Kitabı oku: «Tableau du climat et du sol des États-Unis d'Amérique», sayfa 7
CHAPITRE VII. Des tremblements de terre et des volcans
QUOIQUE l’Amérique du nord ne nous soit connue que depuis moins de deux siècles, cet intervalle, si court dans les annales de la nature, a déja suffi à nous prouver, par de nombreux exemples, que les tremblements de terre ont dû y être fréquents et violents dans les temps passés; et qu’ils y ont été l’agent principal des bouleversements dont la côte atlantique offre des traces générales et frappantes. En remontant seulement à l’an 1628 (époque de l’arrivée des premiers colons anglais), et terminant à 1782, dans une période de 154 ans, M. Williams, à qui nous devons des recherches curieuses sur ce sujet, a trouvé mention authentique de plus de 45 tremblements de terre: les détails qu’il en a consignés dans plusieurs mémoires76, établissent en faits généraux:
«Que les tremblements de terre s’annonçaient par un bruit semblable à celui d’un vent violent, ou d’un feu qui prend dans le tuyau d’une cheminée: qu’ils abattaient les têtes des cheminées, quelquefois même les maisons: qu’ils ouvraient les portes, les fenêtres, séchaient les puits et même plusieurs rivières: qu’ils donnaient aux eaux une couleur trouble, et l’odeur fétide du foie de soufre (sulfure ammoniacal), et qu’ils jetaient par de grandes crevasses du sable ayant la même odeur: que leurs secousses semblaient partir d’un foyer intérieur qui soulevait la terre de dessous en dessus, et dont la ligne principale courant nord-ouest et sud-est, suivait la rivière Merrimac, s’étendait au sud jusqu’au Potômac et au nord par-delà le Saint-Laurent, affectant surtout la direction du lac Ontario.»
Quelques phrases de ce texte sont remarquables par leur analogie avec des faits locaux que j’ai présentés. Cette odeur de foie de soufre (ou sulfure ammoniacal) donnée aux eaux et aux sables, vomis du sein de la terre par de grandes crevasses, n’aurait-elle pas été fournie par la couche de schistes que nous avons vue à Niagara sous la couche calcaire, et qui lorsqu’on la sommet au feu, exhale fortement le soufre; il n’est, à la vérité, que l’un des éléments du produit cité, mais une analyse exacte pourrait y découvrir l’autre: cette couche de schistes se retrouve sous le lit de l’Hudson et reparaît dans beaucoup de lieux de l’État de New-York et de la Pensylvanie parmi les grès et les granits: l’on a droit de supposer qu’elle règne autour de l’Ontario, et sous le lac Érié, par conséquent qu’elle forme l’un des planchers du pays où les tremblements ont leur principal foyer.
La ligne de ce foyer courant nord-ouest et sud-est, affecte surtout la direction de l’Atlantique au lac Ontario. Cette prédilection est remarquable à raison de la structure singulière de ce lac: les autres lacs, malgré leur étendue, n’ont point une grande profondeur; l’Érié n’a jamais plus de 100 à 120 pieds: l’on voit en nombre d’endroits le fond du lac Supérieur: l’Ontario, au contraire, est en général très-profond, c’est-à-dire, passant 45 et 50 brasses (250 pieds); et dans une étendue considérable l’on a essayé des sondes de 110 brasses armées de boulets, sans rien toucher ni rapporter. Cet état a lieu quelquefois près de ses bords: d’où il résulte une indication presque évidente que le bassin de ce lac est un cratère de volcan éteint: cette induction se confirme, 1º par les produits volcaniques déja trouvés sur ses bords: et sans doute des yeux exercés en trouveront beaucoup d’autres; 2º par la forme du grand talus ou escarpement qui entoure presque circulairement le lac, et qui annonce de toutes parts à l’œil et au raisonnement, que jadis le plateau de Niagara s’étendait jusque vers le milieu du lac Ontario, et qu’il s’y est affaissé et englouti par l’action d’un volcan alors en vigueur. L’existence de ce fourneau se lie parfaitement avec les tremblements de terre cités: et ces deux agents que nous trouvons ici réunis, en nous confirmant d’une part celle d’un grand foyer souterrain, à une profondeur inconnue, mais considérable, donne de l’autre une explication heureuse et plausible de la confusion de toutes les couches de pierres et de terres qui a lieu sur toute la côte atlantique: elle explique aussi pourquoi les bancs calcaires et même granitiques, y sont inclinés depuis 45 jusqu’à 80 degrés à l’horizon, leurs tables fracturées ayant dû rester dans le déplacement occasioné par les grandes explosions. C’est à cette fracture du banc d’Isinglass que sont dues ses petites cascades; et ce fait indiquerait que jadis le foyer s’étendit au delà du Potômac dans le sud, comme ce banc lui-même. Sans doute il avait des communications avec celui des Antilles. J’ai dit ailleurs que ces tremblements de terre n’ont point de traces dans le pays de l’Ouest: que les sauvages même n’en connaissent point le nom: j’ajoute que, selon le docteur Barton, ils ne connaissent pas non plus celui de volcan dont en effet l’on n’aperçoit aucun vestige au midi des lacs, mais dont le Alleghanys en offrent plusieurs. L’on m’a dit au fort Détroit que les sauvages du nord du Canada font mention d’un volcan qui fume encore quelquefois dans l’intérieur du pays; mais ce fait a besoin de rapports plus authentiques.
Il est à désirer, et l’on a droit d’espérer, que par la suite du temps des sociétés savantes formées aux États-Unis, pourront appliquer à ce genre de recherches géologiques des soins et des dépenses qui passent les moyens des voyageurs étrangers et isolés. L’on peut assurer d’avance qu’elles en obtiendront des résultats très-nouveaux et très-précieux pour l’histoire du globe, et qu’elles porteront jusqu’à l’évidence une conjecture déja formée par plusieurs physiciens, et dont je demeure convaincu; savoir, que le continent de l’Amérique du nord n’a été dégagé que postérieurement à la majeure partie de l’ancien hémisphère et de l’Amérique du sud, des eaux soit océaniques, soit douces et fluviatiles, qui ont jadis couvert la totalité de notre planète, à une hauteur supérieure aux plus hautes montagnes, et pendant une durée si longue qu’elle a suffi à la dissolution des matériaux qui se sont cristallisés depuis leur évaporation ou depuis leur retraite..... mais j’ai désormais assez parlé de l’état du sol; il est temps d’occuper le lecteur de celui du climat.
CHAPITRE VIII. Du climat
PAR climat77, on devrait, selon le sens littéral du mot, n’entendre que le degré de latitude d’un pays; mais parce qu’en thèse générale les pays se sont montrés froids ou chauds, selon leurs degrés de latitude, l’idée accessoire s’est tellement associée à l’idée principale, que le terme climat est devenu synonyme de température habituelle de l’air; et néanmoins il n’est pas vrai que la température soit essentiellement déterminée par la latitude: une foule de faits prouvent au contraire qu’elle est modifiée et même dénaturée par diverses circonstances du sol, telles que sa surface aride ou aqueuse, nue ou boisée, son élévation ou son abaissement au niveau de la mer, son exposition à tel ou tel aspect du ciel, enfin et par-dessus tout, par l’espèce et la qualité des courants de l’air, c’est-à-dire des vents qui parcourent cette surface; d’où il suit que le sol devient un élément constituant de la température, et par conséquent du climat tel qu’on l’entend; et ce que je vais exposer des divers phénomènes de celui des États-Unis, ajoutera de nouvelles preuves à cette vérité.
§ I
Le climat de la côte atlantique est plus froid en hiver et plus chaud en été que ses parallèles d’Europe.
Depuis long-temps les historiens de l’Amérique et les physiciens ont remarqué avec surprise que le climat sur la côte atlantique était de plusieurs degrés plus froid en hiver que ses parallèles d’Europe, et même d’Asie et d’Afrique sur le bassin de la Méditerranée; mais ils me paraissent n’avoir pas donné assez d’attention à une seconde circonstance également remarquable; savoir, que la température y est aussi généralement plus chaude en été de plusieurs degrés. Je vais développer l’un et l’autre cas par des exemples détaillés.
Dans les parties nord de la Nouvelle-Angleterre, par une latitude moyenne de 42 à 43°, des observations faites à Salem près Boston, pendant sept ans, par M. Edouard Holyhoke78, et comparées à 20 autres années d’observations recueillies à Manheim79 constatent que le climat de Salem est à la fois plus froid en hiver et plus chaud en été que celui d’un nombre de villes données en Europe, ainsi qu’on le voit dans le tableau suivant:
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L’on remarquera, dans ce tableau, qu’à Salem la différence du froid au chaud est de 51°, tandis qu’à Rome elle n’est que de 24°, à Marseille de 29°, et à Padoue de 39°.
En général, dans les États de Maine, Vermont, New-Hampshire et même Massachusets, pays situés entre les 42 et 45°, c’est-à-dire, correspondants au midi de la France et au nord de l’Espagne, la terre demeure chaque hiver assez couverte de neiges pendant trois et quatre mois, pour rendre habituel et général l’usage des traîneaux. Le thermomètre, qui varie alors depuis la glace jusqu’à 8 et 10° au-dessous, descend quelquefois à 12, à 14 et jusqu’à 18° sous zéro. L’historien de New-Hampshire, M. Belknap, l’a vu à 18 ¼ à Portsmouth, sur la côte au nord de Salem; et l’historien de Vermont, M. S. Williams, l’a vu à 26° sous zéro à Rutland, au pied des Montagnes-Vertes.
Un peu plus avant dans le nord, c’est-à-dire en Canada, par les 46 et 47° de latitude, ce qui correspond au milieu de la France, la neige s’établit dès le mois de novembre et dure jusque vers la fin d’avril, c’est-à-dire pendant six mois, épaisse de 4 à 6 pieds, par un ciel très-clair et un air très-sec: elle est telle surtout vers Québec, où le thermomètre descend ordinairement à 20 et 24° sous glace; l’on y a même vu en 1790, geler le mercure, ce qui suppose 38 à 40°80; or, un tel cas n’arrive en Europe que sous les parallèles de Stockholm et de Pétersbourg81, par les 60° de latitude.
Ces froids ont donné lieu à quelques expériences curieuses sur la force expansive de l’eau à l’instant de sa congélation. M. le major Édouard Williams se trouvant à Québec, a rempli d’eau des bombes de fer; il en a bouché l’orifice avec des tampons de bois frappés fortement, et il les a exposées à la gelée.
Lorsque les bombes ont eu des fêlures ou d’autres vices, elles ont éclaté à l’instant de la congélation, et il en a sailli subitement des proéminences en formes d’ailes ou de nageoires: mais ordinairement le tampon de bois a été lancé avec détonation, à des distances depuis 60 jusqu’à 415 pieds, quoiqu’il pesât 2 ½ livres (poids anglais), et l’on a toujours trouvé à sa place une mèche ou fusée de glace saillante de 6 à 7½ pouces: l’on a déduit de ces expériences que l’eau en se congelant se dilate entre 1/17 et 1/18 de son volume.
Je remarquerai par la suite qu’à Montréal, au-dessus de Québec, les neiges durent moins long-temps de près de deux mois, qu’au bas du fleuve; et qu’à Niagara, bien au-dessus de Montréal, elles sont de deux mois encore plus courtes que dans cette ville; ce qui est précisément le contraire de la règle générale des niveaux, observée sur le reste de la côte; je me borne en ce moment à prendre note de cette singularité, qui viendra par la suite à l’appui d’une théorie que j’exposerai.
Dans ces mêmes États de Maine, Vermont, New-Hampshire, etc., les chaleurs, à dater du solstice d’été, sont d’une intensité aussi excessive: pendant 40 ou 50 jours, l’on voit souvent le mercure monter à 21 et 22°, et quelquefois à 24°, même à 26°: il se passe peu d’années à Salem sans qu’il monte à 30 et 31°, ce qui est la température du golfe Persique et des côtes arabes. Cet état a lieu dans beaucoup d’autres endroits de la Nouvelle-Angleterre où l’on n’a pas fait d’observations: à Rutland, déja cité, M. Williams a vu le mercure à 27°. Mais ce qui surprendra davantage, c’est qu’à Québec, et jusque sur la baie de Hudson, aux forts d’York et de Wales, par le 59° de latitude, l’on éprouve pendant 20 ou 30 jours des chaleurs de 28 à 31°, d’autant plus accablantes que les corps n’y sont point accoutumés, et qu’elles sont accompagnées d’un calme plat, ou d’une brise de sud chaude et humide qui suffoque: or, comme en hiver le froid en ces contrées descend jusqu’à 30 et 32° sous glace, et même à 37° au fort Wales, il en résulte une échelle de variation de 60 à 66° de Réaumur du froid au chaud.
Dans les États dits du Milieu, tels que la partie sud de New-York, la totalité de la Pensylvanie, de New-Jersey et du Maryland, les hivers sont moins longs, les neiges moins abondantes, moins durables; rarement persistent-elles plus de 15 à 20 jours; mais les froids ne sont guère moins piquants ni moins rigoureux. Ils s’établissent ordinairement vers le solstice, et durent 6 à 7 semaines en pleine vigueur; mais on commence à sentir leurs atteintes dès la fin d’octobre.
Par exemple, à Philadelphie, par les 40° moins 5´, ce qui répond aux latitudes de Madrid, de Valence, de Naples, etc., le thermomètre descend chaque hiver pendant plusieurs jours à 8 et 10° sous zéro, et pendant quelques-uns à 12 et à 14°: en deux hivers de suite, 1796-97 et 1797-98, je l’ai vu tomber à 17 et 18° plusieurs jours de suite. Le froid alors est si vif, que malgré le mouvement d’une marée de 6 pieds, la Delaware, large de 800 toises, se trouve gelée en 24 heures: elle reste ainsi fermée chaque hiver pendant 20, 30 et quelquefois 40 jours, en une ou deux reprises; car il y a chaque hiver deux ou trois dégels, surtout entre le 30e et 40e jours après le solstice: en 1788, du 4 au 5 février, le thermomètre, en une nuit, tomba depuis 2 ½ degrés sous zéro jusqu’à 16 ¼ et la rivière fut gelée ferme le lendemain au soir. En 1764, le 31 décembre, entre dix heures du soir et huit heures du matin, elle gela de même au point de porter les passants. Dans cette conversion presque subite du liquide au solide, l’on voyait, dit le docteur Rush, une vapeur fumeuse s’élever de sa surface avec tant d’abondance, que le peuple étonné s’assemblait pour considérer ce phénomène.
Cependant, à partir du solstice d’été, et même une vingtaine de jours auparavant, Philadelphie éprouve des chaleurs si accablantes, que les rues sont désertes depuis midi jusqu’à 5 heures, et que la plupart des habitants se couchent après leur dîner. Le thermomètre atteint assez souvent 25°; l’on cite un ou deux exemples de 28 et de 30°: du jour à la nuit, il varie depuis 15 et 16 jusque vers 22 et 23°, c’est-à-dire de 8°. Mais ce qui rend la chaleur plus insupportable, c’est le défaut presque absolu de vent, surtout depuis trois heures après midi, et l’humidité dont l’air est chargé sur toute cette côte.
Il résulte de ces termes extrêmes une échelle de variation pour les États du milieu, d’environ 46 à 48°. Le docteur Rush a été l’un des premiers à observer que le climat de Pékin offrait la plus grande analogie; et en étendant cette comparaison, l’on trouve en effet que l’Amérique-nord a les rapports les plus marqués de climat et même de sol, avec le nord de la Chine et avec la Tartarie adjacente.
Dans les États du sud, tels que la Virginie, les Carolines et la Géorgie, la durée et l’intensité du froid diminuent assez régulièrement comme les latitudes: la ligne du Potômac, et plus exactement celle du Patapsco, forme à cet égard une démarcation tranchante. L’empire des neiges s’arrête là, et le voyageur venant du Nord, qui jusqu’alors avait vu des traîneaux à la porte ou dans la cour de chaque ferme, n’en aperçoit plus sitôt qu’il a descendu le coteau rapide au pied duquel coule le Patapsco: mais dans l’intérieur des terres, vers Blue-ridge, les neiges prolongent un peu leur limite à raison de l’élévation du sol..... Cette côte néanmoins éprouve des attaques de gelées assez vives dans les quarante jours qui suivent le solstice d’hiver. A Norfolk, le 14 février 1798, il tomba dans une nuit 4 pieds de neige; et à Charlestown même, par le 32° de latitude, c’est-à-dire, par le parallèle de Maroc, le mercure tombe jusqu’à 4 degrés sous zéro (selon Liancourt), et la terre gèle ferme jusqu’à 2 pouces d’épaisseur dans une seule nuit82.
Par inverse, sur toute la côte, depuis le Potômac, les chaleurs, dès un mois avant le solstice d’été, sont si fortes que pendant 4 mois le mercure s’élève communément après midi, entre 22 et 24°, malgré une petite brise de mer: il va même jusqu’à 32 et 33° à Savanah, ce qui est bien plus que l’Égypte, où 25 est le terme ordinaire à l’ombre, sans compter qu’un vent vif et constant et un air très-sec rendent ce degré très-supportable: le 17 juillet 1788, Henri Ellis observait à Savanah le mercure à 31°; il se plaignait que depuis plusieurs nuits il ne baissait pas au-dessus de 29. Dans sa cave il restait à 21°83, et sous son aisselle à 29°. Le docteur Ramsay, qui a fait des observations suivies à Charlestown, ne l’y a vu monter à 28° ½, qu’une seule fois en 5 ans: mais Charlestown, situé à l’embouchure d’une petite rivière qu’agite la marée, jouit des brises littorales, et passe tellement pour un lieu frais relativement au reste du pays, que tous les planteurs aisés viennent s’y réfugier en été, et qu’il ne reste que les noirs sur les habitations.
Il résulte de ces faits pour les États du sud, une échelle de 32 à 34° de variation; et sans doute le lecteur observe que cette échelle va toujours décroissant du nord au midi: elle était de 66 à la baie de Hudson; de 51 dans le Massachusets, de 48 en Pensylvanie; elle se réduit à 35 ou 36 en Caroline; et si l’on s’avançait encore plus vers les tropiques, on ne trouverait en beaucoup d’endroits que 18 et 20° de variation annuelle: à la Martinique, par exemple, à Porto-Rico et autres îles du Vent, le thermomètre, grâce aux brises régnantes, ne s’élève pas au-dessus de 28°, ne tombe pas au-dessous de 10 au-dessus de zéro, différence 18. Sur la chaîne des montagnes de Caracas, par les 10° de latitude nord, à une élévation de plus de 1,200 toises au-dessus de l’océan, le mercure se balance entre 10 et 21° sur zéro; à Surinam, près du rivage de la mer, il joue entre 15 et 27°; aussi les voyageurs venant de ces parages en été, trouvent-ils que la chaleur devient plus insupportable à mesure qu’ils s’avancent au nord; et moi-même je préfère, sans aucune comparaison, celle du Kaire à celle de Philadelphie. Il est vrai qu’en s’approchant des Alleghanys, et mieux encore en s’élevant sur leurs sommets, l’air plus vif, plus élastique, rend la chaleur plus agréable, quoiqu’elle y soit souvent aussi piquante; mais en général, dans nos zones dites temperées, et surtout dans les lieux bas et humides, elle est plus désagréable que dans ce qu’on appelle les pays chauds, et il est encore vrai que dans la zone dite torride, le climat est plus égal que dans nos zones moyennes, et qu’il y serait plus favorable à la santé, à la force vitale, si l’air n’y était souvent gâté par les exhalaisons des eaux croupissantes et des corps organisés en putréfaction, et si les étrangers, surtout les Européens, n’y portaient leur voracité de viande et l’abus des liqueurs spiritueuses à qui la chaleur ne pardonne pas.
Les météorologistes anglais et américains qui, selon le génie national, ramènent tout à des calculs positifs ou systématiques, en mentionnant ces extrêmes, le chaud et le froid, ont coutume d’en déduire un terme moyen auquel je ne puis souscrire: par exemple, étant donnés pour termes extrêmes de température à Salem, 19° sous glace et 31° par-dessus glace, ils en font une somme de 50°, et prenant pour terme moyen la moitié, 25°, qui donne 6° au-dessus de glace, ils supposent ces 6° être la température fondamentale et habituelle du pays: ils appliquent également cette méthode aux variations d’une même journée; et si, comme il arrive souvent aux États-Unis, il y a 8, 10 et 12° de variation dans les 24 heures, ils en prennent pareillement le terme moyen comme la température du jour; mais dans la réalité, cette température fictive n’a point lieu, parce que dans le cours d’un même jour, l’air varie si brusquement, qu’il passe aux termes extrêmes sans station au terme moyen, et que dans le cours de l’année, ce prétendu terme moyen n’a peut-être pas lieu pendant 100 heures. Cette règle d’arithmétique est un peu moins vicieuse dans les additions sommaires, qu’ils font du nombre d’heures et de jours où a régné un même vent; mais quand de pareils tableaux ne sont point accompagnés de la correspondance du thermomètre avec le vent régnant, la majeure partie de leur instruction est perdue, en ce que l’on ne peut plus connaître la nature et les effets de chaque vent, ni les causes de variation dans la température dont nous verrons bientôt qu’ils sont les principaux, pour ne pas dire les seuls agens.
Un moyen plus convenable d’évaluer la température fondamentale d’un pays, serait celui proposé par M. Williams qui, pour base de cette température, prend la chaleur naturelle et constante dont est imprégné le terrain, et en cherche la mesure dans l’air et l’eau, soit des puits, soit des cavernes les plus profondes, et il cite à cette occasion des faits, qui méritent d’être rapportés.
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[85] History of Vermont, page 42.
[86] Voyez notes sur la Virginie, page 63.
[87] Humboldt a trouve le même degré dans l’Amérique méridionale.
L’on voit, dans ce tableau, une gradation proportionnelle aux latitudes, qui s’accorde avec les expériences de M. de Saussure pour réfuter la vieille doctrine d’une température moyenne de 10° partout le globe, et pour prouver que la chaleur de chaque lieu est en raison de la latitude, ou plus exactement, de l’action du soleil sur le sol que ses rayons imprègnent de chaleur.