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Kitabı oku: «Les Dernières Années du Marquis et de la Marquise de Bombelles», sayfa 16

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CHAPITRE IX

Les étapes de la Révolution. – Le 20 juin. – Dernière lettre de Madame Élisabeth. – Le comte et la comtesse de Régis. – Le drame du Temple. – Bombelles à l'armée de Condé. – Sa rencontre avec Gœthe. – Mort du Roi. – Procès et mort de la Reine. – Angoisses des Bombelles. – Correspondance avec les Raigecourt. – Mort de Madame Élisabeth. – Douleur poignante d'Angélique.

Après s'être imaginé à tort que les affaires de son mari, à Saint-Pétersbourg, marchaient mieux, Mme de Bombelles devra se rendre à l'évidence: la mission du marquis n'avait pas apporté de solution profitable. Bombelles n'était pas homme à se décourager; ni les drames qui se succèdent à Paris, ni les échecs subis par les armées envahissantes n'ont émoussé son espoir que la partie royale n'est pas encore perdue. De temps à autre les lettres, bien clairsemées maintenant, de Madame Élisabeth viennent apporter leur note affectueuse.

On ne saurait lire sans émotion cette relation écrite après la tragédie du 20 juin: la princesse y peint les événements dans le style pittoresque et prenant dont elle a le secret, «les grands jours». L'invasion des Tuileries par les faubourgs, sous sa plume, est angoissante au premier chef. Elle fait dérouler les incidents les plus intéressants: le bonnet rouge sur la tête du Roi, les appartements privés inondés de populace, les menaces, les insultes, les vociférations, la Reine un instant en danger, puis haranguée par Santerre, donnant dans un geste, qui enleva une ovation, sa main à baiser aux grenadiers… On assiste à la scène du soir quand la Reine et ses enfants se jettent au cou du Roi… Madame Élisabeth n'a oublié que les faits qui lui sont personnels. Elle ne dit pas qu'une pique a effleuré sa poitrine… Elle ne dit pas non plus ceci: Dans un moment de presse tumultueuse, les cris de haine redoublent. Au moment où le Roi, sollicité par un garde national, vient de boire à la santé de la Nation, un énergumène apercevant Madame Élisabeth dans une fenêtre et la prenant pour la Reine, hurle: «Voilà l'Autrichienne! Il nous faut la tête de l'Autrichienne!» – Ce n'est pas la Reine, dit l'écuyer de la princesse, M. de Saint-Pardoux. – Et la princesse de s'écrier généreusement: «Pourquoi les détromper? Leur erreur pouvait sauver la Reine252

On avait formulé de sombres pronostics sur la journée de la Fédération. Il n'en fut rien, et la journée fut calme. – «La Fédération s'est passée tranquillement, écrit Madame Élisabeth, le 16 juillet. L'on a bien crié Vive Pétion en passant devant le Roi, et lorsqu'il a paru, cela a été des cris terribles qui, je crois, l'ont tellement flatté qu'un seul moment où il a voulu jeter les yeux sur notre balcon, comme il a vu qu'il y en avait beaucoup de fixés sur lui, la modestie s'est emparée de lui. Le Roi, dans ce moment, était à l'autel de la patrie… Le Roi une fois remonté en voiture, les cris de Vive le Roi et la Reine n'ont pas cessé jusqu'au château. «Les grenadiers qui entouraient le carrosse et criaient sans trêve étaient tout cœur et toute âme, cela faisait du bien», écrivait la princesse, le même jour, à Mme de Raigecourt. Les acclamations de la fin furent le sourire d'une journée qui avait commencé dans l'angoisse. Il y eut des moments émotionnants, quand le Roi se rendit à pied du pavillon de l'École militaire à l'autel dressé à l'extrémité du Champ de Mars. «Quand il monta les degrés de l'autel, a écrit Mme de Staël, on crut voir la victime sainte s'offrant volontiers au sacrifice.» Quant à la Reine, «l'expression de son visage, dit le même écrivain253, ne s'effacera jamais de mon souvenir; ses yeux étaient abîmés de pleurs, la splendeur de sa toilette, la dignité de son maintien, contrastaient avec le cortège dont elle était entourée… au milieu de ces hommes qui avaient plus l'air d'être réunis pour une émeute que pour une fête.» L'émotion de la Reine avait été très vive pendant toute la cérémonie; elle se figurait qu'on voulait enlever le Roi; l'ayant perdu de vue un instant, elle avait poussé un cri254. Et le soir ce furent des pleurs, une scène d'attendrissement et de douce émotion255.

Peu à peu, pendant l'été, les lettres de Madame Élisabeth sont devenues rares, très rares, jusqu'à la dernière, écrite la veille du 10 août. En revanche, une lettre de Mme de Bombelles a été tout récemment découverte aux Archives nationales256. Cette lettre, datée du 6 août, offre certains détails intéressants. Elle montre aussi l'affectueux dévouement que Mme de Bombelles ne cesse de témoigner à son infortunée maîtresse.

Le bruit s'était répandu que la famille royale avait été massacrée. «Depuis trois jours il courait en Suisse le bruit que le plus grand des forfaits s'était consommé, et que des crimes innombrables l'avaient précédé et suivi. Oh! ma princesse! Dans quel état de douleur j'ai été et comment suis-je encore de ce monde après une telle secousse!

… Les nouvelles de ce matin nous ont, grâce à Dieu, rendu le calme et la tranquillité. C'est un état où nous ne resterons pas longtemps; mais le bonheur de savoir notre bon Roi existant ainsi que la Reine et leurs enfants l'emporte sur toutes les inquiétudes que je devais avoir.

Nous n'avons aucune nouvelle des troupes ennemies, mais, selon toute apparence, elles seront aux frontières quand Madame recevra ma lettre. Je suis bien étonnée que par les lettres que j'ai reçues aujourd'hui du 30 et du 1er on n'ait eu alors aucune connaissance du manifeste257. Il serait pourtant essentiel que l'Assemblée se hâtât de réparer le tort que cet écrit peut faire dans bien des têtes, et que, par un décret ferme et vigoureux, elle infligeât les peines dues aux imbéciles qui pourraient s'effrayer. On craint pour Landau et Strasbourg, mais le duc de Brunswick, malgré tous ses talents, ne fera rien, et il est dommage qu'un homme d'un aussi grand mérite se soit laissé aveugler par les déclamations des mécontents… C'est à présent que nos braves généraux vont faire connaître leur valeur, et tout ira bien, si tous les partis en France veulent ne plus avoir que les mêmes principes et le même but. Je n'aime pas trop la présence des Marseillais à Paris258. Il faudrait les engager à retourner chez eux pour que tout soit à sa place. On nous assure que le roi de Sardaigne va commander lui-même son armée. Encore une autre folie! Non, je ne puis concevoir qu'on tente de nous attaquer, et pour être plus sûr de nos succès, il faudrait seulement que le Roi n'agisse que guidé par notre Constitution. Espérons, ma Princesse, qu'enfin elle triomphera, et que non seulement elle sera respectée, mais encore imitée.»

On remarquera ces phrases si «constitutionnelles» qu'on n'est pas habitué à voir sous la plume de Mme de Bombelles. Est-ce à dire que l'émigrée si ancrée dans le système «ancien régime» que nous connaissons, a diamétralement modifié ses idées? Nous ne le croyons pas, étant données des lettres postérieures à Mme de Raigecourt. Elle ne peut dire ce qu'elle espère: c'est que l'état de choses sera modifié par la guerre. Ce langage, à tout prendre, est adroit et prudent. Mme de Bombelles ne peut savoir les négociations de dernière heure tentées avec les Jacobins et le rôle d'intermédiaire joué par Madame Élisabeth, elle ignore que Pétion, Santerre, Manuel, Danton, vont recevoir de grosses sommes d'argent pour empêcher le mouvement qui se prépare259, – et qui servira à payer l'émeute, – elle ne sait pas sans doute, les entretiens secrets auxquels sa princesse prit part, l'énergie et l'intelligence montrées par celle qui, par tous les moyens, s'efforce de sauver le Roi260. Madame Élisabeth ne parle pas de ses projets, – du moins dans les lettres qui nous sont parvenues, – et Angélique n'y fait pas allusion même à mots couverts. Est-ce à dire qu'elle n'a pas deviné de secrètes combinaisons?

Elle demande à recevoir exactement des nouvelles de la princesse… Peut-elle se douter seulement que cette lettre du 6 août ne parviendra pas à sa destination, que lorsqu'elle arrivera aux Tuileries où elle sera saisie et lue par d'autres, Madame Élisabeth aura franchi les premières marches de ce calvaire: le Temple?

D'elle-même et des siens, Mme de Bombelles donne un bulletin qui nous intéresse. Après une absence à Schinznach, elle est revenue à Wartegg avec ses hôtes, les comtes de Thurn. «Ils sont de la meilleure société et nous témoignent une véritable satisfaction de nous avoir chez eux. Ils sont bons, aimables, obligeants, et nous sommes désolés qu'ils nous quittent demain…

Voici enfin une phrase sur le marquis: «Je ne sais encore quand reviendra mon ami; sa santé est beaucoup meilleure, et je suis persuadée que sa grande cure des eaux lui fera grand bien. Je m'ennuie de son absence, mais l'espoir du rétablissement de sa santé me fait prendre patience…»

Du même jour on possède261 une autre lettre de Mme de Bombelles, celle-là adressée à la baronne de Mackau. Elle n'est guère, au début, que la paraphrase de la lettre de Madame Élisabeth: récit de ses inquiétudes, espoir que les affaires s'arrangeront. Sur un point important, la marquise insiste: «Le Roi, guidé par la Constitution, ne fera que du bien. Il fera la paix, établira la tranquillité dans le royaume, et les factieux, je l'espère, seront abattus.» Entre les lignes on peut deviner, ce semble, les différents espoirs auxquels la marquise se raccroche; si les armées françaises sont victorieuses, le Roi pourra en reconquérir une force nouvelle; si, au contraire, elles sont vaincues, les puissances peuvent imposer un nouvel état de choses et sauver la famille royale262… Elle n'oubliait qu'une chose: la Révolution! La dynastie il n'en était plus question, puisque l'Assemblée, avoue Madame Élisabeth, le 8 août, va être forcée de voter la déchéance… Le 9 pourtant il y a sursis, jusqu'à six heures du soir, le château et la ville doutaient encore du mouvement annoncé, et Madame Élisabeth écrivait sa dernière lettre à la fidèle Angélique.

«Si vous ne trouvez pas, Mam'selle Bombe, que je ne suis pas soumise à vos ordres, vous aurez tort. Ne v'là-t-il pas que je reçois à l'instant la lettre par laquelle vous me demandez force nouvelles, et v'là que je prends la plume et que je vous mande que cette journée du dix263, qui devait être si vive, si terrible, est la plus calme possible; que l'Assemblée n'a point décrété ni déchéance, ni suspension, qu'elle s'est occupée des fédérés, qu'une partie veut faire partir et l'autre retenir, et que l'on s'est borné à sommer le ministre de rendre compte pourquoi le camp de Soissons n'était pas prêt à les recevoir. Le département a dit qu'il avait donné des ordres à la municipalité pour veiller à l'ordre. Le maire a paru ensuite pour se plaindre de ce que le département ne donnait l'ordre qu'à lui et non à la municipalité, et a demandé que l'on enjoigne au département de donner à la municipalité des ordres précis. Voilà, mon cœur, tout ce qui s'est passé de plus intéressant. Du reste il fait bien chaud; mais malgré cela, celle qui t'écrit, ta mère, et tout ce qui t'intéresse ici se portent bien.»

Pas une plainte, pas un cri d'angoisse dans cette lettre… Madame Élisabeth se figure que les sept cent cinquante mille livres remis à Pétion et à Santerre empêcheraient les rassemblements du lendemain, que les Marseillais ne constituent plus un danger, mais qu'ils sont, au contraire, ramenés à la cause royale, que Louis XVI et sa famille sont encore une fois sauvés… Quelques heures après le départ de la lettre à Mme de Bombelles, le tocsin sonne au clocher des églises, les tambours battent la générale, les faubourgs s'ébranlent et se mettent en marche. Une femme avait prédit qu'en ces jours de revendications violentes, «il pleuvrait du sang», et elle avait raison. Les récits contemporains si nombreux, le récit si consciencieusement étayé sur les documents contemporains de Mortimer Ternaux permettent de suivre heure par heure, minute par minute, les phases du drame; on comprend en quoi la volte-face de Pétion264, craignant pour ses jours et se faisant appeler à la barre de l'Assemblée, devait irrémédiablement abîmer les dernières illusions de la famille royale, on voit Louis XVI hésitant à faire couler le sang, perdant des moments précieux à demander des conseils, se décidant selon l'avis de Rœderer265, procureur-syndic, à se réfugier à l'Assemblée… «Nous reviendrons, avaient répété le Roi et la Reine, en se dirigeant vers l'Assemblée; mais ni l'un ni l'autre n'ont d'espoir, et les spectateurs, les fidèles qui les entourent sentent bien que ce qu'ils voient passer «c'est le convoi de la royauté266»…

Madame Élisabeth n'a pas quitté le Roi et la Reine. De ce calvaire de la terrasse des Feuillants où insultes et ignominies tombent sur Marie-Antoinette; elle a sa part avec la famille royale; elle sera tenue prisonnière dix-huit heures dans la tribune du logographe.

Là parviennent les nouvelles: la montée des colonnes insurrectionnelles, l'envahissement de la Cour des Tuileries… l'héroïque défense des Suisses, le massacre de Clermont-Tonnerre, la tête de Suleau portée sur une pique par Théroigne de Méricourt… le pillage et le sac du Château… Pendant trois jours la famille royale est logée au couvent des Feuillants; traînée à l'Assemblée, elle entend la signification de la déchéance de Louis XVI, puis, au milieu des outrages, elle prend le chemin du Temple. La royauté était en prison, et, comme dit Gouverneur-Morris, «l'histoire nous apprend combien est court, pour les monarques détrônés, le passage de la prison à la tombe».

Depuis son retour de Russie, le marquis est le mouvement fait homme. On sait combien l'inaction lui pèse, il cherche toute occasion de remplir les missions que lui confie Breteuil au nom du roi nominal de France. Il a mis son concours au service du prince de Condé, et ses passages à Worms, à Willingen, témoignent de son désir, sinon de servir au titre militaire, au moins de se tenir aux côtés des chefs de l'armée. De ces allées et venues, de ces conciliabules entretenus d'illusions, de ces tiraillements entre l'armée des princes, les représentants de Coblentz et ceux du Roi, ne nous préoccupons pas outre mesure, Bombelles n'ayant joué ici qu'un rôle secondaire.

En revanche au cours de sa chevauchée de diplomate suivant l'armée prussienne, Bombelles s'est rencontré avec Gœthe. C'était en Champagne, la veille de Valmy, au camp du grand-duc de Saxe-Weimar, qu'accompagnait le poète. Dans sa Campagne de France, Gœthe raconte ainsi leur entrevue:

«Parmi toutes les personnes dont le feu éclairait dans ce cercle la taille et le visage, j'aperçus un homme âgé267 que je crus reconnaître. Quand je m'en fus assuré, je m'approchai de lui, et il ne fut pas peu étonné de me voir là. C'était le marquis de Bombelles que j'avais vu à Venise deux années auparavant, quand j'accompagnais la duchesse Amélie. Il y résidait alors comme ambassadeur de France, et il avait pris à cœur de rendre à cette excellente princesse le séjour de Venise aussi agréable que possible. Nos cris de surprise, la joie du revoir et nos souvenirs égayèrent ce moment sérieux. Nous parlâmes de sa magnifique demeure sur le Grand-Canal; je lui rappelai comme, arrivé chez lui en gondole, nous y avions trouvé un accueil honorable et une gracieuse hospitalité; comment par de petites fêtes, dans le caractère et l'esprit de cette princesse qui aimait la nature et les arts, la gaieté et le bon goût, il l'avait amusée de mille manières, elle et son entourage, et, par l'influence qu'il exerçait, lui avait procuré bien des jouissances refusées aux étrangers.

«Mais quelle fut ma surprise, à moi, qui avais cru le réjouir par un éloge sincère, de l'entendre s'écrier avec mélancolie: «Ne parlons pas de ces choses! Ce temps est trop loin de moi; et dès ce temps même, quand j'amusais mes nobles hôtes avec une apparente sincérité, le souci me rongeait le cœur; je pressentais les suites de ce qui se passait dans ma patrie; j'admirais votre sécurité de ne pas prévoir le danger qui vous menaçait vous-même; je me préparais en silence au changement de mon sort. Bientôt après, je dus quitter mon poste honorable et ma chère Venise et commencer les courses vagabondes qui ont fini par m'amener ici.»

Gœthe disait vrai. Le marquis de Bombelles avait toujours jugé les événements avec une triste justesse, et à Venise même, lorsqu'avec un grand désintéressement, il avait cru devoir refuser le serment à la nouvelle Constitution et par suite se déclarer démissionnaire, il avait considéré la cause royale comme courant les plus grands dangers. Nous l'avons vu, ne désespérant pourtant pas, mettre son zèle et son dévouement au service des intérêts qu'il ne cessait de défendre, s'efforcer de ramener la concorde parmi les différentes fractions du parti émigré, accepter les tâches les plus délicates et les missions les plus ingrates. La précipitation des événements… les massacres de septembre, la République imminente, l'entrée en fonction de la Convention ne lui ont pas fait perdre tout courage. Comme par le passé, tous les moyens lui paraissent bons pour sauver le Roi et «déjacobiner» la France. Sa femme n'est pas moins ardente, passant de la tristesse à l'espérance…

Avec Mme de Raigecourt, Angélique de Bombelles parle franchement: angoissantes inquiétudes pour la vie du Roi, espérance du côté de Brunswick. Ce ne sont plus là les phrases à double entente ou encadrant celles écrites au citron dont sont émaillées les lettres à la Princesse.

Au comte de Régis, sous l'impression des journées de septembre, elle écrit: «Nous sommes tous dans l'agonie que vont avoir les efforts du duc de Brunswick. Les derniers massacres de Paris font horreur et doivent tout faire craindre pour ces malheureux souverains.»

Dès le 21 septembre elle croit le Roi au secret depuis le 6 (en réalité, il ne fut séparé des siens que le 29). «Quel moment a du être celui de la séparation d'avec la Reine, ses enfants et notre princesse.» L'âme se déchire en se pénétrant de ce lamentable tableau et de la cruelle agonie où doit être ce malheureux Roi dans son cachot… «On espère dans Pétion, qui veut assurer sa vie en sauvant celle du Roi.» On espère aussi dans l'armée prussienne, car «la résistance de Thionville est un grand mal; cela retarde la marche du brave duc… Je crois que si les armées prussiennes n'ont point de revers, nos Jacobins n'oseront pas prononcer sur la vie du Roi; mais si, malheureusement, les patriotes gagnaient une bataille, tout serait perdu».

Par ces mots on voit que les idées de Mme de Bombelles ne s'étaient pas modifiées quand elle pouvait écrire ce qu'elle pensait. Inutile de souligner encore une fois ses souhaits antipatriotiques: pour un émigré, la patrie était là où étaient les intérêts du Roi.

Aux patriotes – les uns sincères, les autres uniquement préoccupés du désir d'anéantir la monarchie et à immoler ses représentants, – les émigrés faisaient la partie belle en appelant à leur secours les puissances transrhénanes, que naguère Voltaire, l'internationaliste humanitaire d'alors, préférait à sa propre patrie. Pour voler aux frontières et défendre le sol envahi – jeunes soldats et vétérans des armées royales – les hommes avaient surgi de terre, cependant que, à l'invasion des bataillons étrangers répondait à l'intérieur l'horreur des massacres de septembre – tolérés sinon ordonnés par ceux qui détenaient le pouvoir.

Revenons à notre marquise antijacobine et laissons-la se leurrer des nouvelles envoyées de Bruxelles par son mari. «Mon mari me mande que, sans la cruelle situation du Roi, tout irait à souhait; que le peuple de la campagne reçoit les armées avec satisfaction, que Châlons attend et désire Brunswick…»

A l'heure où Mme de Bombelles écrivait ces lignes, les espérances des émigrés pouvaient tomber de haut. Les Prussiens étaient vaincus à Valmy et les négociations pour la retraite de Brunswick étaient commencées.

Elle s'inquiète de Mme de Mauléon, sœur de Mme de Raigecourt268, elle s'inquiète surtout de la princesse, à qui n'a pu parvenir sa dernière lettre. «Mme de Chazet m'en donne autant de nouvelles qu'elle peut à mots bien couverts. Elle me parle de son courage, de sa résignation, et m'assure qu'elle se porte bien ainsi que le Roi et la Reine. Il me semble même qu'elle espère leur salut par l'intelligence de quelques personnes gagnées.» En fin de lettre, un mot sur la baronne de Mackau et les siens. «Ma mère a été interrogée et envoyée innocente. Elle est à Vitry, triste et tremblante, ainsi que ma tante et ma sœur et une partie de notre famille.» Mme de Bombelles pouvait ne pas savoir tout sur la situation de sa mère. Celle-ci avait couru les plus grands dangers aux Tuileries. Quelqu'un put l'emmener, la faire fuir, la mettre en lieu sûr. Qui fut ce sauveur? Alissan de Chazet ou le comte de Wittgenstein, son ami? Peut-être les deux. Alissan de Chazet ne semble pas avoir été inquiété, mais le comte de Wittgenstein, jeté à la Force, fut massacré le 2 septembre269.

… Un mois s'est passé, Mme de Bombelles n'a que des doléances à exprimer à Mme de Raigecourt sur la marche des événements. «Je suis dans la désolation, mon enfant, écrit-elle le 16 octobre, toujours à Wardeck, de la nécessité où se trouve le duc de Brunswick d'abandonner son projet d'aller à Paris. Il faut que le bouleversement qu'ont occasionné les malheurs du 10 août ait rompu toutes les intelligences; cela joint au temps affreux que nous avons eu tout le mois de septembre, mille autres détails qui nous échappent, auront renversé tous ses plans, et notre malheureux Roi, sa famille, tous les misérables émigrés, que vont-ils devenir?.. Je vois tout perdu, je ne vous le cache pas; car tout accommodement avec des monstres comme les Jacobins est chose impossible. Il fallait les écraser; cela ne se pouvant pas, il ne faut rien espérer ni de raisonnable, ni de tranquillisant.» Au comte de Régis elle confie le 30 octobre: «Notre position ici est toujours assez désagréable. Les Suisses ont en horreur les Français, et on ne peut exiger du peuple qu'il distingue ceux qui ne méritent que leur commisération270.

«Et notre pauvre Roi, que deviendra-t-il? Si on ne l'exécute pas, on le laissera mourir de chagrin dans sa prison, car jamais ils ne se déferont de leur proie…»

Mme de Bombelles est inquiète. Son mari ne lui a point écrit comme elle y comptait. Elle le sait au camp du duc de Brunswick, et «trop brave pour ne pas s'exposer». «Que deviendrais-je s'il lui était arrivé quelque chose?» «Je crains qu'il ne s'expose», écrit-elle au comte de Régis. De Paris, elle a des nouvelles par Mme de Chazet. «La princesse se soutient, console le Roi par sa piété et son courage… Il n'est pas vrai qu'ils soient séparés.»

Des illusions elle ne s'en fait plus guère, ni sur Dumouriez, «qui est le mortel ennemi du Roi et a eu personnellement trop de torts vis-à-vis de lui pour chercher à les réparer», ni sur la situation en général: «C'est un supplice de plus d'avoir à se désabuser sans cesse sur de vaines espérances».

A ces tristesses, à ces angoisses, s'ajoute encore l'anxiété de savoir la Reine de Naples dans un état de santé inquiétant. Elle a perdu deux enfants en quinze jours, «nos maux l'accablent», tant de tortures morales et physiques peuvent abréger ses jours. Nouvelle source de chagrins pour les Bombelles qui, auprès du Roi très faible, n'ont nul avocat. Que deviendraient-ils si soudain la pension qui les fait vivre leur était retirée?

Le bulletin de Mme de Mackau n'est guère réconfortant. Elle est réduite à la plus grande pauvreté.

Après la retraite de Brunswick, Bombelles a quitté l'armée prussienne et est rentré, au moins pour quelque temps, à Wardeck. C'est là qu'il suit, dans la Gazette de Berne, le long calvaire du Temple, le procès du Roi.

«Nous sommes dans l'agitation la plus cruelle sur le sort du Roi, écrit Mme de Bombelles à Mme de Raigecourt, le 2 janvier 1793; il a dû être jugé le 26; le terme était si court que M. de Malesherbes ne pouvait avoir répondu à toutes les calomnies qu'on a artificieusement machinées pendant quatre mois, et il serait possible qu'il n'y eût encore rien de terminé. N'êtes-vous pas touchée du courageux dévouement de ce vertueux vieillard à défendre notre infortuné monarque? Déjà, on trouve fort mauvais qu'en parlant de lui il le traite de Roi; sa vie sera peut-être le prix de sa fermeté; mais sa mort, si elle arrive, sera plus digne d'envie que l'existence des monstres qui la lui raviront.»

Mme de Bombelles veut espérer contre toute espérance, «contre tout raisonnement humain». «La Providence a voulu nous châtier, nous le méritions, mais elle ne veut pas nous abandonner. Et qui pourrait assurer que le Roi ne remontera pas un jour sur le trône?»

Le drame s'est accompli… Louis XVI a été guillotiné le 21 janvier… La nouvelle en parvient à la fin du mois en Suisse. Mme de Bombelles ne prend la plume que le 4 février. Sa lettre au marquis de Raigecourt est écrite sous l'empire de la vraie douleur qui l'accable; elle s'y montre à la fois cruellement affectée et très montée contre ceux qui ont exécuté le crime…

«Rien ne peut égaler notre douleur, mon cher marquis, que celle que vous éprouvez. La mort de notre infortuné maître nous remplit d'amertume et d'effroi, et mon pauvre mari et moi ne cessons de le pleurer du fond du cœur, mais, en même temps, cependant, l'héroïsme, la douceur, la piété de cet excellent prince sont pour nous une véritable consolation…»

On sait la sincérité des sentiments religieux de Mme de Bombelles, on ne s'étonnera donc pas de lui voir ajouter: «Nous l'invoquons avec confiance comme un saint, et l'exemple admirable qu'il nous a donné en mourant doit être notre guide, notre soutien dans les malheurs qui succèderont peut-être encore à tous ceux que nous éprouvons.»

Pas de nouvelles précises de la Reine et de «l'adorable princesse». Cette inquiétude angoissante est «chagrin bien amer et insupportable».

«On me mande de Paris qu'on garde encore un silence profond sur le sort qu'on leur prépare, qu'elles sont étroitement gardées, et qu'on leur refuse jusqu'à la consolation de rendre au petit Dauphin le nommé Cléry271 qui a servi le Roi jusqu'au dernier moment.»

«Différents bruits ont circulé. Un des monstres a eu l'atrocité de proposer que la Reine fût mise à la Force ou à la Conciergerie. La Gazette de Berne dit que ces barbares veulent faire périr la Reine et notre princesse, et que le procès de cette dernière se fondera sur les preuves qu'ils ont qu'elle a fait passer ses diamants aux princes ses frères272. La tête m'en tourne, mon cher marquis; je dis à Dieu: «que votre volonté soit faite», mais hélas! mon sacrifice est bien imparfait… Je gémis et je pleure…»

Des fêtes ont été données à Paris pour que le peuple se tienne tranquille. Mme de Bombelles s'en montre outrée: «Ses habitants sont d'une lâcheté qui me révolte plus peut-être que l'atrocité des Jacobins… Qu'espérer de la pusillanimité, de la tiédeur? C'est une ville, à l'exception de quelques gens vertueux à réduire en cendres; elle est trop corrompue pour jamais en espérer aucun retour…»

Après des réflexions sur les «cannibales», la marquise passe à des nouvelles de famille. Son mari, «dont l'affliction est déchirante», se décidera-t-il à faire campagne! Tout dépendra de la tournure que prendront les affaires.

En terminant: «Vous aurez appris tout ce qui s'est passé à Rome273. J'ai cru pendant deux jours que c'était mon frère qui avait été tué. Je le pleure quoiqu'il soit en vie avec Mme de Raigecourt». Angélique, dans lettre du 18 février, s'émeut encore davantage sur le sort des princesses. «Comment se fait-il qu'aucun avocat ne se présente pour aider une cause aussi touchante? Comment se fait-il que la France entière soit muette à de semblables forfaits? Notre nation est un composé de méchanceté et de lâcheté qui fait horreur…»

Un service a été chanté pour le Roi à Wardeck, et «cette cérémonie, qui s'est passée dans la plus grande décence, m'a fait répandre bien des larmes»… «Je gémis comme vous d'être loin de notre princesse… Notre jeune Roi se porte bien; on l'a vu se promener dans le jardin du Temple avec Cléry, qui est gai et gentil comme il l'est toujours…»

Enfin des réflexions sur Monsieur qui, dès le 28 janvier, à Ham en Westphalie, proclama l'avènement au trône de son neveu sous le nom de Louis XVII, et se déclara lui-même Régent de France274. «N'eût-il pas été plus sage que Monsieur se fût moins pressé et eût attendu le consentement des puissances et de la saine majorité des magistrats émigrés.»

De si douloureux événements ont réagi sur la santé de Mme de Bombelles: elle a été fort malade d'une fausse couche et même en danger de mourir. «Je me sens actuellement beaucoup mieux, écrit-elle au marquis de Raigecourt, le 22 avril, mais il me reste une grande faiblesse, et les sollicitudes auxquelles je suis livrée sur l'existence de notre vertueuse princesse, de la Reine, ne sont pas faites pour rendre des forces.»

Dans cette même lettre la marquise donne de curieuses appréciations sur Dumouriez; elle en profite pour faire une profession de foi politique dont on pressent l'orientation.

«J'ai éprouvé, comme vous, une grande joie de la défection de Dumouriez275, et il n'est pas douteux que, si son plan eût eu son entière exécution, la contre-révolution serait faite dans ce moment-ci. Dieu ne l'a pas permis, et peut-être est-ce pour notre bonheur; du moins c'est l'avis de mon mari. Dumouriez, à ce qu'il paraît, voulait, à la tête de son armée et soutenu du prince de Cobourg, donner des lois à la France et nous rejeter dans la Constitution, qui en peu de temps nous eût ramenés à l'anarchie et à toutes les horreurs qui nous ont déjà causé tant de maux. Il vaut donc mieux qu'il ne soit plus en mesure de nous faire du mal276

Mme de Bombelles ne pouvait sentir Dumouriez, mais, comme on le voit, pour des raisons inattendues. Elle poussait, du reste, l'illusion jusqu'à ajouter: «Il vaut mieux que le temps portant conseil, les puissances sentent que, pour leurs propres intérêts, il faut nous remettre simplement à notre ancien régime277. C'est à quoi doivent travailler tous ceux dont la voix peut être entendue, et c'est ce que mon mari, du fond de sa retraite, ne cesse d'écrire et, j'ose dire, de prouver. Nos infâmes assassins ne peuvent plus se soutenir longtemps; mais il est absolument nécessaire qu'il ne reste plus vestige de tant de rébellions; sinon, tout ce qui pense bien ne pourrait, en son âme et conscience, rentrer dans un foyer de discordes et d'exécration…»

252.Mémoires de Mme Campan.
253.Considérations sur la France, t. I.
254.Mémoires de la duchesse de Tourzel, II, 178.
255.Mémoires de Weber, 413.
256.Par M. Albert Savine.
257.Le manifeste que signa le duc de Brunswick, œuvre de folie des émigrés. Voir dans l'Histoire parlementaire, t. XVI, le manifeste in extenso. Voir aussi, Mortimer Ternaux, Hist. de la Terreur, t. II. Mathieu Dumas a nommé le manifeste du duc de Brunswick, «l'acte le plus impolitique que l'orgueil et l'ignorance aient jamais dicté, véritable fratricide des princes français émigrés envers Louis XVI et sa famille».
  Le manifeste était dû à la plume d'un émigré, M. de Limon, et ce fut Fersen qui fit substituer ce texte à celui bien plus modéré de Mallet du Pan.
258.Ce n'est pas sans raison que Madame Élisabeth pouvait s'effrayer de la présence des Marseillais. On sait quel rôle ils jouèrent dans le drame des journées d'août.
259.Voir les Mémoires de la duchesse de Tourzel, t. I; les Mémoires de la Fayette, t. I; de Bertrand de Moleville, t. I; de Miot de Mélito, t. I; de Brissot, t. IV; et Taine, les Origines…, la Conquête jacobine.
260.Il faut relire ces pages des Mémoires de Malouet où le rôle de Madame Élisabeth est clairement exposé. Cf. aussi les Mémoires de la duchesse de Tourzel.
261.Même dossier des Archives nationales, publié par M. Albert Savine, Revue hebdomadaire, 9 août 1902.
262.Avant les démarches tentées in extremis sur les meneurs du mouvement en faveur de la déchéance, on ne croyait plus possible de sauver la famille royale. Le 1er août, Marie-Antoinette avait fait écrire par Goguelat à Fersen une lettre désespérée. Pétion, au nom de 46 sections sur 48, demandait la déchéance le 3… Les Marseillais s'installèrent au centre de la capitale, tandis que Jourdan coupe-tête et les massacreurs de la Glacière se joignaient à Santerre. Le Roi et la Reine s'attendaient à être égorgés.
263.La lettre, malgré la date écrite en surcharge par la princesse, est du 9 et non du 10. Les motions relatives aux fédérés, à renvoyer à Soissons, le sursis pour le vote du décret de déchéance, l'apparition à l'Assemblée du maire Pétion, tout cela est du 9.
264.Journal d'une bourgeoise pendant la Révolution (Mme Jullien) publié par M. Lockroy.
265.1754-1835. Avocat, conseiller au Parlement de Metz, s'était fait remarquer par des travaux d'économie politique. Il défendit la famille royale dans le Journal de Paris, dut se cacher après la proscription des Girondins et ne reparut qu'après le 9 thermidor. Il entra à l'Institut, professa aux Ecoles centrales, seconda Bonaparte au 18 brumaire, devint conseiller d'Etat, puis sénateur, ministre des Finances de Joseph, comte et pair de France en 1815. Il vécut dans la retraite sous la Restauration et ne recouvra la pairie qu'en 1832. Il a écrit nombre d'ouvrages économiques et littéraires, même des comédies historiques.
266.Mot de Mlle de Tourzel, Souvenirs de quarante ans, p. 131.
267.C'est à tort que Gœthe lui donne l'épithète d'âgé. Bombelles avait alors cinquante-quatre ans.
268.Une lettre suivante de Mme de Raigecourt la dit réfugiée rue de Sèvres, saine et sauve.
269.Saiffert, Beitrage zur ubschäftlichen Arztneilehre. Paris, 1804, Ire partie, p. 169.
270.Dès le lendemain de Valmy, Brunswick avait entamé des négociations avec Dumouriez, et dès le 30, la retraite des Prussiens avait commencé. Il faut se rappeler que le duc de Brunswick faisait mollement la guerre à la France, qu'en janvier 1792, Philippe de Custine avait été chargé d'une mission particulière auprès du duc de Brunswick. Il ne s'agissait pas seulement, comme l'a écrit Adolphe de Custine, de décider le duc de Brunswick à refuser le commandement de l'armée, coalisée contre la France, mais d'offrir au généralissime de prendre le commandement de l'armée française. Si invraisemblable que paraisse le plan, l'idée en fut étudiée.
  Le duc de Brunswick était très populaire en France: Mirabeau l'avait peint comme un nouvel Alcibiade, les Girondins et Dumouriez l'admiraient, Carra le montrait dans son journal comme le plus grand guerrier et le plus grand politique de son siècle. – Voir A. Sorel, la Mission de Custine à Brunswick (Revue historique, 1876); Mémoires du baron de Bourgoing, 1re édition, t. I; —Fantômes et Silhouettes, Madame de Custine; —Recueil Feuillet de Conches, —le Comte de Fersen et la Cour de France.
271.Peu après, Cléry fut autorisé à s'occuper du jeune prince. Voir Louis XVII, par Beauchesne et le Journal de Cléry.
272.Ce fut en effet l'un des chefs d'accusation formulés contre Madame Élisabeth, l'année suivante.
273.Le Gouvernement français n'avait plus de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Cependant l'ordre avait été donné d'arborer l'écusson de la République sur la maison du consul de France à Rome. Hugon de Basseville, secrétaire de la législation à Naples, était chargé de la négociation, et le 12 janvier, un officier de marine, de Flotte, apportait un ultimatum. La population romaine, exaspérée par le procès de Louis XVI, s'ameuta, Basseville et de Flotte, qui avaient eu l'imprudence de se promener sur le Corso, furent poursuivis: Basseville fut tué et de Flotte n'échappa qu'à grand'peine. Le baron de Mackau était alors ministre à Naples; voilà pourquoi Mme de Bombelles avait pu croire dans le premier moment que c'était lui qui avait été assassiné.
274.Voir le tome II de l'Hist. de l'Emigration par M. Ernest Daudet.
275.Abandonné par ses troupes, Dumouriez avait été contraint, le 5 avril, de se réfugier dans le camp autrichien. Il avait un plan pour restaurer la monarchie, mais non pas suivant les vues des émigrés, ce qui fait que ceux-ci partageaient sur lui les préjugés de Mme de Bombelles. «Eussé-je cent vies, avait dit Dumouriez, que je les donnerais pour mettre un terme aux atrocités des Jacobins, et en eussé-je mille que je les sacrifierais de même pour ne laisser aucun pouvoir étranger ni aucun émigré dicter des lois à ma patrie.» Voir Sybel, Histoire de l'Europe, pendant la Révolution, t. II; A. Sorel, l'Europe et la Révolution française, t. II; Mortimer-Ternaux, Histoire de la Terreur, t. VI, où l'affaire Dumouriez est contée en grands détails; le Journal de Fersen. Voir enfin le dernier ouvrage en date: la Trahison de Dumouriez, par M. Arthur Chuquet.
276.Voir ce que nous avons dit au sujet de la lettre du 6 août adressée à Madame Élisabeth.
277.Mme de Bombelles est inégale dans ses appréciations politiques. Nous avons montré des moments où elle s'est montrée plus modérée et, partant, plus perspicace.
Yaş sınırı:
12+
Litres'teki yayın tarihi:
28 eylül 2017
Hacim:
400 s. 1 illüstrasyon
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Metin
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