Kitabı oku: «Discours civiques», sayfa 2
IV
L’improvisation, si elle nuisit à la pureté littéraire des discours de Danton, eut encore d’autres désavantages pour lui. Elle nous les laissa incomplets, souvent dénaturés et altérés. Rares sont ceux-là qui nous sont parvenus dans leur ensemble. Alors que des orateurs comme Vergniaud et Robespierre prenaient soin d’écrire leurs discours et d’en corriger les épreuves au Moniteur, Danton dédaignait de s’en préoccuper. Il ne demandait point pour ses paroles la consécration de l’avenir, et il avait à leur égard la manière de mépris et de dédain dont il usait envers ses accusateurs. C’est pourquoi beaucoup de ces discours sont à jamais perdus. Ceux qui demeurent nous sont arrivés par les versions du Moniteur et du Lorgotachygraphe. Elles offrent entre elles des variantes que M. Aulard avait déjà signalées. Entre les deux nous avions à choisir. C’est à celle du Moniteur que nous nous sommes arrêté. Outre son caractère officiel,—dénaturé, nous le savons bien, mais officiel quand même,—elle offre au lecteur, désireux de restituer le discours donné à son ensemble, la facilité de se retrouver plus aisément.
Tel discours publié ici, nous ne le dissimulons pas, prend un caractère singulièrement plus significatif lu dans le compte rendu d’une séance. Mais cette qualité devenait un défaut pour quelques autres qu’elle privait de leur cohésion, de l’enchaînement logique des périodes. C’est pourquoi nous nous sommes décidé à supprimer, à moins d’une nécessité impérieuse, tout ce qui pouvait en contrarier la lecture, telles les interruptions sans importance, tels les applaudissements, ce qui, enfin, n’avait en aucune manière modifié la suite du discours.
Nous avons, au contraire, scrupuleusement respecté tout ce qui avait décidé l’orateur à répondre sur-le-champ aux observations présentées. C’est le cas où nous nous sommes trouvé pour la séance où Danton s’expliqua sur ses relations avec Dumouriez, et quelques autres encore. Un choix, d’autre part, s’imposait parmi tous les discours du conventionnel. Ce n’est pas à l’ensemble de son oeuvre oratoire que nous avons prétendu ici, et d’ailleurs, il serait à coup sûr impossible de le reconstituer rigoureusement.
Ce choix, la matière même des discours nous le facilita singulièrement. Tous les sujets de quelque importance furent discutés et traités par Danton avec assez d’abondance. L’obligation de reproduire les discours où il exposa ses vues politiques, le plus complètement et le plus longuement, s’imposait donc. Ce fut d’ailleurs la méthode dont se servit, en 1886, A. Vermorel, pour réunir quelques discours du conventionnel sous le titre: Oeuvres de Danton, comme il avait recueilli celles de Saint-Just, de Robespierre, de Mirabeau et de Desmoulins. Ce fut la seule tentative faite pour réunir les discours du ministre du 10 août; mais, outre les erreurs de dates assez sérieuses, Vermorel n’avait pris aucun soin de résumer ou de donner la brève physionomie des séances où les discours publiés furent prononcés. Nous avons essayé de combler cette lacune, d’éclairer ainsi certains passages qui pouvaient sembler obscurs. Enfin, nous avons cru utile de joindre à ce volume le mémoire justificatif rédigé par les fils Danton contre les accusations de vénalité portées contre leur père. Cette pièce curieuse publiée par le Dr. Robinet dans son mémoire sur la vie privée du conventionnel méritait d’être reproduite, tant à cause de la haute mémoire qu’elle défend, qu’à cause de la personnalité de ses signataires. C’est une réponse précise, modérée et de noble ton, qui a le mérite de prouver, par des pièces écrites, et authentiques, la probité de celui qui mourut, suivant le mot de M. Aulard, pur de sang, pur d’argent.
Restitués ainsi dans leur ensemble, ces discours de Danton apparaîtront comme de belles leçons de civisme et de pur patriotisme. Jamais amour pour la terre natale ne brûla d’un feu plus égal, plus haut; jamais patriotisme ne s’affirma avec plus de persévérance et plus de foi en le pays; jamais homme ne légua à l’histoire une plus vaste espérance dans les glorieuses destinées de la Révolution.
Hector Fleischmann
ANNÉE 1792
I. SUR LES DEVOIRS DE L’HOMME PUBLIC
(Novembre 1791)
Nommé administrateur du département de Paris le 31 janvier 1791, Danton occupa cette fonction pendant presque toute cette année. Il ne s’en démit qu’à la fin de novembre pour prendre le poste de substitut du procureur de la Commune, auquel le Dix Août devait l’arracher pour le faire ministre. La vigueur déployée par lui dans ce poste prépara les voies de la grande journée fatale à la Monarchie, et le discours qu’il prononça, lors de son installation, le fit aisément prévoir. C’est le programme des devoirs de l’homme public qu’il y expose dans cette harangue mûrement réfléchie et qui, si elle n’a pas toute la flamme de ses éclatantes improvisations de 93, se fait cependant remarquer par une audace de pensée assez rare, au début du grand conflit national, dans les rangs des magistrats du peuple. Vermorel, qui la publia d’après le texte donné par Fréron dans «L’Orateur du Peuple», lui donne la date de novembre 1792 (p. 109). C’est en novembre 1791 qu’il convient de la rétablir.
* * *
Monsieur le Maire et Messieurs,
Dans une circonstance qui ne fut pas un des moments de sa gloire, un homme dont le nom doit être à jamais célèbre dans l’histoire de la Révolution disait: qu’il savait bien qu’il n’y avait pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne; et moi, vers la même époque à peu près, lorsqu’une sorte de plébiscite m’écarta de l’enceinte de cette assemblée où m’appelait une section de la capitale, je répondais à ceux qui attribuaient à l’affaiblissement de l’énergie des citoyens ce qui n’était que l’effet d’une erreur éphémère, qu’il n’y avait pas loin, pour un homme pur, de l’ostracisme suggéré aux premières fonctions de la chose publique. L’événement justifie aujourd’hui ma pensée; l’opinion, non ce vain bruit qu’une faction de quelques mois ne fait régner qu’autant qu’elle-même, l’opinion indestructible, celle qui se fonde sur des faits qu’on ne peut longtemps obscurcir, cette opinion qui n’accorde point d’amnistie aux traîtres, et dont le tribunal suprême, casse les jugements des sots et les décrets des juges vendus à la tyrannie, cette opinion me rappelle du fond de ma retraite, où j’allais cultiver cette métairie qui, quoique obscure et acquise avec le remboursement notoire d’une charge qui n’existe plus, n’en a pas moins été érigée par mes détracteurs en domaines immenses, payés par je ne sais quels agents de l’Angleterre et de la Prusse.
Je dois prendre place au milieu de vous, messieurs, puisque tel est le voeu des amis de la liberté et de la constitution; je le dois—d’autant plus que ce n’est pas dans le moment où la patrie est menacée de toutes parts qu’il est permis de refuser un poste qui peut avoir ses dangers comme celui d’une sentinelle avancée. Je serais entré silencieusement ici dans la carrière qui m’est ouverte, après avoir dédaigné pendant tout le cours de la Révolution de repousser aucune des calomnies sans nombre dont j’ai été assiégé, je ne me permettrais pas de parler un seul instant de moi, j’attendrais ma juste réputation de mes actions et du temps, si les fonctions déléguées auxquelles je vais me livrer ne changeaient pas entièrement ma position. Comme individu, je méprise les traits qu’on me lance, ils ne me paraissent qu’un vain sifflement; devenu homme du peuple, je dois, sinon répondre à tout, parce qu’il est des choses dont il serait absurde de s’occuper, mais au moins lutter corps à corps avec quiconque semblera m’attaquer avec une sorte de bonne foi. Paris, ainsi que la France entière, se compose de trois classes; l’une ennemie de toute liberté, de toute égalité, de toute constitution, et digne de tous les maux dont elle a accablé, dont elle voudrait encore accabler la nation; celle-là je ne veux point lui parler, je ne veux que la combattre à outrance jusqu’à la mort; la seconde est l’élite des amis ardents, des coopérateurs, des plus fermes soutiens de notre Révolution, c’est elle qui a constamment voulu que je sois ici; je ne dois non plus rien dire, elle m’a jugé, je ne la tromperai jamais dans son attente: la troisième, aussi nombreuse que bien intentionnée, veut également la liberté, mais elle en craint les orages; elle ne hait pas ses défenseurs qu’elle secondera toujours dans les moments de périls, mais elle condamne souvent leur énergie, qu’elle croit habituellement ou déplacée ou dangereuse; c’est à cette classe de citoyens que je respecte, lors même qu’elle prête une oreille trop facile aux insinuations perfides de ceux qui cachent sous le masque de la modération l’atrocité de leurs desseins; c’est, dis-je, à ces citoyens que je dois, comme magistrat du peuple, me faire bien connaître par une profession de foi solennelle de mes principes politiques.
La nature m’a donné en partage les formes athlétiques et la physionomie âpre de la liberté. Exempt du malheur d’être né d’une de ces races privilégiées suivant nos vieilles institutions, et par cela même presque toujours abâtardies, j’ai conservé, en créant seul mon existence civile, toute ma vigueur native, sans cependant cesser un seul instant, soit dans ma vie privée, soit dans la profession que j’avais embrassée, de prouver que je savais allier le sang-froid de la raison à la chaleur de l’âme et à la fermeté du caractère. Si, dès les premiers jours de notre régénération, j’ai éprouvé tous les bouillonnements du patriotisme, si j’ai consenti à paraître exagéré pour n’être jamais faible, si je me suis attiré une première proscription pour avoir dit hautement ce qu’étaient ces hommes qui voulaient faire le procès à la Révolution, pour avoir défendu ceux qu’on appelait les énergumènes de la liberté, c’est que je vis ce qu’on devait attendre des traîtres qui protégeaient ouvertement les serpents de l’aristocratie.
Si j’ai été toujours irrévocablement attaché à la cause du peuple, si je n’ai pas partagé l’opinion d’une foule de citoyens, bien intentionnés sans doute, sur des hommes dent la vie politique me semblait d’une versatilité bien dangereuse, si j’ai interpellé face à face, et aussi publiquement que loyalement, quelques-uns de ces hommes qui se croyaient les pivots de notre Révolution; si j’ai voulu qu’ils s’expliquassent sur ce que mes relations avec eux m’avait fait découvrir de fallacieux dans leurs projets, c’est que j’ai toujours été convaincu qu’il importait au peuple de lui faire connaître ce qu’il devait craindre de personnages assez habiles pour se tenir perpétuellement en situation de passer, suivant le cours des événements, dans le parti qui offrirait à leur ambition les plus hautes destinées; c’est que j’ai cru encore qu’il était digne de moi de m’expliquer en présence de ces mêmes hommes, de leur dire ma pensée tout entière, lors même que je prévoyais bien qu’ils se dédommageraient de leur silence en me faisant peindre par leurs créatures avec les plus noires couleurs, et en me préparant de nouvelles persécutions.
Si, fort de ma cause, qui était celle de la nation, j’ai préféré les dangers d’une seconde proscription judiciaire, fondée non pas même sur ma participation chimérique a une pétition trop tragiquement célèbre, mais sur je ne sais quel conte misérable de pistolets emportés en ma présence, de la chambre d’un militaire, dans une journée à jamais mémorable, c’est que j’agis constamment d’après les lois éternelles de la justice, c’est que je suis incapable de conserver des relations qui deviennent impures, et d’associer mon nom à ceux qui ne craignent pas d’apostasier la religion du peuple qu’ils avaient d’abord défendu.
Voilà quelle fut ma vie.
Voici, messieurs, ce qu’elle sera désormais.
J’ai été nommé pour concourir au maintien de la Constitution, pour faire exécuter les lois jurées par la nation; eh bien, je tiendrai mes serments, je remplirai mes devoirs, je maintiendrai de tout mon pouvoir la Constitution, rien que la Constitution, puisque ce sera défendre tout à la fois l’égalité, la liberté et le peuple. Celui qui m’a précédé dans les fonctions que je vais remplir a dit qu’en l’appelant au ministère le roi donnait une nouvelle preuve de son attachement à la Constitution; le peuple, en me choisissant, veut aussi fortement, au moins, la Constitution; il a donc bien secondé les intentions du roi? Puissions-nous avoir dit, mon prédécesseur et moi, deux éternelles vérités! Les archives du monde attestent que jamais peuple lié à ses propres lois, à une royauté constitutionnelle, n’a rompu le premier ses serments; les nations ne changent ou ne modifient jamais leurs gouvernements que quand l’excès de l’oppression les y contraint; la royauté constitutionnelle peut durer plus de siècles en France que n’en a duré la royauté despotique.
Ce ne sont pas les philosophes, eux qui ne font que des systèmes, qui ébranlent les empires; les vils flatteurs des rois, ceux qui tyrannisent en leurs noms le peuple, et qui l’affament, travaillent plus sûrement à faire désirer un autre gouvernement que tous les philanthropes qui publient leurs idées sur la liberté absolue. La nation française est devenue plus fière sans cesser d’être plus généreuse. Après avoir brisé ses fers, elle a conservé la royauté sans la craindre, et l’a épurée sans la haïr. Que la royauté respecte un peuple dans lequel de longues oppressions n’ont point détruit le penchant à être confiant, et souvent trop confiant; qu’elle livre elle-même à la vengeance des lois tous les conspirateurs sans exception et tous ces valets de conspiration qui se font donner par les rois des acomptes sur des contre-révolutions chimériques, auxquelles ils veulent ensuite recruter, si je puis parler ainsi, des partisans à crédit. Que la royauté se montre sincèrement enfin l’amie de la liberté, sa souveraine, alors elle s’assurera une durée pareille à celle de la nation elle-même, alors on verra que les citoyens qui ne sont accusés d’être au delà de la Constitution que par ceux mêmes qui sont évidemment en deçà, que ces citoyens, quelle que soit leur théorie arbitraire sur la liberté, ne cherchent point a rompre le pacte social; qu’ils ne veulent pas, pour un mieux idéal, renverser un ordre de choses fondé sur l’égalité, la justice et la liberté. Oui, messieurs, je dois le répéter, quelles qu’aient été mes opinions individuelles lors de la révision de la Constitution, sur les choses et sur les hommes, maintenant qu’elle est jurée, j’appellerai à grands cris la mort sur le premier qui lèverait un bras sacrilège pour l’attaquer, fût-ce mon frère, mon ami, fût-ce mon propre fils; tels sont mes sentiments.
La volonté générale du peuple français, manifestée aussi solennellement que son adhésion a la Constitution, sera toujours ma loi suprême. J’ai consacré ma vie tout entière à ce peuple qu’on n’attaquera plus, qu’on ne trahira plus impunément, et qui purgera bientôt la terre de tous les tyrans, s’ils ne renoncent pas à la ligue qu’ils ont formée contre lui. Je périrai, s’il le faut, pour défendre sa cause; lui seul aura mes derniers voeux, lui seul les mérite; ses lumières et son courage l’ont tiré de l’abjection du néant; ses lumières et son courage le rendront éternel.
II. SUR LES MESURES RÉVOLUTIONNAIRES
(28 août 1792)
Dans la séance du 28 août de la Législative, Danton, ministre de la Justice, monta à la tribune pour exposer les mesures révolutionnaires qu’il semblait important de prendre. Merlin (de Thionville) convertit la proposition en motion que la Législative vota et qui, le lendemain, fut mise à exécution. Les barrières furent fermées à 2 heures, et les visites domiciliaires durèrent jusqu’à l’aube.
* * *
Le pouvoir exécutif provisoire m’a chargé d’entretenir l’Assemblée nationale des mesures qu’il a prises pour le salut de l’Empire. Je motiverai ces mesures en ministre du peuple, en ministre révolutionnaire. L’ennemi menace le royaume, mais l’ennemi n’a pris que Longwy. Si les commissaires de l’Assemblée n’avaient pas contrarié par erreur les opérations du pouvoir exécutif, déjà l’armée remise à Kellermann se serait concertée avec celle de Dumouriez. Vous voyez que nos dangers sont exagérés.
Il faut que l’armée se montré digne de la nation. C’est par une convulsion que nous avons renversé le despotisme; c’est par une grande convulsion nationale que nous ferons rétrograder les despotes. Jusqu’ici nous n’avons fait que la guerre simulée de Lafayette, il faut faire une guerre plus terrible. Il est temps de dire an peuple qu’il doit se précipiter en masse sur les ennemis.
Telle est notre situation que tout ce qui peut matériellement servir a notre salut doit y concourir. Le pouvoir exécutif va nommer des commissaires pour aller exercer dans les départements l’influence de l’opinion. Il a pensé que vous deviez en nommer aussi pour les accompagner, afin que la réunion des représentants des deux pouvoirs produise un effet plus salutaire et plus prompt.
Nous vous proposons de déclarer que chaque municipalité sera autorisée à prendre l’élite des hommes bien équipés qu’elle possède. On a jusqu’à ce moment fermé les portes de la capitale et on a eu raison; il était important de se saisir des traîtres; mais, y en eût-il 30.000 à arrêter, il faut qu’ils soient arrêtés demain, et que demain Paris communique avec la France entière. Nous demandons que vous nous autorisiez à faire faire des visites domiciliaires.
Il doit y avoir dans Paris 80.000 fusils en état. Eh bien! il faut que ceux qui sont armés volent aux frontières. Comment les peuples qui ont conquis la liberté l’ont-ils conservée? Ils ont volé à l’ennemi, ils ne l’ont point attendu. Que dirait la France, si Paris dans la stupeur attendait l’arrivée des ennemis? Le peuple français a voulu être libre; il le sera. Bientôt des forces nombreuses seront rendues ici. On mettra a la disposition des municipalités tout ce qui sera nécessaire, en prenant l’engagement d’indemniser les possesseurs. Tout appartient à la patrie, quand la patrie est en danger.
III. SUR LA PATRIE EN DANGER
(2 septembre 1792)
Le matin du 2 septembre on apprit à Paris, après les premiers succès de Brunswick et la capitulation de Longwy, l’investissement de Verdun. Une émotion et une fureur extraordinaires s’emparèrent de la capitale, et tandis que Danton tonnait à la tribune, le peuple se vengeait, sur les suspects des prisons, des malheurs de la patrie. «Il me semble, écrit avec raison M. Aulard, que cette véhémente harangue peut être considérée comme un des efforts les plus remarquables de Danton pour empêcher les massacres»[22]. Elles ne les empêcha point, mais assura, du moins, la gloire à son auteur.
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Il est satisfaisant, pour les ministres du peuple libre, d’avoir à lui annoncer que la patrie va être sauvée. Tout s’émeut, tout s’ébranle, tout brûle de combattre.
Vous savez que Verdun n’est point encore au pouvoir de nos ennemis. Vous savez que la garnison a promis d’immoler le premier qui proposerait de se rendre.
Une partie du peuple va se porter aux frontières, une autre va creuser des retranchements, et la troisième, avec des piques, défendra l’intérieur de nos villes. Paris va seconder ces grands efforts. Les commissaires de la Commune vont proclamer, d’une manière solennelle, l’invitation aux citoyens de s’armer et de marcher pour la défense de la patrie. C’est en ce moment, messieurs, que vous pouvez déclarez que la capitale a bien mérité de la France entière. C’est en ce moment que l’Assemblée nationale va devenir un véritable comité de guerre. Nous demandons que vous concouriez avec nous à diriger le mouvement sublime du peuple, en nommant des commissaires qui nous seconderont dans ces grandes mesures. Nous demandons que quiconque refusera de servir de sa personne, ou de remettre ses armes, sera puni de mort.
Nous demandons qu’il soit fait une instruction aux citoyens pour diriger leurs mouvements. Nous demandons qu’il soit envoyé des courriers dans tous les départements pour avertir des décrets que vous aurez rendus. Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée[23].