Kitabı oku: «Avant Qu’il Ne Traque », sayfa 2
Elle se demanda si cette rencontre avec cette femme ne lui avait pas pesé sur la conscience au moment où elle-même s’était offerte à lui.
« Pendant combien de temps est-ce qu’ils t’ont suspendu ? » demanda-t-elle.
Il haussa les épaules. « Ça dépend. Si elle décide de ne pas en faire un foin, ça pourrait se limiter à un mois. Mais si ça commence à prendre des proportions énormes, je pourrais être suspendu pendant bien plus longtemps. Ça pourrait même mener à une interruption totale et définitive. »
Cette fois-ci, ce fut Mackenzie qui lui tourna le dos. Elle ne pouvait pas s’empêcher de réagir de manière légèrement égoïste. Bien sûr, elle était triste que l’homme qu’elle aime ait à faire face à une telle situation, mais au final, elle était bien plus préoccupée par le fait de perdre son partenaire. Elle détestait le fait que ses priorités soient aussi biaisées, mais c’était ce qu’elle ressentait à l’instant présent. Ça, et un sentiment aigu de jalousie dont elle avait horreur. Elle n’était pas du genre jaloux… alors pourquoi ressentait-elle autant de jalousie envers cette femme qui accusait Ellington de harcèlement sexuel ? Elle n’avait jamais été jalouse de la femme d’Ellington, alors pourquoi l’était-elle avec cette femme ?
Parce qu’elle est occupée à tout changer, pensa-t-elle. Elle vient ébranler cette petite routine ennuyeuse dans laquelle je m’étais retrouvée et avec laquelle je commençais à être à l’aise.
« À quoi tu penses ? » demanda Ellington.
Mackenzie secoua la tête et consulta sa montre. Il n’était que treize heures de l’après-midi. Son absence au boulot allait bientôt être remarquée.
« Je pense qu’il faut que je retourne au boulot, » dit-elle. Et sur ces mots, elle lui tourna le dos et sortit de la pièce.
« Mackenzie, » cria Ellington. « Attends. »
« Tout va bien, » lui répondit-elle. « On se voit un peu plus tard. »
Elle partit sans lui dire au revoir, sans un baiser, ni une embrassade. Car bien qu’elle lui ait dit le contraire, tout n’allait pas bien du tout.
Si tout allait bien, elle ne serait pas occupée à lutter contre des larmes qui semblaient surgir de nulle part. Si tout allait bien, elle n’essaierait pas de réprimer une colère qui cherchait à monter en elle, lui disant qu’elle avait été idiote de penser que la vie allait maintenant être un long fleuve tranquille, qu’elle allait finalement avoir une vie normale où les fantômes de son passé ne la poursuivraient plus.
Au moment où elle arriva à sa voiture, elle était parvenue à réprimer son envie de pleurer. Son téléphone sonna et elle vit le nom d’Ellington s’afficher. Elle ignora l’appel, démarra la voiture et se dirigea vers le bureau.
CHAPITRE TROIS
Aller travailler ne lui permit de s’éloigner que pendant quelques heures. Et même en demandant à Harrison s’il n’avait pas besoin de son aide pour l’enquête sur une petite fraude bancaire sur laquelle il travaillait, il était à peine dix-huit heures quand Mackenzie se retrouva en-dehors des bureaux. Quand elle arriva à l’appartement à dix-huit heures vingt, elle trouva Ellington derrière les fourneaux. Il ne cuisinait pas souvent et quand il le faisait, c’était en général parce qu’il n’avait rien d’autre à faire.
« Salut, » dit-il, en levant les yeux d’une casserole où mijotait une poêlée aux légumes.
« Salut, » lui répondit-elle, en déposant son ordinateur portable sur le divan et en entrant dans la cuisine. « Désolée pour la manière dont je suis partie tout à l’heure. »
« Pas besoin de t’excuser, » dit-il.
« Bien sûr que si. J’ai réagi de façon puérile. Et pour être tout à fait honnête, je ne comprends pas pourquoi ça me dérange autant. Je suis plus préoccupée par le fait de te perdre en tant que partenaire que par les conséquences que ça pourrait avoir sur ta carrière. C’est vraiment tordu de ma part. »
Il haussa les épaules. « C’est normal. »
« Ça le devrait mais ça ne l’est pas, » dit-elle. « Je n’arrive pas à t’imaginer embrassant une autre femme, et particulièrement pas comme ça. Même si tu étais saoul et qu’elle avait fait le premier pas, je n’arrive pas à t’imaginer te comporter d’une telle façon. Et ça me donne envie d’aller descendre cette femme, tu sais ? »
« Je suis vraiment désolé, » dit-il. « C’est une de ces choses que j’aimerais pouvoir changer. Une de ces choses que je pensais maintenant enterrée dans le passé et à laquelle je n’aurais plus à faire face. »
Mackenzie s’avança derrière lui et le prit dans ses bras d’une manière hésitante. « Est-ce que ça va ? » demanda-t-elle.
« Juste en colère. Et gêné. »
Mackenzie le soupçonnait de ne pas être tout à fait honnête avec elle. Il y avait quelque chose dans son attitude, quelque chose dans la manière dont il évitait de la regarder quand il en parlait. Elle avait envie de croire que c’était simplement dû au fait qu’il n’était pas facile de faire face à de telles accusations, de se rappeler de quelque chose de stupide qu’on ait fait dans le passé.
Franchement, elle ne savait plus trop quoi penser. Depuis qu’elle l’avait vu passer près de la porte de son bureau avec une caisse en mains, son opinion à son sujet était devenue confuse et embrouillée.
Elle allait lui proposer de l’aider à préparer le dîner, en espérant qu’un peu de normalité les aiderait à penser à autre chose. Mais avant que les mots n’aient eu le temps de sortir de sa bouche, son téléphone se mit à sonner. Elle fut surprise et légèrement préoccupée de voir que c’était McGrath.
« Désolée, » dit-elle à Ellington, en lui montrant le nom sur l’écran. « Je pense qu’il vaut mieux que je réponde. »
« Il veut probablement te demander si je t’ai déjà harcelée sexuellement, » dit-il, sur un ton narquois.
« Il aurait eu l’occasion de le faire tout à l’heure, » dit-elle avant de s’éloigner des bruits de la cuisine pour répondre à l’appel.
« Agent White, » dit-elle, en parlant de manière directe et presque mécanique, comme elle avait l’habitude de le faire quand elle répondait à un appel de McGrath.
« White, » dit-il. « Vous êtes déjà rentrée chez vous ? »
« Oui, monsieur. »
« Je veux que vous reveniez. J’ai besoin de vous parler en privé. Je serai dans le parking. Niveau deux, Rangée D. »
« Monsieur, est-ce que c’est au sujet d’Ellington ? »
« Contentez-vous de venir me retrouver, White. Et venez aussi vite que possible. »
Il raccrocha sur ces mots, sans en dire plus à Mackenzie. Elle remit lentement son téléphone en poche et regarda en direction d’Ellington. Il retirait la casserole du feu et se dirigeait vers la table qui se trouvait dans la petite salle à manger.
« Il va falloir que je prenne à emporter, » dit-elle.
« Merde. C’est à mon sujet ? »
« Il n’a rien voulu me dire, » dit Mackenzie. « Mais je ne pense pas. C’est pour quelque chose d’autre. Il a été plutôt mystérieux. »
Sans savoir vraiment pourquoi, elle omit de lui dire qu’elle devait le retrouver dans le parking. Pour être tout à fait honnête avec elle-même, il y avait quelque chose là dedans qui ne lui plaisait pas beaucoup. Elle prit néanmoins un bol dans l’armoire, y mit quelques cuillerées du dîner préparé par Ellington et l’embrassa sur la joue. Ils se rendaient tous les deux bien compte que c’était un peu forcé et machinal.
« Tiens-moi informé, » dit Ellington. « Et dis-moi si tu as besoin de quoi que ce soit. »
« Bien sûr, » dit-elle.
Après s’être rendu compte qu’elle n’avait pas encore pris le temps de détacher son étui et son Glock, elle se dirigea directement vers la porte. Quand elle fut dans le couloir et en route vers sa voiture, elle réalisa qu’elle était en fait un peu soulagée d’avoir été rappelée au boulot.
***
Elle devait admettre que ça faisait un peu cliché de se retrouver à traîner au Niveau 2 du parking en face des bureaux du FBI. Les rendez-vous dans des parkings, c’était typique des drames policiers de série B. Et dans ces histoires, les rendez-vous un peu louches dans des parkings menaient généralement à un drame ou l’autre.
Elle repéra la voiture de McGrath et se gara à quelques places de là. Elle verrouilla sa voiture et marcha jusqu’à l’endroit où McGrath l’attendait. Sans y être formellement invitée, elle se dirigea vers la portière passager, l’ouvrit et entra dans le véhicule.
« OK, » dit-elle. « Je n’en peux plus de tout ce mystère. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond ? »
« Il n’y a rien qui ne tourne pas rond en soi, » dit McGrath. « Mais on a une enquête à mener dans une petite ville du nom de Kingsville, à environ une heure de route d’ici. Tu en as entendu parler ? »
« Oui, mais je n’y suis jamais allée. »
« C’est au fin fond de la campagne, le dernier trou paumé avant d’arriver à l’agitation et aux autoroutes menant à Washington, » dit McGrath. « Mais il se pourrait qu’il n’y ait aucune enquête à mener. J’ai besoin que tu y ailles pour savoir ce qu’il en est. »
« OK, » dit-elle. « Mais pourquoi est-ce qu’on n’a pas parlé de tout ça dans votre bureau ? »
« Parce que la victime est le neveu du directeur adjoint. Vingt-deux ans. Apparemment quelqu’un l’aurait jeté d’un pont. La police locale de Kingsville pense qu’il s’agit probablement d’un suicide, mais le directeur adjoint Wilmoth voudrait en être totalement sûr. »
« Est-ce qu’il a une raison de penser qu’il pourrait s’agir d’un meurtre ? » demanda-t-elle.
« Et bien, c’est le deuxième corps qui ait été retrouvé en bas de ce pont au cours des quatre derniers jours. Il s’agit probablement d’un suicide, si tu veux mon avis. Mais, il y a environ une heure, j’ai reçu l’ordre d’aller y jeter un œil, un ordre direct du directeur Wilmoth. Il veut en être sûr. Il veut également être informé aussi vite que possible et il ne veut pas que ça s’ébruite. D’où le fait que je te demande de me retrouver ici, plutôt que dans mon bureau. Si on nous voyait en réunion après les heures de bureau, on supposerait que c’est au sujet d’Ellington ou pour une mission spéciale. »
« OK… je vais à Kingsville, je vérifie s’il s’agit d’un meurtre ou d’un suicide et je vous fais un rapport, c’est ça ? »
« Oui. Et dû aux récents événements avec Ellington, vous travaillerez seule. Ce qui ne devrait pas poser problème car je m’attends à ce que vous rentriez ce soir avec la confirmation qu’il s’agissait bien d’un suicide. »
« Compris. Quand est-ce que je pars ? »
« Maintenant, » dit-il. « Il n’y a rien de tel que le moment présent, n’est-ce pas ? »
CHAPITRE QUATRE
Mackenzie se rendit compte que McGrath n’avait pas exagéré en décrivant la ville de Kingsville, en Virginie, comme un trou perdu. C’était une petite ville qui, en termes d’identité, devait se trouvait coincée quelque part entre Rédemption et Fraternité. Elle avait une atmosphère un peu glauque de campagne mais avec le charme rustique des petites villes du Sud.
La nuit était complètement tombée quand elle arriva sur la scène de crime. Le pont lui apparut au loin, au moment où elle roulait prudemment sur une étroite route en graviers. La route n’était pas entretenue par l’État et n’avait dès lors pas été complètement fermée au trafic. Cependant, quand elle arriva à moins de cinquante mètres du pont, elle vit que la police de Kingsville avait dressé une rangée de tréteaux pour empêcher toute personne de s’avancer plus loin.
Elle se gara à côté de quelques voitures de voiture de police et sortit dans la nuit. Quelques projecteurs avaient été installés et ils étaient tous braqués sur la rive escarpée à droite du pont. Au moment où elle s’approcha du bord, un jeune policier sortit de l’une des voitures.
« Vous êtes l’agent White ? » lui demanda l’homme, avec un accent du Sud à couper au couteau.
« Oui, c’est moi, » répondit-elle.
« OK. Alors, je vous conseille plutôt de traverser le pont et de descendre de l’autre côté, car le talus de ce côté-ci est vraiment escarpé. »
Reconnaissante du conseil, Mackenzie traversa le pont. Elle sortit sa petite torche Maglite et observa la scène tout en s’avançant. Le pont était plutôt vieux et était probablement fermé depuis longtemps à toute utilisation d’ordre pratique. Elle savait qu’il y avait de nombreux ponts dans le style un peu partout en Virginie et en Virginie-Occidentale. Le pont était appelé le Miller Moon Bridge, selon les recherches rapides qu’elle était parvenue à faire sur Google quand elle s’était retrouvée à l’arrêt à des feux rouges en venant jusqu’ici. Il avait été construit en 1910 et il avait été fermé à l’usage public en 1969. Ce fut toute l’information qu’elle put obtenir sur l’endroit avant d’arriver ici, mais son examen minutieux des lieux lui en apprit davantage.
Il n’y avait pas beaucoup de graffitis sur le pont mais la quantité de déchets était considérable. Des bouteilles de bière, des cannettes de boissons et des sachets vides de chips avaient été jetés sur le pont et étaient accumulés contre le rebord en métal qui soutenait les rails en fer. Le pont n’était pas très long, il ne faisait pas plus de soixante-dix mètres, juste assez pour enjamber les talus escarpés et la rivière en-dessous. La structure semblait solide sous ses pieds mais l’ensemble lui parut plutôt léger d’une certaine manière. Elle était bien consciente qu’elle s’avançait sur des planches et des poutres en bois, à près de soixante mètres dans les airs.
Quand elle arriva de l’autre côté du pont, elle se rendit compte que le policier avait eu raison. Le terrain était beaucoup plus gérable de ce côté-ci. Grâce au faisceau de sa Maglite, elle put discerner un sentier qui serpentait à travers les hautes herbes. Le talus finissait à un angle de près de quatre-vingt-dix degrés mais il y avait un peu de terre et des pierres ici et là qui facilitèrent la descente.
« Attendez un instant, » dit la voix d’un homme, venant du bas du talus. Mackenzie regarda devant elle, en direction de la lumière des projecteurs, et vit une ombre s’avancer dans sa direction. « Qui êtes-vous ? » demanda l’homme.
« Mackenzie White, du FBI, » dit-elle, en tendant la main vers son badge.
Quelques instants plus tard, elle put discerner le propriétaire de la silhouette. C’était un homme âgé avec une énorme barbe hirsute. Il était vêtu d’un uniforme de police et le badge qu’il portait sur sa poitrine indiquait qu’il s’agissait du shérif de Kingsville. Derrière lui, elle aperçut la silhouette de quatre autres policiers. L’un d’entre eux était occupé à prendre des photos et se déplaçait lentement dans l’ombre.
« Oh, waouh, » dit-il. « Ça a été rapide. » Il attendit que Mackenzie soit plus près de lui avant de lui tendre la main. Il lui serra chaleureusement la main et se présenta.
« Je suis le shérif Tate. Enchanté de vous rencontrer. »
« De même, » dit Mackenzie, en atteignant le bas du talus et en se retrouvant sur un terrain plat.
Elle prit un moment pour observer la scène, éclairée de manière habile par les projecteurs installés sur les côtés du talus. La première chose que Mackenzie remarqua, c’était que la rivière n’en était pas vraiment une – en tout cas, pas au niveau du Miller Moon Bridge. C’était plutôt quelques flaques d’eau stagnante entourant les côtés et les rebords tranchants de rochers et de grosses pierres qui se trouvaient à l’endroit où la rivière aurait dû s’écouler.
L’une de ces pierres était vraiment énorme et faisait facilement la taille de deux voitures. Allongé sur le haut de cette pierre, se trouvait un cadavre. Le bras droit était visiblement brisé, plié dans une position impossible en-dessous du reste du corps. Un filet de sang coulait de la pierre, en grande partie séché mais encore assez humide pour donner l’impression de continuer à couler.
« Pas beau à voir, hein ? » dit Tate, qui se tenait debout à côté d’elle.
« Non, pas vraiment. De quoi êtes-vous sûr jusqu’à présent ? »
« Et bien, la victime est un homme de vingt-deux ans. Kenny Skinner. Si j’ai bien compris, il a un lien de famille avec quelqu’un haut placé chez vous. »
« Oui. Le neveu du directeur adjoint du FBI. Est-ce que beaucoup de vos hommes sont au courant ? »
« Seulement moi et mon adjoint, » dit Tate. « Vos collègues à Washington nous ont déjà dit de rester discrets à ce sujet. »
« Merci, » dit Mackenzie. « Si j’ai bien compris, un autre corps a été retrouvé ici il y a quelques jours, c’est bien ça ? »
« Il y a trois jours, oui, » dit Tate. « Une femme du nom de Malory Thomas. »
« Des indices qu’il pourrait s’agir d’un crime ? »
« Et bien, elle était nue. Et ses habits ont été retrouvés sur le pont. À part ça, il n’y avait rien d’autre. Nous avons supposé qu’il s’agissait juste d’un autre suicide. »
« Ça arrive souvent dans le coin, les suicides ? »
« Oh oui, » dit Tate, avec un sourire nerveux. « C’est le moins que l’on puisse dire. Il y a trois ans, six personnes se sont suicidées en sautant de ce fichu pont, établissant une sorte de record pour tout l’État de Virginie. L’année suivante, il y en a eu trois. L’année dernière, cinq. »
« C’était tous des gens du coin ? » demanda Mackenzie.
« Non. Parmi ces quatorze personnes, seulement quatre vivaient dans un rayon de quatre-vingt kilomètres. »
« Et à votre connaissance, est-ce qu’il y aurait une sorte de légende urbaine ou de raisonnement en particulier qui pousseraient ces gens à se jeter de ce pont ? »
« Bien sûr, il y a des histoires qui circulent, » dit Tate. « Mais ce genre d’histoires existent avec à peu près tous les ponts désaffectés du pays. Je ne sais pas vraiment. Je mets ça sur le compte de ce fichu fossé des générations. De nos jours, quand les jeunes sont blessés dans leurs sentiments, ils pensent que se suicider est la solution. C’est plutôt triste. »
« Et concernant les meurtres ? » demanda Mackenzie. « Quel est le taux d’homicides à Kingsville ? »
« Il y en a eu deux l’année dernière. Et pour l’instant, seulement un cette année. C’est une petite ville tranquille. Tout le monde se connaît et si tu n’apprécies pas quelqu’un, tu t’arranges pour en rester éloigné. Mais pourquoi cette question ? Est-ce que vous pensez qu’il pourrait s’agir d’un meurtre ? »
« Je ne sais pas encore, » dit Mackenzie. « Mais deux corps en quatre jours retrouvés au même endroit… Je pense que ça vaut la peine d’y regarder de plus près. Est-ce que vous savez si Kenny Skinner et Malory Thomas se connaissaient ? »
« Probablement, mais je ne sais pas s’ils se connaissaient bien. Comme je vous le disais… tout le monde se connaît à Kingsville. Mais si vous vous demandez s’il est possible que Kenny se soit suicidé suite à la mort de Malory, là, j’en doute. Il y avait une différence d’âge de cinq ans entre eux et ils ne traînaient pas vraiment avec les mêmes amis, d’après ce que j’en sais. »
« Est-ce que je peux jeter un œil au corps ? » demanda Mackenzie.
« Allez-y, » dit Tate, en s’éloignant instantanément d’elle pour rejoindre les autres policiers qui ratissaient la scène de crime.
Mackenzie s’approcha avec appréhension de la pierre et du corps de Kenny Skinner. Plus elle se rapprochait du cadavre, plus elle se rendait compte des dégâts qui avaient été causés. Elle avait vu des scènes assez répugnantes dans le cadre de son travail, mais celle-ci était l’une des pires.
Le filet de sang provenait de l’endroit où la tête de Kenny s’était écrasée contre le rocher. Elle ne prit pas la peine de l’examiner de plus près car les traces rouges et noires éclairées par les projecteurs n’étaient pas vraiment quelque chose dont elle voulait se souvenir plus tard le soir. L’énorme fracture à l’arrière de la tête avait affecté le reste du crâne, en déformant les traits du visage. Elle vit également l’endroit où le torse et l’estomac semblaient avoir été gonflés depuis l’intérieur.
Elle fit de son mieux pour faire abstraction de tout ça et se mit à examiner les vêtements et la peau à nu de Kenny afin d’y déceler tout indice d’origine criminelle. Dans la lumière éblouissante mais néanmoins insuffisante des projecteurs, c’était difficile d’en être tout à fait certaine mais après quelques minutes, Mackenzie n’eut rien remarqué de spécial. Quand elle s’éloigna, elle sentit son corps se détendre. Ses muscles s’étaient apparemment tendus au moment où elle observait le cadavre.
Elle retourna auprès du shérif Tate, qui était occupé à parler avec un autre policier. Ils évoquaient le fait de devoir prévenir la famille.
« Shérif, est-ce qu’il serait possible d’obtenir les dossiers concernant ces quatorze suicides au cours des trois dernières années ? »
« Oui, bien sûr. Je vais de suite appeler le commissariat et m’assurer à ce que les dossiers vous y attendent. Et puis… je pense qu’il y a quelqu’un à qui vous devriez peut-être parler. Il y a une femme en ville qui travaille de chez elle comme psychiatre et éducatrice spécialisée. Ça fait un peu plus d’un an qu’elle insiste sur le fait que tous ces suicides à Kingsville ne peuvent pas seulement être des suicides. Il est possible qu’elle vous apporte des informations que vous ne trouveriez pas dans les rapports. »
« Ce serait vraiment super. »
« Je ferai ajouter ses coordonnées aux dossiers à vous transmettre. Vous en avez terminé ici ? »
« Pour l’instant, oui. Est-ce que je pourrais avoir votre numéro pour pouvoir vous contacter plus facilement ? »
« Bien sûr. Mais ce fichu téléphone n’arrête pas de se planter. Il faut que je fasse une mise à jour. Ça fait au moins cinq mois que j’aurais dû la faire. Alors, si vous m’appelez et que vous tombez directement sur la boîte vocale, ce n’est pas parce que j’ignore votre appel. Je vous rappellerai tout de suite. Il y a un truc qui ne fonctionne pas avec cette machine. Je hais les téléphones portables, de toute façon. »
Après sa diatribe sur la technologie moderne, Tate lui donna son numéro de portable et elle le sauvegarda sur son téléphone.
« Je vous retrouve d’ici peu, » dit Tate. « Le médecin légiste est sur le point d’arriver. Je serai vraiment content de pouvoir enfin bouger ce cadavre. »
Ça pouvait sembler irrespectueux à dire mais quand Mackenzie se retourna et vit à nouveau l’état pitoyable dans lequel se trouvait le corps, elle ne pouvait qu’être d’accord avec lui.