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Kitabı oku: «La Vie de Madame Élisabeth, soeur de Louis XVI, Volume 1», sayfa 32

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XIII

La nouvelle de ce désastre avait vivement surexcité en France la fibre nationale. Le Roi ordonna immédiatement la construction de douze vaisseaux de 110, 80 et 74 canons. Les chantiers de nos différents ports rivalisèrent d'activité. Monsieur, le comte d'Artois, donnèrent de leur côté des ordres pour la construction, à leurs frais, d'un vaisseau de premier rang pour être offert au Roi.

De tous les points du royaume des motions patriotiques répondirent à l'exemple du monarque et des princes. Le 6 juin, les prévôt des marchands, échevins et conseil de la ville de Paris, présentés par M. Amelot, secrétaire d'État ayant le département de cette ville, remettaient à Louis XVI la délibération par laquelle ils lui offraient un vaisseau de 110 canons, que le Roi nommait la Ville de Paris.

Le même jour, le prince de Condé lui présentait une adresse des états généraux de Bourgogne, par laquelle Sa Majesté était suppliée d'accepter, au nom de cette province, un vaisseau de 110 canons. Le Roi acceptait cet hommage et nommait ce vaisseau les États de Bourgogne.

Les quatre compagnies des gardes du corps du Roi, dont la plupart n'avaient pour vivre que leur solde, supplièrent le Roi de leur permettre de lui offrir un vaisseau de 74 canons, dont les frais seraient pris sur leurs appointements. Louis XVI ne jugea pas à propos d'accepter leur offre; mais par une lettre qu'il adressa au prince de Beauvau, capitaine des gardes en quartier, il leur exprima combien il était touché d'un témoignage de zèle et d'attachement qu'il n'oublierait jamais.

Les négociants de Marseille ayant par acclamation voté une somme de douze cent mille livres pour la construction d'un vaisseau de 110 canons, ainsi que trois cent mille livres pour le soulagement des familles des matelots de Marseille et de Provence qui avaient souffert dans le cours de la guerre, prièrent le marquis de Castries, ministre de la marine, de mettre aux pieds du trône l'hommage de leur zèle. Le Roi le reçut avec émotion et ordonna que ce vaisseau s'appellerait le Commerce de Marseille.

Les villes de la généralité de Paris étaient jalouses de leur métropole, dont l'offrande patriotique les avait devancées auprès du Roi; elles réclamèrent du gouvernement l'autorisation de se réunir dans ce même but, et M. Amelot, secrétaire d'État ayant le département de la province, mit sous les yeux de Louis XVI les délibérations de ces villes. Ce prince manifesta le désir de recevoir et de remercier de vive voix les maires des principales villes, et leur annonça que le vaisseau par eux offert serait nommé la Généralité de Paris.

La chambre de commerce de Bordeaux s'empressait d'imiter celle de Marseille; elle offrit au Roi une somme de quinze cent mille livres pour la construction d'un vaisseau de 110 canons, et cent mille francs pour le soulagement des matelots. MM. de Vergennes et de Castries ayant soumis à Sa Majesté le vote patriotique de cette compagnie, le Roi chargea ces deux ministres de la remercier de sa part et de l'informer que le vaisseau construit à ses frais s'appellerait le Commerce de Bordeaux.

La ville de Lyon ne pouvait rester étrangère à ce mouvement national. Sur la proposition de M. Fay de Falhonnay, prévôt des marchands de cette florissante cité, elle votait par acclamation les frais d'un navire de premier rang et demandait au Roi de lui en faire hommage. Ce vaisseau fut nommé la Ville de Lyon, etc., etc., etc.

XIV
LETTRE DU MARQUIS DE BOUILLÉ, GOUVERNEUR GÉNÉRAL DE LA MARTINIQUE, AU MARQUIS DE CASTRIES, MINISTRE ET SECRÉTAIRE D'ÉTAT AU DÉPARTEMENT DE LA MARINE

De Saint-Eustache, le 26 novembre 1781.

Monsieur, j'ai l'honneur de vous instruire que les troupes du Roi se sont emparées par surprise de l'île de Saint-Eustache, aujourd'hui 26; que la garnison, composée du 13e et du 15e régiment, dont les chasseurs et grenadiers seulement sont détachés à Antigues et à Saint-Christophe, et dont les présents et effectifs montent au nombre de 677 hommes, a été faite prisonnière de guerre. Le comte de Bouillé, colonel d'infanterie, aura l'honneur de vous remettre les quatre drapeaux de ces deux régiments, et la corvette l'Aigle vous en porte la nouvelle.

Cet événement, accompagné de circonstances extraordinaires, est si singulier, que je crois devoir vous en faire le détail.

Ayant appris que la garnison de cette île se gardoit assez mal, que le gouverneur étoit dans la plus grande sécurité, et connoissant d'ailleurs un endroit de débarquement qui n'étoit pas gardé, je crus pouvoir, en arrivant la nuit avec 1200 hommes, enlever cette île importante; en conséquence, je partis le 15 de Saint-Pierre de la Martinique avec trois frégates, une corvette et quatre bateaux armés qui portoient ces troupes, composées d'un bataillon d'Auxerrois de 300 hommes, un de Royal-Comtois et un de Dillon et Walsh de même nombre, et de 300 grenadiers et chasseurs de divers corps. Je fis courir le bruit que j'allois au-devant de notre armée navale, et je m'élevai au vent de la Martinique, où après mille contrariétés que m'opposèrent les vents et les courants, je ne pus parvenir que le 22, et le 25 j'arrivai à la vue de Saint-Eustache. Le débarquement se fit la même nuit. Les bâtiments légers et la corvette devoient mouiller, et les frégates rester sous voiles, à portée d'envoyer leurs troupes à terre; mais nos pilotes se trompèrent, et le seul bateau où étoit le comte de Dillon put effectuer le débarquement, qu'il fit avec 50 chasseurs de son régiment. Un ras de marée inattendu qui régnoit sur cette côte fit perdre les chaloupes, qui furent brisées sur les roches dont elle était couverte, et plusieurs soldats furent noyés. J'arrivai avec le second bateau, je débarquai, et mon canot fut aussi culbuté dans la mer; mais nous parvînmes à en tirer les troupes. Nous découvrîmes enfin un lieu de débarquement moins dangereux, où, dans le courant de la nuit, nous réussîmes à mettre à terre une grande partie des troupes qui étoient sur les bateaux et la corvette l'Aigle. Les frégates avoient été en dérive, à une heure avant le jour, il n'y avoit encore qu'environ 400 hommes à terre, et il ne restoit plus d'espoir d'avoir le reste des troupes, la plupart des canots et chaloupes ayant été brisés sur la plage. Privé de tout moyen de retraite, il ne restoit plus, pour me tirer de la position où j'étois, que de vaincre l'ennemi, dont les forces étoient presque du double des nôtres. Les soldats étoient pleins d'ardeur et de courage; je me décidai donc à attaquer. Il étoit quatre heures et demie du matin, et nous étions éloignés de près de deux lieues du fort et des casernes, lorsque je mis les troupes en marche au pas redoublé. J'ordonnai au comte de Dillon avec les Irlandois d'aller droit aux casernes et d'envoyer un détachement pour prendre le gouverneur dans sa maison; au chevalier de Fresne, major de Royal-Comtois, d'aller avec 100 chasseurs d'Auxerrois et de son régiment au fort, et de l'escalader, s'il ne pouvoit entrer par la porte; et au vicomte de Damas, avec le reste des troupes, de soutenir son attaque.

Le comte de Dillon arriva aux casernes à six heures, et trouva une partie de la garnison faisant l'exercice sur l'esplanade; trompée par l'habillement des Irlandois, elle ne fut avertie que par une décharge qui lui fut faite à brûle-pourpoint, et qui en jeta plusieurs par terre. Le gouverneur Cockburn qui se rendoit au lieu de l'exercice, fut pris au même instant par le chevalier O'Connor, capitaine de chasseurs de Walsh. Le chevalier de Fresne marcha droit au fort où les ennemis se jetoient en foule, et arriva au pont-levis au moment où ils cherchoient à le lever. Le sieur de la Motte, capitaine des chasseurs d'Auxerrois, qui étoit parvenu à l'entrée du pont, fit faire une décharge sur les Anglois, qui abandonnèrent les chaînes du pont-levis, et il se jeta dans le fort, où il fut suivi par les chasseurs de Royal-Comtois. Le chevalier de Fresne fit lever le pont après lui, et les Anglois qui y étoient en grand nombre, mirent bas les armes. Dans ce moment, l'isle fut prise; et l'on réunit ensuite dans le fort les officiers et soldats anglois qui venoient s'y rendre de toute part. Nous n'avons eu que dix soldats tués ou blessés, mais le nombre de ceux des ennemis a été considérable.

Je ne puis vous exprimer l'ardeur, le courage et la patience que les troupes ont montrés dans cette circonstance, joint à la discipline la plus exacte. Le comte de Dillon a donné de nouvelles preuves de son zèle et de son activité extrêmes. Le vicomte de Damas, quoique malade d'une dyssenterie, a conduit son corps avec la plus grande vivacité. Le chevalier de Fresne, par sa présence d'esprit et son courage, est celui à qui l'on est le plus redevable du succès de cette journée; et l'action vigoureuse du sieur de la Motte est digne des plus grands éloges, et mérite les grâces particulières du Roi.

Je ne peux, sans trahir mon devoir, vous taire les obligations que j'ai au chevalier de Girardin, commandant notre petite marine, qui en a dirigé les opérations, ainsi qu'aux sieurs Chavalier de Village, de Roccard et Preneuf, commandant les frégates et corvette, qui nous ont parfaitement secondés.

J'avois avec moi le sieur de Geoffroy, directeur du génie. Vous connoissez tous les services que cet officier a rendus au Roi dans ses colonies. Le sieur de Turmel faisoit les fonctions de major général.

Par une lettre particulière, j'aurai l'honneur de vous demander des grâces pour les différents officiers.

Je joins ici l'état de la garnison et de l'artillerie de cette île, composées de 677 hommes et de 68 pièces de canon. Les Anglois y ont fait les plus belles batteries depuis qu'ils s'en sont emparés, et il y a peu de chose à ajouter aux moyens de défense.

J'ai envoyé le vicomte de Damas attaquer avec 300 hommes l'île de Saint-Martin, où il y a une garnison foible; je lui ai ordonné de prendre le fort196, d'en jeter les canons à la mer, et d'emmener la garnison.

J'ai trouvé chez le gouverneur la somme d'un million qui étoit en séquestre jusqu'à la décision de la Cour de Londres; elle appartenoit à des Hollandois, et je la leur ai fait remettre d'après les preuves authentiques de leur propriété.

Il s'est trouvé aussi environ seize cent mille livres, argent des colonies, appartenant à l'amiral Rodney, au général Waughan et autres officiers, provenant de la vente de leurs prises: j'en ai fait faire un bloc avec ce que l'on pourra tirer de la prise de cinq ou six bâtiments ennemis qui se sont trouvés dans la rade, ce qui fera un total d'environ dix-huit cent mille livres à deux millions, argent des isles, qui sera partagé conformément à l'ordonnance des prises, entre l'armée et la marine.

La marine angloise dans ces mers, au moment de mon opération, étoit composée du vaisseau de guerre le Russell, de 74 canons, qui étoit en carène à Antigues, et de huit frégates dont quatre de 32 canons, mais qui étoient dispersées197.

Je suis, etc.
Signé: Bouillé.

XV

Le 31 mars, en se retirant, vers les onze heures du soir, l'abbé de la Breuille, chanoine et vicaire général, entend prononcer d'un ton consterné ces mots: Quel malheur! Il s'avance, il interroge. On lui répond que quatre hommes sont morts dans une fosse d'aisances que l'on vient d'ouvrir. Persuadé qu'ils ne sont qu'asphyxiés et qu'ils peuvent être secourus, il demande du vinaigre, propose aux personnes qui l'entourent d'aller en verser sur ces malheureux, dont un seul jetoit encore de longs et foibles gémissements. Il répète en vain qu'avec des précautions il n'y a rien à craindre; il ne persuade point. Une fille nommée Catherine Vassent, âgée de vingt ans, née d'un porte-sac qui s'est autrefois précipité dans les flammes pour sauver un enfant, s'écrie: Si j'étois homme, j'y descendrais bien… Hélas! que ne suis-je un homme! Au moment où l'abbé de la Breuille, ému par les foibles soupirs qu'il entend, se dévouoit et prenoit une cruche de vinaigre en disant: Eh bien, je vais le faire! Catherine Vassent s'avance, se saisit de la cruche, descend les marches qui conduisent à l'ouverture, après s'être, par ordre de l'abbé, lavé rapidement les mains et le visage avec le vinaigre, dont elle verse le surplus sur les mourants, comme on lui avoit indiqué. Cela fait, elle remonte prendre une seconde cruche et court en faire le même usage, malgré l'épaisse et fétide vapeur qui sortoit de ce lieu. Les sieurs Cauchie, Lemaire et de la Breuille se mettent, en formant la chaîne, à portée de lui donner du secours si elle en a besoin. On lui jette une corde qu'elle attache au bras d'un mourant, et qui casse au moment où le corps étoit parvenu à la troisième marche. Elle le retient jusqu'à ce qu'on lui en ait remis une seconde avec un nœud coulant qu'elle lui passe au bras. Celui-ci retiré, elle va au second, malgré la vapeur augmentée par la fumée de la paille enflammée que l'on venoit de jeter dans la fosse. Ayant également réussi, elle couroit au troisième, s'oubliant elle-même, et, pour perdre moins de temps, négligeant de se laver de vinaigre. Celui-là jetoit encore quelques soupirs. Vassent l'encourage, lui demande son bras, qu'elle cherche et trouve à tâtons, l'attache, lui soutient la tête, d'où le sang couloit par une large blessure, et le porte à côté des autres, auxquels les gens de l'art donnoient des secours. Un instant après, Vassent s'évanouit, asphyxiée elle-même. Pendant qu'on lui donne des soins particuliers, le sieur de la Breuille pense au quatrième. Un manœuvre se détermine à tenter de le secourir, après qu'on lui a couvert le bas du visage d'un mouchoir trempé dans le vinaigre des quatre voleurs; mais ne voyant rien et ne pouvant y tenir, il remonte sans vouloir redescendre, en disant qu'il ne le feroit pas pour tout l'or du monde. Cependant Vassent, reprenant ses sens, indiquoit en disant: À gauche! à gauche! l'endroit où étoit le dernier. Revenue à elle et voyant que personne ne se présente, elle s'écrie: Sera-t-il dit qu'après en avoir sauvé trois nous abandonnerons le quatrième? Non… Mon Dieu, que je serois heureuse si je pouvois les sauver tous quatre! Sur cela, elle s'élance vers la fosse avec tant d'ardeur que c'est avec peine que l'abbé de la Breuille la détermine à prendre la légère précaution de se couvrir la respiration d'un linge trempé dans le vinaigre, précaution que l'épuisement de ses forces rendoit plus nécessaire, et qui lui a suffi pour voler au quatrième et le soulever à l'aide d'un croc. Vassent, voyant que les membres de celui-ci étoient plus roides et résistoient plus que ceux des autres, gémit et s'écrie: Hélas! il est mort, il ne se prête à rien!… Sans se décourager, elle va plus avant, lui met la corde au bras, et on parvient à le retirer. Mais celui-ci, tombé plus avant que les autres et resté près de deux heures enseveli, n'a pu, malgré les soins des chirurgiens, couronner, en revenant à la vie, la généreuse et patriotique intrépidité de Catherine Vassent. Les deux premiers qu'elle a sauvés sont venus le lendemain la remercier, et s'en sont retirés à Chiry, dont ils sont tous. Le troisième, qui est blessé en plusieurs endroits, est à l'Hôtel-Dieu et donne de l'espoir. Catherine Vassent n'a éprouvé d'autre incommodité qu'un fort enrouement et un tremblement occasionnés l'un par ses efforts, l'autre pour avoir été se laver à la fontaine qui est sur la place.

(Gazette de France du mardi 22 avril 1788.)

La reconnaissance publique ajouta de nouveaux bienfaits aux dons que cette fille héroïque tenait déjà du souverain. Trois dignitaires de l'église cathédrale lui assurèrent une dot de quatre cents livres. L'évêque de Noyon lui en donna cent; le maire et les échevins de la ville lui remirent au nom de la commune, le jour de son couronnement, qui eut lieu le dimanche 13 avril 1788, une médaille aux armes de la ville avec emblème et inscription, une couronne civique, cent livres sur-le-champ, trois cents le jour de son mariage, une exemption sa vie durant du logement des gens de guerre, et son exemption à cinq fois de la taille. De toutes les communautés religieuses lui arrivèrent aussi des témoignages d'admiration et de munificence.

B.

XVI
TESTAMENT DE MADAME SOPHIE

Au nom de la très-sainte Trinité, et après avoir recommandé mon âme à Dieu, intercédé l'instance de la très-sainte Vierge et de ma sainte Patronne, j'ai cru devoir faire connoître par ce présent testament mes dernières intentions et volontés.

Je déclare que je veux vivre et mourir dans le sein de l'Église catholique, apostolique et romaine; j'espère cette grâce de la miséricorde de Dieu, de l'intercession de la très-sainte Vierge et de ma sainte Patronne.

Je demande au Roi mon neveu que mon corps ne soit point ouvert après ma mort, qu'il soit gardé pendant vingt-quatre heures (après m'avoir ouvert les pieds) par les filles de la Charité et par des prêtres, et qu'ensuite il soit porté à Saint-Denis sans aucunes pompes ni cérémonies quelconques, pour y être réuni à ceux de mes père et mère comme une marque de mon respectueux attachement à leurs personnes; je demande encore au Roi mon neveu de ne me pas faire faire de service ici, mais de m'en fonder un à perpétuité à l'abbaye de Fontevrauld; je me recommande à ses prières et le prie de me faire dire quelques messes de temps en temps.

Article 1er. J'institue mes sœurs, si elles me survivent toutes les deux, ou celle des deux qui me survivra, mes légataires universelles, ma sœur Adélaïde, et, à son défaut, ma sœur Victoire, pour exécutrice de mes dernières volontés; et, à défaut de mes sœurs, j'institue Madame la comtesse d'Artois, ma nièce, pour ma légataire universelle et mon exécutrice testamentaire.

Art. 2. Je laisse à ma sœur Adélaïde la moitié à moi appartenant dans la terre de Louvois et dépendances, selon l'acquisition que nous en avons faite elle et moi en commun, et toutes les acquisitions que nous pourrions faire dans la suite elle et moi également en commun, pour en jouir en toute propriété et en disposer comme elle le jugera à propos.

Art. 3. Je prie mes sœurs de payer aux personnes ci-après les pensions viagères qui suivent, à prendre sur la portion qui m'appartenoit dans les rentes viagères que nous avons héritées du chef de la Reine notre mère, et qui leur sont reversibles après ma mort, savoir:

À madame Tacher, trois mille livres;

À mademoiselle Gilbert, dix-huit cents livres;

À mademoiselle Gon, dix-huit cents livres;

À mademoiselle Defugerois, douze cents livres;

À mademoiselle La Motte, dix-huit cents livres;

À mademoiselle Onvi, douze cents livres;

À Chevalier, mon valet de chambre, dix-huit cents livres;

À Bonnet, six cents livres.

Art. 4. Ne pouvant rien laisser à ma sœur Louise étant carmélite, je la prie de ne pas m'oublier et de dire trois Ave Maria tous les jours à mon intention et trois De profundis pour le repos de mon âme.

Art. 5. Je laisse à madame de Riantz ma bibliothèque.

Je laisse à madame de Narbonne, dame d'honneur d'Adélaïde, les portraits d'Adélaïde et de feu ma sœur, qui sont en dessus de porte dans mon cabinet à Versailles.

Je laisse à madame de Montmorin, ma dame d'atours, mes boucles d'oreilles, mon collier de diamants et mes bracelets de diamants avec les portraits du Roi mon père et de la Reine ma mère.

Je laisse à madame de Busançois ma bague de diamant blanc.

Je laisse à madame de Castellane, dame de Victoire, une bague de diamant.

Je laisse à madame de Lastic une boîte.

Je laisse à madame de Lostanges une boîte.

Je laisse à madame de Guistel une boîte.

Je laisse à madame de Pracontal une boîte, et je prie toutes les personnes à qui je laisse de vouloir bien accepter ce que je leur laisse comme une marque dernière de mon amitié; je les prie de ne pas m'oublier et de prier Dieu pour moi.

Art. 6. L'argent qui se trouvera dans ma cassette au jour de mon décès, ou entre les mains des personnes qui, à cette époque, seront chargées de la recette de mes rentes et de l'administration de mes affaires, sera employé à payer mes dettes.

Art. 7. Dans le cas où aucunes des personnes comprisent dans les articles 3, 4 et 5 du présent testament mourreront avant moi, je me réserve la libre disposition des pensions et legs que je leur aurai laissé, pour en faire tel usage que je jugerai convenable; je me réserve également la liberté de faire au présent testament tels changements que je jugerai nécessaires.

Art. 8. Je supplie le Roi mon neveu de prendre sous sa protection toutes les personnes qui, au moment de ma mort, formeront ma maison et me seront attachées à tel titre que ce soit, et de leur assurer tant qu'elles vivront les mêmes appointements et émoluments dont elles se trouveront jouir au moment de mon décès, de façon que leur sort, tant qu'elles vivront, soit le même que pendant ma vie.

Fait double à Versailles, ce treize janvier mille sept cent quatre-vingt-un, pour être un des doubles déposé entre les mains de monsieur le Maître pour être remis au Roi, et à ma sœur Adélaïde le second resté dans ma cassette.

Sophie-Philippe-Élisabeth-Justine.

Il y a encore les gens payés par la garde-robe et la chambre, dont je n'ai pas fait mention, mais que je prie le Roy de payer; voulez-vous bien, ma chère, vous charger d'en parler.

Sophie.
Lettre de Madame Sophie à sa sœur Madame Victoire-Louise-Marie-Thérèse

Je ne sais, ma chère Thérèse, si mon testament est bon. S'il ne l'est pas, je vous prie, si vous héritez de moi, de donner entre vous deux les pensions et les legs aux personnes qui y sont nommées, et surtout je vous recommande l'article de mon enterrement; qu'il soit sans aucune cérémonie et que je ne sois point ouverte, cela me tient bien au cœur.

Je vous recommande toutes mes dames, mais particulièrement mesdames de Montmorin et de Riantz; vous savez l'amitié que j'avois pour elles; je voudrois bien que vous prissiez madame de Ganges, elle vous plaît, et vous me feriez grand plaisir. Je joins à cette lettre une petite note de ce que je demande au Roi. Je vous prie, ma chère Thérèse, de faire tout votre possible pour que le Roi l'accorde; parlez-en à la Reine de ma part, et faites bien voir au Roi qu'il y gagnera encore beaucoup. Je ne vous dis rien de moi, je sais qu'il faut me taire; je me recommande à vos prières et à celles de madame de Narbonne; qu'elle pense quelquefois à M. Pontassin (illisible).

Je vous recommande en particulier le petit de Tanne; vous n'ignorez pas les malheurs de son père, ne l'abandonnez pas, je vous demande en grâce; j'espère qu'il sera bon sujet.

Je vous recommande M. le chevalier de Talleyrand et madame Martin, ma femme de chambre; elle est bien malheureuse.

Je vous prie qu'on ne me fasse pas de service ici. Faites-moi dire des messes de temps en temps lorsque vous aurez un petit écu de trop.

Sophie.

Ce quatorze janvier 1781.

Lettre de Madame Sophie au Roi Louis XVI

C'est avec la plus grande confiance, mon cher neveu, et du fond de mon cœur, et je puis dire du fond du tombeau, puisque vous ne recevrai cette lettre qu'après ma mort, que je viens vous renouveller toutes les demandes que je vous ai faites dans mon testament, et y ajouter celles-cy; je vous recommande M. et madame de Montmorin et leurs enfants, et vous prie instamment, mon cher neveu, de donner à madame de Montmorin une pension de vingt mille livres; au petit de Tanne, son neveu, une de dix; vous savés les malheurs de son père, il n'a d'autres ressources que vos bontés, j'espère qu'il s'en rendra digne; à madame de Ryantz une pension de six mille livres, et trois qu'elle a, cela fera neuf; et la promesse du premier logement vaquant aux Thuileries ou au Louvre, c'est-à-dire si madame de Narbonne est logée: je sais qu'Adélaïde en demande un pour elle; à madame de Boursonne et à madame de Ganges chacune six mille livres de pension; elles en ont grand besoin toutes les deux. Ne soyez pas effrayé, mon cher neveu, de toutes ces demandes; pensez que vous gagnerez encore beaucoup à ma mort; pensez aussi, je vous prie, à l'amitié dont je me suis toujours flattée que vous aviez pour moi, mais plus encore à celle que j'avois pour vous, qui étoit bien tendre, je vous assure, et que ce sont les dernières grâces que je vous demanderai à jamais, et auxquelles je m'intéresse bien vivement; enfin, mon cher neveu, je vous demande pour la dernière de toutes, et vous en prie instamment, de ne pas m'oublier et de me faire dire des messes de temps en temps.

Sophie.

À Versailles, ce 12 janvier 1781.

196.Le comte de Bouillé a rapporté verbalement qu'à son départ de Saint-Eustache l'île de Saint-Martin et l'île de Saba s'étoient rendues aux troupes du Roi.
197.Le lieutenant-colonel Cockburn, du 35e régiment, qui commandoit à Saint-Eustache lorsque cette isle a été enlevée par les François, a déclaré que, sur l'argent déposé dans cette colonie par l'amiral Rodney et le général Waughan, il se trouvoit une somme de 264,000 livres qui lui appartenoit, et il l'a réclamée. Le marquis de Bouillé ayant assemblé les officiers supérieurs des corps, pour leur faire part de la réclamation du lieutenant-colonel Cockburn, ils ont tous été d'avis de rendre cet argent au gouverneur anglois, ce qui a été effectué.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
31 temmuz 2017
Hacim:
723 s. 6 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain
Metin
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