Sadece LitRes`te okuyun

Kitap dosya olarak indirilemez ancak uygulamamız üzerinden veya online olarak web sitemizden okunabilir.

Kitabı oku: «Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II», sayfa 29

Yazı tipi:

À la fin, toutes ces importantes affaires ayant été arrangées, un jour fut fixé pour la vente et le transfert en rentes qui devais être fait par les soins de Wilkins Flasher, esquire26, agent de change, demeurant aux environs de la Banque, lequel avait été recommandé par M. Salomon Pell.

C'était une sorte de jour de fête, et nos amis n'avaient pas manqué de se costumer en conséquence. Les bottes de M. Weller étaient fraîchement cirées et ses vêtements arrangés avec un soin particulier. Le gentleman au teint marbré portait à la boutonnière de son habit un énorme dalhia garni de quelques feuilles, et les habits de ses deux amis étaient ornés de bouquets de laurier et d'autres arbres verts. Tous les trois avaient mis leur costume de fête, c'est-à-dire qu'ils étaient enveloppés jusqu'au menton, et portaient la plus grande quantité possible de vêtements; ce qui a toujours été le nec-plus-ultra de la toilette pour les cochers de voitures publiques, depuis que les voitures publiques ont été inventées.

M. Pell les attendait à l'heure désignée, dans le lieu de réunion ordinaire. Lui aussi avait mis une paire de gants et une chemise blanche, malheureusement éraillée au col et aux poignets par de trop fréquents lavages.

«Deux heures moins un quart, dit-il en regardant l'horloge de la salle. Le meilleur moment pour aller chez M. Flasher c'est deux heures un quart.

– Que pensez-vous d'une goutte de bière, gentlemen? suggéra l'homme au teint marbré.

– Et d'un petit morceau de bœuf froid? dit le second cocher.

– Écoutez! écoutez! cria Pell.

– Ou bien d'une huître? ajouta le troisième cocher, qui était un gentleman enroué, supporté par des piliers énormes.

– Afin de féliciter monsieur Weller sur sa nouvelle propriété, continua l'habile homme d'affaires. Eh! ha! hi! hi! hi!

– J'y suis tout à fait consentant, gentlemen, répondit M. Weller. Sammy, tirez la sonnette.»

Sam obéit, et le porter, le bœuf froid et les huîtres ayant été promptement apportés, furent aussi promptement dépêchés. Dans une opération où chacun prit une part si active, il serait peut-être inconvenant de signaler quelque distinction; pourtant, si un individu montra plus de capacités qu'un autre, ce fut le cocher à la voix enrouée, car il prit une pinte de vinaigre avec ses huîtres sans trahir la moindre émotion.

Lorsque les coquilles d'huîtres eurent été emportées, un verre d'eau et d'eau-de-vie fut placé devant chacun des gentlemen.

«Monsieur Pell, dit M. Weller en remuant son grog, c'était mon intention de proposer un toast en l'honneur des fontes dans cette occasion; mais Samivel m'a soufflé tout bas (ici M. Samuel Weller qui, jusqu'alors avait mangé ses huîtres avec de tranquilles sourires, cria tout à coup d'une voix sonore: Écoutez!) m'a soufflé tout bas qu'il vaudrait mieux dévouer la liqueur à vous souhaiter toutes sortes de succès et de prospérité, et à vous remercier de la manière dont vous avez conduit mon affaire. À vot'santé, mossieu.

– Arrêtez un instant, s'écria le gentleman au teint marbré avec une énergie soudaine; regardez-moi, gentlemen!»

En parlant ainsi, le gentleman au teint marbré se leva, et ses compagnons en firent autant. Il promena ses regards sur toute la compagnie, puis il leva lentement sa main, et en même temps chaque gentleman présent prit une longue haleine et porta son verre à sa bouche. Au bout d'un instant, le coryphée abaissa la main, et chaque verre fut déposé sur la table complétement vide. Il est impossible de décrire l'effet électrique de cette imposante cérémonie. À la fois simple, frappante et pleine de dignité, elle combinait tous les éléments de grandeur.

«Eh bien! gentlemen, fit alors M. Pell, tout ce que je puis dire, c'est que de telles marques de confiance sont bien honorables pour un homme d'affaires. Je ne voudrais point avoir l'air d'un égoïste, gentlemen; mais je suis charmé, dans votre propre intérêt, que vous vous soyez adressés à moi: voilà tout. Si vous étiez tombés entre les griffes de quelques membres infimes de la profession, vous vous seriez trouvés depuis longtemps dans la rue des enfoncés. Plût à Dieu que mon noble ami eût été vivant pour voir comment j'ai conduit cette affaire! Je ne dis pas cela par amour-propre, mais je pense… mais non, gentlemen, je ne vous fatiguerai pas de mon opinion à cet égard. On me trouve généralement ici, gentlemen; mais si je ne suis pas ici, au bien de l'autre côté de la rue, voilà mon adresse. Vous trouverez mes prix fort modérés et fort raisonnables. Il n'y a pas d'homme qui s'occupe plus que moi de ses clients, et je me flatte, en outre, de connaître suffisamment ma profession. Si vous pouvez me recommander à vos amis, gentlemen, je vous en serai très-obligé, et ils vous seront obligés aussi quand ils me connaîtront. À votre santé, gentlemen.»

Ayant ainsi exprimé ses sentiments, M. Salomon Pell plaça trois petites cartes devant les amis de M. Weller, et regardant de nouveau l'horloge, manifesta la crainte qu'il ne fût temps de partir. Comprenant cette insinuation, M. Weller paya les frais; puis l'exécuteur, le légataire, l'homme d'affaires et les arbitres, dirigèrent leurs pas vers la cité.

Le bureau de Wilkins Flasher, esquire, agent de change, était au premier étage, dans une cour, derrière la Banque d'Angleterre; la maison de Wilkins Flasher, esquire, était à Brixton, Surrey; le cheval et le stanhope de Wilkins Flasher, esquire, étaient dans une écurie et une remise adjacente; le groom de Wilkins Flasher, esquire, était en route vers le West-End pour y porter du gibier; le clerc de Wilkins Flasher, esquire, était allé dîner; et ainsi ce fut Wilkins Flasher lui-même qui cria: Entrez! lorsque M. Pell et ses compagnons frappèrent à la porte de son bureau.

«Bonjour, monsieur, dit Pell en saluant obséquieusement. Nous désirerions faire un petit transfert, s'il vous plaît.

– Bien, bien, entrez, répondit M. Flasher. Asseyez-vous une minute, je suis à vous sur-le-champ.

– Merci, monsieur, reprit Pell; il n'y a pas de presse. – Prenez une chaise, monsieur Weller.»

M. Weller prit une chaise, et Sam prit une boîte, et les arbitres prirent ce qu'ils purent trouver, et se mirent à contempler un almanach et deux ou trois papiers, collés sur le mur, avec d'aussi grands yeux et autant de révérence que si ç'avaient été les plus belles productions des anciens maîtres.

«Eh bien! voulez-vous parier une demi-douzaine de vin de Bordeaux,» dit Wilkins Flasher, esquire, en reprenant la conversation que l'entrée de M. Pell et de ses compagnons, avait interrompue un instant.

Ceci s'adressait à un jeune gentleman fort élégant, qui portait son chapeau sur son favori droit, et qui, nonchalamment appuyé sur un bureau, s'occupait à tuer des mouches avec une règle. Wilkins Flasher, esquire, se balançait sur deux des pieds d'un tabouret fort élevé, frappant avec grande dextérité, de la pointe d'un canif, le contre d'un petit pain à cacheter rouge, collé sur une boîte de carton. Les deux gentlemen avaient des gilets très-ouverts et des collets très-rabattus, de très-petites bottes et de très-gros anneaux, de très-petites montres et de très-grosses chaînes, des pantalons très-symétriques et des mouchoirs parfumés.

«Je ne parie jamais une demi-douzaine. Une douzaine, si vous voulez?

– Tenu. Simmery, tenu!

– Première qualité.

– Naturellement, répliqua Wilkins Flasher, esquire; et il inscrivit le pari sur un petit carnet, avec un porte crayon d'or. L'autre gentleman l'inscrivit également, sur un autre petit carnet, avec un autre porte crayon d'or.

– J'ai lu ce matin un avis concernant Boffer, dit ensuite M. Simmery. Pauvre diable! il est exécuté.

– Je vous parie dix guinées contre cinq, qu'il se coupe la gorge.

– Tenu.

– Attendez! Je me ravise, reprit Wilkins Flasher d'un air pensif. Il se pendra peut-être.

– Très-bien! répliqua M. Simmery, en tirant le porte crayon d'or. Je consens à cela. Disons qu'il se détruira.

– Qu'il se suicidera.

– Précisément. Flasher, dix guinées contre cinq; Boffer se suicidera. Dans quel espace de temps dirons-nous?

– Une quinzaine.

– Non pas! répliqua M. Simmery, en s'arrêtant un instant pour tuer une mouche. Disons une semaine.

– Partageons la différence; mettons dix jours.

– Bien dix jours.»

Ainsi il fut enregistré sur le petit carnet, que Boffer devait se suicider dans l'espace de dix jours; sans quoi Wilkins Flasher, esquire, payerait à Frank Simmery, esquire, la somme de dix guinées; mais que si Boffer se suicidait dans cet intervalle, Frank Simmery, esquire, payerait cinq guinées à Wilkins Flasher, esquire.

«Je suis très-fâché qu'il ait sauté, reprit Wilkins Flasher, esquire. Quels fameux dîners il donnait.

– Quel bon porter il avait! J'envoie demain notre maître d'hôtel à la vente, pour acheter quelques bouteilles de son soixante-quatre.

– Diantre! mon homme doit y aller aussi. Cinq guinées que mon homme couvre l'enchère du votre.

– Tenu.»

Une autre inscription fut faite sur les petits carnets, et M. Simmery, ayant tués toutes les mouches et tenu tous les paris, se dandina jusqu'à la Bourse, pour voir ce qui s'y passait.

Wilkins Flasher, esquire, condescendit alors à recevoir les instructions de M. Salomon Pell, et, ayant rempli quelques imprimés, engagea la société à le suivre à la Banque. Durant le chemin, M. Weller et ses amis ouvraient de grands yeux, pleins d'étonnement, à tout ce qu'ils voyaient, tandis que Sam examinait toutes choses avec un sang froid que rien ne pouvait troubler.

Ayant traversé une cour remplie de mouvement et de bruit, et passé près de deux portiers qui paraissaient habillés pour rivaliser avec la pompe à incendie peinte en rouge et reléguée dans un coin, nos personnages arrivèrent dans le bureau où leur affaire devait être expédiée, et où Pell et Flasher les laissèrent quelques instants, pour monter au bureau des testaments.

«Qu'est-ce que c'est donc que cet endroit-ci? murmura l'homme au teint marbré à l'oreille de M. Weller senior.

– Le bureau des consolidés, répliqua tout bas l'exécuteur testamentaire.

– Qu'est-ce que c'est que ces gentlemen qui s'tiennent derrière les comptoirs? demanda le cocher enroué.

– Des consolidés réduits, je suppose, répondit M. Weller. C'est-t'il pas des consolidés réduits, Samivel?

– Comment? vous ne supposez pas que les consolidés sont vivants? dit Sam avec quelque dédain.

– Est-ce que je sais, moi, reprit M. Weller. Qu'est-ce que c'est alors?

– Des employés, répondit Sam.

– Pourquoi donc qu'ils mangent tous des sandwiches au jambon?

– Parce que c'est dans leur devoir, je suppose. C'est une partie du système. Ils ne font que ça toute la journée.»

M. Weller et ses amis eurent à peine un moment pour réfléchir sur cette singulière particularité du système financier de l'Angleterre, car ils furent rejoints aussitôt par Pell et par Wilkins Flasher, esquire, qui les conduisirent vers la partie du comptoir au-dessus de laquelle un gros W était inscrit sur son écriteau noir.

«Pourquoi c'est-il, cela? demanda M. Weller à M. Pell, en dirigeant son attention vers l'écriteau en question.

– La première lettre du nom de la défunte, répliqua l'homme d'affaires.

– Ça ne peut pas marcher comme ça, dit M. Weller en se tournant vers les arbitres. Il y a quelque chose qui ne va pas bien. V est notre lettre. Ça ne peut pas aller comme ça.»

Les arbitres, interpellés, donnèrent immédiatement leur opinion que l'affaire ne pouvait pas être légalement terminée sous la lettre W; et, suivant toutes les probabilités, elle aurait été retardée d'un jour, au moins, si Sam n'avait pas pris sur-le-champ un parti peu respectueux, en apparence, mais décisif. Saisissant son père par le collet de son habit, il le tira vers le comptoir et l'y tint cloué jusqu'à ce qu'il eût apposé sa signature sur une couple d'instruments; ce qui n'était pas une petite affaire, vu l'habitude qu'avait M. Weller de n'écrire qu'en lettres moulées. Aussi, pendant cette opération, l'employé eut-il le temps de couper et de peler trois pommes de reinette.

Comme M. Weller insistait pour vendre sa portion, sur-le-champ, toute la bande se rendit de la Banque à la porte de la Bourse.

Après une courte absence, Wilkins Flasher, esquire, revint vers nos amis, apportant, sur Smith Payne et Smith, un mandat de cinq cent trente livres sterling, lesquelles cinq cent trente livres sterling représentaient, au cours du jour, la portion des rentes de la seconde madame Weller, afférente à M. Weller senior.

Les deux cents livres sterling de Sam restèrent inscrites en son nom, et Wilkins Flasher, esquire, ayant reçu sa commission, la laissa tomber nonchalamment dans sa poche et se dandina vers son bureau.

M. Weller était d'abord obstinément décidé à ne toucher son mandat qu'en souverains; mais les arbitres lui ayant représenté qu'il serait obligé de faire la dépense d'un sac, pour les emporter, il consentit à recevoir la somme en billets de cinq livres sterling.

«Mon fils et moi, dit-il en sortant de chez le banquier, mon fils et moi nous avons un engagement très-particulier pour cette après-dîner, et je voudrais bien enfoncer cette affaire ici complètement. Ainsi, allons-nous-en tout droit quelque part pour finir nos comptes.»

Une salle tranquille ayant été trouvée dans le voisinage, les comptes furent produits et examinés. Le mémoire de M. Pell fut taxé par Sam, et quelques-uns des articles ne furent pas alloués par les arbitres; mais quoique M. Pell leur eût déclaré, avec de solennelles assurances, qu'ils étaient trop durs pour lui, ce fut certainement l'opération la plus profitable qu'il eût jamais faite, et elle servit à défrayer pendant plus de six mois son logement, sa nourriture et son blanchissage.

Les arbitres ayant pris la goutte, donnèrent des poignées de main et partirent, car ils devaient conduire le soir même. M. Salomon voyant qu'il n'y avait plus rien à boire ni à manger, prit congé de la manière la plus amicale, et Sam fut laissé seul avec son père.

«Mon garçon, dit M. Weller, en mettant son portefeuille dans sa poche de côté, il y a là onze cent quatre-vingts livres sterling, y compris les billets pour la cession du bail et le reste. Maintenant Samivel, tournez la tête du cheval du côté du George et Vautour

CHAPITRE XXVII

M. Weller assiste à une importante conférence entre M. Pickwick et Samuel. Un vieux gentleman, en habit couleur de tabac, arrive inopinément

M. Pickwick était seul, rêvant à beaucoup de choses, et pensant principalement à ce qu'il y avait de mieux à faire pour le jeune couple, dont la condition incertaine était pour lui un sujet constant de regrets et d'anxiété, lorsque Mary entra légèrement dans la chambre, et, s'avançant vers la table, lui dit d'une manière un peu précipitée:

«Oh! monsieur, s'il vous plaît, Samuel est en bas, et il demande si son père peut vous voir!

– Certainement.

– Merci, monsieur, dit Mary, en retournant vers la porte.

– Est-ce qu'il y a longtemps que Sam est ici?

– Oh! non, monsieur. Il ne fait que de revenir, et il ne vous demandera plus de congé, à ce qu'il dit.»

Mary n'aperçut sans doute, qu'elle avait communiqué cette dernière nouvelle avec plus de chaleur qu'il n'était absolument nécessaire; ou peut-être remarque-t-elle le sourire de bonne humour avec lequel M. Pickwick la regarda, quand elle eut fini de parler. Le fait est qu'elle baissa la tête et examina le coin de son joli petit tablier, avec une attention qui ne paraissait pas indispensable.

«Dites-leur qu'ils viennent sur-le-champ.»

Mary, apparemment fort soulagée, s'en alla rapidement avec son message.

M. Pickwick fit deux ou trois tours dans la chambre, et frottant son menton avec sa main gauche, parut plongé dans de profondes réflexions.

«Allons, allons! dit-il à la fin, d'un ton doux, mais mélancolique, c'est la meilleure manière dont je puisse récompenser sa fidélité. Il faut que cela soit ainsi. C'est le destin d'un vieux garçon de voir ceux qui l'entourent former de nouveaux attachements et l'abandonner. Je n'ai pas le droit d'attendre qu'il en soit autrement pour moi. Non, non, ajouta-t-il plus gaiement, ce serait de l'égoïsme et de l'ingratitude. Je dois m'estimer heureux d'avoir une si bonne occasion de l'établir. J'en suis heureux, nécessairement j'en suis heureux.»

M. Pickwick était si absorbé dans ces réflexions, qu'on avait frappé trois ou quatre fois à la porte avant qu'il l'entendit. S'asseyant rapidement et reprenant l'air aimable qui lui était ordinaire, il cria:

«Entrez!» Et Sam Weller parut, suivi par son père.

«Je suis charmé de vous voir revenu, Sam. Comment vous portez-vous, monsieur Weller?

– Très-bien, mossieu, grand merci, répliqua le veuf. J'espère que vous allez bien, mossieu?

– Tout à fait, je vous remercie.

– Je désirerais avoir un petit brin de conversation avec vous, mossieu, si vous pouvez m'accorder cinq minutes.

– Certainement. Sam, donnez une chaise à votre père.

– Merci, Samivel, j'en ai attrapé une ici. Un bon joli temps mossieu, dit M. Weller en s'asseyant et en posant son chapeau par terre.

– Fort beau pour la saison, répliqua M. Pickwick, fort beau.

– Le plus joli temps que j'aie jamais vu,» reprit M. Weller. Mais, arrivé là, il fut saisi d'un violent accès de toux, et sa toux terminée, il se mit à faire des signes de tête, des clins d'œil, des gestes suppliants et menaçants à son fils, qui s'obstinait méchamment à n'en rien voir.

M. Pickwick s'apercevant que le vieux gentleman était embarrassé, feignit de s'occuper à couper les feuillets d'un livre, et attendit ainsi que M. Weller expliquât l'objet de sa visite.

«Je n'ai jamais vu un garçon aussi contrariant que toi, Samivel, dit à la fin le vieux cocher, en regardant son fils d'un air indigné. Jamais, de ma vie ni de mes jours.

– Qu'a-t-il donc fait, M. Weller? demanda M. Pickwick.

– Il ne veut pas commencer, mossieu; il sait que je ne suis pas capable de m'exprimer moi-même, quand il y a quelque chose de particulier à dire, et il reste là, comme une ferme, plutôt que de m'aider d'une syllabe. Il me laisse embourber dans l'chemin pour que je vous fasse perdre votre temps, et que je me donne moi-même en spectacle. Ce n'est pas une conduite filiale, Samivel, poursuivit M. Weller en essuyant son front; bien loin de là!

– Vous disiez que vous vouliez parler, répliqua Sam; comment pouvais-je savoir que vous étiez embourbé dès le commencement?

– Tu as bien vu que je n'étais pas capable de démarrer, que j'étais sur le mauvais côté de la route, et que je reculais dans les palissades, et toutes sortes d'autres désagréments. Et malgré ça, tu ne veux pas me donner un coup de main. Je suis honteux de toi, Samivel.

– Le fait est, monsieur, reprit Sam avec un léger salut; le fait est que le gouverneur vient de retirer son argent des fontes…

– Très-bien, Samivel, très-bien, interrompit M. Weller, en remuant la tête d'un air satisfait. Je n'avais pas l'intention d'être dur envers toi, Sammy. Très-bien, voilà comme il faut commencer; arrivons au fait tout de suite. Très-bien, Samivel, en vérité.»

Dans l'excès de son contentement M. Weller fit une quantité extraordinaires de signes de tête, et attendit d'un air attentif que Sam continuât son discours.

– Sam, dit M. Pickwick, en s'apercevant que l'entrevue promettait d'être plus longue qu'il ne l'avait imaginé, vous pouvez vous asseoir.»

Sam salua encore, puis il s'assit; et son père lui ayant lancé un coup d'œil expressif, il continua.

«Le gouverneur a touché cinq cent trente livres sterling…

– Toutes consolidées, interpella M. Weller, à demi-voix.

– Ça ne fait pas grand choses, que ce soit des fontes consolidées ou non, reprit Sam. N'est-ce pas cinq cent trente livres sterling?

– Justement, Samivel.

– À quoi il a ajouté pour la vente de l'auberge…

– Pour le bail, les meubles et la clientèle, expliqua M. Weller.

– De quoi faire en tout onze cent quatre-vingts livres sterling.

– En vérité, fit M. Pickwick, je vous félicite, monsieur Weller, d'avoir fait de si bonnes affaires.

– Attendez une minute, mossieu dit le sage cocher, en levant la main d'une manière suppliante. Marche toujours, Samivel.

– Il désire beaucoup, reprit Sam, avec un peu d'hésitation, et je désire beaucoup aussi voir mettre cette monnaie-là dans un endroit où elle sera en sûreté; car, s'il la garde, il va la prêter au premier venu, ou la dépenser en chevaux, ou laisser tomber son portefeuille de sa poche sur la route, ou faire une momie égyptienne de son corps, d'une manière où d'une autre.

– Très-bien, Samivel, interrompit M. Weller, d'un air aussi complaisant que si son fils avait fait le plus grand éloge de sa prudence et de sa prévoyance.

– C'est pourquoi, continua Sam, en tortillant avec inquiétude le bord de son chapeau; c'est pourquoi il l'a ramassée aujourd'hui, et est venu ici avec moi, pour dire… c'est-à-dire pour offrir… ou en d'autres termes pour…

– Pour dire ceci, continua M. Weller avec impatience, c'est que la monnaie ne me servira de rien, à moi, vu que je vas conduire une voiture régulièrement; et comme je n'ai pas d'endroit pour la mettre, à moins que je ne paye le conducteur pour en prendre soin, ou que je la mette dans une des poches de la voiture, ce qui serait une tentation pour les voyageurs du coupé; de sorte que si vous voulez en prendre soin pour moi, mossieu, je vous serai bien obligé. Peut-être, ajouta M. Weller, en se levant et en venant parler à l'oreille de M. Pickwick, peut-être qu'elle pourra servir à payer une partie de cette condamnation… Tout ce que j'ai à dire, c'est que vous la gardiez, jusqu'à ce que je vous la redemande.»

En disant ces mots, M. Weller posa son portefeuille sur les genoux de M. Pickwick, saisit son chapeau, et se sauva hors de la chambre, avec une célérité qu'on aurait eu bien de la peine à attendre d'un sujet aussi corpulent.

«Sam, arrêtez-le! s'écria M. Pickwick d'un ton sérieux. Rattrapez-le! ramenez-le moi sur-le-champ, Monsieur Weller, arrêtez, arrêtez!»

Sam vit qu'il ne fallait pas badiner avec les injonctions de son maître. Il saisit son père par le bras, comme il descendait l'escalier, et le ramena de vive force.

«Mon ami, dit M. Pickwick en le prenant par la main, votre honnête confiance me confond.

– Il n'y a pas de quoi, monsieur, repartit le cocher, d'un ton obstiné.

– Je vous assure, mon ami, que j'ai plus d'argent qu'il ne m'en faut; bien plus qu'un homme de mon âge ne pourra jamais en dépenser.

– On ne sait pas ce qu'on peut dépenser tant qu'on n'a pas essayé.

– C'est possible; mais comme je ne veux pas faire cette expérience-là, il n'est guère probable que je tombe dans le besoin. Je dois donc vous prier de reprendre ceci, monsieur Weller.

– Très-bien, répliqua le vieux cocher d'un ton mécontent. Faites attention à ceci, Samivel; je ferai un acte de désespéré avec cette propriété; un acte de désespéré!

– Je ne vous y engage pas,» répondit Sam.

M. Weller réfléchit pendant quelque temps, puis, boutonnant son habit d'un air déterminé, il dit: je tiendrai un turnpike27.

«Quoi? s'écria Sam.

– Un turnpike rétorqua M. Weller entre ses dents serrées. Dites adieu à votre père, Samivel; je dévoue le reste de ma carrière à tenir un turnpike

Cette menace était si terrible, M. Weller semblait si déterminé à l'exécuter, et si profondément mortifié par le refus de M. Pickwick, que l'excellent homme, après quelques instants de réflexion, lui dit:

«Allons, allons, monsieur Weller, je garderai votre argent. Il est possible effectivement que je puisse faire plus de bien que vous avec cette somme.

– Parbleu, répondit M. Weller en se rassérénant, certainement, que vous pourrez en faire plus que moi, mossieu.

– Ne parlons plus de cela, dit M. Pickwick, en enfermant le portefeuille dans son bureau. Je vous suis sincèrement obligé, mon ami. Et maintenant rasseyez-vous, j'ai un avis à vous demander.»

Le rire comprimé de triomphe qui avait bouleversé, non seulement le visage de M. Weller, mais ses bras, ses jambes et tout son corps, pendant que le portefeuille était enfermé, fut remplacé par la gravité la plus majestueuse, aussitôt qu'il eut entendu ces paroles.

«Laissez-nous un instant, Sam,» dit M. Pickwick.

Sam se retira immédiatement.

Le corpulent cocher avait l'air singulièrement profond, mais prodigieusement étonné, lorsque M. Pickwick ouvrit le discours en disant:

«Vous n'êtes pas, je pense, un avocat du mariage, monsieur Weller?»

Le père de Sam secoua la tête, mais il n'eut point la force de parler; il était pétrifié par la pensée que quelque méchante veuve avait réussi à enchevêtrer M. Pickwick.

«Tout à l'heure, en montant l'escalier avec votre fils, avez-vous, par hasard, remarqué une jeune fille?

– J'ai vu une jeunesse, répliqua M. Weller brièvement.

– Comment l'avez-vous trouvée, monsieur Weller? Dites-moi candidement comment vous l'avez trouvée?»

– J'ai trouvé qu'elle était dodue, et les membres bien attachés, répondit le cocher d'un air de connaisseur.

«C'est vrai, vous avez raison. Mais qu'avez-vous pensé de ses manières?

– Eh! eh! très-agréables, mossieu, et très-conformables.»

Rien ne déterminait le sens précis que M. Weller attachait à ce dernier adjectif; mais comme le ton dont il l'avait prononcé indiquait évidemment que c'était une expression favorable, M. Pickwick en fut aussi satisfait que s'il l'avait compris distinctement.

«Elle m'inspire beaucoup d'intérêt, monsieur Weller,» reprit M. Pickwick.

Le cocher toussa.

«Je veux dire que je prends intérêt à son bien-être, à ce qu'elle soit heureuse et confortable, vous me comprenez?

– Très-clairement, répliqua M. Weller, qui ne comprenait rien du tout.

– Cette jeune personne est attachée à votre fils.

– À Samivel Weller! s'écria le père.

– Précisément.

– C'est naturel, dit M. Weller, après quelques instants de réflexion; c'est naturel, mais c'est un peu alarmant; il faut que Samivel prenne bien garde.

– Qu'entendez-vous par là?

– Prenne bien garde de ne rien lui dire dans un moment d'innocence, qui puisse servir à une conviction pour violation de promesse de mariage. Faut pas jouer avec ces choses-là, monsieur Pickwick. Quand une fois elles ont des desseins sur vous, on ne sait comment s'en dépêtrer, et pendant qu'on y réfléchit, elles vous empoignent. J'ai été marié comme ça moi-même la première fois, mossieu; et Samivel est la conséquence de la manœuvre.

– Vous ne me donnez pas grand encouragement pour conclure ce que j'avais à vous dire; mais je crois, pourtant, qu'il vaut mieux en finir tout d'un coup. Non-seulement, cette jeune personne est attachée à votre fils, mais votre fils lui est attaché, monsieur Weller.

– Eh ben! voilà de jolies choses pour revenir aux oreilles d'un père! Voilà de jolies choses!

– Je les ai observés dans diverses occasions, poursuivit M. Pickwick, sans faire de commentaires sur l'exclamation du gros cocher; et je n'en doute aucunement. Supposez que je désirasse les établir, comme mari et femme, dans une situation où ils puissent vivre confortablement; qu'en penseriez-vous, monsieur Weller?»

D'abord, M. Weller reçut avec de violentes grimaces une proposition impliquant mariage, pour une personne à laquelle il prenait intérêt: mais comme M. Pickwick, en raisonnant avec lui, insistait fortement sur ce que Mary n'était point une veuve, il devint graduellement plus traitable. M. Pickwick avait beaucoup d'influence sur son esprit, le cocher d'ailleurs avait été singulièrement frappé par les charmes de la jeune fille, à qui il avait déjà lancé plusieurs œillades très-peu paternelles. À la fin, il déclara que ce n'était pas à lui de s'opposer aux désirs de M. Pickwick, et qu'il suivrait toujours ses avis avec grand plaisir. Notre excellent ami le prit au mot avec empressement, et sans lui donner le temps de la réflexion, fit comparaître son domestique.

«Sam, dit M. Pickwick en toussant un peu, car il avait quelque chose dans la gorge, votre père et moi, avons eu une conversation à votre sujet.

– À ton sujet, Samivel, répéta M. Weller, d'un ton protecteur et calculé pour faire de l'effet.

– Je ne suis pas assez aveugle, Sam, pour ne pas m'être aperçu, depuis longtemps, que vous avez pour la femme de chambre de madame Winkle, plus que de l'amitié.

– Tu entends, Samivel, ajouta M. Weller du même air magistral.

– J'espère, monsieur, dit Sam en s'adressant à son maître; j'espère qu'il n'y a pas de mal à ce qu'un jeune homme remarque une jeune femme qui est certainement agréable, et d'une bonne conduite.

– Aucun, dit M. Pickwick.

– Pas le moins du monde, ajouta M. Weller, d'une voix affable mais magistrale.

– Loin de penser qu'il y ait du mal dans une chose si naturelle, reprit M. Pickwick, je suis tout disposé à favoriser vos désirs. C'est pour cela que j'ai eu une petite conversation avec votre père; et comme il est de mon opinion…

– La personne n'étant pas une veuve, fit remarquer M. Weller.

– La personne n'étant pas une veuve, répéta M. Pickwick en souriant, je désire vous délivrer de la contrainte que vous impose votre présente condition auprès de moi, et vous témoigner ma reconnaissance pour votre fidélité, en vous mettant à même d'épouser cette jeune fille, sur-le-champ, et de soutenir, d'une manière indépendante, votre famille et vous-même. Je serai fier, poursuivit M. Pickwick, dont la voix jusque-là tremblante, avait repris son élasticité ordinaire, je serai fier et heureux de prendre soin moi-même de votre bien-être à venir.»

Il y eut pendant quelques instants un profond silence, après lequel, Sam dit d'une voix basse et entrecoupée, mais ferme néanmoins:

«Je vous suis très-obligé pour votre bonté, monsieur, qui est tout à fait digne de vous, mais ça ne peut pas se faire.

– Cela ne peut pas se faire! s'écria M. Pickwick, avec étonnement.

– Samivel! dit M. Weller avec dignité.

– Je dis que ça ne peut pas se faire, répéta Sam d'un ton plus élevé. Qu'est-ce que vous deviendriez, monsieur?

– Mon cher garçon, répondit Pickwick, les derniers événements qui ont eu lieu parmi mes amis changeront complètement ma manière de vivre à l'avenir. En outre, je deviens vieux, j'ai besoin de repos et de tranquillité; mes promenades sont finies, Sam.

– Comment puis-je savoir ça, monsieur? Vous le croyez comme ça, maintenant; mais supposez que vous veniez à changer d'avis, ça n'est pas impossible, car vous avez encore le feu d'un jeune homme de vingt-cinq ans; qu'est-ce que vous deviendriez sans moi? Ça ne peut pas se faire, monsieur, ça ne peut pas se faire.

26.En Angleterre tout le monde peut s'établir agent de change.
27.Un Turnpike, barrière pour le péage des voitures sur les routes anglaises.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
27 eylül 2017
Hacim:
560 s. 1 illüstrasyon
Tercüman:
Telif hakkı:
Public Domain
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin
Ortalama puan 0, 0 oylamaya göre
Metin PDF
Ortalama puan 5, 3 oylamaya göre