Kitabı oku: «Tous Les Moyens Nécessaires», sayfa 8

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Chapitre 20

Heure zéro

Entre la vie et la mort

Il était à la dérive, à l'écoute des bruits qui l'entouraient.

Il y avait de la musique, une sorte de musique classique avec des violons et un piano. Les personnes autour de lui parlaient d'une voix mécanique.

“Ciseaux. Scalpel. Aspiration. Aspiration, j'ai dit! Tu ne peux pas nettoyer ça un peu mieux?”

“Tout de suite, docteur.”

Puis il entendit: “Il a eu de la chance. Deux centimètres plus à gauche et son aorte était sectionnée. Il serait mort en deux minutes.”

Eldrick n'était pas intéressé par les médecins, ni par le corps qui gisait sur la table. Ils se trouvaient tous en-dessous de lui maintenant et il aperçut la chose que les docteurs s'acharnaient à sauver. On aurait dit un chien mort en bord de route. Ça ne ressemblait à rien qui vaille la peine d'être sauvé.

Il se retourna et à travers l'embrasure de la porte il vit sa grand-mère dans la pièce d'à côté. Elle se tenait devant la cuisinière et touillait dans une casserole. Ça sentait vraiment bon.

“LT, viens ici.”

Il courut auprès d'elle. C'était l'après-midi, le soleil brillait à travers les fenêtres de leur appartement et il avait envie de descendre au parc pour jouer au ballon. Mais l'odeur du dîner le retenait. C'était un moment de bonheur parfait, juste avant que tout ne parte en vrille.

“Tu as fini tes devoirs, mon chéri?”

“Oui, mamy.”

“Tu ne me mentirais pas, n'est-ce pas?”

Il sourit.

Elle se tourna vers lui, le visage sérieux. “Tu as fait quelque chose de mal, n'est-ce pas?”

Soudainement, il n'était plus un enfant. Il était passé à l'âge adulte et elle, c'était cette petite femme âgée qu'elle était devenue juste avant que le cancer du sein ne l'emporte.

Il hocha de la tête. “J'ai fait quelque chose de mal, effectivement.”

“Est-ce que tu peux y remédier?”

Il secoua la tête. “Je ne sais pas si les choses pourront jamais être arrangées.”

9h30 du matin

Centre médical Johns Hopkins Bayview – Baltimore, Maryland

“En voilà deux,” dit Luke.

Il se tenait avec Ed dans le couloir de l'hôpital, à environ vingt mètres d'une porte avec l'inscription PHARMACIE. Luke avait essayé de l'ouvrir quelques instants auparavant mais elle était verrouillée. Dans le couloir, deux hommes en tenue bleue et tunique blanche de labo marchaient dans leur direction. Ils papotaient et rigolaient.

Il y avait des caméras de surveillance dans chaque coin. Mais ça n'avait pas d'importance. Luke comptait agir rapidement. Il était déjà dans la merde, alors un peu plus ou un peu moins, quelle importance.

“Excusez-moi,” dit Luke. “Êtes-vous médecins?”

“Oui, effectivement,” dit l'un d'entre eux, un homme d'âge moyen avec des lunettes à monture en fil de fer. “Vous avez besoin de quelque chose?”

Luke s'approcha de l'homme. Il avait sorti son revolver. Il le pressa contre le ventre du médecin, assez bas pour ne pas être vu par les caméras vidéos. Il posa une main amicale sur l'épaule de l'homme. “Ne dis pas un mot et toi non plus.”

Ed s'approcha du deuxième homme. Il tenait également un revolver. Il pressa le canon dans le dos du second médecin.

“On ne vous fera pas de mal si vous faites exactement ce qu'on vous dit.”

Le premier médecin, très sûr de lui l'instant d'avant, commença à trembler. “Je…” dit-il. Il ne parvenait pas à articuler un mot.

“Ne te tracasse pas,” dit Luke. “Tout va bien. Ne dis pas un mot et ouvre la porte de la pharmacie. C'est tout ce dont j'ai besoin. Ouvre la porte et accompagne-moi un instant à l'intérieur.”

Le deuxième médecin était plus calme. Il était dégarni et portait d'épaisses lunettes. Il était plus robuste que l'autre docteur. “Pas de problèmes. Si c'est des drogues que vous voulez, pas de soucis. On va vous donner ce que vous voulez. Mais il y a des caméras de sécurité partout. Vous n'irez pas loin.”

Luke sourit. “Nous n'allons pas très loin.”

Les hommes se retournèrent tous ensembles et se dirigèrent vers la porte. Le deuxième médecin fit glisser sa carte d'accès devant le lecteur et une lumière verte s'alluma. Luke ouvrit la porte. À l'intérieur de la pièce, se trouvaient de nombreuses armoires verrouillées.

“De quoi avez-vous besoin?” demanda le médecin.

“Ritaline,” répondit Luke. “Deux injections.”

“Ritaline?” dit l'homme.

“Oui et vite. Je n'ai pas beaucoup de temps devant moi.”

Le médecin fit une pause. “Monsieur, vous n'allez pas être stone avec du Ritaline. Si vous souffrez d'un déficit d'attention, vous pouvez facilement en obtenir avec une ordonnance. Vous n'avez pas besoin de nous prendre en otages. Il existe des programmes qui vous aident à payer le traitement. Et de toutes façons, le Ritaline n'est pas le préféré…”

Luke secoua la tête. “On n'est plus à l'école, docteur. Je sais ce que je fais et vous n'en avez aucune idée, OK?”

Le médecin haussa les épaules. “Comme vous voudrez.” Il ouvrit une armoire, montra le flacon à Luke et prépara les injections. Pendant qu'il était occupé, Ed plaça quatre attaches en plastique sur le comptoir. Il ouvrit un tiroir et sortit deux serviettes et du sparadrap qu'il posa à côté des attaches.

Le médecin avait terminé de préparer les injections et leur passa les seringues par-dessus le comptoir.

“Très bien,” dit Luke. “Merci. Maintenant j'ai besoin d'une dernière chose avant de partir.”

“Tout ce que vous voulez,” dit le médecin.

“Retirez vos vêtements,” dit Luke. “Tous les deux.”

*

Luke et Ed, en blouses et gants de chirurgiens, traversèrent la foule de policiers qui se tenaient devant la porte de la chambre d'Eldrick Thomas. Ils s'arrêtèrent un instant et mirent leurs masques de chirurgiens avant d'entrer.

Un panneau triangulaire jaune et noir était fixé à la porte. DANGER: RISQUES DE RADIATIONS.

Un autre panneau avec toute une série d'instructions était accroché en-dessous.

A. Visites limitées à une heure par jour. Les femmes enceintes et les personnes de moins de dix-huit ans sont interdites.

B. Veuillez rester à deux mètres de distance du patient.

C. Il est obligatoire de porter une blouse, des protections pour les chaussures et des gants. Nous déconseillons aux visiteurs de toucher quoi que ce soit dans la chambre.

D. Interdiction de fumer, de manger ou de boire dans la chambre du patient.

Un flic toucha le bras de Luke. “Quand pensez-vous qu'il va se réveiller?”

Luke prit un air sérieux de médecin. “Vous voulez dire s'il se réveille. Nous faisons tout notre possible. Vous devrez attendre encore un petit peu.”

Ils entrèrent. Thomas était endormi sur le lit d'hôpital. Des points rouges vifs foncés étaient apparents sur son visage et son cou. Ses poignets et ses chevilles étaient menottés aux rails en métal du lit. Des machines contrôlaient ses fonctions vitales. Deux flics équipés de masques et gants chirurgicaux se tenaient dans un coin, aussi loin que possible de Thomas.

“Pouvez-vous nous laisser seuls quelques instants avec le patient?” demanda Ed.

“Nous ne sommes pas sensés sortir de la pièce,” répondit l'un des flics.

Ed prononça les mots magiques qui provoqueraient un tollé bureaucratique si le patient n'était pas radioactif. “Je suis désolé mais votre présence interfère avec la prestation de soins médicaux.” Puis il sourit. “De toutes façons, le type est attaché au lit. Il ne va pas s'enfuir. Laissez-nous une minute, d'accord?”

Les flics sortirent de la pièce, probablement soulagés de s'en aller.

Luke s'approcha de Thomas. Il retira le capuchon de la seringue, retourna le bras gauche de Thomas, palpa l'épaisse veine à la pliure de son coude et lui injecta le produit.

“Ritaline, hein?” dit Ed.

Luke haussa les épaules. “Ça réveille instantanément d'une anesthésie totale. Pas exactement approuvé par l'ordre des médecins mais ça marche.”

Il recula. “Ça ne devrait pas prendre longtemps.”

Une minute s'écoula, puis une deuxième. À la moitié de la troisième minute, Luke crut voir un léger battement des cils.

“Eldrick,” dit-il. “Réveille-toi.”

Les yeux d'Eldrick s'ouvrirent lentement. Il cligna des paupières. Il avait l'air très fatigué. Il avait l'air d'avoir cent ans.

“J'ai mal à la poitrine,” murmura-t-il. Il balaya la pièce du regard sans bouger la tête. “Où suis-je?”

Luke secoua la tête. “Ça n'a pas d'importance où tu te trouves. Tu étais à New York la nuit dernière. Tu as dérobé des substances radioactives du Center Medical Center. Tu as fait le coup avec Ken Bryant et Ibrahim Abdulraman. Ils ont tous les deux été tués, tout comme deux gardiens de la sécurité.”

L'homme retrouvait la mémoire. Il bougeait à peine. Il avait l'air si faible qu'on aurait dit qu'il allait mourir d'un instant à l'autre. Mais son regard était dur. “Vous êtes des flics?” demanda-t-il.

Luke hocha la tête. “Il faut qu'on sache où et quand la bombe va exploser.”

Eldrick Thomas regarda Ed. Il fit un geste de la tête vers Luke. “Mon frère, fais sortir ce cochon de blanc d'ici.”

Il ferma les yeux lentement et les rouvrit à nouveau. “Et je te dirais ce que je sais.”

*

Luke attendait dans le corridor, à une cinquantaine de mètres des flics. Ed ne tarda pas à sortir de la chambre. Il marchait rapidement.

“Allez, on y va.”

Luke marchait rapidement pour rester à la hauteur d'Ed. “Et alors?”

“Je pense qu'il a fait un arrêt cardiaque,” dit Ed. “Peut-être que le ritaline était trop fort pour lui. Je ne sais pas mais j'ai sonné l'alarme avant de partir.”

“Il a dit quelque chose?”

“Oui.”

“Et qu'est-ce qu'il a dit?”

“Je ne sais pas si je peux y croire.”

Luke s'arrêta et Ed fit de même.

“Il faut continuer à marcher,” dit Ed.

Luke secoua la tête. “C'est quoi la cible?”

Au-dessus de leur tête, via l'interphone de l'hôpital, la voix calme, mécanique et presque robotique d'une femme résonna. Code bleu, code bleu. Troisième étage, chambre 318. Troisième étage, chambre 318. Code bleu… Des médecins et du personnel couraient frénétiquement dans les couloirs.

“C'est prévu pour l'heure du début du Ramadan en Iran, 20h24 là-bas, 10h54 ici.” Il regarda sa montre. “Dans un peu plus d'une heure.”

“Où?” demanda Luke.

Ed le fixa sombrement. Pour la première fois, Luke vit du désespoir sur le visage d'Ed.

“La Maison Blanche.”

Chapitre 21

10h01 du matin

Dans le ciel entre Baltimore et Washington DC

Les pilotes étaient de vrais as.

L'hélico volait rapidement à basse altitude. Le paysage défilait en-dessous d'eux, presque à portée de main. Luke y prêtait à peine attention. Il criait au téléphone. L'appel n'arrêtait pas de se couper. Le transfert d'une tour de télécommunications à une autre était incertain à une vitesse de plus de 150km à l'heure.

“Il faut évacuer la Maison Blanche,” dit-il. “Trudy! Tu m'entends?”

Sa voix était entrecoupée. “Luke, ils viennent d'émettre un mandat d'arrêt contre toi et Ed.”

“Pourquoi? À cause des médecins? On ne leur a fait aucun mal.”

La ligne grésilla à nouveau et la communication s'interrompit.

“Trudy? Trudy! Merde!”

Il regarda Ed.

“Il m'a dit qu'ils avaient utilisé la camionnette de blanchisserie Dun-Rite,” dit Ed. “Le logo était fait d'étiquettes magnétiques. Ils les ont retirées à Baltimore et ils ont changé les plaques d'immatriculation. Il y a peut-être des caméras de surveillance près de l'endroit où Thomas a été retrouvé. C'est peut-être un moyen de localiser la camionnette.”

Le téléphone de Luke sonna. Il décrocha.

“Trudy.”

“Luke, avant de dire quoi que ce soit, laisse-moi parler. Eldrick Thomas est mort d'une crise cardiaque. Toi et Ed apparaissez sur la surveillance vidéo et on vous y voit injecter un produit à Thomas.”

“Du ritaline, pour le réveiller,” dit Luke.

“Ed s'est penché très près de Thomas avant qu'il ne meure.”

“Trudy, Thomas était occupé à lui donner des renseignements. Tu comprends ça? De toutes façons, Eldrick Thomas n'est pas le problème pour l'instant. L'attaque est prévue sur la Maison Blanche. Toutes les preuves indiquent qu'il s'agit d'une attaque par drone. Ils ont utilisé la camionnette de blanchisserie Dun-Rite et ils en ont changé la signalisation. Il faut retrouver la camionnette et évacuer la Maison Blanche. Tout de suite.”

Un autre grésillement affecta la ligne.

“Ils ne vont pas… Luke? Luke?”

“Je suis là.”

“Ils surveillent le terminal de Grand Station et la gare PATH de Hoboken. Ils ont fermé le tunnel en ville. J'ai parlé avec Ron Begley et ils ne pensent pas que la cible soit la Maison Blanche. Ils pensent que tu as tué Eldrick Thomas et le mandat d'arrêt qu'ils ont émis est pour assassinat.”

“Quoi? Pourquoi est-ce que j'aurais tué Eldrick Thomas?”

La communication coupa à nouveau.

Luke regarda Ed. “On va demander aux pilotes de passer le message par radio.”

Ed secoua la tête. “C'est inutile, personne ne nous croira. Et si on demande aux pilotes de passer le message par radio, ils sauront où nous retrouver. Non, il faut qu'on y aille nous-mêmes. Et en toute discrétion.”

Luke alla vers le cockpit et y passa la tête.

Il connaissait les deux pilotes, Rachel et Jacob. C'étaient de vieux amis et ils avaient volé ensemble durant des années. Ils avaient tous les deux fait partie du 160ème régiment aérien d'opérations spéciales de l'armée américaine. Tant Luke qu'Ed étaient habitués à voler avec des pilotes comme eux. Le 160ème était l'équivalent de la Force Delta au sein des pilotes d'hélicoptères.

Rachel avait une forte personnalité. Tu ne rejoignais pas un groupe d'élite de pilotes d'opérations spéciales de l'armée en tant que femme. Tu devais te battre pour y arriver. Ce qui était parfait pour Rachel, son hobby préféré quand elle ne bossait pas étant la lutte en cage. Jacob, quant à lui, était solide comme un roc. Son calme en pleine bataille était légendaire, presqu'irréel. Son hobby préféré était la méditation dans des refuges en haute montagne. Tous les deux savaient peut-être que Luke était suspendu. Ils savaient même peut-être qu'un mandat d'arrêt à son encontre avait été émis. Mais ils savaient aussi que Luke était de la Force Delta et ils n'étaient pas du genre à poser trop de questions.

“À quelle distance de la Maison Blanche pouvez-vous nous laisser?” demanda Luke.

“Pourquoi? Tu as un rencard pour le déjeuner?” dit Rachel.

Luke haussa les épaules. “Allez, à quelle distance?”

“L'hélisurface de la rue South Capitol,” répondit Jacob. “C'est une surface d'aterrissage pour les services de police métropolitaine de DC, interdite à tout autre type d'appareil. Mais je les connais personnellement et je peux nous y poser. C'est à cinq kilomètres de la Maison Blanche.”

“J'ai besoin d'un véhicule en attente,” dit Luke. “Pas besoin de chauffeur, juste le véhicule, OK?”

“OK,” répondit Rachel. Elle lui jeta un coup d'oeil.

“Je te raconterai tout plus tard,” dit-il.

Luke retourna à la cabine. Ed se tenait près de la porte cargo ouverte.

Luke lui cria. “On va atterir à cinq kilomètres de la Maison Blanche et une voiture sera à  notre disposition.”

Ed hocha la tête. “Nickel.”

Le téléphone sonna à nouveau. Luke jeta un coup d'oeil à l'identifiant. Il n'avait plus envie de parler de mandats d'arrêt, ni de qui croyait quoi. Cette fois-ci, quand il décrocha, il lui parla à peine.

“Trudy, passe-moi Swann.”

Chapitre 22

10h23 du matin

Washington DC

“On ne va jamais y arriver.”

Luke conduisait le véhicule vers la Maison Blanche à travers le trafic chaotique d'avant midi. Le temps leur était compté.

Il avait le téléphone collé à l'oreille. Ça sonnait encore et encore. Pour la troisième ou la quatrième fois d'affilée, il tombait sur sa messagerie vocale. Elle lui avait dit qu'elle pensait aller au cinéma avec Gunner.

Sa voix était vibrante et rayonnante. Il la vit en pensée: belle, souriante, optimiste et pleine d'énergie. “Salut, c'est Becca. Je ne peux pas répondre à votre appel pour l'instant mais laissez un message après le signal sonore. Je vous rappellerai dès que possible.”

“Becca!” dit-il. Il inspira profondément. Il ne voulait pas l'inquiéter. “Je veux que tu fasses quelque chose pour moi. Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Quand tu entendras ce message, va directement à la maison de campagne. Ne rentre pas à la maison. Ne t'arrête pas pour acheter quoi que ce soit. Prends la voiture et pars. Si tu as besoin de quelque chose, tu pourras toujours l'acheter là-bas. Je t'y retrouverai dès que possible.” Il fit une pause. “Je vous aime tellement tous les deux. S'il te plaît, fais ça pour moi. N'hésite pas. Pars dès que tu entends ce message.”

Il raccrocha. À côté de lui, Ed était assis droit comme un i. Une veine palpitait sur son front. Il était en sueur.

“Il faut qu'on contourne ce trafic d'une manière ou d'une autre,” dit Luke.

Ed sortit une sirène à lumière LED de la boîte à gants. Il la fixa sur le tableau de bord, l'alluma et appuya sur l'interrupteur de la sirène. À l'extérieur de la voiture, le hurlement de la sirène faisait un vacarme du tonnerre.

WAH-WAH-WAH-WAH-WAH.

“Allez, vas-y!” dit Ed. “Fonce!”

Luke prit la bande de gauche et appuya sur le klaxon. Il poussa à fond sur l'accélérateur, fonça jusqu'au feu rouge suivant, puis vira de nouveau sur sa bande. Il était à fond maintenant et le véhicule volait à toute vitesse.

“Vas-y! Vas-y! Fonce!” criait Ed.

Droit devant eux, des voitures arrêtées au feu rouge suivant se mirent sur le côté comme un troupeau d'animaux. Luke traversa le carrefour à fond de balle, à plus de 100 km à l'heure.

Son téléphone sonna.

“Swann?”

La voix au téléphone avait un accent subtil. “Luke, c'est Don Morris.”

“Don, j'ai besoin que la ligne soit libre.”

“Fils, qu'est-ce que tu fais? Ils m'ont dit que tu avais assassiné un homme à l'hôpital de Baltimore.”

Luke secoua la tête. “Je n'ai tué personne. Ils vont attaquer la Maison Blanche. C'est la cible depuis le début.”

“Ce n'est pas vrai, Luke. Il y a une dizaine de minutes, ils ont arrêté deux jeunes arabes, l'un au terminal Grand Central, l'autre à Hoboken. Ils portaient tous les deux des bombes cocotte-minutes dans leurs sacs à dos. La NSA est occupée à les identifier à l'instant même.”

“Des cocotte-minutes, c'est pas des bombes sales!” dit Luke. Sa voix était stridente et ressemblait à la voix d'un fou. Il n'avait presque pas dormi durant les dernières vingt-quatre heures. Il le savait. Ses perceptions pouvaient être altérées. Mais à ce point-là? C'était possible? Il jeta un coup d'oeil au compteur. Ils roulaient à 130km à l'heure dans les rues d'une ville.

“Les cocotte-minutes, c'était un leurre,” dit Don. “Les bombes n'étaient même pas opérationnelles. Ces types ont envoyé ces jeunes afin de savoir quel serait le niveau de réponse. Maintenant ils savent que les cibles sont compromises.”

Luke essaya de baisser le ton de la voix afin d'avoir une conversation rationnelle avec Don. Il voulait que Don comprenne qu'il pensait avec clarté. “Don, on a parlé avec Eldrick Thomas. Il faisait partie de la bande des types qui ont volé les substances. Nous ne l'avons pas tué. Il est mort des suites des radiations et il a eu le temps de nous dire que la cible était la Maison Blanche.”

“Luke, je sais qui il est. Les renseignements que nous avons à son sujet, c'est qu'Eldrick Thomas était également un arnaqueur professionnel. Il vous a joué un tour, c'est tout. C'est ce que les arnaqueurs font. Ils se jouent des gens jusqu'au bout. Il te dit que c'est la Maison Blanche. Le niveau de sécurité est relevé et tout le monde pense qu'il coopère. S'il survit, il recevra éventuellement un meilleur arrangement. Ce type est entré et sorti de prison toute sa vie. Mais il sait que la cible est la Maison Blanche. Tu penses vraiment que les commanditaires de ce coup confieraient ce genre d'informations à un voyou de basse classe comme lui?”

Luke ne dit pas un mot.

“Il est toujours temps de faire marche arrière,” dit Don. “Reviens au QG. Je te retrouve là-bas. Si tu dis que tu n'as pas tué cet homme, je te crois. Je ferai tout mon possible pour te protéger. On fera venir un psy. Il pourra toujours te diagnostiquer un symptôme de stress post-traumatique, une crise psychotique. Avec ton historique de combat, ça tiendra la route. Il est possible que tu sois hospitalisé quelques jours mais tu t'en sortiras.”

Luke n'arrivait pas à croire ce qu'il entendait.

“J'ai besoin que cette ligne soit libre,” dit-il.

“Tu es allé très loin maintenant, Luke. Si tu continues, tu continues seul.”

Un autre appel entra.

“Don, il faut que j'y aille.”

“Luke! N'envisage même pas de raccrocher ce téléphone.”

Devant eux, se trouvaient les grilles de la Maison Blanche. Ed éteignit la sirène et la lumière LED. Luke ralentit. Il tendit le téléphone devant lui pour voir l'écran. C'était Swann qui essayait de le joindre.

Luke bascula sur l'autre appel. “Swann. Est-ce que tu as reçu l'autorisation des Services Secrets?”

Swann était hésitant. “Je pense.”

“Comment ça, tu penses?”

“Il y a un mandat d'arrêt contre vous, Luke. Laisse-moi le bénéfice du doute. Ouais, on dirait bien que vous avez l'autorisation Yankee White, catégorie une. Vous êtes autorisés à travailler directement avec le Président et la Vice-Présidente. Mais c'est un faux. En l'espace de quelques secondes, le service secret pourrait très bien faire correspondre la base de données criminelle et vous jeter de là. Quelqu'un pourrait très bien vérifier et se rendre compte que l'autorisation a été approuvée il y a seulement cinq minutes. Je ne peux rien te garantir. C'est quitte ou double. Quand seras-tu sur place?”

“On y est, là. On est à l'entrée.”

“Bon ben, j'imagine qu'on est sur le point de savoir si je suis si bon que ça.”

Luke raccrocha. Il bascula à nouveau sur l'appel de Don.

“Don?”

Il n'y avait plus personne en ligne.

Le corps de garde se trouvait juste devant. Il était protégé par des barrières en béton. Il y avait une pancarte STOP et une autre NE PAS ENTRER. Quatre hommes en costume traînaient devant l'entrée. Il y avait une autre pancarte avec ATTENTION ZONE RESTREINTE VÉRIFICATION D'IDENTITÉ.

Luke se tourna vers Ed. Son visage était lisse et brillant de transpiration.

“Prêt?” dit Luke.

“Prêt pour tout.”

Luke sentit un filet de transpiration couler à l'intérieur de sa chemise. Ils étaient sur le point de bluffer leur entrée à la Maison Blanche. Ils iraient aussi loin que possible avec leurs fausses autorisations, puis ils fonceraient dans le tas le reste du chemin. Ils étaient sur le point d'essayer d'outrepasser le dispositif entier des services secrets et d'évacuer le Président de leur propre chef. Eux, deux hommes d'une agence différente et qui avaient été suspendus de leurs fonctions quelques heures plus tôt. Et tout ça sur base des dires d'un criminel de carrière décédé qui pouvait très bien avoir menti.

Pendant un bref moment, Luke pouvait presque comprendre le point de vue de Don. Vu de l'extérieur, ça semblait une idée complètement folle.

Un gardien apparut à la gauche de Luke. Il avait conduit jusqu'au corps de garde en mode pilotage automatique. Engourdi, il tendit à l'homme son identification et celle d'Ed. L'homme s'éloigna puis revint une minute plus tard.

“Je suis désolé,” dit-il. “Vos identifications ont été rejetées. Vous n'avez pas les autorisations requises.”

“C'est peut-être un signe,” dit Ed.

“Vous voulez bien vérifier à nouveau s'il-vous-plaît,” dit Luke.

Devant eux, les grilles s'ouvrirent. Le garde de sécurité réapparut.

“Désolé,” dit-il. “Il devait y avoir un bug dans le système.”

Luke avança lentement à travers les grilles de la Maison Blanche.

*

Swann était bon, très, très bon.

Ils entrèrent par l'aile ouest, passèrent un contrôle d'identité, puis traversèrent rapidement un couloir bordé de colonnes de style grec. Leurs pas résonnaient sur le sol en marbre. Ils prirent à droite et se retrouvèrent face à l'entrée du Bureau Ovale.

Deux agents des services secrets se tenaient devant la porte.

“OK les gars,” dit l'un d'entre eux. “Pas plus loin.”

Luke leva son insigne. “FBI. Nous avons une autorisation de sécurité Yankee White. Nous devons parler au Président Hayes.”

“Le Président est en réunion.”

“Je pense qu'il aura envie d'entendre ce que nous avons à lui dire.”

Le type secoua la tête. “Nous n'avons pas été informés. Vous devrez attendre un instant, le temps qu'on vérifie.”

Ed n'hésita pas un instant. Il assena un coup à la gorge du premier homme, se retourna et donna un coup de coude dans la mâchoire du deuxième. Le premier homme tomba à terre, se tenant la gorge. Ed s'agenouilla, frappa sa tête contre le sol en pierre et se releva. Le deuxième homme cherchait son flingue lorsqu'Ed lui envoya un coup de poing au visage. L'homme était inconscient avant de toucher le sol.

Luke et Ed firent irruption dans le Bureau Ovale.

De l'autre côté de la pièce, se tenaient le Président et la Vice-Présidente. Ils examinaient ce qui ressemblait à une carte géante étendue sur le bureau du Président. Ils se tenaient devant trois grandes baies vitrées qui donnaient sur le jardin aux roses. Un homme prenait des photos. Un autre jeune homme aux cheveux fins se tenait à proximité. Il y avait six personnes dans la pièce.

Lorsque Luke et Ed firent irruption, le Président se redressa. Il était très grand.

Quatre agents des services secrets sortirent leurs armes.

“Stop! Au sol!”

Au milieu de la pièce, un tapis de couleur crème était décoré du sceau arrondi du Président. Luke s'y avança en levant les mains.

“FBI,” dit-il. “J'ai un message important pour le Président.”

Il se retrouva plaqué au sol par derrière. En une seconde, sa joue se retrouva contre le tapis. Ses bras étaient douloureusement tordus derrière lui. Un homme avait le pied sur son visage. À quelques mètres de là, Ed se retrouvait dans la même position.

“FBI!” cria Luke. “Agents fédéraux!”

Ils avaient pris son insigne et son identification. Ils s'emparèrent du flingue dans son étui et du révolver supplémentaire ainsi que du couteau attachés à ses mollets.

“Qu'est-ce qu'il se passe?” demanda le président.

Trois hommes maintenaient Luke au sol. Un bras pesait sur sa nuque. Bouger faisait mal et il était difficile de parler. “Monsieur. Je suis l'agent Stone de l'Équipe Spéciale d'Intervention du FBI. Et voici l'agent Newsam. Vous êtes en danger. Nous avons des renseignements fiables suggérant un complot d'attaque à la bombe sale sur la Maison Blanche. Cette attaque est prévue pour coincider avec le début du Ramadan à Téhéran, dans moins de quinze minutes.”

Le Président Hayes s'approcha. Il se tenait au-dessus de Luke.

“Ce n'est pas vrai,” dit une voix féminine.

Luke parvint à tourner suffisamment la tête pour voir Susan Hopkins, la Vice-Présidente. Elle était vraiment très belle. Elle ressemblait à une présentatrice de télé. Elle portait un tailleur pantalon gris à fines rayures et ses cheveux blonds étaient coupés au carré. “Nous venons juste de recevoir un rapport informant que la menace avait été confinée à New York City et qu'elle avait été neutralisée.”

“Nous n'avons pas assez de temps devant nous pour tout vous raconter,” dit Luke. “Il faut évacuer tout l'édifice et il ne nous reste pas beaucoup de temps. Si nous avons tort, c'est très gênant. Une alerte à la bombe et la Maison Blanche évacuée sans raison. Mais si vous avez tort… Je ne veux même pas penser à cette éventualité.”

Tous les regards se tournèrent vers le Président. C'était un homme habitué à prendre des décisions difficiles. Il fit une pause pendant quelques secondes.

“Sortez tout le monde d'ici,” dit-il. “Lancez les protocoles d'évacuation pour tout le personnel. Dans dix minutes, je veux tout le monde hors du bâtiment.”

Yaş sınırı:
16+
Litres'teki yayın tarihi:
10 eylül 2019
Hacim:
340 s. 1 illüstrasyon
ISBN:
9781632916327
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