Kitabı oku: «Le mensonge d’un voisin», sayfa 3
Gênée, Chloé sortit de la chambre pour reprendre son calme et ses esprits.
« Mon dieu, » jura Rhodes, en observant l'empreinte. « Fine... Pourquoi tu n'irais pas voir là-bas si tu peux trouver quelque chose qui pourrait nous aider ? Il y a des impacts de balles dans le mur de la cuisine que je n'ai pas eu le temps d'inspecter pendant que tu étais dehors. Moi je m'occupe de l’empreinte... Si c'est encore possible. »
À nouveau, Chloé dut se mordre la langue pour éviter de lui répondre de manière désobligeante. Elle avait fait une erreur et elle n’avait plus qu’à accepter que Rhodes se comporte comme une garce. C'est pourquoi elle préféra rester silencieuse et retourner dans le salon, en espérant trouver une façon de se racheter.
Elle alla dans la cuisine et vit les impacts de balles que Rhodes avait mentionnés. Elle vit les douilles dans chaque orifice, profondément enfoncées dans le plâtre. Elle savait que cela suffirait pour identifier le type d'arme qui avait été utilisée. Ces impacts de balles étaient un véritable cadeau du ciel – une preuve tangible qui leur donnerait assez d'informations pour poursuivre l'enquête.
Mais il y a peut-être d’autres indices, pensa-t-elle.
Elle retourna dans le couloir et s'arrêta à l'endroit qui débouchait dans le salon. Si le tueur était entré par la chambre à coucher principale, cela serait sûrement l'endroit d'où il avait commencé à tirer. L'absence de sang dans la chambre à coucher indiquait qu'aucune violence n'y avait eu lieu.
Elle regarda le divan et la traînée de sang au sol. Probablement le premier coup de feu, pensa-t-elle. Elle observa la disposition de la pièce et se fit une image mentale assez précise de ce qui s'était passé. Le premier tir avait tué une personne qui était assise sur le canapé, provoquant la réaction de l’autre personne qui se trouvait également sur le divan. Il s'était probablement précipité pour s’enfuir, en renversant peut-être au passage la table basse. Peut-être qu’il avait trébuché sur elle ou avait tenté de sauter au-dessus. Peu importe, le sang et la tache de soda sous la table basse indiquaient qu'il n'y était pas parvenu.
Mais elle continua à s’interroger. Elle s’avança lentement dans le salon, en suivant la trajectoire que les balles devaient avoir prise. La quantité de sang séché sur le dossier du divan lui prouvait que la personne qui était assise là, était morte sur le coup. Elle ne vit aucun impact de balle, ce qui signifiait que la balle s'était probablement logée dans la tête de la victime.
Les deux impacts de balle dans le mur de la cuisine étaient bien visibles, à environ sept centimètres de distance l'un de l'autre. Elle pouvait les voir depuis le divan. Si deux balles s'étaient perdues là-bas, il pouvait y en avoir également ailleurs et cela pourrait lui donner une idée plus précise du déroulement des événements.
Elle alla vers la table basse et se baissa. Si quelqu'un avait trébuché ici avant d'être abattu, le tireur avait dû viser vers le bas. Elle regarda partout à la recherche d'une autre balle perdue mais n'en trouva aucune. Apparemment, le tireur avait touché sa cible.
En revanche, elle remarqua quelque chose qu’elle n’avait pas encore vu. À sa droite, il y avait un petit bureau appuyé contre le mur. Dessus, étaient posés un bol et une photo encadrée. Un panier en osier défraichi contenant du vieux courrier et des livres était coincé entre les pattes du bureau. Entres les pattes arrière et le panier, elle vit un téléphone portable.
Elle le ramassa et vit que c'était un iPhone. Elle appuya sur le bouton marche/arrêt et l'écran s'alluma. L'écran d'accueil affichait une photo de Black Panther. Elle pressa sur le bouton Accueil, en s'attendant à voir apparaître une fenêtre demandant un code PIN. Mais elle fut surprise de constater qu’il s'alluma sans problème.
C'était sûrement le téléphone du fils, pensa-t-elle. Et peut-être que ses parents l'avaient configuré sans code PIN de manière à y avoir tout le temps accès.
Il lui fallut un moment pour comprendre ce qu'elle voyait. Elle vit le visage d'un garçon avec des traits de zombie gribouillés par-dessus. Elle regarda les contours de l'écran et aperçut l'icône de Snapchat. Elle était tombée sur une vidéo (ou un snap) qui n'avait pas encore été envoyé.
« Mon dieu, » murmura-t-elle.
Elle réalisa soudain que le téléphone était brûlant. Elle regarda l'indicateur de batterie et constata qu'il était dans le rouge.
Elle se précipita dans le couloir, le téléphone en main. « Rhodes, est-ce que tu as vu un chargeur de téléphone par ici ? » cria-t-elle.
Il y eut un silence avant que Rhodes ne réponde. « Oui. Sur la table de chevet. »
Rhodes n'eut pas le temps de finir sa phrase que, déjà, Chloé entrait en trombe dans la chambre. Elle vit le chargeur et se précipita pour l’attraper.
« Qu'est-ce qu’il se passe ? » demanda Rhodes.
Chloé eut envie de lui répondre : T'aimerais bien savoir, hein sale garce ? Mais elle se retint et connecta le chargeur au téléphone.
« Je crois que le fils était sur Snapchat quand le tueur est arrivé. Et je pense qu'il était sur le point d'envoyer un snap à un ami. Il n'a malheureusement pas eu le temps. »
Elle lança la vidéo qui se trouvait à l'écran au moment où elle avait trouvé le téléphone. C’était la vidéo d’un jeune garçon, de douze ou treize ans, qui tirait la langue, le visage mis en relief par une animation de zombie. Deux secondes plus tard, le premier coup de feu retentit. L'image bougea un instant et elles entendirent le second coup de feu. Le garçon tomba au sol, l'image bougea à nouveau et l'écran devint noir, le téléphone ayant probablement terminé sa course en-dessous du bureau où Chloé l’avait retrouvé.
C'était là que le snap s'arrêtait. La vidéo durait environ cinq secondes.
« Remets-le, » dit Rhodes.
Chloé lança à nouveau la vidéo, en faisant plus attention aux moments où l’image bougeait. Pendant un quart de seconde, elle vit une silhouette se tenant dans l'entrée et s’avançant dans le salon. C'était bref, mais on la voyait clairement. Chloé ne put distinguer le visage mais elle savait que le FBI n'aurait aucun problème à effectuer une analyse image par image, en optimisant la séquence.
« On l'a, notre tueur, » dit Rhodes. « Où as-tu trouvé le téléphone ? »
« Sous le bureau dans le salon. »
Chloé vit que Rhodes était enthousiasmée par cette découverte, mais qu’elle ne voulait pas lui en accorder trop le mérite. Elle se contenta de hocher la tête en signe d'approbation et retourna vers la fenêtre pour terminer son travail de relevé d'empreinte.
Elles savaient toutes les deux qu'avec cette vidéo de Snapchat, leur travail ici était presque terminé. Elles avaient une pièce à conviction parfaite et tout ce qu’elle pouvait faire à partir de maintenant ne serait que du travail de routine.
Chloé se dit qu’elle ferait mieux de jouer le jeu et ne pas créer davantage de tensions entre elles. Elle prit le téléphone et retourna dans le salon. Elle traversa la cuisine et se mit à extraire les douilles du plâtre du mur. Mais elle savait que la pièce la plus importante du puzzle se trouvait dans ce téléphone, qui permettrait probablement de découvrir qui était l’assassin de cette famille. Elle ne pouvait néanmoins s’empêcher d’avoir l’impression que c’était trop facile. Elle était sûre que Rhodes pensait probablement la même chose – et à un moyen de retourner ça contre Chloé.
CHAPITRE QUATRE
Elles rentrèrent au siège du FBI deux heures plus tard avec ce qui, selon Chloé, constituait une preuve plus que suffisante pour qu'un suspect soit placé en détention avant la fin de la journée. La vidéo de Snapchat était la piste la plus solide qu'elles aient découverte, mais elles avaient également retrouvé deux empreintes, l'empreinte sur le tapis de la chambre à coucher et deux cheveux accrochés au bas de la fenêtre de la chambre.
Elles présentèrent leurs conclusions au directeur adjoint Garcia autour d'une petite table de conférence à l'arrière de son bureau. Quand Chloé lui montra ce qu'elle avait trouvé sur le téléphone, elle vit un air de satisfaction se dessiner sur son visage. Il semblait également ravi par la manière très professionnelle avec laquelle Rhodes avait catalogué toutes les preuves retrouvées.
Peut-être qu’elle devrait changer de département, pensa Chloé, sur un ton hargneux.
« Vous avez fait du très bon boulot, » dit Garcia, en se levant et en les regardant d’un air fier. « Vous avez travaillé rapidement, rigoureusement, et je suis sûr que votre travail mènera rapidement à une arrestation. »
Les deux agents le remercièrent et Chloé se sentit un peu mieux en constatant que Rhodes était tout aussi mal à l'aise qu'elle pour accepter les compliments.
« Maintenant, agent Fine, j'ai reçu un appel du directeur Johnson juste avant votre arrivée. Il veut vous voir dans une quinzaine de minutes. Agent Rhodes, pourquoi vous n’iriez pas au labo pour voir ce qu'il advient de toutes les preuves que vous avez présentées ? »
Rhodes hocha la tête, en continuant à jouer le rôle du bon élève. Quant à Chloé, elle se sentit à nouveau envahie de panique. Hier, quand Johnson l’avait convoquée à son bureau, il l'avait vraiment prise au dépourvu. Qu’est-ce qu’il avait maintenant de prévu pour elle ?
Elle préféra ne pas poser de questions et elle traversa le couloir en direction de son bureau. Quand elle entra à la réception, elle vit que sa porte était fermée. Sa secrétaire était au téléphone mais elle lui fit signe de s’asseoir sur l'une des chaises le long du mur. Chloé s'assit et prit enfin un moment pour réfléchir à ce que cette journée avait signifié pour elle et pour sa carrière.
D'un côté, elle avait découvert un élément important de preuve qui mènerait probablement à l'arrestation d'un membre d'un gang qui avait tué toute une famille. Mais en même temps, elle avait commis une erreur de novice en endommageant potentiellement une empreinte. Elle se dit que finalement, l’empreinte n’aurait probablement pas tant d’importance que ça, par rapport à la vidéo de Snapchat. Malgré tout, elle était gênée d’avoir été remise à se place de cette manière par Rhodes. Elle espérait juste que la découverte du Snapchat compenserait la boulette qu'elle avait faite.
Mais elle cessa d'y réfléchir quand la porte du bureau de Johnson s'ouvrit. Elle vit le directeur passer la tête. Quand il la vit, il resta silencieux et se contenta de lui faire un signe de la main pour l’inviter à entrer. Il était impossible de savoir si ce geste était lié à la hâte ou au mécontentement.
Elle entra dans son bureau et quand il referma la porte derrière elle, il lui montra la chaise qui se trouvait en face de lui et que Chloé commençait à bien connaître. Quand il s'assit derrière son bureau, Chloé put enfin lire l’expression de son visage. Elle était à peu près sûre qu’il était mécontent pour quelque chose.
« Il faut que vous sachiez, » dit-il, « que j'étais au téléphone avec l'agent Rhodes. Elle m'a raconté comment vous avez littéralement piétiné une empreinte de pas sur les lieux du crime. »
« C'est exact. »
Il hocha la tête, d’un air déçu. « J’ai un dilemme, car d’un côté, elle est tout aussi nouvelle que vous. Et son appel pour moucharder à votre sujet ne me plaît pas du tout. Mais en même temps, je suis content de le savoir. Parce que même si c’est votre première journée, il est important que je sois informé de ce genre de choses. Vous comprendrez, bien sûr, que je ne convoque pas tous les agents qui commettent une erreur dans mon bureau pour leur poser des questions à ce sujet. Mais avec vous, j'ai pensé qu’il valait mieux qu’on en parle puisque je vous ai en quelque sorte prise au dépourvu à la dernière minute. Est-ce que vous pensez que ça vous a déstabilisée ? »
« Non. J'ai simplement été négligente. J'étais hyper concentrée sur la fenêtre et je n'ai même pas vu l'empreinte. »
« C’est compréhensible, mais aussi un peu maladroit. Néanmoins, le directeur adjoint Garcia m’a informé que vous aviez trouvé des preuves qui pourraient mener directement à une arrestation : un téléphone portable avec une fenêtre Snapchat ouverte. Est-ce correct ? »
« Oui, monsieur. » Et pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas vraiment, elle eut envie d'ajouter : Mais n'importe qui aurait pu le trouver, vraiment. C'était un coup de bol.
« Je me considère comme un homme plutôt indulgent », ajouta-t-il. « Mais sachez que si vous commettez d'autres erreurs comme celle que vous avez commise avec l'empreinte, cela pourrait avoir des conséquences assez graves. Pour l’instant, je voudrais que vous continuiez à travailler avec Rhodes, mais sur une autre affaire. Est-ce que ça vous pose un problème de travailler avec elle ? »
Elle faillit lui dire que oui, mais elle ne voulait pas paraître mesquine. « Non, je pense que je peux gérer. »
« J'ai jeté un coup d'œil à son dossier. Ses instructeurs disent qu’elle est incroyablement clairvoyante mais qu’elle a tendance à vouloir faire les choses toute seule. Donc mon conseil, ce serait de ne pas la laisser prendre le contrôle de l’enquête. »
Oui, j’avais remarqué, pensa Chloé.
« Et pour être franc, je lui ai également lancé un avertissement, » continua-t-il. « Je lui ai dit que je n’appréciais pas beaucoup quand de nouveaux agents essayaient de se tirer dans les pattes. Je pense qu’elle va s’en souvenir pour la prochaine enquête. Le directeur adjoint Garcia et moi-même, nous vous superviserons à partir de maintenant, juste pour nous assurer que tout est fait selon les règles. »
« J'apprécie beaucoup le geste. Merci. »
« Malgré le fait que vous avez potentiellement détruit une preuve, je pense que vous avez fait un excellent travail aujourd'hui. J'aimerais que vous finissiez la journée en rédigeant un rapport sur la scène de crime et vos interactions avec l'agent Rhodes. »
« Oui, monsieur. Autre chose ? »
« C'est tout pour l’instant. Juste… comme je vous l'ai dit… si vous commencez à avoir l’impression que ma demande de dernière minute de changer vos projets, affecte votre travail, faites-le-moi savoir. »
Elle acquiesça et se leva de sa chaise. En sortant du bureau, elle eut l’impression qu’elle venait d’éviter de se prendre une balle - comme un enfant qui aurait été convoqué dans le bureau du directeur et qui s’en était sorti avec une simple réprimande. Le fait que Johnson la félicite pour ce qu’elle avait accompli aujourd’hui l’avait également rassurée.
Elle retourna vers son bureau - un simple box, pour dire vrai - enthousiaste par ce qu'elle venait d'entendre. Elle se demanda si c'était déjà arrivé qu'un nouvel agent soit convoqué à deux reprises dans le bureau du directeur en moins de quarante-huit heures. Elle se sentit euphorique, mais également observée de près.
Alors qu'elle attendait l'ascenseur, elle vit un autre agent s’approcher. Chloé reconnut vaguement son visage. Il faisait partie du petit groupe d'agents qui avaient incorporé le ViCAP la veille.
« Vous êtes l’agent Fine, n’est-ce pas ? » dit-il avec un sourire.
« Oui, c'est moi, » répondit-elle, d’un air surpris.
« Je suis Michael Riggins. Je viens d’entendre parler de l’affaire qu'on vous a assignée, à vous et à Rhodes. Crime familial lié à un gang. Selon la rumeur, il y a déjà une arrestation en cours. On dirait que vous battez tous les records. »
« Ça, je ne sais pas, » dit-elle, même si elle avait l’impression que tout était allé très vite.
« Vous savez, tous les agents débutants ne sont pas allés sur le terrain aujourd’hui, » dit Riggins. « Certains sont restés enlisés dans des tâches fastidieuses et de la paperasserie. Il paraît que certains vont aller prendre un verre après le travail aujourd’hui. Tu devrais venir. C’est à deux pas d'ici, le Reed’s Bar. Tu pourrais nous remonter le moral en nous racontant ce que vous avez fait aujourd’hui. Mais il vaut mieux que tu n’en parles pas à Rhodes. Personne... eh bien, personne n’a l’air de beaucoup l’apprécier. »
Chloé savait que c’était un peu méchant, mais elle ne put s’empêcher de sourire à ce commentaire. « Je viendrai peut-être, » dit-elle. C’était la meilleure réponse qu’elle pouvait donner… bien mieux que d’expliquer qu’elle était plutôt introvertie et qu’elle n’était pas du genre à passer du temps dans un bar avec des personnes qu’elle ne connaissait pas.
L'ascenseur arriva et les portes s’ouvrirent. Chloé y entra et Riggins lui fit au revoir d’un geste de la main. C’était bizarre de savoir qu'il y avait une personne envieuse de sa situation, surtout après la conversation qu’elle venait juste d’avoir avec Johnson. C'était un sentiment qui lui donnait presque envie d’aller à ce bar, même si ce n'était que pour une demi-heure, le temps de boire un verre. L'autre possibilité, c’était de rentrer chez elle et de continuer à déballer ses caisses. Et ce n’était pas vraiment quelque chose qui allait lui remonter le moral.
L'ascenseur l'emmena au troisième étage, où se trouvait son espace de travail, à côté d’autres box similaires où étaient assis d’autres agents. En traversant le couloir, elle croisa Rhodes. Elle envisagea de la saluer ou de la remercier d’un air sarcastique pour sa réunion non programmée avec Johnson. Mais finalement, elle décida de l'ignorer. Le mieux qu’elle avait à faire, c’était de ne pas entrer dans son jeu.
Mais la manière désagréable dont Rhodes la regarda quand elle la croisa dans le couloir finit par convaincre Chloé : oui, elle irait dans ce bar. Et à moins que sa journée ne change radicalement, elle y boirait probablement bien plus qu’un verre.
On dirait que ça arrive de plus en plus souvent ces derniers temps, se dit-elle.
C'était une pensée qui la hanta jusqu’à la fin de la journée mais, tout comme les pensées récurrentes qu’elle avait au sujet de son père, elle parvint à la repousser au fin fond de son esprit.
CHAPITRE CINQ
Quand elle arriva au bar à 18h45, le panorama était exactement ce à quoi elle s’attendait. Elle vit plusieurs visages qui lui étaient familiers, mais personne qu’elle connaissait vraiment. Et c’était parce qu’au fond, elle ne connaissait aucun d’entre eux. Un autre côté négatif de son changement d’affectation par Johnson à la dernière minute, c’était qu’il y avait très peu de personnes au sein du ViCAP qui avaient suivi les mêmes cours et la même formation qu’elle.
Les deux visages qu’elle reconnut étaient des hommes. Il y avait d’abord Riggins. Il était assis avec un autre agent et était en pleine conversation. Et puis, il y avait Kyle Moulton, le séduisant agent qui avait déjeuné avec elle au cours de la séance d’orientation – l’homme qui lui avait demandé si elle avait déjà eu une tendance à la violence. Elle fut un peu dépitée de voir qu’il parlait avec deux autres femmes. Mais ce n’était pas non plus surprenant. Moulton était vraiment très beau. Il ressemblait un peu à Brad Pitt jeune.
Elle choisit de ne pas l’interrompre et de s’asseoir près de Riggins. Bien que cela puisse paraître prétentieux, elle aimait l’idée de parler avec quelqu’un émerveillé par ce qu’elle avait fait ce matin.
« Ce tabouret est libre ? » demanda-t-elle, en s’asseyant sur le siège à côté de lui.
« Oui, » dit Riggins. Il avait l’air très content de la voir et un large sourire se dessina sur ses lèvres. « Je suis content que tu aies décidé de venir. Je peux t’offrir à boire ? »
« Bien sûr, juste une bière. Pour l’instant. »
Riggins fit signe au serveur et ajouta la bière de Chloé à son addition. Il buvait un rhum coca et il en commanda un deuxième en même temps que la bière pour Chloé.
« Comment s’est passée ta première journée ? » demanda Chloé.
« Ça a été. J’ai passé la majorité de la journée à faire des recherches pour une affaire de trafic de drogues. Ça a l’air très ennuyant mais en fait, ça m’a beaucoup plu. Comment s’est passée la journée avec Rhodes comme partenaire ? » demanda Riggins. « J’imagine que boucler cette affaire devait être génial, mais elle a la réputation de ne pas être facile à gérer. »
« C’était assez tendu. C’est un bon agent, mais… »
« Vas-y, lâche-toi, » dit Riggins. « Je ne peux pas ouvertement dire que c’est une garce parce que je n’aime pas utiliser ce genre de vocabulaire en présence d’une femme, mais… »
« Ce n’est pas une garce, » dit Chloé. « Elle est juste vraiment directe et autoritaire. »
Ils continuèrent à discuter de diverses choses pendant tout un temps. Chloé ne put s’empêcher de jeter quelques coups d’œil en direction de l’agent Moulton. L’une des femmes était partie et il était resté seul avec l’autre. Il était penché vers elle et il souriait. Chloé avait tendance à être un peu naïve en ce qui concernait les relations, mais elle avait l’impression que cette femme lui plaisait.
Elle se sentit vraiment dépitée et elle ne s’y attendait pas. Ça ne faisait que deux mois qu’elle et Steven étaient séparés. Peut-être qu’elle n’était intéressée par Moulton que parce qu’il avait été le premier visage souriant qui lui ait parlé après que Johnson lui ait coupé l’herbe sous le pied. Ça, et l’idée pas du tout attrayante de devoir rentrer toute seule dans son nouvel appartement. Mais bien sûr, le fait qu’il soit vraiment très beau y était également pour quelque chose.
Finalement, ce n’était pas une bonne idée de venir boire un verre. Je peux boire pour beaucoup moins cher chez moi.
« Ça va ? » demanda Riggins.
« Oui, je pense. C’était une longue journée. Et demain s’annonce un peu pareil. »
« Tu rentres en voiture ou en marchant ? »
« En voiture. »
« Alors il vaut mieux que je ne t’offre pas un autre verre, hein ? »
Chloé sourit malgré elle. « Ce serait très raisonnable de ta part. »
Elle regarda à nouveau en direction de Moulton et de la femme avec laquelle il parlait. Ils étaient maintenant debout. En se dirigeant vers la porte, Moulton posa délicatement sa main dans le bas du dos de la femme.
« Est-ce que je peux te demander pourquoi tu as choisi de faire ce genre de boulot ? » demanda Riggins.
Elle sourit nerveusement et finit sa bière. « Pour des raisons familiales, » répondit-elle. « Merci de m’avoir invitée, Riggins. Mais il faut que je rentre. »
Il hocha la tête comme s’il comprenait. Il regarda autour de lui et vit qu’il était le dernier au bar. Elle se demanda si Riggins n’avait pas aussi ses propres démons à combattre.
« Fais attention à toi, agent Fine. Et passe une bonne journée demain. »
Elle sortit du bar et réfléchit à ce qu’elle allait faire le reste de la soirée. Elle avait encore des caisses à déballer, un cadre de lit à assembler et des affaires de cuisine à ranger.
Pas vraiment la vie exaltante que j’espérais, pensa-t-elle, avec une pointe de sarcasme.
Alors qu’elle se dirigeait vers sa voiture, qui était toujours garée sur le parking du FBI, son téléphone se mit à sonner. Quand elle vit le nom qui apparaissait à l’écran, une vague de colère l’envahit et elle faillit ne pas répondre.
Steven. Elle ne savait vraiment pas pourquoi il appelait. Et c’est pour ça qu’elle finit pas décrocher. Elle savait que si elle ne le faisait pas, elle continuerait à se poser la question toute la soirée.
Elle décrocha et elle se sentit instantanément nerveuse, ce qui ne lui plaisait pas du tout. « Allô, Steven. »
« Salut, Chloé. »
Elle attendait qu’il lui dise la raison de son appel. Mais Steven n’avait jamais été du genre à aller droit au but.
« Tout va bien ? » demanda-t-elle.
« Oui, tout va bien. Désolé… Je n’ai pas réfléchi que t’appeler pourrait peut-être t’affecter… »
Il s’interrompit sur ces mots. Chloé se rappela que c’était l’un de ses nombreux traits de caractère qui avaient tendance à l’agacer.
« Qu’est-ce que tu veux, Steven ? »
« J’aimerais qu’on se voie pour parler, » dit-il. « Pour reprendre contact et savoir comment tu vas. »
« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. »
« C’est sans arrière-pensées, » dit-il. « Je te le promets. C’est juste… que j’ai besoin de te présenter mes excuses pour certaines choses que j’ai faites. Et j’ai besoin… eh bien, je pense qu’il faut qu’on tourne tous les deux la page, tu vois ? »
« Parle pour toi. J’ai tourné la page. Pas besoin de se voir pour ça. »
« OK. Alors considère ça comme une faveur. Je veux juste te voir une demi-heure. Il y a certaines choses que j’ai besoin de te dire. Et pour être tout à fait honnête… j’ai vraiment envie de te revoir. »
« Steven… je suis très occupée. J’ai un rythme de fou pour l’instant, et… »
Elle s’interrompit, en ne sachant pas quoi dire d’autre. Ce n’était pas non plus comme si elle avait une vie sociale super développée qui l’empêcherait de trouver un moment pour le voir. Elle savait que ça avait dû être difficile pour Steven de passer cet appel. Il avait dû se rabaisser et ce n’était pas quelque chose qu’il faisait facilement.
« Chloé… »
« OK. Une demi-heure. Mais je ne vais pas jusque chez toi. Si tu veux me voir, il faudra que tu viennes à Washington. Je suis très occupée pour l’instant et je ne peux pas… »
« Pas de problème. Quand est-ce que ça t’arrange ? »
« Samedi, pour le déjeuner. Je t’enverrai un message pour te dire où. »
« Parfait. Merci, Chloé. »
« De rien. » Elle avait l’impression qu’elle devrait ajouter quelque chose pour détendre l’atmosphère. Mais elle finit seulement par dire : « Au revoir, Steven. »
Elle raccrocha et mit son téléphone en poche. Elle ne put s’empêcher de se demander si la seule raison pour laquelle elle avait accepté, c’était uniquement parce qu’elle se sentait un peu seule. Elle repensa à l’agent Moulton et elle se demanda où il avait emmené cette femme. Mais elle se demanda également pourquoi ça la dérangeait autant.
Elle arriva à sa voiture et rentra chez elle à travers les rues de Washington envahies par l’obscurité de la nuit. C’était une très belle ville, malgré le trafic et ce mélange bizarre de culture et de commerce. Elle se sentit un peu mélancolique en roulant en direction de son appartement – un appartement vide situé à un endroit qu’elle avait choisi, mais qui lui donnait aujourd’hui l’impression d’être une véritable île déserte.
***
Quand son téléphone sonna le lendemain matin, elle se réveilla en plein milieu d’un rêve. Elle essaya de s’en rappeler avant qu’il ne lui échappe mais elle finit par se dire que ça n’en valait probablement pas la peine. Les seuls rêves qu’elle avait faits récemment avaient toujours impliqué son père, seul et abandonné dans une prison.
Elle eut même l’impression d’entendre sa voix fredonner une vieille chanson de Johnny Cash qu’il avait l’habitude de chanter quand elle était petite. « A Boy Named Sue, » pensa-t-elle. Ou peut-être pas. Tous ces airs commençaient à se ressembler.
Mais c’était cette chanson qu’elle avait en tête quand elle tendit la main vers la table de nuit pour attraper son téléphone. Elle le débrancha du chargeur et vit qu’il était 6h05 – vingt-cinq minutes avant l’heure à laquelle elle avait mis sonner son alarme.
« Agent Fine, » répondit-elle.
« Agent Fine, c’est le directeur adjoint Garcia. Je veux que vous veniez tout de suite à mon bureau. Dans l’heure qui vient. J’ai une affaire sur laquelle je voudrais que vous travailliez avec l’agent Rhodes ce matin même. »
« Oui, monsieur, » dit-elle, en s’asseyant sur le lit. « J’arrive tout de suite. »
À cet instant même, ça ne la dérangeait pas que cela signifie une autre journée avec Rhodes. Tout ce qui l’importait, c’était que pour l’instant, elle était à un score de 1-0 en ce qui concernait les enquêtes et elle était impatiente d’améliorer ce score.
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