Kitabı oku: «Voyage en Égypte et en Syrie - Tome 1», sayfa 11
NOTE
Le premier des deux manuscrits arabes dont j'ai parlé, page 85, est numéroté 786. Il paraît avoir été composé vers l'an 1620, par un homme de loi, le chaik Merèï, fils de Yousef le Hanbalite.
C'est une espèce de chronique à la manière des Orientaux, qui trace de suite, mais sans cohérence de discours, les événements saillants des règnes des princes, leur avénement au trône, leurs guerres, leurs fondations pieuses, leur mort et quelques traits de leur caractère. L'auteur en conduit la série depuis les premiers kalifes, sous qui se fit la conquête de l'Égypte, jusqu'au pacha turk qui de son temps y était vice-roi du sultan de Constantinople. Un extrait détaillé de cet ouvrage serait à la fois étranger à mon sujet et trop long. Il me suffira d'en donner les résultats principaux qui sont—que, depuis l'invasion d'Amrou, lieutenant du kalife Omar, l'Égypte fut gouvernée par les vice-rois des kalifes ses successeurs, dont le siége fut d'abord à Damas, puis à Bagdad.—Que l'un de ces kalifes (Maimoun) s'étant composé une garde d'esclaves turkmans, cette soldatesque finit par envahir tous les emplois militaires de l'empire, et le gouvernement des provinces.—Qu'un fils de ces soldats esclaves, nommé Ahmed-Ben-Touloun, se rendit indépendant en Égypte vers 872, et forma un empire qui s'étendit depuis Rahbé, près de Moussel, jusqu'en Barbarie.—(Le tribut de l'Égypte passait 41,111,111 tournois, et il y avait 7,000 juments de race dans les haras d'Ahmed)—Qu'après 30 ans, l'Égypte retourna aux kalifes, qui ne furent pas plus prudents.—Qu'en 934, un soldat de fortune, nommé Akchid, se déclara encore indépendant, et entretint jusqu'à 400,000 hommes.—Qu'à sa mort, un esclave noir, appelé Kafour, saisit le sceptre et régna avec un talent transcendant.—Qu'après lui, en 968, les descendants de Fatime et d'Ali, reconnus pour kalifes en Barbarie, s'emparèrent de l'Égypte, où ils régnèrent sous le nom de fatimites.—Que l'un d'eux fonda en 969 la ville du Kaire actuel.—Que cette famille régna jusqu'en 1200 dans une suite de princes qui, selon la remarque de Merèï, furent tous des fous furieux ou stupides.—Sous eux, l'Égypte tomba dans un gouffre de calamités, de pestes et de famines, dont une dura 7 ans. L'auteur à cette occasion recense les famines et les pestes, et en trouve 21 depuis 635 jusqu'en 1440.
Les kalifes d'Égypte, comme ceux de Bagdad, s'étant formé une garde d'étrangers, en devinrent comme eux la victime. Selah-el-din, Kourde d'extraction, vizir du dernier fatimite, dépose son maître, et fonde la dynastie dite d'Aïoub, du nom de son père.—Ce fut lui qui fit construire le puits à escalier en limaçon, appelé puits de Josef. Son armée était surtout composée de cavaliers nommés en arabe serrâdjin, dont les croisés firent leur mot Sarrazins. Cette dynastie régna 85 ans sous 10 sultans.
L'armée, alors composée de Mamlouks turkmans, ayant tué le dernier aïoubite, un Turkman, nommé Ibek, saisit le sceptre, et établit la dynastie des Mamlouks turkmans.—Sous le court règne du fils d'Ibek, Holagou-Kan et ses Mogols détruisent Bagdad et le kalifat en 1258.—Le dixième sultan turkman, Qalaoun, s'étant formé une garde de 12,000 Mamlouks tcherkasses, achetés dans les marchés de l'Asie, cette milice devient la maîtresse, élit les princes, les dépose, les étrangle, etc.—Un chef de ce corps, nommé Barqouq, est élu et ouvre la dynastie des Mamlouks tcherkasses; il laissa en monnaie 25,000,000 tournois et 14,000,000 en meubles.—Le 23e de cette dynastie fut attaqué par Sélim II, qui, l'ayant tué dans une bataille livrée près d'Alep, poursuivit en Égypte son successeur Toumâmbek, en qui finit le premier empire des Mamlouks.—Résumant la série de ces princes, il se trouve que 48 sultans, dont 24 Turkmans et 24 Tcherkasses, n'ont régné que 263 ans: que, sur les 24 Turkmans, 11 furent assassinés et 6 déposés: que sur les 24 Tcherkasses, 6 furent assassinés et 11 déposés, et que nombre d'entre eux n'ont régné que quelques mois: que tous ces princes ne surent que faire la guerre, piller, ravager, et faire ensuite des fondations pieuses de mosquées, d'écoles, etc.: que, sous le 11e de la race turkmane, on fut au moment de détourner le Nil dans la mer Rouge, par le pied du mont Moqattam, et que les frais furent évalués 2,250,000 fr. Enfin Merèï donne la série des pachas, qui est de peu d'intérêt, et termine par les principes du gouvernement musulman, qui sont purement le despotisme de droit divin.
Le second manuscrit, numéroté 695, est un miroir ou tableau de l'empire des Mamlouks, sultans d'Égypte, composé par Kalil, fils de Châhin el Zâher, vizir du sultan Malek-el-acheraf (8e de la dynastie tcherkasse).
Cet ouvrage, d'un genre dont je ne connais aucun exemple parmi les Arabes, est une espèce de statistique de l'empire des Mamlouks, au temps de l'écrivain; on dirait, en le lisant, qu'il a décrit la cour de Louis XIV. La table seule des chapitres en donnera une idée capable de le faire apprécier, et j'y joindrai quelques-uns des détails qui m'ont paru les plus curieux et les plus instructifs.
Après une préface très-emphatique, selon l'usage musulman, après avoir attesté qu'il n'y a qu'un Dieu, que Mahomet est son seul prophète, Châhin décrit les qualités éminentes qui doivent composer le caractère de tout mortel à qui la plume du destin a tracé sur ses tables indélébiles une carrière glorieuse; il prévient qu'ayant d'abord fait un gros livre, il a ensuite trouvé plus sage de le réduire et de le faire très-petit (ce qui est digne d'imitation), et il procède à la table méthodique des chapitres.
Chapitre Ier. Des titres qui assurent à l'Égypte la supériorité sur les autres empires de la terre.—De ses lieux de dévotion et de pèlerinage.—De ses monuments merveilleux, tant anciens que modernes.—De ses limites.—De ses villes.—De ses frontières.—Des provinces et des pays où s'étend sa domination.
Chapitre II. Du pouvoir souverain.—Des qualités nécessaires à un sultan.—De ses devoirs.—Des jours de gala et de cérémonies publiques.—Des habits d'uniforme de chaque classe d'officiers attachés au sultan.
Chapitre III. Du commandant des fidèles; de son rang; de son état.—Des grands qâdis (juges) auxquels appartient de lier et de délier.—Des imâms.—Des gens de loi et des qâdis particuliers.
Chapitre IV. Du vizir, à la fois premier ministre et surintendant des finances de la maison du sultan.—Du trésor du sultan et de ses administrateurs.—Des secrétaires d'état, ayant le département de la chambre et des dépêches.—De l'inspecteur général des armées.—Du parleur (ou grand avocat) du divan (conseil).—Du premier maître de la bouche (maître d'hôtel) du sultan, ayant l'administration du trésor particulier et du domaine, et généralement de tous les bureaux établis pour l'administration des finances.
Chapitre V. Des enfants du sultan régnant, et des princes du sang royal.—Du régent.—Du vicaire de l'empire.—Du maître des écuries (ou connétable).—Des émirs commandant à 1,000 Mamlouks.—Des émirs de la musique guerrière, commandant à 40 Mamlouks; et des émirs inférieurs, commandant à 20, à 10 et à 5 Mamlouks.
Chapitre VI. Des grands officiers de la couronne, et généralement de tous ceux qui remplissent des fonctions publiques et particulières auprès du sultan.—Des officiers kavanis et des officiers khassekis, tirés des Mamlouks affranchis, et faisant dans le palais l'office de chambellans et de gardes du corps.—De leurs services et des places de garnison où ils sont établis.—Des colombiers affectés à l'entretien des pigeons messagers.—Du transport de la neige de la Syrie en Égypte, et des postes royales établies dans tout l'empire.
Chapitre VII. Des maisons des princesses, et du sous-intendant des harems.—Des eunuques et des domestiques libres, faisant le service du sérail.—Du garde-meuble de la couronne.—De la salle d'armes.—Des magasins du sultan.—Des deux grands greniers royaux, et de tout ce qui est relatif à cette administration, tant pour l'entrée que pour la sortie des grains.
Chapitre VIII. Des officiers du palais.—De la cuisine.—Des écuries.—De la fauconnerie.—Des parties de chasse du sultan, et des lieux affectés à l'entrepôt des filets et au logement des oiseleurs pour la chasse des oiseaux aquatiques.
Chapitre IX. Des inspecteurs du terrain, chargés de faire construire et réparer les ponts, creuser les canaux, élever les digues et les chaussées, et de présider à tous les travaux publics pendant la crue et la diminution des eaux du Nil.—Des gouverneurs des provinces de l'Égypte.—Des commandants particuliers.—Des gens en place dans les villes et dans les villages, et du régime établi pour la perception des impôts.
Chapitre X. Des vice-rois préposés au gouvernement des 8 provinces de Syrie.—Des grands qâdis.—Des émirs.—Des administrateurs et des autres officiers employés dans les capitales de ces provinces.—Du nombre des giundis et halqâ qui y sont en garnison, et des commandants particuliers des villes et des châteaux répandus dans cet empire.
Chapitre XI. Des émirs et des cheiks arabes.—Des émirs turkmans et curdes, au service de l'état.—Des expéditions militaires.—Des camps volants.—De la conquête de l'Yemen, du Diarbekr et de l'île de Cypre, sous le règne du sultan Malek-el-Acheraf.
Chapitre XII. Recueil de quelques faits historiques qu'il convient à chacun de connaître et de méditer, pour en tirer des principes de conduite. Ce chapitre est terminé par quelques morceaux de poésie morale, composés par Malek-el-Kiâmel, prince souverain de la forteresse de Heifa; et par une réponse de Malek-el-Acheraf à Mirza-Chah-Rok (fils de Tamerlan.)
Chapitre Ier. Section V. Limites de l'Égypte.—Au sud, les limites de l'Égypte partent des rives de la mer de Qolzoum (mer Rouge), près de la ville d'Aidab, et embrassant le pays des Haribs de Nubie, lequel commence à la grande Cataracte, derrière le mont Djenadel, elles s'étendent jusqu'aux monts d'Aden et aux rochers de Habeche (Abissinie). A l'est, ses bornes sont la mer Rouge, dont la côte est aride et pleine de rochers. Depuis Suez, cette côte s'élargit vers l'est. Sa plus grande largeur est depuis l'étang de Gorandel jusqu'au Tih. Là est la frontière de Syrie.
Au nord, elle est bornée par la mer, depuis les villes de Zàqat, de Refah et d'Amedj, plus connue sous le nom d'el-Arich, frontière de Syrie sur le golfe de Gaze.
A l'ouest, elle comprend le territoire d'Alexandrie, le pays de Loïounet et d'el-Amidain, jusqu'à l'Acabé inclusivement (jadis Catabathmus magnus, ou la grande descente); là, se détournant et resserrant les deux Oasis, la ligne se rapproche du Saïd (haute Égypte), pour se joindre aux frontières du sud.
Le Nil prend sa source au pied des monts de la Lune.—Pendant 60 journées de marche, il coule en des pays habités.—Pendant 10 autres, en des terres stériles.—Arrivé en Nubie, il y coule 60 journées, puis il passe en des déserts 120 journées; enfin il rentre dans une terre fertile jusqu'à la mer, où il se jette par les deux embouchures de Damiette et de Rosette.
Section VII. Du Kaire et de ses faubourgs.—Le nouveau Kaire (Masr-el-Qâhera) a 12 milles (ou 4 lieues) de long, depuis Târ-el-nabi, jusqu'à Sebààt-oudjouh. Cet espace comprend le vieux Kaire (Masr-el-Qadim), et 7 grands faubourgs. L'auteur entre dans de longs détails de colléges, de mosquées, de palais, de parcs, et il compare chaque faubourg à une grande ville de l'empire; l'un équivaut à Alep; un autre, à Alexandrie; un troisième, à Hems; un quatrième, à Acre: et il conclut 700,000 ames de population (ce qui me paraît l'origine de l'opinion qui a subsisté depuis; mais les temps sont bien changés.)
Le vieux Kaire est le port de la haute Égypte. Sous le sultan Nadjm-el-din, l'on y compta 1,800 bateaux.
Section IX. Division de l'Égypte.—L'Égypte se divise en 14 provinces: 7 au midi, et 7 au nord. Chaque province a 360 villages et plusieurs villes.
Miniet est le nom général des ports et abords du Nil.
Monfalout, territoire détaché de la province d'Ousiout, avec 30 villages, fait de l'indigo superbe (en 1442). L'on y dépose le tribut de cette province, qui se monte à 1,150,000 ardeb de grains (l'ardeb de 192 livres.)
A 3 journées ouest d'Ousiout, par un désert sablonneux et pierreux, est el-Ouah (oasis), ainsi nommé de son chef-lieu.
Une autre oasis du milieu a 2 villages, appelés el-Qasr, et el-Hindan.
Une troisième oasis, plus voisine de la haute Égypte, s'appelle Dakilé (intérieure), et a 2 villages dont les habitants vivent d'orge, de maïs et de dattes.
Section XI. De la ville d'Alexandrie.—Alexandrie est le port le plus fréquenté des étrangers; les nations franques y ont des consuls, gens distingués, qui servent d'otages au sultan. Lorsqu'une de ces nations fait tort à l'islamisme, on prend à partie son représentant, et on l'oblige de réparer le mal.—La douane rend 1,000 dinars. Hors de la ville se voit la fameuse colonne appelée el-Saouâri, ou le grand mât. (Abulfeda a dit la même chose; et c'est ce mot Saouâri que quelques-uns ont pris pour Sévère, empereur.) J'ai ouï dire qu'une personne avait trouvé le moyen de monter dessus et de s'asseoir sur son chapiteau.
Chapitre IV. Du vizir ou grand ministre.—Le vizir est un ministre qui a la prééminence sur tous les grands officiers.—Il est d'institution divine. Aaron fut le vizir de Moïse.
Le vizir surveille toutes les parties du gouvernement, tous les agents de l'administration; il les établit et les dépose; les punit et les récompense.
Il tient le registre des recettes et des dépenses de l'état; il en accroît le revenu, non par tyrannie, mais par sagesse et économie.
Les revenus de l'empire consistent en revenus fixes, en revenus casuels, et en droits seigneuriaux sur les cultivateurs. Les revenus fixes sont la taxe en deniers comptants sur les terres productives; la douane, de 10 pour 100 en nature, sur le commerce d'importation et exportation; le tribut des peuples conquis, la capitation des non-musulmans dite karadje; les fermes de monopoles, dits paltes; les dîmes sur les fruits de la terre; les impositions sur les fabriques et boutiques, et la 5e partie du butin légal.
Les revenus casuels sont le 20e sur les héritages collatéraux; les amendes; le prix du sang versé; les impôts extraordinaires et les investitures; le droit d'aubaine; les épaves; les trésors découverts; la dîme sur les troupeaux paissants et passants, et non sur les animaux domestiques.
Les droits seigneuriaux sur les cultivateurs sont: 1º droit d'arpentage; 2º droit de partage d'une terre léguée à divers cohéritiers; 3º droit d'accroissement des terres et pâturages par l'effet du Nil; 4º droit de bornage, ou limites de propriétés; 5º droit sur les machines à eau, élevées sur le Nil pour les arrosages.
Voilà les revenus légaux: on les lève selon des usages fixes, et ils ont une destination utile à l'état, de manière que le sultan n'en est que le dépositaire.
De même que le vizir surveille les officiers, le sultan doit surveiller le vizir; et le vizir conseiller le sultan, l'avertir et même le reprendre.
Section II. Le trésor royal est un département chargé d'une foule de recettes grosses et petites.
1º Droits sur la frontière d'Égypte vers la Syrie.
2º Droits d'entrée sur tout ce qui entre au Kaire et en Égypte, excepté sur ce qui est attribué au trésor privé.
3º Aubaine sur les successions des étrangers.
4º Régies et fermes du Kaire, telles que les boucheries, les cuirs, les moulins à huile, à sucre; droits sur l'entrée des comestibles.
Droits sur les natrons de Terrâné.
Droit de Monfalout.
Droits d'investiture, et redevances des fiefs affermés ou des pays protégés.
Droit de curage des canaux que doivent faire plusieurs provinces.
Produit des cannes à sucre et des colqâz, cultivées pour le compte du sultan.
Produit des métairies et jardins du sultan, enrichis par les puits à roue.
Sur ces revenus le trésor paie et défraie:
1º L'orge des écuries du sultan.
2º La nourriture des écuries des courriers.
3º La table du palais.
4º Les réparations des maisons royales.
5º La viande et toute la cuisine des Mamlouks du sultan; celle de tout son domestique.
6º L'entretien de ses offices.
7º Les pensions de charité assignées sur l'aubaine.
8º L'entretien des bœufs des métairies.—Le transport des trèfles et pailles pour les écuries.
Sous le sultan Barqoûq, tous ces frais se montaient par mois à 50,000 dinars ou sequins de 7 livres.
Le trésor est régi par un chef et une quantité de subalternes. Ce département a pour huissiers et sbires une compagnie de Maures qui portent les ordres et les exécutent.
Section III. Du premier secrétaire d'état, chef des dépêches et de la chancellerie.—C'est un officier important, qui a toute la confiance du sultan; il doit savoir citer le Qoran, les anecdotes des rois, les sentences des sages, les beaux vers des poètes, etc.
Son art est de faire parler dans tous ses écrits le sultan avec noblesse, grandeur, esprit, grace; il doit faire des phrases rimées et pompeuses; il expédie les actes d'alliance des kalifes et sultans; l'installation des qâdis et des gouverneurs, les commissions de bénéfices militaires en faveur des émirs et djondis, etc., et enfin les lettres du sultan.
Ces lettres ont un formulaire plein d'art, selon le rang des personnes. Celles aux sujets s'appellent mokâtebât; celles aux étrangers, morâselât.
Le plus haut titre pour les étrangers est el maqâm, el àâli.
Le moindre est el madjlas ou megeles, el àâli.
Pour les sujets, le plus haut titre est el-maqarr, el-karim (votre grace).
Puis maqarr-el-àâli (excellence).
Puis djenâb-el-kerim (cour magnifique).
Puis djenâb-el-àâli (cour très-haute); enfin sadr-el-adjal (présence auguste); hadrat (présence simple).
Section VI. Trésor privé. Le trésor privé est régi par un grand officier qui administre les terres affectées à la solde des Mamlouks du sultan, et plusieurs branches de revenus, dont la masse se nomme trésor privé. Ces officiers ont souvent acquis d'immenses richesses.
De ce département dépendent 160 villages, auxquels il faut ajouter plusieurs pays de protection et de fermes. Les seuls villages de Menzalé et de Faraskout, près Damiette, rendent chacun par an 30,000 dinars: plus, les droits d'investiture des gouverneurs de province, des inspecteurs du terrain, des commandants de bourgs et villages, des commissaires de police.—Des gens instruits m'ont assuré que tout ce trésor se montait à 400,000 dinars, et à 300,000 ardebs de blé, orge et fèves.
La dépense consiste en solde et entretien des Mamlouks du sultan; en orge pour leurs chevaux; entretien des princesses et du harem; solde et entretien de tout le service du palais, etc.
Section VII. Du Domaine. Le domaine est le revenu propre du sultan; il comprend:
1º La douane d'Alexandrie sur le commerce des Francs.
2º Les droits sur les épiceries venant des Indes.
3º La vente des muges et poutargues de Damiette.
4º Les droits sur les arts, métiers, cabarets, danseuses et filles publiques.
5º Droits sur les courtiers et interprètes.
6º Produit des briqueteries.
7º Ferme des chameaux pour le transport d'Alexandrie à Rosette.
8º Douane des marchandises de l'Inde, placée à el Tor.
9º Droits à Damiette sur beaucoup d'objets, et entre autres sur la raffinerie du sucre.
10º Le quint du butin légal.
11º Ferme du lac Semanaoui et autres étangs.
12º Droits sur Foua, entrepôt des Francs quand le canal d'Alexandrie était navigable, ce qui a cessé depuis 120 ans (1320).
13º Droits sur les terres de Broulos, de Nesterouh, du port de Rosette.
14º Douanes du Saïd (haute Égypte) sur les Abissins qui apportent des esclaves noirs, de la poudre d'or, etc., et paltes (monopoles) du sené et de la casse.
15º Droits des pays protégés et des pays affermés aux Arabes.
Produit des nombreuses métairies et terres du domaine, arrosées par des roues.
Le loyer de Fondouq-el-Kerim, situé au vieux Kaire.
Succession de tous les grands qui, dans l'Égypte, meurent sans héritiers légitimes.
Bénéfices de l'Hôtel des monnaies.
Droit de la ville de Bairout.
Douanes des marchandises de l'Inde, voiturées à Bedr, à Honain, à Bouaib-el-aqabé.
Voici maintenant les charges:
1º Munitions de guerre pour toute expédition.
2º Dépenses de la caravane et de la fête du sacrifice.
3º Distribution des victimes aux grands et petits officiers.
4º Dépenses de la fête pascale, du banquet et des réjouissances.
5º Renouvellement de la garde-robe et des meubles du harem.
6º Idem, du vêtement des Mamlouks.
7º Veste d'honneur aux grands officiers, aux qâdis, aux émirs de 1re classe, aux kâchefs. (Au Bairam, tous les musulmans s'habillent à neuf, eux et leur maison; cela s'appelle kesoué.)
8º Entretien complet des employés pour l'impôt.
9º Fourniture du harem et seraï, en sucreries, confitures, sorbets, fruits, etc.
10º Présents à faire aux souverains.
11º Veste d'honneur (ou caftan annuel) à tous les gens en place de l'empire (dans tout l'Islamisme les places ne sont que pour l'année courante; le revêtu paie un don ou prix de babouches: le plus riche l'emporte). Chacune de ces vestes diffère de forme, de couleur, de richesse, selon le rang (en général le vêtement est très-dispendieux, surtout pour les pelisses.)
Section V. Le grand avocat du conseil.—Lorsque pour une affaire majeure le sultan assemble le conseil (diouân), il mande le prince des croyants, les 4 grands qâdis, le vizir, les émirs de 1,000 cavaliers, et le connétable.
Avant la séance, le sultan explique ses intentions à un homme de confiance et éloquent, qui est chargé de présenter l'affaire et de répondre à toutes les objections. Le sultan garde le silence.
On a imaginé cet officier, afin que le sultan ne soit jamais compromis, et qu'on puisse faire des objections librement, toute erreur tombant sur l'avocat ou rapporteur.
Chapitre V. Les enfants des sultans sont élevés avec soin dans le harem. C'est un usage ancien de faire enfermer tous ceux qui existent à l'avénement d'un prince. Malek-el-acheraf donna la liberté à 40; mais ils moururent dans la peste de l'an 1429, qui enleva jusqu'à 10,500 têtes par jour.
Quand un prince est mineur, il y a un régent que l'on nomme nezâm-el-molk (celui qui met l'ordre dans le royaume). Quand le sultan s'absente, il y a un vicaire nâïeb-el-molk.
Le chef des émirs, ou àtabek-el-àsâker, est une espèce de connétable.
Les émirs sont divisés en plusieurs classes.
Ceux de la 1re possèdent 100 Mamlouks, et commandent à 1,000: ils devraient être 24.
Ceux de la 2e possèdent 40 Mamlouks: ils devraient être 40. La musique guerrière joue à la porte de leurs hôtels à l'âsr (ou heure de la 3e prière); elle est composée de timbales, tambours et clarinettes. Ces derniers instruments sont de date récente.
Les émirs de 3e classe devraient être au nombre de 20: ils ont chacun 20 Mamlouks.
Les émirs de 4e classe devraient être 50, et avoir chacun 10 Mamlouks.
Enfin la 5e et dernière classe est de 30 émirs, qui ont chacun 5 Mamlouks pour cortége.
Parmi ces émirs, les uns ont de l'emploi dans l'état, d'autres n'ont que leur titre et grade.
L'armée se divise en plusieurs corps. Karabal Couli, prince tartare, ayant, il y a plusieurs années, envoyé demander un tribut, sous peine d'envoyer contre l'Égypte 20 toumans de cavaliers (200,000), le sultan d'alors lui envoya pour toute réponse l'état suivant de ses troupes:

Arabes sujets

Des magasins et greniers du sultan.—Le sultan a des magasins où s'entreposent tous les produits en nature de ses douanes, le poivre, la cannelle, les épiceries, les sucres, les bois de construction.
Il a aussi 2 greniers qui sont des merveilles.
Dans l'un, nommé Chiouân, s'entreposent les grains, blés, riz, bois, pailles, etc., pour l'usage du palais.
Dans l'autre, nommé Hirâ, se déposent des grains auxquels on ne touche qu'en cas de nécessité; quelquefois on prohibe la sortie. Ce grenier se remplit et subvient aux disettes. C'est de là que se tirent les aumônes. Dans une année le bénéfice de la vente se monta à 300,000 dinars (de 10 liv. 3 s.).
Il y a eu en Égypte 26 pestes et famines en 800 ans; quelquefois 3 en 25 ans; et cela toujours en temps de trouble et de mauvais gouvernement.
Chapitre IX. § 1er. Des inspecteurs du terrain labourable, Kochâf-el-Torâb.—Les inspecteurs du terrain sont choisis parmi les émirs de la 1re classe; ils sont expédiés tous les ans au commencement du printemps, dans toutes les provinces de l'Égypte, pour faire exécuter les travaux nécessaires à l'entretien des canaux, à l'élévation des digues et chaussées, et tout ce qui est relatif à la hausse et à la baisse des eaux du Nil.
Le département du trésor royal est chargé, sur les droits qu'il perçoit, de faire creuser certains canaux publics, qui facilitent l'écoulement des eaux. Mais tout ce qui tient aux digues et chaussées nécessaires à la solidité des ponts, se doit faire par corvées et contributions réparties sur chaque village, en raison de l'étendue et de la fertilité de son territoire. Lorsque le Nil commence à déborder, l'on ne saurait trop veiller à la conservation des digues, chaussées et ponts, jusqu'à ce que les terres soient assez abreuvées; car s'ils étaient emportés, les eaux, s'écoulant de suite, laisseraient sans arrosement des contrées entières.
Quand le Nil décroît, il faut au contraire faciliter l'écoulement, afin d'ensemencer les terres à temps.
Quant aux ponts établis pour l'utilité locale de certains villages, c'est aux possédant-biens de les entretenir. Les inspecteurs n'ont rien à y voir.
§ II. Des kâchefs, ou inspecteurs des provinces.—Les gouverneurs, dits kâchefs, de l'Égypte, étaient autrefois au nombre de 3.
L'un commandait des confins de Gizah exclusivement jusqu'à Genadel. Il nommait 7 émirs, qui administraient sous ses ordres immédiats les 7 provinces méridionales (Heptanomis et Thébaïs).
Le second gouvernait la partie nord (Delta), ayant aussi sous lui 7 émirs.
Le troisième gouvernait la province de Gizah seulement. Celui-ci était quelquefois un émir de la 1re classe, chef de 1,000 cavaliers, comme les 2 premiers; quelquefois un émir de la musique guerrière.
Depuis quelque temps l'on a établi trois kâchefs pour le sud; l'un au Faïoum, l'autre au Saïd inférieur, le troisième au Saïd supérieur. De même on a divisé le nord en 3 kâchefliks. L'un contient les provinces de l'est (Charqié); l'autre celle de l'ouest (Garbîe); le troisième, la Béhiré, ou province du Lac, qui de tout temps a été un gouvernement particulier.
Mais, s'il m'est permis d'en dire mon avis, ces dispositions sont moins favorables au bon ordre.
En divisant les places, l'on a atténué la puissance et l'influence qui, ci-devant réunies en peu de mains, permettaient aux commandants de déployer cet appareil et cette magnificence toujours si imposants à la multitude.
Ci-devant, lorsqu'un kâchef du Saïd ou du nord faisait sa tournée, le calme devançait ses pas, et sa suite de 1,000 cavaliers occasionait une circulation d'espèces qui vivifiait le commerce et l'agriculture.
Parmi les émirs subalternes, quelques-uns sont encore nommés par les kâchefs; mais le grand nombre est tombé à la nomination de l'administrateur du trésor privé (oustadar), qui vend ces places et paralyse le pouvoir des kâchefs.
§ III. Des fonctionnaires en chaque village et de la perception de l'impôt.—Dans chaque ville et village principal il y a un qâdi, un percepteur des droits pour le trésor royal, un autre pour le trésor privé, un autre pour le domaine; plus, un commissaire royal de la navigation (du Nil), un officier militaire pour la police, un fermier adjudicataire, un inspecteur des canaux, et des syndics ou vieillards bourgmestres.
Autrefois l'impôt ne se levait qu'en nature, maintenant et depuis long-temps tout est affermé, et les fermiers adjudicataires des villages tiennent un état de maison si opulent, que beaucoup de petits souverains d'Asie vivent avec moins d'éclat.
Les fermiers de Menzalé et de Faraskour, rendent au domaine chacun 36,000 dinars153.
Les autres villages, dont plusieurs rendent 12 à 20,000 dinars, sont également affermés pour des sommes qui ne varient point154.
Les terres affectées à l'apanage des djendis sont divisées par kirâts; et chaque kirât est évalué à 1,000 dinars, environ 11,000 livres.
Chapitre X. Administration des provinces.
1º Province de Damas.
2º Karak.
3º Halab (Alep.)
4º Tarâbolos (Tripoli.)
5º Homs (Hems.)
6º Safad.
7º Gazzah (Gaze.)
La première et la plus considérable province de la Syrie est celle de Damas.
Son vice-roi (kafil) a un appareil égal au sultan qu'il représente. Il dispose à son gré de toutes les places civiles et militaires de son gouvernement.
Environ 437,000 livres. En 1780, Mourad-bek retirait de Faraskour 100,000 pataques ou 525,000 livres.
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Voilà pourquoi tout prospérait, car l'impôt foncier variable chaque année tue l'industrie et perd les états. (Note de Volney).
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