Kitabı oku: «Qui va à la chasse », sayfa 3
CHAPITRE SIX
Quand le jet du FBI se posa sur le tarmac, dans l’aéroport de Syracuse, Riley se rappela soudain ce que son père lui avait dit pendant son rêve :
« Tu ne sers qu’aux morts. »
Quelle ironie ! Pour la première fois, on l’envoyait sur une affaire où personne n’était mort – pas encore.
Mais ça pourrait changer très vite, pensa-t-elle.
Elle s’inquiétait particulièrement pour Kelsey Sprigge. Elle voulait rencontrer la dame pour être sûre que tout allait bien. Ensuite, il faudrait s’assurer de sa sécurité. Cela impliquait d’arrêter Shane Hatcher et de le remettre en prison.
Comme l’avion roulait tranquillement vers le terminal, Riley vit qu’ils avaient atterri au milieu de l’hiver. Les déneigeuses avaient repoussé des monticules de neige sur les côtés.
Cela changeait de la Virginie – en bien. Riley commençait à réaliser qu’elle avait besoin de ce nouveau défi. Elle avait appelé Gabriela de Quantico pour lui expliquer qu’elle avait un nouveau dossier. Gabriela était heureuse pour elle et lui avait assuré qu’elle s’occuperait bien d’April.
Quand l’avion s’arrêta, Riley et Bill attrapèrent leurs affaires et descendirent sur le tarmac glacé. Une bise froide lui fouetta le visage. Heureusement, on lui avait donné un manteau à Quantico.
Deux hommes trottinèrent vers eux. Ils se présentèrent sous les noms d’agents McGill et Newton, du bureau de Syracuse.
— Nous sommes là pour vous aider de quelque manière que ce soit, dit McGill à Bill et Riley.
Riley lui posa la seule question qu’elle avait en tête :
— Vous avez des gens qui veillent sur Kelsey Sprigge ? Vous pensez qu’elle va bien ?
— La police est sur le coup. Ils sont garés juste devant chez elle, dit Newton. Oui, elle va bien.
Riley aurait aimé en être également certaine.
Bill dit :
— Dans ce cas, le plus urgent, c’est d’aller à Searcy.
McGill répondit :
— Ce n’est pas loin de Syracuse et les routes sont dégagées. On a amené un SUV que vous pouvez utiliser, mais… Vous avez l’habitude de rouler sous la neige ?
— Vous savez, Syracuse gagne le Flocon d’or tous les ans, ajouta Newton avec une étrange fierté.
— Le Flocon d’or ? répéta Riley.
— C’est le prix de l’état de New York pour le coin où il neige le plus, dit McGill. On est les champions. On a un trophée pour le prouver.
— On devrait peut-être vous conduire là-bas.
Bill étouffa un rire.
— Merci, mais on va se débrouiller. Il y a quelques années, j’ai enquêté dans le Dakota en plein hiver. J’ai pas mal conduit sous la neige.
Riley ne dit rien, mais elle avait aussi beaucoup conduit dans les montagnes de Virginie. La neige ne tombait pas aussi dru qu’ici, mais les routes n’étaient jamais bien dégagées. Elle avait sans doute roulé plus souvent sur des routes verglacées que n’importe quel agent ci-présent.
Elle préférait laisser Bill conduire. Le plus important, c’était la sécurité de Sprigge. Bill prit les clés.
— Je dois dire que ça me plait de retravailler avec toi, dit Bill en s’enfermant dans la voiture. C’est égoïste, je sais. J’aime bien travailler avec Lucy, mais ce n’est pas pareil.
Riley sourit. Elle était aussi contente de retrouver Bill.
— Quand même, j’aurais préféré que tu ne prennes pas le dossier, ajouta Bill.
— Pourquoi ? demanda Riley avec surprise.
Bill secoua la tête.
— J’ai un mauvais pressentiment, dit-il. Tu te souviens ? J’ai rencontré Hatcher, moi aussi. Il en faut beaucoup pour me faire peur mais… Eh bien, lui, il ne joue pas dans la même catégorie.
Riley ne répondit pas. Elle ne pouvait pas le contredire. Elle savait que Hatcher avait profondément troublé Bill lors de sa visite. Avec un instinct étonnant, le prisonnier avait fait de perturbantes observations sur la vie personnelle de Bill.
« N’essayez même pas d’arranger les choses avec votre femme. Ce n’est pas possible. »
Hatcher avait eu raison, et Bill était maintenant en plein divorce.
A la fin de cette même visite, il avait dit à Riley quelque chose qui la hantait :
« Arrêtez de vous voiler la face. »
Elle ne savait toujours pas ce qu’il avait voulu dire. Elle eut le pressentiment désagréable qu’elle finirait par l’apprendre.
*
Quelques instants plus tard, Bill se gara à côté d’un gros tas de neige, devant la maison de Kelsey Sprigge à Searcy. Une voiture de police était arrêtée non loin. Toutefois, les deux policiers à l’intérieur ne lui inspirèrent pas confiance. Le criminel à l’esprit vicieux et brillant qui s’était évadé de Sing Sing n’aurait eu aucun mal à se débarrasser d’eux.
Bill et Riley descendirent de voiture et montrèrent de loin leurs badges aux policiers, avant de s’engager dans l’allée. C’était une petite maison traditionnelle à deux étages, avec un toit à deux pans et un perron couvert. Elle était décorée de lumières de Noël. Riley sonna.
Une femme ouvrit avec un charmant sourire. Elle était mince et portait un jogging. Son visage était illuminé.
— Vous devez être les agents Jeffreys et Paige, dit-elle. Je suis Kelsey Sprigge. Entrez. Ne restez pas dans ce froid de canard.
Kelsey Sprigge conduisit Riley et Bill dans un salon douillet où brûlait un feu de cheminée.
— Je peux vous offrir quelque chose ? demanda-t-elle. Je sais que vous êtes de service. Je vous prépare un café.
Elle disparut dans la cuisine, et Bill et Riley s’assirent. Riley balaya du regard les décorations de Noël et les douzaines de photos encadrées sur le mur. Elles avaient été prises à différents moments de la vie de Kelsey Sprigge, avec des enfants ou des petits-enfants autour d’elle. Dans certains clichés, un homme souriait à ses côtés.
Flores avait dit qu’elle était veuve. En regardant les photos, Riley devina que le mariage avait été long et heureux. D’une manière ou d’une autre, Kelsey Sprigge avait réussi à construire tout ce qui échappait à Riley. Elle avait passé une vie heureuse auprès d’une famille aimante, tout en travaillant comme agent du FBI.
Riley aurait voulu lui demander comme elle avait réussi. Bien sûr, ce n’était pas le moment.
La femme revint dans le salon en portant un plateau avec deux tasses de café, de la crème et du sucre, et – à la surprise de Riley – un scotch pour elle-même.
Kelsey fascinait Riley. Pour une femme de soixante-dix ans, elle était pleine de vie, et plus solide que la plupart des femmes qu’elle connaissait. Riley eut l’impression d’apercevoir ce qu’elle pourrait devenir.
— Bien, bien, dit Kelsey en s’asseyant en souriant. J’aurais préféré vous accueillir avec un beau soleil.
Son hospitalité charmante et tranquille désarmait Riley. Etant donné les circonstances, elle avait cru trouver une femme aux abois.
— Madame Sprigge…, commença Bill.
— Je vous en prie, appelez-moi Kelsey, l’interrompit-elle. Et je sais pourquoi vous êtes venus. Vous pensez que Shane Hatcher est à ma poursuite et que je suis sa première cible. Vous pensez qu’il veut me tuer.
Riley et Bill échangèrent un regard.
— Et bien sûr, c’est pour ça qu’il y a une voiture de police dehors, dit Kelsey en souriant. Je leur ai proposé de venir se mettre au chaud, mais ils ont refusé. Ils ne m’ont même pas laissé faire mon jogging de l’après-midi ! Quel dommage… Moi qui adore courir dans le frais. Eh bien, je n’ai pas peur de me faire assassiner, et vous ne devriez pas vous inquiéter non plus. Je ne pense vraiment pas que Shane Hatcher fera quoi que ce soit.
Riley faillit s’exclamer : « Pourquoi ? ».
Au lieu de quoi, elle demanda prudemment :
— Kelsey, vous l’avez arrêté. Vous l’avez amené devant la justice. Il a passé sa vie en prison à cause de vous. C’est peut-être pour vous qu’il est sorti.
Kelsey ne répondit pas tout de suite. Elle regardait le pistolet de Riley dans son étui.
— Quelle arme portez-vous, ma chère ? demanda-t-elle.
— Un Glock de calibre quarante, dit Riley.
— Joli ! s’exclama Kelsey. Je peux y jeter un œil.
Riley lui tendit son arme. Kelsey sortit le chargeur et examina l’arme. Elle le manipulait avec l’œil d’un vrai connaisseur.
— Je n’ai pas connu les Glocks pendant ma carrière, dit-elle. Je les aime bien. Bonne prise en main, équilibre idéal, très léger. Et le viseur me plait.
Elle remit le chargeur en place et rendit l’arme à Riley. Puis elle se dirigea vers son bureau. Elle en sortit un pistolet semi-automatique.
— J’ai arrêté Shane Hatcher avec ce bébé, dit-elle en souriant.
Elle tendit l’arme à Riley, avant de se rasseoir.
— Smith et Wesson, modèle 459. Je l’ai blessé et désarmé. Mon partenaire voulait le tuer – pour venger le flic qu’il avait battu à mort. Eh bien, j’ai dit non. Je lui ai dit que, s’il tirait sur Hatcher, il n’y aurait pas qu’un seul corps à enterrer.
Kelsey rosit.
— Oh, dit-elle, je préférais que cette histoire ne sorte pas d’ici !
Riley lui rendit son arme.
— J’ai bien vu que Hatcher avait apprécié mon geste, dit Kelsey. Vous savez, il suivait un code très strict, pour un délinquant. Il savait que je ne faisais que mon travail. C’est quelque chose qu’il respectait. Et il était reconnaissant. Bref, il ne s’est jamais intéressé à moi. Je lui ai même écrit quelques lettres, mais il n’a pas répondu. Il ne se souvient sans doute pas de mon nom. Non, je suis certaine qu’il ne veut pas me tuer.
Kelsey adressa à Riley un regard de curiosité.
— Mais Riley, vous permettez que je vous appelle Riley ? Vous m’avez dit au téléphone que vous lui aviez rendu visite, que vous aviez appris à le connaître ? Il doit être fascinant.
Riley crut déceler une pointe d’envie ou de jalousie dans la voix de la femme.
Kelsey se leva.
— Oh, vous m’écoutez radoter, alors que vous avez un méchant à arrêter ! Et qui sait ce qu’il prépare ? J’ai quelques informations qui pourraient vous aider. Venez, je vais vous montrer tout ce que j’ai.
Elle conduisit Riley et Bill dans la cave. Les nerfs de Riley frémirent.
Pourquoi fallait-il que ce soit dans une cave ? pensa-t-elle.
Ces derniers mois, Riley avait développé une phobie légère mais irrationnelle des caves – un reste de son syndrome post-traumatique. Elle avait été retenue prisonnière dans un vide sanitaire sous un plancher et, plus récemment, prise au piège dans une cave plongée dans le noir.
Toutefois, en suivant Kelsey dans l’escalier, Riley ne vit rien de sinistre. La cave avait été aménagée de façon confortable. Il y avait un coin bureau bien éclairé et rempli de dossiers en papier kraft, ainsi qu’un tableau d’affichage avec de vieilles photographies et des coupures de presse.
— C’est ici. Tout ce que j’ai sur « Shane la Chaîne », sa carrière et sa chute, dit Kelsey. Servez-vous. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas.
Riley et Bill se mirent à fouiller. Riley était à la fois surprise et excitée. Les documents n’avaient pas tous été scannés et numérisés dans les archives du FBI. Bien sûr, il y avait aussi des choses qui ne paraissaient pas très importantes, comme des notes prises sur des serviettes de restaurant.
Riley ouvrit un autre dossier, qui contenait des rapports polycopiés et d’autres documents. Elle réalisa avec amusement que Kelsey n’était pas censée les photocopier. Les originaux avaient sûrement été détruits.
Comme Bill et Riley examinaient le matériel, Kelsey remarqua :
— Vous vous demandez peut-être pourquoi je n’ai jamais pu refermer ce dossier. Parfois, je me demande aussi.
Elle réfléchit quelques instants.
— C’est cette affaire qui m’a fait découvrir le mal dans sa forme la plus pure, dit-elle. Pendant ces quatorze ans que j’ai passés au Bureau, j’étais surtout là pour faire joli dans la vitrine. Le quota féminin. Mais c’est moi qui ai fait avancer ce dossier, en parlant aux délinquants dans les rues, en prenant l’équipe en charge. Personne ne pensait que je pourrais arrêter Hatcher. En fait, personne ne pensait que quelqu’un pourrait l’arrêter un jour. Mais je l’ai fait.
Riley feuilletait maintenant un dossier de photos de mauvaise qualité, que le Bureau n’avait probablement pas pris la peine de scanner. Kelsey avait pris soin de ne pas les jeter.
Sur l’une d’elle, un policier dans un café parlait à un jeune délinquant. Riley reconnut immédiatement Shane Hatcher. Elle eut besoin de plus de temps pour reconnaitre le policier.
— C’est l’homme que Hatcher a tué, n’est-ce pas ?
Kelsey hocha la tête.
— Lucien Wayles, dit-elle. J’ai pris la photo moi-même.
— Que faisait-il avec Hatcher ?
Kelsey esquissa un sourire complice.
— Eh bien, c’est une histoire intéressante…, dit-elle. Vous avez sûrement entendu dire que Wayles était un policier exceptionnel. C’est ce qu’ils veulent nous faire croire, encore maintenant. En fait, il était pourri jusqu’à la moelle. Dans cette photo, vous le voyez parler à Hatcher dans l’espoir de passer un marché avec lui. Une part des bénéfices de son trafic de drogues, en échange de sa tranquillité. Hatcher a dit non. C’est pour ça que Wayles a décidé de le poursuivre.
Kelsey sortit une photo du cadavre de Wayles.
— Comme vous le savez déjà, ça ne s’est pas très bien terminé pour Wayles, dit-elle.
Un frisson de compréhension parcourut le corps de Riley. C’était exactement le genre d’informations qu’elle cherchait et qui la rapprochaient du jeune Shane Hatcher.
En examinant la photo de Hatcher et du policier, Riley plongea dans l’esprit du jeune homme. Elle imagina ce qui était passé par la tête de Hatcher quand cette photo avec été prise. Ce que Kelsey venait de lui dire résonna dans sa tête :
« Vous savez, il suivait un code très strict, pour un délinquant. »
C’était toujours le cas, et Riley l’avait appris au cours de leurs conversations. En regardant cette photo, elle devinait le dégoût de Hatcher devant la proposition de Wayles.
Il s’est senti insulté, pensa Riley.
Hatcher avait voulu faire de Wayles un exemple. C’était la seule chose à faire, d’après son code étrange et tordu.
Riley tomba soudain sur les photos d’identité judiciaire d’un autre délinquant.
— C’est qui ? demanda-t-elle.
— Smokey Moran, répondit Kelsey. Le bras droit de Shane la Chaîne, jusqu’à ce que je le coince pour trafic de drogues. Il risquait la prison à vie, et c’est lui qui a fini par donner des preuves contre Hatcher, en échange d’une remise de peine. C’est comme ça que j’ai coincé Hatcher.
Les nerfs de Riley se mirent picoter.
— Et qu’est-ce qu’il est devenu ?
Kelsey secoua la tête d’un air désapprobateur.
— Il est toujours dehors, dit-elle. J’ai souvent regretté ce marché. Ça fait des années qu’il trempe dans toutes sortes d’affaires. Les jeunes délinquants l’admirent. Il est malin. La police et le Bureau n’ont jamais pu le traîner en justice.
Le pressentiment de Riley ne fit que croître. Elle plongea dans l’esprit de Hatcher, en prison depuis trente ans à cause de la trahison de Moran. Selon son code de conduite, cet homme ne méritait pas de vivre. Et il était temps de faire justice.
— Vous avez son adresse ? demanda Riley.
— Non, mais je suis sûre que le Bureau pourra vous la donner. Pourquoi ?
Riley prit une grande inspiration.
— Parce que Shane Hatcher va le tuer.
CHAPITRE SEPT
Riley savait que Smokey Moran était en grand danger mais, à dire vrai, elle ne ressentait aucune compassion pour ce délinquant de carrière.
Shane Hatcher était tout ce qui comptait.
Elle devait le remettre derrière les barreaux. S’ils pouvaient l’arrêter avant qu’il ne tue Moran, tant mieux. Elle et Bill se rendirent à l’adresse indiquée sans prévenir. Ils avaient appelé le bureau de terrain pour avoir des renforts.
C’était à une demi-heure de route du quartier de classe moyenne où vivait Kelsey Sprigge. Le coin était un des plus sinistres de Syracuse. Le ciel était voilé, mais la neige ne tombait pas. Et les voitures circulaient.
Pendant que Bill conduisait, Riley se connecta aux bases de données du FBI et fit quelques recherches sur son téléphone. Les gangs avaient pignon sur rue, par ici. Ils s’y regroupaient depuis le début des années 1980. Du temps de Shane la Chaîne, des locaux régnaient sur le quartier. Depuis ce jour, des gangs nationaux y avaient établi leurs quartiers-généraux et le niveau de violence avait doublé.
Les drogues qui alimentaient le système étaient de plus en plus dangereuses : maintenant, on vendait des cigarettes trempées dans du fluide d’embaumement et du flakka, une drogue de synthèse qu’on appelait des « sels de bain ». A se demander ce qu’il y aurait sur le marché dans quelques années.
Quand Bill se gara devant l’immeuble de Moran, Riley vit deux hommes vêtus des vestes du FBI dans une autre voiture – les agents McGill et Newton, qui les avaient accueillis à l’aéroport. Elle devina à leur stature qu’ils portaient des gilets pare-balles. Tous deux étaient armés de fusils de précision.
— Moran habite au troisième, dit Riley.
Le groupe pénétra dans le bâtiment par la porte principale. Ils croisèrent plusieurs délinquants dans le vestibule. Les mains plongées dans les poches de leurs sweats à capuche, ceux-ci ne leur prêtèrent aucune attention.
Les gardes du corps de Moran ?
Ils ne tenteraient rien contre leur groupe d’agents, mais ils pourraient prévenir Moran que quelqu’un était en route.
Visiblement, McGill et Newton les connaissaient. Ils les fouillèrent rapidement.
— On est là pour voir Moran, dit Riley.
Aucun ne répondit. Ils se contentèrent d’adresser aux agents des regards vides. Riley trouva cela étrange.
— Dehors, dit Newton.
Ils obéirent.
Riley en tête, les agents montèrent les escaliers. McGill et Newton connaissaient le coin et vérifiaient instinctivement tous les couloirs. Au troisième, ils s’arrêtèrent devant l’appartement de Moran.
Riley frappa à la porte. Personne ne répondit.
— Smokey Moran, c’’est l’agent spécial Riley Paige qui vous parle. Mes collègues et moi, nous aimerions vous parler. Nous ne vous voulons aucun mal. Nous ne sommes pas là pour vous arrêter.
Pas de réponse.
Riley tourna la poignée. A sa surprise, elle n’était pas verrouillée.
Les agents pénétrèrent dans un appartement bien tenu et très dépouillé. Il n’y avait pas de télévision, ni de matériel électronique et aucun signe d’un ordinateur. Riley comprit que Moran parvenait à garder le contrôle sur son territoire en donnant seulement des ordres en personne. Il n’utilisait jamais de téléphone ou Internet, ce qui lui permettait de passer sous les radars des autorités.
Il est malin, pensa Riley. Parfois, les vieilles méthodes marchent le mieux.
Mais il n’était pas là. Les deux agents inspectèrent rapidement toutes les pièces. Personne dans l’appartement.
Ils redescendirent. Quand ils atteignirent le vestibule, McGill et Newton levèrent leurs armes. Les jeunes délinquants les attendaient au bas des escaliers.
Riley les dévisagea l’un après l’autre. Elle réalisa brusquement qu’ils avaient reçu l’ordre de laisser le FBI fouiller l’appartement vide. Maintenant, ils avaient quelque chose à dire.
— Smokey pensait que vous viendriez, dit l’un d’eux.
— Il a un message pour vous, dit-un autre.
— Il dit que vous le trouverez dans l’entrepôt Bushnell, rue Dolliver.
Sans ajouter un mot, ils tournèrent les talons.
— Il était seul ? lança Riley.
— Il était seul quand il est parti, répondit un des jeunes.
Une étrange prémonition presque solennelle résonna dans ces derniers mots. Riley se demanda ce qu’il avait voulu dire.
McGill et Newton ne les quittèrent pas des yeux jusqu’à leur départ. Puis Newton dit :
— Je sais où se trouve cet entrepôt.
— Moi aussi, dit McGill. C’est à quelques pâtés de maison. Il est abandonné et en vente. On parle d’en faire des appartements luxueux. Mais je n’aime pas ça. C’est le coin idéal pour une embuscade.
Il sortit son téléphone et appela du renfort.
— On doit faire attention, dit Riley. Vous passez devant.
Bill prit le volant du SUV. Les deux voitures se garèrent devant un bâtiment de briques à quatre étages, à la façade décrépite et aux fenêtres cassées. Un autre véhicule du FBI se gara non loin.
En levant les yeux vers le bâtiment, Riley comprit immédiatement ce que McGill avait voulu dire et pourquoi il avait appelé du renfort. Cet endroit était immense et on aurait facilement pu installer un tireur derrière une fenêtre.
Les agents du coin étaient tous armés de fusils de précision, mais Riley et Bill n’avaient que leurs pistolets. Ils seraient obligés de se mettre à l’abri en cas de fusillade.
Cependant, elle ne s’attendait pas à une attaque. Après avoir échappé à la prison pendant trente ans, pourquoi un type aussi futé que Smokey Moran s’attaquerait inutilement à des agents du FBI ?
Riley contacta les renforts par radio.
— Vous portez des gilets pare-balles ?
— Oui.
— Bien. Restez dans la voiture jusqu’à ce que je vous dise de sortir.
Bill tendit la main à l’arrière du SUV et trouva deux gilets, qu’ils enfilèrent. Puis Riley dénicha un mégaphone.
Elle baissa la vitre et lança en direction du bâtiment :
— Smokey Moran, nous sommes du FBI. On a reçu votre message. On est là pour vous voir. On ne vous veut aucun mal. Sortez du bâtiment les mains sur la tête et on va parler.
Elle attendit une minute entière. Rien ne se passa.
Riley contact Newton et McGill par radio.
— L’agent Jeffreys et moi, on sort du véhicule. Quand on sera dehors, vous sortez aussi, avec vos armes. On se retrouve à l’entrée. Levez bien les yeux. Si vous voyez que ça bouge dans le bâtiment, mettez-vous à l’abri.
Riley et Bill descendirent de voiture, et Newton et McGill les imitèrent. Trois agents lourdement armés les rejoignirent.
Ils se déplacèrent prudemment vers le bâtiment, en surveillant les fenêtres. Enfin, ils atteignirent une relative sécurité.
— C’est quoi, le plan ? demanda McGill, visiblement très nerveux.
— On arrête Shane Hatcher s’il est là-dedans, répondit Riley. On le tue si nécessaire. Et on retrouve Smokey Moran.
Bill ajouta :
— On va fouiller tout le bâtiment.
Riley vit que le plan ne plaisait pas aux agents. Elle ne pouvait pas leur en vouloir.
— McGill, dit-elle, commencez par le rez-de-chaussée, puis vous montez. Jeffreys et moi, nous commençons par le haut. On se retrouve au milieu.
McGill hocha la tête. Riley vit un éclair de soulagement passer dans son regard. Il savait que le danger ne venait certainement pas des étages inférieurs. Bill et Riley prenaient les plus gros risques.
Newton dit :
— Je viens avec vous.
A son ton ferme, elle comprit qu’il n’accepterait aucune objection.
Bill poussa les portes, et les cinq agents se faufilèrent à l’intérieur. Un vent glacé sifflait par les fenêtres. Tout était vide. Laissant McGill et les trois agents au rez-de-chaussée, Riley et Bill se dirigèrent vers l’escalier autrement plus menaçant. Newton les suivit.
Malgré le froid, de la sueur coulait sous les gants et sur le front de Riley. Son cœur battait la chamade. Elle devait faire un effort sur elle-même pour garder sa respiration sous contrôle. Elle ne s’habituerait jamais à ces missions. Personne ne pouvait s’y habituer.
Enfin, ils débouchèrent au dernier étage.
Riley vit immédiatement le cadavre.
Il était attaché à une poutre, son visage réduit en bouillie. Des chaînes à neige étaient enroulées autour de son cou.
L’arme préférée de Hatcher, pensa Riley.
— C’est Moran, dit Newton.
Riley et Bill échangèrent un regard. Ils savaient qu’ils ne devaient pas ranger leurs armes – pas encore. C’était peut-être une ruse de Hatcher pour les attirer en terrain couvert.
Ils s’approchèrent lentement. Newton resta en arrière, le fusil levé.
Des mares de sang glacé rendaient le sol glissant. Riley s’accroupit devant le corps. Le visage serait difficile à identifier, mais Riley savait que Newton avait raison : ce devait être Smokey Moran. Ses yeux étaient grands ouverts, et sa tête était attachée à la poutre avec du ruban adhésif, de façon à ce qu’il regarde Riley fixement.
Riley fit le tour.
— Hatcher n’est pas là, dit-elle en rangeant son arme.
Bill fit de même et marcha jusqu’au corps. Newton resta en arrière, en se tournant de tous côtés, son fusil prêt à tirer.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Bill en montrant du doigt un morceau de papier glissé dans la poche de la victime.
Riley le déplia. Il était écrit :
« Un cheval est attaché à une chaîne de sept mètres. Il mange une pomme qui se trouve à huit mètres. Comment le cheval a-t-il mangé la pomme ? »
Riley se raidit. Ce n’était pas une surprise : Shane Hatcher avait laissé une énigme. Elle tendit le papier à Bill. Il adressa à Riley en regard d’incompréhension.
— La chaîne n’est attachée à rien, répondit Riley.
Bill hocha la tête. Riley sut qu’il comprenait la signification de l’énigme.
Shane la Chaîne s’était détaché.
Et il commençait à y prendre goût.
Ücretsiz ön izlemeyi tamamladınız.