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Kitabı oku: «Voyage en Égypte et en Syrie - Tome 2», sayfa 15

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AVIS DE L’ÉDITEUR

M. DE VOLNEY a cru devoir joindre ici l’extrait d’un Mémoire de la Chambre de commerce de Marseille, dressé par ordre du ministre, et présenté en 1786. Il lui a semblé que cette pièce authentique confirmerait par ses coïncidences, ou redresserait par ses variantes, les récits de l’auteur, et par l’un et l’autre moyen remplirait également bien le seul but qu’il se soit proposé, l’instruction du lecteur, fondée en utilité et en vérité.

ÉTAT DU COMMERCE DU LEVANT EN 1784,

D’APRÈS LES REGISTRES DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE MARSEILLE

TOUT commerce en général est difficile à connaître et à évaluer, parce que c’est un objet variable, tantôt plus fort, tantôt plus faible, selon les besoins d’un pays, selon ses bonnes ou mauvaises récoltes, ses approvisionnements ou ses vides; choses soumises à l’influence mobile des saisons et du gouvernement, à la guerre, aux épidémies, etc. Cette difficulté s’applique d’autant mieux au commerce du Levant, que ce pays est un théâtre continuel de révolutions. Il est encore difficile d’apprécier le volume et l’objet annuel de ce commerce, parce que les marchandises en changeant de lieu changent de valeur. Dans le travail présent, l’évaluation sera tirée du prix sur la place de Marseille, tant des objets d’envoi que des denrées de retour.

On comprend sous le commerce du Levant celui qui se fait dans les divers ports de la Turkie, et dans quelques villes de Barbarie; l’on y joint celui de la campagne d’Afrique sur cette même côte. Les échelles de Turkie sont Constantinople, Salonique, Smyrne, les ports de Morée, de Candie, de Cypre, de Syrie, d’Égypte, enfin Tunis, Alger, et les comptoirs de la compagnie à la Cale, à Bonne et au Collo.

Les objets de notre exportation sont des draps, des bonnets, des étoffes et galons, des papiers, des merceries, des quincailleries, quelques denrées de nos provinces; d’autres tirées de l’Amérique, telles que le café, le sucre, l’indigo, la cochenille, les épiceries de l’Inde, nos métaux, fer, plomb, étain; nos liqueurs, des piastres d’Espagne, des sequins de Venise, des dahlers, etc.

Les objets de retour ou d’importation sont les cotons en laine ou filés, les laines, les soies, étoffes de soie, fils de chèvre et de chameau; de la cire, des cuirs, des drogues, des toiles de coton et de fil, du riz, de l’huile, du café arabe, des gommes, du cuivre, des noix de galle, des légumes, du blé, etc. Ces objets alimentent nos manufactures; ainsi, le coton du Levant fournit à toutes les fabriques des (ci-devant) Picardie, de Normandie et Provence. On en fait les camelots, bouracans, siamoises, velours, toiles et bonnets. Ces fabriques font vivre un peuple immense d’ouvriers et de marchands; le transport des denrées entretient et forme des matelots pour la marine militaire; leur achat emploie une foule d’agents et de facteurs dans le Levant, et tout cela aux dépens des Orientaux. Voyons chaque échelle par détail.

Constantinople

Les draps des Français ont fait tomber dans cette échelle de plus de moitié le commerce des Anglais et des Hollandais. Les Vénitiens n’en peuvent faire de semblables au même prix.

Constantinople consomme annuellement 1,500 ballots de draps qui, à 1,200 francs le ballot, font 1,800,000 livres. Les autres objets en somme atteignent à peine la même valeur. Le plus considérable est le café des Antilles, à raison de la prohibition du café Moka sur la mer Noire.

Ci-devant les drapiers arméniens et grecs avaient fait une société, et n’achetaient que par une seule main: ce qui donnait la loi aux Français. Le grand-seigneur a détruit cette association par un fermân qui les prohibe toutes sous peines afflictives.

Les retraits sont fort peu de chose; à peine valent-ils 700,000 francs. Le reste se tire soit sur Smyrne et sur l’Archipel, soit en lettres de change à payer à Constantinople.

Smyrne

Cette échelle est le grand marché où vient se fournir presque toute l’Asie; elle est l’entrepôt de l’Anadoli, de la Caramanie, de Tokat, d’Arzroum, et même de la Perse. Autrefois les caravanes de ce royaume y venaient deux fois l’année, maintenant elles s’arrêtent à Arzroum, parce que les marchands à ce moyen cachent la quantité de marchandises qu’ils ont à vendre, et se procurent des avantages pour la vente et pour l’achat.

Smyrne consomme par an 2,500 ballots de draps, lesquels sur le pied de 1,200 francs le ballot, font 3,000,000 francs. Cette somme est la moitié du commerce total, estimé chaque année 6,000,000 francs d’entrée. Les autres objets sont les mêmes qu’à Constantinople.

Le principal article des retours est le coton en laine. Le pays en rend par an 42 à 44,000 balles, dont 12 à 13,000 passent en France, 5,000 en Italie, 8,000 en Hollande, 3,000 en Angleterre, et le reste demeure dans le pays. On tire aussi des laines et poils de chèvre d’Angora; des laines de chevron, enlevées presque toutes par les étrangers. Ces retours, y compris les commissions données de Constantinople, excèdent les envois au moins d’un tiers. Les fonds restants servent à faire des entreprises pour aller charger des huiles à Metelin, ou pour la traite de blé au Volo, au golfe de Cassandre, à Sanderly, à Menemen, à Mosrouissi, etc., que l’on paye en sequins ou en piastres turkes. En outre on en paye les lettres de change comme à Constantinople. On tire rarement des lettres de change sur d’autre échelle que sur ces deux. Mais Smyrne doit être regardée comme la plus forte du Levant.

Salonique et ses dépendances

Cette échelle où se verse toute la Macédoine, devient de jour en jour plus importante, parce que ses marchandises commencent à pénétrer en Albanie, Dalmatie, Bosnie, Bulgarie, Valakie et Moldavie. La consommation va de 1000 à 1200 ballots de draps, et dans les quatre années de paix de 1770 à 1773, elle surpassait ce nombre. Les autres objets sont en proportion. On en tirait autrefois des lingots d’or: le fonds des retours est en laine, coton, blé, cuir, tabac, soie, éponges fines, manteaux de laine, graine de vermillon, alun, cire, anis et huile.

A douze lieues de Salonique, la Cavalle est un entrepôt où se rendent d’abord la plupart de ces marchandises. Le temps de la consommation est celui des foires établies en divers lieux; il y en a une à Selminia, à douze journées de chameau de Salonique, au mois de mai (v. st.); une autre à Ouzourkouva, en septembre; et une à Deglia en octobre, à deux journées de Salonique. A ces époques, les Arméniens qui sont les marchands du pays, se fournissent et vont faire leurs ventes.

On porte les consommations de cette échelle et de la Cavalle, en temps de paix, à 3,000,000 fr.; les retours à 3,500,000 fr.; et il reste quelques fonds employés parfois en lettres de change.

Morée et dépendances

Le commerce de cette contrée diminue chaque jour, parce que les troubles survenus depuis quelques années, et les ravages journaliers des Albanais, en détruisant les récoltes, diminuent les moyens de consommer. Les échelles sont Tripolitza, Naples de Romanie, Coron, Modon, Patras, Oustiche et Corinthe. Les envois sont de gros draps, des bonnets, quelque peu de cochenille, d’indigo, de café, et surtout beaucoup de sequins de Venise. On retire de l’huile et du blé à bon marché. Les envois ne se montent pas à plus de 400,000 francs, et les retraits passent 1,000,000 fr.

La Canée et dépendances

Ce commerce ressemble au précédent; l’huile et quelque peu de cire sont les seuls produits de Candie. On les achète en espèces, soit piastres turkes, soit dahlers d’Empire. On exporte peu d’objets manufacturés. Ils ne montent pas à 4,000,000 fr. par an, et les retraits passent 700,000 fr.

Satalie et la Caramanie

Satalie n’a pu soutenir d’établissements réguliers. On n’y fait le commerce que par des traites passagères, qui rendent de la soie et du coton. Elles se font par des capitaines partis de Smyrne ou de Cypre, qui y portent de l’argent. Ce commerce ne vaut pas 100,000 fr.

Cypre

Les pachas, en ruinant Cypre, en ont détruit le commerce. Cette île est du nombre des Melkanes, ou fiefs particuliers et à vie, qui sont toujours opprimés. Elle sert d’entrepôt ou de point de réunion pour la Syrie et pour l’Égypte, et ce point est assez important en temps de guerre. La consommation peut aller à 80 ballots de draps. Les villes sont Larneca, Nicosia, Famagouste. Il y règne une industrie qui met en œuvre presque toute la soie et le coton; mais elle est contrariée par les avanies journalières imposées sur les ouvriers. On porte les envois à 300,000 fr., et les retours à 500,000 fr.

Alexandrette et Alep

Alep est un des centres de commerce de tous les pays circonvoisins jusqu’en Perse. Les caravanes de ce royaume viennent à Alep deux fois par an apporter des soies, des mousselines, des laines, de la rhubarbe, des drogues; et elles remportent nos draps, de la cochenille, de l’indigo et du café des Antilles. Jadis toutes les caravanes de Perse venaient à ce marché; mais les troubles les ont portées à Arzroum.

Il y a à Alep, à Diarbekr et dans leurs environs, beaucoup de fabriques de toile et d’étoffe qui nous consomment des couleurs, comme l’indigo, la cochenille, etc. L’on porte par an à Alep 1,000 ballots de draps. L’envoi total se monte à 2,500,000 fr.; les retraits à 2,600,000 fr., et l’excédant est payé à Constantinople en lettres de change.

Tripoli de Syrie

Le commerce de Tripoli consiste presque tout en soie rude, propre au galon. Ce commerce est extrêmement variable; quelquefois l’échelle tire beaucoup et rend peu, et vice versâ; le terme moyen d’envoi s’estime à 400,000 fr., et le retrait à 500,000 fr.: les Maronites et le pays de Hama tirent de Tripoli.

Saide, Acre et dépendances

Les dépendances de Saide sont Sour (Tyr) et les villes de Palestine, telles que Ramlé, Jérusalem, Loudd, Magedal, etc. Ce département est un des plus importants; il consomme 8 à 900 ballots de draps. Il paie en coton cru et en coton filé. Les Français y sont sans concurrents. A Saide, ils ont un ou plusieurs préposés qui achètent tous les lundis ou mardis le coton filé; à Acre, ils ont voulu faire cette même ligue; mais le pacha a accaparé tous les cotons, a fait défense d’en vendre, et est devenu le seul maître; et comme les négociants avaient besoin d’objets de retour, il a taxé le quintal de coton à dix piastres de droits. Les envois pour Saide et Acre se montent à 1,500,000 fr., et les retraits à 1,800,000 fr.

L’Égypte

Alexandrie est le seul port où il y ait un comptoir. Damiette n’a que des facteurs. Rosette est un entrepôt, et le Kaire est le grand lieu de consommation.

L’Égypte consomme beaucoup de draps, de cochenille, d’épiceries, de fer, d’alquifoux et de liqueurs: on fait passer aussi beaucoup de ces draps et de la cochenille à Djedda, ainsi que des sequins de Venise et des dahlers.

La nation française et son consul ont quitté le Kaire depuis 1777. Il est cependant resté quelques facteurs sous leur propre garantie; on leur passe 10,000 fr. par an, pour leurs avanies.

Damiette est une mauvaise rade: on y charge du riz en fraude, en simulant un retour pour un port de Turkie. On en tire dix à douze chargements pour l’Europe par an.

(L’auteur du mémoire ne dit rien des retours d’Égypte; ils consistent en café Moka, en toiles grossières de coton pour vêtir les noirs des Antilles, en safranon, en casse, séné, etc.)

Le commerce d’Égypte a des hausses et des baisses considérables. On estime l’envoi moyen à 2,500,000 fr., et le retour à 3,000,000 fr.

Barbarie, Tripoli

Le gouvernement vexatoire et anarchique de Tripoli empêche d’y faire tout le commerce dont la fertilité du pays le rend susceptible. Les Arabes tiennent la campagne et la dévastent. Les caravanes du Faizan et du Mourzouq arrivent deux fois par an à Tripoli, et y apportent des noirs mâles et femelles, de la poudre d’or, des dents d’éléphants et quelques autres articles. Les Français ont tenté d’y faire des établissements; mais la mauvaise foi des habitants, en les frustrant de leur paiement, les a forcés d’y renoncer. On n’y commerce que par les bâtiments caravanes (c’est-à-dire caboteurs), qui y portent de gros draps, des clincailles, des étoffes de soie, des liqueurs pour environ 50,000 fr. Ils retirent du blé, de l’orge, des légumes, du séné, des dattes et la barille, pour 70,000 fr.

Tunis

Les Tunisiens, ci-devant corsaires, se sont depuis 50 ans entièrement tournés vers le commerce par la bonne politique de leurs beks qui ont protégé les commerçants et banni toute vexation.

Ce pays produit du blé, des légumes, de l’huile, de la cire, des laines, des cuirs, des cendres, le tout en abondance.

On y porte les mêmes marchandises qu’au Levant, avec de la laine d’Espagne, du vermillon, etc.

Tunis a une fabrique de bonnets, qui jadis fournissait toute la Turkie; mais les nôtres sont entrés en une concurrence qui lui a porté coup.

Le commerce total des Français en ce pays se monte en envois à 1,500,000 fr., et en retraits à 1,600,000 fr. Les facteurs se plaignent que les naturels empiètent sur leur industrie, en traitant directement avec Marseille, où il en passe un assez grand nombre sur nos bâtiments.

La Calle, Bone et le Collo, concessions faites à la compagnie d’Afrique

Le commerce de ces trois comptoirs est exploité par une compagnie qui fut créée par édit, en février 1741; son capital fut fixé à 1,200,000 fr., divisé en douze cents actions, chacune de 1,000 fr., dont la chambre de commerce de Marseille acquit le quart. Cette compagnie fut subrogée à perpétuité à celle qui avait été créée en 1730 pour faire la traite du blé pendant dix ans. En conséquence des rétrocessions, délaissement et transport de la compagnie des Indes pour cette partie, la compagnie d’Afrique paie au divan (conseil du dey) d’Alger, à celui de Bone et du Collo, et aux Arabes voisins de la Calle, des redevances convenues par traité en 1694, entre une autre compagnie et le divan d’Alger.

Elle entretient dans ses comptoirs environ 300 personnes, officiers, soldats, pêcheurs de corail, et ouvriers. Le gouverneur de la Calle est l’inspecteur général.

L’aliment de ce commerce est uniquement en piastres d’Espagne que la compagnie réduit à des pieds déterminés: elle retire du blé, des laines, de la cire et des cuirs. Pour effectuer ces retraits elle a besoin d’intrigues perpétuelles auprès de la régence d’Alger qui la rançonne et lui fait acheter des permissions, même pour la provision des comptoirs, convenue à 2,000 charges de blé.

Un article de retrait important, est le corail que l’on pêche dans la mer adjacente; la compagnie le paie à ses patrons de barque, une somme convenue par livre. Ce corail sert à acheter des esclaves noirs en Guinée, et par conséquent, il favorise la culture de nos îles à sucre. On en porte aussi à la Chine et dans l’Inde. On en a tenté la pêche dans la mer de Bizerte; mais malgré la concession du bey de Tunis, les Trapanais et les Napolitains, qui l’ont faite avant nous, sont venus en armes nous troubler.

Le commerce de la compagnie varie beaucoup; mais on peut l’évaluer au terme moyen de 8 à 900,000 fr. en envois, et de 1,000,000 francs en retraits.

Alger

Le commerce d’Alger, bien moindre que celui de Tunis, a cependant de grands moyens de s’élever, vu la richesse du sol. Depuis quelque temps même, l’industrie des habitants s’éveille, et l’on en voit beaucoup venir trafiquer à Marseille. Nous avions, ci-devant, trois établissements à Alger: la concurrence des Juifs en a fait tomber deux.

Les objets d’envoi sont comme pour tout le Levant: on peut les estimer à 100,000 francs, sans compter les piastres d’Espagne. Les retours, qui sont de l’espèce de ceux de Tunis, se montent à 300,000 fr.


Dans les registres, depuis 1776 jusqu’en 1782, les résultats ont été très-différents; mais il faut observer que cet espace a compris cinq ans de guerre, où l’on éprouve toujours de grandes réductions.

La chambre de commerce a pris pour base de ses calculs les draps, parce qu’il est de fait que leur valeur égale presque celle de tous les autres objets réunis; or, l’on trouve par an entre sept et huit mille ballots d’envoi. De 1762 à 1772, c’est-à-dire, en dix ans de paix on trouve un terme moyen de sept mille ballots. En les évaluant à 1,200 fr. chacun, ce qui est le prix moyen de toutes les qualités, on a 9,600,000 fr. par an. Or, le reste étant égal, il résulte un total de 19,200,000 fr.; mais il y a d’ailleurs de la contrebande et un moins valu dans les déclarations aux douanes: en sorte qu’il faut ajouter 3 ou 4 millions, et compter sur un total de 23 millions.

On peut aussi calculer ce commerce à raison des maisons des facteurs: elles sont au nombre de 78 en Levant, savoir:



En supposant que chacune, terme moyen, fasse pour 100,000 écus d’affaires, l’on a un peu plus de 23 millions.

Quant aux retours, obligés comme ils le sont de passer aux infirmeries où rien n’échappe, on est certain de leur quantité. Les dix années de 1762 à 1772 ont rendu, terme moyen, 26 millions.

Espèces étrangères portées en Levant

Nous avons plusieurs fois parlé des espèces monnayées que l’on porte aussi en Levant, telles que les piastres d’Espagne, les sequins de Venise, les dahlers d’Allemagne, etc. Leur valeur et leur quantité varient beaucoup. Autrefois on apportait à Marseille une quantité étonnante de sequins turks. En 1773 et 1774, cette place étant dans une crise de banqueroute, les négociants retirèrent des sommes considérables en monnaie turke que l’on fondit; ensuite on a renvoyé des monnaies d’Europe pour près de 4 millions par an. Mais depuis 1781, on n’y en porte plus, et elles y ont en même temps disparu, parce qu’on les fond à Constantinople. La prohibition de l’Espagne, pour ses piastres, ou plutôt sa refonte, les a fait disparaître de Marseille. D’ailleurs, cet envoi ne convient plus, parce que l’échange est à perte. Les Turks ont altéré leur monnaie de près d’un quart. Les denrées y ont renchéri au point qu’elles coûtent vingt-cinq pour cent plus que par le passé. Les grands et les riches ont enfoui leur or. Cependant on croit approcher de la vérité, en supposant actuellement nos envois en monnaie valoir 1,000,000.

Lingots et matières d’or

Ce commerce n’a eu lieu qu’un instant. Il fut occasioné par l’édit de Mustapha, qui décria les sequins altérés par les Juifs, et en ordonna la refonte: comme le prix qu’offrait la monnaie se trouva plus faible que le cours de France, nos négociants en donnèrent un plus avantageux, qui attira une quantité de matières, sans que le gouvernement eût l’attention de s’y opposer. Cela fit en même temps sortir de terre beaucoup d’or enfoui. (La différence de l’argent à l’or se trouva de cinq à six pour cent de bénéfice.) En outre, la guerre des Russes ayant répandu la misère dans la Grèce, les habitants fondirent leurs bijoux, sans compter quelque peu d’or que roulent des rivières d’Albanie.

Lettres de change.

Il est impossible de les évaluer. Il arrive souvent que Marseille tire des lettres de change du Levant sur l’Angleterre, la Hollande et l’Allemagne: ce qui prouve que ces nations retirent bien plus de marchandises qu’elles n’en envoient; pendant que celles que nous y portons ne comprenant pas toute la valeur des nôtres, nous avons recours à ces étrangers pour faire la balance.



Navigation du Levant.

Il part de Marseille, année commune, deux cents bâtiments pour la Barbarie et la Turkie, sans compter ceux de la compagnie d’Afrique; plusieurs font deux voyages; ce qui engage à porter le nombre par année à 350. Depuis 1764 jusqu’en 1773, inclusivement, il en est parti 2662, qui font par an 266; mais on n’y compte point les navires chargés de denrées qui font quarantaine à Toulon. Le temps de la dernière guerre ne peut servir de règle. De là il résulte que ce commerce nous soudoie 4,000 matelots à 12 par navire; mais il y a ici un emploi double de quelques voyageurs.

Caravane

La caravane ou cabotage côtier, est une branche d’industrie précieuse en ce que, devenant les voituriers des Turks et de leurs marchandises, nous retirons sans aucun risque le salaire et l’entretien de nos bâtiments et de nos matelots. Elle se fait par salaire ou par portion. Dans le premier cas, le propriétaire, moyennant le salaire de l’équipage, a tout le gain ou la perte; dans l’autre cas, les frais étant prélevés, l’on partage le bénéfice. La guerre de 1756 en faisant tomber notre navigation en fit passer l’avantage aux Ragusais, qui purent mettre en mer jusqu’à cent navires caravaneurs; mais la guerre de 1769 nous a rendu la supériorité. On estime à cent cinquante voiles les caravaneurs qui partent soit de Marseille, soit d’Agde, des Martigues, de la Ciotat ou d’Antibes; ils sont expédiés pour deux ans; en supposant qu’il en rentre cent par an avec chacun 20,000 fr. de profit, c’est un total de 2,000,000.

Le fret

Le fret ne peut être compté dans les bénéfices du commerce, parce qu’il est englobé dans le prix des marchandises. On peut le porter à 1,728,000 fr.; il n’y a de remboursé que celui dont les objets repassent en vente à l’étranger.

Marchandises du Levant reportées chez l’étranger

Pendant 1781 et 1782, il est parti de Marseille en transit pour Genève, la Suisse, etc., quatre mille cinq cent vingt-deux balles de coton en laine, pesant un million cinq cent quatre-vingt-trois mille sept cent vingt-huit livres; plus, six cent dix-sept balles de cotons filés ou teints, pesant cent quarante-huit mille livres; et cent cinq balles de laine pesant cinquante-deux mille cinq cent soixante-deux livres; en sorte qu’en évaluant le coton en laine à 85 fr. le quintal, le coton filé à 135, et les laines à 60, il en résulte pour les deux ans une somme de 1,576,595 livres tournois, ou 788,297 fr. par an; mais ces deux années ne peuvent servir de terme général de comparaison.

Commerce des autres Européens en Levant

Tout ce que l’on peut dire sur ce sujet, c’est que les Hollandais font un commerce équivalent à peu près au quart du volume du nôtre, pour lequel ils n’envoient pas à beaucoup près un équivalent de marchandises. Les Anglais et les Vénitiens réunis, peuvent faire un autre quart; ainsi les Français font les quatre huitièmes, les Hollandais deux, et les Anglais et Vénitiens chacun un.


Récapitulation des exportations de Marseille, en Levant et en Barbarie, pendant l’année 1784.



Récapitulation des importations de Levant et de Barbarie, à Marseille, pendant l’année 1784.


Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
30 haziran 2018
Hacim:
391 s. 20 illüstrasyon
Telif hakkı:
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