Kitabı oku: «Une Terre De Feu », sayfa 2
CHAPITRE TROIS
Thor leva une main vers ses yeux, aveuglé par la lumière, si intense qu’il pouvait à peine voir, tandis que les portes brillantes et dorées du château de sa mère s’ouvraient en grand. Une forme sortit et s’avança vers lui, une silhouette, une femme qu’il devina, de toutes les fibres de son être, être sa mère. Le cœur de Thor battit dans sa poitrine en la voyant là debout, les bras le long du corps, face à lui.
Lentement, la lumière commença à décroitre, juste assez pour qu’il baisse la main et lui jette un regard. C’était le moment qu’il avait attendu toute sa vie, le moment qui l’avait hanté dans ses rêves. Il ne pouvait y croire : c’était vraiment elle. Sa mère. Dans ce château, perché sur la falaise. Thor ouvrit complètement les yeux et posa le regard sur elle pour la première fois, se tenant à seulement quelques mètres, le dévisageant en retour. Pour la première fois, il vit son visage.
La respiration de Thor se bloqua dans sa gorge tandis qu’il contemplait la plus belle femme qu’il ait jamais vue. Elle semblait intemporelle, à la fois vieille et jeune, sa peau presque diaphane, son visage lumineux. Elle lui sourit gentiment, ses longs cheveux blonds tombant en dessous du milieu de sa poitrine, ses grands yeux gris translucides et brillants, ses pommettes parfaitement sculptées et son menton correspondant au sien. Ce qui surprenait le plus Thor, alors qu’il la dévisageait, était qu’il pouvait reconnaître plusieurs de ses traits dans son visage – la courbe de sa mâchoire, ses lèvres, la nuance de ses yeux gris, même son front fier. D’une certaine manière, c’était comme se dévisager dans un miroir. Elle ressemblait aussi notablement à Alistair.
La mère de Thor, habillée d’une robe et d’une cape de soie blanche, le capuchon rabattu, se tenait avec les paumes dégagées de chaque côté, sans être ornés de bijoux, ses paumes lisses, sa peau comme celle d’un bébé. Pour pouvait sentir l’intense énergie qu’elle dégageait, plus ardente qu’il ne l’avait jamais senti, comme le soleil, qui l’enveloppait. Comme il s’y réchauffait, il sentit des vagues d’amour dirigées vers lui. Il n’avait jamais ressenti un amour et une acceptation aussi inconditionnels. Il avait le sentiment qu’il était à sa place.
Se tenant là à présent, devant elle, Thor eut l’impression qu’une part de lui était complète, comme si tout allait bien dans le monde.
« Thorgrin, mon fils », dit-elle.
C’était la plus belle voix qu’il ait entendu, douce, résonnant sur les anciens murs de pierre du château, semblant être descendue tout droit des cieux. Thor se tenait là, sous le choc, ne sachant ce que faire ou ce que dire. Tout cela était-il vrai ? Il se demanda rapidement si tout cela était une énième création du Pays des Druides, seulement un autre rêve, ou son esprit lui jouant des tours. Il avait voulu enlacer sa mère depuis aussi longtemps qu’il pouvait se le rappeler, et il fit un pas en avant, décidé à savoir si elle était une apparition.
Thor tendit le bras pour l’étreindre, et ce faisant, il craignit que son accolade ne traverse que de l’air, que tout ne soit qu’une illusion. Mais alors qu’il se rapprochait, il sentit ses bras s’enrouler autour d’elle, sentit qu’il enlaçait une vraie personne – et il sentit qu’elle l’étreignait en retour. C’était le sentiment le plus formidable au monde.
Elle le serra fort dans ses bras, et Thor fut rempli de joie de savoir qu’elle était réelle. Que tout cela était réel. Qu’il avait une mère, qu’elle existait vraiment, qu’elle était là en chair et en os, dans ce pays d’illusion et de rêve – et qu’elle se souciait vraiment de lui.
Après un long moment, ils se reculèrent, et Thor la regarda, des larmes aux yeux, et vit qu’il y en avait aussi dans les siens.
« Je suis si fière de toi, mon fils », dit-elle.
Il la dévisagea, à court de mots.
« Tu as achevé ton périple », ajouta-t-elle. « Tu es digne d’être ici. Tu es devenu l’homme que j’ai toujours su que tu serais. »
Thor la regarda, étudiant ses traits, toujours confondu par le fait qu’elle existe réellement, et se demandant quoi dire. Durant toute sa vie il avait eu tant de questions pour elle, mais maintenant qu’il était devant elle, il ne trouvait pas. Il ne savait même pas par où commencer.
« Viens avec moi », dit-elle en se tournant, « et je te montrerais cet endroit – cet endroit où tu es né. »
Elle sourit et lui tendit une main, et Thor la saisit.
Ils pénétrèrent côte à côte dans le château, sa mère montrant le chemin, de la lumière sourdait de son corps et se reflétait sur les murs. Thor intégrait tout cela avec émerveillement : c’était le lieu le plus resplendissant qu’il ait jamais vu, ses murs faits d’or étincelant, tout brillait, parfait, irréel. Il avait l’impression d’être arrivé dans un château magique, au paradis.
Ils passèrent le long d’un long couloir au plafond voûté, de la lumière se réverbérant partout. Thor baissa les yeux et vit que le sol était couvert de di amants, lisse, étincelant de millions de points lumineux.
« Pourquoi m’as-tu abandonné ? » demanda brusquement Thor.
C’étaient les premiers mots prononcés par Thor, et ils le surprirent même lui. De toutes les choses qu’il voulait lui demander, pour une raison ou une autre celle-ci sortit en premier, et il se sentit embarrassé et honteux de ne pas lui avoir dit quelque chose de plus gentil. Il n’avait pas voulu être si abrupt.
Mais le sourire compatissant de sa mère ne s’effaça jamais. Elle marchait à côté de lui, le contemplant avec un véritable amour, et il pouvait ressentir un tel amour et une telle acceptation de sa part, pouvait sentir qu’elle ne le jugeait pas, quoi qu’il puisse dire.
« Tu as raison d’être en colère contre moi », dit-elle. « Je dois te demander pardon. Toi et ta sœur comptaient plus que tout au monde. Je voulais t’élever ici – mais je ne le pouvais pas. Parce que vous êtes exceptionnels. Tous les deux. »
Ils tournèrent dans un autre couloir, puis sa mère s’arrêta et se tourna vers Thor.
« Tu n’es pas seulement un Druide, Thorgrin, ni juste un soldat. Tu es le plus grand guerrier qui ait jamais existé, ou existera – et le plus grand Druide, aussi. Ton destin est spécial ; ta vie est vouée à être plus importante, bien plus importante, que cet endroit. Ce sont une vie et un destin voués à être partagés avec le monde. C’est pourquoi je t’ai libéré. Je devais te laisser sortir dans le monde, pour que tu deviennes l’homme que tu es, pour que tu vives les expériences que tu as vécu et que tu apprennes à devenir le guerrier que tu étais censé être. »
Elle prit une profonde inspiration.
« Tu vois, Thorgrin, ce n’est pas l’isolement et les privilèges qui font un guerrier – m ais le dur labeur et les privations, la souffrance et la douleur. La souffrance par-dessus tout. Cela m’a tuée de te voir souffrir – et pourtant paradoxalement, c’était ce dont tu avais le plus besoin pour devenir l’homme que tu es maintenant. Comprends-tu, Thorgrin ? »
Thor, en effet, comprenait pour la première fois de sa vie. Pour la première fois, tout prenait un sens. Il pensa à toute la peine qu’il avait affrontée dans sa vie : grandir sans mère, être élevé en tant que laquais de ses frères, par un père qui le haïssait, dans un petit village étouffant, considéré par tous comme n’étant personne. Son éducation avait été une longue succession d’affronts.
Mais maintenant il commençait à voir que cela lui avait été nécessaire ; que tout son labeur et ses épreuves étaient censés arriver.
« Toutes tes épreuves, ton indépendance, ta lutte pour trouver ta voie », ajouta sa mère, « étaient mon cadeau pour toi. C’était mon présent pour te rendre plus fort. »
Un cadeau, pensa Thor en son for intérieur. Il n’y avait jamais réfléchi de cette manière auparavant. À ce moment-là, cela ressemblait à la chose la plus éloignée d’un cadeau – mais maintenant, en regardant en arrière, il sut qu’il s’agissait exactement de cela. Alors qu’elle prononçait ces mots, il prit conscience qu’elle avait raison. Toute l’adversité qu’il avait rencontré dans sa vie – tout cela avait été un cadeau, pour l’aider à le façonner en ce qu’il était devenu.
Sa mère pivota, et ensemble ils continuèrent à marcher côte à côte à travers le château, et l’esprit de Thor fourmillait d’un million de question à lui poser.
« Es-tu réelle ? » demanda Thor.
Une fois encore, il avait honte d’être si abrupt, et une fois encore il se retrouva à poser une question à laquelle il ne s’était pas attendu. Cependant il ressentait un désir brûlant de savoir.
« Ce lieu est-il réel ? » ajouta Thor. « Ou n’est-ce qu’une illusion, juste le fruit de ma propre imagination, comme le reste de cette île ? »
Sa mère lui sourit.
« Je suis aussi réelle que toi », répondit-elle.
Thor hocha de la tête, rassuré par la réponse.
« Tu as raison de dire que la Pays des Druides est une terre d’illusions, un pays magique se trouvant en toi », ajouta-t-elle. « Je suis parfaitement réelle – mais toutefois en même temps, comme toi, je suis une Druidesse. Les Druides ne sont pas autant attachés à des endroits concrets comme les humains. Ce qui signifie qu’une partie de moi vit ici, tandis qu’une autre vit ailleurs. C’est pourquoi je suis toujours avec toi, même si tu ne peux pas me voir. Les Druides sont partout et nulle part en même temps. Nous parcourons deux mondes, ce que les autres ne peuvent faire. »
« Comme Argon », répondit Thor, se rappelant le regard distant d’Argon, ses apparitions et disparitions, le fait qu’il était partout et nulle part à la fois.
Elle acquiesça.
« Oui », répondit-elle. « Tout comme mon frère. »
Thor resta bouche bée, sous le choc.
« Ton frère ? » répéta-t-il.
Elle hocha de la tête.
« Argon est ton oncle », dit-elle. « Il t’aime beaucoup. Depuis toujours. Et Alistair, aussi. »
Thor réfléchit à tout ça, débordé.
Il fronça les sourcils en pensant à quelque chose.
« Mais pour moi c’est différent », dit Thor. « Je ne me sens pas vraiment comme toi. Je ressens plus d’attachement pour un endroit que toi. Je ne peux pas voyager vers d’autres mondes aussi librement qu’Argon. »
« C’est parce que tu es à moitié humain », répondit-elle.
Thor réfléchit à ce propos.
« Je suis ici maintenant, dans ce château, chez moi », dit-il. « C’est chez moi, n’est-ce pas ? »
« Oui », répondit-elle. « Ça l’est. Ta véritable maison. Autant que n’importe laquelle que tu as dans le monde. Cependant les Druides ne sont pas autant attachés au concept de foyer. »
« Donc si je voulais rester ici, vivre ici, je le pourrais ? » demanda Thor.
Sa mère secoua la tête.
« Non », dit-elle. « Car ton temps ici, au Pays des Druides, est limité. Ton arrivée était inscrite dans le destin – mais tu ne peux visiter le Pays des Druides qu’une fois. Quand tu seras parti, tu ne pourras jamais revenir. Cet endroit, ce château, tout ce que tu vois et apprends ici, ce lieu dans tes rêves que tu as vu pendant tant d’années, tout aura disparu. Comme une rivière qui ne peut être franchie deux fois. »
« Et toi ? » demanda Thor, soudainement effrayé.
Sa mère secoua doucement la tête.
« Tu ne me reverras pas non plus. Pas comme cela. Cependant je serais toujours avec toi. »
Thor était abattu à cette idée.
« Mais je ne comprends pas », dit Thor. « Je t’ai enfin trouvée. J’ai enfin trouvé cet endroit, ma maison. Et maintenant tu me dis que c’est juste pour cette fois ? »
Sa mère soupira.
« Le foyer d’un guerrier est dehors dans le monde », dit-elle. « C’est ton devoir d’être là-bas dehors, d’aider les autres, de les défendre – et de devenir, toujours, un meilleur guerrier. Tu peux toujours t’améliorer. Les guerriers ne sont pas faits pour rester à un endroit – en particulier un guerrier avec une si grande destinée qu’est la tienne. Tu rencontreras de grandes choses dans ta vie : de grands châteaux, de grandes cités, de grands peuples. Tu ne dois pas t’attacher à quoi que ce soit. La vie est une grande marée, et tu dois la laisser te mener là où elle le voudra. »
Thor fronça les sourcils, essayant de comprendre. Cela faisait tant d’informations à saisir en même temps.
« J’ai toujours pensé qu’une fois que je t’aurais trouvé, ma plus grande quête serait terminée. »
Elle lui sourit en retour.
« C’est la nature de la vie », répondit-elle. « Il nous est donné de grandes quêtes, ou nous les choisissons pour nous-mêmes, et nous entreprenons de les accomplir. Nous n’imaginons jamais vraiment que nous puissions les mener à bien – et pourtant, d’une certaine manière, nous le faisons. Une fois que l’on l’a fait, une fois qu’une quête est achevée, d’une manière ou d’une autre nous nous attendons à ce que nos vies soient terminées. Mais nos vies sont seulement le commencement. Gravir un sommet est un grand accomplissement en soi – mais il conduit à un autre sommet, plus grand. Accomplir une quête te permet de t’embarquer pour une autre, plus grande. »
Thor la dévisagea, surpris.
« C’est cela », dit-elle, lisant dans son esprit. « Que tu m’aies trouvé te conduira à une autre quête – plus importante. »
« Quelle autre quête pourrait exister ? » demanda Thor. « Qu’est-ce qui peut être plus important que de te trouver ? »
Elle sourit, le regard empli de sagesse.
« Tu ne peux même pas commencer à imaginer les quêtes qui t’attendent », dit-elle. « Certaines personnes naissent avec seulement une quête. D’autres, sans aucune. Mais toi – Thorgrin – es né avec une destinée de douze quêtes. »
« Douze ? » répéta Thor, sidéré.
Elle acquiesça.
« L’Épée de Destinée en était une. Tu l’as accomplie à merveille. Me trouver en était une autre. Tu en as accompli deux d’entre elles. Tu en as encore dix à mener, dix quêtes encore plus grandes que ces deux-là. »
« Dix autres ? » demanda-t-il. « Plus grandes ? Comment est-ce possible ? »
« Laisse-moi te montrer. » dit-elle, tandis qu’elle venait à côté de lui, passait un bras autour de lui et le menait doucement le long d’un couloir. Elle le conduisit à travers une étincelante porte de saphirs, et dans une pièce faite entièrement de ces pierres, scintillante de vert.
La mère de Thor le mena à travers la pièce vers une énorme fenêtre en plein cintre, faite de cristal. Thor se tint à côté d’elle, tendit le bras et posa une paume sur le cristal, sentant qu’il devait le faire, et, ce faisant, les deux vitres s’ouvrirent lentement.
Thor regarda au dehors l’océan, un large panorama de là où il était, couvert de nuages et de brouillard aveuglants, une lumière blanche se reflétant sur tout, ce qui donnait l’impression qu’ils étaient perchés au sommet des cieux eux-mêmes.
« Regarde », dit-elle. « Dit moi ce que tu vois. »
Thor scruta l’extérieur, et au premier abord ne vit rien hormis l’océan et les nuages blancs. Rapidement, cependant, la brume se fit plus lumineuse, l’océan commença à disparaître, et des images commencèrent à apparaitre rapidement devant lui.
La première chose que vit Thor fut son fils, Guwayne, en mer, flottant dans un petit esquif.
Le cœur accéléra sous l’effet de la panique.
« Guwayne », dit-il. « Est-ce vrai ? »
« En ce moment même il est perdu en mer », dit-elle. « Il a besoin de toi. Le trouver sera une des grandes quêtes de ta vie. »
Alors que Thor contemplait Guwayne, qui s’éloignait en flottant, il ressentit l’urgence de quitter ce lieu immédiatement, de se précipiter vers l’océan.
« Je dois aller à lui – maintenant ! »
Sa mère posa une main apaisante sur son poignet.
« Observe ce que tu dois voir d’autre », dit-elle.
Thor regarda par la fenêtre et vit Gwendolyn et son peuple ; ils étaient recroquevillés sur une île rocailleuse et se tenaient prêts tandis qu’un mur de dragons s’abattait depuis le ciel, les dissumulant. Il vit un mur de flammes, des corps en feu, des gens hurlant et agonisant.
Le cœur de Thor battit dans sa poitrine, dans un sentiment d’urgence.
« Gwendolyn », s’écria Thor. « Je dois aller à elle. »
Sa mère acquiesça.
« Elle a besoin de toi, Thorgrin. Ils ont tous besoin de toi – et ils ont aussi besoin d’une nouvelle terre. »
Pendant que Thor continuait à regarder, il vit le panorama changer, et il vit l’Anneau tout entier dévasté, un paysage noirci, les millions d’hommes de Romulus en couvrant chaque centimètre.
« L’Anneau », dit-il, horrifié. « Il n’est plus. »
Thor ressentit le brûlant désir de se précipiter hors de là et de les secourir tous dans l’instant.
Sa mère tendit la main et ferma la fenêtre, et il se tourna pour lui faire face.
« Ce ne sont que quelques-unes des quêtes qui t’attendent », dit-elle. « Ton enfant a besoin de toi, Gwendolyn aussi, ainsi que ton peuple – et au-delà de cela, tu auras besoin de te préparer pour le jour où tu deviendras Roi. »
Les yeux de Thor s’écarquillèrent.
« Moi ? Roi ? »
Sa mère acquiesça.
« C’est ton destin, Thorgrin. Tu es le dernier espoir. Tu es celui qui doit devenir Roi des Druides. »
« Roi des Druides ? » demanda-t-il, tentant de comprendre. « Mais… je ne comprends pas. Je pensais que j’étais dans le Pays des Druides. »
« Les Druides ne vivent plus ici », expliqua sa mère. « Nous sommes une nation en exil. Ils vivent à présent dans un royaume distant, aux confins de l’Empire, et ils sont en grand danger. Tu es voué à devenir leur Roi. Ils ont besoin de toi, et toi d’eux. Collectivement, ton pouvoir sera nécessaire pour combattre le plus grand pouvoir que nous ayons jamais connu. Une menace bien plus grande que celle des dragons. »
Thor la dévisagea, interrogatif.
« Je suis si confus, Mère », admit-il.
« C’est parce que ton entrainement est incomplet. Tu as grandement progressé, mais tu n’as pas même commencé à atteindre les niveaux dont tu auras besoin pour devenir un grand guerrier. Tu croiseras sur ta route de nouveaux maîtres qui te guideront, qui t’amèneront à des niveaux plus élevés que ce que tu peux imaginer. Tu n’as même pas commencé à entrevoir le guerrier que tu deviendras. »
« Et tu en auras besoin, de tout ton entrainement », poursuivit-elle. « Tu affronteras de monstrueux empires, des royaumes encore plus grands que ce que tu as déjà vu. Tu rencontreras des tyrans féroces qui feront qu’Andronicus n’aura l’air de rien en comparaison. »
Sa mère l’examina, les yeux emplis de savoir et de compassion.
« La vie est toujours plus grande que ce que tu imagines, Thorgrin », continua-t-elle. « Toujours plus grande. L’Anneau, à tes yeux, est un grand royaume, le centre du monde. Mais c’est un petit royaume comparé au reste du monde ; ce n’est qu’un grain de poussière au sein de l’Empire. Il y a des mondes, Thorgrin, au-delà de ce que tu peux imaginer, plus immenses que ce que tu as déjà pu voir. Tu n’as même pas encore commencé à vivre. » Elle fit une pause. « Tu auras besoin de cela. »
Thor baissa les yeux et vit quelque chose sur son poignet, et il observa sa mère refermer un bracelet autour, large de plusieurs centimètres, et recouvrant la moitié de son avant-bras. Il était en or brillant, avec un unique diamant noir en son centre. Il s’agissait de la chose la plus belle, et la plus puissante, qu’il ait jamais vu, et tandis qu’elle reposait sur son poignet, il sentit son pouvoir palpiter, s’infiltrer en lui.
« Aussi longtemps que tu le porteras », dit-elle, « aucun homme ni femme ne pourra te blesser. »
Thor la dévisagea, et dans son esprit apparurent en flash les images qu’il avait vues au-delà de ces fenêtres de cristal, et il sentit renouvelé l’urgence d’aller vers Guwayne, de sauver Gwendolyn, de sauver son peuple.
Mais une partie de lui ne voulait pas quitter cet endroit, le lieu de ses rêves dans lequel il ne pourrait jamais revenir, ne voulait pas quitter sa mère.
Il examina le bracelet, sentant son pouvoir l’envahir. Il eut l’impression de porter une partie de sa mère.
« Est-ce la raison pour laquelle nous devions nous rencontrer ? » demanda Thor. « Pour que je puisse recevoir cela ? »
Elle opina.
« Et plus important », dit-elle, « pour recevoir mon amour. En tant que guerrier, tu dois apprendre à haïr. Mais tout aussi important, tu dois apprendre à aimer. L’amour est la plus puissante de ces deux forces. La haine peut tuer un homme, mais l’amour peut l’élever, et il faut plus de pouvoir pour soigner qu’il en faut pour tuer. Tu dois connaître la haine, mais tu dois aussi connaître l’amour – et tu dois savoir quand les choisir. Tu dois apprendre non seulement à aimer, mais, plus important, à t’autoriser à recevoir de l’amour. Tout comme nous avons besoin de manger, nous avons besoin de cela. Il faut que tu saches à quel point je t’aime. Combien je t’accepte. À quel point je suis fière de toi. Il faut que tu saches que je suis toujours avec toi. Et il faut que tu saches que nous nous reverrons. En attendant, laisse mon amour te soutenir. Et plus important, autorise toi à aimer et à t’accepter toi-même. »
La mère de Thor s’avança et l’enlaça, et il fit de même en retour. Cela faisait tant de bien de la serrer dans ses bras, de savoir qu’il avait une mère, une véritable mère, qui existait en ce monde. Pendant qu’il l’étreignait, il se sentit empli d’amour, et cela le fit se sentir revigoré, né à nouveau, prêt à affronter n’importe quoi.
Thor se pencha en arrière et la regarda dans les yeux. C’étaient les siens, des yeux gris, brillants.
Elle posa ses deux paumes sur sa tête, se pencha en avant, et embrassa son front. Thor ferma les yeux, souhaitant que ce moment ne s’achève jamais.
Soudain, Thor sentit un vent froid sur ses bras, entendit le son de vagues, sentit l’air humide de l’océan. Il ouvrit les yeux et regarda autour de lui avec surprise.
À son grand étonnement, sa mère avait disparu. La falaise avait disparu. Il scruta les alentours, et il vit qu’il se tenait sur une plage, celle écarlate qui s’étendait à l’entrée du Pays des Druides. D’une manière ou d’une autre, il était sorti de ce dernier. Et il était tout seul.
Sa mère avait disparu.
Thor baissa les yeux sur son poignet, et vit son nouveau bracelet d’or avec le diamant noir en son centre, et il se sentit transformé. Il sentit sa mère avec lui, ressentit son amour, se sentit capable de conquérir le monde. Il se sentait plus fort que jamais ; prêt à se jeter dans la bataille contre n’importe quel ennemi, pour sauver son épouse, son enfant.
Entendant un ronronnement, Thor jeta un coup d’œil et fut empli de joie en voyant Mycoples assise non loin, étirant lentement ses ailes. Elle ronronna et marcha vers lui, et Thor sentit qu’elle était prête, elle aussi.
Tandis qu’elle s’approchait, Thor regarda au sol et fut surpris de voir quelque chose posé sur la plage, qui avait été dissimulé derrière elle. C’était blanc, grand et rond. Thor l’observa plus précisément et vit qu’il s’agissait d’un œuf.
Un œuf de dragon.
Mycoples regarda Thor, et Thor la regarda, choqué. Mycoples tourna tristement le regard vers l’œuf, comme si elle ne voulait pas le quitter mais savait qu’elle le devait. Thor fixa l’œuf avec émerveillement, se demandant quelle sorte de dragon naîtrait de Mycoples et Ralibar. Il pressentit que ce serait le plus grand dragon connu par les hommes.
Thor enfourcha Mycoples, et tous deux se tournèrent et jetèrent un dernier long regard au Pays des Druides, ce lieu mystérieux qui avait accueilli Thor, et l’avait mis dehors. C’était un endroit pour lequel Thor éprouvait une admiration mêlée de crainte, un endroit qu’il ne comprendrait jamais vraiment.
Thor se tourna et contempla l’étendue de l’océan devant eux.
« Le temps de la guerre est venu, mon amie », ordonna Thor, sa voix grondante, assurée, la voix d’un homme, d’un guerrier, d’un futur Roi.
Mycoples poussa un hurlement, éleva ses grandes ailes, et les souleva tous deux dans les airs, au-dessus de l’océan, s’éloignant de ce monde, s’en retournant pour Guwayne, pour Gwendolyn, pour Romulus, ses dragons, et la bataille de la vie de Thor.