Kitabı oku: «Pour L’Eternite, Plus Un »
POUR L’ÉTERNITÉ, PLUS UN
(L’HÔTEL DE SUNSET HARBOR – TOME 6)
S O P H I E L O V E
Sophie Love
Fan depuis toujours du genre romantique, Sophie Love est ravie de la parution de sa première série de romance : Maintenant et à tout jamais (L’Hôtel de Sunset Harbor – tome 1).
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les évènements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
Image de couverture : Copyright Phase4Studios, utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.
LIVRES PAR SOPHIE LOVE
L’HÔTEL DE SUNSET HARBOR
MAINTENANT ET À TOUT JAMAIS (Tome 1)
POUR TOUJOURS ET À JAMAIS (TOME 2)
À TOUT JAMAIS, AVEC TOI (Tome 3)
SI SEULEMENT C’ÉTAIT POUR TOUJOURS (Tome 4)
POUR L’ÉTERNITÉ, ET UN JOUR (Tome 5)
POUR L’ÉTERNITÉ, PLUS UN (Tome 6)
POUR TOI, POUR TOUJOURS (Tome 7)
LES CHRONIQUES DE L’AMOUR
L’AMOUR COMME CI (Tome 1)
L’AMOUR COMME ÇA (Tome 2)
UN AMOUR COMME LE NOTRE (Tome 3)
TABLE DES MATIERES
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
ÉPILOGUE
CHAPITRE UN
Le brouhaha du yacht-club animé parut s’évanouir tandis qu'Emily entendait sa propre voix répéter les mots qu'elle venait de prononcer.
— Je suis enceinte.
En face d'elle, Daniel et Chantelle arboraient tous deux une expression de surprise identique. Aucun d’eux ne prononça un mot. Emily elle-même se sentait trop abasourdie pour dire autre chose. Cela ne faisait qu'une minute ou deux que le test de grossesse qu'elle avait réalisé dans les toilettes du yacht-club lui avait révélé sa nouvelle réalité. Elle ne l’avait pas encore convenablement assimilé.
Ce fut Chantelle qui finalement brisa le silence. Pas avec des mots, mais avec un cri de joie. Son exclamation joyeuse parut sortir Daniel de sa transe. Il tendit la main par-dessus la table et attrapa celle d'Emily. Des larmes brillaient dans ses yeux.
— Vraiment ?
Les yeux plongés dans ceux de Daniel, Emily hocha de la tête. Une vague d'émotions l’envahit. Ce n'était désormais plus seulement le choc, mais l'excitation, le ravissement, la joie. Il y avait un bébé qui grandissait en elle ! Elle allait avoir son propre enfant ! Elle et Daniel avaient créé une nouvelle vie ensemble. Leur amour et leur engagement leur avaient apporté ce merveilleux moment de bonheur.
Chantelle commença à s’agiter sur son siège.
— Je vais devenir grande sœur ! cria-t-elle.
Le moment intense partagé par Emily et Daniel se dissipa quand ils furent ramenés dans l’instant présent par l'exubérance de Chantelle. Ils rirent tous les deux et Emily acquiesça pour confirmer ses dires.
— Quand le bébé va-t-il naître ? demanda Chantelle avec impatience.
Emily haussa les épaules, luttant toujours pour accepter sa nouvelle réalité.
— Je ne sais pas encore.
Elle compta dans sa tête, essayant de déterminer quand elle avait pu concevoir. Le bébé, bien que voulu, n’avait pas été prévu. Un heureux accident s'était produit à un moment ou un autre.
Emily pensa à toutes les crises qu’elle avait eues récemment, celles qu'elle avait mis sur le compte du stress, et les nombreuses nausées qu'elle avait supposé être de l'anxiété. Auraient-elles pu être les premiers signes d’une grossesse ? Elle avait été tellement débordée ces derniers temps – avec le mariage, l'adoption, son père et Roman Westbrook – qu'elle n'avait même pas réalisé que ses règles étaient en retard. En y réfléchissant, elle réalisa qu'elle les avait eues une la semaine avant de se marier. Des semaines auparavant. Si elle était tombée enceinte lors de leur lune de miel, elle est peut-être déjà à la moitié de son premier trimestre !
— Nous devrons parler au médecin, expliqua Emily à Chantelle. Ils vont pouvoir calculer depuis combien de temps je suis enceinte et me dire la date.
— Il faudra encore beaucoup de mois ajouta Daniel. Alors tu devras être patiente.
Rester patiente semblait être la dernière chose que Chantelle pouvait faire.
— Est-ce qu'on peut faire un calendrier ? demanda-t-elle, les yeux grands ouverts et pétillants. Pour que nous puissions compter les jours ?
Emily rayonnait, touchée par l'enthousiasme de Chantelle. Ça a l'air adorable dit-elle.
— On peut le faire vraiment grand ? poursuivit Chantelle. Aussi grand qu'un mur entier ? Elle étira les bras aussi loin qu'elle le pouvait.
Emily acquiesça.
— D'accord !
— Avec les couleurs de l'arc-en-ciel ?
— Si tu veux !
— Et des paillettes ?
Emily rit. Ça a l'air génial.
C'était un tel soulagement de savoir que Chantelle était heureuse pour elle. La grossesse de Sheila avait provoqué toute une série d'émotions chez Chantelle, aggravée par le fait que son ami d'école, Toby, allait aussi bientôt être grand frère. Emily avait été un peu inquiète que Chantelle puisse se rebeller en réaction à la nouvelle. Mais jusque là, elle semblait n’être rien d'autre qu'excitée. Emily prit note pour elle même d’en informer sa maîtresse, mademoiselle Glass, et Gail, la conseillère scolaire, au cas où Chantelle ait une réaction négative à retardement.
L'expression de Daniel devint sérieuse pendant un instant. Chantelle, est-ce que tu pourras n’en parler à personne ? demanda-t-il.
Elle le regarda et fronça les sourcils, retombant visiblement comme un soufflé.
— Pourquoi pas ?
Emily savait pourquoi Daniel voulait garder cela secret pour le moment. Elle n’avait pas encore passé le crucial premier trimestre. C'était sa première grossesse et elle était une mère âgée. À trente-six ans, elle entrait dans la catégorie horriblement nommée “grossesse gériatrique”. Ses chances de fausse couche étaient plus élevées que la moyenne. Cette idée provoqua un élan de peur qui la bouleversa.
— Pour que nous puissions garder notre secret de famille spécial Morey dit Emily en lui tapotant le nez. Ça le rendra plus amusant.
Daniel leva les yeux, son expression se détendit quelque peu, vraisemblablement grâce à la façon dont Emily gérait cette situation légèrement délicate.
Le froncement de sourcils de Chantelle se transforma en suspicion. Puis il disparut aussi vite qu'il était venu.
— D'accord ! dit-elle en levant les sourcils, soudain d’accord. Mais alors, qu'en est-il de Papa Roy ? Il est de la famille, mais c'est un Mitchell, pas un Morey.
Emily réfléchit à sa question pendant un moment. Et son père ? Devrait-elle le lui dire avant la fin du premier trimestre ? Devrait-elle en parler à quelqu'un ? Elle aurait besoin d'un soutien émotionnel, c'était certain. Elle ne savait pas qui serait le mieux placé pour le lui fournir. Son père venait juste de revenir dans sa vie, après tout. Elle ne savait pas comment il allait gérer le fait de s’habituer à être père, beau-père et grand-père d'un seul coup !
— Peut-être un peu plus tard dit-elle à Chantelle. Pour l'instant, gardons ça juste entre nous trois. D'accord ?
Chantelle mima de se zipper les lèvres. Tout le monde rit.
Par-dessus la table, Daniel tendit de nouveau la main vers celle d’Emily. Il la serra fort, ses yeux la dévisageant avec adoration, et articula silencieusement les mots “Je t'aime”.
Emily sourit en son for intérieur et les articula en retour. Ce moment était si parfait, si beau. Elle se sentait heureuse que sa vie ait finalement pris un tour si parfait.
*
Cette nuit-là, Emily et Daniel étaient couchés ensemble dans leur lit.
— Je ne peux pas dormir avoua Emily, roulant sur le côté pour le regarder.
Sous les couvertures, elle sentit la main de Daniel se déplacer de façon protectrice sur son ventre.
— Je me demande pourquoi dit-il avec un petit rire.
Emily posa sa main sur la sienne. Je sais, je n’arrive pas à croire que c'est réel. Peut-être qu'une fois que j'aurais vu un médecin, que j'aurais passé une échographie, j’y croirai.
— Une échographie répéta Daniel avec émerveillement. Je n'ai jamais eu la chance de faire ça avec Chantelle.
Emily se sentit désolée pour lui. Daniel avait manqué une si grande partie du début de la vie de Chantelle, y compris sa naissance. Les choses allaient être si différentes cette fois-ci. Il vivrait chaque instant de la vie de leur bébé, toutes les premières choses ; premier sourire, premier éternuement, premier pas. Cette idée lui réchauffa le cœur.
— Alors, quand allons-nous voir notre bébé ? demanda Daniel. Quand est la première échographie ?
— Douze semaines, je pense dit Emily, réalisant qu'elle-même ne savait pas grand-chose de ce qui se passait. Ils devraient en apprendre plus sur sa grossesse ensemble. Je saurai où j’en suis quand je verrai la docteure.
— Tu penses que tu es tombée enceinte pendant notre lune de miel ? demanda Daniel.
— J'espère, répondit Emily avec un sourire. Elle se souvenait de leurs ébats en détail, et savait que le temps qu'ils avaient passé ensemble pendant leur lune de miel ne serait jamais oublié.
Daniel se tut alors.
— Qu’est-ce que nous devrions faire pour l’annoncer aux gens ? Aux amis. Au personnel. Puis plus doucement, il ajouta, aux mères.
Emily soupira. Elle avait aussi ressassé cette question. Aucune de leurs mères n’était réellement impliquée dans leur vie. Toutes deux avaient des personnalités difficiles, toutes deux avaient déçu leurs enfants dans le passé. Elles échoueraient probablement à être grand-mères, aussi. Si elles n’avaient pas pu mettre de côté leurs problèmes pour assister au mariage de leurs enfants, quel espoir y avait-il pour qu’elles jouent un rôle actif dans la vie de leurs petits-enfants ?
— Ne pensons pas à elles pour l'instant dit Emily. Je veux rester heureuse pour au moins quelques semaines. Pouvons-nous faire ça ?
Daniel acquiesça et tourna son visage vers le plafond. Emily pensait qu'il avait l’air un peu effacé, réservé. Elle espérait que c'était juste en raison du problème de leurs mères et rien de plus. Mais elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter qu'il puisse y avoir autre chose. Peut-être que la nouvelle de sa grossesse n'était pas tout à fait la bienvenue pour Daniel. Il voulait qu’ils s’organisent ensemble pour leur enfant, après tout. Peut-être était-il déçu que cela les ait pris au dépourvu ?
Emily décida de ne pas le pousser à s'expliquer. Daniel, espérait-elle, viendrait à elle en temps venu pour partager les préoccupations qu’il pouvait avoir. Ce n'était pas comme si elle-même n'était pas nerveuse à propos de sa capacité à élever un enfant, ou la santé de ce dernier, ou l'avenir, ni même sur l'état du monde dans lequel il allait bientôt naître ! Il y avait un million de choses pour lesquelles s'inquiéter à présent. Il leur faudrait du temps à tous les deux pour se faire à l’idée.
Elle se blottit sous les couvertures, son esprit continuant à être en alerte, imaginant ce que l'avenir pourrait lui réserver. Un fils ou une fille ? Des cheveux blonds comme Chantelle ou foncés comme les siens ? Comment l'appelleraient-ils ? Quelle pièce devraient-ils utiliser comme chambre d’enfant ? Il y avait tellement de choses auxquelles penser.
Elle prit une profonde inspiration, essayant de se calmer. Mieux valait voir au fur et à mesure. La première chose à faire était d'obtenir un rendez-vous avec le gynécologue-obstétricien.
CHAPITRE DEUX
Emily se sentait aussi nerveuse qu’un enfant pour son premier jour d'école quand elle s’assit sur le lit dans le cabinet de l'obstétricienne, laissant ses jambes se balancer sous elle. Daniel avait l’air tout autant dépassé quand il s’installa sur la chaise en plastique à côté d'elle. Il y avait des diplômes médicaux encadrés sur les murs vert menthe, des affiches colorées montrant les différentes phases de la grossesse et l'odeur désagréable de désinfectant qui persistait dans l'air. Emily réalisa qu'elle allait devoir s'habituer à cet environnement. Au cours des prochains mois, elle allait sentir beaucoup de produits antiseptiques !
La porte s'ouvrit et laissa entrer la docteure Rose Arkwright. Sur une première impression, Emily pensa qu'elle était habillée très élégamment, plus comme une avocate que comme une médecin. Ce n'étaient vraiment que les chaussures confortablement plates, la blouse blanche de docteur, et le stéthoscope autour de son cou qui la trahissaient.
Elle leur sourit en posant son presse-papier à côté de son ordinateur et s'assit à son bureau.
— Monsieur et madame Morey ? demanda-t-elle en s'adressant à tous les deux. Tout d'abord, puis-je vous féliciter.
Elle avait un sourire chaleureux, remarqua Emily, et elle leur serra la main avec fermeté et assurance. Emily eut la nette impression que la docteure Arkwright était une personne intelligente et pragmatique. Elle avait le sentiment d’être entre de très bonnes mains.
— Merci, dit Daniel en souriant timidement. Nous sommes aux anges.
Emily était contente de l'entendre dire. Elle n'était pas tout à fait sûre de ce qu'il ressentait puisqu’il avait semblé être partagé par la stupéfaction et le stress la veille.
— Si nous allions droit au but ? dit la docteure Arkwright. Elle retourna la première feuille et regarda Emily. J'ai bien peur de devoir prendre beaucoup de notes détaillées pour commencer. Formulaires, formulaires et plus de formulaires.
— Pas de problèmes dit Emily. Allez-y.
— La première chose que nous devons bien sûr déterminer est de savoir où vous en êtes. Vos règles sont-elles habituellement régulières ?
Emily acquiesça. Mes dernières ont eu lieu juste avant notre mariage. Donc ça fait environ huit semaines.
— Donc, ce pourrait être un bébé de lune de miel ? dit la docteure Arkwright avec un sourire. Comme c'est romantique.
Emily rougit.
La docteure Arkwright poursuivit. La façon dont nous déterminons le terme est initialement de considérer qu’il sera entre trente-quatre et quarante-deux semaines après la fin des dernières règles. Donc pour le moment nous parlons du onze décembre.
Emily et Daniel se regardèrent l'un l'autre, les yeux grands ouverts. Si proche de Noël !
— Puis quand vous passerez votre première échographie et que le bébé sera mesuré, cela pourra être légèrement ajusté ajouta la docteure. Pouvez-vous me dire quels symptômes de grossesse vous avez eus et depuis combien de temps ?
— Elle se sentait nauséeuse et faible expliqua Daniel. Juste après le mariage, n'est-ce pas ? Il regarda Emily pour avoir confirmation.
— Je pensais que c'était le stress dit-elle. Il se passait beaucoup de choses dans nos vies à ce moment-là.
La docteure Arkwright acquiesça. Ce sont les deux symptômes les plus communs à avoir tôt. Et souvent confondus avec le stress. Pas d'évanouissements, cependant. Vous vous sentiez juste vaseuse ?
— Oui dit Emily.
la docteure Arkwright prenait des notes en parlant. Bien. Ce n'est pas dangereux pour le bébé si vous vous évanouissez car il est trop petit pour le moment et dans un sac liquide protecteur. Mais pour vous, cela peut évidemment être un peu inquiétant, surtout si vous heurtez quelque chose en tombant. Gardez un œil sur cela à l'avenir. Il est probable que cela se résolve au cours des prochaines semaines, mais pour certaines femmes, les symptômes persistent. Si vous êtes naturellement enclin à une pression artérielle basse, cela pourrait continuer au second trimestre. Donc, assurez-vous de vous ménager. Levez-vous lentement. Mangez régulièrement. Le mieux est de garder une banane dans votre sac à main. Et un sac de noix.
— Bien sûr dit Emily en acquiesçant, elle commençait déjà à se sentir un peu dépassée. Elle aurait aimé prendre des notes et espérait que Daniel retenait toutes les choses qu'elle était trop bouleversée pour absorber.
— Bien et si nous vous jetions un coup d’œil dit la docteure Arkwright en se levant.
Emily tourna ses jambes afin d’être allongée à plat sur le lit. Daniel se leva et hésita à côté d'elle. La docteure Arkwright enfila des gants en latex.
— J'ai l'impression d'avoir été enlevée par des extraterrestres dit Emily en regardant son auditoire.
Daniel rit.
— Oui, vous serez plus examinée pendant les prochains mois que jamais dans votre vie dit la docteure Arkwright. À la fin, vous n'aurez aucune hésitation à vous déshabiller devant les gens. Les complexes physiques partent en fumée.
— J'attends ce moment avec impatience dit Emily, sentant ses joues se réchauffer en rougissant.
La docteure Arkwright examina le bassin et l'abdomen d'Emily, la rotation de ses hanches et sa souplesse articulaire en général. Elle bougeait habilement ses doigts, vérifiant presque chaque centimètre du corps d'Emily. Emily avait l’impression d’être une boule de pâte en train d’être malaxée.
— Je vais demander des tests sanguins expliqua la docteure pendant qu’elle travaillait. Pour connaître votre groupe et votre facteur rhésus. Nous vérifierons également l'anémie, certains anticorps et nous assurerons que vous êtes immunisé contre tous les grands virus comme la varicelle, la rubéole, l'hépatite.
Les tests sanguins n'étaient pas exactement ce qu’Emily préférait le plus au monde. L'idée de devoir passer tant de tests la rendait encore plus anxieuse.
— C'est votre première grossesse, n'est-ce pas madame Morey ? demanda la docteure en posant un stéthoscope froid contre la poitrine d'Emily.
Emily hocha de la tête. Oui.
— Des problèmes gynécologiques antérieurs ? Des frottis anormaux ? Des infections sexuellement transmissibles ? Quelque chose comme ça ?
Emily secoua la tête et se demanda si cela aurait été mieux pour Daniel de ne pas être venu à ce rendez-vous-là. Elle avait naïvement pensé que des questions aussi délicates ne seraient pas posées immédiatement. Elle allait devoir s'habituer à devoir tout révéler à propos de son corps désormais. Rien ne serait hors limites !
La docteure Arkwright retira son stéthoscope et le remit autour de son cou.
— Maintenant, en raison de votre âge avancé expliqua-t-elle, son attention tournée vers l'abdomen d'Emily, il est un peu plus important de prendre les bonnes vitamines, de dormir suffisamment et de réduire votre niveau de stress au minimum absolu. Ce sont des choses que nous recommanderions aux femmes enceintes, quel que soit leur âge, mais pour vous c'est un peu plus important.
— Devrions-nous être inquiets ? demanda Daniel. À propos de l'âge d'Emily ?
Emily fronça les sourcils vers lui. Avec son ventre exposé et tous deux qui la regardaient comme un spécimen, elle se sentait vulnérable et un peu à leur merci. Elle pouvait supporter que le médecin fasse référence à son âge, mais pas Daniel !
la docteure Arkwright regarda brièvement Daniel et secoua la tête. Il est beaucoup plus courant que les femmes délaissent la fondation de leur famille jusqu’à la fin de la trentaine et le monde médical rattrape son retard. Ce n'est pas autant un problème que par le passé. Vraiment le principal obstacle est la fécondité, ce qui n'est clairement pas un problème dans ce cas. Il y a un risque légèrement plus élevé de diabète gestationnel, de problèmes de tension artérielle, de naissance prématurée. Mais vous êtes entre de bonnes mains.
Emily avait l'impression certaine d'être entre de bonnes mains. Elle aurait simplement aimé qu'il n'y ait pas autant de tests à faire. Tout cela paraissait un peu impersonnel. Clinique. Elle n'aimait pas se sentir juste comme une machine à fabriquer des bébés et serait très heureuse quand cette évaluation initiale serait terminée.
La docteure Arkwright enleva ses gants. Tout est terminé. Vous êtes en bonne santé, donc rien d'inquiétant de ce côté-là. S'il vous plaît, prenez une chaise et nous allons rapidement parcourir vos antécédents médicaux.
Emily s'assit et adressa un faible sourire à Daniel, pas tout à fait prête à lui pardonner son commentaire sur son âge. Elle réarrangea ses vêtements et remit ses chaussures, puis s'assit. La docteure Arkwright se lava les mains et vint s'asseoir sur sa chaise, en se tournant vers son ordinateur. Elle prit un moment pour lire ce qu’il y avait à l'écran.
— Vous avez un bon bilan de santé dit-elle en parcourant les données. Scarlatine dans l'enfance sans séquelles persistantes. Non-fumeur, ce qui me plaît beaucoup. Pas de problèmes de santé particuliers. Rien de chronique. Aucune utilisation de médicaments en cours. Un taux d'alcool légèrement plus élevé que ce que j'aimerais voir, mais vous allez complètement arrêter ça pour les prochains mois. Elle se retourna et regarda Emily.
— Nous allons tous les deux arrêter, dit Emily.
— Je ne pensais pas que ce serait juste autrement, dit Daniel. Surtout parce que nous avons un bar avec un barman qui est incomparable !
La docteure Arkwright sourit. Puis elle posa ses avant-bras sur la table et regarda Emily d'un air sérieux.
— Maintenant, c’est peut-être un peu délicat à discuter, mais je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que sur vos formulaires d'inscription, vous avez coché la case pour les antécédents familiaux de problèmes mentaux. Si vous êtes à l'aise pour le faire, j'aimerais que vous en disiez un peu plus sur ces antécédents. C’est entièrement pour votre intérêt, personne ne juge ici, c'est juste pour s'assurer que nous gardons un œil sur le bon genre de choses pendant que vos hormones changent tout au long de la grossesse.
Emily serra les mains sur ses genoux, se sentant instantanément mal à l'aise. Parler de son éducation chaotique était la chose qu’elle aimait le moins faire, surtout à une étrangère, même si cette étrangère était une médecin qui avait probablement déjà tout entendu avant et voulait juste aider.
Daniel tendit la main et toucha celle d'Emily pour la rassurer. Épaulée par sa présence, Emily prit une profonde inspiration.
— Mon père a traversé une longue, longue période de dépression dit finalement Emily, la voix faible. Pendant des dizaines d'années. C'était suite à la mort de ma sœur.
La docteure Arkwright hocha de la tête et garda une expression neutre pendant qu'elle inscrivait l'information sur son formulaire. Et votre mère ?
— Ma mère ? Emily secoua la tête. Je ne sais même pas ce qui ne va pas chez elle pour être honnête avec vous. Ça pourrait être quelque chose de psychiatrique. Mais encore une fois, il se peut qu’elle soit juste une personne difficile.
— Elle n'a pas été évaluée ou diagnostiquée de quoi que ce soit ?
Emily secoua la tête. Elle se sentait très mal à l'aise maintenant. Parler de ce genre de choses la faisait toujours se sentir un peu paniquée. Mais la docteure Arkwright ajouta l'information à ses formulaires, n'agissant aucunement comme si la confession d'Emily était quelque chose pour laquelle s'inquiéter.
— Et qu’en est-il de vous ? dit-elle doucement. Avez-vous déjà rencontré des problèmes en grandissant ?
Emily haussa les épaules.
— Je ne pense pas. Je veux dire, j’étais dévastée après la mort de Charlotte. Et après que mon père… Elle s'arrêta de parler pour recueillir ses pensées. Après un souffle, elle reprit. Il y a eu des moments vraiment éprouvants dans ma vie. Je ne sais pas si je les ai bien affrontés à l'époque. Cela m'a pris des années pour seulement faire face à tout ça. Puis, quand j'ai commencé, tout m’est revenu dans des flash-back effrayants.
Le pouce de Daniel caressa le haut de sa main, où il se trouvait. Elle s’enfermait dans sa bulle de temps en temps ajouta-t-il. Comme si elle était dans la lune. Mais ça arrive beaucoup moins maintenant.
La docteure Arkwright resta très professionnelle pendant qu'ils parlaient, recueillant les confessions d'Emily avec rien de plus qu'un hochement de tête compatissant. On dirait que vous avez peut-être montré de légers symptômes de stress post-traumatique dit-elle.
Emily se sentit effrayée. Cela semblait si dramatique. Pour elle, cela avait juste été quelque chose qu'elle avait traversé, une sorte d’issue naturelle pour avoir touché des souvenirs qu'elle avait refoulés pendant tant d'années.
— S'il vous plaît, ne vous en faites pas la rassura la docteure. C’est beaucoup plus commun que les gens ne le croient, en particulier lorsque les traumatismes surviennent dans l'enfance. Quand nous n'avons pas le langage pour exprimer nos émotions ou même les cataloguer correctement, le refoulement devient un mécanisme de défense naturel. La chose importante à noter maintenant est que vous pourriez avoir un risque légèrement plus élevé de dépression ou de psychose pré- ou postnatale. Encore une fois, ça a l’air dramatique, mais c’est très bien traité de nos jours, grâce à une aide psychologique et des médicaments si nécessaire. Tant que nous gardons un œil sur vos symptômes, il n'y a absolument rien à craindre.
Emily hocha de la tête et laissa échapper son souffle. La docteure Arkwright était très rassurante, mais en même temps, elle éprouvait un désagréable sentiment d’anticipation quant à ce qui pourrait l’attendre. Ces choses n’étaient jamais évoquées. Pas parmi ses amis ni la génération de sa mère. Elle ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter d'avoir une plus grande chance de vivre quelque chose qui était si mal compris.
La docteure Arkwright sourit et tendit une feuille de papier glacé pliée à Emily. Voici un dépliant détaillant l’alimentation, les vitamines, l'exercice, les choses à faire et à ne pas faire en voyage, etc. Prenez le temps de le lire et faites-moi savoir si vous avez des questions lors de notre prochaine rencontre. Je vais aussi vous donner une ordonnance pour des vitamines prénatales, qui sont très importantes. Nous allons prendre un rendez-vous pour une échographie dans quatre semaines, afin que vous puissiez voir votre bébé.
Elle se tourna vers l'ordinateur et prit rendez-vous pour une échographie. Puis elle se retourna. C'est tout pour le moment. Je vous promets que les suivis ne prendront pas aussi longtemps.
Elle se leva et tendit la main à Emily. Emily se leva, serra la main du docteur, et Daniel fit de même. On aurait dit que le rendez-vous avait été si rapide, et qu'il s’était terminé en un éclair, même s'ils étaient là depuis longtemps. Emily n'avait aucune idée de ce qu’elle avait réussi à absorber parmi les éléments qu'elle venait d'entendre. Elle avait l’impression que ce n’était presque rien.
Ils quittèrent le cabinet du médecin et sortirent ensemble sous le jour radieux.
— Est-ce que tu as retenu quelque chose de ça ? demanda Emily à Daniel tandis qu'ils se dirigeaient vers l'endroit où la voiture était garée.
— Pas vraiment avoua-t-il. Il y avait tellement d'informations.
Pendant qu’ils marchaient, Emily étudia son visage. Il avait l'air stressé et elle se demandait quelle partie du rendez-vous l'avait le plus inquiété. Ses préoccupations sur santé liées à l'âge ? Son risque potentiellement élevé de dépression post-partum ? Ou juste le fait qu'il n'ait pas mémorisé chaque mot du médecin ?
— Tout est dans la brochure, le rassura-t-elle. Nous pouvons la lire encore et encore. Tous les soirs avant de nous coucher, si tu veux.
Elle rit, essayant de détendre l’atmosphère. Bien que Daniel hocha de la tête, il avait toujours l'air tendu, le regard quelque peu au loin. Emily voulait lui demander ce qui lui passait par la tête, pour savoir avec certitude quel était le problème, mais il semblait s'être refermé.
Elle sentit sa propre excitation commencer à disparaître en conséquence. L'attitude de Daniel semblait être de plus en plus en contradiction avec la sienne. Elle ne pouvait même pas voir même la plus petite étincelle d’excitation dans ses yeux. Il ne pouvait voir que le souci, l'inquiétude et le stress dans son expression.