Kitabı oku: «Le Visage de la Mort», sayfa 17
Il y avait des arguments pour les deux options. Attendre qu’un nouveau jour se lève, que l’obscurité disparaisse et s’assurer que deux meurtres n’aient pas lieu durant la même période d’obscurité. Ou choisir la toute première occasion et s’assurer qu’il y ait le moins de chances possibles qu’Aisha soit trouvée et sauvée à temps.
Elles avaient besoin de plus d’informations.
— D’où viennent les trains ? demanda Zoe, une idée la frappant soudain. Il doit être allé au dépôt, s’être faufilé à bord, avoir au moins installé quelque chose pour garder Aisha en place et être ensuite allé au café-restaurant.
— Je vais passer quelques coups de fils, dit Shelley, fouillant son historique d’appels pour trouver le dernier numéro qu’elle avait composé. Avec un peu de chance, le dépôt ferroviaire central pourra me donner plus d’informations, ou au moins me dire qui pourra m’en donner.
Zoe regarda les lumières de l’équipe de recherche sur les rails tandis que Shelley parlait au téléphone, tout en politesse mais aussi en insistance ferme. Rester inactive lui donnait la chair de poule. Cela ne semblait pas juste, tuer les heures de la nuit pendant que l’adolescente les attendait. Elle voulait courir, creuser, arracher le sol autour de la voie ferrée. Elle voulait tout faire pour s’assurer qu’il n’y avait rien, rien qui puisse perturber le train et envoyer Aisha Sparks vers une mort certaine.
— Aha… oui, d’accord… je vois. Eh bien, pouvez-vous me donner leur numéro ? Oui, j’ai un stylo. Très bien… oui…
Les lucioles s’approchaient de la limite de la zone que Zoe leur avait dit de fouiller. Certaines d’entre elles s’étaient complètement arrêtées de bouger après avoir fini de vérifier leur zone. Cela n’augurait rien de bien.
— La bonne nouvelle c’est que j’ai les gares de départ de chaque ligne, dit Shelley, mettant son téléphone devant son visage tandis qu’elle composait un autre numéro qu’elle avait pris en note. La mauvaise, c’est que certains trains seront gardés et chargés dans une gare aux marchandises externe et ensuite ils seront transférés à la station de départ. Certains ont déjà été chargés hier soir et ont été transférés afin d’être prêts à partir aujourd’hui. Je dois appeler quelqu’un d’autre pour savoir quel train est où.
Zoe hocha distraitement la tête, s’approchant de l’équipe de recherche quelques petits pas à la fois. Elle se sentait partagée. Où serait-elle la plus utile ? Là où grilles de recherche avaient déjà été fouillées, ou ici, où seule Shelley pouvait passer les coups de fil ?
Si seulement elle parvenait à résoudre ce problème, à découvrir quel train il aurait pris pour cible seulement grâce aux horaires. Se contenter de tous les arrêter ne suffisait pas, bien que Shelley eût déjà fait cela. Elles devaient toujours trouver où était Aisha. Elles ne pouvaient pas la laisser, enfermée dans un compartiment quelqu’un part, et espérer qu’elle serait trouvée tôt ou tard. Cela faisait plus d’un jour qu’elle avait disparu. Dieu seul savait ce qu’elle avait subi.
— Pas de réponse, dit Shelley, jurant silencieusement et bougeant de nouveau ses doigts raides et froids sur l’écran. Je vais essayer d’en appeler un autre. On est au milieu de la nuit, personne n’est au travail.
Zoe s’éloigna.
— Je vais aller aider dans les recherches sur les rails, dit-elle après avoir décidé que faire quelque chose était mieux que rester immobile.
Elle se joignit à l’équipe de recherche, fouillant à nouveau des zones qui avaient déjà été fouillées afin d’être encore plus rigoureuse. Bien que la voie ferrée en elle-même fût uniforme — les rails étaient espacés à intervalles réguliers avec des planches entre eux, des écrous et des boulons et tout le reste disposés en une séquence prédéterminée — c’était tout le contraire en ce qui concernait la zone qu’elle traversait. Des pierres et des touffes d’herbe, le petit squelette d’un oiseau, des détritus qui avaient été déplacés par le vent à travers le terrain vague. Cela rendait les recherches plus difficiles, essayer de voir une irrégularité dans un champ d’irrégularités. Tant de séquences et de motifs les uns sur les autres.
Quarante minutes s’écoulèrent avant que Zoe ne soit sûre qu’ils aient fouillé la voie ferrée aussi rigoureusement que possible. Elle leva les yeux et vit Shelley assise dans la voiture, la lumière allumée et son téléphone toujours collé à son oreille. Pas de chance de ce côté-là non plus alors.
Zoe fit les cent pas, notant les distances avec ses pieds pour se distraire. Il y avait tant d’énergie refoulée qui attendait d’exploser en elle. Elle voulait, avait besoin de faire quelque chose. Les policiers d’État se réunirent sur l’herbe, tous observés par les résidents circonspects qui se tenaient à présent à leurs fenêtres.
Il n’y avait rien sur la voie ferrée. Rien qui aurait tué Aisha. Alors comment le ferait-il ?
Le train. Cela devait être quelque chose à bord du train.
Zoe s’approcha de la voiture juste à temps pour entendre Shelley parler d’un ton inhabituellement sec.
— Alors réveillez-le !
Shelley pinçait l’arrête de son nez, de profondes rides lui barrant le front. Elle retira le téléphone de son oreille et mit un petit coup sur l’écran, mettant fin à un appel de plus.
— Rien ? demanda Zoe.
— J’essaye de joindre l’homme qui connaît toutes les réponses, répondit Shelley en secouant la tête. On doit attendre que quelqu’un le réveille.
Zoe était sur le point de faire un commentaire sur le ridicule de la situation quand le téléphone de Shelley vibra de nouveau et que cette dernière le saisit.
— Bonjour ? Oui, c’est elle… oui… et c’est où ?
Shelley prit rapidement des notes sur son bloc-notes, griffonnant des adresses à côté des horaires. Elle les montra à Zoe, les endroits où se trouvaient chaque train qui devait traverser cette zone.
Plusieurs se trouvaient dans un dépôt à trois heures de route, prêts à partir sous peu afin d’arriver ici à l’heure. Seul un se trouvait plus prêt — le premier de la journée, qui devait passer à environ quatre heures du matin, quand les rails recommenceraient à fonctionner.
Vingt minutes de trajet et un peu moins de trois heures avant qu’il ne quitte le dépôt.
Zoe tapota à la hâte sur le bloc-notes et Shelley commença à donner des ordres au téléphone.
— Y a-t-il quelqu’un sur place en ce moment ? C’est verrouillé ? Très bien, envoyez-nous la personne avec la clé. Vous l’avez ? Excellent. Retrouvez-nous là-bas. Entrez et commencez les recherches dès que vous arrivez. Nous sommes à la recherche d’une adolescente. Mais soyez prudent. Regardez par les fenêtres — n’ouvrez pas les portes des wagons. Nous avons des raisons de croire qu’il puisse y avoir des pièges.
— On y va, cria Zoe, attirant l’attention des policiers d’État. Vous six, restez ici pour assurer la surveillance des barrages routiers et de la zone au cas où on ne la trouve pas. Le reste, montez dans vos voitures et suivez-nous.
CHAPITRE VINGT-SEPT
Zoe avait déjà attaché sa ceinture et attendait impatiemment en tapant du pied quand Shelley raccrocha. Leur véhicule vrombit en démarrant et elles s’élancèrent sur la route, leur GPS calculant le trajet le plus rapide et indiquant à Shelley de tourner au bout de la rue d’une voix robotique.
— Je lui ai dit de ne pas laisser partir le train, dit-elle. Il ne passera jamais ici.
— Ça n’a pas d’importance, répondit Zoe, tenant fermement sa ceinture de sécurité. Il a préparé quelque chose. Elle mourra à l’heure où le train est censé passé ici, même s’il ne quitte pas le dépôt. Les rails n’ont pas été trafiqués, on le sait. C’est quelque chose à bord du train.
Les lèvres de Shelley formaient une ligne dure et fine, pincées si fermement que les bords devenaient blancs.
— Je sais, dit-elle. On a un peu moins de deux heures et demi pour la trouver, découvrir ce qu’est le piège et l’en sortir.
Zoe sortit son téléphone de sa poche.
— Je vais appeler des renforts. L’équipe de déminage et d’autres spécialistes qui en sauront plus que nous.
Les pneus de la voiture avalaient les kilomètres, Shelley gardant le compteur de vitesse à plus de cent soixante peu importe le genre de route sur laquelle elles se trouvaient. C’était parfaitement calme, à presque une heure trente du matin, les routes presque entièrement vides. Le camion qu’elles dépassèrent à grande vitesse klaxonna, le bruit se transformant en un silence déconcerté quand deux voitures de police d’État suivirent.
Zoe se tenait à sa ceinture et à la poignée de la porte avec des doigts blancs. Son ventre se serrait, mais elle préférerait mourir que de dire à Shelley de ralentir. La vie d’Aisha dépendait du fait qu’elles arrivent vite.
Shelley s’arrêta en dérapant à un angle complètement incorrect sur le parking du dépôt et Zoe trébucha à moitié quand elle sortit pour prendre une profonde inspiration d’air frais pour s’apaiser. Elle était quelques pas derrière Shelley qui courut vers l’immense bâtiment du dépôt, avec d’énormes ouverture où les rails permettaient à plusieurs trains d’entrer et de sortir.
Il y avait un homme d’un mètre cinquante-deux aux cheveux raides et qui avait du ventre près d’une entrée ouverte. Il parcourait à la hâte un paquet de documents qu’il avait à la main. Le fait qu’il portait une veste d’hiver par-dessus ce qui ressemblait à un pyjama apprit à Zoe que c’était l’homme qu’elles avaient réveillé.
— Smith ? cria Shelley alors qu’elles s’approchaient.
Il leva les yeux pour montrer qu’il l’avait entendue et agita ses documents.
— J’essaye d’identifier le train. Il est écrit ici qu’il devrait être dans la sixième baie.
Zoe leva les yeux, assimilant la taille de l’endroit tandis qu’ils entraient. Des rails et des trains s’étendaient au loin. Elle compta neuf baies à l’avant du dépôt et depuis ce coin éloigné, elle pouvait voir qu’il y avait au moins soixante wagons dans les baies. Plusieurs trains par baie.
— Emmenez-y-nous, lui dit simplement Shelley, et il se tourna et se hâta devant elles, consultant toujours les notes en chemin.
La sixième baie était tellement loin qu’ils perdirent de précieuses minutes à la rejoindre, et ensuite, il dut revérifier et faire des recoupements pour s’assurer qu’ils se trouvaient devant la bonne locomotive.
— C’est celui-là, c’est bon, dit-il. Service de transport de marchandises. Trente-six wagons. Chaque wagon est fermé par une porte individuelle, mais c’est un train de marchandises, donc la plupart n’ont pas de fenêtres.
Zoe jura et regarda la longueur du train. Trente-six wagons sans fenêtres. Pas de moyen de voir à l’intérieur sans se mettre en danger.
— Lesquels ont des fenêtres ? demanda Shelley.
— Euh, laissez-moi voir… La voiture-pilote, le sixième wagon, le seizième et le dernier.
Zoe se tourna vers les policiers d’État qui les avaient suivis et qui haletaient après avoir traversé le dépôt en courant.
— Allez vérifier ceux-là en premier. Si vous voyez quelque chose, reportez-le immédiatement.
Ils acquiescèrent et repartirent en courant, chacun d’entre eux comprenant complètement qu’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Un policer par wagon. Dieu savait comment, elles avaient réussi à trouver le bon ratio de personnes à amener.
Ratio — cela fit réfléchir Zoe. Les wagons avec des fenêtres — cela avait de l’importance, non ? Un, six, seize, trente-six. Chaque différence était le double de la précédente. Cinq, puis dix, puis vingt wagons entre.
C’était le bon train.
— Heure probable d’arrivée des spécialistes ? demanda Zoe.
— Peut-être dans trente minutes, peut-être plus un peu plus tard, répondit Shelley, serrant tellement fort la flèche d’or à son cou que Zoe en aperçut l’empreinte sur sa paume quand elle la lâcha. Je vais les relancer. Et appeler une ambulance, au cas où on en est besoin.
Combien de temps mettraient-ils à fouiller chaque wagon ? Quand les spécialistes arriveraient, ils auraient seulement deux heures pour analyser et vérifier les trente-deux wagons qui n’avaient pas de fenêtre. Deux heures pour être assez minutieux pour être certain qu’aucun agent ou policier ne mourrait en ouvrant la porte.
Pas assez de temps.
Zoe se creusa la tête, faisant les cent pas entre leur train et celui à côté. Son cerveau passait en revue les possibilités. Elle savait au fond d’elle que les wagons qu’ils pouvaient fouiller ne seraient pas les bons. Il ne leur aurait pas rendu les choses aussi facile. Il n’aurait pas pris le risque que quelqu’un jette un coup d’œil par une fenêtre et voie quelque chose qui ne faisait pas partie du chargement.
Il devait y avoir quelque chose qui lui avait dit quel wagon choisir. Il était impossible qu’il en ait choisi un au hasard — pas leur tueur. Pas quelqu’un qui souffrait d’apophénie.
Le wagon central ? Cela semblait trop évident, et en plus, avec un nombre pair de wagon, il n’y avait pas de centre. Cela tomberait entre deux wagons. Il y en avait trente-six, alors peut-être un multiple de six ? Mais qu’est-ce que le nombre six signifiait pour le tueur ? Le nombre n’était pas apparu avant. Il n’était pas dans la suite de Fibonacci, et trente-six non plus d’ailleurs. À quoi avait-il pensé ?
— Dites-moi tout ce que vous savez sur ce train, dit Zoe en se tournant de nouveau vers le manager du dépôt.
Il bégaya l’espace d’un instant, feuilletant ses documents.
— Euh, eh bien, il a été fait en 2008, dit-il. Il est arrivé ici en 2013.
Huit, treize. Ces nombres s’accrochèrent sur les bords de l’esprit de Zoe, mais elle lui fit signe de continuer.
— Ultra-résistant, chargements lourds. Il est classé pour transporter des substances toxiques à faibles risques. Il fait entre deux et six trajets par jour en fonction des horaires de chargement et de ce pour quoi il est réservé. Il passe dans en moyenne quarante gares par trajet sans s’arrêter, bien que les livraisons soient parfois plus locales ou puissent même être divisées dans plusieurs gares.
Zoe leva une main pour l’arrêter. Il ne faisait que parler à présent, du bruit sans importance. Il n’y avait pas de nombres, pas de séquences dans ce qu’il disait. Les moyennes n’avaient pas d’importance. Elle avait besoin de vraies données. De détails.
Mais si les données n’étaient pas dans le système qui servait à prévoir les horaires des trains, alors qui y aurait eu accès ? Certainement pas un citoyen lambda. Pas quelqu’un de l’extérieur qui avait dû choisir un train bien qu’il ne fût pas un expert. Il y avait quelque chose de plus simple ici, une séquence ou un motif visibles depuis l’extérieur. Cela aurait attiré l’attention du tueur.
Huit, treize — Zoe savait pourquoi ces nombres étaient ressortis pour elle. Ils se trouvaient dans la suite de Fibonacci. Un, un, deux, trois, cinq, huit, treize, vingt-et-un, trente-quatre…
Ces nombres dictaient les dimensions et les points de la spirale de Fibonacci. Et c’était les nombres des victimes qu’il avait tuées. Trente-quatre, l’homme à l’extérieur de sa ferme. Vingt-et-un, la femme qui marchait le long de la route. Treize, le parking. Huit, Linda l’employée de station-service. Cinq, Rubie dans les bois. Trois, l’employée de la foire. Deux, lui-même, allongé dans une mare de sang dans le café-restaurant. Et un, Aisha Sparks, piégée dans le wagon du train.
En considérant le fait que le premier et le deuxième point de la spirale étaient tous les deux le même nombre et, par conséquent, le même lieu, il n’aurait eu besoin de tuer qu’une fois à cet endroit. Ce qui signifiait — quoi ? La victime devrait être dans le premier wagon ?
Le policier d’État affecté à la fouille de ce wagon avait déjà cherché minutieusement et était passé à autre chose. Il n’y avait rien dans la voiture-pilote, et si le tueur commençait plutôt son compte depuis le premier wagon à marchandises, il aurait raccourci la séquence bien ordonnée de wagons à fenêtres. Il l’aurait même ruinée, car la voiture-pilote devait être prise en compte. Les fenêtres qui s’y trouvaient ne pouvaient pas être ignorées.
Ce n’était pas le premier wagon. Elle devait réfléchir plus loin, voir au-delà de la séquence…
Non. Pas au-delà.
Elle devait simplement la retourner.
Elle n’avait pas le temps d’expliquer.
Elle devait courir.
CHAPITRE VINGT-HUIT
La fille serait dans le trente-quatrième wagon, pour symboliser l’achèvement de la spirale.
Shelley criait derrière elle, mais Zoe continua de courir à la hâte, dépassant à toute allure deux policiers stupéfaits qui revenaient de leurs wagons vers l’arrière du train. Ils comprirent et se mirent à la suivre. Derrière elle, Zoe pouvait compter les bruits de trois paires de pieds et elle savait que tout le monde la suivait. Des voitures passèrent à toute vitesse sur le côté, si simples à compter qu’elles auraient tout aussi bien pu avoir leur numéro peint sur le côté.
Trente-quatre wagons étaient une longue distance. Assez longue pour qu’elle ne puisse pas vraiment distinguer le wagon depuis l’avant du train, les règles de la perspective le faisant paraître plus petit et le cachant de sa perception. Mais maintenant qu’elle était plus proche, elle le voyait, son but. Un wagon comme les autres. Pas de couleurs ou de marquages particuliers. Mais c’était le bon.
Zoe s’arrêta en une glissade, son cœur tambourinant dans sa gorge tandis qu’elle essayait de reprendre son souffle. Ses yeux parcourent tous les détails du wagon depuis le côté, à la recherche de fils qui ne devraient pas être là, d’éraflures où il n’y avait plus de peinture, quoi que ce soit qui sorte de l’ordinaire. Elle sauta par-dessus l’attelage qui lui arrivait au-dessus des genoux pour aller jeter un coup d’œil à l’autre côté, faisant le tour avec détermination.
— C’est celui-là ? demanda Shelley, essoufflée.
Zoe hocha vivement la tête.
— Elle est dedans. C’est la séquence.
Shelley sembla comprendre, même si elle n’avait pas reçu de véritable explication, et elle se mit à genoux pour regarder sous le wagon.
— Je ne vois rien de suspect.
Les policiers d’État s’étaient déployés instinctivement, se réarrangeant aux quatre coins du wagon, formant leur propre sorte de séquence. Zoe appréciait leurs efforts, mais ils ne faisaient que la ralentir. Il n’y avait rien qui serait évident. Ce n’était pas son style.
Elle s’approcha de la porte du wagon, tapa dessus et mit son oreille contre le métal à l’écoute d’une réponse.
— Aisha ? Tu m’entends ?
Il n’y eut rien, même si elle tendait l’oreille pour entendre. Elle resta immobile de longues secondes, respirant à peine, espérant enfin entendre un son murmuré.
La fille n’était pas consciente, quoi qu’elle eût subi. Zoe imagina le fil tranchant comme un rasoir se resserrant lentement et inexorablement autour du coup d’une fille endormie et frissonna, s’éloignant de la porte.
Mais, qu’était-ce ? Elle se pencha de nouveau, prenant une autre profonde inspiration par le nez. Il y avait quelque chose, une sorte de faible odeur dans l’air…
Du gaz. C’était du gaz.
— Il empoisonne son air, souffla Zoe à l’instant où elle réalisa ce que cela signifiait. Le wagon se remplit de gaz.
Shelley vint à côté d’elle, mit son propre nez au niveau de l’ouverture aussi fine qu’un cheveu sur le joint de la porte et hocha la tête.
— Je le sens.
— On devrait attendre que l’autre équipe arrive, dit nerveusement un des policiers. Ça pourrait exploser.
— Seulement si l’on introduit une étincelle, répondit Zoe en secouant la tête ; elle arrivait à peine à respirer à l’idée d’Aisha à l’intérieur du wagon, le gaz étouffant lentement ses poumons. Pour autant qu’on sache, ce n’était pas un expert de ce genre de choses. Il y a toutes les chances qu’il ait fait des erreurs dans son installation. Elle pourrait être en train de mourir même maintenant.
— Ou en train de souffrir des dommages irréparables, même s’ils la sortent de là vivante, convint Shelley, penchant la tête pour diriger des yeux écarquillés vers Zoe. Qu’est-ce que tu as en tête ?
Zoe n’avait rien du tout en tête. La décision avait déjà été prise. C’était la décision évidente à prendre.
— Tout le monde recule, dit-elle. Loin. Je vais ouvrir la porte.
— On devrait attendre les spécialistes, dit un des policiers.
— Je n’attends plus, insista Zoe. Sa vie est en jeu. Je suis votre supérieure. Reculez.
Les policiers d’État déguerpirent sans rien ajouter. Ils devaient avoir vu la détermination sur son visage et su qu’elle n’accepterait pas de non.
— Toi aussi, ajouta Zoe en se tournant vers Shelley. Va te mettre à couvert. Au cas où ça explose.
— Je ne te laisserai pas. On a commencé ça ensemble.
— Tu as une fille, dit Zoe, essayant de garder une voix ferme et unie, mais elle commençait à perdre patience. Shelley, je dois ouvrir cette porte immédiatement. Va avec les autres.
Cette dernière se mordit la lèvre et baissa la tête. S’il y avait une lueur dans ses yeux quand elle les avait relevés, elle devait certainement avoir été causée par les lumières du dépôt au-dessus de leurs têtes et non par des larmes qui lui montaient aux yeux.
— Je vais rester ici, dit-elle. Je te couvre.
Tout comme les policiers avaient été forcés de céder face à la détermination de Zoe, celle-ci se trouvait maintenant face à la volonté inflexible de Shelley. Elle aurait pu protester, mais l’horloge tournait.
— Reste sur le côté de la porte. Tu seras protégée d’une partie de l’explosion. Tiens-toi prête à bouger dès que je sortirai.
Zoe prit une inspiration apaisante et attendit que le bruit de pas s’éloigne au loin. Ensuite, levant les yeux vers le plafond dans une supplication silencieuse à un dieu dont elle n’était pas certaine de l’existence, elle mit la main sur la poignée de la porte et la tourna.
Elle s’ouvrit facilement, les verrous électroniques désactivés quand le train n’était pas en activité. Le bruit sifflant du gaz s’échappant dans l’air devant apparent dès l’instant où elle entra, attendant que ses yeux s’adaptent à l’obscurité au-delà du carré de lumière offert par la porte.
Puis elle la vit.
Zoe s’élança en avant et mit les mains sur le cou d’Aisha Parks, soulagée de sentir un faible pouls sous le bout de ses doigts. Dans le coin opposé à la porte se tenait la bonbonne de gaz, les symboles rouges dessus indiquant à Zoe qu’il vaudrait mieux qu’elle sorte aussi vite que possible. Elle était grosse, assez grosse pour qu’elle puisse calculer une très dense concentration de gaz dans l’air du wagon avant qu’elle soit vide.
Elle s’en approcha, cherchant une valve ou quelque chose qui pouvait être éteint. Ses doigts trouvèrent un petit trou sur le côté de la bonbonne et le bruit du gaz s’arrêta quand elle mit le doigt dessus. Une solution temporaire au mieux. Balayant le wagon du regard à la recherche de quelque chose à coller dessus, Zoe commença à se sentir légèrement étourdie et abandonna. La bonbonne de gaz pouvait être laissée aux soins de professionnels. Elle n’avait pas les outils nécessaire pour boucher le trou, et avec une ouverture aussi petite, la bonbonne ne serait même pas encore à moitié vide.
Zoe remarqua la présence de cordes aux chevilles et aux poignets d’Aisha quand elle s’approcha pour prendre l’adolescente dans ses bras. Elle ne pesait que quarante-six kilogrammes avec ses vêtements et elle était complètement évanouie, ne réagissant même pas quand Zoe la souleva du sol et se leva.
Elle sortit, manœuvrant maladroitement son chargement pour fermer la porte d’un coup de coude et contenir le gaz pour le moment. Puis elle cria, sa voix résonnant contre les hauts plafonds du dépôt.
— Je l’ai trouvée ! Où est cette ambulance ?