Kitabı oku: «Lutter Contre Tout Ennemi», sayfa 5

Yazı tipi:

« Oui. »

« Haley Lawrence. Secrétaire à la défense. »

Luke l’avait su mais jusqu’à cet instant, il l’avait oublié.

« Monsieur le Secrétaire, » dit-il. « Que puis-je faire pour vous ? »

L’homme eut un léger sourire, qui ressemblait presque à un rictus. « Comment pensez-vous que Don Morris a pu obtenir ces renseignements ? Il est enfermé dans une prison fédérale de haute sécurité, la plus sécurisée que nous ayons actuellement. Il est détenu en isolement dans sa cellule vingt-trois heures par jour et il n’a aucun contact direct avec personne, excepté les gardiens. »

Luke sourit. « Je pense que c’est une question qu’il faudrait poser aux gardiens. »

Quelques rires se firent entendre dans la salle.

« Je connais Don Morris depuis longtemps, » dit Luke. « C’est probablement l’une des personnes les plus débrouillardes et pleines de ressources que je connaisse. Je ne doute pas un seul instant qu’il reçoive des renseignements, même dans sa situation actuelle. Est-ce que ce sont des renseignements fiables ? Je n’en ai aucune idée, et lui non plus. Il n’a aucun moyen de pouvoir les vérifier. J’imagine que ça, c’est notre boulot. »

Il jeta un coup d’œil en direction de Kurt. « Ça, ce sont toutes les informations dont je dispose. »

Kurt fit une pause, puis hocha la tête. « OK, on va reprendre ça un peu à la volée mais on a déjà pas mal d’informations qui pourraient nous être utiles. J’ai en effet la Belgique en tête depuis quelques années, comme vous pouvez vous en douter. » Il se tourna vers une assistante qui se tenait derrière lui. « Amy, peux-tu afficher une carte de la Belgique ? Avec les noms de Molenbeek et de Kleine Brogel, si tu veux bien. »

La jeune femme pianota sur sa tablette, pendant qu’un autre assistant allumait l’écran principal qui se trouvait derrière Kurt. Quelques secondes s’écoulèrent avant que l’écran bleu du bureau apparaisse à l’écran. Entretemps, les conversations avaient repris à voix basse dans la salle.

Kurt regarda son assistante, qui hocha la tête. Kurt regarda alors la Présidente.

« Susan, tu es prête ? »

« Prête. »

Une carte de l’Europe apparut à l’écran derrière lui. L’image zooma rapidement sur l’Europe occidentale, puis sur la Belgique.

« OK. Derrière moi, vous voyez une carte de la Belgique. Il y a deux endroits dans ce pays sur lesquels je voudrais attirer votre attention. Le premier, c’est la capitale, Bruxelles. »

Derrière lui, l’image zooma à nouveau. Ils virent le réseau dense d’une ville, avec une autoroute qui l’entourait. La carte bougea dans le coin supérieur gauche et ils virent plusieurs photos de rues pavées, d’un édifice gouvernemental datant du XIXe siècle, et d’un pont imposant et majestueux au-dessus d’un canal.

Il se tourna vers son assistante. « Est-ce que tu peux montrer Molenbeek, s’il te plaît. »

L’image zooma à nouveau et d’autres photos de rues apparurent. Sur l’une d’entre elles, un groupe d’hommes barbus manifestaient en portant une bannière blanche, les poings levés. Sur le haut de la bannière, des caractères arabes étaient inscrits en noir. En-dessous, se trouvait la traduction en anglais :

Non à la démocratie !

« Molenbeek est une commune de Bruxelles, comptant environ quatre-vingt-quinze mille habitants. C’est la commune la plus densément peuplée de la ville et, dans certains quartiers, quatre-vingts pourcents des habitants sont musulmans, pour la plupart de descendance turque ou marocaine. C’est un foyer d’extrémisme. Les armes qui ont été utilisées pour l’attaque du Charlie Hebdo avaient été cachées à Molenbeek. Les attaques terroristes de 2015 à Paris y ont été planifiées, et les auteurs de ces crimes sont tous des hommes qui ont grandi et ont vécu à Molenbeek. »

Kurt regarda autour de lui. « En bref, si des attaques terroristes sont actuellement planifiées en Europe, et nous pouvons supposer que c’est bien le cas, il y a de grandes chances que la planification ait lieu à Molenbeek. Est-ce que nous sommes bien clairs sur ce point ? »

Un murmure d’approbation traversa la salle.

« OK, voyons maintenant Kleine Brogel. »

À l’écran, l’image fit un zoom arrière, se déplaça légèrement sur la droite et zooma à nouveau. Luke aperçut les pistes et les bâtiments d’un aérodrome, à proximité d’une petite ville.

« La base aérienne de Kleine Brogel, » dit Kurt. « C’est un aérodrome militaire belge situé à environ cent kilomètres à l’Est de Bruxelles. Le village que vous voyez, c’est Kleine Brogel, d’où le nom de la base aérienne. Elle abrite le 10e Wing tactique de l’armée belge. Ils opèrent avec des F-16 Fighting Falcons, des avions de chasse supersoniques qui peuvent, entre autres choses, larguer des bombes nucléaires B61. »

À l’écran, la carte disparut et fut remplacée par l’image d’une bombe en forme de missile, montée sur un chariot à roues et garée sous le fuselage d’un avion de chasse. La bombe était longue et lisse, de couleur grise avec une pointe noire.

« Voici le B61, » dit Kurt. « Un peu moins de trois mètres cinquante de long, environ soixante-quinze centimètres de diamètre, avec un poids d’environ trois cent vingt kilos. C’est une arme à rendement variable, qui peut larguer jusqu’à trois cent quarante kilotonnes sur une cible – environ vingt fois la magnitude de l’explosion d’Hiroshima. Si on compare ça aux mégatonnes des missiles balistiques, on voit bien que le B61 est une petite ogive nucléaire tactique. Elle est conçue pour être transportée par des avions rapides, comme le F-16. Remarquez sa forme épurée – qui lui permet de supporter les vitesses que les avions de chasse sont susceptibles d’atteindre. Ce sont des bombes de fabrication américaine et nous les partageons avec la Belgique dans le cadre de l’OTAN. »

« Donc ces bombes se trouvent actuellement dans cette base aérienne ? » demanda Susan.

Kurt hocha la tête. « Oui. Il doit y en avoir environ une trentaine. Mais je peux obtenir le nombre exact si cela s’avère nécessaire. »

Un murmure se fit entendre dans la salle.

Kurt leva la main. « Mais ce n’est pas tout. Kleine Brogel représente un enjeu politique en Belgique. Beaucoup de Belges détestent le fait que des bombes y soient stockées et ils veulent qu’elles sortent du pays. En 2009, un groupe de militants pacifistes belges ont décidé de montrer au public combien ces bombes étaient dangereuses. Ils sont passés à travers le système de sécurité de la base aérienne. »

La carte réapparut à l’écran. Kurt montra un endroit en périphérie de la base aérienne. « Au Sud de l’aérodrome, il y a quelques exploitations laitières. Les militants ont tout simplement traversé les champs, puis ils ont grimpé la clôture. Ils se sont baladés dans la base aérienne pendant au moins quarante-cinq minutes avant que quelqu’un remarque leur présence. Quand ils ont finalement été interceptés – par un pilote belge portant une arme non chargée – ils se trouvaient juste devant un bunker où certaines des bombes sont stockées. Ils avaient déjà tagué le bunker de slogans et accrochés des banderoles. »

Des murmures remplirent à nouveau la salle, mais le brouhaha fut plus prononcé cette fois-ci.

« OK, OK. Ça a été un sérieux manquement à la sécurité. Mais avant de s’emballer, il y a encore quelques points à préciser. Tout d’abord, les bunkers étaient verrouillés – il n’y avait aucun danger que les militants parviennent à y entrer. Et les bombes sont stockées dans des chambres en sous-sol – même si les militants étaient parvenus à entrer dans les bunkers, ils auraient été incapables de faire fonctionner les élévateurs hydrauliques pour remonter les bombes à la surface. Les militants étaient à pied, alors même s’ils étaient parvenus à remonter les bombes, ils n’allaient pas aller très loin en portant une arme qui pèse trois cent vingt kilos. »

« Alors, en tenant compte de tout ça, quel est, selon vous, le niveau de risque ? » demanda Haley Lawrence.

Kurt fit une longue pause. Il avait le regard perdu au loin. Son esprit fonctionnait telle une calculatrice, prenant en compte tous les éléments qu’il venait de décrire, en les ajoutant, les soustrayant, les multipliant et les divisant entre eux.

« Un niveau élevé, » dit-il.

« Élevé ? »

Kurt hocha la tête. « Oui, bien sûr. Le niveau de menace est élevé. Est-ce qu’un groupe terroriste pourrait projeter de voler une bombe à Kleine Brogel ? Bien sûr. Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler de cette idée – ça a déjà été mentionné dans des chats sur des réseaux terroristes que la NSA et le Pentagone ont interceptés. Une cellule terroriste à Bruxelles pourrait très bien avoir un ou plusieurs contacts à la base aérienne qui pourraient les aider – en fait, c’est un scénario très probable. Oui, c’est vrai, les bombes ne sont pas opérationnelles sans les codes et oui, c’est vrai, elles sont conçues pour être larguées par des avions de chasse. Mais si les Iraniens voulaient ces bombes juste pour en étudier l’ingénierie ou en extraire le matériel nucléaire ? Les militants à Molenbeek sont en général des sunnites et ils détestent l’Iran. Nos militants pourraient être des mercenaires, qui proposeraient leurs services au plus offrant.

« Ou on pourrait encore envisager un autre cas de figure, » continua Kurt. « L’armée de l’air somalienne possède une poignée d’avions de chasse obsolètes. La plupart sont en ruine, mais je suis sûr qu’il doit encore y en avoir l’un ou l’autre qui peut voler. Le gouvernement somalien est faible, sous l’attaque constante de l’islam radical, et il est sur le point de s’effondrer. Et si des militants islamistes réquisitionnaient ces avions, y chargeaient une bombe et crashaient l’avion au cours d’une attaque nucléaire suicide ? »

« Est-ce que tu ne viens pas juste de dire que les bombes ne pouvaient pas être amorcées sans les codes ? » demanda Susan.

Kurt haussa les épaules. « Les codes nucléaires font partie des cryptages les plus perfectionnés au monde. À notre connaissance, ils n’ont jamais été déchiffrés, volés ou transmis. Mais ça ne veut pas dire que ce ne sera jamais le cas. Afin de se préparer au pire des scénarios, je pense qu’il vaut mieux partir du principe que ces codes seront un jour déchiffrés, s’ils ne l’ont pas déjà été. »

« Alors que suggérez-vous que nous fassions ? »

Kurt n’hésita pas une seconde. « Renforcer la sécurité sur la base aérienne de Kleine Brogel. Et tout de suite. Nous avons des troupes là-bas, mais il y a des tensions constantes avec les autorités belges. Afin d’augmenter de manière considérable le niveau de sécurité à Kleine Brogel, on va devoir marcher sur certaines plates-bandes. Il faut également réexaminer de près les mesures de sécurité mises en place sur les autres bases de l’OTAN où des armes nucléaires américaines sont stockées. Je pense qu’on constatera très vite que ces mesures sont suffisantes. Car en termes de sécurité laxiste, les Belges ont vraiment le pompon.

« Pour finir, je recommanderais de faire quelque chose que j’ai envie de faire depuis un petit temps – envoyer quelques agents d’opérations spéciales sur le terrain à Bruxelles, et plus particulièrement à Molenbeek. Pour qu’ils aillent fouiner et poser des questions. C’est le genre de choses que les Belges devraient faire régulièrement, mais qu’ils ne font pas. Ça ne devrait pas forcément être une opération secrète – ce serait peut-être même mieux si ce n’était pas le cas. Il suffit juste d’envoyer les bons agents, ceux qui ne prennent pas un non pour une réponse et qui savent mettre la pression. »

Au bord de l’épuisement, Luke écoutait d’une oreille distraite. Il essayait surtout de tenir le coup jusqu’à la fin de la réunion. Mais il se rendit soudain compte que plusieurs personnes dans la salle le regardaient.

Il leva les mains en l’air et s’enfonça dans son siège.

« Merci, » dit-il, « mais non. »

* * *

« Alors qui essaie de vous tuer ? » demanda Susan.

Luke était assis dans un fauteuil en cuir dans le Bureau ovale. Sous ses pieds, se trouvait le tapis orné du sceau du Président des États-Unis. La dernière fois qu’il s’était trouvé dans ce bureau, les services secrets l’avaient plaqué au sol sur ce même tapis. Mais bien sûr, ce n’était pas le même – car bien que la pièce soit identique, elle était entièrement neuve. La précédente avait été complètement détruite. Pendant une fraction de seconde, il l’avait presque oublié.

Mon dieu, comme il était fatigué.

Un assistant lui avait amené une tasse de café. Peut-être que ça l’aiderait à se réveiller. Il but une gorgée – le café de la Présidente était toujours excellent.

« Je ne sais pas, » dit-il. « Apparemment, ils sont occupés à faire des tests ADN et à analyser les empreintes du type que j’ai tué. »

Luke observa le visage de Susan. Elle avait vieilli. Les rides de sa peau s’étaient accentuées et étaient devenues de véritables sillons. Sa peau n’était plus aussi ferme et dynamique. Elle était parvenue à garder sa beauté d’adolescente pendant des années, mais en six mois de présidence, le temps l’avait rattrapée.

Luke repensa au jeune Abraham Lincoln quand il était devenu Président, un homme tellement énergique et puissant qu’il était connu pour ses tours de force. Quatre ans plus tard, juste avant qu’il soit assassiné, le stress de la Guerre de Sécession l’avait transformé en un vieil homme affaibli et ratatiné.

Susan était toujours belle, mais de manière différente. Elle avait presque l’air usée. Il se demanda ce qu’elle devait en penser, et si elle l’avait même remarqué. Mais il sut tout de suite la réponse à cette question – bien sûr, qu’elle l’avait remarqué. C’était une ancienne mannequin. Elle remarquait probablement le moindre changement dans son apparence. Pour la première fois, il remarqua la robe qu’elle portait. Elle était bleu foncé, très élégante, et elle épousait parfaitement les formes de son corps.

« Très jolie robe, » dit-il.

Elle montra sa robe d’un air nonchalant. « Ce vieux truc ? C’est juste quelque chose que j’ai enfilé à la hâte. Vous savez qu’il y avait une cérémonie aujourd’hui, n’est-ce pas ? »

Luke hocha la tête. Il savait. « C’est vraiment impressionnant, » dit-il. « La manière dont ils ont tout reconstitué à l’identique. »

« Personnellement, je trouve ça un peu glauque, » dit Susan. Elle regarda autour d’elle. « J’ai vécu à l’Observatoire naval pendant cinq ans. J’adorais cette maison. Ça ne m’aurait pas dérangé d’y vivre jusqu’à la fin de ma vie. En revanche, il va me falloir un peu de temps avant de m’habituer à celle-ci. »

Le silence s’installa entre eux. Luke était uniquement venu pour lui présenter ses respects. Dans une minute, il allait lui demander une voiture, ou mieux encore, un hélicoptère, pour l’emmener jusqu’à la côte.

« Alors qu’est-ce que vous en pensez ? » demanda-t-elle.

« Qu’est-ce que je pense ? À quel sujet ? »

« Au sujet de la réunion qu’on vient d’avoir. »

Luke bâilla. Il était fatigué. « Je ne sais pas quoi penser. Est-ce qu’on a des armes nucléaires en Europe ? Oui. Est-ce qu’elles sont vulnérables ? Apparemment, on dirait qu’elles pourraient être mieux protégées qu’elles le sont. Au-delà de ça… »

Il s’arrêta de parler.

« Est-ce que vous irez là-bas ? » demanda-t-elle.

Luke faillit se mettre à rire. « Vous n’avez pas besoin de moi en Belgique, Susan. Il vous suffit d’accroître le niveau de sécurité à la base aérienne, d’y placer des Américains avec de préférence des armes chargées. Ça devrait suffire. »

Susan secoua la tête. « Si c’est une menace crédible, il faut qu’on s’attaque directement à la source. Écoutez, ça fait bien trop longtemps qu’on fait du pied aux Belges. Il y a eu bien trop d’attaques venant de Bruxelles, et je veux démanteler ces réseaux. C’est inadmissible qu’après les attaques de Paris, ils n’aient pas entièrement bouclé Molenbeek. Parfois je me demande de quel côté ils sont. »

Luke leva les mains en l’air. « Susan… »

« Luke, » dit-elle. « J’ai besoin de vous sur cette affaire. Il y a quelque chose qui n’a pas été mentionné lors de la réunion, et qui rend la situation bien plus urgente que vous le pensez. Kurt est au courant, moi aussi, mais personne d’autre. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

Elle hésita. « Luke… »

« Susan, vous m’avez appelé hier et vous m’avez demandé de prendre un avion pour le Colorado. Ce que j’ai fait. Et maintenant, vous voulez que j’aille en Belgique. Vous dites que c’est important mais vous ne voulez pas me dire pourquoi. Vous savez que ma femme a un cancer ? Je vous le dis pour que vous sachiez exactement ce que vous êtes occupée à me demander. »

Pendant une fraction de seconde, il pensa qu’il allait lui en dire plus, peut-être même tout lui dire. Que son couple avait éclaté. Que sa femme venait d’une famille riche, mais que Luke ne voulait pas d’argent de sa part. Il voulait juste voir son fils de manière régulière et Becca le menaçait de lui retirer ce droit. Elle s’était préparée à lutter pour avoir la garde de Gunner et maintenant, elle avait soudain un cancer. Elle allait probablement mourir. Et elle voulait quand même continuer à se battre. Toute cette histoire avait pris Luke par surprise. Il ne savait pas quoi faire. Il se sentait complètement perdu.

« Luke, je suis vraiment désolée. »

« Merci. C’est dur. On a eu beaucoup de problèmes entre nous, et maintenant… ça. »

Elle le regarda droit dans les yeux. « Si ça peut vous consoler, je veux que vous sachiez que je comprends très bien. Mes parents sont morts quand j’étais jeune. Mon mari a visiblement déserté notre mariage et s’est reclus de son côté. Je ne lui en veux même pas. C’est normal qu’il n’ait pas envie de continuer à supporter toutes ces attaques. Mais il a emmené nos filles avec lui. Je sais ce que ça fait d’être seule – j’imagine que c’est ce que j’essaye de vous dire. »

Luke fut surpris qu’elle se confie comme ça à lui. Il réalisa combien elle lui faisait confiance et ça lui donna encore plus envie de l’aider.

« OK, » dit Luke. « Alors dites-moi pourquoi c’est si important. »

« Il y a eu une fuite de données au Ministère de l’énergie. Personne n’en connaît encore l’étendue, si c’était un accident ou si c’était planifié. Personne ne sait rien. Beaucoup d’informations ont tout simplement disparu, y compris des milliers d’anciens codes nucléaires. Personne ne sait même dire si c’est vraiment grave – s’ils fonctionnent encore. Ça va prendre du temps pour mettre de l’ordre dans tout ça, mais en attendant, il est hors de question qu’on égare une arme nucléaire. »

Il s’enfonça dans son siège. Il allait y aller. Avec un peu de chance, il lui suffirait de mettre la pression sur quelques personnes, d’accroître les protocoles de sécurité et il serait de retour dans deux jours. Il vit mentalement Gunner jouer au basket dans la cour arrière.

Tout seul.

« OK, » dit Luke. « Mais j’ai besoin de mon équipe. Ed Newsam, Mark Swann. Et il me manque un membre. J’ai besoin d’un officier des renseignements pour remplacer Trudy Wellington. Quelqu’un de bon. »

Susan hocha la tête et lui décocha un sourire de gratitude.

« Je m’en occupe. »

CHAPITRE HUIT

17h15 (Heure d’été de l’Est)

Le ciel au-dessus de l’océan Atlantique

« Vous êtes prêts à l’action, les enfants ? »

Le Learjet à six places fonçait à travers le ciel, en direction du Nord-est. L’avion était bleu foncé, avec le sceau des services secrets sur le côté. Derrière eux, le soleil commençait à se coucher. Luke regarda par le hublot, en direction de l’Est. Il faisait déjà noir devant eux – c’était l’automne et les jours raccourcissaient. En-dessous d’eux, le vaste océan s’étendait à l’infini.

Luke avait utilisé sa phrase habituelle de motivation, mais il l’avait fait de manière machinale. Il n’y avait pas mis beaucoup de cœur. Il était éveillé depuis trop longtemps et il avait trop de poids sur ses épaules. Et en plus de ça, il avait accepté un boulot qu’il n’avait probablement pas besoin de faire.

Avec son équipe, il utilisait les quatre sièges passagers à l’avant en tant que zone de réunion. Ils avaient empilé leurs bagages et leur équipement sur les sièges à l’arrière.

Dans le siège qui se trouvait de l’autre côté de l’allée, était assis Ed Newsam. Il portait un pantalon kaki, un t-shirt à longues manches et une veste légère. Il avait mis ses lunettes de soleil, pour se protéger des rayons qui passaient par le hublot. Quand il était détendu, comme il l’était à l’instant présent, toute la tension musculaire disparaissait de son corps hyper athlétique et musclé. Ed était spécialiste en armement et en tactique, et Luke avait rarement rencontré un homme plus qualifié que lui – il était en lui-même une arme des plus dévastatrices.

En face de lui, se trouvait Mark Swann. Il était grand et fin, avec de longs cheveux châtain clair attachés en queue de cheval, et d’élégantes lunettes rectangulaires noires Calvin Klein. Il avait étendu ses jambes dans l’allée. Il portait un vieux jean délavé et une paire de bottines noires de combat Doc Marten. Le choix de ces bottines fit sourire Luke – Mark n’avait jamais vécu une seule seconde de combat dans sa vie. Swann était spécialiste en systèmes informatiques – c’était un ancien hacker qui avait été arrêté et engagé par le gouvernement pour éviter une longue peine de prison.

Swann et Newsam étaient rentrés du Grand Canyon quelques jours plus tôt – ils trouvaient que ce n’était pas la même chose sans Luke et Gunner.

« Surveiller quelques ogives nucléaires obsolètes ? » dit Swann. « Je suppose que je suis prêt pour ça. »

« Pire, » dit Luke. « On va garder un œil sur des Belges, qui sont chargés de surveiller quelques ogives nucléaires obsolètes. »

« Tu penses vraiment que c’est tout ? » dit Ed.

Luke secoua la tête. « Non. Je pense que c’est trompeur. Il va falloir qu’on garde les yeux bien ouverts et qu’on reste… »

« Très vigilants, » dit Swann.

Ils jouaient chacun leur rôle et c’était très bien comme ça. Swann et Newsam avaient évité de mentionner le sujet du cancer de Becca. Plutôt qu’offrir leur sympathie quand ils étaient montés à bord, ils s’étaient contentés de ne rien dire et Luke comprenait très bien. C’était un sujet difficile à aborder.

Juste en face de Luke, était assis le membre le plus récent de l’équipe – enfin, pour être tout à fait exact, elle n’était pas encore vraiment un membre à part entière. C’était la première fois qu’elle travaillait avec eux. Les services secrets l’avaient empruntée au FBI sur recommandation de ses supérieurs. Elle avait à peine prononcé un mot depuis qu’ils étaient montés dans l’avion. Luke tourna maintenant son attention vers elle.

Il avait vu son dossier. Elle s’appelait Mika Dolan. Elle était née en Chine mais ses parents l’avaient donnée en adoption car ils voulaient un fils. Elle avait été adoptée par un couple de hippies vieillissants, qui s’étaient rendu compte tard dans leur vie qu’ils avaient envie d’avoir un enfant. Elle a d’abord grandi sur la côte Ouest, dans le Nord de la Californie, puis dans le comté de Marin, à côté de San Francisco. Elle était jeune – probablement trop jeune. Vingt et un ans et ça faisait déjà un an qu’elle était sortie de MIT, avec un dix-huit de moyenne. Elle avait obtenu son diplôme avec grande distinction. Elle avait un QI de 169. C’était un petit génie.

Ses hobbies ? Elle aimait le surf. Ça, ça impressionnait plutôt Luke – car c’était une femme toute menue, avec de grandes lunettes rondes. Elle avait l’air de sortir à peine de chez elle, alors de là à l’imaginer sur les flots… Mais apparemment, son père adorait surfer sur la côte pacifique et il avait mis sa fille sur une planche dès l’âge de trois ans.

Mika était spécialiste des renseignements et elle entamait sa deuxième année au FBI. Mais quels que soient ses dons naturels, la barre avait été mise très haut. Trudy Wellington était beaucoup de choses – émotionnelle, mystérieuse et légèrement redoutable, entre autres – mais en moins de dix ans, elle avait développé de très vastes réseaux d’informations qui lui permettaient d’accéder à des données inaccessibles à la majorité, et elle était extrêmement douée pour imaginer des scénarios. Trudy venait de MIT, tout comme Mika. Luke se dit que c’était probablement pour ça qu’on la lui avait assignée.

« Eh bien, Mika ? » dit Luke. « Est-ce que tu veux commencer ? »

« OK, » dit-elle, en ayant des difficultés à le regarder dans les yeux. Elle prit la tablette qui était posée sur le siège à côté d’elle. « Je suis un peu nerveuse. Peut-être que vous n’êtes pas au courant, mais vous êtes de vraies légendes au bureau. »

« Ah oui ? » dit Ed Newsam, apparemment ravi. « Et qu’est-ce qu’ils disent à notre sujet ? »

Mika sourit. « On m’a dit que vous étiez de vrais cowboys. Et on m’a dit d’essayer de ne pas me faire tuer pendant que je suis avec vous. »

Ed secoua la tête. « Ils te taquinaient. Tous ceux qui nous accompagnent ne se font pas tuer, tu sais. »

« Seulement quatre sur dix, » dit Swann. « Les autres survivent, bien que beaucoup d’entre eux soient estropiés à vie. Mais tu n’as pas à t’en faire. Le FBI offre beaucoup d’indemnités dans ce genre de cas. »

Luke sourit, mais ne se joignit pas à eux. Mika était très jolie et ils flirtaient un peu avec elle. Il allait les laisser faire encore un petit peu. C’était un bon moyen de briser la glace et de la mettre un peu plus à l’aise.

Puis Luke n’était pas non plus au meilleur de sa forme. Il était assez mélancolique. Même s’il avait eu envie de plaisanter avec eux, il n’aurait pas eu le cœur à ça. Il avait appelé Becca avant de partir et la conversation ne s’était pas bien passée. Il lui avait dit qu’il partait en mission.

« Où est-ce que tu vas ? » lui avait-elle demandé.

« En Belgique. Juste à côté de Bruxelles. Il y a certaines craintes concernant des armes nucléaires stockées là-bas, sur une base aérienne de l’OTAN. Une cellule terroriste va apparemment… »

« Alors tu vas tout simplement y aller ? » dit-elle.

« Je serai parti deux ou trois jours. Je vais juste vérifier les mesures de sécurité mises en place, effectuer certaines améliorations si nécessaire, puis aller à Bruxelles pour interroger quelques personnes qui pourraient avoir des informations utiles. »

« Tu veux dire, les torturer ? »

« Becca, je… »

« Il y a un agent des services secrets dans mon salon, Luke. Il est apparu sur le seuil de ma porte cet après-midi. Un autre agent est allé chercher Gunner à l’école. Apparemment, il est entré dans la classe avant que les enfants soient sortis. »

« Quelqu’un a essayé de me tuer hier soir, » dit Luke. « Les services secrets sont là pour votre… »

« Protection, oui, je sais. Luke, j’ai un cancer. On allait annoncer la mauvaise nouvelle ensemble à Gunner. Tu t’y étais engagé. Et maintenant tu quittes le pays. »

« Quelqu’un a essayé de me tuer hier soir, » répéta Luke.

« Oui, j’ai entendu. Il n’y a rien de surprenant là-dedans. Entretemps, ma vie est vraiment en danger et tu t’étais engagé envers moi et envers ton fils. Et pourtant tu t’enfuis. Encore une fois… »

Luke prit une profonde inspiration. « Becca, je veux t’aider. Je veux… faire tout ce que je peux. Mais tu m’as jeté de la maison la dernière fois qu’on s’est vu. Et la fois avant ça, j’ai dû te retrouver sur le parking d’un magasin parce que tu ne voulais pas que je vienne chez toi. Et je ne m’enfuis pas du pays. Je serai seulement parti quelques jours. J’imagine que tu seras toujours vivante quand je… »

Elle avait raccroché en entendant ces mots et c’était compréhensible. C’était une chose vraiment horrible à dire. Mais elle avait vraiment fait tout son possible pour faire de sa vie un enfer au cours de ces derniers mois. Et maintenant elle était probablement sur le point de mourir. Luke en était désolé. Il se sentait vraiment mal. Il avait l’impression d’avoir échoué sur tous les plans – en tant que père, que mari et que personne. Mais la manière dont elle se comportait n’arrangeait rien.

Mais il devait arrêter d’y penser. Il secoua la tête pour s’éclaircir l’esprit. Il fallait qu’il compartimente. Oui, il avait des problèmes personnels. Il se rendait bien compte qu’il avait de gros soucis. Il ne savait pas comment aider sa femme. Il ne savait pas comment régler tout ça. Mais il ne pouvait pas amener ses soucis avec lui jusqu’en Europe. Ça le déconcentrerait et il pourrait devenir un danger pour lui-même et pour les gens qui l’accompagnent. Sa concentration devait être maximale.

Il regarda par le hublot. Au loin, il vit trois avions de chasse F-18 traverser le ciel à toute allure. En-dessous d’eux, des nuages blancs flottaient dans les dernières lueurs du jour. Il prit une profonde inspiration. Il regarda à nouveau Mika.

« Comment est-ce que vous préférez procéder ? » demanda-t-elle.

Luke fit un geste de la main en forme de cercle pour désigner le groupe. « La manière dont on procède généralement, c’est que tu nous fais part de chaque information et de chaque renseignement que tu as pu récolter, organisés par ordre d’importance, à moins que tu aies une bonne raison de faire autrement. Pars du principe que nous n’avons aucune connaissance préalable de l’affaire – comme ça, on finit tous avec les mêmes renseignements, quelles que soient les informations dont on disposait au départ. »

Elle hocha la tête, puis baissa à nouveau les yeux vers sa tablette. « OK, on fait comme ça, alors. »

« Commençons avec la question qui me tient le plus à cœur, » dit Luke. « Qui a essayé de me tuer hier soir ? »

« Son nom, c’était Azab Mu’ayyad, » dit Mika. « En tout cas, c’était le nom indiqué sur son passeport actuel. Il aurait fait des études supérieures en Jordanie et il aurait trente-deux ans. Mais nous pensons qu’il a au moins dix autres pseudos et des passeports de quatre autres pays. Son nom en arabe signifie ‘voyageur béni de dieu’ mais il est très probable que ce ne soit qu’un alias. »

« Alors qui était-il vraiment ? » demanda Luke.

Elle se mit à pianoter sur sa tablette. Ses doigts glissaient agilement sur la surface lumineuse. « La NSA pense que c’est un tueur à gages et moudjahid tunisien, du nom d’Abu Mossaui, mais c’est également un autre pseudo. Il est probablement plus proche de la quarantaine que de la trentaine. Ce serait un mercenaire et un exécuteur au sein des groupes sunnites les plus radicaux. On pense qu’il a été actif en Afrique sub-saharienne. Il se pourrait qu’il ait été impliqué dans l’enlèvement et l’exécution du chef de guerre somalien Fatah al-Malik. Il y a des donnés qui suggèrent qu’il était en Tanzanie en 2011, au moment où un hôtel en bord de plage a été bombardé, tuant treize touristes israéliens. »

Ücretsiz ön izlemeyi tamamladınız.

₺139,85
Yaş sınırı:
0+
Litres'teki yayın tarihi:
02 eylül 2020
Hacim:
352 s. 4 illüstrasyon
ISBN:
9781094305899
İndirme biçimi:
Serideki Dördüncü kitap "Un thriller di Luke Stone"
Serinin tüm kitapları
Metin
Ortalama puan 5, 4 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 4, 1 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre