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Kitabı oku: «Les Rues de Paris, tome troisième», sayfa 14

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K

Kléber (rue): Jean-Baptiste Kléber, fils d'un terrassier de la maison de Rohan, né à Strasbourg en 1754; d'abord officier au service de l'Autriche, il rentra en France après avoir donné sa démission et devint inspecteur des bâtiments publics. Engagé volontaire en 1792, il s'éleva promptement aux premiers grades et s'illustra dans les armées du Nord et de Sambre et Meuse. Il périt, comme on sait, en Égypte, assassiné par un fanatique du nom de Soleiman (14 juin 1800.) «Kléber, c'était le dieu Mars en uniforme, a dit de lui Napoléon dans ses Mémoires; courage, conception, il avait tout.»

Si l'on en croit Rovigo, l'aide-de-camp de Desaix, le caractère chez Kléber n'était point à la hauteur des talents militaires: «C'était un homme de bien et incontestablement un général brave et habile, mais d'une bonté et d'une faiblesse de caractère qui contrastaient singulièrement avec sa haute stature qui avait quelque chose d'imposant… Son caractère naturel était frondeur et il disait lui-même qu'il n'aimait la subordination qu'en sous-ordre. Son esprit, quoique agréable, n'était pas d'une portée très-étendue… À tous ces inconvénients se joignait celui d'une ignorance totale dans la conduite des affaires de cabinet, en sorte qu'il ne pouvait manquer d'être à la merci de tout le monde et particulièrement de ceux qui voulaient faire de lui un moyen de rentrer en France.»

Encore que politiquement Kléber en Égypte ait fait des fautes glorieusement et complètement rachetées par l'homme de guerre, ce jugement paraît trop sévère et la position particulière de Savary, auprès de l'Empereur, nous le rend suspect. (Voir la France héroïque, article Marceau).

L

La Feuillade (rue de): La Feuillade, de la maison d'Aubusson, gouverneur du Dauphiné, et colonel du régiment des Gardes-Françaises, qui a érigé la statue de Louis XIV à la place des Victoires, a fait sa fortune par mille quolibets qu'il disait au roi.49 «Il y a des gens qui gagnent à être extraordinaires: ils voguent, ils cinglent dans une mer où les autres échouent et se brisent, dit La Bruyère; ils parviennent en blessant toutes les règles de parvenir; ils tirent de leur irrégularité et de leur folie tous les fruits d'une sagesse la plus consommée; … ils s'attirent à force d'être plaisants des emplois graves, et s'élèvent par un continuel enjouement jusqu'au sérieux des dignités;… ce qui reste d'eux sur la terre, c'est l'exemple de leur fortune, fatal à ceux qui voudraient le suivre.»

Laffite (rue): On sait la part considérable que ce célèbre banquier prit à la révolution de 1830 et dont pour sa fortune il n'eut pas à se féliciter. Il est mort en 1844.

Lancry (rue de): Ouverte en 1776 sur un terrain appartenant aux sieurs Lancry et Lollot.

Lard (rue au): Ainsi nommée parce qu'on y vendait force lard et charcuterie.

La Reynie (rue): La Reynie (Gabriel-Nicolas) fut le premier lieutenant (préfet de police) de Paris et il rendit dans ce poste de grands services dont Louis XIV le récompensa par le titre de conseiller d'État. Il mourut en 1709.

La Rochefoucauld (rue de): On ne peut refuser à l'auteur des Maximes le mérite d'un style net, incisif et qui met fortement en relief une pensée rarement banale; mais le moraliste chez lui ne vaut pas l'écrivain, car il exagère en calomniant la nature humaine qu'il semble avoir pris à tâche de nous montrer par ses côtés les plus défectueux. De la médaille il ne veut voir et découvrir que le revers. À Dieu ne plaise que l'égoïsme, que l'amour-propre soient les mobiles uniques de nos actions même les meilleures en apparence! Il est (et non par exception) d'humbles vertus, d'héroïques dévouements, de sublimes sacrifices d'autant plus admirables que le motif qui les inspire vient de plus haut, entièrement généreux et désintéressé.

Las Cases (rue de): Ouverte en 1828, elle a pris en 1830 le nom de Las Cases, auteur du Mémorial de Sainte-Hélène. Las Cases est mort en 1842.

Lavoisier (rue): Lavoisier (Antoine-Laurent), célèbre chimiste qui, à l'âge de 23 ans (il était né en 1743), avait remporté le prix proposé par l'Académie des Sciences pour le meilleur mode d'éclairage de la ville de Paris. Il fut l'une des victimes de la Terreur. (8 mai 1794).

Lazare (prison de Saint): Ce monument remonte à la plus haute antiquité puisqu'il est mentionné dans un titre de l'année 1110; c'était alors une maladrerie. Plusieurs siècles après, en 1632, cette maison devint la propriété des Prêtres de la Mission, institués par Saint-Vincent de Paul, qui s'y installèrent en l'agrandissant par de nouvelles constructions; ils l'habitèrent jusqu'au mois de juillet 1789 où l'émeute les en chassa. En 1793, l'établissement devint une prison trop célèbre sous la Révolution. André Chénier, qui la quitta pour marcher à l'échafaud en compagnie de Roucher, l'auteur des Mois (7 thermidor 1794), y composa ses magnifiques iambes:

 
Quand au mouton bêlant la sombre bergerie
Ouvre ses cavernes de mort,
 

Et le reste.

Légion-d'Honneur (palais de la): Construit en 1786 par le prince de Salm, cet édifice, devenu propriété nationale, fut affecté par Napoléon 1er à la demeure du grand chancelier de la Légion-d'Honneur et au service des bureaux.

Le Graverend (rue): Jurisconsulte éminent, le Graverend, né à Rennes en 1776, y mourut le 5 novembre 1827.

Cardinal Lemoine (rue du): Jean Lemoine, cardinal, fonda, en 1302, un collége longtemps célèbre à l'intention des pauvres maîtres et écoliers de la rue du Chardonnet, ainsi qu'il les appelait. Cet établissement fut, comme tant d'autres, supprimé par la Révolution et devint propriété nationale.

Lions St-Paul (rue des): Cette rue prit son nom du bâtiment et des cours où étaient renfermés les grands et les petits lions du roi. «Un jour que François Ier s'amusait à regarder un combat de ses lions, une dame, ayant laissé tomber son gant, dit à de Lorges: «Si vous voulez que je croie que vous m'aimez autant que vous me le jurez tous les jours, allez ramasser mon gant.» De Lorges descend, ramasse le gant au milieu de ces terribles animaux, remonte, le jette au nez de la dame, et depuis, malgré toutes les avances et les agaceries qu'elle lui faisait, il ne voulut jamais la voir.» (Sainte-Foix.)

Excellente leçon donnée à la coquetterie!

Licorne (rue de la): Ce nom vient d'une enseigne qu'on y voyait en 1297, et qui représentait un unicorne, comme on disait alors, et la rue s'appelait de l'Unicorne. «Cependant j'ai ouï dire que bien des gens prétendaient que ce nom ne lui avait été donné qu'à l'occasion d'une licorne qu'on y montrait autrefois pour de l'argent; pour quoi je serais de leur opinion volontiers s'ils pouvaient nous faire voir une licorne en vie; mais qu'ils ne se mettent point en peine d'en chercher, car il n'y en a jamais eu au monde, si ce n'est en peinture.» (Sauval.)

Lobau (rue): Georges Mouton, comte de Lobau, naquit le 21 février 1770 à Phalsbourg. Engagé volontaire en 1792, sa bravoure à l'armée du Rhin lui valut l'épaulette d'officier. Aide-de-camp de Joubert à Novi, il reçut dans ses bras le général frappé mortellement et qui bientôt expira. Colonel en 1800, général de brigade en 1805, Mouton mérita à la bataille d'Essling (1809) d'être nommé comte de Lobau, «pour avoir sept fois, aux termes du décret, repoussé l'ennemi et par là assuré la gloire de nos armes.»

Quelques temps après, l'Empereur voyant à la Cour arriver la comtesse Lobau, s'approcha d'elle et lui dit: «Votre mari est brave comme son épée et lui aussi méritait d'être prince d'Essling.»

Après 1830, Lobau fut fait commandant en chef des gardes nationales de France. Tout le monde se rappelle le moyen original autant qu'efficace employé par lui pour dissiper, place Vendôme, une émeute sans effusion de sang. Les pompes remplacèrent, et avec un plein succès, les canons. Les Parisiens mis en gaîté par l'expédient ne purent garder beaucoup rancune au vieux brave, mais néanmoins se vengèrent par d'interminables plaisanteries, dont le maréchal50 riait tout le premier sous sa moustache grise. Lobau mourut en 1838 (27 novembre.)

Lombards (rue des): Elle a pris son nom de certains usuriers et créanciers si impatients que par ironie on disait autrefois à Paris la Patience des Lombards.

Louis-le-Grand (rue): Il est assez curieux de voir le jugement porté sur Louis XIV par Napoléon et les motifs pour lesquels il l'exalte ou le blâme: «Louis XIV fut un grand roi: c'est lui qui a élevé la France au premier rang des nations de l'Europe; c'est lui qui le premier a eu 400,000 hommes sur pied et 100 vaisseaux en mer; il a accru la France de la Franche-Comté, du Roussillon, de la Flandre, etc;… Mais les 200 millions de dettes, mais Versailles, mais Marly, ce favori sans mérite, mais mademoiselle de Maintenon, Villeroi, Tallard, Marsin, etc! Eh! le soleil n'a-t-il pas ses taches? Depuis Charlemagne, quel est le souverain, roi de France, qu'on puisse comparer à Louis XIV sur toutes ses faces51

Louis-Philippe (passage): Autrefois rue de Lappe, nom d'un jardinier qui l'habitait en 1635.

Lourcine (rue de): Cette rue dépendait au XIIe siècle du fief de Lourcine (Laorcinis) appartenant à la commanderie de St-Jean de Latran. Elle porte dans certains actes le nom de rue Franchise à cause du privilége dont les artisans jouissaient sur son territoire.

Louvre (palais du): La véritable origine de ce château est ignorée et l'étymologie de son nom n'est pas mieux connue; la plus vraisemblable est celle qu'on tire du mot saxon louer qui en français signifie château. Presque tous nos historiens font honneur de sa fondation à Philippe-Auguste; mais il n'est pas difficile de prouver que ce prince n'a fait que le réparer et l'augmenter. Le Louvre, habité par nos rois, fut par eux continuellement agrandi et embelli. François Ier commença, en 1528, un nouveau bâtiment qui ne fut achevé que vingt ans après, sous le règne de Henri II. Louis XIII le fit augmenter aussi et posa la première pierre des nouvelles constructions au mois de juillet 1624. Sous Louis XIV, les augmentations furent plus considérables encore; c'est alors que s'éleva la magnifique colonnade exécutée d'après les dessins de Perrault qui de médecin devint architecte. Napoléon Ier donna une impulsion nouvelle aux travaux que la Révolution avait interrompus, et, de notre temps, nous avons vu se réaliser le projet longtemps ajourné de la réunion du Louvre aux Tuileries, projet dont le premier, dit-on, Henri IV eut la pensée.

Dans les Mémoires de Tavannes, on lit un passage singulièrement curieux pour l'époque et relatif à l'achèvement du Louvre: «… Mais à la vérité, pour faire de tels bâtiments, dit le contemporain de François Ier, il faudrait que le roi de France fût au moins seigneur de tous les Pays-Bas, en bornant son état de la rivière du Rhin, en occupant les comtés de Ferrette, de Bourgogne, Franche-Comté et Savoie qui seraient les limites devers les montagnes d'Italie, et d'autre part le comté de Roussillon et ce qui va jusqu'au proche des Pyrénées.»

La galerie des tableaux, ou Musée du Louvre, est une des plus riches de l'Europe. Toutes les grandes écoles Italienne, Flamande, Espagnole, Française y sont représentées par d'admirables chefs-d'œuvre, peinture et dessins.

Dans le Louvre se voient également le Musée des Souverains, le Musée de la Marine, la galerie Sauvageot, etc.

Lune (rue de la): Ce nom vient d'une enseigne.

Luxembourg (palais et jardin du):

 
J'aime du Luxembourg la pose solennelle:
Aux quatre points du ciel il élargit une aile;
Sous une Médicis, le ciseau florentin
Voulut donner ce Louvre au vieux quartier latin;
Le temps, qui ronge tout de ses dents incisives
N'a pas encor mordu sur ces pierres massives;
Vierge d'impur ciment, fort de son unité,
Ce compacte château vit pour l'éternité.
Il étale au dehors de ses murs granitiques
La colonne toscane aux bracelets antiques,
Et semble dédaigner dans son style grossier
Ces frêles ornements que cartonne Percier,
Ces colonnes d'un jour qui, pour être immortelles,
Coiffent leurs chapiteaux de bonnets de dentelles,
Ces feuillets de sculpture où, par quatrains égaux
L'architecte galant écrit ses madrigaux.
J'aime surtout ses bois, terrestres élysées;
Ses pelouses de fleurs par des talus brisées;
La mousse en relief sur les murs décrépits;
L'allée où le gramen déroule ses tapis;
Ses autels où la fable a sculpté ses idoles;
Les cygnes du bassin, gracieuses gondoles;
Et les lacs de gazon qu'un balustre épineux
Borde, en faisant courir ses losanges de nœuds.
Là, toujours indocile au goût systématique,
Quelque plan imprévu rompt les lignes d'optique;
Là, rien n'attriste l'œil, car un heureux dédain
Au compas de Lenôtre enleva ce jardin.
 

Ces vers du poète de la Némésis, écrits en 1831, et si remarquables au point de vue historique et descriptif, étaient plus vrais alors qu'aujourd'hui, surtout en ce qui concerne le jardin si malheureusement mutilé et diminué en dépit des réclamations les plus instantes. La suppression de la Pépinière en particulier, en vue de mesquins calculs financiers, a été un acte véritable de vandalisme qui ôte beaucoup au jardin de son caractère pittoresque. Espérons maintenant que les terrains, distraits par un plan malencontreux du Luxembourg, lui seront rendus, plantés à nouveau d'arbres et d'arbustes pour l'agrément des promeneurs et de la nombreuse population enfantine du quartier à laquelle c'est un devoir comme un bonheur de penser.

M

Macdonald (rue): Macdonald (Étienne), duc de Tarente, né en 1765, mort en 1840. «Il était de ceux dont les dehors heureux sont, d'une âme pure et généreuse, la digne et fidèle image. Rien en lui ne dissimulait. Son âme ressortait dans tous les traits de sa noble figure.» Ainsi s'exprime M. de Ségur qui n'est point démenti par les faits. Deux épisodes seulement:

À Wagram, avec deux divisions, Macdonald enfonce le centre de l'armée autrichienne couvert par plus de 200 pièces de canon.

«C'est à présent entre nous à la vie, à la mort!» lui dit, en le nommant maréchal de France sur le champ de bataille, l'Empereur qui avait conçu contre le brave général des préventions mal fondées.

Après cette même bataille, Macdonald fut laissé à Gratz avec un corps d'armée. L'ordre et la discipline qu'il maintint parmi ses troupes furent tels que le pays s'aperçut à peine de leur présence. Aussi, les États reconnaissants vinrent offrir au maréchal, lors de son départ, un présent de 200,000 florins. Il les refusa ainsi qu'un magnifique écrin, en disant:

«Si vous croyez me devoir quelque chose, je vous laisse un moyen de vous acquitter par les soins que vous prendrez des 300 malades laissés par nous dans votre ville.»

Lamartine n'est que juste quand il dit dans le Chant du Sacre:

 
Macdonald, des héros le juge et le modèle,
Sous un nom étranger il porte un cœur fidèle;
Dans nos sanglants revers moderne Xénophon,
La France et l'avenir ont adopté son nom,
Et son bras, dans les champs d'Arcole et d'Ibérie,
En sauvant les Français a conquis sa patrie.
 

Madame (rue de): Ouverte en 1790 sur un terrain appartenant à S. A. R. Monsieur (depuis Louis XVIII) qui lui donna ce nom en l'honneur de la princesse de Sardaigne, Marie Louise Joséphine, sa femme.

Madeleine, (église de la): Louis XV posa la première pierre de cette église le 3 avril 1764. L'architecte, chargé de la construction, était Coutant d'Ivry auquel succéda, après sa mort arrivée en 1777, Couture qui modifia heureusement le plan un peu mesquin de son prédécesseur. Mais le monument sortait de terre à peine lorsque éclata la révolution qui fit suspendre les travaux. Ils ne furent repris qu'en 1806 par suite d'un décret de Napoléon, daté de Posen. Mais l'église devenait d'après le décret: «un monument dédié à la Grande Armée, portant sur le fronton: L'Empereur Napoléon aux soldats de la Grande Armée.» Ce Temple de la Gloire, comme on l'appelait, et dont Claude Vignon avait tracé le plan, était plus d'à moitié construit, quand les évènements de 1814 et 1815, arrivèrent. Par suite d'une ordonnance royale du 14 février 1816, l'édifice fut rendu à sa destination primitive et redevint l'église de la Madeleine. Claude Vignon néanmoins conserva la direction des travaux jusqu'à sa mort, arrivée en 1828. Il eut pour successeur M. Huré qui put enfin terminer l'édifice consacré au culte le 4 mai 1842.

«L'extérieur de ce monument, dit M. L. Lazare, a toute la noblesse des temples antiques.» Éloge mérité sans doute mais qui pour une église équivaut presque à une critique d'autant plus que l'édifice assez magnifique au dehors «entouré qu'il est de colonnes d'ordres corinthiens, surmontées de chapiteaux d'une richesse remarquable» laisse beaucoup à désirer pour l'intérieur, qu'il s'agisse de la prédication ou des cérémonies du culte. Faute de bas-côtés la circulation est difficile, et il n'y a point à proprement parler de chapelles particulières.

Malebranche (rue): Né à Paris en 1638, mort en 1715, cet illustre métaphysicien fut aussi un éminent écrivain. La nature de nos travaux ne nous a pas permis d'étudier assez longuement les questions philosophiques et les œuvres de Malebranche en particulier pour oser formuler une opinion sur celui-ci. Aussi nous en référons-nous à ce qu'en a dit un Aristarque plus expérimenté à qui nous laissons, d'ailleurs, toute la responsabilité de son jugement, ce semble, un peu sévère:

«Malebranche a fait une méthode pour ne pas se tromper et il se trompe sans cesse. On peut dire de lui, en parlant son langage, que son entendement avait blessé son imagination… Ce Malebranche est bien hardi à se moquer des hardiesses. Les siennes ont plus d'excès que toutes celles qu'il reprend. Il y a pourtant en lui des choses admirables; mais ce n'est pas ce qu'on a cité… Son indépendance des opinions de Descartes est toute cartésienne. Il est rebelle par fidélité.

«Malebranche me semble avoir mieux connu le cerveau que l'esprit humain.» (Joubert).

Mail (rue du): Ce nom vient d'un grand mail ou jeu de paume, qui se trouvait dans cette rue et disparut en 1633, lorsque la ville commença à s'étendre de ce côté.

Malaquais, (quai): Le bord de la Seine en cet endroit, s'appelait anciennement port Malaquest.

Voici une jolie anecdote racontée dans les mémoires du temps. Après la paix de Vervins, Henri IV, au retour d'une chasse, vêtu fort simplement, et accompagné de trois ou quatre gentilshommes, vint passer la rivière au port de Malaquest, vis-à-vis la grande galerie du Louvre. Assuré que le batelier ne le connaissait pas, il prit plaisir à le questionner et lui demanda en particulier ce que l'on pensait de la paix. L'autre lui répondit:

«Pour moi je ne sais pas de quelle paix vous parlez; mais on a plus de mal que devant et nous payons plus d'impôts que pendant la guerre. Tenez, il n'y a pas jusqu'à ce méchant bachot qui ne paie impôt et pourtant j'ai assez de peine à vivre sans cela.

– Et que dit le roi là dessus? reprit Henri IV, ne parle-t-il point d'y donner ordre?

– Le roi est assez bon homme, et je crois, entre nous, que cela ne vient pas de lui; mais par malheur il a pour amie une certaine dame, comtesse ou duchesse, qui nous ruine tous; car, sous ombre de belles robes et affiquets qu'elle se fait donner tous les jours, le pauvre peuple pâtit; vu que c'est lui qui paie tout, et pour sûr, ce n'est pas un bon emploi de l'argent qui coûte si cher.

– Vous trouvez, mon brave homme? et de vrai, vous n'avez pas trop tort, dit le roi en riant et sautant du bateau qui venait d'aborder. Mais il avait oublié (avec intention sans doute) de payer le pauvre batelier désappointé qui se mit à crier, donnant les passagers à tous les diables.

– Retirons-nous, Messieurs, dit le prince à ses compagnons, et riant plus fort, nous avons cette fois notre charge.

Le lendemain, il fait venir au Louvre l'honnête batelier et lui commande de répéter, devant la duchesse de Beaufort, tout ce qu'il avait dit la veille. Notre homme, sans s'intimider, obéit et répéta sa tirade en n'omettant rien des dures épithètes et des vérités rudes pour l'oreille de la duchesse. Aussi la dame furieuse le voulait faire pendre.

– Eh! doucement, doucement, dit le roi qu'amusait fort la colère de la dame; je prends sous ma protection ce brave homme, qui y va tout de la bonne foi et ne répète que ce qu'il a ouï dire; c'est à nous d'en profiter. Non-seulement il ne lui sera rien fait, mais je veux qu'à l'avenir il ne paie plus d'impôt pour son bateau, car c'est de là qu'est venu tout le tapage.

– Vive le roi, notre bon roi! s'écria le batelier tout joyeux. Sire, grand merci, n'oubliez pas que mon bateau est à votre service et gratis toutes les fois qu'il vous fera plaisir de passer.

Marais-St-Germain (rue des): Ouverte en 1540 sur une partie de l'emplacement dit le Pré aux Clercs. Sa dénomination vient des terrains marécageux qui l'environnaient. Au XVIe siècle, elle était presque tout entière habitée par les protestants et pour ce motif on l'appelait petite Genève. Racine demeurait au nº 21 et il y mourut en 1699.

Marigny (avenue de): Doit son nom au marquis de Marigny, directeur général des bâtiments et jardins du roi Louis XV, grâce à Madame de Pompadour, la trop célèbre favorite, dont il était frère. Triste parenté!

Saint-Marcel ou Marceau (rue): «On rapporte au temps des empereurs Gratien et Théodore le pontificat de saint Marcel, le plus illustre et le plus connu des évêques de Paris depuis saint Denis. Il prit naissance dans Paris même, d'une famille dont il devint le principal ornement. Instruit de bonne heure dans les devoirs de la religion chrétienne, il passa sa jeunesse dans les exercices de la piété la plus exacte; humble, modeste, chaste, mortifié, et d'une maturité au dessus de son âge. Une conduite si réglée porta son évêque nommé Prudence, successeur de Paul, aussi évêque de Paris, à lui donner rang dans le clergé. Il le fit d'abord lecteur, puis sous-diacre, et ensuite prêtre. Il exerça les fonctions de ces différents ordres avec tant d'édification du clergé et du peuple, que nul ne parut plus digne que lui de remplir le siége épiscopal après la mort de l'évêque Prudence. Quelque répugnance qu'il eût à se charger d'un si grand fardeau, il soumit sa volonté à celle de Dieu qui se déclarait trop ouvertement par la voix des hommes. On sait peu de chose du reste du pontificat de saint Marcel. Son historien, Fortunat, s'est bien moins étendu sur ses actions que sur ses miracles selon le génie de son siècle52

Marie (pont): A pris son nom de Christophe Marie, associé avec Poulthier et François le Regrattier, trésoriers des Cents-Suisses, qui le construisirent à leurs frais (1613 à 1635) «à condition que, pour se dédommager des dépenses excessives qu'ils étaient obligés de faire, dit Germain Brice, on leur donnerait des places dans l'île Notre-Dame et sur les bords de la rivière, qui leur appartiendraient en propre, ce qui leur fut accordé.»

Trois-Maries (place des): Ce nom vient d'une enseigne.

Marivaux (rue de): Marivaux (1688-1763) est connu surtout par son théâtre. Le dialogue a de la finesse et de la grâce, mais avec trop de recherche. Aussi la critique, en exagérant peut-être, pour qualifier la manière de l'auteur, inventa le mot: marivaudage.

Marmousets (rue des):

 
En la rue du Marmouset
Trouvai homme qui m'eut fait
Une muse corne bellourde53.
 

«C'est de temps immémorial, dit le vieux du Breuil54, que le bruit a couru qu'il y avait en la cité de Paris, rue des Marmousets, un pâtissier-meurtrier, lequel avait occis en sa maison un homme, aidé à ce par un sien voisin barbier, feignant raser la barbe, de la chair d'icelui faisait des pâtés qui se trouvaient meilleurs que les autres d'autant que la chair de l'homme est plus délicate, à cause de la nourriture, que celle des autres animaux. Et que cela ayant été découvert, la Cour du Parlement ordonna qu'outre la punition du pâtissier, sa maison serait rasée, et outre ce, une pyramide ou colonne, érigée au dit lieu, en mémoire ignominieuse de ce détestable fait, de laquelle reste encore part et portion en la dite rue des Marmousets.»

Une maison, dite des Marmousets, existait dans cette rue en 1206 et lui donna son nom. Était-ce la maison dont «la démolition avait été faite pour grand crime commis en ïcelle» ainsi qu'il est déclaré, sans autrement spécifier, dans les lettres patentes octroyées par François Ier à Pierre Belut, conseiller au Parlement, pour rebâtir la place étant demeurée vague pendant plus de cent ans.»

Bien qu'on ne trouve nulle part ni procédure ni arrêts relatifs à ce crime horrible, il ne s'ensuivrait point forcément qu'il ne fût pas commis et que des écrivains soient fondés à le déclarer purement légendaire, un conte à la façon de ceux de Barbe-Bleue ou Croquemitaine. «On sait que, dans les crimes atroces et extraordinaires, il a toujours été d'usage, et même dans les derniers temps de la monarchie, dit Saint-Victor, de jeter au feu les informations et la procédure pour ne pas la rendre croyable.»

Quoique ce système soit condamné par la pratique actuelle, on se demande si la manière de nos pères n'était point préférable, et si le silence, en certains cas, n'avait pas moins d'inconvénient que cette publicité bruyante, excitant fatal pour les imaginations malades et cause peut-être de nouveaux crimes.

À propos de cette même rue, voici une anecdote assez curieuse que nous aurions regret d'oublier. Bien que sous Philippe-Auguste on eût pavé la plupart des grandes voies de Paris, ce bienfait ne s'étendit point immédiatement à tout le reste de la ville, et même par le malheur des temps, sous les successeurs du vainqueur de Bouvines, après saint Louis surtout, soit l'entretien, soit l'exécution des travaux, fut souvent négligé. Il n'y eut enfin pour la voirie de police régulière que sous le règne de Louis XIV. «Or, dit à ce sujet, un contemporain, le commissaire Delamarre, ceux d'entre nous qui ont vu le commencement du règne de Sa Majesté, se souviennent encore que les rues de Paris étaient si remplies de fange que la nécessité avait introduit l'usage de ne sortir qu'en bottes; et quant à l'infection que cela causait dans l'air, le sieur Courtois, médecin, qui demeurait alors rue des Marmousets, a fait cette petite expérience par laquelle on jugera du reste. Il avait, dans sa salle sur la rue, de gros chenets à pomme de cuivre et il a dit plusieurs fois aux magistrats et à ses amis que, tous les matins, il les trouvait couverts d'une teinture épaisse de vert de gris, qu'il faisait nettoyer pour faire l'expérience du jour suivant; et que, depuis l'an 1663, que la police du nettoiement des rues a été rétablie, ces taches n'avaient pas reparu.»

Depuis cette époque pareillement «on n'a plus vu à Paris de contagions et beaucoup moins de ces maladies populaires dont la ville était si souvent effrayée dans les temps que le nettoiement des rues était négligé.»

Une anecdote encore: Louis, fils du roi Philippe Ier, avait fait abattre, de son autorité, partie d'une maison de cette rue des Marmousets près de la porte du cloître qui appartenait au chanoine Duranci: elle saillait trop à son gré et rendait peut-être le passage incommode. Le chapitre de Notre-Dame réclama en invoquant ses priviléges et immunités. Louis reconnut son tort, promit de ne plus rien attenter de semblable et consentit à payer l'amende qui fut fixée d'un commun accord.

Ainsi le souverain, dans ce temps qu'on nous représente parfois sous d'aussi étranges couleurs, donnait le premier l'exemple en témoignant de son respect pour le droit.

Marsollier (rue): Compositeur de musique, né à Paris en 1750, Marsollier est mort à Versailles, le 22 avril 1817.

Martignac (rue de): Jean-Baptiste-Sylvère Gaye, vicomte de Martignac, né à Bordeaux (20 juin 1770), est mort à Paris, le 3 avril 1832. On voit au père La Chaise la tombe de cet homme d'État, l'un des ministres de la Restauration. Orateur éloquent, par la noblesse de son caractère et ses qualités privées, il avait su se concilier de nombreuses sympathies.

Saint-Martin (porte): Elle fut élevée en 1674, d'après les dessins de Pierre Bullet, élève de Blondel, et en l'honneur de Louis XIV victorieux, comme la porte Saint-Denis.

Saint-Martin (rue):

 
Et en la rue St-Martin
Là ouïs chanter en latin
De Notre-Dame moult de chants.
 

La rue St-Martin a pris son nom de la grande abbaye à laquelle elle conduisait et du Saint qui est une des grandes gloires de l'église de France.

Martyrs (rue des): Elle doit son nom à une chapelle érigée à l'endroit où l'on croit que saint Denis et ses compagnons furent décapités.

Masséna (rue): Masséna, prince d'Essling, et maréchal de France, s'illustra pendant les guerres de la République et de l'Empire. On sait que le constant bonheur, qui l'accompagna sur tant de champs de bataille, lui avait fait donner par ses soldats le surnom envié de: l'Enfant chéri de la Victoire.

Massillon (rue): Ce prédicateur célèbre, né à Hyères en Provence (1663), mourut à Paris en 1742. Son Petit Carême est dans toutes les mains. On lui reproche d'être plus enclin à la sévérité qu'à l'indulgence malgré les fleurs dont il émaille volontiers son style. On cite de lui ce mot fameux, début de l'Oraison funèbre de Louis XIV: Dieu seul est grand, mes frères. Mais il s'élève à une bien autre éloquence dans cette page sublime à l'adresse des conquérants, exhumée récemment avec tant de bonheur et d'à-propos par M. de Beauchesne55 et que Bossuet aurait signée des deux mains. Il faut ici se taire et admirer:

«Sire, si le poison de l'ambition gagne et infecte le cœur du prince; si le souverain, oubliant qu'il est le protecteur de la tranquillité publique, préfère sa propre gloire à l'amour et au salut de ses peuples; s'il aime mieux conquérir des provinces que régner sur les cœurs; s'il lui paraît plus glorieux d'être le destructeur de ses voisins que le père de son peuple; si le deuil et la désolation de ses sujets est le seul chant de joie qui accompagne ses victoires; s'il fait servir à lui seul une puissance qui ne lui est donnée que pour rendre heureux ceux qu'il gouverne; en un mot, s'il n'est roi que pour le malheur des hommes, et que, comme le roi de Babylone, il ne veuille élever la statue impie, l'idole de sa grandeur, que sur les larmes et les débris des peuples et des nations, grand Dieu! quel fléau pour la terre! quel présent faites-vous aux hommes dans votre colère, en leur donnant un tel maître! Sa gloire, Sire, sera toujours souillée de sang. Quelque insensé chantera peut-être ses victoires; mais les provinces, les villes, les campagnes en pleureront. On lui dressera des monuments superbes pour immortaliser ses conquêtes; mais les cendres encore fumantes de tant de villes autrefois florissantes; mais la désolation de tant de campagnes dépouillées de leur beauté; mais les ruines de tant de murs sous lesquels les citoyens paisibles ont été ensevelis; mais tant de calamités qui subsisteront après lui, seront des monuments lugubres qui immortaliseront sa folie et sa vanité. Il aura passé comme un torrent pour ravager, et non comme un fleuve majestueux pour y porter la joie et l'abondance; son nom sera écrit dans les annales de la postérité parmi les conquérants; mais il ne le sera pas parmi les bons rois; on ne se rappellera l'histoire de son règne que pour rappeler le souvenir des maux qu'il a faits aux hommes… Et tout cet amas de gloire ne sera plus à la fin qu'un monceau de boue, qui ne laissera après elle que l'infection et l'opprobre56».

49.La Feuillade d'ailleurs, brave jusqu'à la témérité, avait des talents militaires.
50.Il avait été nommé en 1831.
51.Gourgaud et Montholon: Mémoires dictés à Sainte-Hélène, T. VII.
52.Félibien et Lobineau: —Histoire de Paris.
53.Homme qui me fait une cornemuse.
54.Théâtre des Antiquités de la Ville de Paris.
55.L'historien de Louis XVII adressait, le 4 novembre 1870, ce fragment au roi Guillaume, avec une lettre d'envoi remarquable et qui conciliait tout à la fois le respect et la fermeté.
56.(Massillon. Mémoires de la minorité de Louis XV, page 9.)
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
25 haziran 2017
Hacim:
390 s. 1 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain
Metin
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