Kitabı oku: «Le Trône des Dragons», sayfa 2

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CHAPITRE TROIS

Rodry était furieux, il bouillait de colère, tel le magma des volcans des territoires du Nord, le pire était à venir. Des domestiques passèrent précipitamment à ses côtés, Rodry s'écarta prudemment sur leur passage ; il n'était pas comme son frère Vars, pas du genre à faire payer à autrui sa mauvaise humeur.

Sa mauvaise humeur ? Le terme était mal choisi pour illustrer l'humiliation subie par son père, il aurait dû mettre son plan à exécution bien avant.

Rodry attendit le groupe de ses amis qui approchaient. Aucun d'eux ne pouvait se targuer d'être un chevalier digne de ce nom mais il pouvait compter sur leur soutien.

“Ton père a l'air furieux,” annonça Kay, l'un de ses amis, des plus nerveux.

“Tu es en colère parce que c'est toi qui as escorté l'ambassadeur juste à la frontière,” répondit Mautlice, fils d'un comte, toujours prêt à chasser, et doué de surcroît.

“Il ne vous fera aucun mal,” déclara Rodry. “Je lui ai dit que j'avais agi seul.”

“Inutile,” renchérit Seris, replet, tout de velours vêtu, toujours partant, Rodry pouvait compter sur lui pour le soutenir.

“Merci,” répondit Rodry. “Mes deux frères tournent toujours autour du pot lorsqu'ils ont quelque chose à dire. J'apprécie la franchise et l'honnêteté.”

“Tu me paraît tout de même bien remonté,” affirma Kay.

Doux euphémisme pour illustrer ce que Rodry ressentait à l'instant présent. "Humilié" serait plus à propos. Frustré de se sentir inutile. Frustré contre son père pour avoir renvoyé Nerra, qui semblait fâché contre lui, bien qu'il n'ait fait que ce que l'honneur lui dictait avec cet ambassadeur, bien résolu à faire des ronds de jambes avec Finnal et sa famille en dépit des rumeurs qui couraient sur son compte.

Rodry se demandait parfois s'il comprendrait un jour quelque chose à la politique. Et pourquoi d'ailleurs ? Un homme devait bien se comporter, en homme d'honneur, il estimait que ses semblables devaient faire de même. Il se montrerait assez fort pour protéger ses amis et combattre le mal. Tout le reste n'était que … des enfantillages.

Il prit la direction de ses appartements, parcourut le dédale de couloirs qui s'entrelaçaient dans le château, les autres lui emboîtèrent le pas. Ils traversèrent une galerie ornée de vitraux qui laissaient passer une lumière chamarrée, jusqu'à une vaste salle de réception pourvue de meubles en chêne massif. Rodry poussa une table en travers de son passage et poursuivit son chemin.

Le château était en effervescence mais Rodry était trop fâché pour le remarquer. C'était probablement lié au mariage. Le château peinait à suivre le rythme depuis que son père avait avancé le départ de la procession.

Rodry arriva dans ses appartements, plus spartiates et fonctionnels que ceux de ses frères, des malles et des coffres s'alignaient le long d'un mur. Ses armures d'une propreté irréprochable, minutieusement entretenues, comme le lui avaient appris les Chevaliers d'Argent, reposaient sur des socles.

Il songea à la confrérie et Erin, le Commandant Harr avait envoyé un message à la cour les avisant de sa présence parmi eux. Rodry aurait dû se douter que sa petite sœur aurait filé droit chez les Chevaliers mais il n'y avait pas cru, les filles ne faisaient généralement pas ce genre de chose.

Il devrait peut-être la rejoindre et la ramener. Il avait le droit de pénétrer dans la forteresse, étant lui-même un Chevalier d'Argent. En tant que demi-frère d'Erin, il pourrait lui parler, voire, la ramener. En même temps, Rodry était content qu'au moins un des membres de la famille mène sa vie librement.

“Allons nous entraîner à la Maison des Armes,” déclara-t-il.

“Encore ?” rétorqua Kay. “Je préfèrerais chasser.”

“Vous affirmez tous vouloir devenir chevalier,” poursuivit Rodry. “Vous devez savoir vous battre. Prenez des leçons avec le Maître d'armes Wendros, et après on verra.”

Ce qui impliquerait de nombreuses leçons, ils devaient garder espoir.

“Viens. Tu pourras ainsi faire bonne impression sur la servante de ma sœur qui te plait tant.”

“Tu crois ?” demanda Kay.

“Il a besoin de faire quelque chose pour l'impressionner,” lança Seris, tous éclatèrent de rire.

La conversation du groupe dériva sur des plaisanteries grivoises et la saine camaraderie, les vrais chevaliers ne passaient pas leur temps à ça, songea Rodry, mais il se tut et ravala sa colère.

Un domestique arriva en courant.

“Votre Altesse. Le Roi m'envoie. C'est au sujet de la Princesse Lenore.”

Rodry fit instantanément volte-face. “Quoi ? Que se passe-t-il ?”

Le ton du domestique n'augurait rien de bon, il s'agissait forcément d'une mauvaise nouvelle.

“Elle a été attaquée. Les hommes du Roi Ravin l'emmènent vers le sud et vont franchir un pont. Le Roi rassemble ses chevaliers. Il a fait parvenir un message aux Chevaliers d'Argent.”

“Il rassemble ses chevaliers ?” demanda Rodry en bondissant vers son armure, sur son socle. “Combien de temps cela prendra-t-il ?”

Trop longtemps, la réponse était évidente. Son père était le roi, il agirait lentement, recueillerait d'abord l'assentiment de tous avant de rameuter les troupes. Des préparatifs, de l'action, jamais. Comme avec l'ambassadeur.

“Mon père perd toujours du temps,” répondit Rodry. “Il va les laisser s'enfuir vers le sud et se plaindre que ma sœur est perdue corps et biens.” Il s'adressa au domestique. “Comment se fait-il que Lenore ait été attaquée ? Où étaient Vars et ses hommes ?”

“Je … nul ne le sait, Votre Altesse,” répondit le domestique.

En d'autres termes, Vars n'était pas là où il aurait dû être. Un sentiment de colère et de culpabilité s'empara de Rodry. Il aurait dû s'en mêler lorsque son père avait demandé à Vars d'accompagner Lenore, il aurait dû insister pour l'escorter personnellement. Il aurait veiller sur elle.

Il comptait bien y remédier. Rodry regarda ses amis tour à tour. Ils ne faisaient pas partie de la confrérie des Chevaliers d'Argent mais avaient participé à suffisamment de chasses et étaient entraînés au maniement des armes. Ils étaient bel et bien présents.

“Seris, va chercher les autres le plus possible, fais vite. Raconte-leur ce qui s'est passé, dis-leur que j'ai besoin d'eux. Mautlice, fais préparer les chevaux. Soudoie les palefreniers si nécessaire. Kay, tu m'accompagnes chercher les armes.”

“Nous nous joignons aux forces de ton père ?” demanda Kay.

Rodry ne put contenir sa colère plus longtemps, il donna un violent coup de poing dans le mur qui les fit tous tressaillir.

“Mon père n'est pas suffisamment rapide !” hurla-t-il. “Un petit groupe ira plus vite. Non, j'en fais une affaire personnelle. Je vais aller chercher ma sœur, je la ramènerai saine et sauve. Kay, si cette fille que tu aimes tant est l'une de ses servantes, elle est certainement en danger. Tu veux bien me prêter main forte ?”

“Je …” Kay opina du chef.

“Vous tous,” cingla Rodry. “Vous prétendez vouloir devenir chevaliers. Vous dites vouloir faire vos preuves. Le moment est venu. Nous nous comportons en vrais chevaliers. Nous protégeons ceux qui en ont besoin.” Il les dévisageait d'un air implorant. “Je vous en supplie. Je ne vous le demande pas en tant que prince, mais en tant qu'ami. Aidez-moi à sauver ma sœur.”

Ils n'y étaient pas obligés. Ils devaient théoriquement grossir les rangs des combattants de son père, suivre le mouvement, comme tout le monde. Rodry fut soulagé de les voir acquiescer, tour à tour.

“Je trouverai d'autres hommes,” promit Seris. “J'en ai croisé quelques-uns dans la grande galerie tout à l'heure. Probablement des gardes ou des chevaliers …”

“Halfin et Twell sont les bienvenus,” affirma Rodry. “Mais les chevaliers ont prêté allégeance à mon père.” Il marqua une pause. “Je ne vous garantis pas qu'il ne vous arrivera rien. Mon père sera hors de lui, même si nous parvenons à nos fins. Mais je dois agir. Je ne peux pas rester les bras ballants.”

Tous acquiescèrent.

“Je vais t'aider à revêtir ton armure,” proposa Kay.

Rodry enfila sa cotte de mailles mais il avait besoin de son ami pour resserrer les sangles de sa cuirasse et des épaulettes. Vint ensuite le tour du gorgerin et des gantelets. En temps normal, Rodry ne montait pas à cheval en armure mais il n'aurait pas besoin d'approcher les ravisseurs de sa sœur, il se bornerait à les arrêter et assurer sa protection.

“Dépêchons-nous. Il n'y a pas de temps à perdre.”

Les autres s'attelèrent aux tâches qu'il leur avait confiées, Rodry prépara ses armes : épée lance, dague et massue. Il traversa le château en trombe, les domestiques s'écartèrent sur son passage. Ils devaient avoir senti cette rage qui bouillait en lui, qui le poussait à aller de l'avant.

Mautlice avait réussi à se procurer des montures aux écuries. La plupart de ses amis étaient déjà sur site, ainsi qu'une demi-douzaine de gardes, la compagnie comptait une vingtaine d'hommes. Certains portaient une armure comme Rodry, d'autres de simples vêtements en cuir ou des cottes de mailles, ils avaient revêtu ce qui leur tombait sous la main. Serait-ce suffisant ?

Il faudrait bien, le temps pressait, ils s'élanceraient bientôt sur les traces de Lenore.

Rodry chevaucherait en tête. Il mit un pied à l'étrier et se hissa en selle. Les grilles du château grandes ouvertes donnaient sur la cité de Royalsport.

Rodry se tourna pour regarder ses hommes. L'espace d'un instant, en plein soleil, on aurait cru voir de vrais chevaliers. Il ignorait s'ils feraient le poids face aux soldats du Roi Ravin mais il espérait qu'ils se montreraient suffisamment rapides et capables pour sauver sa sœur. Il tira l'épée de son fourreau et fendit l'air.

“En avant !”

Les sabots des chevaux martelaient le sol au galop, Rodry espérait qu'il n'était pas trop tard.

CHAPITRE QUATRE

Devin revint sur Royalsport, abasourdi, n'en croyant toujours pas ses yeux. Qu'avait-il trouvé ? S'agissait-il d'un dragon, personne n'en avait vu depuis des lustres ?

C'était bien plus que ça ; il ne savait même pas de quoi il s'agissait à vrai dire. Ses rêves lui avaient permis de comprendre qu'il n'était pas celui qu'il croyait être, qu'il était étranger au Royaume du Nord. Devin ne savait que penser, il ignorait quelle était sa mission. Etait-ce lié à ce qu'il avait fait contre les loups ? Il avait fait de la magie, mais qu'est-ce que cela signifiait ?

Parvenu aux abords de la cité, il se dirigea instinctivement vers les nombreux ponts qu'il lui faudrait franchir pour rentrer chez lui. Il avait parcouru une douzaine de pas parmi la foule avant de réaliser qu'il n'avait plus de foyer. Il ne pouvait retourner à la Maison des Armes, il n'y travaillait plus, que faire ?

Il contempla la ville sous le soleil en ce milieu de matinée, comme si les brumes de la veille n'étaient que le fruit de son imagination. Les maisons au toit de chaume s'éparpillaient parmi les cours d'eau étendant leurs méandres au sein de la cité, telle une toile d'araignée s'étendrait sur un miroir. Devin distinguait nettement les quartiers nobles, pauvres, miséreux, jusqu'à l'endroit où se trouvait sa maison … son ancienne maison, se corrigea-t-il.

Les gens se bousculaient dans les rues pavées, vers les commerces où ils travaillaient, vers les grandes bâtisses des Maisons surplombant la cité. Les forges de la Maison des Armes crachaient déjà leur fumée vers l'azur, tandis que la Maison des Lettrés demeurait à l'écart de la cacophonie ambiante. La Maison des Marchands se nichait au cœur des marchés, tandis que la Maison des Soupirs était silencieuse en journée, après le départ du dernier client de la veille. La cité exsudait un mélange d'odeurs de fumée et de sueur, une foule d'individus impossible à ignorer.

Le regard de Devin porta plus loin, vers la masse imposante du château aux murailles grises. Rodry pourrait s'y rendre, le prince l'aiderait. Maître Grey serait peut-être présent, Devin obtiendrait peut-être cette fois-ci les réponses à ses questions. Il aurait peut-être la chance d'apercevoir la princesse Lenore si elle n'était pas déjà partie en procession, Devin avait le cœur gros, il ne devait pas se laisser bercer d'illusions.

Il se mit en route vers le château, sa silhouette élancée se faufilait parmi la foule encombrant les ruelles. Plus grand que la plupart de ses condisciples, il se fraya facilement un passage, évitant les étals en pleine rue, où se massait le peuple, observant le réseau des ruisseaux parcourant la cité.

Devin ôta une mèche brune devant ses yeux, se demandant si les cours d'eau seraient assez bas pour les franchir à cette heure sans se salir. Les riches vêtements prêtés par Sire Halfin étaient certes maculés de boue suite à son incursion en forêt, mieux valait ne pas courir le risque de les souiller un peu plus. Pas s'il comptait entrer au château, du moins.

Devin décida de franchir les ponts en pierre et bois les uns après les autres et parvenir ainsi jusqu'au château. Il aperçut une petite troupe de cavaliers visiblement pressés traverser la cité sur un pont voisin. Devin crut apercevoir Rodry à leur tête, mais ils étaient trop loin pour qu'il puisse les héler.

Il poursuivit son chemin vers le château, traversant les quartiers plus huppés. Il était habitué à ce que les gardes lui lancent des regards au passage, mais ils semblaient distraits. Devin pressa le pas, il se passait quelque chose, les réponses à ses questions se trouvaient au château.

Il s'arrêta net face à la silhouette qui se tenait devant les grilles du château. Maître Grey, en robe blanc et or, manipulait des runes et autres signes cabalistiques libérant de la lumière, il se tourna et fixa Devin droit dans les yeux. Il ôta sa capuche, révélant son crâne rasé et son regard perçant.

"Que se passe-t-il ?" demanda Devin. "Où courent-ils donc tous ?"

"Ce n'est pas l'objet de ta venue," déclara Maître Grey, d'un ton qui donnait à penser qu'il savait parfaitement ce que Devin avait vu.

"Non," avoua Devin. "Je … je vous suivais, j'ai vu … un dragon …"

"Tu es venu chercher des réponses," répondit Maître Grey. "Tu veux en savoir plus sur la magie."

Devin acquiesça.

“Vraiment ?” demanda le sorcier. “Tu veux vraiment apprendre à maîtriser ce qui risque de te détruire à tout jamais ?”

Devin réfléchit. Voilà encore un jour ou deux, il n'y aurait même pas songé. Mais aujourd'hui … il n'avait plus rien à perdre. Plus de maison, plus de famille …

“Je veux apprendre.”

“Suis-moi,” Maître Grey se retourna et s'éloigna, sachant que Devin le suivrait forcément. Pour une fois, le sorcier ne disparut pas hors de sa vue, Devin était si reconnaissant de pouvoir le suivre qu'il s'empressa de lui emboîter le pas alors qu'il pénétrait au château. La foule de serviteurs s'écarta devant le mage.

"Je … j'ai fait des rêves étranges", dit Devin en marchant. "J'ai rêvé que je n'étais pas celui que je croyais être."

Maître Grey ne répondit pas et continua d'avancer jusqu'à une volée de marches qui s'enfonçait dans les entrailles du château. Des torches vacillantes projetaient des ombres sur des pierres érodées plus anciennes encore que le château, un restant de mortier s'effritait, victime de l'usure des temps.

"Ça descend," déclara Devin. "Où allons-nous ?"

Encore une fois, il n'obtint pas de réponse du mage. Devin sentait la frustration le gagner. Il se planta devant Maître Grey, bien résolu à le faire réagir. Le sorcier s'arrêta et le regarda fixement jusqu'à ce que Devin s'écarte.

"Je ne veux que des réponses !" renchérit Devin.

"Les réponses sont souvent précieuses," déclara Maître Grey. "Mais rares."

"J'aimerais simplement comprendre ce que j'ai vu", poursuivit Devin. "Je sais que je suis né lors de la lune du dragon. Que mes parents ne sont pas mes vrais parents."

"Des choses dangereuses," déclara Maître Grey. "Peut-être encore plus dangereuses à savoir."

"Vous ne m'expliquerez donc rien," hasarda Devin. "Pourquoi être venu à ma rencontre, si ce n'est pour me fournir des explications ?"

"Parce que tu as une mission à accomplir. Une mission qui pourrait s'avérer importante dans les jours à venir."

"Quelle mission ?"

Ils atteignirent une porte en chêne foncé bardée de fer que Maître Grey ouvrit, révélant un pièce voûtée, une fenêtre laissait pénétrer un puits de lumière formant un halo de clarté sur les dalles blanc et noir. La pièce comprenait une forge, un creuset, une enclume ainsi que tous les outils nécessaires au travail du métal, disposés sur des étagères en fer noirci.

Un lieu étrange, des symboles gravés à leur surface rappelaient ceux figurant sur les robes de Maître Grey.

“Ces outils sont magiques ?”

A son grand étonnement, Maître Grey secoua la tête. “Il ne s'agit pas de les rendre magiques, mais de parvenir à insuffler la magie lorsque tu t'en sers.”

“Comment dois-je m'y prendre ?”

Le sourire énigmatique de Maître Grey s'avérait indéchiffrable. “Tu connais déjà l'effet produit lorsqu'on invoque la magie. Tu dois simplement la guider dans le métal travaillé.”

“Mais comment faire ?” répéta Devin.

“Tu apprendras,” lui assura Maître Grey. Il lui montra la forge. “Il le faudra bien, la chaleur ou le marteau ne suffiront pas à dompter le métal d'astéroïde.”

Devin regarda le métal de météorite, posé près de la fonderie. Il avança, le toucha, quelque chose de non identifiable, d'incompréhensible s'en dégageait, courait sous ses doigts.

“Il te parle,” déclara Maître Grey. Il alla se placer près du mur. “Tu dois désormais doser ta réponse. La magie est dangereuse. Mes sorts parviendront à la museler mais si tu t'y prends mal … le métal te dévorera.”

“Il me dévorera ?” répéta Devin. Le fer et l'acier n'étaient plus qu'un lointain souvenir.

“Le métal est imprégné de magie. Tu dois le façonner mais si tu en ajoutes en excès, tu peux y laisser la vie,” expliqua Maître Grey. “Trouve la magie qui te correspond, mon garçon. Canalise-la, sers-t'en pour façonner ce métal. Commence par le fondre.”

Devin voulut rétorquer mais telle était sa mission. Il devait la mener à bien s'il voulait gagner sa place au sein du château. Il devrait remettre cette épée au roi … ou à Rodry. Mais tout d'abord, il devait la fabriquer.

Il prépara le feu pour la fonte, le bois d'abord, puis le charbon, actionna les soufflets afin d'attiser les braises. Il observait les flammes, le feu serait à bonne température lorsque qu'elles atteindraient la couleur voulue.

“Il ne suffit pas de chauffer mon garçon,” lui rappela Maître Grey.

Devin fit abstraction du reste, essaya de retrouver ce pouvoir dont il avait fait usage dans la vallée, un pouvoir qui faisait écho au métal. Devin toucha le minerai, se concentra sur la sensation. Il le sentait, oui, il le sentait. Il fit en sorte que cette sensation se propage dans la fonderie, dans les flammes …

Il s'écarta de justesse tandis que les flammes jaillissaient, le léchant presque et apportant avec elles des réminiscences de sa vision du dragon. Tandis qu'il jetait les pierres par terre, Devin vit que les sortilèges de Maître Grey prenaient vie, absorbant le pouvoir ainsi libéré.

“Je …” Devin chancelait. “Je n'y arrive pas.”

“Tu y arriveras, tu en es capable. Patience.”

Devin manifestait son impatience, des cris retentissaient dans le château, comme lors d'une attaque.

"Que se passe-t-il ?"

"Cela ne te concerne pas."

"Je veux savoir." Il recula. "Que me cachez-vous ?"

"Je sais des choses que tu ignores."

Devin se dirigea vers la porte. "Je le découvrirai par moi-même."

“La Princesse Lenore a été enlevée par les hommes du Roi Ravin,” l'informa Maître Grey avec une certaine compassion, l'air détaché, comme si cette affaire ne l'affectait pas. “Le Prince Rodry est parti à son secours, son père rassemble ses hommes pour franchir les ponts menant vers le sud.”

Devin crut que son cœur s'arrêtait. Lenore était en danger ? Il voulait se lancer à sa rescousse, la sauver. Il ignorait d'où venait ce sentiment, mais il était bel et bien présent, il ne pouvait rester sans rien faire, la sachant en danger.

"Je dois rejoindre les forces armées du roi," dit-il en se dirigeant vers la porte.

Maître Grey se posta devant lui. "Pourquoi ?"

"Je pourrais … je pourrais aller combattre pour la sauver."

"Crois-tu qu'il n'y a pas suffisamment d'hommes à ses trousses ? Le prince Rodry est accompagné de ses … amis. Le roi a ses chevaliers et ses gardes. Tu ne leur serais d'aucune utilité, hormis te faire tuer."

Il en était persuadé, aussi sûr que deux et deux font quatre.

"Qu'est-ce que ça peut vous faire ?"

"Je m'en préoccupe parce que tu es trop important pour périr de la sorte. Le garçon né le jour de la lune en dragon ? Celui de la prophétie ? Non, telle est ta mission : apprendre, apprendre à maîtriser tes pouvoirs magiques, forger l'épée."

Devin se dirigea de nouveau vers la porte, mais Maître Grey l'arrêta.

"Ne crois-tu pas que le roi te laisserait ici si je le lui demandais ?" il indiqua la fonderie d'un signe de tête. "Tu as une mission à accomplir. Fais de ton mieux."

Devin voulut argumenter mais il savait que ce serait en pure perte. Il voulait aider au sauvetage de Lenore mais Maître Grey, à son grand agacement, avait raison sur toute la ligne. Il ne pouvait rien pour aider les hommes déjà lancés à sa rescousse, il ne serait jamais le noble guerrier qui la sauverait. C'est tout ce qu'il était en mesure de faire.

Il retourna à la fonderie, prêt à réessayer. Sa frustration grondait, mais pas seulement. Il avait tant de questions, Maître Grey ne répondait à aucune d'entre elles.

Il trouverait bien un moyen d'obtenir les réponses.

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Yaş sınırı:
0+
Litres'teki yayın tarihi:
02 eylül 2020
Hacim:
212 s. 5 illüstrasyon
ISBN:
9781094305912
İndirme biçimi:
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