Kitabı oku: «Un Ciel Ensorcelé », sayfa 4
Thor se tenait à quatre pattes, respirant avec difficulté, du sang gouttant de sa bouche, ses côtes terriblement douloureuses, essayant de trouver la force de se relever. Du coin de l’œil il vit Andronicus s’approcher, avec un grand sourire, et lever sa hache des deux mains. Il avait l’intention, Thor pouvait le constater, de trancher la tête de Thor. Thor pouvait voir de ses yeux injectés de sang qu’Andronicus n’aurait pas de pitié, comme Thor en avait eu.
« C’est ce que j’aurais dû faire il y a trente ans », dit Andronicus.
Il poussa un grand cri, tandis qu’il abattait sa hache sur la nuque à découvert de Thor.
Thor, cependant, n’en avait pas fini avec le combat ; il parvint à rassembler ses dernières forces, et malgré toute sa douleur, il se dépêcha de se remettre sur pieds et fonça sur son père, le plaquant au niveau des côtes, le propulsant en arrière, au sol, sur le dos.
Thor était au-dessus de lui, se battant au corps à corps, prêt à l’affronter à mains nues. C’était devenu un combat de lutte. Andronicus tendit un bras et prit Thor à la gorge, et Thor fut surpris par sa force ; il se sentit perdre le souffle rapidement alors qu’il s’étouffait.
Thor tâtonna à sa taille, désespéré, cherchant sa dague. La dague royale, celle que le Roi MacGil lui avait donné, avant qu’il ne meure. Thor perdait de l’air rapidement, et il savait que s’il ne mettait pas la main dessus sans tarder, il mourrait.
Thor la trouva dans son dernier souffle. Il la leva haut, et la plongea des deux mains dans la poitrine d’Andronicus.
Andronicus se tut, luttant pour respirer, les yeux protubérants dans un regard foudroyant, il s’assit et continua à étrangler son fils.
Thor, à bout de souffle, voyait des étoiles, et perdait connaissance.
Enfin, lentement, l’emprise d’Andronicus se relâcha, tandis que ses bras retombaient sur le côté. Ses yeux roulèrent, et il arrêta de bouger.
Il resta là, immobile. Mort.
Thor prit une grande respiration tandis qu’il retirait la main inerte de son père de sa gorge, avec des haut-le-cœur et en toussant, se dégageant du cadavre de son père.
Son corps tout entier tremblait. Il venait à peine de tuer son père. Il n’avait pas pensé cela possible.
Thor laça un regard alentour et vit tous les guerriers, les deux armées, le fixant, choqués. Thor sentit une prodigieuse chaleur se propager à travers son corps, comme si un profond changement s’était tout juste produit en lui, comme s’il avait fait disparaître une part néfaste de lui-même. Il se sentit changé, plus léger.
Thor entendit un grand bruit dans le ciel, comme du tonnerre, il leva les yeux et vit un petit nuage noir apparaître au-dessus du corps d’Andronicus, et une cheminée de petites ombres noires, comme des démons, tourbillonner vers le sol. Elles tournoyèrent autour de son père, l’entourant, mugissant, puis soulevèrent son corps haut dans les airs, de plus en plus haut, jusqu’à ce qu’il disparaisse dans le nuage. Thor contempla la scène, pétrifié, et se demanda dans quel enfer l’âme de son père serait entrainée.
Thor leva le regard, et vit l’armée de l’Empire lui faisant face, des dizaines et des dizaines de milliers d’hommes, avec dans leur regard une brûlante envie de se venger. Le Grand Andronicus était mort. Toutefois, ses hommes demeuraient. Thor et les hommes de l’Anneau étaient encore en sous-nombre, à un contre cent. Ils avaient remporté la bataille, mais ils étaient sur le point de perdre la guerre.
Erec et Kendrick et Srog et Bronson marchèrent aux côtés de Thor, épées dégainées, alors qu’ils faisaient front à l’Empire tous ensemble. Des cors résonnèrent de bas en haut des rangs de l’Empire, et Thor se prépara à monter à l’assaut une dernière fois. Il savait qu’ils ne pouvaient pas gagner. Mais au moins ils trépasseraient tous ensemble, en un dernier grand combat glorieux.
CHAPITRE SEPT
Reece marchait aux côtés de Selese, Illepra, Elden, Indra, O’Connor, Conven, Krog et Serna, eux neuf se dirigeant vers l’ouest, comme ils l’avaient fait pendant des heures, depuis qu’ils avaient émergé du Canyon. Quelque part, Reece le savait, ses gens étaient à l’horizon et, morts ou vifs, il était déterminé à les trouver.
Reece avait été choqué, alors qu’ils parcouraient un paysage de destruction, des champs sans fin de corps, jonchés de charognards, carbonisés par le souffle des dragons. Des milliers de corps de soldats de l’Empire s’alignaient jusqu’à l’horizon, certains encore fumants. La fumée de leurs corps remplissait l’air, l’insupportable puanteur de la chair brûlée imprégnant la terre désolée. Quiconque n’avait pas été tué par le souffle des dragons l’avait été dans la bataille conventionnelle contre l’Empire, MacGil et McClouds gisant morts, eux aussi, des villes entières réduites à néant, des piles de décombres partout. Reece secoua la tête : cette terre, qui avait été autrefois si abondante, était maintenant ravagée par la guerre.
Depuis qu’ils étaient sortis du Canyon, Reece et les autres s’étaient résolus à retourner chez eux, à regagner le côté des MacGil de l’Anneau. Ne pouvant trouver de chevaux, ils avaient marché tout au long de la traversée du côté des McCloud, franchissant les Highlands, redescendant l’autre versant, et maintenant, enfin, ils progressaient à travers le territoire des MacGil, ne rencontrant que ruine et dévastation. De ce qu’ils pouvaient voir du pays, les dragons avaient aidé à détruire les troupes de l’Empire, et pour cela Reece leur était reconnaissant. Mais il ne savait toujours pas dans quel état il retrouverait son peuple. Est-ce que tout le monde était mort dans l’Anneau ? Jusqu’à présent, cela en avait l’air. Reece languissait de découvrir si tout le monde allait bien.
À chaque fois qu’ils atteignaient un champ de bataille recouvert de morts et de blessés, ceux qui n’avaient pas été touchés par le feu des dragons, Illepra et Selese allèrent de corps en corps, les retournant, les vérifiant. Non seulement elles étaient poussées à faire cela par leur profession, mais Illepra avait aussi un autre objectif en tête : trouver le frère de Reece. Godfrey. C’était un but que partageait Reece.
« Il n’est pas là », annonça Illepra une fois encore, quand finalement elle se redressa, après avoir retourné le dernier corps du terrain, la déception gravée sur son visage.
Reece pouvait voir à quel point Illepra se souciait de son frère, et il fut touché. Reece, lui aussi, espérait qu’il allait bien et comptait parmi les vivants – mais d’après la vue de ces milliers de corps, il avait la sensation désagréable qu’il ne l’était pas.
Ils poursuivirent leur route, passant un autre pré vallonné, une autre succession de collines, et, ce faisant, ils aperçurent un autre champ de bataille à l’horizon, des milliers de corps étendus. Ils allèrent dans cette direction.
Pendant qu’ils marchaient, Illepra se mit à pleurer doucement. Selese posa une main sur son poignet.
« Il est vivant », la rassura-t-elle. « Ne t’inquiète pas. »
Reece accéléra le pas et plaça une main rassurante sur son épaule, ressentant de la compassion pour elle.
« S’il y a une chose que je sais à propos de mon frère », dit Reece, « c’est qu’il est un survivant. Il trouve un moyen d’échapper à tout. Même à la mort. Je te le promets. Godfrey est le plus probablement déjà dans une taverne quelque part, en train de se saouler. »
Illepra rit à travers ses larmes, et les essuya.
« Je l’espère », dit-elle. « Pour la première fois, je l’espère vraiment. »
Ils continuèrent leur marche maussade, en silence à travers ce champ de ruine, chacun perdu dans ses pensées. Des images du Canyon traversèrent l’esprit de Reece ; il ne pouvait les faire disparaître. Il repensa à quel point leur situation avait été désespérée, et fut empli de gratitude envers Selese ; si elle n’était pas apparue au moment où elle l’avait fait, ils seraient toujours là-bas, sûrement tous morts.
Reece tendit le bras et prit la main de Selese, et sourit alors qu’eux deux se tenaient la main en marchant. Reece était touché par son amour et sa dévotion pour lui, par son empressement à traverser le pays entier pour le sauver. Il ressentit une irrésistible montée d’amour pour elle, et il était impatient d’avoir un moment seul avec elle pour qu’il puisse l’exprimer. Il avait déjà décidé qu’il voulait être avec elle pour toujours. Il éprouvait pour elle une loyauté différente de celle ressentie pour n’importe qui d’autre, et dès qu’ils auraient un instant, il fit le serment qu’il ferait sa demande. Il lui donnerait l’Anneau de sa mère, celui que sa mère lui avait remis pour le donner à l’amour de sa vie, quand il l’aurait trouvée.
« Je n’arrive pas à croire que tu aies traversé l’Anneau rien que pour moi », lui dit Reece.
Elle sourit.
« Ce n’était pas si loin », dit-elle.
« Pas loin ? », demanda-t-il. « Tu as mis ta vie en danger en sillonnant un pays ravagé par la guerre. Je te suis redevable. Au-delà de ce que je pourrais exprimer. »
« Tu ne me dois rien. Je suis simplement heureuse que tu sois en vie. »
« Nous te sommes tous redevables. », intervint Elden. « Tu nous as tous sauvés. Nous serions tous coincés là-bas, dans les entrailles du Canyon, pour toujours. »
« En parlant de dettes, j’en ai une à discuter avec toi », dit Krog à Reece, s’approchant à côté de lui en boitant. Depuis qu’Illepra lui avait posé une attelle en haut du Canyon, il avait au moins pu marcher sans aide, même si c’était avec raideur.
« Tu m’as sauvé là en bas, et plus d’une fois », continua Krog. « C’était assez stupide de ta part, si tu veux mon avis. Mais tu l’as fait quand même. Ne pense pas que je t’en doive une, cependant. »
Reece secoua la tête, pris au dépourvu par l’air bourru de Krog, et sa tentative maladroite pour le remercier.
« Je ne sais pas si tu essaies de m’insulter, ou si tu essaies de me remercier », dit Reece.
« J’ai mes propres manières », dit Krog. « Je vais surveiller tes arrières à partir de maintenant. Pas parce que je t’aime bien, mais parce que ce que j’ai l’impression d’être appelé à faire. »
Reece hocha de la tête, déconcerté comme toujours par Krog.
« Ne t’inquiète pas », dit Reece. « Je ne t’apprécie pas non plus. »
Ils continuèrent tous de marcher, tous détendus, heureux d’être en vie, d’être au-dessus du sol, d’être de retour de ce côté-là de l’Anneau – tous sauf Conven, qui marchait calmement, à distance des autres, renfermé sur lui-même, comme il l’avait été depuis la mort de son jumeau en l’Empire. Rien, même d’avoir échappé à la mort, ne semblait pouvoir le sortir de sa torpeur.
Reece se rappela et se souvint comme, par là-bas, Conven s’était jeté imprudemment mis en danger, encore et encore, se tuant presque pour sauver les autres. Reece ne pouvait s’empêcher de se demander si cela ne venait pas plus d’un désir suicidaire plutôt que d’aider les autres. Il s’inquiétait pour lui. Reece n’aimait pas le voir si aliéné, si perdu dans sa déprime.
Reece s’approcha de lui.
« Tu t’es brillamment battu là-bas », lui dit Reece.
Conven haussa simplement les épaules et regarda le sol.
Reece se creusa la cervelle pour trouver quelque chose à dire, tandis qu’ils marchaient en silence.
« Es-tu heureux d’être de retour chez toi ? » demanda Reece. « D’être libre ? »
Conven se tourna et le fixa d’un regard vide.
« Je ne suis pas chez moi. Et je ne suis pas libre. Mon frère est mort. Et je n’ai aucun droit de vivre sans lui. »
Reece sentit un frisson le parcourir à ces mots. De toute évidence, Conven était encore bouleversé par le chagrin ; il le portait comme un gage d’honneur. Il était plus comme un mort-vivant, les yeux vides. Reece se souvenait d’eux comme étant autrefois remplis de joie. Il pouvait voir que son deuil était profond, et il avait le triste sentiment que cela pourrait ne jamais le quitter. Il se demanda ce qu’il adviendrait de Conven. Pour la première fois, rien de bien ne lui vint à l’esprit.
Ils marchèrent et marchèrent, et les heures passèrent, et ils atteignirent un autre champ de bataille, coude à coude avec des cadavres. Illepra, Selese et les autres se déployèrent, allant de corps en corps, les retournant, cherchant un quelconque signe de Godfrey.
« Je vois beaucoup plus de MacGils sur ce terrain », dit Illepra avec espoir, « et pas de trace des dragons. Peut-être Godfrey est-il ici. »
Reece leva le regard, vit les milliers de corps et se demanda, même s’il était ici, s’ils ne pourraient jamais le trouver.
Reece s’écarta et progressa parmi corps, comme le faisaient les autres, retournant chacun d’entre eux. Il vit tous les visages de ses gens, face à face, certains qu’il reconnaissait et d’autres non, des individus qu’il avait connus et combattu avec, des gens qui s’étaient battus pour son père. Reece fut fasciné par la dévastation qui s’était abattue sur sa terre natale, comme la peste, et il espérait sincèrement que tout était finalement passé. Il avait eu son compte de batailles et de guerres et de cadavres pour le reste de sa vie. Il était prêt à s’installer dans une vie de paix, à guérir, à reconstruire.
« ICI ! » cria Indra, sa voix remplie d’excitation. Elle se tenait au-dessus d’un corps et le fixait.
Illepra se tourna et arriva en courant, et les autres se rassemblèrent autour. Elle s’agenouilla à côté du corps, et des larmes inondèrent son visage. Reece s’agenouilla à côté d’elle et eut le souffle coupé de voir son frère.
Godfrey.
Son gros ventre dépassant, pas rasé, ses yeux fermés, trop pale, ses mains bleuies par le froid, il avait l’air mort.
Illepra se pencha et le secoua, encore et encore ; il ne réagit pas.
« Godfrey ! S’il te plaît ! Réveille-toi ! C’est moi ! Illepra ! GODFREY ! »
Elle le secoua à nouveau, mais il ne se redressa pas. Finalement, frénétiquement, elle se retourna vers les autres, balayant du regard leurs ceintures.
« Ton outre de vin ! » demanda-t-elle à O’Connor.
Ce dernier farfouilla à sa taille, et la retira rapidement et la donna à Illepra.
Elle la prit, la tint au-dessus du visage de Godfrey et fit gicler quelques gouttes sur ses lèvres. Elle leva sa tête, ouvrit sa bouche, et en fit couler un peu sur sa langue.
Il réagit soudain, alors que Godfrey léchait ses lèvres, et avala.
Il toussa, puis s’assit, agrippa l’outre, les yeux toujours fermés, et la pressa, buvant de plus en plus, jusqu’à ce qu’il soit complètement assis. Il ouvrit lentement les yeux et essuya sa bouche du revers de la main. Il jeta un regard autour de lui, confus et désorienté, et rota.
Illepra s’écria de joie, se penchant et lui donnant une grande accolade.
« Tu as survécu ! » s’exclama-t-elle.
Reece soupira de soulagement alors que son frère regardait autour de lui, incertain, mais bel et bien en vie.
Elden et Serna attrapèrent chacun Godfrey sous l’épaule et le hissèrent sur ses pieds. Godfrey se tint là, chancelant au début, et il prit une autre grande lampée de l’outre et essuya sa bouche du revers de sa main.
Godfrey regarda alentours, les yeux troubles.
« Où suis-je ? » demanda-t-il. Il leva le bras et se frotta la tête, qui avait une large marque de coups, et il plissa les yeux de douleur.
Illepra examina la plaie de manière experte, faisant courir sa main tout le long, et le sang séché dans ses cheveux.
« Tu as reçu une blessure », dit-elle, « Mais tu peux être fier : tu es vivant. Tu es en sécurité. »
Godfrey chancela, et les autres le rattrapèrent.
« Ce n’est pas grave », dit-elle, en l’examinant, « mais tu auras besoin de repos. »
Elle retira un bandage de sa taille et commença à l’enrouler tout autour de sa tête. Godfrey tressaillit, lui jeta un coup d’œil. Puis il regarda tout autour et considéra tous les corps, aux yeux grands ouverts.
« Je suis vivant », dit-il, « Je n’arrive pas à le croire. »
« Tu as réussi. », dit Reece, étreignant l’épaule de son grand frère gaiement. « Je savais que tu y arriverais. »
Illepra l’embrassa, l’enlaçant, et lentement, il lui rendit son étreinte.
« Alors c’est comme ça que l’on se sent quand on est un héros », fit remarquer Godfrey, et les autres rirent. « Donnez-moi plus de boissons comme ça », ajouta-t-il, « et peut-être le ferais-je plus souvent. »
Godfrey prit une autre grande gorgée, et finalement il commença à marcher avec eux, s’appuyant sur Illepra, une épaule autour d’elle, comme elle l’aidait à garder l’équilibre.
« Où sont les autres ? » demanda Godfrey alors qu’ils avançaient.
« Nous ne savons pas. », dit Reece. « Quelque part à l’ouest, j’espère. C’est par là que nous nous dirigeons. Nous marchons sur la Cour du Roi. Pour voir qui vit. »
Reece déglutit quand il prononça ces mots. Regarda au loin vers l’horizon, et pria pour que ses compatriotes aient rencontré un destin similaire à celui de Godfrey. Il pensait à Thor, à sa sœur Gwendolyn, à son frère Kendrick, à tellement d’autres qu’il aimait. Mais il savait que la majeure partie des forces de l’Empire se trouvait au-devant, et à en juger par le nombre de morts et de blessés qu’il avait déjà vu, il avait le mauvais pressentiment que le pire était encore à venir.
CHAPITRE HUIT
Thorgrin, Kendrick, Erec, Srog et Bronson se tenaient tels une muraille contre l’armée de l’Empire, les leurs derrière eux, les armes dégainées, préparés à affronter l’assaut des troupes de l’Empire. Thor savait que ce serait un assaut meurtrier, la dernière bataille de sa vie, et pourtant il n’avait pas de regrets. Il mourrait là, faisant face à l’ennemi, debout, épée à la main, ses frères d’arme à ses côtés, défendant sa terre. Il ne pouvait rien demander de plus dans sa vie.
Thor pensa à Gwendolyn, et il souhaita seulement avoir eu plus de temps pour son bien. Il pria pour que Steffen l’ait bien emmenée loin et qu’elle soit en sécurité là-bas, derrière les lignes. Il était déterminé à se battre de toutes ses forces, à tuer autant de membres de l’Empire qu’il lui était possible, seulement pour éviter qu’ils ne lui fassent du mal.
Comme Thor se tenait là, il pouvait sentir la solidarité de ses frères, tous sans peur, demeurant vaillamment là, maintenant leurs positions. Ils étaient les meilleurs hommes du royaume, les meilleurs chevaliers de l’Argent, des MacGils, des Silésiens – tous unis, aucun d’eux ne reculant par peur, malgré les présages. Tous étaient prêts à se sacrifier pour défendre leur terre. Ils accordaient tous plus d’importance à l’honneur et à la liberté plutôt qu’à la vie.
Thor entendit les cors de l’Empire, de haut en bas des rangs, vit leurs divisions d’innombrables hommes s’aligner en des unités précises. C’étaient des soldats disciplinés qu’il affrontait, des soldats dont les commandants étaient sans pitié, qui avaient fait la guerre toute leur vie durant. C’était une machine bien huilée, entrainée à poursuivre le combat malgré la mort de leur chef. Un nouveau commandant de l’Empire, anonyme, s’avança et mena les troupes. Leurs nombres étaient vastes, sans fin, et Thor savait qu’il n’y avait aucune possibilité qu’ils puissent les vaincre avec si peu d’hommes. Mais cela n’importait plus. Cela n’importait plus s’ils mouraient. Tout ce qui comptait était la manière dont ils mourraient. Ils périraient sur leurs pieds, comme des hommes, dans un dernier fracas de bravoure.
« Devons-nous attendre qu’ils viennent à nous ? » demanda tout haut Erec. « Où allons-nous leur offrir l’accueil des MacGils ? »
Thor sourit, de concert avec les autres. Il n’y avait rien de tel qu’une petite armée chargeant une plus grande. C’était dangereux, pourtant c’était le summum du courage.
Comme un, Thor et ses hommes laissèrent soudain échapper un cri de guerre, et ils chargèrent tous. Ils se précipitèrent à pied, se dépêchant pour réduire l’espace entre les deux armées, leurs cris emplissant l’air, leurs hommes suivant sur leurs talons. Thor brandit son épée, courant aux côtés de ses frères, son cœur cognant dans sa poitrine, une bourrasque de vent frais caressant son visage. C’était comme ça que l’on faisait l’expérience d’une bataille. Cela lui rappelait quel effet cela faisait d’être en vie.
Les deux armées chargèrent, s’élançant le plus vite possible pour s’entretuer. En quelques instants elles se rencontrèrent au milieu, dans incroyable fracas d’armes.
Thor taillada dans tous les sens, se lançant sur les premiers rangs des soldats de l’Empire, qui maniaient de longs épieux, piques, lances. Thor trancha la première pique qu’il rencontra en deux, puis frappa le soldat à travers le ventre.
Thor esquiva et slaloma alors que plusieurs lances venaient dans sa direction, il brandit son épée, la faisant tournoyer dans toutes les directions, coupant toutes les armes en deux dans un craquement, donnant des coups de pieds ou de coude à chaque soldat sur son chemin. Il en frappa plusieurs autres du revers de son gantelet, donna un coup de pied dans l’aine d’un autre, un coup de coude dans la mâchoire d’un troisième, un coup de tête au suivant, poignarda un autre, et fit tourner et lacéra un dernier. Les groupes étaient serrés, c’était un combat rapproché, et Thor était une machine humaine, taillant son chemin à travers la force largement supérieure.
Tout autour de lui, ses frères faisaient de même, se battant avec une incroyable rapidité, pouvoir, force et esprit, bien qu’ils soient surpassés en nombre, se jetant dans une armée bien plus grande et coupant à travers les rangs de l’Empire, qui semblaient ne pas avoir de fin. Aucun n’hésita, aucun ne battit en retraite.
Tout autour de Thor, des milliers d’hommes en rencontraient des milliers d’autres, des hommes criant et grognant tandis qu’ils se faisaient face, au corps à corps, dans l’immense et féroce bataille, la bataille déterminante pour le destin de l’Anneau. Et malgré des forces largement supérieures, les hommes de l’Anneau gagnaient de la vitesse, tenant en échec l’Empire et les repoussant même.
Thor saisit d’un fléau des mains d’un soldat de l’Empire, lui donna un coup de pied, puis fracassa le côté de son heaume. Ensuite, Thor balança le fléau au-dessus de sa tête en un large cercle et en faucha plusieurs autres. Il le lança dans la cohue et en toucha plus encore.
Thor leva ensuite son épée, et reprit le combat au corps à corps, frappant de tous côtés jusqu’à ce que ses bras et épaules soient fourbus. À un moment, il fut à peine trop lent, et un soldat s’abattit sur lui épée levée ; Thor se tourna pour lui faire face, trop tard, et se prépara au coup et à la blessure à venir.
Thor entendit un feulement, et Krohn passa à toute vitesse à côté de lui, bondissant dans les airs et refermant ses mâchoires sur la gorge du soldat, le mettant à terre, sauvant Thor.
Des heures de combat rapproché passèrent. Alors que Thor avait été, au début, encouragé par tous leurs succès, il devint rapidement évident que cette bataille n’était qu’une futilité, prolongeant l’inévitable. Quel que soit le nombre d’ennemis qu’ils tuaient, l’horizon continuait d’être empli d’un déploiement infini d’hommes. Et alors que Thor et les autres commençaient à être las, les hommes de l’Empire étaient frais, se déversant encore et encore.
Thor, en perte de vitesse, ne parant pas aussi rapidement qu’auparavant, reçut soudain un coup à l’épaule, il cria de douleur, tandis que du sang s’épanchait sur son bras. Thor encaissa ensuite un coup de coude dans les côtes, et une hache de guerre s’abattit sur lui, qu’il bloqua de justesse avec son bouclier. Il avait levé ce dernier presque une seconde trop tard.
Thor perdait du terrain, et, quand il jeta un regard alentours, il vit que les autres autour de lui étaient dans le même cas. La marée était en train de changer une fois de plus ; les oreilles de Thor étaient emplies des cris d’agonie de trop de ses hommes, qui commençaient à tomber. Après des heures de combat, ils perdaient. Bientôt, ils seraient tous achevés. Il pensa à Gwendolyn, et il refusa de l’accepter.
Thor leva le regard vers les cieux, essayant désespérément d’invoquer n’importe quels pouvoirs qu’il lui restait. Mais ses pouvoirs Druidiques ne répondaient pas. Une trop grande quantité, il sentit, avait été drainée par son moment avec Andronicus, et il avait besoin de temps pour guérir. Il remarqua Argon sur le champ de bataille, pas aussi puissant qu’il l’avait été lui aussi, ses pouvoirs, eux aussi, usés par son combat contre Rafi. Et Alistair été affaiblie, également, ses pouvoirs vidés par la réanimation d’Argon. Ils n’avaient pas d’autres renforts. Juste la force de leurs armes.
Thor renversa la tête vers les cieux et laissa échapper un grand cri de guerre désespéré, voulant que les choses soit différentes, que quelque chose change.
S’il vous plaît Dieu, pria-t-il, Je vous en supplie. Sauvez-nous tous en ce jour. Je me tourne vers vous. Pas vers les hommes, pas vers mes pouvoirs, mais vers vous. Montrez-moi un signe de votre pouvoir.
Soudain, à la surprise de Thor, l’air fut rempli par le son d’un grand rugissement, si fort qu’il semblait déchirer les cieux mêmes.
Le cœur de Thor accéléra, reconnaissant immédiatement le son. Il regarda à l’horizon et vit, surgissant des nuages, sa vieille amie Mycoples. Thor était sous le choc, fou de joie de voir qu’elle était en vie, qu’elle était libre, qu’elle était de retour ici, dans l’Anneau, volant vers lui. C’était comme si une part de lui avait été rendue.
Encore plus surprenant, à ses côtés Thor vit un second dragon. Un dragon mâle, avec des écailles rouges vieilles, délavées, des yeux verts brillants, l’air encore plus féroce que Mycoples. Thor regarda les deux monter dans les airs, zigzaguant, puis piquant droit sur Thor. Il se rendit compte que ses prières avaient été exaucées.
Mycoples déploya ses ailes, arqua le cou et rugit, comme le faisait le dragon à ses côtés, et les deux crachèrent un mur de feu sur l’armée de l’Empire, éclairant le ciel. Le jour froid se fit subitement chaud, puis brûlant, alors que des murs de flammes roulaient vers eux. Thor leva sa main au visage.
Les dragons attaquaient depuis l’arrière, donc les flammes n’atteignaient pas vraiment Thor. Cependant, le mur de feu était assez proche pour que Thor sente la chaleur, les poils sur son bras crépitèrent.
Les hurlements de milliers d’hommes s’élevèrent dans les airs pendant que l’armée de l’Empire, division par division, était mise à feu, des dizaines de milliers de soldats criant pour leurs vies. Ils couraient dans tous les sens – mais il n’y avait nulle part pour fuir. Les dragons étaient sans pitié. Ils étaient déchaînés, et étaient en furie, prêts à assouvir leur revanche sur l’Empire.
Une division de l’Empire après l’autre tomba à terre, morte.
Les soldats restants face à Thor prirent panique et fuirent, essayant de fuir les dragons quadrillant le ciel, crachant des flammes partout. Mais ils courraient seulement vers leur propre mort, tandis que les dragons se concentraient sur eux, et les achevèrent un par un.
Rapidement, Thor se retrouva à ne faire face à rien d’autre qu’un champ vide, des nuages de fumée noire, l’odeur de la chair brûlée emplissant l’air, celle du souffle des dragons, du souffre. Alors que les nuages se levaient, ils révélèrent un paysage désolé et carbonisé, sans un seul homme laissé en vie, tous les arbres et l’herbe racornis en rien d’autre que du noir et des cendres. L’armée de l’Empire, si invincible quelques minutes auparavant, avait maintenant complètement disparu.
Thor se tint là, ébranlé, jubilant. Il vivrait. Ils vivraient tous. L’Anneau était libre. Enfin, ils étaient libres.
Mycoples plongea et s’assit devant Thor, baissant la tête et s’ébrouant.
Thor s’avança vers elle, souriant alors qu’il se dirigeait vers sa vieille amie, et Mycoples descendit la tête jusqu’au sol, ronronnant. Thor gratta les écailles sur sa tête, et elle la pencha et frotta son nez de haut en bas de sa poitrine, poussant son museau contre son corps. Elle ronronna de contentement, et il était évident qu’elle était ravie de voir Thor à nouveau, aussi heureuse qu’il l’était de la voir.
Thor la monta, et se tourna, du haut de Mycoples, faisant face à son armée, des milliers d’hommes e fixant du regard avec étonnement et joie, alors qu’il brandissait son épée.
Les hommes levèrent leurs épées et l’acclamèrent en retour. Enfin, les cieux étaient emplis du son de la victoire.
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