Kitabı oku: «Œuvres complètes de lord Byron, Tome 10», sayfa 15
C'est tandis qu'il était encore incertain sur le sort de son dernier poème qu'il écrivit les observations suivantes, sur l'ouvrage d'un de ceux qui avaient suivi la même carrière et traité des sujets analogues.
LETTRE CXLIII
A M. MURRAY
4 décembre 1813.
«J'ai lu en entier vos Contes Persans 74 et pris la liberté de faire quelques remarques sur les pages blanches. Il y a des passages magnifiques et une histoire très-intéressante; je ne saurais vous en donner une meilleure preuve que l'heure qu'il est actuellement, deux heures du matin, heure jusqu'à laquelle cette lecture m'a tenu éveillé sans le moindre bâillement. La péripétie manque de vérité locale; je ne crois pas qu'on connaisse de suicide musulman, du moins par suite d'amour. Mais cela est de peu d'importance. Ce poème doit avoir été écrit par quelqu'un qui avait été sur les lieux: je lui souhaite du succès, et il en mérite. Voudrez-vous présenter mes excuses à l'auteur pour la manière libre dont j'en ai usé avec son manuscrit? Cela ne serait pas arrivé s'il m'avait moins intéressé; vous savez que j'ai toujours pris en bonne part des observations de cette nature, j'espère qu'il les voudra bien prendre de même. Il est difficile de dire ce qui réussira, plus difficile encore de dire ce qui ne réussira pas. Je suis maintenant moi-même dans cette incertitude pour notre propre compte, et ce n'est pas une petite preuve du talent de l'auteur que d'avoir su charmer et fixer mon esprit dans un tel moment, en traitant des sujets analogues au mien, et dont la scène est la même. Qu'il produise le même effet sur tous ses lecteurs est un souhait bien sincère, et à peine l'objet d'un doute pour votre bien affectionné,»
BYRON.
Note 74: (retour) Contes en vers par M. Galley Knight, dont M. Murray lui avait envoyé le manuscrit, sans cependant lui faire connaître le nom de l'auteur.
Pendant l'impression, il fit à la Fiancée d'Abydos des additions qui s'élevèrent à plus de deux cents vers; et, suivant son habitude, parmi les morceaux ainsi ajoutés, se trouvèrent les plus heureux et les plus brillans de tout le poème. Les vers du début
Connaissez-vous le pays, etc.
dont on suppose qu'une chanson de Gœthe 75 lui donna l'idée, font partie de ces additions, aussi bien que les beaux vers
Qui n'a pas éprouvé combien les mots sont impuissans, etc.
Note 75: (retour) Kennst du das Land wo die citronen blühn, etc.
Il est curieux et instructif à la fois de suivre la marche de ses corrections pour l'un des vers les plus admirés de ce poème. Il avait d'abord écrit:
Mind on her lip and music in her face.
Il mit ensuite:
The mind of music breathing in her face.
Mais cela ne le satisfaisant pas encore, il changea de nouveau; et voici le vers tel qu'il est resté:
The mind, the music breathing from her face.
Mais le plus long et le plus brillant des passages que son imagination lui inspira, tandis qu'il revoyait son premier travail, c'est ce torrent de sentimens éloquens qui suit la strophe,
Oh, ma Zuleika! viens partager mon bateau et y amener le bonheur, etc.
morceau de poésie qui, pour l'énergie et la tendresse des pensées, l'harmonie de la versification et le choix des expressions, n'a que peu de pièces auxquelles on le puisse comparer, chez tous les poètes anciens et modernes. La totalité de ce beau passage fut envoyée par fragmens au compositeur; les corrections suivant les corrections, et la pensée nouvelle venant à chaque instant ajouter de la force à la pensée. Voici un autre exemple des corrections successives auxquelles il a dû quelques-uns de ses plus admirables passages. Chacun de nos lecteurs se rappelle sans doute ces quatre beaux vers:
Or, since that hope denied in worlds of strife,
Be thou the rainbow to the storms of life!
The evening beam that smiles the clouds away,
And tints to-morrow with prophetic ray!
(Ou, si cette espérance nous est refusée dans ce monde orageux, sois l'arc-en-ciel des tempêtes de la vie! le rayon du soleil couchant qui dissipe les nuages, et annonce un beau lendemain!)
Dans la copie envoyée d'abord à l'éditeur, le dernier vers était ainsi écrit:
And tints to-morrow with ray.
La note suivante y était jointe:
Monsieur Murray,
«Choisissez des deux épithètes, fancied ou airy, celle qui vous paraîtra convenir le mieux; si aucune ne peut aller, dites-le moi, et j'en rêverai quelqu'autre.»
Le poète, il faut l'avouer, rêva heureusement; prophetic est de tous les mots celui qui convient le mieux au sujet 76.
Note 76: (retour) On verra toutefois, dans une lettre suivante à M. Murray, que Byron lui-même ne sentit pas d'abord l'heureuse propriété de cette épithète; il est donc probable que le mérite de ce choix appartient a M. Gifford.(Note de Moore.)
Je ne choisirai plus parmi les additions à ce poème qu'un exemple qui prouve que le soin avec lequel il revoyait ses poésies égalait la facilité avec laquelle il les composait d'abord. Les six premiers vers du long morceau que je viens de citer ayant été envoyés trop tard à l'éditeur, furent ajoutés par un erratum à la fin du volume; ils commençaient d'abord ainsi:
Soft as the Mecca-Muezzin's strains invite
Him who hath journey'd fars to join the rite.
Quelques heures après, il les renvoya corrigés ainsi,
Blest as the Muezzin's strain from Mecca's dome,
Which welcomes faith to view her Prophet's tomb.
avec le billet suivant à M. Murray.
3 décembre 1813.
«Voyez dans l'Encyclopédie, article la Mecque, si c'est là ou à Médine que le Prophète est enterré; si c'est à Médine, rétablissez ainsi les deux premiers vers de ma variante:
Blest as the call which from Medina's dome
Invites devotion to her Prophet's tomb, etc.
Si, au contraire, c'est à la Mecque, mettez les deux vers que je viens de vous indiquer. -La Fiancée d'Abydos, chant II, page…
«Tout à vous, etc.
B.
«Vous trouverez cela en cherchant la Mecque, Médine ou Mahomet. Je n'ai point de livres que je puisse consulter ici.»
Ce billet fut bientôt après suivi d'un autre:
«Avez-vous vérifié? Est-ce Médine ou la Mecque qui renferme le Saint-Sépulcre? N'allez pas me faire blasphêmer par votre négligence. Je n'ai pas, sous la main, de livres que je puisse consulter; sans quoi je vous aurais évité cette peine. Je rougis, en bon Musulman; de ne plus me rappeler cela avec précision.
«Tout à vous, etc.»
B.
En dépit de toutes ces altérations successives, voici ces deux vers tels qu'ils sont demeurés:
Blest as the Muezzin's strain from Mecca's wall
To pilgrims pune and prostrate at his call.
Outre le soin méticuleux qu'il apporta lui-même à la correction de ce nouveau poème, il paraît, d'après la lettre suivante, qu'il invoque, à ce sujet, le goût exercé de M. Gifford.
LETTRE CXLIV
À M. GIFFORD
12 novembre 1813.
Mon Cher Monsieur,
«J'espère que vous voudrez bien remarquer, toutes les fois que j'ai quelque chose à vous demander, que c'est tout l'opposé d'une certaine dédicace, et que je ne m'adresse pas à l'éditeur du Quarterly-Review, mais à M. Gifford. Vous sentirez bien cette distinction, et je n'ai pas besoin d'y insister davantage.
»Vous avez eu la bonté de lire en manuscrit quelque chose de moi, un conte turc; et je serais charmé que vous voulussiez bien me faire la même faveur, maintenant que le voilà en épreuves. Je ne puis pas dire que je l'aie écrit pour m'amuser, je n'y ai pas été non plus forcé par la faim et les instantes prières de mes amis; mais j'étais dans cette position d'esprit où les circonstances nous placent souvent, nous autres jeunes gens, position d'esprit qui demandait que je m'occupasse à quoi que ce fût, excepté aux réalités; c'est sous cette inspiration peu brillante que ce poème a été composé. Quand il fut fini, et que j'eus au moins obtenu ce résultat de m'être arraché à moi-même, je crus que vous auriez la bonté de permettre que M. Murray vous l'adressât. Il l'a fait; et le but de cette lettre est de vous demander pardon de la liberté que je prends de vous le soumettre une seconde fois.
»Je vous prie de ne me point répondre. Sincèrement, je sais que votre tems est pris; c'est assez, plus qu'assez si vous avez la bonté de lire; vous n'êtes pas un homme auquel on puisse imposer la fatigue de répondre.
»Un mot à M. Murray suffira: «Jetez cela au feu!» ou: «Lancez-le à cent colporteurs, pour aller réussir ou tomber loin d'ici.» Il ne mérite que la première destinée, comme l'ouvrage d'une semaine, écrivaillé stans pede in uno, le seul pied, pour le dire en passant, sur lequel je puisse me tenir. Je vous promets de ne plus vous importuner pour moins de quarante chants, avec un voyage entre chacun d'eux.
»Croyez-moi toujours,
»Votre obligé et affectionné serviteur,»
BYRON.
Les lettres et les billets suivans, adressés à cette époque à M. Murray, ne sauraient manquer d'être agréables à ceux pour qui l'histoire des travaux de l'homme de génie n'est pas sans intérêt.
LETTRE CXLV
À M. MURRAY
12 novembre 1813.
«Deux de mes amis, MM. Rogers et Sharpe, m'ont conseillé, pour diverses raisons, de ne hasarder à présent aucune publication isolée. Comme ils n'ont point vu le poème dont il s'agit maintenant entre nous, leur avis, à cet égard, n'a pu être dicté par leur opinion de ses défauts, ou de son mérite, s'il en a aucun. Vous m'avez dit que les derniers exemplaires du Giaour étaient partis, ou que du moins il ne vous en restait plus entre les mains. S'il entre dans vos idées d'en donner une nouvelle édition, avec les dernières additions qui n'ont encore paru que dans celle en deux volumes, vous pourriez y ajouter la Fiancée d'Abydos, qui ferait ainsi sans bruit son entrée dans le monde. Si elle y était favorablement accueillie, nous pourrions en tirer quelques exemplaires séparément pour ceux qui ont déjà acheté le Giaour; dans le cas contraire, nous la ferions disparaître de toutes les éditions que nous donnerions dans la suite. Qu'en dites-vous? Pour moi, je suis très-mauvais juge dans ces sortes d'affaires; et malgré la partialité que l'on a toujours pour ses propres ouvrages, j'aimerais mieux suivre à cet égard l'avis de qui que ce soit plutôt que le mien.
»P. S. Renvoyez-moi, je vous prie, ce soir, toutes les épreuves que j'ai rendues; j'ai quelques changemens en vue que je serais bien aise de faire immédiatement. J'espère qu'elles seront sur des feuilles séparées, et non, comme celles du Giaour le sont quelquefois, sur une seule feuille d'un mille de long, semblable à des complaintes, et que je ne saurais lire aisément.»
À M. MURRAY
13 novembre 1813.
«Voulez-vous faire passer à M. Gifford l'épreuve avec la lettre ci-incluse? Il y a un changement que l'on pourrait faire dans le discours de Zuleika, au chant II, le seul qu'elle y prononce. Au lieu de:
Et maudire, si je pouvais maudire, le jour, etc.
On mettrait:
Et pleurer, puisque je n'oserais maudire, le jour qui vit ma naissance solitaire, etc., etc.
»Tout à vous,»
B.
«Dans les derniers vers envoyés manuscrits, au lieu de living heart (cœur brûlant), mettez quivering heart (cœur tremblant). C'est le neuvième vers du passage manuscrit.
»Toujours tout à vous,»
B.
À M. MURRAY
«Variantes d'un vers du second chant. Au lieu de
And tints to-morrow with a fancied ray,
Imprimez:
And tints to-morrow with prophetic ray.
The evening beam that smiles the clouds away
And tints to-morrow with prophetic ray 77.
Note 77: (retour) Pour la traduction, voyez plus haut, page 264.
Ou bien encore:
And the hope of morning with its ray;
Ou enfin:
And gilds to-morrow's hope with heavenly ray.
«Je voudrais que vous eussiez la bonté de demander à M. Gifford laquelle de ces versions est la meilleure, ou plutôt la moins mauvaise.
«Je suis toujours, etc.
«Vous pouvez lui communiquer ma demande à ce sujet, en lui envoyant la seconde 78, après que j'aurai vu cette même seconde.»
Note 78: (retour) Terme technique; la seconde épreuve: la seconde feuille d'essai soumise à l'inspection de l'auteur.
A M. MURRAY
13 novembre 1813.
«Certainement. Croyez-vous qu'il n'y ait que les Galiléens qui connaissent Adam, Eve, Caïn 79 et Noé? A coup sûr j'aurais pu mettre aussi Salomon, Abraham, David et même Moïse. Vous cesserez d'en être étonné quand vous saurez que Zuleika est le nom poétique persan de la femme de Putiphar, et que dans leur littérature se trouve un long poème sur Joseph et sur elle. Si vous avez besoin d'autorités, ouvrez Jones, d'Herbelot, Vathek, ou les notes aux Mille et Une Nuits, vous pourrez même tirer de tout ceci la substance d'une note pour notre propre ouvrage, si vous jugez qu'il en soit besoin.
Note 79: (retour) M. Murray avait exprimé quelque doute sur la propriété de mettre le nom de Caïn dans la bouche d'un Musulman.(Note de Moore.)
«Dans la dédicace, au lieu de le respect le plus affectueux, mettez avec tous les sentimens d'estime et de respect.»
A M. MURRAY
14 novembre 1813.
«Je vous envoie une note pour les ignorans, mais, en vérité, je m'étonne de vous trouver du nombre. Je ne me soucie que fort peu du mérite poétique de mes compositions; mais, quant à la fidélité des mœurs et la correction du costume, dont les funérailles sont une bonne preuve, je me défendrai comme un diable.
«Tout à vous, etc.»
B.
14 novembre 1813.
«Ordonnez qu'on remette au compositeur, non la première qui est entre les mains de M. Gifford, mais la seconde, que je viens de vous renvoyer, parce qu'elle renferme plusieurs nouvelles corrections et deux vers de plus.»
«Toujours tout à vous, etc.»
LETTRE CXLVI
A M. MURRAY
15 novembre 1814.
«M. Hodgson a relu et ponctué cette seconde, sur laquelle il faudra imprimer. Il m'a donné aussi quelques avis, que j'ai adoptés pour la plupart, parce que, depuis dix ans, il s'est montré pour moi un ami très-sincère et jamais flatteur. Il aime mieux la Fiancée que le Giaour; en cela vous allez croire qu'il cherche à me flatter, mais il ajoute, et je suis de son opinion, qu'il doute qu'elle ait jamais un succès aussi populaire. En opposition avec tous les autres, il veut que je la publie séparément; nous pourrons facilement nous décider là-dessus. J'avoue que j'aimerais mieux la double forme. Il prétend que la versification en est supérieure à celle de toutes mes autres compositions; il serait étrange que cela fût vrai, car elle m'a coûté moins de tems qu'aucune autre, bien que j'y aie travaillé plus d'heures de suite chaque fois.
«P. S. Occupez-vous de la ponctuation; moi, je ne le puis faire: je ne connais pas une virgule, du moins je ne sais où en placer une.
«Ce coquin de compositeur a sauté deux vers du commencement et peut-être davantage, qui étaient dans la copie. Recommandez-lui, je vous prie, d'y faire plus d'attention. J'ai rétabli les deux vers, mais je jurerais bien qu'ils étaient sur le manuscrit.»
LETTRE CXLVII
A M. MURRAY
17 novembre 1813.
«Pour bien nous entendre sur un sujet qui, comme le terrible compte, quand les hommes ne riront plus, rend la conversation peu amusante, je crois qu'il vaut autant vous en écrire maintenant deux mots. Avant que je quittasse Londres pour le Lancashire, vous avez dit que vous étiez prêt à me donner 500 guinées du Giaour, ma réponse a été, et je ne prétends pas m'en dédire, que nous en reparlerions à Noël. Le nouveau poème peut réussir, ou ne réussir pas; les probabilités dans les circonstances actuelles sont qu'il paiera au moins les avances, mais cela même n'est pas encore prouvé, et jusqu'à ce que cela soit décidé d'une manière ou d'une autre, nous n'en dirons pas un mot. En conséquence je différerai tous arrangemens pour la Fiancée et le Giaour, jusqu'à Pâques 1814, et alors vous me ferez vous-même les propositions que vous jugerez convenables. Je dois dès à présent vous prévenir que je ne regarde pas la Fiancée, comme valant la moitié autant que le Giaour: lors donc que l'époque indiquée sera venue, vous verrez, d'après le succès qu'elle aura eu, ce qu'il vous plaira d'ajouter à ou de retrancher de la somme offerte pour le Giaour, dont le succès est maintenant assuré.
«Je regarde les tableaux de Phillips comme miens, et l'un des deux meilleurs, non pas l'Arnot, est bien à votre service, si vous voulez l'accepter en cadeau.
»P. S. Portez à mon compte les frais de la gravure du portrait, puisque les planches ont été brisées par mon ordre, et ayez la bonté de détruire immédiatement les exemplaires tirés de ce malheureux ouvrage.
»Je veux vous offrir quelque compensation de la peine que je vous donne par mes éternelles corrections; je vous envoie Cobbett pour vous confirmer dans votre orthodoxie.
»Encore un changement; au lieu de un, mettez le: le cœur dont la douceur, etc.
»Rappelez-vous que la dédicace doit porter: Au très-honorable lord Holland, sans les prénoms Henry, etc.»
À M. MURRAY
20 novembre 1813.
«Nouvelle besogne pour les libraires de pater noster Row; je fais tous mes efforts pour enfoncer le Giaour, tâche qui ne serait pas difficile pour tout autre que son auteur.»
À M. MURRAY
22 novembre 1813.
«Je n'ai pas le tems d'examiner de bien près; je crois et j'espère que tout est imprimé correctement. Je me soucie moins que vous ne pourriez penser du succès de mes ouvrages; mais la moindre faute de typographie me tue; je ne saurais voir sans colère les mots mal employés par les compositeurs. Relisez attentivement, je vous prie, et voyez si quelque bagatelle ne m'aurait point échappé.
»P. S. Envoyez les premiers exemplaires, de la part de l'auteur, à M. Frère, M. Canning, M. Hébert, M. Gifford, lord Holland, lord Melbourne (Whitehall), lady Caroline Lamb (Brocket), M. Hodgson (Cambridge), M. Merivale et M. Ward.»
À M. MURRAY
23 novembre 1813.
«Vous me demandiez quelques réflexions, je vous envoie par Sélim (voyez son discours, chant II, page…), dix-huit vers d'une tournure réfléchie, pour ne pas dire éthique. Encore une épreuve, décidément la dernière, si elle est passable, ou, dans tous les cas, la pénultième. Je n'ai pas besoin de dire que je suis fier de l'approbation de M. Canning, si effectivement il a bien voulu l'exprimer 80. Quant à l'impression, imprimez comme vous l'entendrez, à la suite du Giaour, ou séparément, si vous l'aimez mieux; seulement conservez-moi quelques exemplaires en feuilles.
Note 80: (retour) Voici le billet de M. Canning:
«J'ai reçu les livres, et parmi, la Fiancée d'Abydos; elle est très-belle, en vérité, très-belle. Lord Byron a eu la bonté de m'en promettre un exemplaire, le jour où nous avons dîné ensemble chez M. Ward. Je ne rappelle pas cette promesse pour épargner le prix de l'achat, mais parce que ce cadeau, de sa part, me flatterait infiniment.»(Note de Moore.)
»Me pardonnerez-vous de vous arrêter encore une fois? je le fais dans votre intérêt. Il faut écrire:
He makes a solitude, and calls it peace.
»Makes (fait) se rapproche plus du passage de Tacite dont l'idée est imitée, et en outre, c'est une expression plus forte que leaves:
Mark where his carnage and his conquest cease;
He makes a solitude, and calls it peace.
(Voyez, quand son carnage et ses conquêtes cessent, il fait une solitude et appelle cela… paix.)
LETTRE CXLVIII
À M. MURRAY
27 novembre 1813.
«Si vous voulez relire attentivement cette épreuve en la confrontant avec la dernière que j'ai renvoyée avec des corrections, vous la trouverez probablement bonne; vous le pouvez faire au moins aussi bien que moi, et je n'en ai pas le tems en ce moment. Je voudrais que la nouvelle édition du Giaour fût jointe aux exemplaires que j'ai demandés hier pour quelques amis. Si cela n'est pas possible, vous enverrez les Giaours après séparément.
»Le Morning-Post dit que je suis l'auteur de Nourjahad! Ce faux bruit vient de la complaisance que j'ai eue de leur prêter mes dessins pour leurs costumes; mais cela ne vaut pas la peine d'être démenti dans les formes. D'ailleurs, cette supposition attirera au pauvre mélodrame de furieuses et divertissantes critiques. L'Orientalisme, qui s'y trouve, dit-on, dans toute sa splendeur, de quelque auteur qu'il soit, équivaut à un avertissement pour vos poésies orientales, en mettant le Levant en faveur auprès du public.
»P. S. J'espère que si quelqu'un venait à m'en accuser devant vous, vous voudrez bien dire la vérité, c'est-à-dire que je ne suis pas le mélodramaturge.»
LETTRE CXLIX
À M. MURRAY
28 novembre 1813.
«Si ce n'est pas trop abuser de votre obligeance, envoyez, au reçu de la présente, en mon nom, à lady Holland, un nouvel exemplaire du Journal 81; c'est pour le comte Grey, et je vous laisserai mon propre exemplaire. Envoyez aussi, dès que vous le pourrez, un exemplaire de la Fiancée à M. Sharpe, à lady Holland et à lady Caroline Lamb.
Note 81: (retour) Journal de Penrose, livre que M. Murray publiait alors.
»P. S. M. Ward et moi persistons toujours dans notre projet; mais je ne vous troublerai d'aucun arrangement au sujet du Giaour et de la Fiancée 82, jusqu'à notre retour, ou, dans tous les cas, avant le mois de mai 1814. D'ici, vous aurez le tems de voir si votre offre vous est préjudiciable ou non; dans le premier cas, vous pourrez réduire la somme proportionnellement; dans le second, je n'accepterai jamais une offre plus élevée que celle que vous avez faite, qui est déjà trop belle et certainement plus que raisonnable.
Note 82: (retour) M. Murray lui avait offert 1,000 guinées des deux poèmes.(Note de Moore.)
»J'ai reçu, ceci entre nous, de sir James Mackintosh un billet très-flatteur au sujet de la Fiancée, avec invitation d'aller passer la soirée chez lui; mais il est trop tard pour accepter.»
À M. MURRAY
Dimanche… lundi matin, 3 heures, jurant et en robe de chambre.
«Je vous envoie à tems deux vers que j'ai omis par ma faute, pour en faire une page erratum, puisqu'il est trop tard pour les insérer dans le texte. Le passage entier est une imitation de la Médée d'Ovide, et, sans ces deux vers, il est absolument incomplet. Je vous conjure, que cela soit fait directement: cela ajoutera une page, matériellement parlant, à votre livre, et ne saurait faire de mal, puisque nous sommes encore à tems pour le public. Ô vous, mon cher oracle! répondez-moi affirmativement. Vous pouvez envoyer un carton à ceux qui ont déjà leur exemplaire, surtout ne manquez pas d'en joindre un à ceux de tous les critiques.
»P. S. J'ai quitté, pour faire cette correction, mon lit, ou du reste je ne pouvais dormir; je vais essayer si l'Allemagne opérera sur moi comme un somnifère, mais j'en doute.»
À M. MURRAY
29 novembre 1813.
«Vous avez, dites-vous, relu avec soin! Comment donc avez-vous pu laisser subsister une faute aussi stupide? Ce n'est pas courage, c'est carnage qu'il faut. Corrigez cela, si vous ne voulez me forcer à me couper la gorge.
»J'apprends avec beaucoup de peine la prise de Dresde.»