient quelques centimètres au-dessus du sol.
Il la fit asseoir avec douceur. Elle porta les mains à ses épaules pour masser la douleur qu’il y avait causée. Il posa les mains sur les siennes pour continuer à la masser. Elle se raidit à son contact. La peur était toujours là, mais l’odeur en était moins forte.
— Poppy, je suis désolé.
— Ça va.
Ça n’allait pas. Le ton de sa voix le confirmait.
— Tu es petite et délicate. Je suis grand et brusque.
— Je ne suis pas si délicate, dit-elle d’une petite voix.
— Je suis censé prendre soin de toi, te protéger. Comment puis-je le faire si chaque fois que je te touche, je te fais mal ?
— Vous me renvoyez ?
Sa peur frappa les narines de Béryl de plein fouet. Son dragon éplucha plusieurs couches et trouva le doux parfum de Poppy. Il voulait sauter sur sa proie. Béryl dompta la bête et la soumit. Il fallait qu’il écoute sa compagne. Il fallait qu’il comprenne cette odeur de peur.
— Te renvoyer ? dit-il en fronçant les sourcils. Te renvoyer dans ton monde ? Non, jamais.
Le doux parfum du soulagement émana d’elle, mais l’amertume de la peur était toujours présente.
— Vous allez me donner à cet autre dragon ?
— À Ilia ? Non.
L’aigreur résiduelle fut repoussée aux abords de son parfum. Mais elle restait toujours présente. Son dragon exigea qu’il se débarrasse de cet arrière-goût infect.
— Tu es à moi, dit Béryl. Ma vie sera dédiée à te rendre heureuse.
Elle mordilla sa lèvre inférieure. Il y avait un léger pli sur son front, comme si elle avait de sérieux doutes à l’esprit. Pourquoi n’avait-elle pas l’air convaincue ?
— Et l’ange, alors ? dit-elle.
— L’ange ?
— La femme à l’épée qui m’a amenée ici.
— Tu veux dire la Valkyrie. Pourquoi ?
Chryssie avait aussi pensé que Morrigan était un ange de la mort quand elle était arrivée.
— Est-ce que ce n’est pas ta petite amie ?
— Petite amie ?
Béryl connaissait ce mot. C’était une expression humaine. Une qu’il avait souvent entendue dans les films et les émissions de télévision que Cardi regardait.
— C’est une Valkyrie, continua-t-il.
Poppy ne parut pas comprendre.
— Je ne crois même pas qu’elles aiment les hommes, expliqua-t-il. Elle t’a apportée à moi en échange de joyaux.
Toutes traces d’inquiétude et de doute quittèrent le front de Poppy. Pour être immédiatement remplacées par de la honte.
— Donc, je suis une pute.
— Non !
Il connaissait certainement ce mot-là grâce à la télévision. C’était une injure adressée aux femmes qui, soit vendaient leur corps pour de l’argent, soit couchaient avec plus d’hommes que ce qui était la norme culturelle.
Il voyait à présent comment Poppy avait eu cette idée, étant donné la nature de la transaction à l’origine de leur relation. Mais les pierres précieuses étaient juste pour le service rendu. Il ne pouvait pas traverser le Voile. Maintenant qu’elle était ici, elle serait vénérée. Aucun autre homme ne poserait la main sur elle.
— Je vois que nous avons une nouvelle demoiselle du soir.
La douce voix d’Elek sortit du coin de la pièce quand il se matérialisa hors de l’ombre.
Le dos de Poppy se raidit, son visage sans expression. La peur ne s’échappait plus d’elle. Sa réaction lutter ou fuir était très élevée, et l’odeur était extrêmement teintée du désir de s’enfuir.
Instinctivement, Béryl entoura sa taille de ses bras. Son énorme paume couvrait toute la largeur du dos de Poppy. Son pouce atteignait le côté droit de sa hanche, son petit doigt reposait de l’autre côté.
Elle ne se recroquevilla pas loin de lui. Son corps s’inclina vers lui, comme si elle cherchait un abri. Sa bête ronronna dans ses entrailles à ce geste infime.
— Poppy, voici mon plus jeune frère. Il s’appelle Elek.
Elek inclina la tête tout en gardant ses distances.
— Est-ce que tu aimes les douceurs en bouche, Poppy ?
Le très puissant arôme d’horreur dégagé par Poppy frappa Béryl en plein nez. Elek le sentit aussi, parce qu’il baissa la tête, se faisant paraître plus petit. Ce n’était pas naturel pour un dragon, un super-prédateur, d’accomplir un tel geste. Mais les mâles ne reculeraient devant rien pour faire plaisir aux sacrifiées.
Ücretsiz ön izlemeyi tamamladınız.