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Kitabı oku: «Les Rues de Paris, tome troisième», sayfa 10

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C

Cadran (rue du): Ainsi nommée à cause d'un grand cadran qui ornait l'une des maisons.

Caire: La rue, la place et le passage du Caire ne remontent pas au-delà de ce siècle. Ils furent construits sur l'emplacement du couvent des Filles-Dieu, fondation en faveur des vieilles femmes pauvres et réduites à la mendicité. En 1790, le couvent, dont les religieuses avaient été chassées, fut déclaré propriété nationale, et plus tard démoli.

Caille (rue de la): La Caille, astronome célèbre, né en 1713, mort en 1762.

Canettes (rue des): Ce nom vient d'une enseigne.

Capucines (boulevard des): Ce nom vient de l'ancien couvent des Capucines qui se trouvait dans ce quartier.

Cassette (rue): Altération du mot Cassel, nom donné à un hôtel qui s'élevait dans cette rue.

Cassini (rue): Cassini (Jean-Dominique), célèbre astronome, était né à Perinaldo, dans le comté de Nice (8 juin 1625). Il mourut à Paris en 1712.

Caumartin (rue): Ouverte en 1780. Messire Antoine Louis Lefebvre de Caumartin, chevalier, marquis de Saint-Ange, comte de Moret, seigneur de Caumartin, fut prevôt des marchands de 1778 à 1784.

Calandre (rue de la): Ce nom vient d'une enseigne qui représentait certaine machine avec laquelle on tabisait, polissait ou calandrait les étoffes de soie. «Vers le milieu de la rue en effet, dit Sauval, pend une enseigne à demi-rompue, où cette grande machine est peinte et, pas plus que dans les autres enseignes, il n'y a ni grive ni patte pelue ni alouette.» Car certains auteurs voulaient que la calandre fût le charançon qui ronge le froment, d'autres qu'elle désignât la grive, d'autres encore une grosse alouette. «Tous ces gens-là se sont tourmentés l'esprit bien mal à propos pour vouloir trouver dans leur fantaisie une chose qui se voit et qu'ils pouvaient trouver dans cette rue même.»

Petit-Carreau (rue du). On disait autrefois des Petits-Carreaux. «Il court, dit un ancien auteur, un proverbe des habitants de la rue des Petits-Carreaux dont je ne sais point l'origine:

 
Les enfants des Petits-Carreaux
Se font pendre comme des veaux.
 

S'il n'y a de la raison, du moins y a-t-il de la rime; mais pour moi je pense qu'il a plus de rime que de raison.»

Canivet (rue de): En vieux langage canif ou petit couteau.

Capucines (rue des): Ce nom vient d'un couvent qui existait autrefois en cet endroit. Les religieuses s'appelaient aussi les Pauvres Dames ou Filles de la Passion.

Carmes (rue des): Elle doit son nom aux religieux Carmes qui vinrent s'y établir, en 1318.

Carnot (rue): Carnot (L. N. M.), né en 1753, mort en 1823, l'un des hommes célèbres de la Révolution et qui, par l'énergique impulsion donnée à la défense nationale, comme à tous les services militaires, mérita qu'on dît de lui qu'il avait su organiser la victoire. Le mot semble devenu banal à force d'avoir été répété, qu'importe s'il est vrai!

Carrousel (place du): C'était autrefois un terrain vague qui s'étendait entre les anciens murs de Paris et le palais des Tuileries. On y traça, en 1600, un jardin qui plus tard s'appela Jardin de Mademoiselle parce que Mademoiselle de Montpensier habitait le palais des Tuileries et possédait ce jardin détruit en 1655. Louis XIV choisit cet emplacement pour les grandes fêtes qu'il voulut donner les 5 et 6 juin 1662, et qui se composèrent surtout de courses et du fameux carrousel où figuraient le roi, les princes et tous les grands seigneurs de la cour. Depuis lors, l'endroit s'appela place du Carrousel.

Cerisaie (rue de la): Au commencement du XVIe siècle, s'élevait, à la place des maisons qui forment cette rue, une superbe allée de cerisiers, ravissante à voir dans la saison des fleurs comme dans celle des fruits. Mais un beau jour, à la grande désolation des écoliers et des moineaux, les cerisiers furent abattus et remplacés par des maisons, quelques-unes grandes et belles; car c'est dans cette rue que se trouve l'hôtel de Philibert Delorme, le célèbre architecte, et construit par lui-même. Avant la Révolution, on y voyait aussi l'hôtel de Lesdiguières, bâti pour le financier Zamet.

«En 1742, dit M. Lazare, ses magnifiques jardins ne contenaient plus qu'un seul monument, c'était le tombeau d'une chatte qui avait appartenu à Françoise Marguerite de Gondy, veuve d'Emmanuel de Lesdiguières, duc de Créquy. On y lisait une épitaphe dont le tour élégant révèle un égoïsme bien naïf:

 
Ci-gît une chatte jolie,
Sa maîtresse, qui n'aima rien,
L'aima jusqu'à la folie.
Pourquoi le dire? On le voit bien.
 

Champ-de-Mars. Jusqu'en 1770, ce terrain fut occupé par les cultures des maraîchers. À cette époque, toutes les plantations furent enlevées, et, à leur place, on traça un immense parallélogramme de 1,000 mètres environ sur 500 de largeur qui s'appela le Champ-de-Mars parce qu'il servait aux exercices de l'École militaire.

Champs-Élysées. Au commencement du XVIIe siècle, des horticulteurs et des maraîchers occupaient ce quartier maintenant l'un des plus magnifiques, on pourrait dire le plus magnifique de Paris par ses jardins véritablement dignes de leur nom, et ses monuments, ou plutôt ses maisons moins recommandables au point de vue de l'architecture, hélas! que pour leur air d'aisance et de richesse: le luxe à défaut d'art. En 1616, Marie de Médicis fit planter la promenade dite le Cours la Reine, fermée aux deux extrémités par une grille et bordée au nord et au midi par des fossés.

Vers 1670, en même temps qu'avaient lieu de nouvelles plantations on traçait la grande avenue des Champs-Élysées, dans l'axe du palais des Tuileries. Puis deux autres avenues, où s'élevaient de grands et beaux hôtels, furent également ouvertes, partant du faubourg Saint-Honoré pour aboutir aux Champs-Élysées qui devinrent de plus en plus la promenade favorite des Parisiens et qui le seront longtemps encore en dépit des craintes ou des prévisions manifestées par M. Louis Lazare. La transformation récente des Champs-Élysées, naguère arides et poudreux, en un véritable Eden, peut rassurer sur l'avenir et l'on n'a plus à redouter que les rues et les maisons envahissent les terrains où s'épanouissent ces magnifiques corbeilles de fleurs, où verdoient tant de beaux gazons, et qu'ornent tant d'arbustes aux espèces variées. Nous espérons même quelque chose de plus, c'est que nos édiles, si prompts aux démolitions, comprendront la nécessité de mettre le marteau dans cet énorme tas de moëllons qui s'appelle le Palais de l'Industrie, une lourde bâtisse, aussi déplaisante à voir que peu utile et qui pourrait être avantageusement remplacée par des eaux jaillissantes, des statues, des arbres et des parterres. On trouverait sans peine un local plus favorable pour les expositions de peinture et de sculpture; car dans celui-ci au moindre froid on gèle; et dans la belle saison au contraire, par le manque de ventilation, sous la toiture en verre, la chaleur devient vite intolérable et fait d'une visite au Salon un supplice plutôt qu'un plaisir.

Champollion (rue): J. F. Champollion, né à Figeac (1791) mort à Paris en 1831, est devenu célèbre par ses travaux sur l'Égypte ancienne et en particulier sur la langue des hiéroglyphes qu'il paraît avoir déchiffrée.

Championnet (rue): Jean Étienne Championnet (1762-1800) commandant en chef de l'armée d'Italie fit, en 1798, la conquête du royaume de Naples.

Charonne (rue de): Nom d'un village auquel la voie conduisait.

Châteaudun (rue): Ce nom a remplacé la désignation précédente: rue du Cardinal Fesch. Il n'est pas besoin de rappeler la résistance héroïque de cette toute petite ville lors de la grande invasion prussienne (8 octobre 1870).

Croix des petits Champs (rue): La construction d'une partie de cette voie publique remonte au règne de Philippe-Auguste. Elle fut ouverte sur un terrain qui consistait en jardins, ou petits champs dont elle a tiré une partie de son nom. Une croix, placée à côté de la seconde maison après la rue du Pélican, a complété la dénomination.

Chanoinesse (rue): A pris son nom des chanoines qui l'habitaient. On l'appelait aussi Cloître-Notre-Dame.

Sainte-Chapelle. Ce monument auquel une restauration intelligente a rendu toute sa beauté, fut élevé par les ordres de saint Louis qui le destinait à renfermer les précieuses Reliques acquises par lui des Vénitiens et de l'empereur de Constantinople. «Un célèbre architecte de ce temps, nommé Eudes de Montreuil, fut chargé de la construction de la nouvelle chapelle. Il y fit preuve d'une grande habileté, et y déploya tout le luxe d'ornements, toute la légèreté de construction que l'architecture gothique avait empruntée des Arabes et qui en faisait alors le caractère. Ce monument est travaillé avec toute la délicatesse d'une châsse en orfèvrerie; et après six cents ans, c'est encore un des édifices les plus curieux et les plus élégants de Paris.

«… Les vitraux qui existent encore sont un monument précieux de ce qu'était la peinture sur verre au XIIIe siècle… Dès le sixième d'ailleurs, il est question de vitres peintes dans les chroniques. Celles de la Sainte-Chapelle sont remarquables par leur hauteur, la variété et la vivacité de leurs teintes. L'ordonnance des tableaux qu'elles représentent est bizarre, leur fabrication plate et sans effet; le dessin des figures, tracé sur un fond uni, est accompagné seulement de quelques hachures afin de donner un peu de relief au sujet et ce dessin est tout à fait barbare; mais cette vivacité éblouissante de couleurs, que tant de siècles n'ont pu altérer, fait encore l'étonnement et l'admiration des connaisseurs.» (Saint-Victor).

Le zèle religieux de saint Louis n'éclata pas seulement dans l'érection de ce beau monument, tous les ans, le jour du Vendredi-Saint, il se rendait en grand appareil à la sainte Chapelle; et là, revêtu de ses habits royaux, il exposait lui-même les monuments de la Passion à la vénération du peuple, exemple suivi par plusieurs de ses successeurs. «Il semble, dit Saint-Victor, que le président Hénault n'ait point assez senti tout ce qu'il y avait d'admirable dans ce pieux et grand roi. Il l'admire sans doute lorsqu'il le voit réduisant les rebelles, combattant les ennemis de son royaume, rendant à ses peuples une justice exacte et vigilante, etc.; mais cet historien, abusant d'un mot employé par le père Daniel, le trouve singulier lorsqu'il le voit dans son intérieur donnant à la prière le temps qu'il pouvait dérober aux affaires, témoignant une entière déférence à sa mère, une douceur paternelle à ses domestiques. Peu s'en faut qu'il ne le présente alors comme tombé dans un état d'imbécillité. «Dans ces moments, dit-il, ses domestiques devenaient ses maîtres, sa mère lui commandait, et les pratiques de la dévotion la plus simple remplissaient ses journées.» Ce qui semble petit au président Hénault à nos yeux est sublime; et comme d'après son propre aveu, les vertus solides et la noble fermeté qui composaient le caractère de saint Louis ne se sont jamais démenties, ce mélange touchant de grandeur et d'humilité nous offre un être presque au-dessus de l'humanité, un héros tel que le paganisme n'en pouvait produire, le véritable héros chrétien.»

Chardonnet ou Chardonneret (rue St-Nicolas du): S'appelle ainsi à cause de l'église St-Nicolas bâtie à l'une de ses extrémités; «puis d'un certain terroir en friche, dit Sauval, voisin de l'église et tout rempli de chardons qui couvraient un grand espace de ce quartier là. Si le peuple dit la rue du Chardonneret et non du Chardonnet, c'est que le petit oiseau qui porte ce nom lui est plus connu que celui de chardonnet. «Dans le Dit des Rues de Paris, on lit ces deux vers:

 
En la rue de Saint-Nicolas
Du Chardonnet ne fus pas las.
 

Charlot (rue): C'est le nom d'un riche financier qui, vers le milieu du XVIIe siècle, y possédait plusieurs belles maisons. Charlot, pauvre paysan du Languedoc, venu à Paris en veste et sabot, put, au bout de quelques années, se rendre adjudicataire des gabelles et de cinq grosses fermes et fit une grosse fortune.

Châtelet (place du): «La justice ordinaire de la ville de Paris, dit un auteur ancien, est le Châtelet. Elle s'exerce sous le nom du Prévôt de Paris. Tous les jugements qui se rendent au Châtelet et tous les actes des notaires sont intitulés en son nom.»

Chat qui pêche (rue du): Ce nom vient d'une enseigne.

Chauchat (rue): Chauchat (Jacques) avocat au parlement, conseiller d'État, fut élu échevin le 17 août 1778.

Chénier (rue): André Chénier bien plus que son frère Marie-Joseph a donné son nom à cette rue.

 
Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques,
 

a dit ce poète dont quelques pièces, l'Aveugle, la Liberté, le Jeune Malade, etc., sont d'admirables chefs-d'œuvre qu'on ne peut trop louer pour l'exquise pureté de la forme. On regrette que, dans les Idylles, et surtout les Élégies, cette belle langue devienne le plus souvent celle de la passion, et d'une passion qui parle aux sens bien plus qu'à l'âme. Le poète semble traduire Catulle et Properce plus encore que Théocrite et Virgile.

On sait qu'André Chénier, né à Constantinople (1762), périt à Paris sur l'échafaud l'avant-veille du 9 thermidor, et qu'il fut l'une des dernières et illustres victimes de la Terreur dont il avait flétri les coryphées, «ces bourreaux barbouilleurs de lois», dans des iambes immortels.

Cherche-Midi (rue du): Autrefois des Vieilles Tuileries, puis chasse-midi et enfin cherche-midi «qui était le nom d'une enseigne que je pense y avoir vue, dit Sauval, où se voyait peint un cadran et des gens qui cherchaient midi à quatorze heures. Ce nom, tout corrompu et faux qu'il est, plaît si fort à ceux du faubourg St-Germain, où cette rue est située, qu'ils l'ont transporté aux filles de la congrégation de Notre-Dame qui y ont un monastère… L'enseigne après a semblé si belle qu'elle a été gravée et mise à des almanachs tant de fois qu'on ne voyait autre chose: et même on en a fait un proverbe: Il cherche midi à quatorze heures; c'est un chercheur de midi à quatorze heures, dit-on en parlant de gens qui cherchent à reprendre quelque chose mal à propos où il n'y a rien à reprendre, ou qui s'embarrassent pour des choses qu'ils ne sauraient avoir.»

Chérubini (rue): Chérubini, compositeur de musique célèbre surtout par sa belle Messe et son grand Requiem (1760-1842).

Chevalier du Guet, (rue du): Ce nom vient d'une maison que le roi avait acquise pour loger le chevalier ou commandant du guet (garde de Paris alors). La compagnie du chevalier du guet se composait d'un capitaine, quatre lieutenants, un guidon, huit exempts, cinquante archers à cheval, un enseigne, huit sergents de commandement et cent hommes de pied, ayant tous des provisions du roi à la nomination du capitaine, deux greffiers contrôleurs, un payeur de solde.

Ces archers étaient habillés de bleu avec des bandoulières semées d'étoiles d'argent et de fleurs de lys d'or, bordées d'un galon or et argent.

Les huit sergents portaient des justes-au-corps galonnés d'argent et les ceinturons de même sans bandoulières.

Cité (rue de la): En 1834, on confondit sous cette seule dénomination les trois rues de la Lanterne, (nom qui vient d'une enseigne); de la Juiverie, ainsi nommée parce qu'au XIIe siècle elle était habitée par les juifs; du Marché-Palu; ce nom venait d'un marché qui s'y tenait de temps immémorial et que le sol boueux et marécageux, qui ne fut que tardivement pavé, avait fait surnommer palu de palus, marais.

Cléry (rue de): Ce nom vient de l'hôtel Cléry qui s'y trouvait situé et qui aboutissait sur les fossés de la ville. Pour moi ce nom rappelle celui du pieux serviteur de Louis XVI, et rayonne comme le symbole du dévouement et de l'héroïque fidélité.

Vieux-Colombier (rue du): Elle doit son nom à un colombier que les religieux de St-Germain des Près y avaient fait bâtir au XVe siècle. La caserne des Pompiers, qui se voit aujourd'hui vers le milieu de la rue, formait avant la Révolution le couvent ou asile des Orphelins de St-Sulpice ou de la Mère de Dieu, fondé par le vénérable Olier, en 1648, pour les enfants, filles et garçons, de la paroisse qui restaient sans parents.

Cocatrix (rue):

 
En la rue Cocatrix vins,
Où l'on boit souvent de bons vins,
Dont maint homme souvent se varie (s'enivre).
 

Cocatrix était le nom d'une famille bien connue au XIIIe siècle et du fief qui lui appartenait, situé entre la rue St-Pierre-aux-Bœufs et celle des Deux-Ermites.

Colomb Christophe (rue): Cet illustre Génois à qui la découverte de l'Amérique valut tant de gloire et que l'Espagne, dotée par lui d'un immense empire, récompensa par l'ingratitude, joignait au grand caractère, à l'intelligence supérieure, les vertus d'un saint. Des historiens vont jusqu'à lui attribuer le don des miracles; l'auteur d'une consciencieuse et intéressante Histoire de Christophe Colomb en deux volumes, de date assez récente, M. Roselly de Lorgnes est de ceux-là et réclame, pour son héros et le nôtre, les honneurs de la canonisation.

Salle au Comte (rue): À la fin du XIIIe siècle, dans cette rue s'élevait un hôtel appartenant au comte de Dammartin et qu'on appelait la Salle du Comte ou au comte.

Concorde (place de la): S'appelait Place Louis XV, parce qu'elle fut tracée sous le règne de ce prince dont la statue équestre s'élevait au milieu de la place qui s'appela de la Révolution à cette époque si triste de nos annales où se dressait en permanence, en face du jardin des Tuileries, l'échafaud sur lequel montèrent tour à tour Louis XVI, Marie-Antoinette, Mme Élisabeth, Malesherbes, Beauharnais, Chénier, Barnave, et tant d'autres illustres victimes auxquelles bientôt d'ailleurs, par un juste jugement de Dieu, succédèrent les bourreaux.

Par suite d'un décret du 26 octobre 1795, la place se nomma de la Concorde, désignation qui paraît devoir lui rester définitivement et qu'elle reprit après 1830; car, pendant la Restauration, elle s'appela de nouveau place Louis XV.

Au milieu de la place s'élève le grand obélisque rapporté d'Égypte en 1833 et qui s'encadre entre deux fontaines en bronze d'un assez bel aspect. Des autres embellissements de ce vaste pourtour nous n'avons rien à dire; ils nous semblent d'un goût fort contestable, en particulier les maisonnettes servant de piédestaux aux statues, et les ennuyeux dallages en bitume qui ne servent guère qu'aux exercices des amateurs du patin à roulettes. Assurément de frais gazons et des corbeilles de fleurs récréeraient bien mieux la vue.

Condé (rue de): Elle a pris ce nom lorsque Henri de Bourbon, prince de Condé, vint loger à l'hôtel de Gondy. On connaît les beaux vers de Boileau sur Condé.

 
Un bruit s'épand qu'Enghien et Condé sont passés;
Condé, dont le seul nom fait tomber les murailles,
Force les escadrons et gagne les batailles;
Enghien, de son hymen le seul et digne fruit,
Par lui dès son enfance à la victoire instruit.
 
Épître IV. —Au Roi.

Coq-Héron (rue du): L'impasse de ce nom (origine inconnue) devint une rue en 1543, sous le règne de François Ier qui ordonna de démolir l'hôtel de Flandre pour vendre le terrain à des particuliers avec la faculté de bâtir.

Dans cette rue se voient, d'un côté, les bâtiments de la Caisse d'Épargne, et de l'autre, des dépendances de l'Hôtel-des-Postes dont la principale entrée se trouve rue Jean-Jacques Rousseau.

Coquillière (rue): Elle aurait dû d'abord son nom à Pierre Cocquettier, bourgeois de Paris, qui, en 1292, y possédait une belle maison qu'il vendit à Guy de Dampierre, comte de Flandre. Le peuple changea ce nom en celui de Coquetière, à cause des coquetiers ou marchands d'œufs qui passaient par cette voie pour se rendre aux halles ou qui peut-être y tenaient leurs boutiques. Au temps de Clément Marot, elle prit le nom de rue Coquillart d'un certain gentilhomme qui avait trois coquilles d'or dans ses armes. Le poète lui fit, après sa mort, cette épitaphe:

 
La mort est jeu pire qu'aux quilles,
Ni qu'aux échecs, ni qu'au gaillard,
À ce méchant jeu Coquillart
Perdit sa vie et ses coquilles.
 

On ne dit point à quelle époque la rue prit son nom définitif de: Coquillière.

Corbeau (rue du): Ouverte en 1826 sur un terrain appartenant à M. Corbeau.

Corbineau (rue): Corbineau (Claude-Louis-Constant-Esprit-Juvenal-Gabriel), né à Laval le 7 mars 1772, s'engagea, dès l'âge de seize ans, dans la compagnie des gendarmes de la reine. Il était général lorsqu'il fut tué à Eylau par un boulet. On cite de lui dans cette bataille un trait non moins curieux qu'admirable.

Il sabrait vigoureusement un corps de Russes lorsque tout à coup l'arme échappe de ses mains.

«Ramasse-moi mon sabre, et rends-le moi!» cria-t-il au Russe qui se trouvait le plus près de lui.

Stupéfait, le soldat ennemi, qui peut-être ne comprenait pas notre langue mais cédait à l'éloquence du geste et à la fascination du regard, se baisse, ramasse le sabre et le remet à Corbineau et celui-ci continue à charger.

L'Empereur, en apprenant la mort de Corbineau, fut vivement impressionné et il murmura: «Quoi! réduit à rien par un boulet!»

Cordonnerie (rue de la): Son nom lui vint des vendeurs de cuirs et cordonniers qui l'habitaient. Ce n'est que par syncope que ceux qui font et vendent des souliers sont nommés cordonniers, car originairement on les appelait cordouanniers, parce que le premier cuir dont les Français se servirent, venant de Cordoue, était appelé Cordouan.

Cossonnerie (rue de la): Est fort ancienne. Au XIIe siècle, on l'appelait via cochoneria ou de la cochonnerie. «Il semblerait, dit un vieil auteur, qu'autrefois on y ait tenu le marché aux cochons et celui de la volaille, ou qu'elle ait été longtemps habitée par des charcutiers et des poulaillers, car anciennement cossonniers et cossonnerie voulaient dire la même chose que poulaillers et poulaillerie; j'apprends même de quelques vieillards qu'à certains jours de la semaine on y tenait un marché de cochons et de volailles.»

Cours. Le nombre des rues et places qui portaient autrefois ce nom était considérable. La plupart étaient des maisons accompagnées d'une cour comme la cour des Miracles, la cour des Fontaines, etc.

Coupe-Gorge et Coupe-Gueule (rues): Toutes deux dans le quartier de la Sorbonne; «elles prirent des noms si étranges, dit Sauval, à cause des brigandages et massacres qui s'y faisaient toutes les nuits», et par ce motif furent fermées de portes et de fait supprimées. Ces dénominations sinistres, très-multipliées dans le vieux Paris, sont, pour le dire en passant, la meilleure preuve qu'il ne faisait pas si bon à vivre à cette époque que le croient et le disent des écrivains érudits et bien intentionnés d'ailleurs, mais aux opinions systématiques et qui volontiers nous représentent ces temps comme un autre âge d'or. Ce n'est point ainsi qu'en jugeaient les contemporains, chroniqueurs et poètes, qui, regardant autour d'eux, ne trouvaient guère qu'à blâmer, mais par une autre exagération, et par suite de cet effet d'optique singulier qui fait que, pour bien voir un tableau, il ne faut être placé ni trop près ni trop loin. Je ne parle point ici des auteurs de fabliaux et contes, illisibles pour la plupart par tant de passages licencieux qui nous donnent des mœurs du temps une idée assez fâcheuse. Mais des auteurs plus sérieux, des hommes graves, dans leurs histoires et chroniques, semblent trop confirmer par ce qu'ils racontent les dits scandaleux des trouvères. Les poètes satiriques parlent de leur siècle comme parleront du leur plus tard Mathurin, Regnier, Boileau, Gilbert et de nos jours tel moraliste qui, dans ses plus violentes sorties, ne saurait guère aller plus loin que l'honnête Guyot, le poète du XIIIe siècle (1204).

 
Du siècle puant et horrible
M'estuet (m'émeut) commencer une bible (livre)
Pour poindre et pour aiguillonner
Et pour grand exemple donner.
 

Suit une longue description des travers et des vices du temps dans laquelle abondent les portraits qui ne sont pas flattés, aussi bien que les tableaux fort peu couleur de rose. Citons quelques passages comme pièces à l'appui.

 
Le monde nos (nous) ont encombré
D'ort siècle de désespéré;
Trop est notre loi au-dessous,
Qui bien nos (nous) voudroit juger tous,
Si, comme je sais et comme je crois,
Jà (déjà) n'en eschaperoient trois
Qu'ils ne fussent damnés sans fin.
Où sont li (les) bon, où sont li fin (vrai),
Où sont li (les) sage, où sont li prou (braves)?
S'il estoient tuit (tous) en un fou (feu),
Jà des Princes, si comme je cuit (pense),
N'y auroit un brûlé ni cuit.
 

Un poète à qui sa haute position permettait de mieux juger encore et qui, dans ses voyages, avait acquis une longue expérience par la comparaison des divers pays, le Seigneur de Berze (dans la Bible au Seigneur de Berze), n'est pas moins sévère que Guyot:

 
Li (les) uns usent lor (leur) temps en guerre,
Et as (aux) autres taut-on (enlève) leur terre;
Li (les) uns languist d'infirmité,
Li autres choit en pauvreté.
L'autre est blasmé et en vergogne
Et cil (celui) qui mieux a sa besogne,
C'est cil qui convoite encor plus:
Nul rien de bien je n'y truis (trouve).
Il soloit (avait coutume) estre un temps jadis
Que li siècles estoient jolis
Et pleins d'aucune vaine joie:
Or, n'est solaz (plaisir) que je y voie
En quoi li (les) hom (hommes) se delitoit (délectait),
En faire ce que il cuidoit (pensait)
Qui venist à l'autre à plaisir:
Or (à présent) se delitent en trahir,
Et li uns de l'autre engeingnier (tromper);
Cil qui mieux sait deschevauchier (renverser)
Son compagnon, cil vaut ores (à présent) miex (mieux).
Convoitise, angoisse et orgueix (orgueil)
Ont si (ainsi) toute joie périe
Qu'elle est par tout le mont (monde) faillie.
.......
Le pauvre brait toujours et crie
Qu'il ait avoir et manantie (richesse),
Et le riche meurt de paor (peur)
Qu'il ne la perde chacun jor (jour).
.......
Li (le) mariage dont Dieu dist
À quoi le siècle se tenist (tint)
Pour garder ailleurs de péché,
Sont tuit (tout) corrompu et brisé,
Et la foi et la loyauté
Sont changés en fausseté;
Et li (les) chevaliers, qui devoient
Défendre de cil (ceux) qui roboient
Les menues gens et garder,
Sont or (à présent) plus engrant (ardents) de rober (voler)
Que li autres et plus angoisseus:
Tout tourne et à gas et à geus (risée et jeu)
Quanques (tout ce que) Dieu avait establi.
Des laboureurs je vous di (dis)
Que li un conquiert (prend) volontiers
Sur son compagnon deux quartiers
De terre, s'il peut, en emblant (volant),
Et boute adez (ensuite) la borne avant.
En plusieurs manières sont faux
Et tricheors (tricheurs) li plusieurs d'aux (d'eux);
Et li Provoire (prêtre) et li Clergé
Sont plus désirant de péché
Que li autre ne sont assez.
Tout est le siècle bestornez (renversé)
D'ensi (depuis) comme il fut establiz,
Tuit (tous) s'atornent (s'adonnent) mès aux deliz (délits).
.......
Molt (beaucoup) eussions fait bel exploit
Si les Ordres (religieux) fussent tenues;
Mais elles sont si corrompues,
Que petit (peu) en tient nului (aucun) ores (à présent)
Ce qui leur fut commandé lores (autrefois).
Ainsi chacune se discorde
De Dieu servir d'aucune rien (façon).
Et Nonnains a-t-il molt de bien
S'elles tenissent (tinssent) chastée (chasteté)
Si comme elle estoit ordenée (ordonnée);
Mais elles ont maisons plusors (plusieurs)
Où l'on pense à de vainz ators (atours),
Plus qu'on ne fait de Dieu servir;
Toute voie (toutefois) et (est) à souffrir;
Car s'aucune méprend (agit mal) de rien,
Il y a d'autres qui font bien.
 

Supposé que de notre temps les gens du monde méritassent les mêmes reproches et un blâme aussi énergique, assurément si l'on parlait de notre Clergé, des prêtres réguliers et séculiers, comme le font Guyot et le Seigneur de Berze, on crierait à la calomnie, et l'on aurait raison. Mais quoi, à toutes les époques, nous voyons moralistes, satiriques, prédicateurs, même ceux de l'esprit le plus large et le plus élevé, faire la leçon aux contemporains, blâmés comme les pires de tous. N'est-ce pas Bossuet qui, en plein XVIIe siècle, dans ce grand XVIIe siècle, illustré par tant de gloires et l'honneur de notre histoire, s'écriait avec un accent, d'amère douleur: «Eh! quel siècle fut plus débordé que le nôtre!»

Croissant (rue du): Ce nom vient d'une enseigne.

Croix-Rouge (carrefour de la): Il s'appelait au XVe siècle Carrefour de la Maladrerie à cause de plusieurs bâtiments ou granges dans lesquelles on logeait les pauvres malades. Ce nom fut remplacé par la désignation actuelle qui vient d'une croix peinte en rouge qu'on voyait au milieu de la place, laquelle, sous la Révolution, s'appela du Bonnet rouge.

Cujas (rue): Cujas (Jacques), célèbre jurisconsulte né à Toulouse en 1520 et mort en 1590, se recommandait par la vertu autant que par la science. Ses Commentaires sur le Droit romain font encore autorité.

Culture Ste-Catherine (rue): On prononçait coulture. Cette rue et plusieurs autres avec elle s'appelèrent de ce nom qui signifie un endroit propre à être cultivé. Il y avait jadis à Paris un grand nombre de ces terrains appartenant à des églises, à des abbayes, la culture Saint-Éloi, la culture Saint-Gervais, Saint-Lazare, etc.

Au coin de cette rue Culture Ste-Catherine, dans la nuit du 13 au 14 juin 1391, Pierre de Craon tenta par vengeance d'assassiner le connétable de Clisson. Il le laissa pour mort sur la place, mais le connétable n'était que blessé et guérit assez promptement. Les biens de Pierre de Craon furent confisqués, son hôtel démoli et l'emplacement où il s'élevait servit dès lors de cimetière à la paroisse Saint-Jean.

Cuvier (rue): Georges Cuvier, né en 1769 mourut en 1832. L'illustre naturaliste, qui fut un éminent écrivain, a jeté les bases de cette branche nouvelle de la science qu'on appelle la Paléontologie, dont les progrès ont été si rapides. Un des résultats les plus considérables des récentes découvertes géologiques, fruit de patientes investigations, a été de prouver le merveilleux accord de la cosmogonie de Moïse avec les faits mis en lumière par la science. «Chose admirable, dit Cuvier, les dépôts et les débris fossiles suivent absolument, dans les degrés de leur enfoncement dans le sein de la terre, l'ordre des jours où les substances auxquelles elles ont rapport furent créées d'après le récit de Moïse… Élevé dans toute la science des Égyptiens, Moïse nous a laissé une Cosmogonie dont l'exactitude se vérifie chaque jour. Les observations géologiques s'accordent parfaitement avec la Genèse sur l'ordre dans lequel ont été successivement créés tous les êtres organisés43

43.Cuvier: —Recherches sur les ossements des quadrupèdes fossiles.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
25 haziran 2017
Hacim:
390 s. 1 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain
Metin
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