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Kitabı oku: «Fables», sayfa 3

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Le Rat de ville et le Rat des champs

 
Autrefois le rat des villes
Invita le rat des champs
D’une façon fort civile,
A des reliefs d’ortolans
 
 
Sur un tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.
 
 
Le régal fut fort honnête:
Rien ne manquait au festin;
Mais quelqu’un troubla la fête
Pendant qu’ils étaient en train.
 
 
A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit:
Le rat de ville détale,
Son camarade le suit.
 
 
Le bruit cesse, on se retire:
Rats en campagne aussitôt;
Et le citadin de dire:
«Achevons tout notre rôt.
 
 
– C’est assez, dit le rustique;
Demain vous viendrez chez moi.
Ce n’est pas que je me pique
De tous vos festins de roi;
 
 
Mais rien ne vient m’interrompre:
Je mange tout à loisir.
Adieu donc. Fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre!»
 

Le loup et l’agneau

 
La raison du plus fort est toujours la meilleure:
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
 
 
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure.
Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
«Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?
Dit cet animal plein de rage:
Tu seras châtié de ta témérité.
– Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère;
Mais plutôt qu’elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’Elle;
Et que par conséquent, en aucune façon
Je ne puis troubler sa boisson.
– Tu la troubles, reprit cette bête cruelle;
Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
– Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né?
Reprit l’agneau; je tette encor ma mère
– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
– Je n’en ai point. – C’est donc l’un des tiens;
Car vous ne m’épargnez guère,
Vous, vos bergers et vos chiens.
On me l’a dit: il faut que je me venge.»
Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l’emporte et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
 

L’homme et son image

Pour M. le Duc de La Rochefoucauld



 
Un homme qui s’aimait sans avoir de rivaux
Passait dans son esprit pour le plus beau du monde:
Il accusait toujours les miroirs d’être faux,
Vivant plus que content dans une erreur profonde.
Afin de le guérir, le sort officieux
Présentait partout à ses yeux
Les conseillers muets dont se servent nos dames:
Miroirs dans les logis, miroirs chez les marchands,
Miroirs aux poches des galands,
Miroirs aux ceintures des femmes.
Que fait notre Narcisse? Il se va confiner
Aux lieux les plus cachés qu’il peut s’imaginer,
N’osant plus des miroirs éprouver l’aventure.
Mais un canal, formé par une source pure,
Se trouve en ces lieux écartés:
Il s’y voit, il se fâche, et ses yeux irrités
Pensent apercevoir une chimère vaine.
Il fait tout ce qu’il peut pour éviter cette eau;
Mais quoi? Le canal est si beau
Qu’il ne le quitte qu’avec peine.
 
 
On voit bien où je veux venir.
Je parle à tous; et cette erreur extrême
Est un mal que chacun se plaît d’entretenir.
Notre âme, c’est cet homme amoureux de lui-même;
Tant de miroirs, ce sont les sottises d’autrui,
Miroirs, de nos défauts les peintres légitimes;
Et quant au canal, c’est celui
Que chacun sait, le livre des Maximes.
 

Le dragon à plusieurs têtes et le dragon à plusieurs queues

 
Un envoyé du Grand Seigneur
Préférait, dit l’histoire, un jour chez l’empereur
Les forces de son maître à celles de l’Empire.
Un allemand se mit à dire:
«Notre prince a des dépendants
Qui, de leur chef, sont si puissants
Que chacun d’eux pourrait soudoyer une armée.»
Le chiaoux, homme de sens,
Lui dit: «Je sais par renommée
Ce que chaque Électeur peut de monde fournir;
Et cela me fait souvenir
D’une aventure étrange, et qui pourtant est vraie.
J’étais en un lieu sûr, lorsque je vis passer
Les cent têtes d’une hydre au travers d’une haie.
Mon sang commence à se glacer;
Et je crois qu’à moins on s’effraie.
Je n’en eus toutefois que la peur sans le mal:
Jamais le corps de l’animal
Ne put venir vers moi, ni trouver d’ouverture.
Je rêvais à cette aventure,
Quand un autre dragon, qui n’avait qu’un seul chef
Et bien plus qu’une queue, à passer se présente.
Me voilà saisi derechef
D’étonnement et d’épouvante.
Ce chef passe, et le corps, et chaque queue aussi:
Rien ne les empêcha; l’un fit chemin à l’autre.
Je soutiens qu’il en est ainsi
De votre empereur et du nôtre.»
 

Les voleurs et l’Âne

 
Pour un âne enlevé deux voleurs se battaient:
L’un voulait le garder, l’autre le voulait vendre.
Tandis que coups de poing trottaient,
Et que nos champions songeaient à se défendre,
Arrive un troisième larron
Qui saisit maître Aliboron.
 
 
L’âne, c’est quelquefois une pauvre province:
Les voleurs sont tel ou tel prince,
Comme le Transylvain, le Turc et le Hongrois.
Au lieu de deux, j’en ai rencontré trois:
Il est assez de cette marchandise.
De nul d’eux n’est souvent la province conquise:
Un quart voleur survient, qui les accorde net
En se saisissant du baudet.
 

Simonide préservé par les Dieux

 
On ne peut trop louer trois sortes de personnes:
Les dieux, sa maîtresse et son roi.
Malherbe le disait, j’y souscris, quant à moi:
Ce sont maximes toujours bonnes.
La louange chatouille et gagne les esprits.
Voyons comme les dieux l’ont quelquefois payée.
 
 
Simonide avait entrepris
L’éloge d’un athlète; et la chose essayée,
Il trouva son sujet plein de récits tout nus.
Les parents de l’athlète étaient gens inconnus;
Son père, un bon bourgeois; lui, sans autre mérite;
Matière infertile et petite.
Le poète d’abord, parla de son héros.
Après en avoir dit ce qu’il en pouvait dire,
Il se jette à côté, se met sur le propos
De Castor et Pollux; ne manque pas d’écrire
Que leur exemple était aux lutteurs glorieux;
Élève leurs combats, spécifiant les lieux
Où ces frères s’étaient signalés davantage;
Enfin l’éloge de ces dieux
Faisait les deux tiers de l’ouvrage.
L’athlète avait promis d’en payer un talent;
Mais quand il le vit, le galand
N’en donna que le tiers; et dit fort franchement
Que Castor et Pollux acquittassent le reste.
«Faites vous contenter par ce couple céleste.
Je veux vous traiter cependant:
Venez souper chez moi; nous ferons bonne vie:
Les conviés sont gens choisis,
Mes parents, mes meilleurs amis,
Soyez donc de la compagnie.»
Simonide promit. Peut-être qu’il eut peur
De perdre, outre son dû, le gré de sa louange.
Il vient: l’on festine, l’on mange.
Chacun étant en belle humeur,
Un domestique accourt, l’avertit qu’à la porte
Deux hommes demandaient à le voir promptement.
Il sort de table; et la cohorte
N’en perd pas un seul coup de dent.
Ces deux hommes étaient les gémeaux de l’éloge.
Tous deux lui rendent grâce, et, pour prix de ses vers,
Ils l’avertissent qu’il déloge,
Et que cette maison va tomber à l’envers.
La prédiction en fut vraie.
Un pilier manque; et le plafond
Ne trouvant plus rien qui l’étaie,
Tombe sur le festin, brise plats et flacons,
N’en fait pas moins aux échansons.
Ce ne fut pas le pis, car pour rendre complète
La vengeance due au poète,
Une poutre cassa les jambes à l’athlète,
Et renvoya les convies
Pour la plupart estropiés.
La renommée eut soin de publier l’affaire:
Chacun cria miracle.
On doubla le salaire
Que méritaient les vers d’un homme aimé des dieux.
Il n’était fils de bonne mère
Qui, les payant à qui mieux mieux,
Pour ses ancêtres n’en fit faire.
Je reviens à mon texte, et dis premièrement
Qu’on ne saurait manquer de louer largement
Les dieux et leurs pareils, de plus que Melpomène
Souvent, sans déroger, trafique de sa peine;
Enfin, qu’on doit tenir notre art en quelque prix.
Les grands se font honneur dès lors qu’ils nous font grâce:
Jadis l’Olympe et le Parnasse
Étaient frères et bons amis.
 

La mort et le malheureux

 
Un malheureux appelait tous les jours
La mort à son secours
«O Mort, lui disait-il, que tu me sembles belle!
Viens vite, viens finir ma fortune cruelle!»
La mort crut, en venant, l’obliger en effet.
Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre.
«Que vois-je? cria-t-il: ôtez-moi cet objet;
Qu’il est hideux! que sa rencontre
Me cause d’horreur et d’effroi
N’approche pas, ô Mort! ô Mort, retire-toi!»
 
 
Mécénas fut un galant homme;
Il a dit quelque part: «Qu’on me rende impotent.
Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu’en somme
Je vive, c’est assez, je suis plus que content.»
Ne viens jamais, ô Mort; on t’en dit tout autant.
 

La mort et le bûcheron

 
Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n’en pouvant plus d’effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu’il est au monde?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde?
Point de pain quelquefois et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier et la corvée
Lui font d’un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu’il faut faire.
«C’est, dit-il, afin de m’aider
A recharger ce bois, tu ne tarderas guère.»
 
 
Le trépas vient tout guérir;
Mais ne bougeons d’où nous sommes:
Plutôt souffrir que mourir,
C’est la devise des hommes.
 
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
30 ağustos 2016
Hacim:
75 s. 43 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain