Kitabı oku: «Tableau du climat et du sol des États-Unis d'Amérique», sayfa 11
Cependant je conviens que le retour constant de l’un de ces ouragans à l’époque du 10 au 20 octobre, tient à quelque circonstance particulière et déterminée. Je crois la voir dans le changement général que le passage du soleil à l’équateur opère alors dans la totalité de l’atmosphère. Tandis que cet astre s’était tenu au nord de la ligne, et surtout dans le voisinage du tropique du cancer, ses rayons appliqués sur le continent septentrional, en y excitant de vives chaleurs, y établissaient un foyer d’aspiration vers lequel se dirigeaient tous les courants de l’air; en sorte que l’atmosphère de la zone même du tropique se reversait jusque vers le cercle polaire, et y restreignait l’empire et les limites des vents froids du nord… Lorsqu’au contraire le soleil a repassé la ligne, précisément vingt à vingt-cinq jours après vers la mi-octobre, il se trouve perpendiculaire au plus grand diamètre de l’Amérique méridionale: dans cette situation, échauffant ce vaste continent sur sa plus large surface, il y établit un autre foyer d’aspiration qui attire vers lui un volume immense d’air dont il a besoin, et qui détourne ainsi à une grande distance, les courants de l’air, ou vents, de leur direction antérieure: alors l’atmosphère boréale a la faculté de se reverser jusqu’au tropique du cancer; et de là le repli et la retraite des vents alisés d’est, qui se rapprochent de l’équateur jusqu’au 20 et même jusqu’au 18e degré; de là ces vents périodiques de nord-est, qui de l’atlantique affluent sur la Guyane depuis décembre jusqu’en mars et avril, quand le soleil est sur le Paraguay, et qui, après avoir versé leur excessive humidité sur cette Guyane, continuent leur route par-dessus le continent vers les Andes; de là ces vents de la partie de nord qui, à dater d’octobre, se montrent plus fréquents sur le golfe de Mexique, et arrivent jusqu’à l’isthme de la mer Pacifique. Le passage du soleil au sud de l’équateur est donc un moment de secousse qui ébranle à la fois l’atmosphère de l’une et de l’autre zone polaire. Au premier instant où se fait l’un de ces reversements, l’air du golfe mexicain venant tout à coup à se porter vers le sud, il en résulte un vide immense dans lequel se reverse à son tour l’atmosphère du bassin de Mississipi; et si l’on considère que la durée d’environ douze heures qu’affectent les ouragans du lac Érié, et en général de ces contrées, est à peu près un temps proportionnel à l’espace qui doit être parcouru et comblé, l’on regardera comme d’autant plus probable la cause que je leur attribue.
Les vides par détonation me paraissent aussi le seul moyen d’expliquer ces grêles incompréhensibles, où, contre toutes les lois de la pesanteur, l’on voit descendre du haut de l’air des glaçons de plusieurs livres108. L’explosion électrique ayant subitement purgé de calorique et condensé un volume immense de vapeurs, l’air glacial de la haute région fond tout à coup dans le vide, comprime l’eau qu’il gèle en même temps, et par cette même force d’élan qui arrache les arbres et renverse les édifices, il saisit et transporte les masses glacées dans la région de l’air; aussi ne voit-on jamais de grêle sans vent plus ou moins violent, et l’on peut même dire que la force du vent est toujours proportionnée à leur grosseur.
Un mécanisme semblable peut encore expliquer les trombes, qui sont des tourbillons de vent et d’eau que l’on voit ordinairement en temps orageux et calmes, et toujours nuageux, se promener ou plutôt courir sur la mer, quelquefois sur la terre, en forme de cône renversé, ayant sa base dans les nuages, tandis que sa pointe, en forme de spirale, verse en bas un torrent d’eau qui a quelquefois submergé des vaisseaux. L’on a cru d’abord, par comparaison aux jets d’eau, que les trombes étaient un effet des volcans sous-marins qui les lançaient, pour ainsi dire, comme les baleines lancent des fusées d’eau par leurs évents. Sans doute il est possible que de tels cas soient arrivés; et alors le jet d’eau a dû être stationnaire et très-considérable: mais les trombes dont il s’agit, étant mobiles, errantes, et même rapides dans leur course comme dans leur tournoiement, il faut leur reconnaître une cause toute différente: il paraît que par suite de l’état orageux de l’air, et de quelques détonations imparfaites, il se fait dans la région moyenne de l’atmosphère des vides moins étendus ou moins subits, dans lesquels les nuages sont néanmoins entraînés par l’air qui y afflue; quelque couche d’air plus froide que les autres condensant ces nuages, comme fait la goutte d’eau froide dans la pompe à feu, il s’y établit un mouvement de dissolution, et de résolution en pluie; mais, soit parce que la couche inférieure résiste par sa densité ou par sa chaleur, soit parce que le tourbillonnement de l’air maîtrise et tient à demi suspendue l’eau qui veut tomber, les divers filets de cette pluie finissent par se rassembler inférieurement en un même faisceau, et cette masse prend la forme d’un entonnoir qui a sa bouche dans la nue en dissolution, et sa pointe sur la mer où se fait le versement de l’eau rendue à son poids naturel. Cette forme de cône ou d’entonnoir a exactement la même cause mécanique, quoiqu’en sens inverse, que les flammes des grands incendies dont les défrichements offrent de fréquents exemples aux États-Unis: lorsqu’on y déboise un terrain pour le cultiver, on rassemble les arbres abattus en un seul monceau au milieu du champ devenu libre, afin de les mieux brûler, et de ne pas communiquer le feu aux arbres qui entourent encore de toutes parts: l’on allume l’énorme bûcher, qui couvre quelquefois un arpent entier, et quand les flammes l’ont saisi de tous côtés, l’on remarque qu’elles ne montent pas perpendiculairement chacune à elle même, mais que toutes se courbent et vont se rassembler en un faisceau au centre du bûcher, où elles s’élèvent en cône droit ou en entonnoir renversé dont la pointe s’élance dans l’air, toujours avec ce mouvement de tourbillon et de spirale qui a lieu en sens inverse dans le cône de la trombe: de tous les points de la circonférence, l’air afflue et se porte également au centre du brasier, auquel il porte l’aliment: la seule différence entre ces deux opérations, est que dans la trombe c’est un liquide pesant qui gravite, tandis que dans l’incendie, c’est un fluide essentiellement léger qui s’élève; tous les deux réunissant leurs parties pour percer plus facilement l’obstacle qui les presse, et dont la pression cause la forme spirale, et tous les deux se versant à leur manière, l’un en bas et l’autre en l’air.
Il serait possible aussi que la trombe fût occasionée par le frottement de deux courants d’air en sens opposés, puisque ce frottement serait une cause efficace du mouvement tourbillonnaire; il suffirait que l’un des deux fût plus frais que l’autre pour faire entrer ses nuages en dissolution: mais tous les autres effets et termes de comparaison n’en restent pas moins les mêmes.
Résumant les faits énoncés dans le cours de ce long article, je pense avoir clairement démontré que le vent de sud-ouest aux États-Unis, n’est autre chose que le vent alisé des tropiques dévié et modifié, et que par conséquent l’atmosphère du pays d’ouest n’est autre chose que l’atmosphère du golfe de Mexique, et primitivement de la mer des Antilles, transportée sur le Kentucky: de cette donnée découle une solution simple et naturelle du problème, qui au premier aspect a pu paraître embarrassant, savoir: pourquoi la température du pays d’ouest est plus chaude de 3 degrés de latitude que celle de la côte atlantique, avec la seule séparation de la chaîne des Alleghanys: les raisons en sont si palpables, que ce seroit fatiguer le lecteur que d’y insister: une autre conséquence de cette donnée est que le vent de sud-ouest étant la cause d’une température plus élevée, il en étendra d’autant plus la sphère qu’il aura plus de facilité à pénétrer dans le pays; et de là un présage favorable aux contrées situées sur son passage et sous son influence, c’est-à-dire aux pays voisins des lacs Érié et Ontario, et même à tout le bassin du fleuve Saint-Laurent, dans lequel le sud-ouest pénètre. L’on peut espérer de ce côté une amélioration de climat plus prompte, plus sensible que dans des parties beaucoup plus méridionales de l’autre côté des monts: or, cette amélioration arrivera à mesure que l’on abattra les forêts qui ferment le passage au fleuve aérien.—Et déja cette cause a commencé de produire ses effets, puisque depuis les premiers temps de la colonie du Canada, les époques de la clôture du fleuve par les glaces ont retardé de près d’un mois, et qu’au lieu d’assurer les vaisseaux sous la condition d’être sortis à la fin de novembre, comme il étoit spécifié au commencement du siècle dernier, la clause actuelle d’assurance n’a plus lieu que pour le vingt-cinq décembre, ou jour de Noël: malheureusement de plus grandes espérances à cet égard sont fortement contrariées par le vent de nord-ouest dont il me reste à tracer l’histoire. Mais avant d’examiner le pour et le contre de cette question d’amélioration, je ne puis me dispenser de dire un mot d’un phénomène intimement lié au sujet que je quitte, et qui dans nos études géographiques ordinaires, n’occupe pas la place qu’il mérite: je veux parler du courant du golfe mexicain, très-bien connu des Anglais et des Américains sous le nom de Gulph-stream.
§ IV
Du courant du golfe de Mexique
Les effets de l’alisé du tropique ne se bornent pas à entasser l’air dans le golfe du Mexique: à force de souffler depuis les côtes d’Afrique vers celles d’Amérique, et de pousser les flots dans un même sens sur une ligne de douze cents lieues de longueur, le vent d’est finit par amonceler les eaux dans le cul-de-sac formé par les rivages du Mexique et de la Louisiane; il est fâcheux que nous n’ayons pas à cet égard des données précises de hauteur, et que le gouvernement espagnol, qui s’est quelquefois occupé de la communication des deux mers par l’isthme de Panama, n’ait pas fait mesurer leurs niveaux respectifs; mais je n’en assurerai pas moins avec confiance que les eaux du golfe de Mexique sont effectivement élevées de plusieurs pieds au-dessus de l’espace qu’elles laissent derrière elles, même à partir des Antilles, et davantage encore au-dessus de l’océan Pacifique qui est de l’autre côté. Je me fonde sur l’analogie de ce qui arrive dans la Méditerranée et dans les lacs et les étangs d’une certaine étendue, où les vents qui soufflent deux ou trois jours du même point occasionent à l’extrémité opposée une espèce de reflux de deux ou trois pieds de hauteur perpendiculaire: cet effet est sensible dans le port de Marseille, dont j’ai vu les eaux monter jusqu’à 28 pouces par les vents d’est; et il a lieu en inverse par les vents d’ouest et de sud-ouest sur les côtes de Syrie et d’Égypte, où les ingénieurs français ont trouvé jusqu’à 31 pouces de variation. J’oserais assurer que dans le cas présent leur élévation est beaucoup plus considérable à raison de la puissance et de la continuité de la cause efficiente; et lorsque je considère que ces mêmes ingénieurs français ont constaté que la mer Rouge à Suez est élevée d’environ 28 pieds au-dessus de la Méditerranée à Peluse109, je suis porté à croire que quelque chose de semblable a lieu dans le golfe de Mexique relativement à la côte de l’océan Pacifique, et à celle des États-Unis. Mais, me dira-t-on, admettant un excédant quelconque de niveau, il faut bien néanmoins que l’équilibre du liquide se rétablisse de quelque côté.—Oui, sans doute, il le faut; or, cela ne se peut par le canal entre Youcatan et Cuba, attendu que le double courant de l’air et de la mer arrive de ce côté dans toute sa force. La surabondance des eaux n’a donc de ressource et d’issue que par le canal de Bahama: et en effet, c’est de cet autre côté que les eaux, après avoir tournoyé sur les rivages du Mexique, de la Louisiane et de la Floride, s’échappent à la pointe de la presqu’île, sous la précaution et l’abri de la terre de Cuba et des nombreux écueils et îles Lucayes, qui de ce côté rompent les efforts de l’Océan et le cours du vent alisé. La rapidité du courant de ces eaux dans le canal de Bahama, en même temps qu’elle est un fait trop connu pour y insister, devient une preuve de l’élévation de leur source dans le golfe. Au sortir du canal, elles conservent dans l’Océan un caractère très-distinct, non-seulement par la vitesse de leur courant qui est de 4 et 5 milles à l’heure, c’est-à-dire plus vif que la Seine; mais encore par leur couleur et par leur température, plus chaude de cinq à dix degrés (R.) que celle de l’Océan qu’elles traversent; cette espèce singulière de fleuve prolonge ainsi toute la côte des États-Unis avec une largeur variable que l’on estime, terme moyen, à 15 ou 16 lieues; et il ne perd sa force et ses caractères que vers le grand banc de Terre-Neuve, où il se dilate comme dans son embouchure alors dirigée vers le nord-est: il paraît que l’habile navigateur François Drake est le premier qui, dès la fin du 16e siècle, remarqua ses effets et devina sa cause; mais l’une des plus curieuses circonstances, celle de la température, lui échappa: ce ne fut que vers 1776 que le docteur Blagden, faisant des expériences sur la température de l’Océan à diverses profondeurs, trouva que vers le 31° de latitude nord à la hauteur du cap Fear, le thermomètre plongé dans l’eau, après avoir marqué 72° Fahrenheit (17¾ R.), vint tout à coup à marquer 78 (20½ R.), continua tel pendant plusieurs milles, et ensuite baissa graduellement à 16½, puis à 14⅔ R., en s’approchant, de la côte, quand la sonde prit fond et que l’eau devint olivâtre. Ce phénomène, alors nouveau, fit sensation en Angleterre, et Franklin, qui, dans la même année, venait en Europe et faisait les mêmes observations, lui donna encore plus de célébrité. Son neveu et compagnon de voyage, M. Jonathan Williams, a continué et multiplié les recherches sur ce sujet; et maintenant l’on peut établir comme théorie complète les faits suivants:
1º Le courant du golfe marque sa route depuis le canal de Bahama jusqu’au banc de Terre-Neuve.
2º Il côtoie les rivages des États-Unis à une distance que les vents rendent variable, mais qui, en terme moyen, s’estime à un degré ou vingt lieues.
3º A mesure qu’il s’éloigne de son origine, il dilate son volume et diminue sa vitesse.
4º Il paraît qu’au fond de l’Océan il s’est creusé un lit particulier très-profond; car les sondes y perdent terre ou deviennent tout à coup très-longues.
5º Il ronge la côte sud des États-Unis, malgré la résistance des écueils Hatteras qui le détournent vers l’est d’une pointe et demie de compas110, et il menace de les détruire eux-mêmes tôt ou tard. Les îles sableuses de Bahama, les atterrissements de même nature sur la côte du continent, les bas-fonds de Nantoket, paroissent n’être que des dépôts formés par lui; et je suis tenté de dire que les bancs de Terre-Neuve ne sont que la barre de l’embouchure de cet énorme fleuve marin.
6º Sur chacun de ses côtés il forme un eddy ou contre-courant qui, aidé du côté de terre par les fleuves du continent, arrête les dépôts vaseux qu’on nomme les sondes.
7º De longs vents de sud-ouest le rendent moins sensible, parce qu’ils poussent les flots dans son sens; mais les vents de nord-est, en le heurtant de front, le rendent plus saillant, et comme disent les marins, creusent tellement sa vague, que les navires à un seul pont et à haut bordage courent risque de sombrer sous les fortes lames qu’ils embarquent.
8º On entre sur son domaine quand on voit la couleur de l’eau devenir bleue-indigo au lieu de bleue-ciel qu’elle est en plein Océan, et de verdâtre ou olivâtre qu’elle est du côté de terre, sur les sondes de la côte. Cette eau vue dans un verre est sans couleur comme sous les tropiques, et d’une salure plus forte que l’eau de l’Atlantique qu’elle traverse.
9º Beaucoup d’herbes sur l’eau n’assurent pas de la présence du courant: elles en sont seulement l’indice.
10º L’on sent son atmosphère plus tiède que celle de l’Océan: en hiver, la gelée fond sur le pont du vaisseau qui y entre: l’on se trouve assoupi, et l’on étouffe de chaleur dans les entreponts.
Quelques expériences donneront des idées fixes de cette différence de température.
Au mois de décembre 1789, M. Jonathan Williams parti de la baie de Chesapeak, observa que le mercure marquait dans l’eau de l’Océan,

C’est-à-dire, une différence de 7° Réaumur, ou 16° Fahrenheit. En hiver, M. Williams avait trouvé 47° et 70°; différence 23° F. ou 10° de R.; donc en été la différence est moindre qu’en hiver; et cela devait être.
Ces recherches ont conduit à une autre découverte qui peut devenir utile aux navigateurs: à force d’essayer la température de l’Océan en des lieux divers, l’on s’est aperçu qu’elle était d’autant plus froide que l’eau avait moins de profondeur, et l’on en a tiré un double indice, tantôt de l’approche des terres et des rivages, tantôt du voisinage des écueils sous-marins. En juillet 1791, le même capitaine Billing observa que, trois jours avant de voir la côte de Portugal, le thermomètre avait baissé en peu d’heures de 65 F. (15 R.) à 60 (12⅔ R.), et cette différence arriva précisément sur la frontière de l’Océan sans fond, et de la mer sondable qui borde notre continent. M. Williams observa également au mois de novembre, dans un autre voyage, qu’à l’approche des côtes d’Angleterre le thermomètre tomba de 53 (9⅔) à 48 (7⅔); et il remarque avec le capitaine Billing, que, si en mer le thermomètre baisse subitement, c’est l’indication d’un écueil sous l’eau; soit parce que sous mer la terre serait plus froide que l’eau111, soit parce que l’effet refroidissant de l’évaporation se fait plus sentir dans les eaux minces que dans les eaux profondes.
Ce que je viens d’exposer de la marche du courant du golfe mexicain, devient un moyen satisfaisant d’expliquer deux incidents d’histoire naturelle, dignes de remarque, sur la côte des États-Unis.
1º Admettant, comme je l’ai avancé, que le courant est la cause des atterrissements qui bordent son lit, par l’abandon que son remous y fait des matières charriées, l’on trouve une raison naturelle et simple de la présence des produits fossiles du tropique à des latitudes très-avancées vers le nord. Il est très-probable que les bancs de coquilles pétrifiées, découvertes en fouillant et sondant les rivages d’Irlande112, et qui n’ont leurs analogues que vers les Antilles, doivent leur origine à cette cause ou à toute autre semblable; du moins son action jusqu’au delà du banc de Terre-Neuve est incontestable.
2º En considérant la dilatation du courant sur ce même banc de Terre-Neuve, comme l’embouchure de cette espèce de fleuve marin, l’on obtient encore une raison plausible de l’affluence des poissons-morues à cet endroit, et de leur prédilection pour ses eaux: car, en prolongeant toute la côte du continent depuis la Floride, le courant devient le véhicule de toutes les substances végétales et animales charriées et jetées en mer par les fleuves nombreux et volumineux des États-Unis; et ces matières légères, telles que poissons, insectes, vermisseaux, etc., ne cessant de flotter que là où l’eau amortit son cours, il est très-naturel que les morues qui s’en nourrissent se rassemblent au lieu de la subsidence ou du dépôt.
3º Enfin j’y vois l’explication des éternels brouillards qui affectent ce parage, et à qui l’on ne connaît pas de cause spéciale. En effet, le courant déposant là continuellement un volume d’eaux tropicales, dont la température est plus chaude de 4½ de R. ou 9 de F. que celle de la mer environnante, il en doit résulter le double effet d’une évaporation plus abondante, provoquée par la tiédeur de ces eaux exotiques, et d’une condensation plus étendue, à raison de la froideur des eaux indigènes et de leur atmosphère, qui précisément se trouve dans la direction et sous l’influence des vents du nord-est, et de ceux de la baie glaciale de Hudson… Mais il est temps de revenir à mon sujet dont je ne me suis cependant pas écarté, puisque parlant de courants en général, ceux des eaux ne sont pas une digression étrangère à ceux de l’air, qui en sont habituellement la cause motrice113.