Kitabı oku: «Noël Pour Toujours»
N O Ë L, P O U R T O U J O U R S
(L’hôtel de Sunset Harbor – Tome 8)
S o p h I e L o v e
Sophie Love
Fan depuis toujours du genre romantique, Sophie Love est ravie de la parution de sa première série de romance : Maintenant et à tout jamais (L’Hôtel de Sunset Harbor – tome 1).
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Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les évènements et les incidents sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n’est que pure coïncidence.
Image de couverture : Copyright Ioana Catalina E, utilisée en vertu d’une licence accordée par Shutterstock.com.
LIVRES PAR SOPHIE LOVE
L’HÔTEL DE SUNSET HARBOR
MAINTENANT ET À TOUT JAMAIS (Tome 1)
POUR TOUJOURS ET À JAMAIS (TOME 2)
À TOUT JAMAIS, AVEC TOI (Tome 3)
SI SEULEMENT C’ÉTAIT POUR TOUJOURS (Tome 4)
POUR L’ÉTERNITÉ, ET UN JOUR (Tome 5)
POUR L’ÉTERNITÉ, PLUS UN (Tome 6)
POUR TOI, POUR TOUJOURS (Tome 7)
NOËL POUR TOUJOURS (Tome 8)
LES CHRONIQUES DE L’AMOUR
L’AMOUR COMME CI (Tome 1)
L’AMOUR COMME ÇA (Tome 2)
UN AMOUR COMME LE NOTRE (Tome 3)
TABLE DES MATIÈRES
Chapitre un
Chapitre deux
Chapitre trois
Chapitre quatre
Chapitre cinq
Chapitre six
Chapitre sept
Chapitre huit
Chapitre neuf
Chapitre dix
Chapitre onze
Chapitre douze
Chapitre treize
Chapitre quatorze
Chapitre quinze
Chapitre seize
Chapitre dix-sept
Chapitre dix-huit
Chapitre dix-neuf
Chapitre vingt
Chapitre vingt et un
Chapitre vingt-deux
CHAPITRE UN
La docteur Arkwright sourit à Emily et enleva le mètre ruban autour de son ventre.
— Je peux confirmer que votre accouchement est prévu le 13 décembre, dit-elle. Vous êtes à 37 semaines maintenant, et officiellement à terme.
Emily regarda Daniel et sourit. C’était tellement excitant de savoir que dans seulement trois semaines, la petite Charlotte allait les rejoindre.
Ils s’assirent tous, et la docteur Arkwright continua.
— Plus de vols, dit-elle à Emily. Si vous planifiez une lune de miel prénatale, je crains que vous ne puissiez pas le faire à l’étranger.
— Lune de miel prénatale ? dit Emily en riant. Je n’ai jamais entendu parler de ça.
La docteur gloussa en réponse.
— C’est la mode de nos jours. J’ai des parents qui organisent une lune de miel prénatale somptueuse parce qu’ils savent que c’est leur dernière occasion.
Emily trouva l’idée amusante. Avec tout ce qui se passait à l’auberge, il était très peu probable qu’ils puissent trouver le temps (sans parler de l’argent) même s’ils voulaient partir en vacances !
La docteur frappa dans ses mains.
— On a fini ici.
— Super, dit Emily en sautant du siège. Oh, j’allais oublier. J’ai quelque chose pour vous. Elle sortit le dernier album de Roman de son sac à main. Il avait été ravi de le signer pour la docteur, et absolument amusé en même temps.
La docteur Arkwright vit ce qu’Emily tenait et devint tout rouge. Elle le prit précipitamment.
— Merci beaucoup, chuchota-t-elle.
Emily et Daniel quittèrent son cabinet et sortirent sur le parking. Pour un lundi juste après Thanksgiving, le temps était remarquablement chaud.
— Quelles sont les chances qu’on manque de neige cette année ? demanda Emily à Daniel en arrivant à la camionnette.
— Honnêtement, je ne peux pas imaginer un Noël sans ça, dit-il. Je suis sûr que le temps va bientôt changer.
Ils montèrent tous les deux dans le véhicule.
— Ça a été plutôt utile, ajouta Emily. Pense à tout le travail qu’on a pu faire sur l’île grâce à la météo !
Daniel mit la clé sur le contact et la vieille camionnette démarra en vrombissant.
— Je sais, dit-il alors qu’il commençait à reculer. Nous sommes en avance sur le planning. Et vu qu’on a besoin que tout soit prêt d’ici avril, c’est une très bonne chose.
Emily pensa au fait que l’île ait déjà été réservée, des mois à l’avance, avant même que le toit ne soit posé sur les chalets !
— Comment vont Stu, Clyde et Evan ? lui demanda-t-elle.
— Absolument bien, lui dit-il. Je ne savais pas qu’ils avaient ça en eux. J’ai toujours pensé qu’ils étaient paresseux.
Emily rit mais garda pour elle son avis concernant les amis de Daniel. Elle s’était attachée à eux au fil des semaines durant lesquelles ils avaient travaillé en échange du gîte et du couvert, mais cette première impression qu’ils dégageaient allait être difficile à ébranler !
— Je suis contente qu’ils travaillent dur, dit-elle à Daniel. Nous aurons désespérément besoin de tirer des revenus de l’île si les choses continuent comme ça.
Daniel jeta un coup d’œil vers elle.
— C’est si grave que ça ?
Emily grimaça.
— Oui. Malheureusement. Nous n’avons pas eu de réservations pour l’hiver. En fait, il n’y aura personne avant mars. Ni dans la remise, ni la maison de Trevor ou l’auberge principale. J’ai aussi dû réduire les heures de travail de tout le monde. Seuls Lois et Parker font quelques heures de travail. Vanessa et Marnie ont accepté de prendre tout l’hiver, mais Matthew n’est pas ravi de ces réductions. Il essaie d’économiser pour une nouvelle voiture. Je me sens très mal. Heureusement, le restaurant reçoit encore beaucoup de réservations, donc ça donne du travail à Harry. Le spa est toujours populaire, alors à eux deux, ils devraient nous aider à passer le cap. Mais ça va être très serré pendant ces quelques mois.
Le timing était soit une bénédiction, soit une malédiction. Une bénédiction car cela donnerait à Emily la chance de passer du temps avec son bébé, mais une malédiction car les bébés coûtaient cher et que la dernière chose qu’elle voulait faire était se soucier de l’argent !
— Ça n’arrivera pas, lui dit Daniel avec détermination. J’ouvrirai mon atelier de menuiserie avant le Nouvel An, s’il le faut. Toi et la petite Charlotte aurez tout ce dont vous avez besoin. Je te le promets.
Emily sourit et frotta son ventre rond. Daniel avait tellement à cœur de leur offrir la meilleure vie possible. Cela la rendait si heureuse. Elle avait tellement de chance de l’avoir dans sa vie. Elle espérait juste qu’il ne s’épuiserait pas à travailler trop dur. C’était toujours un numéro d’équilibriste avec Daniel, et il se retrouvait souvent du mauvais côté !
— Peut-être qu’on devrait essayer de faire en sorte qu’Amy se marie à l’auberge, comme elle l’avait prévu avec Fraser ? suggéra Emily.
Daniel éclata de rire, comme s’il n’avait jamais rien entendu d’aussi ridicule.
— Je doute fort qu’elle le veuille après la dernière fois. Ça ferait sûrement remonter des souvenirs désagréables non ? Et pourquoi Harry voudrait-il se marier là où il travaille ? Il secoua la tête, amusé. Mais c’est dommage quand même. Tu pourras peut-être convaincre une autre de tes riches amies de se marier cette année. Pourquoi pas Jane ?
— Absolument pas ! répondit Emily. Jane n’est pas du genre à se marier.
Mais sa suggestion la fit réfléchir. Tandis qu’ils retombaient dans un silence détendu, Emily essaya d’imaginer des façons plus créatives de vendre l’auberge pendant l’hiver. Ils avaient tellement mis l’accent sur l’île, le spa, le restaurant et le bar qu’ils avaient négligé de faire correctement de la publicité pour l’auberge et tout ce qu’elle avait à offrir. Les mariages d’hiver pourraient être une bonne approche, surtout avec la salle de bal pour les cérémonies et chaque chambre de l’auberge disponible pour les invités ! Elle devrait prendre rendez-vous avec Bryony, leur extraordinaire génie du web et du marketing.
Daniel quitta alors la rue principale et prit une route plus petite en direction de l’école de Chantelle. Leur rendez-vous avec le médecin s’était prolongé et ils n’avaient plus le temps de rentrer chez eux avant d’aller la chercher.
— Tu as eu des nouvelles de Raven Kingsley ? demanda-t-il en conduisant. Quand aura lieu la prochaine réunion municipale pour décider si son projet d’hôtel peut se poursuivre ?
— Je ne sais pas encore, dit Emily. J’attends des nouvelles. Ils publieront un bulletin une fois que le conseil d’urbanisme aura tenu sa réunion. Je suis sûr que ce ne sera pas avant un moment.
— Tu n’es pas inquiète ? demanda Daniel.
— Bien sûr que si. La concurrence, surtout de la part de quelqu’un comme Raven, est toujours une perspective effrayante. Nous avons eu la vie facile jusqu’à présent. Le marché était à nous.
— Ça, c’était facile ? plaisanta Daniel en faisant référence aux années et mois de travail qu’ils avaient consacrés à faire de l’auberge un succès.
— Tu sais ce que je veux dire, dit Emily. On n’a jamais vraiment eu à se soucier de la faillite avant.
— Et maintenant oui ? demanda Daniel, dont l’expression amusée avait complètement disparu.
Emily se mordit la lèvre.
— Peut-être un peu, lui dit-elle. Si les choses ne s’améliorent pas bientôt. Mais ne t’inquiète pas, je trouverai quelque chose. Un bal de Noël. Avec Roman pour chanter. Pour cent dollars le billet !
Elle ne faisait que plaisanter. Utiliser la célébrité de Roman pour son propre profit était quelque chose qu’elle ne ferait jamais. Mais un bal de Noël pour la ville pourrait être une bonne idée.
Daniel semblait toujours inquiet.
— Chéri, lui dit fermement Emily. Je m’en occupe. Ne t’inquiète pas. Rien, pas même le nouvel hôtel de Raven Kingsley, ne nous arrêtera. Je te le promets. Nous sommes trop déterminés pour échouer maintenant.
Elle parlait avec assurance, mais il y avait aussi du doute dans son esprit. Et si c’était l’hiver qu’ils ne pouvaient pas passer ? Et si sa vie parfaite était sur le point de s’effondrer ?
*
Daniel se gara sur le parking de l’école. La journée était déjà terminée et tous les enfants s’amusaient dans la grande cour de récréation, surveillés par leurs professeurs. Emily aperçut Chantelle, en train de jouer avec Bailey et Laverne. C’était un tel soulagement que les filles soient redevenues amies.
Elle sortit de la camionnette et salua de la main l’institutrice de Chantelle sur les marches de l’école. Elle salua également Tilly, la réceptionniste de l’école avec laquelle Emily s’était récemment liée. Tilly prenait son café de l’après-midi sur les marches avec le reste des enseignants. Elle fit un signe chaleureux à Emily.
Chantelle dut remarquer ses parents car elle approcha en courant.
— Devinez quoi ! s’écria-t-elle. On joue un Conte de Noël version Dr Seuss pour notre concert cette année !
— Qu’est-ce que c’est ? Emily demanda.
— C’est le Conte de Noël de Charles Dickens, mais tout en rimes comme avec le Dr Seuss, lui dit Chantelle. Et je joue l’Esprit des Noëls passés !
Emily en savait assez pour savoir qu’il s’agissait de l’un des rôles principaux de la pièce. Après Ebenezer Scrooge, le fantôme aurait sûrement le plus de lignes.
— Bravo chérie ! dit-elle en serrant Chantelle dans ses bras.
Une fois qu’elle l’eut relâchée, Daniel la souleva dans les airs.
— Quel rôle cool ! s’exclama-t-il. Je suis tellement fier de toi !
Il la remit sur ses pieds et Chantelle attrapa quelque chose dans son cartable.
— Ce sont mes répliques, dit-elle en tenant un épais livret avec une illustration reconnaissable dans le style du Dr Seuss en première page. La pièce aura lieu le vendredi 18 décembre.
Emily regarda Daniel, les sourcils levés. La petite Charlotte serait née d’ici là ! Soudain, tout semblait incroyablement réel. Et donc, si excitant.
— Ça ne laisse pas très longtemps pour apprendre toutes tes répliques, dit Daniel à Chantelle. Trois semaines ?
— Je sais, lui dit-elle, l’air soudain très sérieux. Mais je peux le faire.
— Bien sûr que tu le peux, lui dit Emily.
Ils montèrent tous dans la camionnette et Daniel mit le contact. Il démarra dans un grondement.
— Quand je rentrerai, je pourrai commencer à décorer l’auberge pour Noël ? demanda Chantelle depuis le siège arrière.
Emily rit et lui jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.
— On vient juste de célébrer Thanksgiving.
— Je sais, répondit Chantelle. Mais j’aime tellement Noël. J’ai hâte de troquer les feuilles d’automne contre des flocons de neige.
Daniel se mit à rire. Son regard se posa vers Chantelle dans le rétroviseur.
— Tu pourras décorer l’auberge comme tu veux, dit-il.
En son for intérieur, Emily sourit. Elle aimait la créativité de Chantelle, et elle aimait la façon dont sa maison était transformée pour chaque fête, chaque saison, par les mains de l’enfant. Elle ne troquerait cela pour rien au monde – ni les araignées d’Halloween en plastique qu’elle n’arrêtait pas de trouver derrière des meubles, ni les petits drapeaux américains du 4 juillet entre les planches. Sa vie était parfaite. Elle croisait les doigts pour que les choses restent ainsi.
*
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent chez eux et Daniel se gara devant l’auberge. Le vaste parking était complètement vide maintenant. Comme aucune voiture de client n’occupait l’espace extérieur, l’allée semblait soudain énorme.
Ils montèrent les marches du porche et entrèrent par la grande porte de l’auberge. Lorsqu’ils entrèrent, Emily découvrit, à sa grande surprise, que les décorations d’automne avaient déjà disparu. Elle n’était sortie que quelques heures, mais quelqu’un avait transformé l’auberge en une toile blanche. Qui avait pu le faire ?
Elle pensa que Lois et Marnie avaient employé une partie de leur temps libre pendant leur service assez calme pour ranger, ou peut-être Vanessa l’avait-elle fait pendant son nettoyage. Mais elle entendit alors des voix venant du salon et réalisa instantanément qui était à l’origine du rangement.
Elle se rendit dans le salon, et trouva la coupable assise là : Amy. Celle-ci était tellement organisée qu’il n’était pas surprenant qu’elle ait immédiatement remballé leurs décorations de Thanksgiving.
Mais elle n’était pas seule. Assise sur le canapé à côté d’elle, près de la cheminée allumée, la tête de Mogsy sur ses genoux, et en train de boire ce qui ressemblait à un chocolat avec des guimauves, se trouvait Patricia. Non seulement la mère d’Emily avait pris goût aux guimauves depuis sa première expérience des s’mores, mais elle avait aussi appris à apprécier l’amour d’un chien odorant et en train de perdre ses poils. Et, plus important encore, elle était restée tout le week-end de Thanksgiving. C’était un miracle, aux yeux d’Emily, qu’elle et sa mère aient passé trois jours entiers ensemble sans s’entretuer. Les choses semblaient vraiment changer pour le mieux. En fait, Emily était un peu triste que sa mère parte aujourd’hui.
— Amy ! s’exclama Chantelle quand elle vit l’amie d’Emily assise sur le canapé. On a le droit de décorer l’auberge pour Noël. T’as pris les affaires ?
Emily fronça les sourcils et regarda Daniel, perplexe. À son expression, elle pouvait voir qu’il était tout aussi curieusement amusé qu’elle.
— Bien sûr que oui, répondit Amy en souriant.
Elle attrapa un grand sac sur le côté du canapé, là où il était resté dissimulé à la vue. Emily pouvait voir du tissu argenté étincelant, des flocons de neige scintillants et des stalactites en plastique qui sortaient du sac plein à craquer.
— C’est quoi tout ça ? s’exclama-t-elle. Vous avez comploté ! Toutes les deux !
Elle chatouilla Chantelle dans les côtes et la petite fille gloussa. Puis elle se dégagea en se tortillant des doigts d’Emily et se précipita vers Amy. Elle attrapa le sac et regarda à l’intérieur.
— C’est trop cool, dit-elle à Amy. On peut commencer maintenant ?
Amy regarda Emily comme pour avoir son approbation.
— Ne me regarde pas, dit Emily en riant et en levant les mains en l’air. Vous avez clairement des projets toutes les deux !
Elles se précipitèrent dans le couloir et commencèrent à accrocher des guirlandes lumineuses au plafond et à répandre de la fausse neige sur les vitres des fenêtres. Emily les observait depuis le seuil, l’épaule appuyée contre le chambranle. La gaieté de Noël l’envahissait.
— J’ai mal au dos, dit alors Daniel en apparaissant derrière elle. Je vais prendre un bon long bain.
— Bonne idée, dit-elle. Repose-toi.
Daniel travaillait si dur en ce moment, essayant de subvenir aux besoins de la famille. Elle ne voulait pas qu’il se blesse comme son patron Jack l’avait fait récemment. Ce serait un désastre. Il fallait qu’il prenne soin de lui.
Il l’embrassa sur la joue, puis monta, passant Amy et Chantelle en chemin.
— Allez, maman ! gémit Chantelle. Tu dois aider aussi !
Emily avait commencé à se sentir très fatiguée à ce stade avancé de sa grossesse. Mais elle ne voulait pas décevoir Chantelle. Elle regarda Patricia, qui feuilletait un magazine de design tout en sirotant son chocolat.
— Maman ? Tu veux aider aussi ?
Patricia eut l’air surpris.
— Oh. Eh bien. J’imagine que je pourrais.
Emily souriait, silencieusement très contente que sa mère se joigne à elles. Elle se tourna vers Chantelle.
— On arrive !
Puis elle et Patricia sortirent dans le couloir et fouillèrent dans le sac d’Amy. Emily en sortit quelques guirlandes scintillantes et commença à les enrouler autour de la rampe de l’escalier, tandis que Patricia choisissait quelques matériaux étincelants et les drapait artistiquement autour des cadres des tableaux. C’était un moment si merveilleux pour Emily, plein de paix et de bonheur.
— Quand est-ce que tu vas te marier, Amy ? demanda Chantelle en collant des flocons de neige sur les murs avec de la Patafix.
— Je n’ai pas encore fixé la date, lui dit Amy en souriant. Je ne sais pas en quelle saison je veux que mon mariage ait lieu. Ni même dans quel pays.
Les yeux de Chantelle s’écarquillèrent comme si l’idée d’un mariage à l’étranger ne lui avait jamais traversé l’esprit.
— Tu pourrais te marier en Laponie ! Avec des rennes et de la neige blanche !
Amy rit.
— Je pensais plutôt aux Bahamas. Avec des tortues… et une plage blanche.
— Ça aussi, ça a l’air sympa, avoua Chantelle.
— Si tu as besoin d’aide pour l’organiser, dit Emily. Je serais très heureuse de vous aider. Tu as été si géniale avec mon mariage que j’adorerais te rendre la pareille.
Amy eut l’air touchée.
— Vraiment, Em ? Ce serait génial. Mais honnêtement, c’est toi qui as une tonne de choses à organiser avant même que je sois prête à me marier. Tu dois accoucher, pour commencer ! Et pour la lune de miel prénatale ? Vous manquez de temps.
Emily rit et secoua la tête.
— Pas toi aussi ! Une lune de miel prénatale ? Mon médecin nous a demandé si nous allions en faire une. C’est nouveau, ça ?
— C’est quoi une lune de miel prénatale ? intervint Chantelle.
Amy avait l’air choquée.
— Je n’arrive pas à croire qu’aucune de vous n’en ait entendu parler. Une lune de miel prénatale est la dernière chance pour la maman et le papa d’être en vacances avant que les exigences du bébé ne prennent tout leur temps.
— Je n’ai jamais rien entendu d’aussi dorloteur, dit Patricia en reniflant.
Ignorant sa mère, Emily remarqua que Chantelle semblait un peu inquiète à l’idée qu’elle et Daniel partent pour un week-end. Elle avait toujours une hésitation quand ils la quittaient, car ses terribles débuts dans la vie lui avaient enseigné que quand les gens partaient, ils ne revenaient pas nécessairement à la maison. Il était si dur d’essayer de réparer les dégâts causés par l’éducation de Sheila.
— Ne t’inquiète pas, chérie, lui dit Emily. Je ne peux plus prendre l’avion, donc ça ne servirait pas à grand-chose.
— Emily ! s’écria Amy, incrédule. Le fait est que Daniel et toi avez une dernière chance pour un voyage romantique ensemble. Vos vies sont sur le point de changer pour toujours. Tu ne veux pas d’un dernier hourra ? Ce n’est pas comme si vous étiez obligés d’aller loin. Vous pourriez vous rendre à Québec en voiture. C’est magnifique à cette époque de l’année.
Pour la première fois, Emily commença vraiment à se demander si une lune de miel prénatale serait amusante. Juste elle et Daniel, tout le stress de la gestion de leur entreprise et toute l’anxiété de l’accouchement laissés derrière eux.
— Tu ne trouves pas que ça tombe un peu juste ? dit Emily. Je dois accoucher dans trois semaines.
— Et seulement 20% des bébés naissent à la date prévue, répondit Amy.
— Tu étais en retard, au fait, Emily, lui dit Patricia. Tout comme Charlotte. Moi aussi. Si tu es comme moi, elle sera en retard. Avec vous deux, j’étais à 42 semaines plus 7 jours.
— Non ! s’exclama Emily. Elle n’en avait jamais été informée. Ça a l’air extrêmement peu agréable.
— Pas du tout, répondit Patricia. Ton corps sait ce qu’il veut. Tu dois lui faire confiance.
— Je ne savais même pas que l’on pouvait être autant en retard, dit Amy.
Patricia acquiesça.
— De mon temps, on évitait de déclencher l’accouchement si on le pouvait, et on laissait la nature faire son œuvre. C’est plus courant qu’on ne le pense. Certains bébés mettent plus de temps à cuire.
Amy et Chantelle rirent alors, mais Emily se sentait nauséeuse à cette idée. La grossesse était difficile ! Elle ne voulait pas que ça dure plus longtemps que nécessaire ! Mais peut-être sa mère avait-elle raison. Les générations plus âgées étaient beaucoup moins dorlotées et moins exigeantes. Ils n’avaient pas de lune de miel prénatale ou quoi que ce soit de ce genre. Parfois, la voie pragmatique et sans histoires était meilleure.
Ils achevèrent de décorer les couloirs et entrèrent dans la salle à manger ensuite, où ils placèrent des flocons de neige scintillants sur toutes les tables et remplacèrent les centres de table à thème automnal par ceux de l’hiver. C’était magnifique, et Emily était encore plus excitée pour Noël.
Mais l’excitation ne suffit pas à l’empêcher de bâiller. Le travail de décoration était plutôt éprouvant et elle n’avait tout simplement pas tant d’énergie ces jours-ci.
— Je vais devoir m’arrêter un peu, avoua-t-elle. Si j’essaie de faire la salle de bal, je pourrais m’endormir !
Elle remarqua alors qu’Amy et Chantelle échangeaient des regards malicieux.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle en posant les mains sur ses hanches.
— Rien, dit Amy d’un ton qui suggérait le contraire.
— Est-ce qu’on peut lui montrer ? demanda Chantelle à Amy.
— C’est à toi de voir. C’est toi qui voulais que ce soit une surprise.
— Me montrer quoi ? s’exclama Emily.
Mais Chantelle et Amy ne faisaient que se parler entre elles. Elle s’impatientait.
— Les filles, je veux savoir quelle est la surprise ! s’écria-t-elle.
— D’accord, dit Chantelle. Viens avec moi.
Elle lui prit la main et la conduisit dans le couloir au plafond bas qui s’ouvrait sur la salle de bal. Mais au lieu de marcher tout droit, elle tourna à droite, le long du passage encore plus petit qui serpentait jusqu’aux appentis et au garage. Elles s’arrêtèrent à l’une des portes.
Emily fronça les sourcils, curieuse.
— Nous ne savions pas où nous pouvions faire ça, lui dit Chantelle. Parce qu’on ne voulait pas prendre une des chambres de l’auberge. Puis Amy m’en a suggéré une dans les appentis à l’extérieur. Alors… Elle fit une pause pour un effet dramatique, puis ouvrit la porte.
Emily cligna des yeux, puis haleta. La petite pièce avait été complètement transformée. Au lieu de murs en briques apparentes, ceux-ci avaient été plâtrés et peints en jaune. Au lieu du sol en ciment, on avait posé du vinyle et, par-dessus, un tapis duveteux. La pièce était remplie de lumières – des veilleuses, des guirlandes et des lumières musicales qui projetaient des étoiles sur les murs.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Emily, stupéfaite.
— C’est la salle de jeux ! s’exclama Chantelle.
Amy prit alors la parole.
— Nous avons pensé que ce serait bien pour les filles d’avoir un endroit pour jouer à l’écart du reste de l’auberge. Un endroit où elles pourraient faire autant de bruit qu’elles le voudraient sans déranger les clients. Et un endroit où ranger leurs jouets pour qu’ils ne finissent pas éparpillés partout.
Emily était si touchée. La pièce était adorable. Il ne restait plus qu’à la remplir de jouets !
— Je l’adore, merci beaucoup les filles, dit-elle en embrassant Amy et Chantelle tour à tour.
Elles retournèrent dans le salon pour qu’Emily puisse se reposer avant que le reste du travail de décoration ne commence. Puis, une fois qu’elle se sentirait revigorée, elles s’attelleraient à la tâche colossale de décorer la salle de bal.
— Tu sais qu’il manque quelque chose, dit Emily, une fois qu’elle eut accroché les dernières guirlandes lumineuses.
— Quoi ? demanda Chantelle.
— Un sapin de Noël ! s’écria Emily.
Les yeux de Chantelle s’écarquillèrent, excités.
— Bien sûr. Mais il nous en faut plus d’un, non ? Il nous en faut un pour la salle de bal et un pour le couloir. Et un pour chez Trevor. Et le spa. Et le restaurant.
— On dirait qu’il va falloir une forêt entière, plaisanta Amy.
— Et si on y allait tous demain ? suggéra Emily. Yvonne m’a parlé d’une magnifique pépinière de sapins en dehors de la ville. Ce n’est pas celle de l’année dernière, celle-là est censée être énorme. On pourrait y passer la journée ?
— Mamie Patty peut venir aussi ? demanda Chantelle.
Emily secoua la tête.
— Elle part aujourd’hui, dit-elle.
L’expression de Chantelle se fit triste. Emily détestait la voir triste.
— Pourquoi tu ne lui demandes pas ? lui suggéra-t-elle.
Patricia l’avait surprise récemment. Peut-être resterait-elle dans les parages s’ils disaient clairement qu’ils le souhaitaient aussi.
Chantelle bondit hors de la salle de bal et fonça dans le couloir jusqu’à l’endroit où Patricia se détendait dans le salon.
— Mamie Patty ! cria Chantelle, sa voix assez forte pour porter jusqu’à Emily, qui se dandinait à travers la maison en essayant de la rattraper. Tu peux venir avec nous choisir les sapins de Noël demain ?
Emily entra dans le salon, juste au moment où Patricia secouait la tête.
— J’ai réservé un vol pour rentrer chez moi, dit Patricia. Il part ce soir.
— S’il te plaît, dit Chantelle. Elle grimpa sur le canapé à côté de Patricia et lui passa les bras autour du cou. Je veux vraiment, vraiment que tu restes.
Patricia avait l’air stupéfaite par cette démonstration d’affection. Elle tapota le bras de Chantelle et leva les yeux vers Emily, debout sur le seuil. Emily sourit, touchée par la douce scène, par tout l’amour que Chantelle avait à donner, même à ceux qui s’étaient comportés d’une manière qui aurait dû l’en dissuader. Sa capacité à pardonner et sa gentillesse inspiraient toujours Emily.
— Eh bien, je ne veux pas gêner, dit Patricia en parlant à Chantelle, mais en dirigeant ses paroles vers Emily.
— Tu ne gênes pas, dit Emily. Nous avons adoré t’avoir ici. Et ce n’est pas comme si l’auberge était occupée en ce moment. C’est le moment idéal pour rester. Si tu veux.
— S’il te plaît ! supplia Chantelle.
Finalement, Patricia sourit.
— D’accord. Je vais rester et vous aider à choisir un sapin.
Emily pouvait voir que Patricia était touchée d’être invitée, d’être accueillie après tous ses mauvais comportements et les terribles disputes qu’elles avaient eues. Emily fut alors envahie par la reconnaissance, réalisant que la vie pouvait toujours changer pour le mieux. Il semblait que l’on n’était jamais trop vieux pour ressentir la joie de Noël pour la première fois !