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Kitabı oku: «Leçons d'histoire», sayfa 18

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16º Si, d'une part, l'alphabet phénicien a été construit sur un principe syllabique, c'est-à-dire, que la consonne peinte seule, exprime pourtant la voyelle nécessaire à sa prononciation;—et si, d'autre part, la différence entre les dialectes parlés de la souche commune, consiste en cette voyelle qui varie selon chacun d'eux, cette corrélation de principes entre la langue et sa peinture ne devient-elle pas un indice de l'origine phénicienne, attribuée à l'alphabet que l'on nous donne sous ce nom?

17º Si, dans l'Inde moderne, les dix-huit ou vingt alphabets actuels, dérivés de l'antique sanskrit, sont tous, comme leur modèle, construits sur le principe syllabique, ne serait-ce pas un motif de croire que primitivement l'alphabet sanskrit a eu un type phénicien, et cela surtout si la langue sanskrite n'est pas elle-même construite syllabiquement, d'une manière aussi positive que l'arabico-phénicienne?

18º Dans l'alphabet phénicien, s'il n'existe aucun ordre régulier de voyelles, de consonnes, d'aspirations; si tous ces éléments y sont pêle-mêle, n'est-ce pas une raison suffisante de penser que ceux qui l'ont dressé n'ont point fait une étude, n'ont point eu une connaissance approfondie de la chose, mais qu'ils ont agi mécaniquement, d'après une routine que dicta le besoin? Quand nous voyons la lettre et voyelle A placée sans aucun motif apparent en tête des autres lettres, et quand le nom de cette voyelle (Alef) signifie taureau; si sa figure est ou a été une tête de taureau en croquis, du genre de ces autres croquis qui peignent les signes astronomiques, ne pourrait-on pas soupçonner qu'à l'époque où furent rangées les vingt-deux lettres, le taureau occupait la tête des douzes signes du zodiaque, et qu'un motif astrologique, si général chez les anciens, est entré pour peu ou beaucoup dans le placement de cette lettre?

Alors l'établissement de l'alphabet ne serait-il pas indiqué à l'époque où le taureau était le signe du printemps, c'est-à-dire, vers le 40 ou 45e siècle avant notre ère?

19º Parmi les monuments d'écriture que fournissent les découvertes récentes en Égypte, laissant à part les hiéroglyphes, en existe-t-il quelqu'un qui précède cette date? et si l'on prouve qu'il en existe, pourra-t-on en induire quelque objection contre ce que j'ai dit, tant qu'il ne sera pas prouvé que ces écritures égyptiennes sont réellement alphabétiques, comme la phénicienne, et non pas un abrégé d'hiéroglyphes, comme la chinoise?

20º Si les premiers Chinois n'ont inventé leur écriture que vers le 28e ou le 29e siècle avant notre ère, ne peut-on pas dire que, dans l'état d'isolement et de séparation où vivaient alors tous les peuples, l'alphabet phénicien n'avait pas eu le temps et l'occasion de leur parvenir, et que, s'ils l'eussent connu, ils n'auraient point pris la peine extrême de construire leur système si compliqué, si défectueux?

Telles sont, mon cher collègue, mes rêveries sur l'antiquité: à mes yeux, cette antiquité ressemble à une haute montagne dont les basses pentes, rapprochées de nous, offrent à notre vue des objets assez distincts, assez clairs; mais, à mesure que ces pentes montent et s'éloignent, les objets deviennent embrouillés, confus, jusqu'à ce qu'enfin les hautes cimes, perdues dans une région de nuages, ne laissent plus de prise qu'à notre imagination. La foule spectatrice, curieuse surtout de ce qui est obscur, demande Qu'est-ce qu'il y a là-haut? Les empressés, comme il y en a partout, lui promettent, pour se rendre importants, de lui en rapporter des nouvelles; mais, jusqu'à ce jour, ces prétendus explorateurs, semblables à certains voyageurs anciens et même modernes (qui ont fait leurs relations dans leur cabinet avant de voir les lieux), ne nous ont donné que des récits vagues, des ouï-dire bizarres et discords. Pour visiter les hautes régions historiques, il faudrait des voyageurs de la trempe des Humboldt et des Saussure; tout se ferait alors, tout se dirait d'après inspection et par analyse. Pour ma part, il ne m'a été accordé d'approcher que des régions moyennes, et mes excursions m'ont seulement procuré l'avantage de reconnaître les fausses routes, et de découvrir des sentiers secrets, des escaliers dérobés, dont les marches solides peuvent conduire à des points élevés. Je me suis aperçu que les grands chemins battus n'étaient tous que des culs-de-sac, au fond desquels on trouve de hautes murailles et des fossés, gardés par des gens d'un costume singulier, qui vous crient en latin, en grec, en hébreu, etc.: On ne passe pas. Quant aux sentiers secrets ou escaliers dérobés, j'en ai compté cinq principaux, à l'entrée desquels j'ai déchiffré quelques notes instructives, laissées sans doute par des voyageurs qui m'ont précédé. L'une de ces notes dit: «Sentier des monuments astronomiques anciens, encombrés de frustes mythologiques et hiéroglyphiques: vous trouverez à droite les fouilles entreprises par Bailly, et sur la gauche le cul-de-sac de D***».

Une autre note dit: «Sentier des mesures longues, carrées, cubiques, comparées de peuple à peuple, d'époque à époque; suivez les fouilles entreprises par Gosselin, Jomard, Girard, etc.»

Une troisième: «Sentier des monnaies, des médailles, comparées et analysées, ainsi que de divers arts industrieux des anciens; suivez les fouilles de Garnier (pair), de Mongez, etc.»

Une quatrième: «Sentier des alphabets, considérés dans leurs rapports, leurs différences, leurs généalogies. Branche occidentale, phénico-pélasgue, latine, grecque, etc. Branche orientale, phénico-syro-chaldaïque, palmyrénienne, estranguelo-arabe; cherchez l'origine de l'éthiopien, du sanskrit....»

Enfin une cinquième: «Sentier des langues, analysées et comparées dans leurs systèmes grammaticaux, dans leurs éléments de prononciation, dans leurs mots usuels et scientifiques, dans les onomatopées de leurs mots de premiers besoins, etc. Analyse des opérations de l'entendement dans la formation du langage, etc., etc.»

Voilà de quoi occuper la génération qui nous suit: je conçois que, chez celles qui nous ont précédés, l'on ait quelquefois entendu des littérateurs et des docteurs se plaindre que tout fût dit, comme je conçois que dans St-Pierre de Rome, aux jours de grande fête, des sourds se plaignent qu'on ne fait plus de musique, quand des accords célestes remplissent les voûtes. Ah! dans les études de la nature et de la vérité, ce ne sont pas les objets qui manquent, ce sont les sens de l'homme affecté de maladies physico-morales, qui lui font voir dans son cerveau ce qui n'existe que là. Je puis en avoir ma part comme un autre; mais, en ma qualité d'observateur et de médecin, je suis sur mes gardes; et je me préserve surtout du tétanos de l'intolérance.

C.-F. VOLNEY.

LETTRE SUR UNE NOUVELLE TRADUCTION D'HÉRODOTE

LETTRE
A M. LE DIRECTEUR DE LA REVUE,
SUR UNE NOUVELLE TRADUCTION D'HÉRODOTE
Paris, 10 août 1819.

IL y a quelques années, Monsieur, il me fut intenté une querelle, dans laquelle, selon les règles de l'art militaire, je passai de la défense à l'attaque, pour faire taire le feu de l'ennemi. Le fond n'était pas de grande importance: un académicien de l'ancien style m'accusait d'avoir pris de travers quelques passages grecs de son Hérodote; il concluait à ce que je fusse déclaré ignare en la langue: l'arrêt m'inquiétait peu; jamais je n'ai prétendu savoir le grec; mais, parce que la forme et l'intention du réquisitoire furent par trop hostiles, je pris cette occasion de donner à mon tour des leçons de logique et de politesse, même de langues française et grecque à un censeur qui faisait métier de gourmander tout le monde: maintenant, il ne s'agit plus des personnes, je n'en veux qu'aux choses. Or, ces choses sont que, malgré tout ce qu'en a dit l'esprit de coterie, cette fameuse traduction française d'Hérodote en sept et en neuf volumes, est un ouvrage radicalement vicieux de fond et de forme, en ce qu'elle fourmille d'altérations du texte, même de contre-sens et de faux matériels, introduits par la préférence que l'auteur donne toujours à ses propres idées et opinions; sans compter que, par défaut de tact et de goût, sous prétexte de franciser le grec, il décolore totalement son original. J'ai démontré la vérité de ces assertions, dans un premier écrit publié en 1808 et retouché en 180989; j'y ai joint de nouvelles preuves dans un travail complet qui a paru en 181490. A cette époque, je formai le vœu qu'une traduction nouvelle plus consciencieuse vînt nous faire mieux connaître le plus consciencieux des voyageurs anciens. Eh bien! Monsieur, voilà que mon souhait s'accomplit: voilà que l'on m'annonce une telle traduction, faite, non par un lettré de profession, mais par un amateur qui, comme moi, se délasse des affaires du présent par l'étude du passé. Un cas singulier veut que cet auteur nouveau, mais nullement novice, en désirant de n'être pas nommé, désire encore que ce soit moi qui mette au jour sa production. Il a fait déposer en mes mains, à titre d'échantillon, le second des neuf livres d'Hérodote, afin que je juge s'il a bien rempli des conditions que j'ai indiquées comme bases de l'art de traduire. J'ai à cœur de répondre à sa confiance et à celle que le public français accorde au successeur d'Hérodote en Égypte: la langue grecque ne m'est point assez connue pour prononcer sur une traduction; je vois bien, en lisant celle-ci, que la coupe des phrases diffère beaucoup de celle de Larcher, et qu'elle se rapproche plutôt du latin de Wesseling et de Schweighauser, dont la fidélité est connue. Je trouve à ce nouvel Hérodote une physionomie plus antique, une narration plus naïve, et un genre de style tel, qu'il me semble lire du grec à travers du français; je me dis que ce style pourrait avoir des tours plus élégants, une distribution de périodes plus conforme à nos habitudes; je sens que l'auteur s'efforce d'approcher du littéral, et d'observer ce grand principe, que l'histoire surtout veut la précision d'un procès-verbal. Cette manière a moins d'éclat; mais le caractère de l'auteur, la marche de ses idées, sont bien mieux sentis. Dans une traduction, comme dans un portrait, le premier de tous les mérites est la ressemblance: que serait Cicéron traduit en phrases de Tacite! Par ce motif, je soutiens que l'Homère de madame Dacier est bien préférable à tous ces Homères en style grandiose et fleuri, où la simplicité, la grossièreté antique disparaît sous de menteurs ornements: autant vaudrait un buste de Socrate, avec le menton rasé et les cheveux à la Louis XIV. En résultat, c'est au public de juger par lui-même: pour cet effet, je ne vois qu'un moyen efficace, qui est de lui soumettre des échantillons. Par eux, nos savants hellénistes pourront apprécier tout l'ouvrage: sur leur prononcé, des libraires connaisseurs dresseront leur spéculation; elle ne sera pas périlleuse, car l'auteur n'entend pas gonfler les deux volumes que comporte le texte, de six ou sept volumes d'appendices étrangers. Sont goût lui donnera la mesure des notes nécessaires, et nous aurons en trois petits volumes, au plus, un véritable Hérodote. Je répondrai aux questions préparatoires jusqu'à ce que l'auteur trouve convenable de conclure lui-même. Je profite donc, Monsieur, de la place que vous m'accordez dans votre estimable Revue, pour publier quelques pages de la traduction nouvelle, en regard avec les mêmes de Larcher. Je prie le lecteur de faire une comparaison attentive en lisant phrase à phrase; de bien peser les différences de tableaux et de coloris, qui se rendent plus sensibles à mesure qu'on les scrute.

Traduction de Larcher

Cambyses, fils de Cyrus et de Cassandane, fille de Pharnaspes, monta sur le trône après la mort de son père. Cassandane étant morte avant Cyrus, ce prince avait été tellement affligé de sa perte, qu'il avait ordonné à tous ses sujets d'en porter le deuil.

Cambyses regardait les Ioniens et les Eoliens comme esclaves de son père; mais il marcha contre les Égyptiens avec une armée qu'il leva parmi les Grecs de ses états et parmi ses autres sujets....

Les Égyptiens se croyaient, avant le règne de Psammitichus, le plus ancien peuple de la terre. Ce prince ayant voulu savoir, à son avénement à la couronne, quelle nation avait le plus de droit à ce titre, ils pensent depuis ce temps-là que les Phrygiens sont plus anciens qu'eux, mais qu'ils le sont plus que toutes les autres nations.

Psammitichus, n'ayant pu découvrir par ses recherches quels étaient les premiers hommes, imagina ce moyen: il prit deux enfants de basse extraction, nouveau-nés, les remit à un berger pour les élever parmi ses troupeaux, lui ordonna d'empêcher…

Traduction nouvelle

Après la mort de Cyrus, Cambyse, son fils, qu'il avait eu de Cassandane, fille de Pharaspe, succéda à l'empire. Cassandane était morte avant Cyrus; et à sa mort, non-seulement Cyrus avait montré la plus profonde affliction et porté le deuil long-temps, mais il avait encore prescrit à ses sujets de le prendre. Cambyse, dès qu'il fut monté sur le trône, considérant les Ioniens et les Éoliens comme des sujets que son père lui avait légués, pensa à porter ses armes en Égypte, et composa l'armée qu'il mena dans cette expédition des troupes que ses anciens états lui fournirent, et de celles qu'il tira des Grecs nouvellement soumis....

Les Égyptiens, avant le règne de Psammétique, se regardaient comme le premier de tous les peuples par l'antiquité; mais, depuis Psammétique, qui voulut approfondir quelle était réellement la race d'hommes la plus ancienne, les Phrygiens furent reconnus pour l'être, et les Égyptiens ne vinrent plus qu'après eux. Voici comment ce roi, peu satisfait des recherches qu'il avait faites sur cette question, et qui ne lui avaient rien fourni de positif, parvint à la résoudre. Il fit remettre deux enfants nouveau-nés, pris au hasard, entre les mains d'un berger chargé de les élever au pêcher qui que ce fut de prononcer un seul mot en leur présence; de les tenir enfermés dans une cabane dont l'entrée fût interdite à tout le monde; de leur amener à des temps fixes des chèvres pour les nourrir; et, lorsqu'ils auraient pris leur repas, de vaquer à ses autres occupations. En donnant ces ordres, ce prince voulait savoir quel serait le premier mot que prononceraient ces enfants, quand ils auraient cessé de rendre des sons inarticulés. Ce moyen lui réussit. Deux ans après que le berger eut commencé à en prendre soin, comme il ouvrait la porte, et qu'il entrait dans la cabane, ces deux enfans, se traînant vers lui, se mirent à crier becos, en lui tendant les mains. La première fois que le berger les entendit prononcer cette parole, il resta tranquille; mais ayant remarqué que, lorsqu'il entrait pour en prendre soin, ils répétaient souvent le même mot, il en avertit le roi, qui lui ordonna de les lui amener.

Psammitichus les ayant entendus parler lui-même, et s'étant informé chez quels peuples on se servait du mot becos, et ce qu'il signifiait, il apprit que les Phrygiens appelaient ainsi le pain. Les Égyptiens, après de mûres réflexions, cédèrent aux Phrygiens l'antériorité, et les reconnurent pour plus anciens qu'eux.

Les prêtres de Vulcain m'apprirent à Memphis, milieu de ses troupeaux royaux, avec l'injonction de ne jamais proférer devant eux une seule parole, et de les laisser constamment seuls dans une habitation séparée. Il devaient leur amener des chèvres à de certains intervalles, les faire téter, et ne plus s'en occuper ensuite. Psammétique, en prescrivant ces diverses précautions, se proposait de connaître, lorsque le temps des vagissements du premier âge serait passé, dans quel langage ces enfants commenceraient à s'exprimer. Les choses s'étant exécutées comme il l'avait ordonné, il arriva qu'après deux ans écoulés, au moment où le berger, qui s'était conformé aux instructions qu'il avait reçues, ouvrait la porte et se préparait à entrer, les deux enfants, tendant les mains vers lui, se mirent à crier ensemble, bekos. Le berger n'y fit d'abord pas beaucoup d'attention; mais, en réitérant ses visites et ses observations, il remarqua que les enfants répétaient toujours le même mot; et il en instruisit le roi, qui ordonna de les amener en sa présence. Psammétique ayant ouï de leur bouche le mot bekos, fit rechercher si cette expression avait un sens dans la langue de quelque peuple, et apprit que les Phrygiens s'en servaient pour dire du pain. Les Égyptiens, après avoir pesé les conséquences de cette expérience, consentirent depuis à regarder les Phrygiens comme d'une race plus ancienne qu'eux.

C'est de cette manière que le fait m'a été rapque ce fait arriva de cette manière; mais les Grecs mêlent à ce récit un grand nombre de circonstances frivoles, et entre autres, que Psammitichus fit nourrir et élever ces enfants par des femmes à qui il avait fait couper la langue. Voilà ce qu'ils me dirent sur la manière dont ces enfants furent nourris.

Pendant mon séjour à Memphis, j'appris encore d'autres choses dans les entretiens que j'eus avec les prêtres de Vulcain; mais, comme les habitants d'Héliopolis passent pour les plus habiles de tous les Égyptiens, je me rendis ensuite en cette ville, ainsi qu'à Thèbes, pour voir si leurs discours s'accorderaient avec ceux des prêtres de Memphis. De tout ce qu'ils m'ont raconté concernant les choses divines, je ne rapporterai que les noms des dieux, étant persuadé que tous les hommes en ont une égale connaissance; et si je dis quelque chose sur la religion, ce ne sera qu'autant que je m'y verrai forcé par la suite de mon discours....

porté par les prêtres de Vulcain à Memphis. Les Grecs racontent sur le même sujet beaucoup d'absurdités: entre autres que Psammétique avait donné les enfants à nourrir à des femmes, auxquelles il avait fait couper la langue. Du reste, je n'ai rien su de plus sur ce qui les concerne; mais, dans les entretiens que j'ai eus à Memphis avec les mêmes prêtres de Vulcain, j'ai appris beaucoup d'autres particularités; ensuite je suis allé jusqu'à Thèbes et à Héliopolis, pour vérifier si les rapports que je recueillerais dans ces deux villes s'accorderaient avec ceux qui m'avaient été faits à Memphis. Les habitants d'Héliopolis passent pour les plus instruits de tous les Égyptiens. Mon intention n'est pas cependant de publier tout ce que j'ai appris d'eux sur la religion des Égyptiens, mais seulement de donner les noms de leurs divinités, parce que je pense qu'ils sont connus généralement de tous. Au surplus, je ne parlerai de ces divinités et de la religion que lorsque l'ordre de la narration m'y obligera nécessairement.

VOLNEY.

QUESTIONS DE STATISTIQUE A L'USAGE DES VOYAGEURS

L'ART de questionner est l'art de s'instruire; mais pour bien questionner, il faut avoir déja une idée des objets vers lesquels tendent les questions: les enfants sont grands questionneurs; et parce qu'ils sont ignorants, leurs questions sont mal assises ou mal dirigées. Dans la société, un homme donne souvent sa mesure par une question bien ou mal faite; dans le monde savant, une classe essentiellement questionneuse est celle des voyageurs; par cette raison leur tâche devient difficile à mesure qu'ils s'élèvent à des connaissances moins vulgaires et plus étendues. Pour avoir éprouvé ces difficultés, quelques-uns d'entre eux se sont créé des méthodes de recherches propres à soulager leur esprit; ils ont composé même des livres de questions sur chaque matière. Le mérite de cette invention semble appartenir à nos voisins du Nord: l'ouvrage de ce genre le plus considérable, est celui du comte Léopold Berschtold, noble de Bohême, l'un des philanthropes les plus recommandables de l'Allemagne, qui en compte beaucoup. L'intention du livre est digne d'estime, mais sa forme a l'inconvénient de fatiguer la mémoire par la multitude des questions et par la répétition des mêmes idées. En méditant ce volume, un ami, un admirateur du comte Berschtold, crut concourir à ses vues d'utilité publique, s'il réduisait ses questions à des éléments plus simples, à un système plus concis. De ce travail est né le tableau resserré que nous présentons ici, qui n'est pas une production nouvelle: il y a bientôt 20 ans qu'il fut dressé par ordre du Gouvernement français, et spécialement du ministère des relations extérieures; à cette époque (1795) où le goût de l'instruction se ranima, des chefs éclairés sentirent d'autant plus le besoin de diriger leurs agents qui résidaient en pays étrangers, que beaucoup de ces agents exerçaient pour la première fois leurs fonctions. L'administration les considéra comme des voyageurs diplomatiques et commerciaux, au moyen desquels elle devait se procurer des informations plus complètes, plus étendues qu'auparavant. Pour diriger leurs recherches, elle sentit la nécessité d'avoir un système de questions bien ordonné. L'opinion publique désignait un livre récent dans lequel se faisait remarquer ce genre de mérite. Le ministre appela l'auteur et le chargea de la rédaction du travail qu'il avait en vue. Les questions suivantes furent composées et bientôt imprimées en un petit format, dont les exemplaires furent bornés à un assez petit nombre. Déja le temps et les événements les ont rendus rares, et parce que quelques personnes en place en ont connu d'heureux résultats, et ont désiré de voir ce modèle plus répandu, l'on s'est déterminé à le réimprimer en un format susceptible d'être joint à la plupart des livres de voyages. On ne doit point répéter ici l'instruction officielle qui servit de préliminaire: néanmoins comme elle contient plusieurs idées qui concourent au développement du sujet, l'on a cru convenable d'en conserver la substance.

«L'administration, y est-il dit, pense que les loisirs, souvent assez longs, dont jouissent ses agents dans les pays étrangers, leur laisseront le temps de vaquer aux recherches qu'indiquent ces questions; elle espère même que ce travail ne sera pas sans attrait pour eux, puisqu'il répandra sur tous les objets qui les environnent un intérêt de curiosité, qui bientôt se changeant en instruction, les attachera de jour en jour davantage: quelquefois par leur position, privés de société, ils en trouveront une aussi utile qu'amusante dans leurs rapports et leurs entretiens avec les artistes et les hommes expérimentés de tout genre qu'ils devront consulter; et plus souvent encore privés de livres, ces questions leur en fourniront un presque fait, puisqu'elles sont une table de chapitres qu'il ne s'agit que de remplir: qui, pour être remplie, ne demande que de fixer leurs regards sur le modèle de tous les livres, sur le spectacle de la nature et sur celui des faits sans cesse présents à leurs yeux; en sorte qu'en les recueillant, ils se procureront un livre d'autant plus piquant, qu'eux-mêmes en seront les auteurs.

«L'administration a donc lieu de penser que ses agents concourront avec zèle à atteindre le but d'utilité qu'elle a en vue, et qu'elle aime à leur communiquer. Persuadé que toute vérité, surtout en gouvernement, n'est que le résultat d'une longue expérience, c'est-à-dire, de beaucoup de faits bien vus et judicieusement comparés; que ce qu'on nomme principes de gouvernement ne sont que des faits sommaires, que des résumés de faits particuliers; qu'enfin toute bonne théorie n'est que l'exposition d'une bonne pratique, le ministère a désiré de rassembler, sur la science si importante de l'économie publique, un assez grand nombre de faits pour retirer de leur comparaison mûrement méditée, soit des vérités neuves, soit la confirmation des vérités connues, soit enfin la réfutation d'erreurs adoptées; et ces faits seront d'autant plus instructifs, qu'ils procéderont de lieux plus divers, qu'ils seront observés par plus de spectateurs, et qu'ils présenteront plus de rapports ou même de contrastes dans le climat, le sol, les produits naturels et toutes les circonstances physiques et morales.

«C'est dans cette intention qu'ont été dressées les questions ci-jointes. Plus on les analysera, plus on se convaincra qu'elles ne sont pas le fruit d'une vaine curiosité ou d'une perquisition inquiétante, mais que toutes tendent vers des fins d'utilité publique et sociale. Les agents reconnaîtront ce caractère même dans les questions qui d'abord y sembleraient étrangères; par exemple, celles sur les vents, qu'on croirait n'appartenir qu'à une science de physique abstraite, touchent cependant de près l'administration et le commerce; car si, comme on a droit de l'espérer, l'on parvenait à connaître le système général des courants de l'air; si l'on s'assurait que lorsque le vent règne sur une plage, il est le produit ou le correspondant de tel autre vent sur telle autre plage; qu'un même vent pluvieux et fécond sur telle côte de France ou d'Espagne, est sec et stérile sur telle côte opposée d'Amérique et d'Afrique, il naîtrait de ces connaissances une théorie aussi hardie que certaine pour des spéculations d'approvisionnements, de commerce, d'expéditions maritimes. Il en est ainsi des questions sur l'état physique d'un pays, sur la nature de ses productions, sur les aliments de son peuple et sur ses occupations. Dès long-temps des observateurs profonds ont cru reconnaître que tous ces objets avaient une influence puissante sur les habitudes, les mœurs, le caractère des nations, et par suite sur la nature des gouvernements et le genre des lois. Il serait infiniment important d'asseoir sur de telles questions un jugement déterminé dans un sens quelconque; et ce jugement ne peut se prononcer que d'après un examen suffisant des faits. Le résultat, atteignant aux bases fondamentales de toute législation, intéresse toute l'humanité: la nation française aurait bien mérité du genre humain en constatant des vérités d'un ordre si élevé.

«Le ministère en adressant ces questions à ses agents, n'a point entendu les astreindre à donner la solution de toutes par eux-mêmes. Il sent trop bien que plusieurs d'entre elles exigent des expériences et des travaux pour lesquels ils n'ont pas un temps suffisant; il est naturel, et même nécessaire, qu'ils consultent les habitués du pays où ils résident. Mais le ministère désire qu'ils portent une circonspection scrupuleuse à s'adresser aux plus instruits qui, en même temps, joignent à l'exactitude l'amour de la vérité. Il leur recommande cette exactitude dans la spécification des poids, des mesures, des quantités. Le principal mérite des expériences consiste dans la précision; et si l'estime attachée à un travail est un premier encouragement à l'exécuter, ils doivent être persuadés que le gouvernement attache un grand prix à celui dont ils sont chargés; qu'il en connaît les obstacles, les difficultés, et qu'il sait d'avance que telle réponse de deux lignes leur aura coûté souvent un mois de recherches; mais ces deux lignes seront une vérité, et une vérité est un don éternel à l'humanité.

«Le ministère ne les borne pas non plus strictement aux chefs des questions qui sont proposées; ils peuvent en joindre du même genre. Seulement il les invite à ne pas trop les multiplier. Ce n'est pas la quantité qui fait le mérite des observations, c'est la justesse, et la justesse veut beaucoup de temps. Par cette raison, ce ne sont point des mémoires rédigés qu'il leur demande, ce sont des notes; et pour plus de précision et de clarté, il les engage à les accoler en face des questions.»

89.Voyez Supplément à l'Hérodote de Larcher; 80 pages, in-8º, 1808. Chronologie d'Hérodote. 1 vol. in-8º, 1809.
90.Voyez Recherches nouvelles sur l'Histoire ancienne; 2 vol. in-8º. Le second volume se compose de ce qui avait déja paru, en 1808 et 1809, sous le titre ci-dessus. Seulement, j'ai écarté quelques personnalités.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
30 haziran 2018
Hacim:
332 s. 4 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain