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Kitabı oku: «Tableau du climat et du sol des États-Unis d'Amérique», sayfa 4

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§ II

Région des grès

Ces grès de Catskill forment le caractère distinctif de la 2e région ou nature de sol, laquelle comprend tout le pays montueux de Blue-ridge, d’Alleghany, de Laurel-hill; les sources du grand Kanhawa; le nœud ou arc de l’Alleghany, et en général toute sa chaîne au sud jusqu’à l’angle de la Géorgie et à l’Apalache: je perds sa trace à l’ouest dans l’État de Tennessee et dans le chaînon de Cumberland; et je ne puis assigner sa contiguité à la région calcaire avec précision: dans le nord et le nord-est, ses limites paraissent être les sources de la Susquehannah, même celles des lacs de Génésee, et généralement la rive droite de la Mohawk et de l’Hudson. M. le docteur Smith-Barton, de Philadelphie, qui, au retour d’un voyage à Niagara, en 1797, traversa toute la Haute-Pensylvanie, ne cessa de voir les grès depuis Tyuga jusqu’à 9 milles avant Nazareth. M. Guillemard, dans sa route de Philadelphie à Pittsburg par Sunbury, ne les a quittés qu’à l’ouest de l’Alleghany (qui dans le canton est appelé Blue-hill), en exceptant néanmoins quelques vallées calcaires, dont je parlerai45: enfin, dans la Virginie, depuis Charlotte-ville jusqu’à la rivière Gauley, je les ai moi-même trouvés abondants sur les 10 ou 12 chaînons successifs que j’ai traversés, en exceptant aussi les vallées calcaires de Staunton et de Greenbrïar. Quelquefois ces grès admettent le mélange du quartz blanc laiteux, appelé pierre à flèche, que j’ai trouvé abondant sur Blue-ridge, en allant de Frederick-town à Harper’s-ferry; et quelquefois aussi du quartz gris qui est le noyau de Blue-ridge, à là brèche que lui a faite le Potômac sous Harper’s-ferry; quelques-uns des rocs de cette brèche se trouvent être de granit; mais ils sont en petit nombre.

Ces montagnes de grès ne sont pas aussi nues que cette nature de pierre pourrait le faire penser. J’ai trouvé leurs plus hautes cimes en Virginie, entre les rivières de Greenbrïar et de Gauley, couvertes de beaux arbres et d’herbes hautes et vivaces, végétant dans l’excellent terreau noir kentuckois, qui est le caractère distinctif du pays d’Ouest. La région élevée qui s’étend au-dessus du fort Cumberland par-delà les sources du Potômac jusqu’à celles de l’Yohogany, et qui est connue sous le nom de Greenglades, est une véritable Suisse très-riche en pâturages, dont la vigueur est entretenue pendant tout l’été par des nuages, des brouillards et des pluies fines qui, à cette époque, manquent dans la plaine. Ce bienfait est dû à l’élévation d’environ 700 mètres, que nous avons ci-devant reconnue à ce local: il faut néanmoins ne pas étendre ces avantages aux chaînons de Gauley et Laurel-hill, qui sont rocailleux et secs. Le géographe Évans n’évalue leurs parties cultivables qu’à un 10e du tout; et ses nombreux arpentages donnent à son opinion une autorité prépondérante. Ces portions cultivables ne se trouvent que dans les vallées qui, là comme ailleurs, enrichies des terres roulées des montagnes, sont généralement les plus productives.

Du côté du nord-ouest, c’est-à-dire du côté des lacs de Génésee, d’Ontario et d’Érié, les grès se terminent à une région de schistes ardoisins et de marne bleue très-considérable, puisqu’elle paraît former le lit de ces lacs, ainsi que l’attestent les sondes et les pierres du fond et des rives; elle s’étend même jusque sur les lits de charbon de la Pensylvanie occidentale. Cette marne est pleine de coquilles fossiles. On retrouve les bancs de ces schistes à Niagara, et, comme je l’ai dit, tout le long du Saint-Laurent jusqu’à Québec. Nous avons vu qu’ils pavent aussi en grande partie le lit supérieur de l’Hudson; ce sont là leurs plus grands domaines connus: on ne les aperçoit ailleurs que par petits espaces.

Hors de cette vaste région des grès que je viens de décrire, l’on peut citer quelques cantons de la même nature épars dans les contrées granitiques et calcaires; mais ils y sont à leur tour dans des cas d’exception; tel est celui du canton de Worcester en Massachusets, le plus considérable de cette espèce qui me soit connu. L’on ne peut l’assigner à l’Alleghany, à moins que l’on ne prouve sa continuité à travers les rivières et les pays de Hudson et de Connecticut.

§ III

Région calcaire

La troisième région, celle des terres calcaires, embrasse la totalité des pays d’Ouest ou Back-country, situés au couchant des Alleghanys, et se prolonge, selon la remarque de M. Mackenzie (citée page 45), dans le nord-ouest, à travers les rivières et les lacs jusqu’aux sources de la Saskatchawine et à la chaîne des monts Chipawas. Tout ce qui m’est connu de ce pays, depuis le Tennessee jusqu’au Saint-Laurent, entre les montagnes et le Mississipi, a pour noyau un immense banc de pierres calcaires, disposé presque horizontalement, par lames ou feuillets d’un ou plusieurs pouces d’épaisseur, d’un grain uni, serré, généralement gris; dans le nord, cette pierre calcaire est de l’espèce cristallisée, dite calcaire primitif. Ce banc porte immédiatement une couche tantôt d’argile, tantôt de gravier, et par-dessus elle, à surface de terre, une couche d’excellent terreau noir, laquelle est plus épaisse dans les bas-fonds où elle a jusqu’à 15 pieds, et plus mince sur les ondulations et hauteurs où elle n’a quelquefois que 6 à 8 pouces. Cette circonstance, de même que le feuilletage du banc, attestent évidemment un travail antérieur des eaux de l’Océan.

Dans le pays de Pittsburg, sur l’Ohio, dans le canton de Greenbrïar, sur le Kanhawa, et dans tout le Kentucky, la sonde manifeste ce banc fondamental: je l’ai vu à nu dans le lit de toutes les rivières et de tous les ruisseaux du Kentucky, depuis le Kanhawa jusqu’aux Falls ou Rapides d’Ohio, près Louisville. Sur la route de Cincinnati jusqu’au lac Érié, je l’ai trouvé servant de plancher à tout le lit de la Rivière-aux-glaises et du Miami du lac Érié; il paraît que ce lac est assis sur un fond de schiste noirâtre, mais parmi ses échantillons, l’on trouve beaucoup de calcaire. C’est encore un banc calcaire qui porte le Saint-Laurent à la chute de Niagara, et qui de là se prolongeant dans le Génésee, semble accompagner le lit du Saint-Laurent jusqu’à Québec. Il est vrai que dans toute cette partie du nord, le calcaire est de l’espèce dite calcaire primitif et cristallisé, comme me l’ont indiqué des échantillons que les colons de Génésee tirent en perçant leurs puits.

Ce sont les dislocations et les fractures de ces bancs qui causent les entonnoirs et gouffres dont j’ai parlé (chap. III, § Ier), où se perdent les eaux des pluies et même des rivières. J’en ai vu des exemples curieux à Greenbrïar, en Virginie, et à Sinking-spring en Génésee, où une source se montre au fond d’un entonnoir, et immédiatement à six pieds de là se replonge sous terre: ce sont aussi ces cours d’eaux souterraines qui produisent les vents de quelques cavernes, telle que celle citée par M. Jefferson, dans le chaînon de Calf-pasture46.

Depuis Louisville jusqu’à la rivière47 blanche, où il finit brusquement, j’ai encore trouvé tous les ruisseaux et rivières coulant à nu sur le banc calcaire kentuckois. Quelques voyageurs américains, en voyant mes échantillons, m’ont assuré que le Holstein, branche nord de la Tennessee, coulait sur un fond semblable: je regrette de n’avoir pu obtenir de bons renseignements sur le sol qui s’étend au delà, dans la Georgie et dans la Floride.

A Louisville, la première couche superficielle sur la haute banquette du fleuve est un terreau noir de 3 pieds d’épaisseur; sous ce terreau est une couche de sable maigre de 14 à 15 pieds d’épaisseur sans coquillages, puis une autre couche de sable de 6 à 10 pouces avec coquillages; puis un gravier assez gros jusqu’au fond du fleuve, dont l’écore à 25 pieds de hauteur totale.

A quatre milles de Louisville, vers l’Est48, en rentrant dans l’intérieur des terres, la première couche superficielle de terreau n’a plus que 20 pouces d’épaisseur; et plus loin, à 4 milles de Francfort49, elle n’a plus que 15 pouces: dans ces deux endroits elle a sous elle une couche d’argile de 24 à 36 pouces, qui ne se trouve point auprès du fleuve. Sous cette argile est le banc calcaire, qu’il faut percer avec beaucoup de peine pour arriver à un lit de gravier et d’argile où reposent les eaux non tarissantes des puits.

A l’endroit que j’ai cité près de Louisville, le banc a 3 pieds d’épaisseur, et l’on trouve ces eaux non tarissantes à 18 pieds de profondeur totale, depuis la surface du sol; en d’autres endroits l’épaisseur du banc paraît plus considérable: les roches qui forment les Falls ou rapides de l’Ohio, sous Louisville, appartiennent à ce grand banc calcaire. Dans les basses eaux, l’on a recueilli beaucoup de pétrifications à sa surface, mais elles y étaient importées et non incrustées. Je n’ai jamais vu de fossiles incrustés dans la pâte du grand banc souterrain. Ce fait m’a d’autant plus étonné, que, près de Francfort, à l’habitation de M. Inès, juge, me promenant avec lui sur la cime d’un chaînon élevé d’environ 100 pieds au-dessus du ruisseau Elk-horn, qui le perce, nous trouvâmes dans le bois une multitude de grosses pierres totalement pétries de coquilles fossiles. A Cincinnati, sur la seconde banquette de l’Ohio, j’ai retrouvé les mêmes pierres pétries de coquilles; enfin le docteur Barton en a recueilli de semblables sur les hauteurs d’Onondago, dans l’État de New-York, à une distance de plus de 190 lieues, avec la seule différence que ses échantillons sont bleu-ardoise, et les miens de couleur rose-violet50.

Hors du pays d’Ouest et de la région que je viens de décrire, il n’existe que deux cantons calcaires, dignes de faire exception par leur étendue: l’un situé dans la longue vallée que forment entre eux les sillons de Blue-ridge et de North-mountain, depuis la Delaware, au-dessus d’Easton et Bethléem, jusqu’aux sources de la rivière Shenandoa, et même par-delà le fleuve James, au grand arc de l’Alleghany; car le comté de Botetourt qui occupe cette dernière partie, est appelé le comté de la Chaux, attendu qu’il en fournit tout le pays à l’est de Blue-ridge où l’on n’en a pas. Rockbridge est aussi en grande partie calcaire, ainsi que tout le pays de Shenandoa jusqu’au Potômac.

Une seconde partie de la vallée, celle qui s’étend du Potômac à la Susquehannah, comprend le bassin des rivières Grand-Connegocheague et Connedogwinit, où sont situés les territoires de Chamber’s-burg, de Shipen’s-burg, et de Carlisle, célèbres par leur fertilité. La troisième partie, qui s’étend de la Susquehannah à la Delaware, occupe le bassin de la rivière Swetara; traverse avec quelques lacunes les branches du Schuylkill, et se termine vers Easton et Nazareth, dont les terrains ont aussi de la réputation. Sa limite montueuse, au nord-est, est le sillon Kittatini, prolongement de North-mountain; et au sud-est, le sillon connu dans le pays sous les divers noms de South-mountain, Flying-hills, Holy-hille; mais qui, comme je l’ai dit, n’est que le prolongement direct de Blue-ridge. Cette circonscription d’une même vallée calcaire, depuis l’arc d’Alleghany jusqu’à Easton, par 2 chaînes latérales, devient elle-même une preuve de l’identité que j’attribue à leurs prolongements.

L’autre canton calcaire, contigu à celui-ci, s’étend au revers oriental de Blue-ridge, depuis la brèche du Potômac jusqu’aux approches du Schuylkill dans le comté de Lancastre. Il a pour limites précises au sud-ouest et au sud, le Potômac et le lit du Grand-Monocacy, qu’il ne traverse pas à l’est: il comprend le territoire de Frederick-town, la majeure partie du cours du Pataspco, et les pays d’York et de Lancastre, qui sont considérés à juste titre comme les greniers de la Pensylvanie; enfin il paraît se perdre entre Noristown et Rocksbury sur le Schuylkill: le reste de sa frontière, depuis le Monocacy jusqu’au Schuylkill, n’est point tracé par des hauteurs, quoique ce soit un point de partage de plusieurs eaux, et il ne donne point à ce canton le caractère de vallée que l’on observe dans les autres districts calcaires.

Il y a, entre le calcaire de l’Ouest et celui de ces deux cantons de l’Est, deux différences remarquables: la première est que la pâte des bancs calcaires de l’Est est généralement de couleur bleue assez foncée, et très mêlée de veines blanches de quartz, tandis que la pâte de la grande couche calcaire de l’Ouest, surtout en Kentucky, est de couleur grise, d’un grain homogène et feuilleté.

La seconde différence est que le banc de l’Ouest est, ainsi que je l’ai dit, presque horizontal, et formant comme une table universelle sous le pays. Dans l’Est, au contraire, c’est-à-dire dans les comtés de Botetourt, de Rockbridge, de Staunton, de Frederick-town, d’York, de Lancastre, et jusqu’à Nazareth, le calcaire est généralement confus et comme bouleversé: lorsque ses bancs observent des inclinaisons régulières à l’horizon, on remarque que c’est le plus communément de 40 à 50 degrés; avec cette nuance singulière, que dans la vallée entre North-mountain et de Blue-ridge, l’angle est toujours moins considérable, c’est-à-dire au-dessous de 45°, tandis que dans les pays de Lancastre, York et Frederick-town (hors des montagnes), l’angle est plus habituellement au-dessus de 45°; et ce cas a lieu pour tous les autres bancs, soit de granit, soit de grès, qui sont moins inclinés dans les montagnes, et plus inclinés en s’approchant de la mer. A la cascade du Schuylkill, près Philadelphie, les bancs d’isinglass sont inclinés à 70°: sur l’Hudson, ils vont jusqu’à 90°.

De ces derniers faits, l’on a droit de conclure que toute la côte atlantique a été bouleversée par des tremblements de terre auxquels nous verrons ci-après qu’elle est très-sujette, tandis que le pays à l’ouest des Alleghanys n’en a pas été tourmenté. Aussi le docteur Barton assure-t-il que les mots tremblements de terre et volcan manquent aux langues des indigènes de l’ouest, tandis qu’ils sont usités et familiers dans les dialectes de l’est. Aux tremblements de terres, s’associent ordinairement les volcans, et l’on trouve en effet beaucoup de basaltes dans l’Alleghany et dans ses vallées; il faudrait des recherches expresses pour mieux désigner les anciens cratères. Je ne puis dire s’il y a ou s’il n’y a pas de coquillages fossiles dans les bancs de l’est dont je viens de parler; seulement je sais que l’on en a observé dans le calcaire primitif des environs du lac Ontario et de Niagara51.

L’on pourrait encore citer des veines et rameaux calcaires hors de ces régions principales; il y en a dans le district de Maine qui fournissent la chaux à Boston. La Pointe-aux-roches, sur le lac Champlain, est calcaire, et sans doute d’autres parties de ce lac; plusieurs cantons le sont aussi aux environs de New-York; mais l’exemple le plus singulier que je connaisse dans les États du sud, est celui d’un sillon qui n’a pas plus de 15 yards ou 14 mètres de largeur moyenne, et quelquefois seulement 3 mètres, et qui cependant s’étend plus de soixante-six lieues, continuées depuis le Potômac jusqu’au Roanoke: comme cette veine est habituellement à la surface du sol, on suit sa trace avec d’autant plus de certitude qu’elle est la seule à fournir de chaux tout le plat pays. Elle ne s’écarte pas de plus de 3 à 5 milles du sillon rouge ou south-west-mountain auquel elle est parallèle.

§ IV

Régions de sables marins.

La quatrième région, formée de sables marins, comprend toute la plage depuis Sandy Hook, en face de l’Ile-Longue jusqu’à la Floride: sa limite dans l’intérieur des terres est un banc ou sillon de granit talqueux, dit roche feuilletée52 ou isinglass, qui court constamment dans le sens de la côte, c’est-à-dire de nord-est à sud-ouest; ce sillon ou banc part de l’extrémité des chaînes granitiques de la rive droite de l’Hudson, peut-être même du rivage en face de l’Ile-Longue, d’où je présume que les rocs se continuent sous la mer, et il s’étend jusqu’à la Caroline du nord par-delà le fleuve Roanoke, sous la forme d’un mince sillon, large au plus de 2 à 6 milles, sur une longueur de près de 500. Dans toute cette ligne, ce sillon, comme l’a très-bien observé Evans, marque sa route par les cascades qu’il fait subir à tous les fleuves avant leur arrivée à la mer; ces cascades elles-mêmes sont la limite extrême du flux et du reflux des marées. Ainsi le sillon d’Isinglass coupe la Delaware à Trenton, le Schuylkill 2 milles au-dessous de Philadelphie, la Susquehannah au-dessus du Creek ou ruisseau Octarora; le Gunpowder au-dessus de Joppa; le Patapsco au-dessus de Elk-ridge; le Potômac à George-town; le Rappahannock, au-dessus de Fredericksburg; le Pamunky, au-dessous de ses 2 branches (50 milles au-dessus de Hanover); le James à Richmond; l’Appamatox au-dessus de Petersburg, et le Reanoke au-dessus d’Halifax. L’on n’a point observé de fossiles dans tout ce banc.

Entre lui et la mer, le sol dans une largeur variable de 30 à 100 milles, est un sable évidemment apporté par l’Océan, qui jadis eut pour rivage la ligne du sillon lui-même. Aux embouchures et sur les bords des rivières, quelques terres argileuses venues des montagnes par des débordements, forment avec ce sable un mélange fertile: le géographe Evans a même reconnu un banc souterrain d’argile jaune, de 3 à 4 milles de largeur, placé longitudinalement entre le sillon et le rivage, et qui, donnant du corps aux sables adjacents, les rend propres à faire de bonnes briques, ainsi qu’on le voit à Philadelphie: hors ces deux cas, ce sable est le même que celui de la mer voisine, c’est-à-dire blanc, fin et profond jusqu’à 20 pieds.

Peter Kalm, voyageur suédois, en 1742, a observé qu’en Pensylvanie et en New-Jersey, les couches sont comme il suit:


4º Une couche de vase noire, fétide, remplie de roseaux et de troncs d’arbres, dont il ne donne pas l’épaisseur. Cette couche qui gâte toutes les eaux des puits, se trouve à Philadelphie entre 14 et 18 pieds de profondeur: à Raccoon en New-Jersey, entre 30 à 40 pieds; à Washington, je l’ai vue moi-même à 18 pieds dans la maison de M. Law, dont elle corrompt le puits.

5º Sous tous ces bancs, une couche d’argile où s’arrêtent les eaux: l’on me demandera peut-être sur quoi porte cette couche d’argile, mais je ne connais point de sondes inférieures, et puis il faut bien s’arrêter quelque part, sous peine d’arriver, comme les Indiens, à la tortue qui porte le monde.

Lorsque l’on considère que le noyau de l’île Longue est un granit talcqueux; que les pointes de roche et les récifs qui se montrent d’espace en espace jusqu’à la baie Chesapeak, et même par-delà Norfolk, sont de ce même granit; que toutes les roches du cap Hatteras en sont encore, on est tenté de le regarder comme le noyau fondamental de la côte; mais l’inclinaison des bancs dans la ligne des cascades, qui est de 70 degrés à celle du Schuylkill, et jamais de moins de 50 degrés de l’est à l’ouest, en offrant une direction contraire, tend plutôt à prouver que ces bancs servent de soutien à la région intérieure sous laquelle leurs tables s’enfoncent53.

§ V

Régions d’alluvions fluviales

La cinquième et dernière région est le pays qui, depuis le sillon des cascades, s’élève en ondulation jusqu’au pied des montagnes de grès ou de granit. Sa limite est moins facile à tracer dans la Géorgie occidentale où le sillon d’isinglass ne se montre pas. Ce terrain a pour caractère d’être ondulé, tantôt par mamelons isolés, tantôt par sillons de petites collines: d’être composé de diverses espèces de terres et de pierres, tantôt confuses, tantôt rangées par couches, qui s’interrompent ou se succèdent plusieurs fois depuis les montagnes jusqu’à la plage maritime, en offrant toujours les caractères de matériaux roulés par les eaux des pentes supérieures: et telle est en effet l’origine de toute cette contrée. Lorsque l’on calcule le volume, la rapidité, le nombre de tous ses fleuves; de la Delaware, du Schuylkill, de la Susquehannah, du Potômac, du Rapahannock, de l’York, du James, etc.: lorsqu’on observe que la plupart d’entre eux, long-temps avant leurs embouchures, ont des lits larges depuis 600 jusqu’à 2,000 toises, sur une profondeur de 20 à 50 pieds: que dans leurs débordements annuels ils noient quelquefois le plat pays à 20 pieds de hauteur, l’on conçoit que de telles masses d’eaux ont dû opérer des mouvements prodigieux de terrain, alors surtout que dans les siècles reculés les montagnes plus élevées donnaient plus d’impétuosité à leur cours; que les arbres des forêts entraînés par milliers donnaient plus de force et d’aliments à leurs ravages; que des glaces amoncelées pendant des hivers de 5 à 6 mois produisaient des débâcles énormes, telles qu’en 1784 la Susquehannah en montra en exemple effrayant, lorsqu’elle amoncela, au détroit de Mac Calls’ Ferry sous Colombia, une digue de plus de 30 pieds de glaces, dont l’obstacle faillit de noyer toute la vallée. A ces époques de la nature où l’Océan baignait immédiatement le pied des montagnes, comme le prouvent les délaissements que l’on y rencontre de toutes parts, ces montagnes plus élevées, en ce qu’elles n’avaient encore rien perdu de ce que leur ont enlevé depuis les siècles et la chute continuée des eaux, donnaient, par leur hauteur et par la roideur de leurs pentes, une action bien plus puissante à ces eaux; leurs sommets plus froids étaient couverts plus long-temps de neiges plus abondantes, de glaciers plus considérables: et lorsque la chaleur des étés plus courts sans doute, mais non moins intenses, fondait ces neiges et ces glaces, les torrents qui en résultaient déchiraient les pentes plus garnies de terres, creusaient des ravins plus profonds, y faisaient tomber les arbres minés par leurs racines, et entraînaient d’immenses débris qui s’entassaient sur les dernières rampes des montagnes: dans les années suivantes, d’autres débris venaient embarrasser les routes des années antérieures; les torrents arrêtés par leurs propres digues acquéraient de nouvelles forces en croissant de volume, et, les attaquant sur plusieurs points, il les renversaient par les parois les plus faibles: alors ils se frayaient des routes nouvelles et variables à travers des vases plus molles, parce que les matériaux les plus pesants restaient toujours en arrière, faute de pente et d’impulsion; par ce mécanisme continué pendant des siècles, d’anciens lits de torrents devinrent des vallons; d’anciens rivages et terrains d’alluvion devinrent des côtes et des plaines; et les fleuves descendant de niveaux en niveaux, abandonnant de pente en pente leurs plus lourds fardeaux, déposant successivement les plus légers et les plus solubles, empiétèrent sans cesse sur le domaine de l’Océan par des comblements de sables, de vases, de cailloux roulés et d’arbres qui lièrent tous ces matériaux. Le Mississipi encore aujourd’hui nous offre le spectacle instructif de toutes ces grandes opérations. L’on calcule que depuis 1720 jusqu’en l’année 1800, c’est-à-dire en 80 ans54, il a poussé son comblement d’environ 15 milles dans la mer, c’est-à-dire environ 26,000 mètres: ainsi, sous les yeux de trois générations, il a créé à son embouchure un pays nouveau qu’il accroît chaque jour, et dans lequel il entasse des mines de charbon pour les siècles futurs. Telle est la célérité de son comblement qu’à la Nouvelle-Orléans, à 100 lieues au-dessus de l’embouchure actuelle, un canal creusé dernièrement par le gouverneur baron de Carondelet, depuis le fleuve jusqu’au lac Pontchartrain, a mis à découvert un terrain intérieur totalement formé de vases noires, et de troncs d’arbres entassés à plusieurs pieds de profondeur, qui n’ont encore eu le temps ni de se pourrir, ni de se convertir en charbon. Les deux rives ou banquettes du fleuve tout entières sont formées de troncs d’arbres ainsi enfoncés et maçonnés de vase, dans une étendue de plus de 300 lieues, et il les a tellement exhaussées, qu’elles lui forment une digue latérale de 12 à 16 pieds d’élévation au-dessus du sol adjacent, généralement plus bas, et que dans les crues de chaque année, qui sont d’environ 8 mètres, les eaux exubérantes ne peuvent plus rentrer dans le fleuve, et forment des marais vastes et nombreux, qui un jour deviendront des moyens de richesses, mais qui présentement sont des obstacles à la culture et à la population.

45.Le sol de toute la Haute-Susquehannah est mêlé de schistes, de pierres, de geiss, de schorl, de feld-spath, coupé d’une foule de sillons peu élevés, qui montent par gradins jusqu’à l’Alleghany; là domine le grès. Il y a aussi des veines basaltiques, produits et témoins d’anciens volcans. Partout les arbres sont rabougris et de faible végétation. (Note de M. Guillemard.)
46.Voyez notes de M. Jefferson, sur la Virginie, page 63.
47.White river.
48.A l’habitation de M. Thompson.
49.A l’habitation de M. Inès, juge.
50
  De retour à Paris, j’ai soumis ces coquillages à l’examen de l’un de nos plus habiles naturalistes dans cette branche de science (M. Lamark), et je ne puis mieux satisfaire la curiosité de mes lecteurs, qu’en leur communiquant le jugement qu’il en a porté.
  «Monsieur, j’ai examiné, avec le plus grand soin, les trois morceaux de fossiles que vous m’avez confiés, et que vous avez recueillis dans l’Amérique septentrionale.
  «J’ai vu très-clairement, dans chacun d’eux, des térébratules fossiles{*} entassées et sans ordre. Ces térébratules sont presque toutes de la division de celles qui sont cannelées longitudinalement en-dessus et en dessous, comme la térébratule que Linnée a désignée sous le nom d’Anomiadorsata.
  {*} Nouveau genre établi dans mon Système des animaux sans vertèbres,
  page 138, avec un démembrement du genre anomia de Linnée.
  «On ne voit, de la part de ces coquilles fossiles, que le moule intérieur, c’est-à-dire que la matière pierreuse, dont leur intérieur s’est rempli pendant le long séjour de ces coquilles dans le sein de la terre. Cependant, sur plusieurs d’entre elles, on retrouve encore des portions minces et blanchâtres de la coquille même.
  «—Dans le morceau qui vient de Cincinnati, on voit distinctement trois sortes de coquilles fossiles: savoir, une espèce de térébratule à grosses cannelures, et qui approche de celle figurée dans la nouvelle Encyclopédie, pl. 241, fol. 3; une autre espèce de térébratule non cannelée, mais pointillée, nacrée et à oreillettes; enfin, une coquille bivalve à épines rares, dont je ne puis reconnaître le genre, n’en pouvant examiner la charnière.
  «—Dans le morceau pris dans le Kentucky, à cents pieds au-dessus du lit des eaux, je remarque des individus de différents âges, d’une espèce de térébratule cannelée, qui paraît se rapprocher de celle figurée dans la nouvelle Encyclopédie, pl. 242, fol. 1, ayant ses cannelures plus fines et plus nombreuses que dans la térébratule cannelée du morceau précédent, et sa valve supérieure ou la plus petite, aplatie. Ce même morceau contient un fragment de belemnite.
  «—Enfin, dans le troisième morceau, pris sur les hauteurs ouest d’Onondago, je vois de nombreux débris de deux térébratules cannelées, différentes encore de celles des deux morceaux précédents; l’une d’elles, un peu trigone, offre une gouttière sur le dos de la grande valve, et s’approche beaucoup de celle qui est représentée dans la pl. 244, fol. 7, de la nouvelle Encyclopédie. L’autre térébratule du même morceau est grande, aplatie presque comme un peigne; mais elle présente des fragments trop incomplets, pour qu’il soit possible de la caractériser, et d’en déterminer les rapports avec d’autres espèces.
  «Nota. D’après la considération de ces trois morceaux, il me paraît évident que les régions de l’Amérique septentrionale, où ces morceaux ont été recueillis, ont fait autrefois partie du fond des mers{*}, ou du moins qu’elles montrent actuellement à découvert la portion de leur sol qui a fait partie du fond des mers et non de ses rives; car les fossiles qu’on y trouve maintenant sont des coquillages pélagiens (voyez mon Hydrogéologie, pages 64, 70 et 71), qui, comme les gryphytes, les ammonites (les cornes d’Ammon), les orthocératistes, les bélemnites, les encrinites (les palmiers marins), etc., vivent constamment dans les grandes profondeurs des mers, et jamais sur les rivages. Aussi la plupart de ces coquillages et de ces polypiers ne sont-ils connus que dans l’état fossile.
  {*} A l’appui de cette opinion, viennent encore les nombreuses salines, dont
  est rempli tout le pays d’ouest. On les y désigne sous le nom de licks, que
  l’on voit à chaque instant sur les cartes du Kentucky. La source la plus riche
  est près du lac Oneïda; elle contient un dix-huitième de sel de son poids. Les
  mers du Nord n’en contiennent que 1/32, et celles des tropiques 1/12 environ;
  il est remarquable que ces sources salées sont rares sur la côte Atlantique.
  (Note de l’Auteur).
  «Vos observations, monsieur, déterminent la nature des fossiles que l’intérieur d’Amérique septentrionale laisse maintenant à découvert, et il y a apparence que parmi ces fossiles l’on y chercherait vainement des coquilles littorales.
«Lamarck.»

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51.Voyage de Liancourt, tome II.
52.Le voyageur suédois Peter Kalm l’appelle glimmer.
53.On remarque que cet isinglass contient plus de parties de mica dans les pays du sud, et plus de schorl dans les pays du nord de cette côte.
54.Voyage de Liancourt, tome IV, page 189.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
30 haziran 2018
Hacim:
424 s. 24 illüstrasyon
Telif hakkı:
Public Domain