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Coopérer avec des établissements financiers pour soutenir le secteur privé africain

La BEI adapte ses financements et ses programmes d’assistance technique pour aider ses clients à produire un impact sur le développement. Comme nous le verrons plus loin dans cette section, chaque opération est conçue pour aider les pays partenaires de la BEI à atteindre les objectifs de développement durable, tout en promouvant d’autres priorités de l’UE telles que l’action pour le climat, la transformation numérique et l’égalité hommes-femmes. La BEI cherche également à mobiliser des fonds auprès d’autres acteurs du marché.

Les opérations menées avec des partenaires du secteur financier devraient produire d’importantes retombées en matière de développement en soutenant des entreprises du secteur privé mal desservies. Les nouvelles lignes de crédit ouvertes en 2020 permettront aux banques locales et régionales d’accorder environ 61 000 prêts à des PME et ETI africaines. L’échéance moyenne de ces prêts devrait être de près de six ans – bien plus que la durée habituelle des prêts disponibles sur les marchés locaux. Grâce à ces prêts, les entreprises bénéficiaires devraient pouvoir maintenir quelque 700 000 emplois.

La BEI peut déployer toute une gamme de produits d’investissement pour aider ses partenaires du secteur financier à exercer un impact sur le développement. Ces produits comprennent des prêts directs et des investissements directs en fonds propres, des prêts intermédiés par des banques et des organismes de microcrédit, ainsi que des investissements dans des fonds de capital-investissement et de capital-risque. La BEI fait également appel à des produits innovants avec partage des risques afin de drainer des fonds du secteur privé. Une part non négligeable des prêts consentis par la BEI, notamment en Afrique subsaharienne, est libellée en monnaie locale. Nos clients peuvent ainsi répondre aux besoins de bénéficiaires finals qui opèrent essentiellement en monnaie locale (souvent les plus petites entreprises et celles actives dans des secteurs comme l’agriculture) sans répercuter le risque de change.

La BEI peut octroyer des prêts directs à certaines grandes entreprises, mais elle soutient les petites entreprises du secteur privé africain principalement via des intermédiaires financiers. Les investissements intermédiés de la BEI permettent aux bénéficiaires finals d’investir et d’innover, tout en créant et en préservant des emplois. Comme cela a été souligné dans les chapitres précédents, en Afrique, les entreprises privées ont du mal à trouver des sources de financement pour leurs investissements productifs, en particulier sur des durées plus longues ou sous forme de fonds propres. Les défaillances sur les marchés financiers impliquent souvent que les jeunes entreprises de petite taille et celles aux activités novatrices sont mal desservies ou n’ont pas du tout accès aux financements. La BEI collabore avec des intermédiaires pour répondre aux besoins de ces entreprises. En 2020, le total des financements intermédiés signés en faveur de MPME (y compris les prêts aux banques, aux fonds et aux institutions de microfinance) a atteint 805 millions d’EUR en Afrique subsaharienne et en République d’Afrique du Sud, et 1,706 milliard d’EUR en Afrique du Nord, ce qui représente une augmentation de 60 % et de 77 % par rapport aux niveaux respectifs en 2019. Ces chiffres témoignent de la volonté de la BEI de soutenir les entreprises du secteur privé en Afrique tout au long de la crise sanitaire, économique et sociale sans précédent provoquée par la pandémie.

Encadré 1 : Évaluation de l’impact des projets de la BEI

Nous utilisons trois méthodes complémentaires pour mesurer notre impact et notre contribution au développement durable.

- Notre Cadre de mesure des résultats permet d’effectuer le suivi des retombées de nos financements, des résultats auxquels ils contribuent et de leur conformité avec les objectifs stratégiques de la Banque dans les pays ciblés.

- Nous recourons à la modélisation macroéconomique pour étudier l’incidence économique au sens large de nos prêts.

- La BEI investit également dans des recherches microéconomiques approfondies sur le terrain pour comprendre l’impact de ses opérations. Dans le cadre d’un programme pilote mené en partenariat avec le Global Development Network (GDN), des chercheurs talentueux d’Afrique et des Caraïbes ont réalisé des études sur les incidences des investissements d’impact dans le secteur privé[10]. Fondées sur les méthodes les plus récentes, ces études d’impact rigoureuses ont été supervisées par des experts renommés, qui ont fourni des conseils techniques. Cette approche a contribué à renforcer et à soutenir les capacités locales des communautés de chercheurs en Afrique et dans les Caraïbes. Les efforts conjugués de 30 chercheurs d’Éthiopie, du Rwanda, du Sénégal, du Mali, du Cameroun, du Ghana, du Nigeria, du Kenya et de Gambie ont permis de réaliser 16 études d’impact. Ces recherches approfondies ont évalué divers effets, notamment la fourniture d’un accès internet gratuit dans les écoles kényanes, une petite entreprise privée prestant des services de santé maternelle et infantile au Sénégal ou encore des microfinancements au service de l’autonomisation et du bien-être économique des femmes.

Coopérer avec les banques en faveur des petites entreprises

Exemple : le Mécanisme d’intervention rapide COVID-19 en Afrique centrale et occidentale consacre 200 millions d’EUR pour faire face aux conséquences négatives de la pandémie sur le secteur privé, en particulier les PME. Il vise principalement à appuyer la rétrocession de fonds par des intermédiaires financiers en faveur d’entreprises du secteur privé en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Ce mécanisme de la BEI permet aux intermédiaires d’emprunter en monnaie locale, ce qui élimine le risque de change pour les banques partenaires et leurs clients, y compris les PME. Le mécanisme permet également aux banques intermédiaires d’accéder à des financements assortis de durées plus longues que celles qu’elles sont généralement en mesure d’obtenir sur le marché. Elles peuvent ainsi fournir aux entreprises privées des financements adéquats à long terme à l’appui de leurs dépenses d’investissement. Les solutions de financement et de liquidité à court terme que ce mécanisme offre sont également indispensables pour maintenir l’activité économique, l’objectif premier étant de protéger les emplois et d’aider les entreprises à survivre dans un contexte économique difficile.


Exemple : le Mécanisme de portée régionale axé sur les PME en Afrique de l’Est fournit 150 millions d’EUR à des intermédiaires financiers qui rétrocèderont les fonds principalement à des PME situées en Afrique de l’Est. Les financements ont été entièrement affectés dans le cadre de partenariats avec des banques du Kenya, de l’Ouganda et du Rwanda, et les fonds devraient être intégralement utilisés d’ici trois ans. Les pays ciblés sont ceux à faible revenu (à l’exception du Kenya, un pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure), qui présentent un indice de développement humain faible et sont fortement tributaires de l’agriculture. Ces pays affichent un taux de croissance démographique relativement élevé, ce qui exerce des pressions sur le chômage des jeunes. Le secteur privé offre de vastes possibilités pour soutenir le développement économique et la création d’emplois, mais l’accès au financement constitue l’un des principaux obstacles. Afin de répondre aux besoins des bénéficiaires finals (principalement les PME), le mécanisme octroiera des prêts de longue durée en monnaie locale. Dans le cadre de ce mécanisme, la BEI accorde pour la première fois en Afrique subsaharienne une attention particulière à l’égalité des sexes dans ses partenariats avec les banques[11]. La Banque de développement de l’Ouganda et la Development Finance Company of Uganda (DFCU) se sont engagées à affecter au moins 30 % des ressources d’une ligne de crédit ou d’un fonds d’investissement soutenus par la BEI à des entreprises détenues ou dirigées par des femmes, à des entreprises qui créent des emplois de qualité pour les femmes ou à celles qui, grâce à leurs projets et à leurs services, remédient à une situation d’inégalité avérée entre les sexes. Le concours de la BEI aidera également la DFCU à renforcer sa stratégie en matière d’égalité hommes-femmes dans le cadre de l’initiative SheInvest. En outre, le partenariat avec la DFCU soutiendra des PME ougandaises. Dans l’ensemble, ce mécanisme s’inscrit dans le contexte de la réponse accélérée de la BEI pour aider les entreprises touchées par les conséquences économiques du COVID-19 et renforcer la résilience à long terme.


Exemple : le Mécanisme en faveur de la chaîne de valeur dans le secteur agricole kényan combine un prêt de 50 millions d’EUR et une subvention de l’UE de 10 millions d’EUR afin d’intégrer les petits exploitants dans la chaîne de valeur agricole. Le secteur agricole du Kenya n’a pas accès au financement dans des modalités et des conditions appropriées, notamment en monnaie locale. La subvention de la Commission européenne fournira des ressources en monnaie locale (sans risque de change) aux banques emprunteuses, ce qui permettra aux bénéficiaires finals du secteur agricole de réaliser des investissements à des taux acceptables. La BEI collabore avec TCX, un dispositif de couverture du risque de change, pour mettre le mécanisme à disposition en shillings kényans. Compte tenu de l’importance de l’agriculture pour l’emploi et les moyens de subsistance des femmes kényanes[12], l’opération devrait contribuer indirectement à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles, ainsi qu’à l’éradication de la pauvreté et de la faim.


Exemple : l’opération Kulima Access to Finance fournira 25 millions d’EUR à des projets du secteur privé destinés à intégrer les petits exploitants agricoles aux chaînes de valeur commerciales de l’agriculture au Malawi. Elle sera complétée par un mécanisme de partage des risques d’un montant de 10 millions d’EUR, qui est un accord de partage des pertes entre la BEI et la Plateforme d’investissement pour l’Afrique. Grâce à ce mécanisme, l’exposition au risque du portefeuille de prêts bénéficiant de l’opération sera réduite. Cette opération vise à remédier aux défaillances du marché dans le secteur agricole en fournissant et en améliorant l’accès au financement pour les petits exploitants mal desservis. Le financement sera complété par une formation et un soutien technique destinés aux intermédiaires financiers participants et aux bénéficiaires finals, afin de renforcer leur capacité à opérer dans des chaînes de valeur commerciales à plus forte valeur ajoutée. Ils pourront ainsi accroître leurs revenus et devenir plus résilients sur le plan économique.


Exemple : l’opération Development Bank of Southern Africa Climate Finance Facility permettra de mettre jusqu’à 22 millions d’EUR à disposition de projets admissibles menés par des entreprises privées. Cette ligne de crédit améliorera l’accès à des financements appropriés pour la mise en oeuvre de projets liés à l’action climatique dans le cadre du mécanisme de financement pour le climat de la Banque de développement de l’Afrique australe, financé par le Fonds vert pour le climat qui cible des investissements du secteur privé en faveur du climat. La majeure partie des financements devrait soutenir les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la gestion de l’eau en Afrique australe. L’opération de la BEI appuiera des projets en Afrique du Sud, qui est le plus grand marché et le pays d’origine de l’intermédiaire financier.


Exemple : la BEI soutient les PME égyptiennes par le biais d’un partenariat avec la Banque du Caire, qui rétrocède 90 millions d’USD à des entreprises privées dans les secteurs des produits et des services afin de financer des projets d’investissement, y compris des besoins en fonds de roulement. La Banque du Caire est particulièrement bien placée pour répondre aux besoins des PME implantées dans les régions moins prospères d’Égypte, comme la Haute-Égypte et les zones du delta du Nil et du canal de Suez, qui sont souvent mal desservies. La moitié de ses 222 agences sont situées dans ces régions et elle est la première banque égyptienne pour ce qui est de l’octroi direct de microcrédits, qui ont souvent un impact majeur sur le développement dans les régions moins favorisées.


Exemple : la BEI s’associe au Crédit Agricole du Maroc, une institution financière spécialisée, pour soutenir l’agriculture et la bioéconomie au Maroc. Le prêt de 200 millions d’EUR de la BEI permettra à l’établissement bancaire marocain d’offrir des financements à plus long terme à ses clients, principalement de petits exploitants agricoles. Le soutien aux microentreprises et aux PME du secteur de la bioéconomie, qui comprend l’agriculture primaire, la transformation et la logistique, devrait avoir un impact positif important sur la génération de revenus et l’emploi. Bien que la bioéconomie représente jusqu’à 20 % du PIB et 40 % de l’emploi au Maroc, les entreprises du secteur peinent souvent à accéder à des financements à long terme. En tant que banque majoritairement publique, le Crédit Agricole du Maroc est particulièrement bien placé pour répondre aux besoins de ces entreprises. Quatrième banque du pays et chef de file national vis-à-vis du secteur agroalimentaire, elle est très présente dans les zones rurales. L’opération s’accompagne d’une assistance technique destinée à soutenir la stratégie de transition numérique de la banque et à renforcer ses capacités de financement de la lutte contre les changements climatiques.


Exemple : afin d’aider les PME et les ETI égyptiennes à surmonter la crise du COVID-19, la BEI coopère avec la Banque nationale d’Égypte et la Banque Misr dans le cadre de l’Équipe Europe. Les deux prêts, qui s’élèvent respectivement à 800 millions d’EUR et 750 millions d’EUR, pourvoiront aux besoins d’investissement et de fonds de roulement des entreprises du secteur privé et sont spécialement adaptés pour soutenir les PME pendant la pandémie. La Banque nationale d’Égypte et la Banque Misr sont les deux principales banques du pays et exploitent un vaste réseau d’agences dans tous les gouvernorats, notamment les régions les plus mal desservies. Elles jouent donc un rôle clé dans la stratégie de l’État égyptien visant à améliorer l’accès des PME aux financements. Ces opérations s’appuient sur les partenariats fructueux que la BEI entretient depuis longtemps avec les deux banques, lesquels ont déjà bénéficié à de nombreuses entreprises du secteur privé. Plus précisément, entre 2014 et 2020, les sept opérations signées avec la Banque nationale d’Égypte et la Banque Misr, d’un montant total de 3,9 milliards d’EUR, ont permis de financer plus de 3 700 PME et ETI en Égypte.


Exemple : l’opération Morocco SME Public Support COVID-19 Response comprend un prêt de 150 millions d’EUR accordé au Royaume du Maroc afin de soutenir un mécanisme public de garantie mis en oeuvre par la Caisse centrale de garantie (CCG). Elle contribuera à élargir l’offre de produits, dont de nouvelles garanties face à la pandémie de COVID-19, ainsi qu’à accroître le volume annuel de garanties que la CCG peut émettre. La CCG s’attend à ce que le volume annuel de garanties émis sur la période 2020-2021 représente plus du double du volume garanti en 2019. Ces garanties aideront les banques commerciales à étendre leur activité de prêt aux MPME en réduisant les risques, ce qui améliorera l’accès au financement.


Prêts aux institutions de microfinance

En octroyant des prêts à des institutions de microfinance, la BEI peut atteindre même les plus petites entreprises. Les microcrédits accordés en Afrique en 2020 devraient soutenir plus de 169 000 microentrepreneurs, dont 75 570 femmes.

Exemple : en 2020, la BEI a appuyé le compartiment « prêt » de l’InsuResilience Investment Fund avec un prêt de 10 millions d’USD. Ce fonds prête à des institutions financières et des agrégateurs (principalement des institutions de microfinance) en contrepartie d’une participation au développement et à la distribution de produits d’assurance couvrant les risques climatiques. Cet investissement fait suite à la participation de 10 millions d’USD de la Banque dans le compartiment « fonds propres » en 2019. La stratégie innovante du fonds porte sur l’une des thématiques les plus urgentes du moment : les effets des événements météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles. En particulier, le compartiment « prêt » vise à améliorer la résilience des ménages démunis et vulnérables ainsi que des MPME face à ces phénomènes extrêmes. Un soutien est accordé aux institutions financières établies ou actives dans des pays à faible revenu (ceux qui peuvent bénéficier de l’aide publique au développement) qui proposent à leurs clients un prêt complété par une assurance agricole ou une assurance couvrant les événements météorologiques et les catastrophes naturelles.


Capital-investissement et capital-risque

Les investissements dans des fonds de capital-investissement et de capital-risque permettent à la BEI de soutenir les entreprises en phase de démarrage ou celles qui se lancent dans des secteurs innovants ou sur de nouveaux marchés, à savoir celles généralement perçues comme présentant un risque élevé. Grâce aux financements qu’elles ont reçus en 2020, les entreprises figurant dans les portefeuilles des fonds de capital-investissement soutenus par la BEI en Afrique et dans les pays voisins de la Méditerranée devraient permettre de créer 6 000 emplois.

Exemple : le Janngo Capital Startup Fund, qui cible les start-ups technologiques ainsi que les entreprises en phase de démarrage qui présentent un risque plus élevé en Afrique, bénéficie d’une participation en fonds propres de 15 millions d’EUR au maximum. Il figurera parmi les premiers fonds de capital-risque axés sur l’Afrique de l’Ouest. L’une des nouveautés du fonds est qu’il privilégiera des entreprises bénéficiaires qui renforcent l’infrastructure du marché au moyen de la technologie. Il facilitera ainsi l’activité des PME locales pour les exportations (la logistique, par exemple), les paiements à effectuer ou à recevoir, la vente en ligne et l’accès aux contreparties. Le fonds a pour objet de générer des rendements financiers associés à un impact important sur le développement, notamment parmi les jeunes et les femmes. Son équipe est dirigée par une femme et constituée d’une part non négligeable de femmes. Au-delà de la fourniture de capitaux, Janngo permettra d’investir activement dans les activités des entreprises en portefeuille en leur fournissant un soutien technique et des conseils. Il contribuera également à l’amélioration des écosystèmes locaux pour les entrepreneurs.


Combiner les prêts avec une assistance technique et des services de conseil pour aider les intermédiaires à atteindre les segments mal desservis

Le présent rapport, ainsi que l’enquête auprès des banques africaines sur laquelle il s’appuie, vise à enrichir les données probantes qui soutiennent nos opérations. Il donne une vue d’ensemble des possibilités et des défis que rencontrent les banques et autres institutions financières sur tout le continent. Dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, la faiblesse des capacités du secteur financier constitue un obstacle majeur au développement. C’est pourquoi nous avons conclu un partenariat pour le développement des capacités avec le Fonds monétaire international (FMI) en 2017. Doté d’une enveloppe de 3 millions d’EUR, il vise à promouvoir la stabilité macroéconomique, le développement financier et l’accès au financement en Afrique subsaharienne. L’un des piliers essentiels de ce partenariat est un nouveau cours en ligne sur le développement financier et l’inclusion financière[13]. Élaborée conjointement par la BEI et le FMI, cette formation allie les connaissances du FMI quant aux politiques macroéconomiques et financières et le savoir-faire de la BEI en matière d’instruments. Elle permet aux fonctionnaires et aux intermédiaires financiers d’acquérir des connaissances plus approfondies sur l’accès aux financements et l’inclusion financière, les produits et services financiers conçus pour répondre aux besoins des entreprises du secteur privé, ainsi que les méthodes de gestion des risques employées généralement dans le contexte de prêts aux PME. Depuis le lancement du cours en 2019, près de 1 000 personnes invitées par la BEI se sont inscrites, représentant 33 pays (dont la République dominicaine et la Somalie) sur cinq continents. Le cours est proposé de manière continue et sera accessible au moins jusqu’en décembre 2022.

De nombreux clients de la BEI bénéficient d’une assistance technique parallèlement au financement, ce qui permet à la Banque de promouvoir le développement du secteur financier afin d’améliorer, de manière durable, l’accès aux financements et l’inclusion financière. L’offre d’assistance technique de la BEI est décrite plus en détail à la figure 5. Elle contribue à renforcer à la fois les entreprises qui reçoivent un financement et les secteurs financiers locaux et régionaux. Associer les prêts ou apports de fonds propres à une assistance technique permet à la Banque d’apporter son savoir-faire à l’appui de projets et de fournir des conseils sur la manière de les financer. À l’échelle locale, les programmes d’assistance technique de la BEI peuvent contribuer au renforcement des capacités et des compétences de ses banques partenaires locales, qui peuvent ensuite travailler directement avec des entreprises de petite ou de très petite dimension. L’assistance technique aide les intermédiaires financiers de la BEI à améliorer leurs pratiques de travail. Elle peut également cibler les entreprises qui empruntent auprès de ces intermédiaires financiers, en renforçant leurs capacités en matière de durabilité, de gestion financière et de gestion des risques, entre autres. Ce soutien passe souvent par des prestataires de formation locaux, dont des universités et des instituts bancaires. La BEI travaille avec des prestataires locaux et met l’accent, dans la mesure du possible, sur la fourniture de programmes de « formation des formateurs », l’objectif étant d’assurer la prestation de services de formation et de renforcement des capacités à l’échelle locale à l’issue des programmes d’assistance technique de la BEI. Par exemple, la BEI, via son programme d’assistance technique, soutient une Académie virtuelle dédiée aux banques de PME et à la microfinance pour les institutions financières locales et les petites entreprises en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest[14].

En 2020, la BEI a signé cinq opérations d’assistance technique dans le secteur financier, pour un montant total de 10,1 millions d’EUR. Ces opérations ont soutenu des intermédiaires financiers bénéficiant de prêts intermédiés et d’apports de fonds propres de la Banque, ainsi que des MPME en tant que bénéficiaires finals (figure 5). Si l’on tient compte des opérations signées les années précédentes, 23 opérations d’assistance technique financées par la BEI ont permis d’appuyer activement des intermédiaires financiers africains en 2020, dont cinq dans le secteur de la microfinance. Il s’agissait, pour l’essentiel, de programmes régionaux destinés au secteur financier en Afrique australe, en Afrique de l’Est et, plus récemment, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.

Figure 5 : Modèle de prestation de l’assistance technique de la BEI au secteur financier pour les prêts intermédiés


Ces opérations d’assistance technique ont un impact important, qui fait l’objet d’un suivi au moyen d’un ensemble d’indicateurs concrets. Par exemple, dans le cadre du programme d’assistance technique à l’appui du secteur financier en Afrique de l’Est (2014-2020), plus de 500 formations ont été organisées au profit de 11 000 employés de banques et d’institutions de microfinance. Parmi ceux-ci, 243 étaient des formateurs internes, qui pourront désormais continuer à dispenser des formations spécialisées au personnel bancaire[15]. Plus de 25 000 MPME ont bénéficié d’une formation en matière d’entrepreneuriat et de leadership au cours des six années de ce programme, dont 1 500 petits agriculteurs formés dans le domaine du financement de la chaîne de valeur agricole et plus de 1 700 réfugiés qui ont suivi un programme d’éducation financière en Ouganda[16]. Les programmes d’assistance technique pour l’activité de prêt en Afrique occidentale, centrale et australe (4,2 millions d’EUR au total) portent notamment sur l’amélioration des connaissances financières des MPME financées et sur l’organisation de formations dans des universités locales, afin de favoriser l’entrepreneuriat et la viabilité des investissements. La plupart des opérations d’assistance technique devraient être fortement axées sur l’égalité des sexes et contribuer à accroître la résilience face aux changements climatiques.

Exemple : le programme d’assistance technique de la BEI pour l’autonomisation des femmes africaines, dans le contexte de l’initiative African Women Rising, a été lancé en 2020. Il vise à faciliter l’accès des entrepreneuses aux services financiers en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Ouganda et au Rwanda par des activités de renforcement des capacités, de mentorat et de réseautage. La BEI aidera également les intermédiaires financiers, existants ou potentiels, à concevoir, mettre en place et promouvoir activement des services financiers adaptés aux entrepreneuses. Doté d’un budget de 2 millions d’EUR, ce programme de trois ans cherchera à combler l’écart entre le renforcement des capacités destiné aux entrepreneuses et l’amélioration de l’offre de services financiers et non financiers répondant à leurs besoins. Il aura également des répercussions positives plus larges sur la croissance économique, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté. Sa réussite globale contribuera à la réalisation des objectifs de développement durable et des ambitions de la Stratégie du Groupe BEI en matière d’égalité hommes-femmes et d’autonomisation économique des femmes.


Exemple : Boost Africa est un instrument thématique, doté d’une enveloppe de 30 millions d’EUR, qui devrait mobiliser plus de 180 millions d’EUR. L’objectif est de soutenir les stades les plus précoces et les plus risqués de la chaîne de valeur entrepreneuriale en investissant des capitaux dans des fonds de capital-risque qui couvrent les phases de démarrage ou de croissance. Cette initiative menée conjointement avec la Banque africaine de développement bénéficie du soutien de la Commission européenne, ce qui permet aux partenaires financiers d’investir dans ces fonds relativement risqués. Le volet d’assistance technique vise à fournir un soutien et une formation technique et entrepreneuriale aux sociétés bénéficiaires et aux gestionnaires de fonds ainsi qu’à créer des réseaux d’investisseurs. Les groupes cibles sont les start-ups subsahariennes qui opèrent dans des secteurs où l’innovation peut améliorer la qualité de vie, en particulier pour les ménages les plus pauvres, en donnant accès à des produits et des services abordables.


Exemple : la BEI fournit une assistance technique à la Banque africaine d’import-export (Afreximbank). Le prêt de 300 millions d’EUR accordé par la BEI à Afreximbank vise à financer des investissements du secteur privé dans des infrastructures liées au commerce en Afrique subsaharienne, dont au moins 25 % de projets ayant trait à l’action pour le climat. Ces investissements seront directement financés par Afreximbank ou, pour les prêts destinés aux PME, par l’intermédiaire de banques commerciales locales. Cette opération permettra aux entreprises de tout le continent d’accéder à des financements d’une durée pouvant aller jusqu’à 15 ans en faveur de projets relevant de l’action pour le climat, ainsi que des fonds de roulement destinés à préserver l’emploi et maintenir les importations vitales. Le volet d’assistance technique lié au prêt vise à aider Afreximbank à monter des projets et comprend des orientations et conseils d’experts sur la faisabilité financière, la conception technique, le cadrage des incidences environnementales et sociales (notamment la dimension de genre) et les questions juridiques.


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370 s. 118 illüstrasyon
ISBN:
9789286150654
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