Kitabı oku: «Le Tour du Monde; Scandinavie», sayfa 6
La vallée de Sandmoën est fort belle; elle contient en outre une admirable chute, Ostudfoss, derrière laquelle on peut se glisser par un étroit sentier. Rien d'imposant comme le mugissement des eaux qui tombent du sommet de l'étroite caverne d'où on les contemple. C'est à une lieue de Sandmoën, de l'autre côté du fleuve, qu'on passe à gué, que se trouve Ostudfoss.
Un peu après se dresse au fond de la vallée une énorme croupe en forme de tour, toute couverte de bouquets de bouleaux et de pins épars sur une prairie d'un vert tendre. L'ascension de la montagne prend une heure sous les arbres et par un sentier praticable; au sommet commence un fjeld interminable qui, pour le moment, est complétement noyé; des volées de bécassines partent des marais (changés en lacs) qui sont leur demeure habituelle. Les ruisseaux sont devenus des torrents et les torrents des fleuves impétueux.
Les chevaux norvégiens traversent tout cela comme ils peuvent, portant, outre le cavalier, le guide en croupe. Quelquefois l'eau les emporte, mais ils reprennent pied et touchent la rive sans autre accident que des bains un peu trop prolongés.
La traversée du fjeld dura quatre heures, et je crois que, sans leurs chiens, jamais nos guides n'eussent retrouvé le chemin dans les fouillis de bouleaux nains qui couvraient les roches; de temps en temps on s'arrêtait sous des abris établis là pour les traîneaux qui l'hiver font en quelques heures cette route interminable en été.
En face de nous s'ouvrent trois vallées larges, solitaires, couvertes de grands bois et sillonnées de chutes nombreuses; au-dessus la neige des fjelds plus élevés se découpe en taches blanchâtres sur le gris uniforme du ciel. De chemin, plus de traces. Un sæter est perché tout en haut d'une roche; on y grimpe, et, vérification faite, c'est dans un marais qu'il faut s'engager, puis côtoyer un lac débordé, puis traverser une rivière également sortie de son lit, tant et si bien qu'on arrive à un gaard d'assez pauvre apparence et répondant au nom d'Ekeland; les gens qui l'habitent parlent patois; au bout d'un quart d'heure on finit par se comprendre; il s'agit de changer de chevaux; les nôtres vont s'en retourner; en aurons-nous de nouveaux? Un vieux bonhomme, qui lit la Bible dans un coin, se mêle à la conversation; il veut nous prouver que le chemin est long, le temps détestable, et qu'il vaut mieux coucher sous son toit (une baraque mal jointe encombrée de dix enfants en bas âge). Voyant que l'on ne se rend pas à ses raisons, il finit par dire qu'il a deux chevaux, mais que nos couvertures mouillées étant trop lourdes, il ne faut pas les prendre en croupe et qu'il nous faut rester ici: «Eh bien! fais-moi un bâton, j'irai à pied; le cheval portera le bagage....» Un des hommes de la maison, voyant que la ruse naïve ne réussit point, consent à prendre le bagage sur son dos pourvu «qu'on le paye comme un cheval,» et nous partons heureux de n'avoir point à passer la nuit dans cet intérieur par trop norvégien.
Le site aux environs d'Ekeland commence à être fort beau, et n'était l'inondation générale qui nous force à monter sur les roches pour éviter les prairies submergées, nous n'aurions pas à regretter d'être venus là. Nous traversons une troisième rivière d'une largeur fort respectable, et nous commençons à descendre une sorte d'escalier qui aboutit au fond d'un vaste cirque sur le versant opposé des montagnes.
Rien de sévère comme l'aspect de ce coin ignoré où nos guides même ont peine à trouver un chemin: au fond du cirque une chute d'un volume énorme, Braten foss, se précipite d'une hauteur d'au moins cinq cents pieds pour former une petit lac écumant, puis une large rivière que nous traversons un instant après. Pendant deux ou trois lieues le chemin est encore problématique; c'est dans l'eau que nous marchons, mais la vallée se resserre et devient plus profonde; le torrent grossi se contente de mugir au fond, et, sur sa rive gauche, que nous atteignons par une passerelle de bois, court un étroit chemin couvert de roches et suspendu sur l'abîme. Les splendides horreurs de l'Heimdal sont dépassées. Cette étroite et profonde vallée, à peine nommée et toujours déserte, gigantesque fissure créée par l'effort des eaux, atteint les limites du sublime.
À l'extrémité elle vient se réunir à une autre arrosée également par un torrent écumeux; les deux masses se réunissent et forment en tombant la chute de Maar Kolum. Sur la rive gauche de la nouvelle vallée serpente un sentier que nous suivons pendant deux heures, et vers le soir nous arrivons dans des lieux plus civilisés. Un petit bonhomme tout de neuf habillé s'en va gaiement, jambes nues, ses souliers dans la main, et de grosses filles rieuses reviennent des foins; plus loin est un vrai gaard au bord d'un lac sombre et solitaire.
Il faut encore en côtoyer les rives; mais la pluie a cessé, et le paysage est si beau, qu'on peut oublier les fatigues de la journée. Le chemin suit une chaussée de roche presque partout recouverte par l'eau; de temps en temps il faudrait pouvoir rester à cheval, les jambes dans les mains, les brides aux dents, pour n'être point mouillé; mais l'important est d'arriver. Aussi, vers deux heures du matin, nous saluions avec bonheur la pauvre petite maison de Tosse, juchée au haut de la falaise qui borde la rive méridionale de Sammanger-fjord.
Les gens de Tosse sont pauvres, leur cabane est un galetas; cinq ou six êtres humains y dorment. Réveillés en sursaut, l'un allume une longue chandelle, et tous d'ouvrir leurs oreilles au récit animé que les trois guides font tout à la fois de leur traversée par le fjeld, des rivières grossies, du chien qui s'est noyé, et de ces Français qui ont perdu la tête, venant on ne sait d'où, allant on ne sait vers quel pôle; de feu, point. Les discours terminés, une vieille en haillons nous montre le chemin d'un grenier fait de planches disjointes; deux bottes de paille, dans un cadre de bois, y attendent les rares hôtes de ces lieux; nous y dormons d'un profond sommeil, à côté de saumons en train de sécher et de morues déjà sèches.
Une noce en Norvége.—Dessin de Pelcoq, d'après le peintre norvégien Tiedeman.
Presque parallèle au Hardanger, le fjord de Sammanger s'étend de la paroisse de Sammanger jusqu'à celle de Oos. Deux milles à peine séparent Sammanger de Bergen; un ballon les traverserait en quelques minutes. L'absence de ce moyen perfectionné de locomotion amène inévitablement le voyageur à rentrer dans le canot national, c'est-à-dire entre deux eaux.
Rien ne repose des impressions désagréables causées par une surabondance d'eau de pluie et d'eau de mer, comme un bon feu, des visages souriants, un gai rayon de soleil par la fenêtre, et aussi la bonne grosse figure du gjœstgifveren de Hatwiken, qui vous assure que, dans une heure, chevaux et charrette vont être prêts, et que le soir vous serez à Bergen.
Je doute que le tronçon de grande route qui court de Oos à Bergen soit très-fréquenté des touristes; c'est pourtant un beau pays, et le chemin, qui domine de haut les mille replis des fjords, les myriades d'îles dont la côte est ceinte, et au loin la ligne bleue de la grande mer, est certainement un des plus pittoresques de Norvége.
De fort loin on voit Bergen, baignée par les eaux de deux fjords, appuyée sur deux fjelds, Bergen, après Drontheim, la cité classique des rois de la mer, vieille comme les antiques Sagas, riche comme la Hanse dont elle fit partie.
Plus près de la ville, des maisons de campagne, ceintes de grands parcs, arrosés par les torrents qui bondissent du fjeld, montrent, par leur élégance presque somptueuse, que les négociants de Bergen courent parfois le monde et rapportent, qui de France, qui d'Angleterre, toutes sortes d'idées heureuses et d'inspirations artistiques. N'en déplaise à Christiania, Bergen, qui n'a ni palais grec, ni église pseudo-byzantine, Bergen, vue des hauteurs du sud, a presque l'air d'une capitale, et c'est avec un certain sentiment de respect pour l'antique métropole commerçante du Nord qu'on pénètre dans l'avenue de frênes qui lui fait une entrée quasi-royale.
Paul Riant.
ERRATA
I. Sous le titre Voyage d'un naturaliste, pages 139 et 146, on a imprimé: (1858.—INÉDIT).—Cette date et cette qualification ne peuvent s'appliquer qu'à la traduction.
La note qui commence la page 139 donne la date du voyage (1838) et avertit les lecteurs que le texte a été publié en anglais.
II. Dans un certain nombre d'exemplaires, le voyage du capitaine Burton aux grands lacs de l'Afrique orientale, 1re partie, 46e livraison, le mot ORIENTALE se trouve remplacé par celui d'OCCIDENTALE.
III. On a omis, sous les titres de Juif et Juive de Salonique, dessins de Bida, pages 108 et 109, la mention suivante: d'après M. A. Proust.
IV. On a également omis de donner, à la page 146, la description des oiseaux et du reptile de l'archipel des Galapagos représentés sur la page 145. Nous réparons cette omission:
1º Tanagra Darwinii, variété du genre des Tanagras très-nombreux en Amérique. Ces oiseaux ne diffèrent de nos moineaux, dont ils ont à peu près les habitudes, que par la brillante diversité des couleurs et par les échancrures de la mandibule supérieure de leur bec.
2º Cactornis assimilis: Darwin le nomme Tisseim des Galapagos, où l'on peut le voir souvent grimper autour des fleurs du grand cactus. Il appartient particulièrement à l'île Saint-Charles. Des treize espèces du genre pinson, que le naturaliste trouva dans cet archipel, chacune semble affectée à une île en particulier.
3º Pyrocephalus nanus, très-joli petit oiseau du sous-genre muscicapa, gobe-mouches, tyrans ou moucherolles. Le mâle de cette variété a une tête de feu. Il hante à la fois les bois humides des plus hautes parties des îles Galapagos et les districts arides et rocailleux.
4º Sylvicola aureola. Ce charmant oiseau, d'un jaune d'or, appartient aux îles Galapagos.
5º Le Leiocephalus grayii est l'une des nombreuses nouveautés rapportées par les navigateurs du Beagle. Dans le pays on le nomme holotropis, et moins curieux peut-être que l'amblyrhinchus, il est cependant remarquable en ce que c'est un des plus beaux sauriens, sinon le plus beau saurien qui existe.
Le saurien amblyrhinchus cristatus, que nous reproduisons ici, est décrit dans le texte, page 147.
Amblyrhinchus cristatus, iguane des îles Galapagos.