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Kitabı oku: «Les Rues de Paris, tome troisième», sayfa 9

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B

Babille (rue): Laurent Jean Babille fut échevin de la ville de Paris en 1762 et 1763. Quels services a-t-il rendus qui lui méritèrent un souvenir spécial, on ne nous le dit pas. Peut-être seulement demeurait-il dans cette rue.

Babylone (rue): Elle doit son nom à Bernard de Sainte-Thérèse, évêque de Babylone, qui possédait plusieurs maisons et jardins sur l'emplacement desquels fut construit le séminaire des Missions Étrangères.

Bailleul (rue): C'était le nom d'un président qui y demeurait.

Baillif (rue): Pour Baillifre, nom du surintendant de la musique de Henri IV, qui lui donna des terrains bordant cette voie pour y bâtir.

Balzac (rue de): De Jean Louis de Balzac (1586-1655) on a dit qu'il fut l'un des écrivains qui ont le plus contribué à former la langue quoique aujourd'hui on ne lise plus guère ou même pas du tout ses ouvrages. Ce n'est pas lui d'ailleurs qui a donné son nom à la rue, mais notre contemporain, Honoré de Balzac, qui y est mort en 1850, à l'âge de 51 ans, au milieu de sa plus grande vogue comme romancier. On ne peut lui refuser, en dépit de sa fécondité, un talent peu ordinaire. La Comédie humaine atteste une puissance singulière de conception et d'observation; mais cette dernière et précieuse qualité trop souvent se gâte par l'exagération; comme l'a dit fort bien M. de Pontmartin, Balzac presque toujours vers la fin «se grise avec son sujet», et il ne voit plus ses personnages qu'à travers une lentille qui grossit démesurément leurs traits défectueux surtout. Puis le sens moral trop fréquemment lui fait défaut, et il est peu d'ouvrages de lui qu'on puisse lire sans inconvénient. Rien qui repose, rien qui rassérène dans ces pages si souvent désolantes par l'implacable dissection de l'âme humaine. Cet étrange moraliste (car il avait cette prétention) calomnie la nature humaine même viciée, et à Dieu ne plaise que notre société, encore que malade, soit telle qu'il nous la représente d'habitude. Le monde aristocratique en particulier, qu'il faisait vanité de bien connaître, lui paraît surtout étranger d'après les types qu'il nous en a laissés, et qu'on n'y rencontre, assurément, que par une très-rare exception.

D'après ce que nous venons de dire, faut-il s'étonner que l'Œuvre entier de Balzac ait été condamné par la congrégation de l'Index?

Barbette (rue): Elle s'appela ainsi parce qu'elle passait devant un hôtel de ce nom célèbre dans l'histoire de Charles VI et construit par Étienne Barbette, prévôt des marchands sous Philippe-le-Bel. Le duc d'Orléans, frère du roi (Charles VI), sortant de l'hôtel dit le petit Séjour de la Reine qu'habitait Isabeau de Bavière, fut assassiné à la porte Barbette par Jean-sans-Peur et ses mauvais garçons.

Barillerie (rue de la): Vis-à-vis le Palais. Elle porte déjà ce nom dans un concordat passé en 1280 entre Philippe-le-Hardi et les couvents de Saint-Maur et de Saint-Éloi. Mais Robertus Cenalis, dans sa Hiérarchie française, l'appelle la rue de la Babillerie, via locutuleia, à cause sans doute du parlement voisin où pour plaider il faut parler «ce qui se fait de vive voix» dit assez naïvement Sauval.

Barouillère (rue): Elle s'appela tour à tour des Vieilles Tuileries, Saint-Michel, et enfin de la Barouillère. «Je ne sais, dit Jaillot, quand on lui donna ce nom, mais il est certain qu'elle le doit à Nicolas Richard, sieur de la Barouillère, à qui l'abbé de Saint-Germain céda, le 8 octobre 1644, huit arpents à la charge d'y bâtir, et sous la condition que, si l'on perçait des rues sur ce terrain, on leur donnerait le nom d'un saint indiqué, qu'on en ferait mettre la statue au coin de la rue et au dessous les armes de l'abbaye.»

Barrés (rue des): Cette rue doit son nom aux Carmes qu'on désignait sous le nom de Barrés, en raison de leurs manteaux peints de différentes couleurs et formant des barres.

Beaubourg (rue): Au commencement du XIe siècle, de pauvres paysans élevèrent en cet endroit quelques chaumières. L'agrément du site en attira d'autres qui s'y établirent également et le hameau, qui devint un village, s'appela Beau-Bourg.

Voilà ce que racontent plusieurs historiens d'après une tradition contestée par Sauval. Suivant lui, cette rue doit son nom à Jean Beaubourg natif de Beau-Bourg, village ou bourg et paroisse de Brie, duquel descendait le président Beaubourg, conseiller d'état souvent chargé par le roi Louis XIII de missions importantes.

Batignolles (rue, place, boulevard des): Ce nom vient de l'ancien village des Batignolles qui, aussi bien que celui de Monceaux auquel il fut réuni en 1830, ne se composait que de quelques chaumières ou pauvres maisons. «Mais dans le mouvement de translation rapide qu'éprouve la population de Paris du sud-est au nord-ouest, l'humble hameau des Batignolles a acquis une grande importance… C'est aujourd'hui une ville plus étendue, plus riche, plus peuplée que beaucoup de préfectures.»

Ainsi s'exprimait, en 1861, un des rédacteurs du Dictionnaire de la Conversation et de la Lecture. Depuis lors, les Batignolles n'ont fait que s'accroître et ce quartier est à présent l'un des plus populeux de la capitale dont par suite de l'annexion il fait partie.

Battoir (rue du): Ce nom vient d'une enseigne.

Beaujolais (rue): Ouverte en 1784, elle fut nommée ainsi en l'honneur du comte de Beaujolais, fils du duc d'Orléans.

Beaumarchais (boulevard): Caron de Beaumarchais (1732-1799) doit surtout sa célébrité à sa comédie: Le Mariage de Figaro, une œuvre qu'on pourrait qualifier diabolique au point de vue du talent comme de la morale, et si malheureusement autorisée par la royauté, si follement applaudie par l'aristocratie dont elle préparait la chute. Dans cette pièce profondément immorale, mais avec tous les raffinements de l'art le plus savant, rien qui soit respecté, et j'admire que des femmes, des jeunes filles même, fût-ce en s'abritant derrière l'éventail pour cacher leur rougeur, osent assister jusqu'au bout à ce spectacle qui n'est qu'un long scandale. Qu'importe le talent quand on en fait cet indigne usage! Qu'importe la verve, qu'importe l'esprit quand ce rire qui provoque le nôtre n'est que le rire du démon!

Beaurepaire (rue de): S'appelait ainsi dès le commencement du XIVe siècle (1313). Ce mot, dans le vieux langage, signifie belle demeure, belle retraite, beau repaire.

Beautreillis (rue de): Autrefois rue Girard Becquet. On l'appela rue Beautreillis à cause d'une belle treille «ou, pour parler à la façon du temps passé, d'un beau treillis qui faisait une des principales beautés du jardin de l'hôtel royal de Saint-Paul… Je dirai encore que les treilles ont fait longtemps un des principaux ornements des jardins de nos rois et que, pendant plusieurs siècles, les mûriers, les ormes et les chênes n'ont passé que pour des arbres champêtres et sauvages qui ne devaient paraître et faire ombre que dans les forêts.» (Sauval).

Belle-Chasse (rue de): Elle doit son nom au clos de Belle-Chasse sur lequel fut bâti le couvent des religieuses du Saint-Sépulcre, vulgairement appelées Religieuses de Belle-Chasse.

La communauté se composait de vingt religieuses seulement qui suivaient la règle de saint Augustin. On les avait nommées d'abord les Filles à Barbier à cause d'un fameux traitant (financier) qui leur avait donné une partie du vaste espace qu'elles occupaient.

Bellefond (rue de): Elle dut son nom à Mme de Bellefond, abbesse de Montmartre.

Saint-Benoît (rue): Se nomma ainsi parce qu'elle s'étendait le long du jardin des religieux de Saint-Germain des Prés qui suivaient la règle de saint Benoît. «Il n'y a pas plus de vingt ans, dit Sauval, qu'elle s'appelait la rue des Égoûts, parce que, jusqu'à ce temps-là, elle a été coupée en deux et empuantie par un égout découvert qui maintenant passe sous le pavé, ce qui est cause qu'on la nomme quelquefois la rue de l'Égoût couvert.»

Bergère (rue): Dans la table des rues de Valleyre, elle est appelée du Berger dont on a fait rue Bergère.

Berryer (cité): Antoine Pierre Berryer, né en 1788, mort en 1869, comptait au premier rang de nos orateurs politiques. Un discours de Berryer à la Chambre s'annonçait comme un évènement et les huissiers se trouvaient fort empêchés à l'ouverture des portes par l'empressement des amateurs, curieux et curieuses. Mais les triomphes de Berryer au Palais-Bourbon s'alternaient (chose rare et qui semble l'exception) avec ses succès au barreau. Dans les dramatiques procès de cours d'assises surtout, il avait peu d'égaux parmi ses confrères qu'il a fait pleurer plus d'une fois, et aussi les jurés et les juges, sans compter les bons gendarmes. On comprend dès lors l'influence toute puissante de cette parole émue, passionnée, ardente, de ce geste pathétique, sur la partie féminine de l'auditoire bientôt tout entier noyé dans les larmes.

Dans notre volume: Je Politique, se trouve une Étude développée sur Berryer que nous avons eu maintes fois, comme journaliste, l'occasion d'entendre dans nos assemblées politiques. Du reste, il fallait l'entendre plutôt que le lire, car l'originalité de la forme manquait un peu à sa phrase trop facilement faite, alors qu'elle n'était plus soutenue par l'accent fiévreux de la voix et la fougue du geste.

Bertin Porée (rue): Elle portait ce nom dès l'année 1240, et le tenait d'un bourgeois qui y demeurait.

Bétizy (rue de): a pris ce nom de Jacques Bétizy, avocat au Parlement. Ce fut dans la deuxième maison à gauche, en entrant par la rue de la Monnaie, que l'amiral de Coligny fut assassiné, dans la nuit de la Saint-Barthélemy, (1572), par les séides du duc de Guise, dit le Balafré. Deux des meurtriers, Le Besme et Pétrucci, après avoir percé de coups l'amiral, jetèrent le cadavre dans la cour où le duc de Guise, pour le reconnaître, essuya avec son mouchoir le sang qui couvrait le visage, et sûr que sa victime n'avait pu lui échapper, il dit: «C'est bien commencé, allons continuer.»

Faut-il croire au fait suivant rapporté par Pierre Mathieu? «Il affirme avoir entendu raconter plusieurs fois à Henri IV que, le soir du 26 août, peu d'heures avant le massacre, jouant aux dés avec le duc de Guise, il parut des gouttes de sang sur la table, et que les ayant fait essuyer, elles reparurent encore, ce qui le frappa au point qu'il quitta le jeu.»

Il existait très anciennement une rue de ce nom, témoin ce distique du Dit des Rues de Paris:

 
En la rue de Béthisi
Entré, ne fus pas éthisi (malade d'éthisie).
 

Bibliothèque Nationale. Ce fut en 1721 seulement que les bâtiments de la rue Richelieu furent affectés au service de la Bibliothèque Royale. Les livres se trouvaient en dernier lieu placés dans deux maisons ayant appartenu à Colbert et voisines de son hôtel, rue Vivienne. Mais leur nombre allant toujours en s'augmentant, sur la proposition de l'abbé Bignon, conservateur, le duc d'Orléans donna l'ordre de transporter toutes ces richesses dans le local qu'elles occupent aujourd'hui. Ces vastes bâtiments étaient un démembrement de l'hôtel Mazarin divisé en deux parties par les héritiers.

On sait que Charles V doit être regardé comme le fondateur de la Bibliothèque Royale. La collection d'ouvrages recueillis par lui et placés dans une tour du Louvre, dite Tour de la Librairie, occupait trois étages et comptait 910 volumes, nombre considérable pour le temps. La collection formée par Charles V fut dispersée sous le règne désastreux de Charles VI; ce fut plus tard Louis XI qui recueillit les livres épars dans les diverses maisons royales et dont le nombre s'augmenta vite grâce à la découverte récente de l'Imprimerie. Cette Bibliothèque, d'abord installée à Blois, puis à Fontainebleau et constamment augmentée, ne fut transportée à Paris qu'en juin 1595 par l'ordre de Henri IV. Placée d'abord dans le collége de Clermont, puis dans une maison de la rue de la Harpe, elle comptait, à la mort de Louis XIV (1715), environ 70,000 volumes transférés, comme on l'a dit, dès l'année 1666, rue Vivienne, dans les deux grandes maisons appartenant à Colbert.

Bicêtre (hospice de): Bicêtre était un château appartenant à la reine Anne d'Autriche. Destiné d'abord aux Enfants-Trouvés, il est devenu un vaste hospice pour la vieillesse en même temps qu'un hôpital pour les aliénés pauvres qu'on y soigne avec sollicitude, et qui, bien entendu, occupent un bâtiment séparé.

Bienfaisance (rue de la): Elle a pris ce nom en souvenir du docteur Goetz, qui demeurait au nº 13 et était devenu par son zèle et son dévouement la Providence du quartier. Il mourut en 1813.

Bièvre (rue de): Ainsi appelée de la rivière voisine.

Billaut (rue): Ci-devant de l'Oratoire du Roule, maintenant rue Jules Favre.

Blancs-Manteaux (rue des):

 
En la rue des Blancs-Mantiaux
Entrai, où je vis maintes piaux
Mettre en conroi41 et blanche et noire,
 

lisons-nous dans le Dit des Rues de Paris, ce poème très peu poétique mais si curieux de Guillot publié par l'abbé Lebœuf42. Celte rue se nommait au XIIIe siècle (vers 1268) de la Petite Parcheminerie, quand les religieux de l'ordre des Serviteurs de la Vierge Marie, mère de Jésus, vinrent s'y établir et y bâtirent leur couvent: «que nous voyons encore à l'un de ses bouts, dit un auteur ancien; mais le peuple qui aime la brièveté quand il s'agit de nommer une chose, voyant l'habit blanc de ces religieux, laissa là bien vite cette longue traînée de mots dont était composé leur nom et les appela simplement Blancs-Manteaux, et tout de même leur rue des Blancs-Manteaux,» nom qui se trouve dans les actes de l'année 1289.

Blé (Halle au): Cet édifice, bâti sur l'emplacement de l'ancien hôtel de Soissons, fut commencé en 1763 et terminé en 1767, d'après les dessins de Camus de Mézières. La coupole, construite en 1783 par MM. Legrand et Molina, mais dont la charpente était en bois, fut détruite par un incendie dans l'année 1802. Aussi la remplaça-t-on par une armature en fer et fonte de fer, couverte de planches de cuivre étamé, sous laquelle la marchandise en toute saison se trouve à l'abri. Nulle crainte d'incendie maintenant.

Boïeldieu, (rue): François-Adrien Boïeldieu, compositeur célèbre, auteur de la Dame Blanche, la Tante Aurore, le Calife de Bagdad, le Pré aux Clercs, etc. Né à Rouen le 15 décembre 1775, il est mort à Paris, le 8 octobre 1834. Boïeldieu joignait au génie de l'artiste, les plus nobles qualités du cœur et de l'esprit. En lisant certains traits de sa vie, on serait tenté de croire que c'est à lui que pensait Mme de Bawr quand elle écrivait dans ses Souvenirs: «Une remarque que j'ai toujours eu lieu de faire c'est que les personnes que l'on pleure le plus longtemps, quand la mort les a frappées, sont celles qui étaient bonnes. Depuis que j'existe j'ai vu mourir bien des gens distingués; la douleur de leur famille, de leurs amis était vive; mais le temps produisait sur elle son effet accoutumé, même lorsque ceux dont je parle laissaient après eux une grande célébrité. En un mot j'ai reconnu que l'on peut oublier assez promptement l'homme d'esprit ou l'homme de talent avec lequel on a vécu, mais qu'on n'oublie jamais celui dont mille circonstances de la vie viennent sans cesse nous rappeler la bonté.»

Boissy d'Anglas (rue): Le comte de Boissy d'Anglas (1756-1826), député à la Convention Nationale qu'il présidait dans la fameuse journée du 1er prairial an III (26 mai 1795) et par la fermeté héroïque de son attitude sauva de l'envahissement des factieux jacobins. Il a suffi de cette noble page dans sa vie pour rendre son nom à jamais célèbre.

Bouloi (rue du): En 1359, elle est désignée sous le nom de rue aux Bouliers, dite la Cour Basile. Au XVe siècle, c'était la rue Baizile. Au XVIe, on la nomme rue des Bouliers, dite la cour Basile. Elle prend ensuite le nom de rue du Bouloi, mot dont l'origine est inconnue.

Bourgogne (rue de): Louis XIV ordonna, par un arrêt de son conseil du 23 août 1707, que la rue prendrait ce nom en l'honneur de son petit-fils, le duc de Bourgogne, dont la naissance fut accueillie avec de tels transports. «Chacun, dit Choisy, se donnait la liberté d'embrasser le roi. La foule le porta depuis la surintendance où madame la Dauphine accoucha jusqu'à ses appartements; il se laissait embrasser à qui voulait. Le bas peuple paraissait hors de sens; on faisait des feux de joie, et tous les porteurs de chaises brûlaient familièrement la chaise dorée de leur maîtresse. Ils firent un grand feu dans la cour de la galerie des Princes, et y jetèrent une partie des lambris et des parquets destinés pour la grande galerie. Bontemps, en colère, le vint dire au roi qui se mit à rire et dit: «Qu'on les laisse faire, nous aurons d'autres parquets.» La joie parut aussi vive à Paris et parut de bien plus longue durée; les boutiques furent fermées trois jours durant; toutes les rues étaient pleines de tables où les passants étaient conviés et forcés de boire sans payer; et tel artisan mangea cent écus, dans ces trois jours, qu'il ne gagnait pas dans une année.»

Voici de ce jeune prince, dont la mort prématurée et presque tragique devait tromper tant d'espérances, un remarquable portrait: «Ce prince, dit St-Simon, naquit terrible et sa première jeunesse fit trembler: dur et colère jusqu'aux derniers emportements, et jusque contre les choses inanimées; impétueux avec fureur; incapable de souffrir la moindre résistance, même des heures et des éléments, sans entrer en des fougues à faire craindre que tout se rompît dans son corps; opiniâtre à l'excès, passionné pour toute espèce de volupté. Il n'aimait pas moins le vin, la bonne chère, la chasse avec fureur, la musique avec une sorte de ravissement, et le jeu encore où il ne pouvait supporter d'être vaincu, et où le danger avec lui était extrême; enfin, livré à toutes les passions et emporté à tous les plaisirs, souvent farouche, naturellement porté à la cruauté, barbare en railleries et à produire les ridicules avec une justesse qui assommait. De la hauteur des cieux, il ne regardait les hommes que comme des atômes avec qui il n'avait aucune ressemblance quels qu'ils fussent. À peine messieurs ses frères lui paraissaient-ils des intermédiaires entre lui et le genre humain, quoiqu'on eût toujours affecté de les élever tous trois ensemble dans une parfaite égalité.»

Il fallait un miracle pour lutter contre un pareil tempérament, arriver à le modifier, à le transformer. Le miracle eut lieu grâce à l'influence religieuse et à des précepteurs tels que Fénelon, Fleury et le duc de Beauvilliers. «De cet abîme sortit un prince affable, doux, humain, modéré, patient, modeste, pénitent et autant et quelquefois au delà de ce que son état pouvait comporter, humble et austère pour soi.»

Le caractère du jeune prince alors peut se résumer dans ces paroles mémorables qu'il prononçait un jour devant Louis XIV à Marly:

«Un roi est fait pour ses sujets et non les sujets pour le roi.»

La mort si cruelle, si soudaine, qui le frappait à la fleur de ses années et le ravissait à l'espoir de la plus belle couronne de la terre, selon l'expression d'un grand pape, le trouva résigné, courageux, admirable. Que de larmes fit couler cette catastrophe dont les plus indifférents furent navrés et consternés! Fénelon lui ne put jamais s'en consoler et depuis lors il ne fit plus que languir.

Bons Enfants (rue des): En 1208, alors que s'achevait l'église St-Honoré, un bourgeois de Paris, nommé Ada, et sa femme résolurent de fonder un collége auprès de la nouvelle église. En conséquence, ils firent construire un bâtiment assez grand pour recevoir treize étudiants de Paris, mis sous la direction d'un chanoine de St-Honoré. Le collége s'appela d'abord Hôpital des Pauvres Écoliers, pauvres en effet puisque logés seulement, chaque jour, ils devaient aller quêter leur nourriture dans les rues de la capitale comme nous l'apprennent les vers du vieux poète:

 
Les Bons Enfants orrez crier
Du pain nes veuil pas oublier.
 

Mais, grâce à des donations successives importantes, le collége put s'agrandir en même temps que s'améliorait la position des pensionnaires dont le nom de: les pauvres écoliers fut changé en celui des Bons Enfants, on ne dit pas précisément à quelle occasion.

Bourdonnais, (rue des): A pris son nom des sires Adam et Guillaume Bourdon.

Bourg l'Abbé (rue de):

 
Si m'en allai au Bourg l'abbé,
Où l'on parlait bien d'un abbé.
 

Le Bourg l'Abbé, ainsi appelé parce qu'il dépendait de l'abbé de St-Martin, existait déjà sous les rois de la seconde race. Il fut enfermé dans Paris sous le règne de Philippe-Auguste, lors de la construction de la nouvelle enceinte, et le principal chemin du Bourg prit, en 1210, le nom de Bourg l'Abbé. Les habitants de l'endroit passaient pour peu spirituels quoique d'humeur folâtre, et l'on disait d'eux en façon de proverbe: «Ce sont gens de Bourg l'Abbé, ils ne demandent qu'amour et simplesse.»

Bourse (palais de la): Un décret impérial du 16 mars 1808 ordonna la construction de l'édifice dont la première pierre fut posée le 24 du même mois. L'architecte Brogniart dirigea les travaux jusqu'à sa mort arrivée en 1813. Il eut pour successeur M. Labarre; mais par suite du ralentissement des travaux, après les désastres de 1815, le monument ne put être achevé et inauguré que dans l'année 1827.

Boucheries (rue des): Vis-à-vis du grand Châtelet, avait pris son nom de la Grande-Boucherie qui s'y trouvait, la plus ancienne et longtemps même la seule de la ville; elle avait été établie en 1153. «Autrefois, dit Germain Brice, elle appartenait à une communauté de bourgeois qui faisaient comme une espèce de petite république entre eux dont le crédit était si grand, sous le règne de Charles VI, qu'il arrivait souvent de grands désordres lorsqu'ils étaient mécontents.»

Boutebrie (rue): S'appelait vers la fin du XIIIe siècle Erembourg de Brie, nom d'un propriétaire riverain. D'Erembourg de Brie on a fait Boutebrie.

Billettes, (rue des): Elle devait ce nom aux religieux hospitaliers de Notre-Dame qui portaient sur leurs habits de petits scapulaires, dits billettes. Dans certains actes on l'appelle aussi la rue où Dieu fut bouilli, la rue du Dieu bouilli, voici pour quel motif. La maison, qui fut depuis le couvent, appartenait à un juif riche sans doute. «Ce juif, d'après une tradition ancienne, dit G. Brice, par une impiété exécrable, perça de plusieurs coups de couteau une hostie consacrée et voulut ensuite la brûler; mais miraculeusement elle lui échappa en s'élevant dans la pièce et fut recueillie par une vieille femme qui entra inopinément chez cet impie et porta l'hostie au curé de St-Jean où depuis elle a été conservée avec beaucoup de vénération. Ce malheureux juif fut brûlé et sa maison confisquée.»

Brantôme (rue): P. de Bourdeilles, seigneur de Brantôme (1527-1614), gentilhomme gascon, est auteur de nombreux écrits qui se distinguent par le style original et verveux, mais où trop souvent le lecteur honnête regrette le choix du sujet, les épisodes et les détails scabreux de mœurs contemporaines que la liberté ou mieux la crudité du langage gaulois ne met que trop en relief. Ce reproche s'adresse beaucoup moins aux Vies des grands capitaines français et étrangers qu'à tel des autres ouvrages de l'auteur dont la lecture vaut celle des pires romans. L'histoire écrite de cette façon n'est qu'un pamphlet ordurier. Il semble pourtant que le Seigneur de Bourdeilles n'en avait pas conscience, et qu'il écrivit ce qu'il voyait ou entendait en toute sûreté de conscience et en s'estimant un parfait chrétien.

Breda (rue de): Ouverte en 1830 sur les terrains appartenant à M. Breda.

Bridaine (rue): Jacques Bridaine (1701-1767), prédicateur populaire célèbre, dont l'apostolat eut des résultats prodigieux. Ses sermons n'ont pu être recueillis soit parce qu'il prêchait d'abondance et en vrai missionnaire, soit à cause de son humilité qui prenait peu souci de conserver à la postérité ces pieux discours. Tout le monde cependant a lu l'exorde de l'un d'eux publié pour la première fois, je crois, par Maury et qui suffirait à la gloire de Bridaine.

Brise-Miche (rue): La distribution des pains ou miches qu'on faisait, suivant l'usage, aux chanoines de la collégiale St-Merry avait lieu dans cette rue, d'où la dénomination brise-miche.

Bout du monde (rue du): S'appela ainsi, disent les vieux auteurs, à cause d'un méchant rébus de Picardie qui s'y voyait dans une enseigne où l'on avait représenté un os, un bouc, un duc (oiseau), et un monde (globe), avec cette inscription au bas: Au bouc du monde.

Ce qui prouve qu'on cultivait le calembourg bien avant la venue du fameux M. de Bièvre, et qu'on le faisait alors tout aussi bon ou tout aussi mauvais que lui et ses successeurs.

Braque (rue de): Elle doit son nom à Arnould de Braque qui, en 1348, y fit élever, à ses frais, une chapelle et un hôpital.

Brosse (rue Guy de la): Médecin de Louis XIII, Guy de la Brosse, savant botaniste, donna au roi le terrain où fut tracé le jardin des Plantes, aujourd'hui si célèbre. Il obtint de Richelieu son patronage bienveillant pour le nouvel établissement dont un édit spécial, du mois de janvier 1626, autorisa la création. Guy de la Brosse, nommé intendant (directeur), ne s'occupa plus que de développer l'établissement pour lequel une maison d'habitation fut construite en même temps que le jardin s'enrichissait des plantes les plus rares. Guy de la Brosse mourut dans un âge très avancé et fut enterré dans la chapelle de la maison.

Broussais (rue): Ce célèbre médecin, né en 1772, mort à Paris en 1838, avait le tort d'être trop systématique, et ce qui est pire, matérialiste.

Bûcherie (rue de la): Ainsi nommée à cause du voisinage du port aux bûches. L'École de Médecine s'élevait autrefois dans cette rue où elle fut construite vers 1472. À cette époque les professeurs de la faculté étaient clercs et s'engageaient à garder le célibat.

Buci (rue de): Elle doit son nom à Simon de Buci qui acheta en 1350 le terrain et la porte St-Germain à laquelle il donna également son nom. Cette porte, reconstruite sans doute, s'élevait autrefois à l'extrémité de la rue St-André-des-Arts aboutissant au carrefour. C'est par là qu'on entrait dans le faubourg St-Germain. En 1673, par suite d'un arrêt spécial, la porte de Buci fut démolie parce qu'elle gênait la circulation.

Buffon (rue de): Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, le célèbre naturaliste, né en 1707, mourut en 1788, à la veille de la Révolution. «Quand on a lu M. de Buffon, on se croit savant. On se croit vertueux, quand on a lu Rousseau. On n'est cependant pour cela ni l'un ni l'autre.» Malgré ce jugement sévère de Joubert, Buffon n'est pas le premier venu et l'on ne peut dire qu'il ait escamoté sa réputation. Il sait peindre, par malheur pour lui plus que pour son modèle, regardant la nature à distance et du fond de son cabinet, il semble peu soucieux de se déranger pour elle. Celle-ci se venge, et ne se montrant à ce cérémonieux qu'en grande parure, elle lui dérobe ses secrets les plus intimes et sa mystérieuse poésie. On dit que l'illustre académicien, au lieu de courir les bois et les prairies, comme Bernardin de St-Pierre, sans nul souci de son costume et des accrocs, ne quittait guère son fauteuil et qu'il écrivait toujours en grande toilette, avec jabot et manchettes de dentelles et l'épée au côté. On s'en aperçoit à sa phrase trop faite, mais qui pourtant a du nombre et de l'ampleur. C'est un écrivain assurément et aussi un savant que Buffon, mais on le voudrait plus homme et surtout plus chrétien, ce qui lui donnerait la clé de bien des énigmes. Son génie manque d'entrailles; ce lumineux foyer lance des rayons, mais sans donner de chaleur. On souhaiterait qu'une si belle intelligence prît davantage conseil du cœur. L'auteur du Génie du Christianisme est donc fondé à dire: «Il ne manquerait rien à Buffon s'il avait autant de sensibilité que d'éloquence. Remarque étrange, que nous avons lieu de faire à tous moments, que nous répétons jusqu'à satiété, et dont nous ne saurions trop convaincre le siècle: sans religion, point de sensibilité. Buffon surprend par son style, mais rarement il attendrit. Lisez l'admirable article du chien: tous les chiens y sont: le chien chasseur, le chien berger, le chien sauvage, le chien de grand seigneur, le chien petit-maître, etc. Qu'y manque-t-il enfin? Le chien de l'aveugle. Et c'est celui-là dont se fût d'abord souvenu un chrétien.»

41.Pour être corroyées.
42.Histoire de la ville et du diocèse de Paris, T. II.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
25 haziran 2017
Hacim:
390 s. 1 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain
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