Kitabı oku: «Un Cri D’ Honneur», sayfa 4
CHAPITRE HUIT
Thor était allongé au sol, au milieu du champ de bataille, plaqué par des soldats McCloud, impuissant. Il entendait le fracas de la bataille, les cris des chevaux, des hommes qui mouraient tout autour de lui. Le soleil couchant et la lune qui se levait, une pleine lune, plus pleine que toutes celles qu'il avait jamais vues, furent soudain bloqués par un énorme soldat qui s'avança, leva son trident et s'apprêta à l'abattre. Thor sut que son heure était venue.
Thor ferma les yeux et se prépara à mourir. Il ne ressentait pas de peur, seulement du remords. Il voulait vivre plus longtemps; il voulait découvrir qui il était, ce qu'était sa destinée et, surtout, il voulait passer plus de temps avec Gwen.
Thor sentit que ce n'était pas juste de mourir comme ça. Pas ici. Pas comme ça. Pas aujourd'hui. Son heure n'était pas encore venue. Il le sentait. Il n'était pas encore prêt.
Thor sentit soudain quelque chose s'élever en lui: c'était une violence, une force différente de tout ce qu'il avait jamais connu. Il eut des fourmillements dans tout le corps et une sensation de chaleur. Il sentit une nouvelle sensation le traverser brusquement. De la plante des pieds, elle lui remonta dans les jambes, jusqu'au torse et aux bras, jusqu'à ce que le bout des doigts le brûle carrément en dégageant une énergie qu'il pouvait tout juste comprendre. Thor fut lui-même choqué quand il poussa un rugissement féroce, comme un dragon qui s'élevait des profondeurs de la terre.
Thor sentit la force de dix hommes le traverser quand il brisa l'étreinte des soldats et se leva d'un bond. Avant que le soldat ait pu abattre son trident, Thor s'avança, le saisit par son casque et lui donna un coup de tête qui lui fendit le nez en deux; ensuite, il lui donna un tel coup de pied qu'il recula comme un boulet de canon en renversant dix hommes.
Thor hurla avec une rage nouvelle. Il saisit un soldat, le leva haut au-dessus de sa tête et le lança dans la foule en renversant une dizaine de soldats comme des quilles. Ensuite, Thor tendit le bras, saisit un fléau d'armes avec une chaîne de trois mètres des mains d'un soldat et le balança au-dessus de sa tête, à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'il abatte par dizaines tous les soldats dans un rayon de trois mètres et que des cris s’élèvent tout autour de lui.
Thor sentit que son pouvoir continuait à déferler et il le laissa prendre le contrôle. Quand plusieurs autres hommes le chargèrent, il leva le bras, tendit une paume et eut la surprise d'y sentir un picotement puis de regarder un frais brouillard en émaner. Ses attaquants s'arrêtèrent soudain, enveloppés dans une pellicule de glace. Ils restèrent sur place, gelés, tels des blocs de glace.
Thor tourna les paumes dans toutes les directions et, partout, les hommes gelèrent; on aurait dit que des blocs de glace venaient de tomber partout sur le champ de bataille.
Thor se tourna vers ses frères d'armes et vit que plusieurs soldats étaient sur le point de donner des coups mortels à Reece, O’Connor, Elden et les jumeaux. Il leva une paume dans chaque direction et gela les attaquants, sauvant ainsi ses frères d'une mort immédiate. Ils se retournèrent et le regardèrent, les yeux débordants de soulagement et de gratitude.
L'armée McCloud commença à remarquer ce qui se passait et essaya d'éviter de s'approcher de Thor. Ils commencèrent à créer un périmètre de sécurité autour de lui, car tous les guerriers avaient peur de s'approcher trop près quand ils voyaient des dizaines de leurs camarades geler sur place sur le champ de bataille.
Cependant, on entendit alors un rugissement et un homme s'avança. Il faisait cinq fois la taille des autres, devait mesurer plus de quatre mètres et portait une épée plus grande que toutes celles que Thor avait jamais vu. Thor leva une paume pour le geler mais cela ne fonctionna pas contre cet homme. Il se contenta d'écarter l'énergie comme si c'était un insecte contrariant et continua à charger Thor. Thor commença à se rendre compte que son pouvoir était imparfait; il était surpris et ne comprenait pas pourquoi il n'était pas assez fort pour arrêter cet homme.
Le géant atteint Thor en trois longs pas, à une vitesse qui étonna Thor, puis le gifla et l'envoya promener.
Thor frappa violemment le sol et, avant qu'il puisse se retourner, le géant était sur lui et le soulevait des deux mains par dessus sa tête. Il le lança et l'armée McCloud poussa un cri de triomphe quand Thor vola six bons mètres en l'air avant d'atterrir et de faire de rudes cabrioles, jusqu'à ce qu'il finisse par s'arrêter. Thor avait l'impression qu'on venait de lui briser toutes les côtes.
Thor leva les yeux, vit le géant se précipiter sur lui et, cette fois-ci, il ne restait rien qu'il puisse faire. Son pouvoir, quel qu'il soit, était épuisé.
Il ferma les yeux.
S'il vous plaît, mon Dieu, aidez-moi.
Alors que le géant lui fonçait dessus, Thor commença à entendre un bourdonnement assourdi dans son esprit; il grandit sans cesse et, bientôt, devint un bourdonnement extérieur à son esprit et contenu dans l'univers. Il eut une étrange sensation qu'il n'avait jamais eue auparavant; il commença à se sentir en phase avec le matériau même de l'air, le balancement des arbres, le mouvement des brins d'herbe. Il sentit un grand bourdonnement dans tous ces éléments et, quand il leva la main, il eut l'impression de récolter ce bourdonnement dans tous les coins de l'univers et de le soumettre à sa volonté.
Thor ouvrit les yeux, entendit un énorme bourdonnement au-dessus de lui et, surpris, vit un immense essaim d'abeilles apparaître dans le ciel. Elles arrivèrent de tous les coins et, quand il leva les mains, il sentit qu'il les dirigeait. Il ne savait pas comment il le faisait mais savait qu'il le faisait.
Thor bougea les mains dans la direction du géant et, quand il le fit, on aurait dit qu'un essaim d'abeilles obscurcissait le ciel, plongeait et recouvrait complètement le géant. Le géant leva les mains et agita les bras, puis hurla. Elles l'enveloppèrent et le piquèrent mille fois jusqu'à ce qu'il tombe à genoux puis visage contre terre, mort. Le sol trembla sous l'impact de son corps.
Ensuite, Thor dirigea sa main vers l'armée McCloud, qui, à cheval, regardait fixement la scène, choquée. Ils commencèrent à se retourner pour s'enfuir mais n'eurent pas le temps de réagir. Thor dirigea la paume dans leur direction et l'essaim d'abeilles quitta le géant et commença à attaquer les soldats.
L'armée McCloud poussa un cri de peur et, comme un seul homme, les soldats se retournèrent et s'enfuirent, piqués un nombre incalculable de fois par l'essaim. Bientôt, le champ de bataille se vida et ils disparurent aussi vite que possible. Certains d'entre eux ne purent pas s'enfuir à temps et beaucoup de soldats tombèrent, remplissant le champ de bataille de cadavres.
Pendant que les survivants continuaient de galoper, l'essaim les poursuivit tout au travers du champ, au loin. Le grand son du bourdonnement se mêlait au tonnerre des sabots des chevaux et aux cris de peur des hommes.
Thor était stupéfait: en quelques minutes, le champ de bataille était devenu vide et silencieux. Tout ce qui restait, c'étaient les gémissements des McCloud blessés, amassés en tas. Thor regarda autour de lui et vit ses amis, épuisés et essoufflés; ils semblaient être couverts de quantités de bleus et de blessures légères, mais en bon état. Mis à part, bien sûr, les trois membres de la légion qu'il ne connaissait pas et qui gisaient là, morts.
On entendit un grand grondement à l'horizon. Thor se tourna dans l'autre direction et vit l'armée du Roi charger par dessus la colline et foncer vers eux, menée par Kendrick. Ils galopèrent vers eux et, en quelques moments, vinrent s'arrêter devant Thor et ses amis, survivants solitaires de ce champ sanglant.
Thor resta sur place, choqué, le regard fixe. Kendrick, Kolk, Brom et les autres descendirent de cheval et marchèrent lentement vers Thor. Ils étaient accompagnés par des dizaines de l'Argent, tous les grands guerriers de l'Armée du Roi. Ils virent que Thor et les autres étaient seuls, victorieux, sur le champ de bataille sanglant criblé des cadavres de centaines de McCloud. Thor vit leurs expressions d'émerveillement, de respect, de stupeur mêlée d'admiration. Il les voyait dans leurs yeux. C'était ce qu'il avait voulu toute sa vie.
Il était un héros.
CHAPITRE NEUF
Erec galopait sur son cheval, fonçant sur la Voie du Sud, chargeant plus vite que jamais, faisant de son mieux pour éviter les trous de la route dans l'obscurité de la nuit. Il n'avait pas arrêté de chevaucher depuis qu'il avait appris que Alistair avait été enlevée, vendue comme esclave et emmenée à Baluster. Il ne pouvait arrêter de se réprimander. Il avait été idiot et naïf de faire confiance à cet aubergiste, de supposer qu'il tiendrait sa promesse, respecterait sa part du marché et lui confierait Alistair après qu'il aurait gagné le tournoi. La parole d'Erec était son honneur, et il supposait que celles des autres était sacrée, elle aussi. C'était une erreur stupide et Alistair en avait payé le prix.
Erec avait le cœur brisé en pensant à elle et il éperonna son cheval plus fort. Une dame aussi belle et raffinée, qui avait d'abord subi l'indignation de travailler pour cet aubergiste, puis, ensuite, avait été vendue comme esclave, et qui plus est comme esclave sexuelle. L'idée le rendait furieux et il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il était d'une façon ou d'une autre responsable de cette situation: s'il n'était jamais apparu dans sa vie, n'avait jamais proposé de l'emmener, peut-être l'aubergiste n'aurait-il jamais envisagé une telle chose.
Erec chargea toute la nuit, les oreilles constamment remplies du son des sabots de son cheval, ainsi que de sa respiration. Le cheval était complètement épuisé et Erec craignait qu'il s'effondre. Erec était allé directement chez l'aubergiste après le tournoi, ne s'était pas arrêté pour se reposer, et il était tellement épuisé qu'il avait l'impression qu'il pourrait simplement s'effondrer et tomber de son cheval. Cependant, il se força à garder les yeux ouverts et à rester éveillé pendant qu'il chevauchait sous les derniers vestiges de la pleine lune, plein sud vers Baluster.
Erec avait entendu parler de Baluster tout au long de sa vie, bien que ce soit un endroit où il ne s'était jamais rendu; selon les rumeurs, cette ville avait la réputation d'être un lieu de jeux d'argent, d'opium, de sexe, de tous les vices imaginables dans le royaume. C'était l'endroit où les insatisfaits, venus des quatre coins de l'Anneau, s'agglutinaient pour exploiter chaque sorte d'activité sordide connue par les hommes. Cet endroit était le contraire de ce qu'Erec était. Il ne jouait jamais d'argent et buvait rarement, car il préférait passer son temps libre à s'entraîner, à perfectionner ses compétences. Il ne comprenait pas le type de personne qui s'adonnait à l'oisiveté et aux bacchanales, comme le faisaient ceux qui fréquentaient Baluster. Aller dans cette ville présageait mal pour lui. Rien de bon ne pourrait en venir. La seule pensée qu'Alistair se trouve dans un tel endroit lui fendait le cœur. Il savait qu'il fallait qu'il la sauve vite et l'emmène loin d'ici avant que des dommages ne surviennent.
Quand la lune se coucha dans le ciel, que la route s'élargit et devint mieux fréquentée, Erec eut un premier aperçu de la cité: le nombre infini de torches qui en éclairaient les murs donnait à la cité l'apparence d'un feu de joie nocturne. Erec ne fut pas surpris: on disait que ses habitants étaient debout à toute heure de la nuit.
Erec chevaucha plus vite et la cité se rapprocha. Finalement, il passa par dessus un petit pont en bois, avec des torches des deux côtés et une sentinelle qui somnolait à sa base et se leva d'un bond quand Erec passa en coup de vent. “Hé !” lui cria le garde.
Cependant, Erec ne ralentit même pas. Si l'homme avait assez de courage pour le poursuivre (chose dont Erec doutait beaucoup), alors, Erec s'assurerait que ce soit la dernière chose qu'il fasse.
Erec chargea par la grande entrée ouverte de cette cité qui était disposée en carré, entourée d'anciens murs de pierre bas. Quand il entra, il fonça dans les rues étroites, très lumineuses, toutes bordées de torches. Les bâtiments étaient adjacents, ce qui donnait à la cité une impression d'étroitesse, d'oppression. Les rues étaient absolument bondées. Presque tous les gens avaient l'air ivres, trébuchaient çà et là, criaient fort, se bousculaient les uns les autres. C'était comme une immense fête et un établissement sur deux était une taverne ou une maison de jeux.
Erec savait que c'était le bon endroit. Il sentait qu'Alistair était ici, quelque part. Il déglutit avec anxiété, espérant qu'il n'était pas trop tard.
Il chevaucha jusqu'à ce qui semblait être une taverne particulièrement grande du centre-ville. Des quantités de gens fourmillaient à l'extérieur et Erec se dit que ce serait un bon endroit pour commencer sa recherche.
Erec descendit de cheval et se précipita à l'intérieur. Il se fraya un chemin dans la foule bruyante et ivre à coups de coude et arriva à l'aubergiste, qui se tenait à l'arrière, au milieu de la pièce, notait le nom des gens, encaissait leur argent et leur montrait où se trouvaient les chambres. C'était un gars d'apparence mielleuse qui affichait un sourire hypocrite, suait et se frottait les mains en comptant les pièces de ses clients. Il leva les yeux vers Erec, un sourire artificiel au visage.
“Une chambre, monsieur ?” demanda-t-il. “Ou est-ce des femmes que vous voulez ?”
Erec secoua la tête et se rapprocha de l'homme pour être entendu en dépit du vacarme.
“Je recherche un marchand”, dit Erec. “Un marchand d'esclaves. Il est arrivé de Savaria il y a seulement un jour un deux. Il a apporté de précieuses marchandises. Des marchandises humaines.”
L'homme se pourlécha les babines.
“Les informations que vous recherchez sont précieuses”, dit l'homme. “Je peux les fournir aussi facilement qu'une chambre.”
L'homme tendit la main, frotta les doigts les uns contre les autres et ouvrit la main. Il leva les yeux vers Erec et sourit, la lèvre supérieure en sueur.
Erec était dégoûté par cet homme, mais il voulait des informations et ne voulait pas perdre de temps. Par conséquent, il plongea la main dans sa bourse et déposa une grande pièce d'or dans la main de l'homme.
L'homme écarquilla les yeux en l'examinant.
“L'or du Roi”, observa-t-il, impressionné.
Il regarda Erec de la tête aux pieds avec un air de respect et d'émerveillement.
“Donc, vous venez directement de la Cour du Roi ?” demanda-t-il.
“Assez”, dit Erec. “C'est moi qui pose les questions. Je t'ai payé. Maintenant, dis-moi: où est le marchand ?”
L'homme se lécha les lèvres plusieurs fois puis se pencha vers Erec.
“L'homme que vous recherchez s'appelle Erbot. Il passe une fois par semaine avec une nouvelle cargaison de prostituées. Il les vend aux enchères au plus offrant. Vous le trouverez probablement dans son repaire. Suivez cette rue jusqu'au bout et vous y trouverez son établissement. Cependant, si la fille que vous cherchez a une valeur quelconque, elle sera probablement déjà partie. Ses prostituées ne durent pas longtemps.”
Erec se retourna pour s'en aller mais sentit une main chaude et moite lui saisir le poignet. Il se retourna, surpris de voir l'aubergiste l'attraper.
“Si c'est des prostituées que vous cherchez, pourquoi ne pas essayer une des miennes? Elles sont aussi bonnes que les siennes et coûtent deux fois moins.”
Erec regarda l'homme avec mépris, dégoûté. S'il avait eu plus de temps, il l'aurait probablement tué, rien que pour débarrasser le monde d'un tel homme, mais il le jaugea et décida qu'il n'en valait pas la peine.
Erec se débarrassa de sa main puis se rapprocha de lui.
“Touche-moi une fois de plus”, avertit-il, “et tu le regretteras. Maintenant, recule de deux pas avant que je trouve un jolie cible pour cette rapière que j'ai en main.”
L'aubergiste baissa les yeux, écarquilla les yeux, terrifié, et recula de plusieurs pas.
Erec se retourna et quitta brusquement la salle en poussant et en bousculant les clients hors de son chemin. Il passa brusquement les doubles portes et se retrouva à l'extérieur. Jamais un être humain ne l'avait autant dégoûté.
Erec remonta sur son cheval, qui caracolait et s'ébrouait à cause de quelques passants ivres qui le regardaient, sans doute, se dit Erec, pour essayer de le voler. Il se demanda s'ils auraient effectivement essayé de le faire s'il n'était pas revenu, et il pensa qu'il faudrait qu'il attache mieux son cheval au prochain endroit où il irait. Le vice de cette ville l'étonnait. Pourtant, son cheval, Warkfin, était un cheval de guerre endurci et, si quelqu'un essayait de le voler, il piétinerait le voleur à mort.
Erec éperonna Warkfin et ils foncèrent dans la rue étroite. Erec faisait de son mieux pour éviter la foule. Il était tard dans la nuit, et pourtant, les rues avaient l'air de plus en plus bondées, pleines de gens de toutes races qui se mélangeaient les uns aux autres. Plusieurs clients ivres lui crièrent dessus quand il passa trop vite à côté d'eux, mais il n'en avait que faire. Il sentait qu'Alistair était proche et ne reculerait devant rien pour la récupérer.
La rue aboutit à un mur de pierre et le dernier bâtiment à droite était une taverne penchée, avec des murs d'argile blancs et un toit de chaume, qui semblait avoir connu de plus beaux jours. Vu l'apparence des gens qui entraient et sortaient, Erec sentit que c'était le bon endroit.
Erec descendit de cheval, attacha solidement son cheval à un poteau et entra brusquement. Quand il le fit, il s'arrêta sur place, surpris.
L'endroit était faiblement éclairé. C'était une grande pièce avec quelques torches vacillantes aux murs. Dans un coin, à l'autre bout, un feu mourait dans la cheminée. Partout, il y avait des tapis sur lesquels des dizaines de femmes étaient allongées, légèrement vêtues, attachées par des cordes épaisses les unes aux autres et aux murs. Elles avaient toutes l'air d'être droguées: Erec sentit l'opium dans l'air et vit qu'on faisait passer une pipe. Quelques hommes bien habillés traversaient la salle en donnant çà et là un coup de pied aux femmes, comme s'ils testaient la marchandise pour décider laquelle ils voulaient acheter.
A l'autre bout de la pièce, un homme seul était assis sur une petite chaise de velours rouge. Il portait une robe de soie. Il y avait des femmes enchaînées à sa gauche et à sa droite. Debout derrière lui se trouvaient d'immenses hommes musclés, le visage tout balafré, plus grands et plus larges que Erec lui-même. On aurait dit qu'ils avaient très envie de tuer quelqu'un.
Erec observa la scène et comprit exactement ce qui se passait: c'était une maison de passe, ces femmes étaient à louer et l'homme qui était assis dans le coin était le baron, l'homme qui avait enlevé Alistair et qui avait probablement aussi enlevé toutes ces femmes. Erec se rendit compte qu'Alistair pouvait se trouver dans cette pièce à l'instant même.
Il passa brusquement à l'action, se rua frénétiquement dans les rangées de femmes et regarda le visage de chacune d'entre elles. Il y avait plusieurs dizaines de femmes dans cette pièce. Certaines étaient inconscientes et la pièce était tellement sombre qu'il était difficile de les identifier rapidement. Il regarda visage après visage, passa de rangée en rangée quand, soudain, une grande main le frappa à la poitrine.
“T'as payé ?” demanda une voix bourrue.
Erec leva les yeux et vit un homme immense qui se tenait au-dessus de lui en le regardant d'un air renfrogné.
“Tu veux regarder les femmes, tu paies”, tonitrua l'homme de sa voix grave. “C'est la règle.”
Erec regarda l'homme avec mépris. Il sentit la haine naître en lui et, en moins d'un clin d’œil, il leva le bras et le frappa du revers de la paume, droit à l'œsophage.
L'homme eut le souffle coupé, les yeux écarquillés, puis tomba à genoux en se saisissant la gorge. Erec leva le bras et lui envoya un coup de coude aux tempes. L'homme tomba à plat sur le visage.
Erec parcourut rapidement les rangées, chercha désespérément Alistair mais elle n'était visible nulle part. Elle n'était pas ici.
Le cœur d'Erec battait la chamade. Il se précipita à l'autre bout de la pièce, vers l'homme plus âgé qui était assis dans le coin et surveillait tout.
“As-tu trouvé quelque chose à ton goût ?” demanda l'homme. “Une chose sur laquelle tu veux faire une offre ?”
“Je recherche une femme”, commença Erec d'un ton glacial en essayant de rester calme, “et je ne le dirai qu'une fois. Elle est grande, a les cheveux longs et blonds et les yeux verts-bleus. Elle s'appelle Alistair. Elle a été enlevée à Savaria il y a seulement un jour ou deux. On m'a dit qu'on l'avait emmenée ici. Est-ce vrai ?”
L'homme secoua lentement la tête en souriant.
“J'ai bien peur que le bien que tu recherches ait déjà été vendu”, dit l'homme. “Un beau spécimen, cela dit. Tu as vraiment bon goût. Choisis-en une autre et je te ferai une ristourne.”
Erec lui lança un regard noir, sentant monter en lui une rage qui dépassait tout ce qu'il avait jamais ressenti.
“Qui l'a emmenée ?” grogna Erec.
L'homme sourit.
“Eh bien, tu as l'air obsédé par cette esclave-là.”
“Ce n'est pas une esclave”, grogna Erec. “C'est mon épouse.”
L'homme le regarda, étonné, puis, soudain, il pencha la tête en arrière et éclata de rire.
“Ton épouse ! Elle est bien bonne, celle-là. Plus maintenant, mon ami. Maintenant, elle est le jouet de quelqu'un d'autre.” A ce moment, le visage de l'aubergiste s'assombrit. Il regarda Erec d'un air mauvais et renfrogné, fit un geste à ses hommes de main et ajouta: “Maintenant, débarrassez-moi de cette ordure.”
Les deux hommes musclés s'avancèrent et, avec une vitesse qui surprit Erec, se jetèrent sur lui tous les deux en même temps, tendant les bras pour l'attraper par la poitrine.
Cependant, ils ne savaient pas qui ils attaquaient. Erec était plus rapide qu'eux deux. Il fit un pas de côté pour les éviter, saisit le poignet de l'un d'entre eux et le plia en arrière jusqu'à ce que l'homme tombe à plat sur le dos. En même temps, il donna aussi à l'autre un coup de coude dans la gorge. Erec s'avança et écrasa la trachée de l'homme à terre, ce qui lui fit perdre conscience, puis se pencha en avant et donna un coup de tête à l'autre, qui se tenait la gorge, et l’assomma, lui aussi.
Les deux hommes étaient allongés par terre, inconscients, et Erec les enjamba pour se diriger vers l'aubergiste, qui tremblait maintenant dans sa chaise, les yeux écarquillés de peur.
Erec tendit la main, saisit l'homme par les cheveux, lui tira violemment la tête en arrière et mit un poignard contre la gorge de l'homme.
“Dis-moi où elle est et je te laisserai peut-être en vie”, grogna Erec.
L'homme bafouilla.
“Je vais te le dire mais tu perds ton temps,” répondit-il. “Je l'ai vendue à un seigneur. Il a sa propre troupe de chevaliers et habite dans son propre château. C'est un homme très puissant. Personne ne s'est jamais introduit de force dans son château. Et en plus de ça, il a une armée entière en réserve. C'est un homme très riche. Il a une armée de mercenaires qui fait tout ce qu'il ordonne n'importe quand. Il garde toutes les filles qu'il achète. Jamais tu ne pourras la libérer. Par conséquent, repars d'où tu viens. Elle a disparu.”
Erec rapprocha la lame de la gorge de l'homme jusqu'à ce que le sang commence à couler. L'homme poussa un cri.
“Où est ce seigneur ?” grogna Erec en perdant patience.
“Son château est à l'ouest de la ville. Prends la porte Ouest de la cité et va jusqu'au bout de la route. Tu verras son château. Cependant, c'est une perte de temps. Il a payé cher pour elle, plus que ce qu'elle valait.”
Erec en avait assez. Sans attendre, il trancha la gorge à ce proxénète et le tua. Le sang coula partout quand l'homme s'effondra sur son siège, mort.
Erec baissa les yeux vers le cadavre, vers les hommes de main inconscients, et se sentit dégoûté par l'endroit tout entier. Il n'arrivait pas à croire qu'il puisse exister.
Erec parcourut la pièce et commença à couper les cordes épaisses qui reliaient toutes les femmes, les libérant une à la fois. Plusieurs se levèrent d'un bond et coururent vers la porte. Bientôt, toute la pièce fut libérée et elles se ruèrent toutes vers la porte. Certaines étaient trop droguées pour bouger et d'autres les aidèrent.
“Qui que tu sois”, dit une femme à Erec en s'arrêtant à la porte, “sois béni. Et où que tu ailles, puisse Dieu te venir en aide.”
Erec apprécia la gratitude et la bénédiction. Avec un sentiment de désespoir, il se dit que, là où il allait, il en aurait besoin.