Kitabı oku: «Transgression», sayfa 3
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EASTON
Je me relaxais dans le jacuzzi extérieur quand Alice arriva.
– Je peux récupérer mon téléphone ? me demanda-t-elle avec un air de chien battu.
– Viens le chercher, l’invitai-je en me déplaçant au centre de la petite piscine pour l’empêcher de me l’arracher des mains.
Comme je m’y attendais, Alice se déshabilla. Sous ses vêtements, elle portait un maillot deux-pièces noir, tout simple.
Même dans l’obscurité, son corps était illuminé par la lumière douce de l’éclairage extérieur. Elle était menue et sa peau était claire et délicate.
Je la fixai tout du long. Ses joues étaient très rouges et je comprenais à ses mains tremblantes qu’elle se sentait mal à l’aise mais, comme toujours, elle fit semblant de rien. J’étais certain qu’elle aurait préféré mourir plutôt que de me donner la satisfaction d’admettre que ma présence l’effrayait.
Elle entra dans l’eau avec timidité et s’approcha prudemment.
– Tu me le donnes maintenant ? me demanda-t-elle d’un air conciliant. Elle tendit la main mais sans tenter de prendre le téléphone de force.
J’attendis qu’elle soit à quelques centimètres de moi.
– Tu ne crains pas que ton copain soit jaloux d’apprendre que tu es ici avec moi, la nuit, à moitié nue ? lui dis-je provocant. Je lançai le portable sur le divan à côté, l’attrapai par les hanches, et la tirai vers moi pour l’empêcher de sortir de l’eau.
Alice sursauta et son visage vira au rouge intense sous ses taches de rousseur qui stimulaient mon imagination. Elle était si proche que nos nez se frôlaient.
Elle se cambra vers l’arrière et je renforçai ma prise sur sa peau lisse et douce.
– Alors ? je l’encourageai. Et je me penchai sur son cou gracile en laissant courir ma langue sur sa peau dans le seul but de la perturber davantage. Je voulais qu’elle perde le contrôle et l’air détaché qu’elle prenait toujours en ma présence.
J’aimais sa saveur et son corps était tellement chaud que cela m’excita. C’était peut-être moi qui risquais de perdre le contrôle, mais je ne m’arrêtai pas. Je jubilais de la voir si vulnérable et effrayée.
Elle s’agita. – Easton ! et posa les mains sur mon torse pour me repousser.
– Tu peux ôter tes mains ? Je… je…
– C’est toi qui me touches, je plaisantai, amusé de son malaise et de ses tentatives maladroites de m’éloigner. Je pensais que ça te plaisait… Tu ne fais pas de genre de choses avec ton copain ?
– Bien sûr mais c’est mon copain. Toi, pas, lâche-moi.
– Tu sais, j’ai cherché quelques photos de ce Jacob dans ton téléphone mais je n’ai rien trouvé.
– Il déteste être pris en photo répondit-elle tout de suite, en se raidissant dans mes bras.
– Et il déteste aussi t’appeler ou t’envoyer des messages ou des emails ? Je n’en ai pas trouvé non plus.
– C’est un type à l'ancienne.
– Alors comment vous communiquez ?
– Avec un pigeon voyageur.
J’éclatai de rire. C’était très drôle de la voir marcher sur des œufs.
Au bout d’un moment, elle se mit à rire elle aussi et se relâcha enfin un peu.
– Je n’ai pas de copain, d’accord ? confessa Alice. Je l’ai inventé pour que tu restes loin de moi.
– Pourquoi ?
– Tu as cette façon de t’approcher, de me toucher, de m’embrasser… Voilà, moi… Moi je ne suis pas faite pour ça.
– Mais tu l’as déjà fait non ? Ou tu es vierge ?
– Évidemment mais avec quelqu’un qui m’aimait, pas avec le premier inconnu croisé dans la rue, s’agita-t-elle de nouveau, en détournant le regard. J’étais perplexe. Et pas sûr de la croire.
Je me moquai :
– Quelle romantique.
– Et toi alors ? Tu ne trouves pas de fille assez folle pour vouloir s’amuser avec toi, pas vrai ? Ça doit être difficile d’être un pauvre type à l’ego surdimensionné comme le tien, contre-attaqua Alice, qui reprit confiance en elle.
– Pourquoi est-ce qu’à chaque fois que tu ouvres la bouche, j’ai immédiatement envie de te la refermer ? je lui demandai énervé en prenant son visage pour poser mes lèvres sur les siennes.
Je ne la lâchai pas et attendis que ce baiser vienne à bout de son obstination et de son envie de m’attaquer et de m’éloigner comme un parasite.
Je ne la supportais pas ! Je n’acceptais pas son refus et je ne voulais plus qu’elle tente de se rebeller.
Ce n’est qu’en sentant son corps trembler au contact du mien, et ses bras glisser sur ma poitrine au lieu de me rejeter, que je me calmai et relâchai la brutalité avec laquelle j’avais bondi sur elle.
Elle avait une jolie bouche. Petite et charnue. Je goûtai ses lèvres douces, les suçotai et les mordis délicatement jusqu’à les entrouvrir.
Putain, qu’est-ce que ça m’excite !
Cette excitation me courant violemment dans les veines, ma langue prit possession de sa bouche haletante qui gémissait doucement, soumise à mon invasion.
Son souffle haché et rapide m’atteignit comme une vague irrésistible, déchaînant mon désir de l’avoir et de la faire mienne.
Je dois avouer qu’Alice était une belle fille. Insupportable mais belle.
Cette idée fixe en tête, et une érection toujours plus impatiente d’être satisfaite, je me jetai sur elle, laissant mes mains courir sur son corps, des épaules au dos jusqu’aux fesses et aux cuisses que j’attrapai et soulevai sur mes hanches, tandis qu’elle s’agrippait à mon cou pour ne pas glisser.
Ce changement de position sépara nos lèvres un instant et je m’attaquai à la base de son cou, le mordis et le suçai tout en détachant le haut de son bikini.
Quand j’y arrivai et caressai sa poitrine, elle sursauta et s’éloigna d’un coup.
– Non ! hurla-t-elle apeurée, s’échappant loin de mes bras.
– Non ?! Vraiment ? je m’exclamai avec un rire nerveux qui cachait mal ma colère d’avoir été interrompu.
J’étais excité à mourir et me sentais à deux doigts de l’orgasme. C’était un peu tard pour un non.
– Je… je ne veux pas. Je ne sais pas ce qui m’a pris, bafouilla-t-elle en tremblant. Elle me regardait de ses yeux verts écarquillés par le choc. J’étais venue pour le téléphone et pour te demander pardon. J’ai exagéré aujourd’hui et je voulais te proposer une trêve.
– Ce n’était pas une trêve justement ce qui vient de se passer ? Jusqu’à ce que tu bondisses comme une pauvre petite pucelle qui se fait peloter pour la première fois.
Alice ferma les yeux comme si elle voulait oublier, et moi et ce souvenir. Quand elle les rouvrit, son regard était flamboyant.
– Je t’ai demandé de me laisser tranquille et d’arrêter de poser tes sales pattes sur moi, et encore plus de m’embrasser. Je ne suis pas un jouet avec lequel tu peux t’amuser et puis jeter aux oubliettes, me dit-elle en cherchant à garder la voix ferme et un ton froid et sévère, m’énervant de nouveau. Pour la énième fois, j’avais perdu ce pouvoir que j’avais sur elle. Ou que je pensais avoir.
Aucune fille avant elle n’avait jamais reculé quand je l’embrassais ou la caressais.
– Désolé, mais je ne suis pas d’accord. Tu es mon jouet.
Elle se fâcha, les yeux brillants et tristes.
– Je voulais juste avoir un dialogue ouvert avec toi, mais c’est clair que tu es trop têtu et immature pour affronter certaines situations comme un adulte. Je la regardai et me rendis compte qu’elle était désespérée : son corps s’était fermé comme une huître et elle tremblait violemment malgré la chaleur agréable de l’eau. Son visage était tendu.
Elle se leva pour sortir de l’eau, son soutien-gorge tenu contre elle pour se couvrir.
Je l’attrapai par un bras et la retins.
– Ne me touche pas ! Laisse-moi !
– Tu as dit que tu voulais me parler, parle-moi je lui dis, ignorant ses paroles.
– Je ne veux plus. Je veux juste retourner chez moi, murmura-t-elle la voix cassée par les larmes. Elle se retourna pour ne pas se montrer mais je savais qu’elle pleurait.
– Dans deux jours, on sera à l’université et tu ne me verras plus. Si c’est moi le problème, tu dois tenir bon encore quelques heures.
– Ce n’est pas toi le problème… pas seulement… Je… Je ne me sens pas bien ici. Je hais cet endroit. Je déteste tout et tout le monde. Je veux juste rentrer à Seattle, chez mon père et mon chien elle avoua dévastée, en rentrant dans l’eau et en rattachant le haut de son bikini.
Je lui demandai, curieux :
– Pourquoi tu veux rentrer ? Tu as tout ici, et tu iras bientôt à l’université. En plus, mon père te donnera tout ce que tu veux. Qu’est-ce qu’il y a à Seattle que tu n’as pas ici ?
– Là-bas j’ai quelqu’un qui m’aime et me comprend, répondit-elle simplement, les larmes coulant sur son visage.
Au moins tu as quelqu’un qui t’aime quelque part dans le monde !
– J’ai fait une erreur en quittant Seattle. Je n’aurais jamais dû accepter la proposition de ma mère. Elle nous a abandonnés mon père et moi il y a des années et ne sait même plus qui je suis… Et par-dessus tout, elle ne semble même pas s’en soucier.
– Si c’est ça, alors pourquoi elle t’a proposé de venir en Oregon ?
– Je ne sais pas. Peut-être pour avoir la conscience tranquille ? Dommage que l’argent pour l’université ne compensera jamais l’affection dont j’ai été privée toutes ces années.
– Chacun aime à sa façon. L’argent c’est mieux que rien lui dis-je. Même si en réalité je n’y avais jamais cru non plus.
– Je ne pense pas. Je suis ici depuis deux jours et j’aurais juste voulu passer un peu de temps avec elle, lui raconter ma vie, mes envies, mes peurs, mes doutes… Mais elle n’est jamais là. Elle m’a lâchée dans cette belle villa comme un paquet et est immédiatement retournée travailler. Les seuls moments passés ensemble, c’était pour dîner. Et à chaque occasion, j’ai seulement eu la preuve qu’elle s’en fiche de moi.
– Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
– Je suis végétarienne depuis cinq ans et elle a fait préparer du pain de viande. Pendant que tu passais ton temps sur ton téléphone en ignorant tout le monde, j’ai essayé de faire comprendre que je ne mange ni viande ni poisson depuis des années, mais ton père affirmait que c’était une lubie d’adolescent et que j’étais trop grande pour ce genre de régime. Mon père n’aurait jamais osé me dire ce genre de chose. Inutile d’expliquer que j’ai fait ce choix après ma rencontre avec l’association Animal SOS qui s’occupe de dénoncer les mauvais traitements dans les élevages intensifs et de recueillir les chiens abandonnés avant qu’on ne les tue ou qu’ils soient enfermés dans un chenil. C’est cette association qui a enlevé Book, mon chien, à son ex-propriétaire qui le battait et le laissait attaché chaque jour à un pieu avec une chaîne courte, sans abri ni eau.
Ils ont sauvé Book et je l’ai adopté déjà adulte, malade. Il ne se laissait approcher par personne. Aujourd’hui Book est le chien le plus gentil et câlin du monde. On dort ensemble et il ne me laisse jamais seule. J’aime ce chien et il m’aime. Il me manque terriblement et je culpabilise de l’avoir laissé à Seattle, même si mon père l’adore autant que moi.
– Je suis vraiment désolé réussis-je à répondre. Je n’avais pas compris qu’Alice était une fille si sensible et fragile.
– Et ce soir… au repas, tu n’étais pas là et nos parents voulaient nous donner des conseils pour l’université. Tout allait bien, jusqu’à ce qu’on parle de voitures.
– Mais tu n’as pas de voiture. Je savais que ce genre d’indépendance était important pour mon père.
– Je n’ai même pas le permis, ajouta-t-elle. Ton père m’a gentiment réprimandée pour ce manquement et a reporté la faute sur le mien, qui n’a pas fait le nécessaire pour m’aider.
– Il a toujours été doué pour dire les mauvaises choses aux mauvais moments je répliquai, nerveux et fâché. Je connaissais mon père et je savais à quel point il pouvait être humiliant et con sans même s’en rendre compte.
– Oui, mais la pire, c’est ma mère, qui lui a donné raison. Même si elle connaît certainement le pourquoi de ma décision, vu que je lui ai expliqué par email il y a des années.
– Et c’est ?
– Pendant ma première leçon de conduite avec l’instructeur, une voiture a perdu le contrôle et nous a foncé dessus. L’impact m’a fait exploser l’airbag au visage, et je me suis fait mal à cause de la ceinture de sécurité. Mon père m’a emmenée à l’hôpital pour un coup du lapin. J’étais tellement choquée et effrayée que je n’ai plus voulu toucher un volant. Dès que je m’assois à la place du conducteur, je commence à trembler de façon incontrôlée m’expliqua-t-elle, encore plus tremblante, comme si elle revivait l’événement.
– Eh, c’est fini. J’essayai de la tranquilliser, et m’approchai prudemment pour la prendre doucement dans mes bras.
Alice recommença à pleurer, plus fort qu’avant, et me fit mal au cœur.
– Tout va bien, je lui murmurai. Je lui caressais les cheveux et elle m’enlaça pour la première fois, comme si j’étais sa bouée de sauvetage.
Je pouvais percevoir sa douleur et je ne comprenais que trop bien sa sensation de ne pas se sentir aimée par celle qui l’avait mise au monde.
Depuis que ma mère était morte, mon père s’était raccroché à son travail et, si je n’avais pas eu mon frère aîné, personne ne se serait occupé de moi. Toutefois, ce sentiment de ne pas être accepté et aimé avait toujours été clair et évident pour moi. Au point de réagir avec colère et des gestes inconsidérés pour obtenir un minimum d’attention, et ne pas me sentir écrasé par l’attachement de mon père aux apparences, et par le faux paternalisme derrière lequel il se cachait.
J’attendis qu’Alice revienne à elle et quand elle arrêta de pleurer, je la lâchai.
– Excuse-moi. Je n’ai personne à qui me confier, même pas mon père. Je ne veux pas l’inquiéter… Et désolée si je m’en suis prise à toi ces derniers jours. Je n’aurais pas dû réagir de cette façon et te faire des sales coups.
– Ce n’est pas grave. Je laissai couler juste pour la voir sourire de nouveau. Elle avait un joli sourire mais ne le montrait jamais.
– On fait la paix ?
– Dès que tu auras payé pour le coup de la douche rouge sang. Je n’ai pas encore compris comment tu as fait, je répondis, la faisant éclater de rire.
– J’ai juste mis un tube entier de colorant alimentaire dans la pomme de douche. Maintenant que tu sais, on devient amis ? Elle cherchait à m’adoucir, avec une voix de petite fille, me regardant de ses splendides yeux vifs et malicieux.
Je la taquinai, la faisant de nouveau rougir :
– Tu as répondu à mon baiser avec trop d’ardeur pour que je te considère comme une amie. En plus, je ne te supporte pas.
– Moi non plus je ne te supporte pas et je peux t’assurer que ce qu’il s’est passé n’arrivera plus.
– Tu en es sûre ?
– Complètement. C’était juste un moment de faiblesse à cause de l’alcool. J’étais saoule. La petite menteuse était de retour ! Comme si elle pouvait avouer juste une fois qu’elle avait cédé à la passion parce qu’au fond je lui plais !
– Peut-être…
– C’est la vérité.
– Tu ne sais même pas ce qu’est la vérité, je lui murmurai à l’oreille en m’approchant. Mais je te garantis que je ferai mon possible pour te la faire sortir. Après, on verra si tu as encore le courage de me dire que m’embrasser était une erreur. Je lui en fis la promesse, me levai et sortis de l’eau. J’adorais les défis et Alice en était un de taille.
– Pauvre naïf.
– Tu regretteras de m’avoir provoqué.
– Tu as commencé ! se défendit-elle, vexée.
– Et tu m’as suivi de près je répliquai, la laissant stupéfaite. Elle savait que j’avais raison et ne pouvait pas dire le contraire.
Je souris, satisfait.
Je venais de gagner le premier round.
J’appelai Ant, euphorique.
– Appelle Logan et Ryo. Venez chez moi ce soir, on a une vengeance à planifier !
– Easton, je t’en prie. Ne me dis pas que tu en veux encore à cette fille ?
– Je veux lui montrer à qui elle a affaire.
– Demain est le dernier jour que vous passerez ensemble, allez.
– Justement, je dois en profiter.
– C’est dingue que tout soit toujours un défi ou un pari pour toi, souffla Ant en raccrochant.
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EASTON
Le matin suivant, je me relaxais dans la cuisine devant une belle tasse de café fumant avec mes trois amis.
– Tu es certain qu’Alice se réveille à cette heure-ci ? me demanda Ryo entre deux bâillements.
– Oui, j’ai vu l’heure réglée sur son téléphone quand je l’avais.
– J’espère vraiment parce que là, j’ai juste envie d’aller dormir dans un lit confortable. Ton divan-lit m’a donné mal au dos.
– Au moins, tu as dormi. Je n’ai pas fermé l’œil parce que tu ronflais, se plaignit Logan.
– Tais-toi !
– Vous pouvez éviter de vous disputer maintenant ? Passer la nuit avec vous pour décider comment ruiner le dernier jour d’Alice dans cette maison m’a fichu un bon mal de tête, les arrêta Ant. Easton, je te trouve bien calme.
– J’ai planifié ce moment toute la nuit et ce matin, j’ai dû entrer en cachette dans la chambre d’Alice. Avec tout ce que je lui ai préparé, je me demande encore comment elle ne s’est pas réveillée je répondis tranquillement. C’était le calme avant la tempête. J’attendais de voir Alice passer le seuil de la cuisine pour soit exploser de bonheur parce que ma vengeance avait fonctionné, soit de nervosité pour n’avoir pas réussi à me venger comme je le voulais.
– De toute façon, si vous voulez partir, allez-y. Ce qui est fait est fait.
– Ah, non ! Après m’être cassé la tête sur tous les pièges possibles, je suis curieux de voir le résultat, s’agita Ryo, impatient de savourer la victoire.
J’allais répondre quand Alice arriva dans la cuisine.
Elle était horrible à voir et furieuse, les cheveux hérissés et couverts de crème, qui avait dégouliné sur son front, les joues rougissantes, les yeux brillants de colère et larmoyants, et les lèvres gonflées et rougies.
Pour couronner le tout, un faux rat en sang était attaché à son poignet gauche par un fil transparent et son short était mouillé entre ses cuisses.
On éclata tous de rire.
– Je devais m’y attendre. Vous êtes des enfoirés, s’exclama-t-elle rageuse. Mais elle avait dans le regard une étincelle d’amusement.
Je la provoquai.
– On n’a rien fait. Ne nous accuse pas si tu fais encore pipi au lit comme les enfants.
– Ce n’est pas de l’urine. J’ai vérifié, rit doucement Alice malgré ses lèvres enflammées.
– Tu devrais prendre plus soin de ton hygiène personnelle, renchérit Ant en ricanant.
– Laisse-moi deviner. C’est ta faute, siffla-t-elle en touchant ses cheveux collants.
– Non, j’ai juste eu l’idée, se justifia-t-il.
– Une idée que quelqu’un a transformée en réalité, vu que j’ai pris une douche hier soir avant d’aller dormir et que tout allait bien.
– Alice, que t’est-il arrivé ? intervint Helena, sa mère, choquée de trouver sa fille dans cet état.
– Je ne sais pas, répondit-elle en feignant l’indifférence pendant que sa mère courait se faire un café avant de filer au travail. Elle commença à raconter :
– Je me suis réveillée comme d’habitude, je me suis étirée, me suis frotté les yeux et puis j’ai touché mes cheveux. Et je me suis retrouvée avec une montagne de crème fouettée sur les mains, que j’ai étalée partout. Je me débattais avec la crème quand j’ai levé le bras et que j’ai trouvé ce faux rat attaché à mon poignet. Ce qui m’a fait bondir du lit tellement vite que je me suis froissée un muscle dans le dos.
Mais sa mère ne semblait même pas l’écouter. Elle buvait son café rapidement en écrivant un email sur son smartphone. J’avais envie de lui prendre le téléphone et de le jeter dans la piscine ! C’était si compliqué d’écouter sa fille cinq secondes ?
– Et puis ? j’insistai, vu qu’Alice s’était arrêtée en voyant sa mère la saluer et partir sans même commenter ce qu’elle avait entendu.
– Et puis j’ai remarqué que quelqu’un avait voulu me faire croire que je m’étais fait pipi dessus de peur, mais ce n’est pas vrai. J’allais courir te chercher quand j’ai vu le plateau d’Oreo, mes biscuits préférés, sur la commode avec un petit mot : “Maintenant nous sommes à égalité. Bonne journée, Easton”. Stupide comme je suis, je t’ai cru et j’ai mangé un biscuit, pour découvrir que tu avais remplacé la crème à la vanille avec quelque chose de dégoûtant.
– Dans certains, j’ai mis de la mayonnaise. Dans d’autres du dentifrice à la menthe je lui expliquai, fier de mon génie.
– Inutile de dire que j’ai couru à la salle de bain me rincer la bouche et me laver les dents mais…
Et ce moment-là, on explosa tous de rire.
– … mais quelqu’un a sûrement passé ma brosse à dents dans du piment ou un truc du même genre parce que j’ai la bouche en feu. J’ai encore les larmes aux yeux de douleur et mes lèvres me font un mal de chien ! conclut-elle. J’allais me laver avant de descendre mais les parois de la douche étaient recouvertes de ce que je pense être du colorant alimentaire rouge, sans parler de la vieille marionnette étendue dans le fond comme si on venait de l’assassiner. Je ne peux même pas imaginer ce que la femme de ménage va penser de moi quand elle ira nettoyer ma chambre.
– On a fait un beau travail d’équipe, s’exclama Ryo enthousiasmé par le résultat.
– Ant a eu l’idée de la crème, Logan celle du rat, Ryo celle du piment. Le reste, c’est mon œuvre, j’expliquai à Alice triomphant. Elle vint vers moi et me frappa au bras. J’en renversai presque mon café.
– Ça, c’est pour avoir détruit mon histoire d’amour avec les Oreo, dit-elle furieuse. Elle me prit le visage et m’embrassa légèrement sur les lèvres. J’étais tellement abasourdi par son geste que je ne bougeai pas.
L’instant d’après je sentis ma bouche piquer et s’enflammer. Alice avait encore du piment sur la bouche !
– Merde ! je grognai douloureusement.
– Ça t’apprendra ! Donnez-moi de la glace ! J’ai hyper mal aux lèvres ! nous supplia-t-elle les larmes aux yeux.
– Oui, de la glace. Tout de suite ! j’ordonnai furieusement, en me nettoyant la bouche.
Logan courut au congélateur prendre deux sachets de surgelés. Alice et moi pouvions enfin nous soulager un peu.
***
ALICE
Après ce réveil de cauchemar, j’allai me laver.
Entretemps, les amis d’Easton étaient partis et il nageait seul.
Je le rejoignis.
– C’est incroyable, chaque fois que je te vois, tu es dans la piscine je lançai.
– C’est le seul endroit où mon père ne viendra jamais. C’est ma zone de sécurité, où je suis tranquille.
– Il a peur de l’eau ?
– Oui.
– Alors pourquoi il a fait installer deux piscines ? Celle-ci et la petite avec l’hydromassage.
– Parce que la société l’exige. Mon père est plus attaché aux conventions sociales qu’à son propre bien-être.
– J’ai remarqué qu’entre ton père et toi non plus tout n’est pas rose.
– Il n’y a rien du tout entre lui et moi. On s’évite. Tu n’as pas remarqué qu’il n’était jamais là ces trois derniers jours ?
– Même chose pour ma mère. Je pensais qu’elle voulait rester avec moi. C’est elle qui m’a demandé de venir en Oregon trois jours avant le début des cours pour être un peu ensemble et rencontrer son compagnon. Et en fait, elle me traite comme un effet collatéral à cacher ou à éviter.
– Tu as ton père au moins.
– Oui. Et toi ? Ta mère ?
– Elle est morte, je ne veux pas en parler.
– Désolée. Je ne savais pas.
– J’étais petit. Je ne me souviens presque pas d’elle.
– Mais tu as un frère. Moi, je suis fille unique et j’aurais aimé avoir une sœur.
– Je te le donne si tu veux. Je ne le supporte pas. Il a quatre ans de plus que nous mais c’est un idiot qui joue à l’adulte responsable. En réalité, il est parti pour Stanford à la première occasion et je ne crois pas qu’il reviendra en Oregon.
– Peut-être qu’il souffre lui aussi.
– Je ne sais pas ce que souffrir veut dire. Il coupa court et m’envoya un regard glacial qui me fit frissonner. Quelque chose en Easton arrivait toujours à me troubler. Comme le souvenir de la veille au soir.
Je n’arrivais pas encore à croire ce que j’avais fait.
En un instant j’avais enfreint au moins une dizaine de mes règles personnelles, notamment de ne jamais laisser un garçon qui ne m’aimait pas m’embrasser. Encore moins mettre mes jambes autour de sa taille et sentir son érection sous ses vêtements ou celle de ne pas pleurer ou me confesser auprès d’un semi-inconnu. Ou pire encore, auprès de quelqu’un qui me détestait et ne me supportait pas.
Rien qu’à y penser, je rougissais comme un coquelicot. Heureusement, Easton était trop occupé à nager pour s’en rendre compte.
J’étais fascinée par ses mouvements, par ses brasses et sa respirations parfaitement coordonnées.
Il était beau à couper le souffle et possédait ce charme dangereux et insondable qui lui donnait une aura séduisante de mystère et aurait tourné la tête de n’importe quelle fille.
Un pouvoir qui fonctionnait aussi sur moi, comme je m’en rendis compte avec déception.
J’avais été stupide de me jeter dans l’eau chaude du jacuzzi avec lui.
Je continuais à me répéter que ce n’était qu’un moment de crise, de faiblesse, qui m’avait déstabilisée et fait perdre le contact avec la réalité. Au point de prendre goût à ses baisers et à ses mains sur mon corps. Mais plus j’y repensais, et plus je sentais sa bouche sur ma peau. Personne ne m’avait jamais touchée de façon aussi impudique, sans ce que j’appelais des préliminaires indispensables, comme un dîner ou un film au cinéma. Un premier baiser chaste, un gage d’amour et autres choses ringardes et romantiques qui me faisaient presque honte.
Ses mais sur mes seins, ses doigts sur mes tétons durcis, m’avaient réveillée. J’avais ressenti des contractions agréablement douloureuses entre mes jambes et fait prendre conscience de ce que je faisais.
J’avais été submergée d’embarras pour cette faiblesse, avec mon ennemi juré en plus.
À la gêne s’était ajoutée la colère et la rancœur envers ma mère qui m’avait encore une fois abandonnée pour aller à l’opéra avec Mitchell, me laissant seule avec Easton, et la crainte de ce qu’il avait trafiqué avec mon téléphone disparu depuis des heures. La culpabilité avait suivi, la sensation d’être incapable d’affronter la situation seule, surtout les comportements d’Easton, de ne pas être comprise, d’avoir commis une erreur en laissant mon père et Book…
Oui, j’avais pleuré. J’aurais préféré m’enfouir sous terre que de pleurnicher devant mon demi-frère mais il m’avait enlacée et consolée.
Je lui serais toujours reconnaissante de sa gentillesse. Je ne m’étais même pas fâchée pour ses blagues quelques heures avant, même si je pensais toujours que le choix le plus sage à l’avenir serait de garder mes distances avec lui.
Mais je l’ai embrassé ce matin ! Tu parles de prendre des distances !
Je voulais juste me venger pour le piment qui me brûlait les lèvres !
Je n’aurais jamais avoué qu’en fait, je voulais encore l’embrasser. Encore et encore.
J’avais vraiment aimé ça. Trop pour l’admettre.
Mais c’était décidé : à partir du lendemain, quand on serait à l’université, notre étrange relation s’arrêterait définitivement.
– À quoi tu penses ? me demanda Easton, me faisant sortir de mes pensées. Je le regardais pendant qu’il se séchait au bord de la piscine.
Quand mes yeux croisèrent les siens, puis descendirent sur sa bouche, le souvenir incessant de la veille m’atteignit comme une masse.
– À rien.
– Tu es toute rouge.
– C’est la chaleur. Il fait trop chaud pour un mois de septembre je mentis.
– Menteuse ! Avoue que tu pensais à hier soir et au fait que ça t’a excitée.
Sa manie de me provoquer et de m’énerver fonctionnait à merveille.
– Vraiment, je me demandais si ton quotient intellectuel était assez élevé pour en engagement aussi lourd que l’université. Plus je te regarde, et plus j’ai des doutes. Tu es sûr d’avoir un diplôme ? Un vrai je veux dire.
Cette fois, je ne me laissai pas avoir par son regard froid. Je savais que son calme apparent n'était qu’une fine couche de glace, prête à se briser en mille morceaux au premier faux pas.
Et c’était un énième faux pas.
Sans attendre sa réaction, je tournai les talons et courus vers ma chambre pour m’y enfermer, bien que je n’aie pas la clé.
– Tu penses vraiment que tu peux m’échapper ? hurla Easton derrière moi en me suivant.
Je ne me laissai pas distraire et continuai à courir mais à un pas de l’étage, je sentis ses bras m’attraper et me bloquer.
Je m’agrippai à la rampe des escaliers mais il prit mon poignet et me détacha.
– Allez, tu n’as quand pas mal pris ce que je t’ai dit ? Étant donné que je ne pouvais pas le chasser, je tentai de le raisonner. Je blaguais.
– Tes plaisanteries ont le don de réveiller mes envies de meurtre.
– Parce que tu ne sais pas te contrôler un minimum. Peut-être que le problème n’est pas ton quotient intellectuel mais ton incapacité à gérer…, allai-je répliquer. Mais il commença à me mordre dans le cou jusqu’à me faire mal et je me mis à rire et à hurler en même temps.
– Qu’est-ce que vais faire de toi ? me demanda-t-il sérieux, me tournant vers lui pour m’entraver d’un regard glacial.
– Aucune idée mais je sais déjà ce que moi je ferai. Je demanderai une ordonnance restrictive à ton encontre si tu n’ôtes pas tes tentacules de là.
– Je pourrais te tuer avant.
– Et finir en prison pour le restant de tes jours ? Mmh, laisse tomber. Ça n’en vaut pas la peine, homme de Neandertal.
– Tu crois ? J’en tirerais une satisfaction sans bornes.
J’éclatai de rire. C’était incroyable que tous nos échanges verbaux finissent toujours en menaces et insultes diverses.
Je m’étais toujours considérée comme une personne épineuse et difficile mais gentille et prête à faire des compromis. Mais avec Easton j’avais toujours envie de lui faire courber l’échine et lui prouver que je n’étais pas une pauvre imbécile, victime de ses caprices. Mon côté combattif et moins diplomate ressortait toujours.
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