Kitabı oku: «Germaine», sayfa 14

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La foule ouvrit un passage à M. Stevens et à ses compagnons. Ils arrivèrent, sous la conduite des agents de police, à la chambre mortuaire. Mme Chermidy était sur son lit, dans la toilette qu'elle portait la veille. Sa jolie tête grimaçait horriblement. Ses lèvres entr'ouvertes laissaient voir deux rangées de petites dents, serrées par la dernière convulsion de l'agonie. Ses yeux, qu'une main pieuse n'avait pas fermés à temps, semblaient regarder la mort avec épouvante. Le poignard était au milieu de la chambre, à la place où le Tas l'avait jeté. Le sang avait jailli sur les vêtements, sur les draps, sur les meubles et partout. Une large mare figée devant la cheminée annonçait que la malheureuse s'était frappée là. Une traînée d'un rouge sombre montrait qu'elle avait eu la force de marcher jusqu'à son lit.

La femme de chambre, qui avait appelé la justice et ameuté le voisinage, ne criait plus. On aurait dit qu'elle avait dépensé sa fureur en épuisant ses forces. Accroupie dans un coin de la chambre, les yeux attachés sur le cadavre de sa maîtresse, elle regardait aller et venir les hommes de loi. L'arrivée du comte et du docteur Le Bris ne l'éveilla point de sa torpeur.

M. Stevens, suivi de son greffier qui l'avait devancé sur le théâtre du crime, releva l'état des lieux et dicta la description du cadavre avec l'impassibilité de la justice. Le docteur fut prié de concourir à l'enquête. Il commença par déclarer tout ce qu'il savait, exposa sommairement les causes qui avaient pu pousser Mme Chermidy à se donner la mort, raconta la conversation qu'il avait eue avec elle, et récita le testament qu'il avait porté lui-même à M. de Villanera. Les déclarations de la morte, l'endroit où son corps avait été trouvé, l'arme qui l'avait frappée et qui lui appartenait, les portes de la maison fermées, enfin le voisinage de la femme de chambre qui n'avait entendu aucun bruit, toutes les circonstances connues confirmaient l'idée d'un suicide.

Ce mot, prononcé à demi-voix, produisit sur le Tas l'effet d'une commotion électrique. Elle se leva en sursaut, courut au docteur, le regarda en face et s'écria: «Suicide! C'est vous qui avez parlé de suicide? Vous savez bien qu'elle n'était pas femme à se suicider! Pauvre ange! Elle avait la vie si belle! Elle se portait si bien! Elle aurait vécu cent ans si vous ne l'aviez pas assassinée. D'ailleurs, est-ce que le vieux n'est pas là? où l'a-t-on mis? Allez le voir, ou dites qu'on l'apporte: vous le verrez tout couvert de son sang!» Elle aperçut le comte de Villanera qui s'était jeté dans un fauteuil et qui pleurait sans rien dire. «Vous voilà donc! lui dit-elle. Il fallait venir plus tôt! Ah! monsieur le comte! vous payez drôlement vos dettes d'amour! On vous en donnera, du bonheur!»

Tandis que le juge et le docteur entraient dans la pièce voisine, où une douloureuse surprise les attendait, le Tas entraîna le comte auprès du lit, le força de regarder son ancienne maîtresse et d'entendre une oraison funèbre qui lui fit dresser les cheveux sur la tête. «Voyez! voyez! criait-elle au milieu des sanglots; voilà ces beaux yeux qui vous souriaient si tendrement, cette jolie bouche qui vous a donné de si bons baisers, ces grands cheveux noirs que vous vouliez dénouer vous-même: car vous faisiez mon ouvrage! Vous rappelez-vous la première fois que vous êtes venu rue du Cirque? Quand ils ont tous été sortis, vous vous êtes mis à genoux pour baiser cette main-là! Brr! Qu'elle est froide! Et le jour de ses couches, vous en souvenez-vous? Qui est-ce qui pleurait? Qui est-ce qui riait? Qui est-ce qui lui jurait fidélité jusqu'à la mort? Embrassez-la donc un peu, chevalier fidèle!»

Le comte, immobile, roide et plus froid que le cadavre qu'il regardait en face, expia en une minute trois ans de bonheur illégitime.

On apporta le duc de La Tour d'Embleuse, qui payait, et bien cher, une vie d'égoïsme et d'ingratitude.

Le sang dont il était couvert, sa présence chez Mme Chermidy, le carreau qui manquait à la fenêtre, les écorchures de ses mains et surtout la perte de sa raison firent croire un instant qu'il était l'assassin. Le docteur examina la blessure de Mme Chermidy, et reconnut que le poignard avait traversé le coeur de part en part. La mort avait dû être instantanée: il était donc impossible que la victime se fût traînée elle-même jusqu'à son lit. M. Stevens, en dînant la veille avec le duc, avait pu remarquer l'affaiblissement de ses facultés mentales. M. Le Bris lui expliqua en quelques mots comment la monomanie homicide avait pu germer en une nuit dans ce cerveau dérangé. S'il était vrai qu'il eût commis le crime, la justice n'avait rien à faire contre un fou. La nature l'avait condamné à une mort prochaine, après quelques mois d'une existence pire que la mort.

Mais, en examinant de plus près le cadavre de Mme Chermidy, on trouva dans sa main crispée quelques cheveux plus courts et plus rudes que ceux d'une femme, et d'une couleur plus naturelle que ceux du vieux duc. Le greffier, en relevant un meuble renversé, ramassa un bouton de livrée aux armes des Villanera. Enfin, le tiroir où Mme Chermidy avait serré pour cent mille francs de valeurs, se trouva vide. Il fallait donc chercher un autre assassin que M. de La Tour d'Embleuse. On interrogea le Tas, mais on n'en put tirer aucune lumière. Elle se frappa le front et dit: «Que j'étais bête! c'est lui. Le misérable! je le ferais bien écorcher vif; mais à quoi bon? Il parlerait. Enterrez ma maîtresse; jetez-moi aux ordures. Quant à lui, qu'il aille au diable!»

La justice se transporta le jour même à la villa Dandolo. Mathieu Mantoux venait de coudre un bouton à sa veste de panne rouge. On remarqua que le bouton était neuf, et que ses cheveux ressemblaient à l'échantillon trouvé chez Mme Chermidy. En se voyant arrêter, il s'écria par une vieille habitude: «Peu de chance!» M. Stevens le fit conduire au château Guilfort, à l'ouest de la ville, sur le bord de la mer. Il fut assez heureux pour s'évader pendant la nuit; mais il tomba dans un de ces grands filets que les pécheurs tendent le soir pour les relever au matin.

XV
CONCLUSION

Si vous avez vu la mer dans la saison des équinoxes, lorsque les vagues jaunes montent en écumant jusqu'au sommet de la jetée, que les galets s'entre-choquent avec fracas sur la rive, que le vent hurle dans le ciel noir et que le flot roule, au travers des varechs déracinés, les épaves informes et le débris des naufrages, retournez la voir en été: vous ne la reconnaîtrez plus. Les galets luisants sont rangés côte à côte au bord de la plage; la mer s'étend comme une nappe bleue sous l'azur riant du ciel; les grands boeufs couchés sur la falaise tendent nonchalamment leurs naseaux à la brise salée; on voit filer au loin les voiles blanches, et, sur la jetée, les Parisiennes ouvrent leurs ombrelles roses.

Le comte et la comtesse de Villanera, après un long voyage dont Paris n'a jamais su l'histoire, sont rentrés, il y a trois mois, dans leur hôtel du faubourg Saint-Honoré. La comtesse douairière qui était partie avec eux, et la duchesse de La Tour d'Embleuse qui les avait rejoints à la mort du vieux duc, se partagent sans jalousie le gouvernement d'une grande maison et l'éducation d'un bel enfant. C'est une fille de deux ans: elle ressemble à sa mère. Elle est donc plus belle que son aîné, feu le marquis de los Montes de Hierro.

Le docteur Le Bris est encore le médecin et le meilleur ami de la maison. M. de La Tour d'Embleuse et le petit Gomez sont morts dans ses bras, l'un à Corfou, l'autre à Rome, où il avait pris la fièvre typhoïde.

Le petit marquis avait, dit-on, une fortune personnelle de six ou sept millions, provenant des libéralités d'une parente éloignée. A la mort de l'enfant, la famille a vendu tous ses biens pour en dépenser le prix en bonnes oeuvres.

Une chapelle s'élève au sud de l'île de Corfou, sur l'emplacement de la villa Dandolo. Elle est desservie par un jeune prêtre d'une sagesse et d'une tristesse exemplaires, M. Gaston de Vitré.

FIN
Yaş sınırı:
0+
Litres'teki yayın tarihi:
09 nisan 2019
Hacim:
250 s. 1 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain
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