Kitabı oku: «Le petit Cheval bossu», sayfa 6
Elle l’arrête pour qu’elle reprenne
La parole: “Tes ch’veux sont blancs,
Et moi, je n’ai que quinze ans.
Nous marier? Comment? Pour faire
Rire tous les rois: le grand-père
Epouse la p’tite-fille, on dit!”
En colère, notre roi crie:
“Qu’ils essaient! Je les regarde!
Je f’rai un tour! Qu’ils prennent garde!
J’attaqu’rai leurs pays et
Je les, tous, déracin’rai!” –
“Même s’ils ne vont rire guère,
Il n’est pas possible de faire
Nos noces, – des fleurs ne poussent pas
En hiver: je suis belle, toi?..
De quoi est-ce que tu te vantes?” –
Mais l’idée des noces le hante:
“Oui, je suis vieux, mais pourtant, –
Dit le roi, – je suis vaillant!
Si en ordre me remettre,
A tous, je pourrai paraître
Un gaillard hardi! Dis-moi,
Si on a besoin de ça?
Pourvu qu’on fasse le mariage!”
Mais la Fille-reine dit, très sage:
“Le besoin en est comme ça:
Moi, je n’épouserai pas
Un homme ch’nu et laid, un homme
Qui n’ait pas de dents, juste comme
Un vieillard!” – En se grattant
La nuque, il se renfrogne, prend
La parole: “Que faire, ma reine?
Je veux t’épouser; cette peine
Me torture, – tu dis: “Non, non!”
Par malheur et sans raison!”
“Celui qui a sur la tête
Des ch’veux blancs, – elle lui répète, –
Ne s’ra pas mon mari; sois
Un gaillard comme autrefois, –
Je vais t’épouser”. – “Ma chère,
Impossible de le faire,
De renaître; c’est seul Dieu
Qui fait ça”. Elle dit au vieux:
“Donc, si tu n’as pitié guère
De toi, tu s’ras jeune, mon père.
Ecoute, tu dois dire demain
Aux valets, – dès le matin,
De dresser trois grandes chaudières
Et là-d’ssous, – leur dire de faire
Des feux de bois mort; il faut
Verser en première de l’eau
Très froide et bien transparente,
En deuxième – de l’eau bouillante,
En troisième – du lait bouilli
A gros bouillons. Je te dis,
Si tu veux dev’nir beau vite,
Epouser une fille ensuite,
Sans habit, va te plonger
En chaudière de lait chaud, et
Ensuite dans de l’eau bouillante,
Dans de l’eau froide, transparente, –
Tu seras un gars hardi,
Si tu fais ça, je te dis! ”
Sans répondre à la Fille-reine,
Le roi dit qu’on lui amène
Notre Ivan. “A l’océan? –
Lui demande le pauvre Ivan, –
Non, jamais, votre Excellence!
J’ai encore de grandes souffrances!
Du tout, pour aucun trésor!” –
“Cher Ivan, non, pas ça, or, –
Je veux qu’on dresse trois chaudières
Et là-d’ssous, – je dis de faire
Des feux de bois mort; il faut
Verser en première de l’eau
Très froide et bien transparente,
En deuxième – de l’eau bouillante,
En troisième – du lait bouilli
A gros bouillons. Je te dis:
Tu devras dans ces chaudières
Te baigner demain pour faire
Un essai: dans celle de lait
Et dans celles d’eaux après.” –
“C’est d’où que tu me pat’lines, –
Dit Ivan, sans faire bonne mine. –
On n’échaude que des cochons,
Des poulets et des dindons;
Je ne suis ni poule, roi-père,
Ni cochon, pour me le faire.
Je me plonge, peut-être, en eau
Froide, si d’main, il fait très beau.
Si tu te mets à me cuire,
Tu n’as pas de chance, sans dire,
D’allécher. Cesse de ruser,
De faire le malin, assez!”
Le roi branle la barbe en rage:
“Aux disputes, tu m’engages? –
Crie-t-il à haute voix. – Vois ça,
Si tu, quand la nuit s’en va,
Ne fais pas ce que j’ordonne, –
Ne doute pas que je te donne
Au bourreau pour déchirer
En morceaux, pour torturer!
Va-t’en, maladie cruelle!”
Ivan pleure d’une peur mortelle,
Il va à la grange des foins,
Où son p’tit Cheval se tient.
“Tu n’es pas gai au visage,
Ou tu as perdu courage? –
Doit son Ch’val lui demander, –
De nouveau, le vieux fiancé
A eu une idée bizarre?”
Ivan l’embrasse: “J’en ai marre! –
Dit-il à son p’tit Cheval, –
De nouveau, j’ai un grand mal,
Car le vieux roi veut me faire
Me plonger dans des chaudières
Avec du lait et des eaux:
Il dit que je fasse un saut
En eau froide et transparente
Et ensuite – en eau bouillante,
Peu après, en lait bouilli.”
Le petit Cheval lui dit:
“Le voilà, le vrai service!
Toute mon amitié propice
Y est nécessaire. J’ai dit
De laisser la plume, tant pis;
C’est de cette scélératesse
Que tu as tant de peines… Cesse
De pleurer, cher, plaise à Dieu!
On f’ra tout à l’aide des cieux!
Moi, plutôt, à Dieu, je donne
Mon âme que je t’abandonne.
Ecoute: de bonne heure, demain,
Quand, sur la cour, tu reviens
Et ôtes tout, dis cette sentence
Au vil roi: “Votre Excellence,
Pouvez-vous, donc, ordonner, –
Pour la dernière fois d’app’ler
Mon Ch’val pour que je puisse dire
Adieu.” Il f’ra tout, ce pire
Roi; quand je vais agiter
Ma queue, en chaudières, tremper
Ma gueule, sur toi, j’ter des gouttes
D’eau et siffler fort, – ne doute
Pas et ne dors pas debout:
Plonge-toi dans du lait d’un coup,
Ensuite dans de l’eau bouillante,
Dans de l’eau froide, transparente.
Prie le bon Dieu maintenant
Et va te coucher, Ivan”.
A l’aube, le p’tit Ch’val réveille
Ivan et dit: “Maître, veille!
Ne dors pas, car il nous faut
Accomplir la tâche plus tôt. ”
Notre Ivan se lève, se lave,
Se gratte, s’étire sans entraves,
Prie devant l’enceinte et va
A la cour de chez le roi.
Là, il y a de grandes chaudières,
Et on y voit cuisinières,
Serviteurs de cour, cochers,
Domestiques, servantes, valets;
Ils jettent du bois avec zèle
Et parlent, les uns interpellent
Les autres, à propos d’Ivan,
Et ils rient de temps en temps.
Les portes s’ouvrent; le roi mène
Dans la cour la Fille-reine,
Ils s’apprêtent du perron
A voir notre brave luron.
“Cher Ivan, mon gars, va faire
Ce qu’il faut pour, en chaudières,
Te baigner!” – lui crie le roi.
Ivan ne lui répond pas,
Sans façon, se déshabille,
Dans ce cas, la jeune Fille-
Reine préfère se voiler
Sans lui voir la nudité.
Ivan se lève aux chaudières,
Regarde, se gratte de manière
Que le roi lui crie: “Ivan!
Pourquoi y lambines-tu tant?
Fais c’ qu’il faut en ma présence!”
Ivan dit: “Votre Excellence,
Pouvez-vous, donc, ordonner, –
Pour la dernière fois d’app’ler
Mon Ch’val pour que je lui fasse
Mes adieux.” Lui, à la face
De tous, ordonne d’amener
Le p’tit Ch’val à ses valets.
Ils amènent le Ch’val; sans dire
D’autres mots, ils se retirent.
Lui se met à agiter
Sa queue, en eaux se tremper,
Sur Ivan, jeter des gouttes
Et siffler. Alors, sans doutes,
Ivan le regarde, après,
Saute vite en chaudière de lait,
En deuxième, puis en troisième, –
Il sort si joli que même
Aucun conte, ni roman
Ne puisse bien décrire Ivan!
Le voilà! Ivan s’habille
Et salue la jeune Fille,
Puis regarde autour de lui,
Comme un prince, ragaillardi.
Tout le monde crie: “”Quelle merveille!
Il n’y a pas de chose pareille
Qui puisse faire quelqu’un si beau!”
Notre roi dit qu’il lui faut
Le faire, il se signe, ensuite,
Saute au lait et y cuit vite.
La Fille-reine se lève et fait
Le signe au silence complet.
Elle soulève son voile pour faire
Le discours sur cette affaire:
“Le roi vous a dit adieu!
Etre reine – c’est c’que je veux!
Vous m’aimez? Que tous répondent!
Si c’est “oui”, que tout le monde
Reconnaisse mon époux,
Comme le possesseur de tout!”
La Fille-reine fait le silence,
Montre Ivan à la séance.
Tout le monde crie: “Nous t’aimons!
A l’enfer, nous, tous, irons
Pour toi! On va reconnaître
Le roi neuf pour ton bien-être!”
Ivan, notre nouveau roi,
Avec la Fille-reine, va
A l’église pour le mariage
Qu’il fait là, maint’nant très sage.
Du haut des tours, des canons
Tirent; et on entend le son
Des trompettes; on ouvre des caves,
On verse du vin sans entraves,
Alors le peuple enivré
Se met à s’égosiller:
“Vivent le roi et la belle reine!
Qu’au bonheur, ils nous amènent!”
Au palais, au grand festin,
On versa à flots des vins;
Des seigneurs, des princes, à tables,
Burent ces vins agréables.
Quel plaisir! J’y fus, alors
On versa dans une coupe d’or
D’hydromel pour que j’en goûte, –
Mais ma bouche n’en eut goutte.